Chapitre 10 : L'expérience de la migration, santé perçue et ... - Ined
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est faible dans l’échantillon. Les taux <strong>de</strong> refus <strong>de</strong> soins apparaissent beaucoup plus faibles quedans ces enquêtes spécifiques sur les bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> CMU ou l’AME, ce qui est dû auquestionnaire lui-même qui n’explore que très succinctement le rapport <strong>de</strong>s enquêtés auxservices <strong>de</strong> soins. Le refus <strong>de</strong> soins avoisine 15%, sans variation selon que les enquêtés ontconnu une <strong>migration</strong> ou pas. Ces résultats <strong>la</strong>issent entendre que c’est effectivement le statut<strong>de</strong> bénéficiaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> CMU <strong>et</strong> non l’origine <strong>de</strong>s personnes qui induit ces refus <strong>de</strong> soins. Outrele type <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong> base, le fait <strong>de</strong> bénéficier ou non d’une couverture complémentaireest un trait qui distingue très fortement les immigrés du reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion : 23% <strong>de</strong>shommes <strong>et</strong> 21% <strong>de</strong>s femmes parmi les personnes immigrées n’ont pas <strong>de</strong> couverturecomplémentaire, contre respectivement 6% <strong>et</strong> 5% dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire. En affinantl’observation par origine, on constate que les moins bien couverts sont les immigrésoriginaires <strong>de</strong> Turquie <strong>et</strong> d’Afrique subsaharienne. A noter <strong>la</strong> part élevée <strong>de</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>la</strong>CMU parmi les immigrés originaires d’Algérie (13% chez les hommes <strong>et</strong> 18% chez lesfemmes).2.2. Fréquence du recours au système <strong>de</strong> soinsQue l’on soit globalement en bonne <strong>santé</strong> ou non, <strong>la</strong> consultation d’un mé<strong>de</strong>cin au coursd’une année fait partie <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>santé</strong> <strong>et</strong> témoigne d’unepréoccupation pour sa <strong>santé</strong>. Divers travaux sur les disparités <strong>de</strong> recours aux soins entre <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion française <strong>et</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion immigrée m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce « un moindre recours augénéraliste ou au spécialiste <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion immigrée » (Dourgnon <strong>et</strong> al., 2009 ; Berch<strong>et</strong> <strong>et</strong>al., 2012). Dans l’enquête Trajectoires <strong>et</strong> Origines, le recours aux soins est abordé par <strong>la</strong>question suivante, habituellement utilisées dans les enquêtes sur <strong>la</strong> <strong>santé</strong> : « Au cours <strong>de</strong>s 12<strong>de</strong>rniers mois, avez-vous consulté un <strong>de</strong>ntiste, un mé<strong>de</strong>cin généraliste ou un spécialiste ? »,« oui, une fois », « oui, plusieurs fois », « non ».Les résultats présentés sur <strong>la</strong> Figure 2 corroborent les constats précé<strong>de</strong>nts <strong>et</strong> livrent un doubleenseignement. Le non recours est sensiblement plus élevé chez les hommes que chez lesfemmes : seules 4% <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire <strong>et</strong> 7% <strong>de</strong>s femmes immigréesdéc<strong>la</strong>rent ne pas avoir recouru à un professionnel <strong>de</strong> <strong>santé</strong> au cours <strong>de</strong>s douze <strong>de</strong>rniers moiscontre respectivement 11% <strong>et</strong> 17% chez les hommes. Autre enseignement, <strong>la</strong> fréquence dunon recours est plus disparate d’un groupe <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion à l’autre parmi les hommes : lesnatifs d’un DOM sont <strong>de</strong>ux fois plus nombreux que les hommes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire àdéc<strong>la</strong>rer ne pas avoir recouru à un professionnel <strong>de</strong> <strong>santé</strong> (21% versus 11%) tandis que lesproportions sont re<strong>la</strong>tivement simi<strong>la</strong>ires chez les femmes quelle que soit leur origine. Par paysou région <strong>de</strong> naissance, un constat logique apparaît puisque parmi ceux qui déc<strong>la</strong>rent le plusfréquemment ne pas avoir rencontré <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong> figurent les immigrés venant<strong>de</strong> Turquie <strong>et</strong> ceux d’Afrique subsaharienne, <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> structure par âg<strong>et</strong>rès jeune <strong>et</strong> dont on peut penser qu’ils nécessitent moins <strong>de</strong> soins. A noter que l’on r<strong>et</strong>rouveles femmes immigrées d’Asie du Sud-Est parmi celles qui déc<strong>la</strong>rent le plus fréquemment êtreéloignées du système <strong>de</strong> <strong>santé</strong> : plus d’une sur dix déc<strong>la</strong>re ne pas avoir consulté <strong>de</strong>professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong> au cours <strong>de</strong>s douze <strong>de</strong>rniers mois. Intéressants, ces résultats présententnéanmoins une limite pour leur interprétation dans <strong>la</strong> mesure où le recours aux soins estrapporté ici à l’ensemble <strong>de</strong>s enquêtés, y compris aux personnes qui n’avaient pas un besoinimpératif <strong>de</strong> recourir à un professionnel <strong>de</strong> <strong>santé</strong> au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> observée. Mais ilstémoignent d’un suivi médical global plus faible chez les migrants <strong>et</strong> il faut encore noter quequand ce suivi existe, il consiste davantage en une unique consultation, en particulier chez leshommes.23