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ThesedeDoctoratdel'ObservatoiredeParis Specialite:GeodesieDocteurdel'ObservatoiredeParis Pourobtenir<strong>le</strong>titrede Marie-Noel<strong>le</strong>Bouin PresenteeparTraitementdedonneesGPSen Mouvementscrustaux,rebond post-glaciaireetsystemesde Antarctique:Soutenue<strong>le</strong>14octobre1999devant<strong>le</strong>jurycomposede: F.Barlier B.A.C.AmbrosiusExaminateur President reference.C.Boucher C.Vigny F.Remy M.Kasser K.Lambeck DirecteurdetheseTheseprepareeauseindel'equipedeGeophysiqueCo-directeurdethese RapporteuretduLaboratoirede<strong>Recherche</strong>enGeodesie(LAREG) InstitutGeographiqueNational,MarnelaVal<strong>le</strong>e. Eco<strong>le</strong>Nationa<strong>le</strong>desSciencesGeographiques DepartementTerre-Atmosphere-Ocean Eco<strong>le</strong>Norma<strong>le</strong>Superieure,Paris, LaboratoiredeGeologie


I find penguins at present the only comfort in life. One feelseverything in the world so sympathetically ridiculous : onecan’t be angry when one looks at a penguin.John Ruskin


Remerciements.La fin de cette thèse est pour moi l’occasion de remercier ceux qui de près ou de loin ont contribué à sonachèvement, par <strong>le</strong>ur aide ou <strong>le</strong>ur simp<strong>le</strong> présence.Tout d’abord, j’exprime ma reconnaissance aux personnes qui ont bien voulu juger ce travail de thèse,à commencer par <strong>le</strong>s deux rapporteurs, Kurt Lambeck et Michel Kasser. Ce dernier n’a d’ail<strong>le</strong>urs pasattendu la fin de mon travail pour s’y intéresser et m’offrir ses conseils.Boudewijn Ambrosius prouve une fois de plus son attachement à la France et à la langue française pouravoir accepté de lire un manuscrit si gros et si touffu. Qu’il en soit ici remercié.Frédérique Rémy a su m’aider à débrouil<strong>le</strong>r mes quelques notions de glaciologie, et répondre patiemmentà mes questions farfelues. Je la remercie pour son ouverture d’esprit, qui l’amène maintenant àfigurer dans un jury de geódésie-géophysique.François Barlier a manifesté au hasard des rencontres un intérêt toujours plus grand pour mon travail, ilaccepte maintenant de présider mon jury et je lui en suis très reconnaissante.Je remercie mon directeur de thèse, Claude Boucher, pour la confiance et la liberté qu’il n’a cessé dem’accorder pendant toutes ces années.Ma première rencontre avec Christophe Vigny a conditionné <strong>le</strong> choix de ce sujet et mon intérêt pour<strong>le</strong> GPS. Il a su conjuguer présence et indépendance, renouvelant sa confiance dans <strong>le</strong>s moments dedécouragement et encourageant mon goût pour <strong>le</strong>s campagnes de terrain. Merci à toi pour ta patiencequi confine à l’acharnement, pour avoir de la foi pour deux.Martine Feissel, bien que ne faisant pas partie de mon jury, a manifesté depuis <strong>le</strong> début un grand intérêtpour mes recherches. Merci à el<strong>le</strong> pour m’avoir consacré son temps précieux, et pour avoir encouragémon intérêt pour la géodésie.Travail<strong>le</strong>r sur un sujet pluridisciplinaire sous-entend l’appartenance à deux maisons, que furent pourmoi l’Eco<strong>le</strong> Norma<strong>le</strong> Supérieure et l’Eco<strong>le</strong> Nationa<strong>le</strong> des Sciences Géographiques.Du côté du Labo de Géologie, mes remerciements vont à tous <strong>le</strong>s membres de l’équipe de Géophysique,pour la qualité de <strong>le</strong>ur accueil. En tout premier lieu, Claude Froidevaux s’est montré cha<strong>le</strong>ureux et disponib<strong>le</strong>dès mon arrivée au labo. Il a su <strong>le</strong> premier me donner envie de passer du temps dans ce qui étaitalors son département. Françoise Larincq a toujours mis sa redoutab<strong>le</strong> efficacité et son dévouement auservice des étudiants, je la remercie donc tout particulièrement. Denise Ndiaye a mis un point d’honneurà répondre au plus vite à toutes mes sollicitations informatiques.Je remercie mes compagnons de bureau, tout d’abord Andrea Walpersdorf qui en l’absence de Xof arépondu patiemment à mes questions techniques, puis Valérie Emery, Taku Tada, et Alain Cochard.Merci aussi à tous ceux qui contribuent à la bonne ambiance de l’équipe, que j’ai cotoyé de près ou deloin, en congrès ou ail<strong>le</strong>urs : Micha, Daniel, Philippe, Henri-Claude, Luce, Dmitri, Jean, Hélène, Raùl,Yves, Juan, Sébastien, Caroline, Hugo, Sophie, Axel, Jean-Philippe et Anne. Une mention toute spécia<strong>le</strong>à Marie-Pierre Doin pour sa patience et son amitié.Mes contacts avec <strong>le</strong> troisième étage furent épisodiques, mais je veux remercier ici Claude Rangin,Nicolas Chamot-Rooke et Xavier Le Pichon, Guillaume Bertrand et Stéphane Mazzotti pour l’intérêt etla disponibilité dont ils ont fait preuve à mon égard.Du côté de l’ENSG, merci à Jean Denègre de son intérêt et de sa bienveillance qui m’ont permis d’acheverce travail dans <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures conditions.Au LAREG, mes remerciements vont à l’ensemb<strong>le</strong> de mes collègues, à commencer par ceux qui ontpartagé mon bureau. Merci à Didier Maillard et Philippe Nicolon pour <strong>le</strong>ur patience, <strong>le</strong>ur bonne hu-2


