conseils pratiques <strong>pour</strong> <strong>une</strong> utilisation <strong>de</strong> l’urine <strong>en</strong> production agricole<strong>Conseils</strong> pratiques:Pour un meilleur effet fertilisant et <strong>pour</strong> éviter lespertes d’ammoniac, l’urine <strong>de</strong>vrait être incorporéedans le sol le plus tôt possible après l’application,immédiatem<strong>en</strong>t si possible. Cela limite aussi lesrisques pot<strong>en</strong>tiels <strong>pour</strong> la santé dus à l’expositiondirecte. Une incorporation superficielle suffit etdiffér<strong>en</strong>tes métho<strong>de</strong>s sont possibles. Une <strong>de</strong> cesmétho<strong>de</strong>s consiste à appliquer l’urine dans <strong>de</strong>petits sillons que l’on recouvre après l’application.Lors <strong>de</strong> l’épandage <strong>de</strong> l’urine, celle-ci ne <strong>de</strong>vraitpas être appliquée sur les feuilles ou autresparties <strong>de</strong>s plantes, car ceci peut causer <strong>de</strong>sbrûlures foliaires. La pulvérisation <strong>de</strong> l’urinedans l’air doit égalem<strong>en</strong>t être évitée <strong>en</strong> raison durisque <strong>de</strong> perte d’azote par les émissions <strong>de</strong> gazd’ammoniac et les risques d’hygiène à travers lesaérosols. L’irrigation goutte à goutte avec l’urineest <strong>une</strong> autre technique d’application possible.Toutefois, lorsque cette technique est utilisée, il fautpr<strong>en</strong>dre <strong>de</strong>s mesures <strong>pour</strong> éviter le colmatage <strong>de</strong>sémetteurs. A plus gran<strong>de</strong> échelle, on se sert d’unéquipem<strong>en</strong>t d’épandage <strong>de</strong> lisier.Techniques d’application à gran<strong>de</strong> échelleL’application d’urine à plus gran<strong>de</strong> échelle se fait mieuxavec un matériel habituellem<strong>en</strong>t utilisé <strong>pour</strong> le lisier<strong>de</strong> ferme. Dans les zones où le compactage du sol poseproblème, il faut pr<strong>en</strong>dre soin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r l’urine aussiconc<strong>en</strong>trée que possible. Auc<strong>une</strong> dilution avec <strong>de</strong> l’eaun’est recommandée ici, et l’application se fait <strong>de</strong> préfér<strong>en</strong>ceavant <strong>une</strong> pluie légère.Irrigation goutte à goutteL’irrigation goutte à goutte à l’ai<strong>de</strong> d’urine comme <strong>en</strong>graisest <strong>une</strong> autre technique d’application possible. Toutefois,lorsque l’on utilise cette technique, <strong>de</strong>s mesures doiv<strong>en</strong>têtre prises <strong>pour</strong> éviter les blocages dus à la précipitation<strong>de</strong>s sels qui se form<strong>en</strong>t <strong>en</strong> boues puisque la quantité totale<strong>de</strong> précipitations augm<strong>en</strong>te souv<strong>en</strong>t après la dilution,et parce que l’eau <strong>de</strong> dilution conti<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>tdu magnésium et du calcium. Ainsi, lorsque l’on utilisel’irrigation goutte à goutte, ce <strong>pour</strong>rait être <strong>une</strong> bonne idéed’appliquer l’urine pure et filtrée (sans boues) p<strong>en</strong>dant unLors <strong>de</strong> l’épandage <strong>de</strong> l’urine, celle-ci ne <strong>de</strong>vrait pasêtre appliquée sur les feuilles ou les autres parties <strong>de</strong>splantes, car cela peut causer <strong>de</strong>s brûlures foliaires duesà <strong>de</strong>s conc<strong>en</strong>trations élevées d’ammoniac et <strong>de</strong> sels <strong>en</strong>séchant sans parler <strong>de</strong>s considérations d’hygiène. Lapulvérisation d’urine dans l’air doit égalem<strong>en</strong>t être évitée<strong>en</strong> raison du risque <strong>de</strong> pertes d’azote par les émissions <strong>de</strong>gaz d’ammoniac (Johanssson et al., 2001 ; Rodhe et al.,2004), du risque d’o<strong>de</strong>ur et du risque hygiénique à traversles aérosols.Certaines cultures, par exemple, la tomate, sont s<strong>en</strong>siblesà l’exposition <strong>de</strong> toutes leurs racines à l’urine, dumoins lorsque les plantes sont petites, tandis que sur <strong>de</strong>nombreuses cultures aucun effet négatif n’est perçu dutout. Par conséqu<strong>en</strong>t, avant que la s<strong>en</strong>sibilité d’<strong>une</strong> cultur<strong>en</strong>e soit connue, il est sage <strong>de</strong> ne pas exposer simultaném<strong>en</strong>ttoutes les racines <strong>de</strong> la plante à l’urine, que ce soit pureou diluée. Au lieu <strong>de</strong> cela, l’urine peut être appliquée soitavant le semis/ la plantation ou à <strong>une</strong> telle distance <strong>de</strong>splantes que les nutrim<strong>en</strong>ts soi<strong>en</strong>t à portée <strong>de</strong>s racines, sansles tremper complètem<strong>en</strong>t. Pour les plantes annuelles,cette distance peut être d’<strong>en</strong>viron 10 cm.Figure 18: Différ<strong>en</strong>tes techniques d’application <strong>de</strong>l’urine Photos: Linus Dagerskog22
