12.07.2015 Views

Chapitre 10 : L'expérience de la migration, santé perçue et ... - Ined

Chapitre 10 : L'expérience de la migration, santé perçue et ... - Ined

Chapitre 10 : L'expérience de la migration, santé perçue et ... - Ined

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>et</strong> quelles que soient les circonstances (dans l’emploi, l’accès au logement, lesadministrations…). Ces résultats sont simi<strong>la</strong>ires à ceux observés aux États-Unis <strong>et</strong> invitent àexplorer davantage le lien entre discriminations subies <strong>et</strong> <strong>santé</strong> dans les enquêtes futures(Jackson <strong>et</strong> al., 1996). L’expérience <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> logement très précaires est égalementcorrélée à une mauvaise <strong>santé</strong> déc<strong>la</strong>rée. Notons ici que ces situations <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> précaritépeuvent avoir été vécues aussi bien avant qu’après <strong>la</strong> <strong>migration</strong> voire pendant celle-ci,notamment pour les personnes ayant fui <strong>de</strong>s contextes <strong>de</strong> guerre : <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong> leur paysd’origine tout comme l’entrée sur le sol français peuvent avoir été une successiond’expériences <strong>de</strong> vie dans <strong>la</strong> rue <strong>et</strong> <strong>de</strong> traj<strong>et</strong>s difficiles dans <strong>de</strong>s conditions précaires.L’isolement social fait également partie <strong>de</strong>s facteurs qui fragilisent <strong>la</strong> <strong>santé</strong>. Les situationsdifficiles vécues pendant l’enfance (gran<strong>de</strong> précarité, alcoolisme d’un <strong>de</strong>s parents ouviolences intrafamiliales) ont un impact durable sur <strong>la</strong> <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s personnes, que ce soit pourles hommes ou les femmes. . La taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> fratrie <strong>et</strong> plus précisément le fait d’avoir au moinstrois frères <strong>et</strong> sœurs a également un eff<strong>et</strong> négatif <strong>de</strong> long terme sur <strong>la</strong> <strong>santé</strong>, toutes choseségales par ailleurs, mais c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> n’est visible que pour les femmes (OR=1,2) <strong>et</strong> peusignificatif (au seuil <strong>de</strong> <strong>10</strong>%). Il pourrait traduire un traitement différencié <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>ites filles encomparaison <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its garçons quand les enfants sont nombreux dans une même famille.Enfin, <strong>de</strong>ux éléments ont un eff<strong>et</strong> inversé selon le sexe <strong>de</strong>s enquêtés : le fait d’avoir eu cinqenfants ou plus apparaît toutes choses égales par ailleurs, positivement corrélé avec <strong>la</strong>déc<strong>la</strong>ration d’un état <strong>de</strong> <strong>santé</strong> altéré pour les hommes (OR=1,5), tandis que pour les femmes,c’est le fait <strong>de</strong> ne pas avoir d’enfants qui est associé à <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration d’une <strong>santé</strong> altérée(OR=1,3), bien que ces résultats soient faiblement significatifs (au seuil <strong>de</strong> <strong>10</strong>% seulement). Ilest probable que parmi les femmes sans enfant, il y ait une surreprésentation <strong>de</strong> celles ayant<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> fécondité qui, <strong>de</strong> ce fait, déc<strong>la</strong>rent une moins bonne <strong>santé</strong>, les femmes étantdavantage soumises à <strong>la</strong> pression sociale <strong>de</strong> <strong>la</strong> maternité que les hommes. Pour les hommes,une <strong>de</strong>scendance nombreuse peut être associée à une charge professionnelle accrue résultant<strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> pourvoir aux besoins financiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille quand le nombre d’enfantsconduit dans le même temps <strong>la</strong> conjointe à se r<strong>et</strong>irer du marché du travail. La corré<strong>la</strong>tion entre<strong>de</strong>scendance nombreuse <strong>et</strong> <strong>santé</strong> altérée pourrait ainsi traduire <strong>de</strong> façon indirecte une situation<strong>de</strong> pression qui pèse sur <strong>la</strong> sphère professionnelle.Une fois pris en considération tous ces éléments <strong>de</strong> l’histoire <strong>et</strong> <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>spersonnes, on constate que les différences <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>ration selon l’origine se réduisentn<strong>et</strong>tement, voire disparaissent pour certains groupes, tandis qu’elles se maintiennent pourd’autres. Ainsi, les hommes immigrés venus du Portugal <strong>et</strong> <strong>de</strong> Turquie continuent d’être plussouvent en situation <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer une <strong>santé</strong> dégradée que les hommes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionmajoritaire ayant les mêmes caractéristiques <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> vie <strong>et</strong> <strong>de</strong> parcours (OR=1,5). Al’inverse, les immigrés venus <strong>de</strong>s autres pays <strong>de</strong> l’UE27 <strong>et</strong> d’Afrique subsaharienne déc<strong>la</strong>rentmoins fréquemment une mauvaise <strong>santé</strong>, à caractéristiques équivalentes, que les hommes <strong>de</strong><strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire. Ce constat est davantage prononcé pour les hommes venusd’Afrique subsaharienne (OR=0,5) que pour ceux venus d’Europe (OR=0,7), mais <strong>la</strong>isseentendre dans les <strong>de</strong>ux cas (surtout pour les premiers) que l’eff<strong>et</strong> sélectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>migration</strong> sur lecritère <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>santé</strong> serait particulièrement prononcé. Cependant, ici, on ne peut contrôler par <strong>la</strong>durée <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce, car pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion majoritaire, c<strong>et</strong>te durée équivaut à l’âge,information déjà incluse dans le modèle. On ne peut donc, à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’analyse, confirmerpleinement ce propos, mais nous reviendrons sur ce point ultérieurement. On peut penserlégitimement que les migrants d’Afrique subsaharienne sont en meilleure <strong>santé</strong> que <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion majoritaire à âge <strong>et</strong> conditions <strong>de</strong> vie équivalente d’une part parce que ceux quimigrent sont effectivement ceux en très bonne <strong>santé</strong>, d’autre part parce qu’ils rési<strong>de</strong>nt enFrance <strong>de</strong>puis moins longtemps que les autres groupes d’origine. Pour les originaires <strong>de</strong>l’UE27, il faut se rappeler qu’il y a une forte concentration <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te popu<strong>la</strong>tion parmi les13

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!