meur et <strong>le</strong>ur aide précieuse pour débrouil<strong>le</strong>r des problèmes techniques. Zuheir Altamimi s’est montréparticulièrement disponib<strong>le</strong> pour m’aider à comprendre <strong>le</strong>s combinaisons de jeux de coordonnées.Patrick Sillard s’est montré ouvert à de nombreuses discussions scientifiques. Je n’oublie pas dans mesremerciements Marie-Françoise Allaire, qui résout <strong>le</strong>s problèmes administratifs avant même qu’on en aitpris conscience.Du côté des voisins d’en face ou d’ail<strong>le</strong>urs, un grand merci à Serge Botton pour son expertise techniquedu GPS et sa bonne humeur, à Jean-Philippe Dufour pour son ouverture d’esprit, et une mention spécia<strong>le</strong>à Loïc Daniel et Laurent Duhem pour <strong>le</strong>ur maintenance informatique, une gentil<strong>le</strong>sse et une disponibilitéexceptionnel<strong>le</strong>s. Merci à Jean-Mathieu Nocquet de ne jamais m’avoir fait dépasser 15 sur son échel<strong>le</strong> deRichter personnel<strong>le</strong>, merci à Thierry Duquesnoy de continuer à croire à la géophysique à l’IGN. Mercià A<strong>le</strong>xandre Pasquier et Alain Ranz pour <strong>le</strong>ur assistance graphique, dont on peut admirer <strong>le</strong> résultat enpremière page de cette thèse.Ce travail a aussi été marqué par des excursions dans <strong>le</strong> domaine de la glaciologie. Avant FrédériqueRémy, des discussions fructueuses avec Emmanuel Le Meur m’en avaient donné <strong>le</strong> goût. L’installationde la station GPS sur la base de Dumont a été effectuée par l’IFRTP. Merci à Dominique F<strong>le</strong>ury, ChristianeGil<strong>le</strong>t, d’avoir assuré <strong>le</strong> relais technique, et à Fabrice Roubaud et Stéphane Cottereau pour <strong>le</strong>urmaintenance sur place.Enfin, j’ai une pensée pour mes compagnons de mission qui n’ont pas encore été cités ici : Heru, Untung,Luhut, puis U Minh Khaing et U The Aung, sans oublier Jürgen Klotz, Michael Lebenstedt, MatthiasBecker et Danny van Loon. Merci de votre aide et de votre compagnie.Merci éga<strong>le</strong>ment à ceux qui m’ont entourée pendant ces années : mes parents, ma sœur préférée (quoique:::), puis Emmanuel, Raph et Pétro, Béa et Jérôme, Meriem et Jean-Philippe, Xavier, Cyril, Thomas, Andine,Claire, et Caius.3


Tab<strong>le</strong> des matièresIntroduction généra<strong>le</strong>. 131. Analyse géophysique. 17I Données généra<strong>le</strong>s sur l’Antarctique. 191. La géographie de l’Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191.1. Quelques définitions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191.1.1. Calotte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191.1.2. Ecou<strong>le</strong>ment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201.1.3. Plate-forme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201.2. Les principaux mécanismes glaciaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211.3. La géographie antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232. Climat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262.1. Températures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262.2. Humidité et circulation atmosphérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263. Géologie et géophysique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273.1. La formation du continent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273.2. Quelques structures et mécanismes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283.3. Structure crusta<strong>le</strong> et lithosphérique de l’Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304. La découverte de l’Antarctique. Historique des activités humaines. . . . . . . . . . . . . . . 314.1. Les premiers découvreurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314.2. Les bases scientifiques antarctiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344.2.1. Casey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344.2.2. Davis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344.2.3. McMurdo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354.2.4. O’Higgins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354.2.5. Dumont d’Urvil<strong>le</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36II L’isostasie appliquée à l’Antarctique. La dernière déglaciation et ses conséquences. 371. L’isostasie terrestre et son application : <strong>le</strong> rebond post-glaciaire. . . . . . . . . . . . . . . . . 371.1. Le((rebond post-glaciaire)et ses mesures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 381.2. Principe général du calcul de((rebond post-glaciaire). . . . . . . . . . . . . . . . . . 391.2.1. Calcul à partir de données de niveau des mers relatif (RSL). . . . . . . . . . 431.3. L’importance de la rhéologie terrestre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461.3.1. La chronologie de l’histoire glaciaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 462. Modè<strong>le</strong>s de déglaciation et calcul de mouvements sur l’Antarctique. . . . . . . . . . . . . . 475


TABLE DES MATIÈRES2.1. Modè<strong>le</strong>s de déglaciation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472.1.1. La reconstruction CLIMAP. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 472.1.2. Le modè<strong>le</strong> de Ling<strong>le</strong> et Clark, 1979. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 482.1.3. La reconstruction CLIMAP révisée, Denton et al 1991. . . . . . . . . . . . . 482.1.4. Les modè<strong>le</strong>s globaux de Peltier et Tushingham. . . . . . . . . . . . . . . . . 502.1.5. Les modè<strong>le</strong>s de Nakada et Lambeck. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 522.2. Les mouvements verticaux déduits des modè<strong>le</strong>s de RPG. . . . . . . . . . . . . . . . . 552.2.1. Réponse au modè<strong>le</strong>(LC79). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 552.2.2. Réponse aux modè<strong>le</strong>s ICE-3G et ICE-4G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 562.2.3. Réponse au modè<strong>le</strong>(D91)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 572.3. Discussion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 582.4. Les mouvements horizontaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 602.4.1. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s provoquées par <strong>le</strong>(rebond post-glaciaire))en Antarctique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 602.5. Les paramètres de rhéologie terrestre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 622.6. La chronologie de la déglaciation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 633. Le cas particulier de l’Antarctique : calotte glaciaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 663.1. Les modè<strong>le</strong>s des glaciologues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 663.1.1. Equilibre d’une calotte terrestre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 663.1.2. Equilibre d’une calotte marine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 683.2. Comportement de la calotte Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 693.2.1. Calotte terrestre, modè<strong>le</strong> de la partie Est. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 693.2.2. Stabilité de la calotte Ouest Antarctique? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713.3. Tenir compte de l’isostasie de façon réaliste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 723.3.1. Sensibilité à l’isostasie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 723.3.2. L’isostasie dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s des glaciologues. . . . . . . . . . . . . . . . . . 753.4. Les mouvements estimés à partir d’un modè<strong>le</strong> de calotte. . . . . . . . . . . . . . . . . 783.5. Discussion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 804. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83III Comportement actuel de la calotte glaciaire Antarctique et réponse élastique de la croûte. Mécanismes,modè<strong>le</strong>s et résultats. 851. Les tendances actuel<strong>le</strong>s de l’équilibre de la calotte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 861.1. Les contraintes globa<strong>le</strong>s : <strong>le</strong> climat et l’évolution du niveau des mers. . . . . . . . . . 861.1.1. L’augmentation des températures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 861.1.2. L’augmentation du niveau de la mer et la contribution de l’Antarctique. . . 891.2. L’évolution du taux d’accumulation en Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 891.2.1. Une évaluation diffici<strong>le</strong>. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 891.2.2. Un couplage atmosphérique comp<strong>le</strong>xe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 901.2.3. Accroissement récent des précipitations sur l’Antarctique. . . . . . . . . . . 911.3. Evolution récente de l’évacuation glaciaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 921.3.1. La disparition accélérée des plates-formes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 921.3.2. L’exemp<strong>le</strong> de Rothera. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 942. Bilan actuel de l’équilibre de masse de la calotte Antarctique : mesure directe. . . . . . . . . 972.1. Analyse de la portion terrestre : bilan de masse positif. . . . . . . . . . . . . . . . . . 972.2. Evaluation du déséquilibre des plates-formes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 993. La réponse élastique du sol aux variations séculaires de masse glaciaire. . . . . . . . . . . . 1036


