pdf - 4,81 Mo - Ville de Vincennes

portraitImaginez un paysage ruralformé de petites parcellesmaraîchères. Ici des asperges,là des vignes, ailleursdes jardins clos… C’est la findu xix e siècle et la municipalitéde Vincennes considèresérieusement l’expansionurbanistique de la communesur ces terrains. En cinquanteans, la populationa été multipliée par cinq.Avec l’ouverture de la voiedu chemin de fer, l’aménagementdu bois en promenadespubliques, la forte présencede militaires, l’installationd’industriels, de grossisteset de leurs ouvriers, le centresature. Les écoles du Nord etde l’Ouest sont surchargées.La décision n’attend plus :un troisième groupe scolairesera construit à l’Est. C’étaitil y a cent ans…Le 24 octobre 1909, le groupe scolaire de l’Estouvrait ses portes pour la première fois. Un siècled’enseignement et d’histoire aux 106-108, rues Diderot.Les Écoles de l’Estont cent ansUne histoire de styleÀ quoi ressemble une écoleen 1909 ? Normalisée, modélisée,l’école de la III e Républiquerépond à une architecturerigoureuse. Le bâtiment enforme de « U » s’articule endeux corps – école de filles etécoles de garçons – donnantsur des cours séparées. Douzeclasses orientées au sud(pour un meilleur ensoleillement)doivent accueillir…50 enfants chacune. Aération,arbres, bancs et cabinetsd’aisance font l’objetde strictes recommandations.« Il faut que l’école attire l’enfant», écrivait Paul Bert, pèrefondateur, avec Jules Ferry,de l’école gratuite, laïque etobligatoire.Une histoirequi se répèteCependant, il est une constantequi marque l’histoirede Vincennes : l’exiguïté deslocaux et le manque d’espace.Rapidement, le groupede l’Est est rattrapé par cettedifficulté tandis que la villepoursuit son urbanisation.En 1931, 186 enfants demoins de six ans sont affectésdans une seule classe etune partie du préau de l’écoledes filles. Du provisoire quidure au mépris des règles lesplus élémentaires d’hygièneet de sécurité. Mais touteopération nécessite l’aval dela préfecture. Dans une lettreadressée à l’Éducation nationale,le maire demande alorsnon sans provocation: « Que faut-ilfaire, renvoyer les300 enfants italiensque j’ai dansles écoles publiquesde Vincenneset créer, ainsi,des embarras auG o u v e r n e m e n tBio-Express1909 : Inaugurationdu groupe scolairede l’Est1969 : Les écolesdeviennent mixtes1974 : Nouveauxéquipements collectifs2009 : Célébrationdu centenaire©©coll. A. M. de Vincennespar des complications diplomatiquesdont il n’a certespas besoin actuellement ? »C’était en 1939.Une histoirede mémoireSi l’édifice matérialise la traditiond’une époque, la pierreen conserve les souvenirs. Laconstruction de l’école maternelle,figée par l’Occupation,reprendra en 1950. Et, en1947, deux plaques commémorativessont apposées à lamémoire de Gaétan Carpentier,directeur de l’écolede l’Est-garçons de1928 à 1936, et deMadame Samuel,institutrice à l’écolede l’Est-filles de1918 à 1935, mortsen déportation.Depuis 2007, unetroisième plaque sur©©coll. A. M. de Vincennesle mur extérieur du bâtimentnous rappelle aussi que 23écoliers juifs vincennois sontmorts déportés entre 1942 et1944.Avec le temps, les manuelsscolaires ont changé. Coursde morale, porte-plumes etuniformes ont disparu. À partirde 1969, l’introduction dela mixité transforme l’écoledes filles en Est-Passeleu etl’école des garçons en Est-Libération. Le groupe se doted’un nouveau gymnase etd’un restaurant en 1974. Dès1999, la semaine des quatrejours s’organise à Vincennes.Les élèves, eux, continuent dedéfiler.Restent, cependant, deuxprincipes fondamentaux quicontinuent d’animer l’écoledepuis un siècle : la laïcité etl’égalité des chances. S’interrogerdessus, travailler sur lamémoire collective, ouvrir lesesprits et préparer le futur…Avoir cent ans, c’est tout celaà la fois. MMVincennes • Octobre 2009 15