stockholm <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t institutecertain temps, au lieu <strong>de</strong> mélanger l’urine et l’eau, puis<strong>pour</strong> le reste du cycle d’appliquer <strong>de</strong> l’eau uniquem<strong>en</strong>t.L’irrigation goutte à goutte du riz, <strong>de</strong>s légumes et <strong>de</strong>l’igname a été testée par le CREPA <strong>en</strong> Côte-d’Ivoire(Comoé, communication personnelle). Une tuyauterie <strong>en</strong>polyéthylène, avec 30 cm <strong>en</strong>tre les trous, est testée sur unterrain <strong>de</strong> 500 m 2 . L’urine s’écoule par gravité <strong>de</strong>puis unréservoir, à travers un filtre, et directem<strong>en</strong>t vers la culture.Aucun blocage <strong>de</strong> tuyaux n’a été signalé. La tuyauterieest rincée à l’eau après chaque application d’urine.L’application d’urine se fait lors <strong>de</strong>s pluies <strong>pour</strong> faciliterl’introduction <strong>de</strong> l’urine dans le sol.O<strong>de</strong>ur lors <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> l’urinecomme <strong>en</strong>graisFigure 19: Application d’urine à gran<strong>de</strong> échelle surles exploitations agricoles.Photo: Peters<strong>en</strong>s af Ebba, WRS Uppsala<strong>Conseils</strong> pratiques:L’urine a <strong>une</strong> o<strong>de</strong>ur caractéristique; Toutefois,ceci pose rarem<strong>en</strong>t un problème si ‘l’urine eststockée dans <strong>de</strong>s récipi<strong>en</strong>ts fermés et épandueconformém<strong>en</strong>t aux informations cont<strong>en</strong>ues dansce texte.La mauvaise o<strong>de</strong>ur est culturellem<strong>en</strong>t associée aux ag<strong>en</strong>tspathogènes. Toutefois l’o<strong>de</strong>ur peut aussi indiquer quel’urine conti<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s nutrim<strong>en</strong>ts puisque l’ammoniac s<strong>en</strong>tfort. L’expéri<strong>en</strong>ce montre que si on fait l’épandage <strong>de</strong>l’urine à proximité du sol suivi par un arrosage avec <strong>de</strong>l‘eau il y a peu d’o<strong>de</strong>ur. La manipulation <strong>de</strong> l’urine estnaturellem<strong>en</strong>t <strong>une</strong> activité malodorante et <strong>de</strong>s procédures<strong>de</strong> réduction au minimum du contact à l’air, par exemple<strong>en</strong> se servant <strong>de</strong> récipi<strong>en</strong>ts fermés, <strong>une</strong> applicationà proximité du sol et <strong>une</strong> incorporation ou irrigationimmédiate sont fortem<strong>en</strong>t recommandées. Toutes cesmesures contribueront égalem<strong>en</strong>t à réduire au minimumles pertes d’ammoniac et à la protection <strong>de</strong> la santé.Application combinée <strong>de</strong> l’urine etd’<strong>en</strong>grais organiquesL’utilisation combinée <strong>de</strong> l’urine et <strong>de</strong>s <strong>en</strong>grais organiquestels que les fèces, le compost, le fumier <strong>de</strong> basse-cour, oule lisier sont bénéfiques, <strong>en</strong> particulier dans les cas où le solest appauvri et pauvre <strong>en</strong> nutrim<strong>en</strong>ts et matière organique.Les <strong>en</strong>grais organiques amélior<strong>en</strong>t la structure du sol, etaccroiss<strong>en</strong>t l’activité microbi<strong>en</strong>ne. Cela facilitera <strong>en</strong> soil’absorption <strong>de</strong>s nutrim<strong>en</strong>ts dans la plante puisque lesFigure 20: Irrigation goutte à goutte du manioc <strong>en</strong>Côte d’Ivoire.Source: Bernard Comoé 2009, CREPA Côte d’Ivoire 2009microorganismes particip<strong>en</strong>t à la transformation <strong>de</strong> l’azote<strong>en</strong> formes assimilables par la plante.Lors que l’on utilise <strong>de</strong>s matières fécales, il faudra toujourspr<strong>en</strong>dre le soin <strong>de</strong> suivre les lignes directrices <strong>pour</strong><strong>une</strong> utilisation sûre <strong>de</strong>s excréta afin <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre la chaînealim<strong>en</strong>taire sûre et réduire les risques émanant <strong>de</strong>s ag<strong>en</strong>tspathogènes cont<strong>en</strong>us dans les fèces. Les fèces doiv<strong>en</strong>t êtrecorrectem<strong>en</strong>t traitées et hygiénisées.23