3.1. Résultats des modè<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1043.2. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1054. Une alternative : <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de calottes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1074.1. Les modè<strong>le</strong>s de glaciologie comme simulation de l’avenir de l’Antarctique. . . . . . 1074.1.1. Calotte terrestre et forçage climatique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1074.1.2. Calotte marine et stabilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1104.2. Des changements récents dus à des effets à long terme. . . . . . . . . . . . . . . . . . 1134.3. Modè<strong>le</strong>s de calottes et réponse élastique du sol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1145. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116IV Mouvements ne provenant pas de l’isostasie. 1191. Le déplacement de la plaque Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1191.1. Les données géologiques : anomalies magnétiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1191.2. La zone frontière Antarctique-Amérique du Sud. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1202. Sismicité en Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1242.1. La plaque antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1242.2. Le continent antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1243. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1262. Etude géodésique. 127I Spécificités du traitement de données GPS en Antarctique. 1291. Géométrie du réseau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1292. Les orbites des satellites GPS autour du pô<strong>le</strong> Sud. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1332.1. Géométrie particulière des orbites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1332.1.1. Cas idéal des orbites parfaites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1332.1.2. Cas réaliste des orbites imparfaites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1342.2. Précision relative des orbites IGS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1363. Activité ionosphérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1384. L’effet de la neige sur <strong>le</strong> GPS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1434.1. Propagation des signaux GPS et chutes de neige. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1434.2. L’accumulation de la neige sur <strong>le</strong>s antennes et autour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1455. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147II Le traitement des données GPS utilisé. 1491. Données GPS disponib<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1502. Calcul sur <strong>le</strong>s stations IGS antarctiques uniquement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1542.1. Calcul avec <strong>le</strong>s orbites IGS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1542.1.1. Mode de traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1542.1.2. Evaluation de la qualité de la solution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1562.1.3. Séries temporel<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1582.2. Réseau antarctique, amélioration loca<strong>le</strong>s des orbites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1632.2.1. Mode de traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1632.2.2. Analyse des résultats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1632.2.3. Séries temporel<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1653. Calcul en réseau élargi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1697


TABLE DES MATIÈRES3.1. Calcul en réseau fixé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1703.1.1. Méthode de calcul. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1703.1.2. Qualité de la solution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1713.1.3. Séries temporel<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1743.2. Calcul en réseau libre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1773.2.1. Méthode de traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1773.2.2. Qualité de la solution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1773.2.3. Séries temporel<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1774. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182III Analyse géodésique des résultats. 1851. Rattachement à un système de référence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1861.1. Transformation à 7 paramètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1861.1.1. Solution XVMIX 3, ITRF96. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1891.1.2. Solution XVMIX 3, ITRF97. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1961.1.3. Solution XVMIX 2, ITRF 96 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1991.2. Filtre de Kalman : <strong>le</strong> logiciel GLOBK. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1992. Analyse des séries temporel<strong>le</strong>s - Choix d’une technique de rattachement. . . . . . . . . . . . 2102.1. Mouvements apparents sur la composante vertica<strong>le</strong>. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2102.2. Analyse de Fourier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2122.3. Vitesses linéaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2173. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221IV Interprétation géophysique des résultats. 2231. Interprétation géophysique des vitesses horizonta<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2231.1. Réseau rattaché à l’ITRF96. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2231.1.1. Le tremb<strong>le</strong>ment de Terre des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny, 25 mars 1998. . . . . . . . . . . . 2261.1.2. Vitesses tectoniques de la plaque Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . 2311.2. Réseau libre rattaché à l’ITRF97. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2381.2.1. Le tremb<strong>le</strong>ment de Terre de Bal<strong>le</strong>ny, 25 mars 1998. . . . . . . . . . . . . . . 2401.2.2. Vitesses tectoniques de la plaque Antarctique. . . . . . . . . . . . . . . . . . 2431.2.3. Vitesse relative de rotation avec la plaque Australie. . . . . . . . . . . . . . 2501.2.4. Mouvement de la plaque Australie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2511.2.5. Mouvement relatif des plaques Australie et Antarctique. . . . . . . . . . . . 2522. Mouvements verticaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2532.1. Réseau libre rattaché à l’ITRF96. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2532.2. Réseau libre rattaché à l’ITRF97. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2593. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263Conclusion généra<strong>le</strong>. 267Annexes 283A Calcul de déformations de la Terre dues aux effets de charge. Cas général et formalisme. 2851. L’approche des fonctions de Green. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2851.1. Réponse au potentiel de marée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2861.2. Réponse à une charge. Cas pûrement élastique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2861.3. Réponse à une charge. Cas visco-élastique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2878


2. Réponse de la Terre à une charge arbitraire : une approche spectra<strong>le</strong>. . . . . . . . . . . . . . 2882.1. Application pratique. Cas d’une rhéologie élastique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2882.1.1. Résolution des équations d’équilibre du niveau des mers. . . . . . . . . . . 2902.1.2. Application à la fonte glaciaire actuel<strong>le</strong>. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2902.2. Application dans <strong>le</strong> cas d’une rhéologie visqueuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2912.2.1. Application à la déglaciation Pléistocène. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2922.2.2. Calcul à partir du mouvement du Pô<strong>le</strong> ou de l’accélération de gravité. . . . 292B Quelques rappels théoriques sur <strong>le</strong> GPS. 2951. Les mesures GPS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2951.1. Le signal des satellites GPS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2951.2. Mesure par pseudo-distance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2961.3. Mesure de phase. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2972. Les erreurs d’horloge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2992.1. Cas simplifié des horloges stab<strong>le</strong>s et simultanées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2992.2. Cas réaliste des horloges instab<strong>le</strong>s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2992.2.1. Erreur des horloges dans l’observab<strong>le</strong> de phase. . . . . . . . . . . . . . . . . 3022.2.2. Erreur des horloges dans la simp<strong>le</strong> différence. . . . . . . . . . . . . . . . . . 3022.2.3. Erreur des horloges dans la doub<strong>le</strong> différence. . . . . . . . . . . . . . . . . . 3023. L’erreur provenant de l’ionosphère. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3024. L’effet troposphérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3055. La résolution des ambiguïtés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306CSéries temporel<strong>le</strong>s issues de la solution globa<strong>le</strong>, calcul en réseau libre, rattachée au système deréférence ITRF 97 par une transformation à 7 paramètres (CATREF). Solution ENS 97. 309D Cas particulier : mesure par GPS de la vitesse de déplacement de la glace au Pô<strong>le</strong> Sud. 327ERapport d’installation de la station GPS permanente sur la base française de Dumont d’Urvil<strong>le</strong>,financement et installation par l’Institut Français pour la <strong>Recherche</strong> et la Technologie Polaire. 3319


TABLE DES MATIÈRESLISTE DES SIGLES ET ACRONYMES UTILISÉS DANS CE DOCUMENT.AGU American Geophysical Union (Union Géophysique Américaine).AIUB Astronomical Institute University of Berne (Institut Universitaire Astronomique de Berne).AMUN Station GPS de la base permanente de Amundsen-Scott (Pô<strong>le</strong> Sud).AUCK Station GPS de Auckland (station IGS).BAKOS Bakosurtanal. Institut de géodésie et cartographie indonésien, Cibinong.BAS British Antarctic Survey.BKG Bundesamt für Kartographie und Geodäsie (anciennement IfAG) Institut fédéral al<strong>le</strong>mand de cartographieet de géodésie.BIFROST Baseline Inferences for Fennoscandian Rebound Observations, Sea <strong>le</strong>vel and Tectonics.CAS1 Station GPS de la base permanente de Casey (station IGS).CHAT Station GPS de Chatham Island (station IGS).CMT Centroid Moment Tensor. Service de l’Université de Harvard, chargé entre autres de la mise à jourd’un catalogue de données sur <strong>le</strong>s tremb<strong>le</strong>ments de Terre.CODE Center for Orbits Determination in Europe.DAV1 Station GPS de la base permanente de Davis (station IGS).DORIS Détermination d’Orbites et Radiopositionnement Intégrés par Satellite.DUM1 Station GPS de la base permanente de Dumont d’Urvil<strong>le</strong>.EAIS East Antarctic Ice Sheet. Partie((Est)(au sens du méridien de Greenwich) de la calotte antarctique.EGS European Geophysical Society (Société géophysique européenne).ENS Eco<strong>le</strong> Norma<strong>le</strong> Supérieure, Paris.ENSG Eco<strong>le</strong> Nationa<strong>le</strong> des Sciences Géographiques.GAMIT GPS at the MIT. Logiciel scientifique de traitement GPS développé au MIT.GCM Global Circulation Model (Modè<strong>le</strong> de circulation atmosphérique global).GFZ GeoForschung Zentrum (Centre de recherches en Sciences de la Terre al<strong>le</strong>mand).GLOBK Global Kalmann filter VLBI and GPS analysis program. Programme de transformation de jeuxde coordonnées à base d’un filtre de Kalmann, couplé avec <strong>le</strong> logiciel GAMIT de traitement de donnéesGPS.GLOSS Global Sea Level Observing System (Réseau d’observation des variations du niveau des merspar marégraphie).GOUG Station GPS de l’î<strong>le</strong> de Gough (station IGS).10


GPS Global Positioning System.HOB2 Station GPS de Hobart (station IGS).IfAG Institute for Applied Geodesy. Institut de géodésie al<strong>le</strong>mand, ancien nom du BKG.IFRTP Institut Français pour la <strong>Recherche</strong> et la Technologie Polaire.IGN Institut Géographique National.IGS International GPS Service for Geodynamics.IPCC Intergovernmental Panel on Climate Change.ITRF International Terrestrial Reference Frame (Système international de référence terrestre).JPL Jet Propulsion Laboratory.KERG Station GPS de Kergue<strong>le</strong>n (station IGS).LAREG LAboratoire de REcherche en Géodésie.LGM Last Glacial Maximum ; dernier maximum glaciaire (il y a 18 000 ans).MAC1 Station GPS de l’î<strong>le</strong> de Macquarie (station IGS).MAW1 Station GPS de la base permanente de Mawson (station IGS).MCM4 Station GPS de la base permanente de McMurdo (station IGS).MIT Massachussets Institute of Technology.NNR-Nuvel1-A No Net Rotation Nuvel1-A. Adaptation dans un référentiel((absolu))(sans rotation globa<strong>le</strong>)des vitesses du modè<strong>le</strong> Nuvel1 corrigé Nuvel1-A.OHIG Station GPS de la base permanente de O’Higgins (station IGS).PALM Station GPS de la base permanente de Palmer (station IGS).PERT Station GPS de Perth (station IGS).RINEX Receiver INdependant EXchange Format. Format d’échange de données GPS.RPG Rebond Post-Glaciaire.RSL Relative Sea Level. Niveau des mers relatif.SANT Station GPS de Santiago (station IGS).SCAR Scientific Committee for Antarctica Research (Comité scientifique pour la recherche scientifiqueen Antarctique).SINEX Software INdependant EXchange Format. Format d’échange de résultats de calculs de géodésiespatia<strong>le</strong>.SLP Sea Level Pressure (Pression atmosphérique au niveau de la mer).SLR Satellite Laser Ranging (Télémétrie laser sur satellite).11


TABLE DES MATIÈRESTAM Transantarctic Mountains (Montagnes Transantarctiques).TEC Total Ionospheric Content ou contenu total ionosphérique.USGS U. S. Geological Survey.USARP U. S. Antarctic Research Program.VESL Station GPS de la base permanente de Sanae, aussi appelée Ves<strong>le</strong>tkarvet (station IGS).VLBI Very Long Baseline Interferometry (Interférométrie à très longue base).WAIS West Antarctic Ice Sheet. Partie((Ouest))(au sens du méridien de Greenwich) de la calotte antarctique.12


INTRODUCTIONINTRODUCTION GÉNÉRALE.New ideas pass through three periods:It can’t be doneIt probably can be done, but it’s not worth doingI knew it was a good idea all along !Arthur C. ClarkeLe comportement actuel de la calotte de glace antarctique est un sujet de première importance puisqu’ilconditionne entre autres l’évolution à court terme du niveau des mers. La calotte Antarctique est-el<strong>le</strong> entrain de fondre, comme <strong>le</strong> suggère la formation d’icebergs gigantesques à partir de la Péninsu<strong>le</strong>? Va-t-el<strong>le</strong>au contraire s’épaissir dans <strong>le</strong>s prochaines années, l’augmentation des températures renforçant <strong>le</strong>s précipitations? Paradoxa<strong>le</strong>ment, on ne dispose pas encore de mesures directes de variation de l’épaisseurde la calotte suffisamment précises et couvrant l’ensemb<strong>le</strong> du continent. Comme <strong>le</strong>s changements de lacharge glaciaire se répercutent sur la position de la croûte terrestre par <strong>le</strong> biais des mécanismes isostatiques,mesurer <strong>le</strong>s mouvements de la croûte sur plusieurs sites antarctiques fournit des informations surl’évolution de la calotte. Le développement du GPS (Global Positioning System), technique de géodésiespatia<strong>le</strong> particulièrement prometteuse dans <strong>le</strong> cas de l’Antarctique, donne accès à ces déformationscrusta<strong>le</strong>s avec une précision subcentimétrique. Il s’agit d’une méthode origina<strong>le</strong> de quantification desvariations actuel<strong>le</strong>s de la masse de la calotte antarctique, fournissant des informations complémentairesaux mesures directes de l’épaisseur de la couche de glace par altimétrie radar satellitaire. Son caractèreindirect permet de plus d’accéder à des renseignements sur l’histoire récente de la calotte antarctique.En effet, au delà de la question de sa stabilité actuel<strong>le</strong>, se pose cel<strong>le</strong> de son évolution depuis la fin dela dernière glaciation. Son épaisseur a diminué au moins partiel<strong>le</strong>ment depuis <strong>le</strong> dernier maximumglaciaire, il y a 18 000 ans, mais l’amp<strong>le</strong>ur et <strong>le</strong>s conditions de cette déglaciation restent mal connus. Leseffets retardés sur la croûte terrestre, sous forme de la composante visqueuse du rebond post-glaciaire,viennent se superposer à la composante élastique résultant des variations glaciaires actuel<strong>le</strong>s. Mesurer<strong>le</strong> rebond actuel en Antarctique donnerait donc éga<strong>le</strong>ment accès à des informations sur la dernièredéglaciation, et sur la façon dont croûte et manteau y ont réagi.Tous ces mouvements, visqueux ou élastiques, ont des amplitudes très faib<strong>le</strong>s , souvent inférieuresau centimètre par an. Le GPS est une technique de géodésie spatia<strong>le</strong> a priori adaptée, alliant précisionet nombre de stations produisant des données disponib<strong>le</strong>s en Antarctique. En effet, plusieurs stationspermanentes du réseau IGS (International GPS Service for Geodynamics) ont été installées en 1994 surquelques unes des zones antarctiques où la glace laisse place à la terre solide. L’ordre de grandeur desmouvements de rebond glaciaire, essentiel<strong>le</strong>ment dirigés selon la vertica<strong>le</strong>, qui est la composante lamoins précise du GPS, oblige cependant à accorder une attention particulière à la qualité du traitement.Travail<strong>le</strong>r sur l’Antarctique, qui est un domaine fascinant, rend éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s choses un peu pluscompliquées : <strong>le</strong>s données y sont plus rares et plus coûteuses à acquérir. C’est vrai pour <strong>le</strong>s mesuresGPS, puisque <strong>le</strong>s stations permanentes sont très peu nombreuses, que <strong>le</strong>ur maintenance est aléatoiremême sur <strong>le</strong>s bases permanentes, et qu’organiser une campagne de mesures est une prouesse technique13


INTRODUCTIONet financière. C’est vrai éga<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong> traitement des données GPS : on a pu constater que l’état duréseau, la configuration particulière des orbites, et l’ionosphère très active dégradent la précision ducalcul.On a choisi dans cette étude de traiter <strong>le</strong>s données des stations permanentes IGS, qui présentent <strong>le</strong> doub<strong>le</strong>avantage d’être continues depuis 1995, et de couvrir l’ensemb<strong>le</strong> de la surface de l’Antarctique, mêmesi <strong>le</strong>s stations sont encore très peu nombreuses. L’état du réseau antarctique s’est considérab<strong>le</strong>mentamélioré entre <strong>le</strong> début et la fin de ce travail de thèse. De quatre stations IGS produisant des donnéesencore assez aléatoirement en 1995, on est passé à neuf stations permanentes, dont <strong>le</strong>s données sont plussuivies et plus nombreuses, en 1998. Nous avons contribué à la densification de ce réseau en faisantinstal<strong>le</strong>r par l’Institut Français de la <strong>Recherche</strong> et de la Technologie Polaire (IFRTP) une station GPSpermanente sur la base française de Dumont d’Urvil<strong>le</strong> (Terre Adélie), qui fonctionne sans interruptiondepuis décembre 1997. La qualité des orbites IGS, qui est déterminante quand on traite des lignes debase de plusieurs milliers de kilomètres en espérant une précision subcentimétrique, s’est éga<strong>le</strong>mentaméliorée. Le choix scientifique consistant à traiter <strong>le</strong>s données de ces stations (qui sont par ail<strong>le</strong>urstoutes incluses dans <strong>le</strong>s calculs des centres IGS) faisait figure de pari en 1995, il présente depuis de plusen plus d’intérêt.La première étape de cette étude consistait à recenser <strong>le</strong>s divers mouvements assimilab<strong>le</strong>s à durebond glaciaire que l’on devrait pouvoir détecter par GPS en Antarctique. Ce travail de synthèse a prisune amp<strong>le</strong>ur imprévue au départ, la compréhension des différents mécanismes terrestres et glaciairesintervenant dans l’isostasie oblige à détail<strong>le</strong>r tous <strong>le</strong>s phénomènes qui ont une influence : la viscositédes différentes couches du manteau conditionne l’amplitude et la chronologie du rebond visqueux, uneaugmentation des températures va provoquer un accroissement des précipitations, donc de l’accumulationglaciaire, mais aussi peut-être accélérer la production d’icebergs. Les déplacements supposés sontconstitués d’une superposition de plusieurs effets, avec des constantes de temps et des échel<strong>le</strong>s spatia<strong>le</strong>svariées.Le premier effet concerne <strong>le</strong> rebond post-glaciaire proprement dit, soit la remontée visqueuse de la croûteaprès un allègement important de la charge glaciaire. Cette remontée résulte de la re-répartition desmasses à l’intérieur du manteau, qui peut prendre plusieurs milliers d’années.Plusieurs types de données fournissent des informations sur la déglaciation partiel<strong>le</strong> qui a eu lieu sur<strong>le</strong> continent Antarctique depuis <strong>le</strong> dernier maximum glaciaire, il y a 18 000 ans. Certaines sont desinformations indirectes, résultant d’une inversion à partir d’enregistrements de variations du niveau desmers relatif. El<strong>le</strong>s sont alors influencées par <strong>le</strong>s paramètres de la rhéologie terrestre, qu’on connaît trèsmal. D’autres données directes, glaciologiques, permettent de contrô<strong>le</strong>r la quantité de glace disparueselon <strong>le</strong>s endroits.Les glaciologues ont une façon plus directe d’aborder <strong>le</strong> problème, à travers un modè<strong>le</strong> de calotte deglace, qui interagit avec l’atmosphère, l’océan et la terre solide, et dont on peut observer <strong>le</strong> comportementune fois soumis à un forçage climatique. Dans tous <strong>le</strong>s cas, on a affaire à un modè<strong>le</strong> à entrées multip<strong>le</strong>s,avec de nombreux paramètres inconnus et peu de contraintes. Malgré ça, <strong>le</strong> GPS a déjà été utilisé avecsuccès pour la mesure de rebond post-glaciaire en Fennoscandie, où <strong>le</strong>s prédictions de mouvements sontil est vrai généra<strong>le</strong>ment mieux contraintes, puisqu’on dispose de plus de données.A ce rebond post-glaciaire proprement dit vient s’ajouter la réponse élastique immédiate de la Terre auxvariations actuel<strong>le</strong>s de masse de la calotte. On dispose paradoxa<strong>le</strong>ment de très peu de données directespermettant de contraindre <strong>le</strong> comportement actuel de la calotte. L’enjeu d’une mesure GPS de cettevariation élastique est immédiat, avec des indications sur la contribution de l’Antarctique aux variationsdu niveau des mers. Il a aussi des conséquences à moyen terme, puisqu’il peut fournir des renseigne-14


INTRODUCTIONments sur la stabilité de la calotte, en particulier la partie Ouest, avec des conséquences importantes surl’évolution future du niveau des mers.Les autres types de mouvements, de tectonique globa<strong>le</strong> (rotation de la plaque antarctique par rapportaux plaques environnantes) ou loca<strong>le</strong> (sismicité, déformations près des frontières de plaque), ontéga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur intérêt. Il constitueront un produit dérivé, un test de la qualité de notre traitement, etun déplacement de premier ordre qu’il faudra retirer pour obtenir une composante résiduel<strong>le</strong> exploitab<strong>le</strong>.Le traitement de données lui-même a été une excel<strong>le</strong>nte occasion de se familiariser avec <strong>le</strong>s particularitésdu traitement GPS en Antarctique, et cel<strong>le</strong>s du traitement de données continues, et de l’analyse deséries temporel<strong>le</strong>s.Beaucoup de temps a été consacré au <strong>le</strong> traitement lui-même, à cause de la quantité de données traitées(réseau comprenant jusqu’à 11 stations, sur 4 ans, en sessions journalières) et des différents types detraitements qui ont été comparés dans <strong>le</strong> but d’améliorer la précision fina<strong>le</strong> et d’obtenir des résultatsexploitab<strong>le</strong>s pour la géophysique. Ce traitement de données a été automatisé en grande partie.Les premiers traitements prenaient en compte <strong>le</strong>s données des stations sur <strong>le</strong> continent antarctiqueuniquement : un mode d’analyse économique qui donne accès à des informations sur <strong>le</strong>s mouvementsrelatifs entre <strong>le</strong>s stations antarctiques. Il ne fournit par contre aucune information sur <strong>le</strong> déplacementdes points du continent Antarctique par rapport à une référence extérieure, ce qui est fondamental à lafois pour mesurer une vitesse de plaque tectonique et pour détecter la composante vertica<strong>le</strong> du rebondglaciaire (supposons que <strong>le</strong> continent entier remonte à la même vitesse:::).Nous avons donc entrepris un traitement plus global, incluant des stations IGS extérieures à l’Antarctique,ce qui fournit à la fois une meil<strong>le</strong>ure contrainte du réseau, des informations sur <strong>le</strong> déplacement dessites antarctiques par rapport aux plaques voisines, et un moyen de rattacher <strong>le</strong> réseau à un système deréférence. Plusieurs traitements ont été effectués, en réseau libre, ou en utilisant des stations fiduciel<strong>le</strong>scontraintes à <strong>le</strong>ur position ITRF dans l’inversion GPS même. Les résultats du calcul en réseau libre ontfait l’objet d’un rattachement à l’ITRF (ITRF 96 ou 97) par plusieurs techniques. La technique généra<strong>le</strong>d’analyse qui semb<strong>le</strong> donner <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur compromis entre précision des résultats et indépendance visà vis de contraintes géodésiques est l’enchaînement d’un calcul sur un réseau global, en réseau libre,avec un rattachement à l’ITRF par <strong>le</strong> biais d’une combinaison, avec transformation à 7 paramètres. Cetteméthode a été utilisée sur l’ensemb<strong>le</strong> des 4 années de sessions journalières, sur toutes <strong>le</strong>s stations GPSpermanentes en Antarctique dont <strong>le</strong>s données étaient disponib<strong>le</strong>s, et quelques stations IGS suffisammentproches.Fina<strong>le</strong>ment, l’analyse des séries temporel<strong>le</strong>s a permis l’obtention de vitesses horizonta<strong>le</strong>s et vertica<strong>le</strong>sexploitab<strong>le</strong>s pour la géophysique sur toutes <strong>le</strong>s stations ayant au moins 3 ans de données. Certaines ontdes comportements non linéaires au cours du temps, pour des raisons liées soit à l’état de l’antenne, soitau mouvement du sous-sol. Ces vitesses ont été comparées aux prédictions du modè<strong>le</strong> NNR-Nuvel1-A,et aux résultats géodésiques de l’ITRF 96 et de l’ITRF 97, avec un très bon accord général sur <strong>le</strong>s vitesseshorizonta<strong>le</strong>s. Un mouvement global de rotation de la plaque Antarctique a été extrait de notre solution, et<strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s résiduel<strong>le</strong>s, associées aux vitesses vertica<strong>le</strong>s, permettent de tirer des conclusionsquant au rebond glaciaire actuel sur <strong>le</strong>s côtes de l’Antarctique Est et sur la Péninsu<strong>le</strong>.15


Première partieAnalyse géophysique.17


CHAPITRE IDONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.First you fall in love with Antarctica, and then it breaks yourheart.Kim Stan<strong>le</strong>y RobinsonCe chapitre a pour but de présenter sommairement quelques données géographiques, climatiques, géologiques,glaciologiques et historiques sur <strong>le</strong> continent antarctique. Ces données sont très uti<strong>le</strong>s, voire nécessaires,à la compréhension de la suite de ce travail. On en profitera pour définir quelques structures glaciairesfondamenta<strong>le</strong>s, qui seront abondamment utilisées dans <strong>le</strong>s chapitres suivants (comme plate-formeou écou<strong>le</strong>ment glaciaire). La plupart des données et chiffres sont tirés de (Scott 1993) ou de (Drewry et al.1982). Le <strong>le</strong>cteur est invité à se reporter à la carte généra<strong>le</strong> de l’Antarctique pour la localisation des différentséléments géographiques cités dans <strong>le</strong> texte.1. La géographie de l’Antarctique.La superficie tota<strong>le</strong> de l’Antarctique est évaluée à 13 917 990 km2, (soit 9,32% de la surface tota<strong>le</strong> desterres émergées, et 2,72% de la surface de la Terre) dont une superficie d’aff<strong>le</strong>urements rocheux (appelésaussi soc<strong>le</strong>) de 331 610 km2, soit moins de 2%. Tout <strong>le</strong> reste est couvert de glace, que l’on peut répartiren glace posée (superficie 11 965 700 km2) et en glace flottante (1 620 680 km2). Cette glace flottante seprésente sous forme de plates-formes.1.1. Quelques définitions.1.1.1. Calotte.On appel<strong>le</strong> calotte glaciaire une couverture continue de glace de surface supérieure à 50 000 km2. Lescalottes glaciaires subsistant actuel<strong>le</strong>ment sont cel<strong>le</strong>s de l’Antarctique, que l’on divise habituel<strong>le</strong>ment endeux calottes, l’Antarctique Est et l’Antarctique Ouest 1 , et cel<strong>le</strong> du Groenland. Lors du dernier maximumglaciaire (18 000 ans), on trouvait éga<strong>le</strong>ment une calotte sur la Fennoscandie, <strong>le</strong>s Laurentides, et la Sibérie.Les calottes ne sont pas d’épaisseur éga<strong>le</strong> sur toute <strong>le</strong>ur surface : el<strong>le</strong>s forment en première approximationune sorte de dôme, la glace s’écoulant depuis la partie où el<strong>le</strong> est la plus épaisse (en général proche ducentre de la calotte) vers <strong>le</strong>s bords. La calotte Antarctique est épaisse en moyenne de 2500 m, mais peutatteindre plus de 4700 m en certains endroits (Terre de Wilkes ou plateau de Hollick-Kenyon). Son volumeest estimé à près de 30 millions de km3, soit 90 % du volume mondial total de glace, et environ 70 % desréserves d’eau douce de la planète.1:La notion d’Ouest et Est autour du Pô<strong>le</strong> Sud paraît paradoxa<strong>le</strong>, mais on oriente généra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s cartes selon <strong>le</strong> méridiende Greenwich, et on appel<strong>le</strong> Ouest la partie de la calotte située(à gauche)de ce méridien sur la carte, Est cel<strong>le</strong> située à sa droite.19


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.FIG. I.1 - Représentation généra<strong>le</strong> du mécanisme d’écou<strong>le</strong>ment dans une calotte. (Bindschad<strong>le</strong>r et al. 1998)1.1.2. Ecou<strong>le</strong>ment.On appel<strong>le</strong> écou<strong>le</strong>ment glaciaire ou encore f<strong>le</strong>uve de glace (en anglais ice stream), un flot glaciaire d’unevitesse supérieure à son environnement et dont la direction peut être différente (Bent<strong>le</strong>y 1987). Les écou<strong>le</strong>mentsse distinguent des glaciers par <strong>le</strong>ur superficie (supérieure à 100 km2) et parce qu’ils sont entourésde glace, qui se déplace à une vitesse nettement inférieure à cel<strong>le</strong> de l’écou<strong>le</strong>ment-même. Ces écou<strong>le</strong>mentssont principa<strong>le</strong>ment gouvernés par la topographie, mais <strong>le</strong> mécanisme précis de <strong>le</strong>ur formation est encoreassez mystérieux. Ils font partie des structures qui permettent l’acheminement de la glace depuis <strong>le</strong> sommetde la calotte jusqu’aux plates-formes. En Antarctique Ouest, ils ne représentent qu’une surface assezrestreinte de la calotte, contrairement à la partie Est. Deux points intéressent tout particulièrement <strong>le</strong>s glaciologues: <strong>le</strong>s mécanismes de transition entre <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>ments et <strong>le</strong>s plates-formes, et l’interaction entrela glace de l’écou<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> rocheux, à la base.1.1.3. Plate-forme.On appel<strong>le</strong> plate-forme glaciaire une masse de glace flottante, mais assurant une continuité avec la glaceposée de la calotte ou d’un écou<strong>le</strong>ment. Les plates-formes sont, en Antarctique, ce qui permet l’évacuationde la majeure partie de la glace, sous forme d’icebergs. On appel<strong>le</strong> vêlage la formation d’icebergs (soit desmorceaux de glace flottante, détachés de la glace posée) à partir de la glace de la plate-forme. Les icebergssont considérés comme ne faisant plus partie de l’Antarctique, alors que la glace des plates-formes, bienque flottante, en fait partie. La position et la superficie des plates-formes antarctiques est conditionnée,d’une part par la topographie de la glace (là où aboutit la glace, sous forme d’écou<strong>le</strong>ments ou non), d’autre20


x1. LA GÉOGRAPHIE DE L’ANTARCTIQUE.part par la topographie de la côte et des fonds sous-marins (profondeur, concavité).1.2. Les principaux mécanismes glaciaires.La figure I.1 propose une synthèse assez simplifiée des mécanismes de transport de la glace dans lacalotte. Les précipitations y apportent de la neige, qui subit des transformations dues au tassement, etreste sur place ou s’écou<strong>le</strong> progressivement par <strong>le</strong> biais des f<strong>le</strong>uves de glace. Ces écou<strong>le</strong>ments aboutissentaux plates-formes glaciaires, l’évacuation se faisant ensuite principa<strong>le</strong>ment soit par vêlage d’icebergs,soit par la fonte à la base des plates-formes, au contact de l’eau. Les autres mécanismes secondairesd’évacuation concernent la sublimation en surface sous l’effet du vent, ou l’érosion par frottement à labase des écou<strong>le</strong>ments.L’équilibre des plates-formes semb<strong>le</strong> conditionné principa<strong>le</strong>ment par la température de l’air et par lacirculation de l’eau de mer au contact de la base de la plate-forme.L’influence des températures se limite à la saison de fonte, soit l’été, puisqu’el<strong>le</strong>s sont inférieures à 0C<strong>le</strong> reste de l’année. On comptabilise généra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nombre de jours dans l’année où la températuremoyenne est supérieure à 0C, qu’on appel<strong>le</strong>(durée de saison de fonte)(Fahnestock et al. 1998). Sur l’ensemb<strong>le</strong>des étés australs entre 1978 et 1996, on a établi une corrélation très nette entre <strong>le</strong>s endroits où cettedurée est la plus longue et ceux où ont eu lieu <strong>le</strong>s désintégrations majeures de plates-formes. La fonte desurface el<strong>le</strong>-même fait intervenir l’amincissement progressif de la plate-forme sous l’effet du réchauffement,mais aussi un processus moins régulier : l’eau résultant de cet effet de fonte a tendance à s’accumu<strong>le</strong>rà la surface de la plate-forme, créant des poches d’eau douce au lieu de s’évacuer (Fahnestock et al.1998). La formation de ces mares pourrait accentuer la fonte en surface, de façon généra<strong>le</strong>, mais aussi <strong>le</strong>screvasses existantes jusqu’à provoquer la dislocation prématurée de la plate-forme en icebergs. Ce mécanismeest très lié à la topographie de départ de la surface de la plate-forme.L’autre mécanisme important, conditionnant la stabilité d’une plate-forme, passe par son amincissementà sa base, donc au contact de l’eau de mer (Hughes 1982) : <strong>le</strong> vêlage se produit une fois que l’épaisseurde la glace a diminué suffisamment, à plusieurs km du front de vêlage, pour que des superficies importantessoit au dessus de <strong>le</strong>ur point de rupture. D’autre part, un amincissement par fonte basa<strong>le</strong> entraîneun retrait de la ligne d’échouage.Une modélisation réaliste de la fonte basa<strong>le</strong> provoquée par l’interaction de la partie inférieure de la plateformeavec l’océan est comp<strong>le</strong>xe. On peut distinguer trois modes de fonte différents (voir figure I.2), prenantà chaque fois en compte des données de circulation thermohaline 2 .– Le premier mode, qui est responsab<strong>le</strong> de la majorité de la fonte basa<strong>le</strong>, commence par la formation,en hiver, lorsque la surface de la mer gè<strong>le</strong>, de masses d’eau très fortement salée. Ces quantités d’eauplus dense descendent sous la plate-forme, et comme la température de fusion décroît avec la pression,et donc avec la profondeur (Fujino et al. 1974), la température de cette eau chaude et salée provenantde la surface peut excéder de plus de1oC la température loca<strong>le</strong> de fusion. El<strong>le</strong> provoque lafonte de la base de la plate-forme. La cha<strong>le</strong>ur latente de fusion dégagée et l’eau non salée provenantde la fonte donnent naissance à des panaches d’eau moins salée, plus chaude que l’eau ambiante,mais plus froide que la température de fusion de surface, qui vont donc s’é<strong>le</strong>ver pour rege<strong>le</strong>r plusprès de la surface.2:On appel<strong>le</strong> circulation thermohaline la circulation océanique prenant en compte <strong>le</strong>s différences de densité liées à la températureet au degré de salinité de l’eau de mer.21


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.Plate-forme3IcebergOCEAN21Ligne d’echouagePlateau continentalFIG. I.2 - Les différents modè<strong>le</strong>s de circulation marine sous une plate-forme entrainant un effet de fonte (Jacobs et al.1992)– Le second mécanisme de fonte des plates-formes est très dépendant de la topographie sous-marinede la région, et a pour origine l’eau de mer plus chaude qui remonte de la marge continenta<strong>le</strong>. Quandla géographie loca<strong>le</strong> s’y prête, la poche formée sous la plate-forme se remplit progressivement d’eauplus chaude venant de l’océan, qui provoque un dégel important et soudain. Inversement, si <strong>le</strong> plateaucontinental s’abaisse bruta<strong>le</strong>ment peu après la ligne d’échouage, ces effets de fonte seront minimes.– Enfin, <strong>le</strong> troisième mécanisme concerne la surface et <strong>le</strong>s 100 premiers km après <strong>le</strong> front de vêlage.La fonte est essentiel<strong>le</strong>ment provoquée par <strong>le</strong>s mouvements de marée et <strong>le</strong>s courants côtiers chaudssaisonniers.Si on s’intéresse à la quantité de glace quittant la portion terrestre de la calotte, il faut savoir dans quel<strong>le</strong>mesure <strong>le</strong>s plates-formes peuvent influencer la dynamique terrestre, par <strong>le</strong> biais de <strong>le</strong>ur couplage avec<strong>le</strong>s bassins de drainage et <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>ments glaciaires, au niveau de la ligne d’échouage. Il semb<strong>le</strong> que laprésence d’une plate-forme à l’extrémité d’un bassin de drainage exerce une contrainte importante sur savitesse d’écou<strong>le</strong>ment (Al<strong>le</strong>y 1991).Sur l’un des écou<strong>le</strong>ments du bassin de Ross, répertorié comme((écou<strong>le</strong>ment C)), on a observé la présencede crevasses importantes, et des mesures de vitesses ont montré que cet écou<strong>le</strong>ment s’était arrêté depuisenviron 200 ans (Shabtaie et Bent<strong>le</strong>y 1987). Il s’épaissit maintenant selon <strong>le</strong> taux d’accumulation local, soitenviron 10 cm/an, ce qui a causé <strong>le</strong> retrait de la ligne d’échouage de 300 m en 11 ans. L’(écou<strong>le</strong>ment B),par contre, continue de s’écou<strong>le</strong>r à la vitesse importante de 600 m/an, et l’écou<strong>le</strong>ment de la glace a lieu40%plus vite que son remplacement par <strong>le</strong>s précipitations, ce qui correspond à un déséquilibre total surl’ensemb<strong>le</strong> du bassin de drainage de 6 cm/an. Des études récentes (Rémy 1999) semb<strong>le</strong>nt montrer que <strong>le</strong>sécou<strong>le</strong>ments se comportent de manière auto-régulée : l’un d’entre eux peut s’arrêter, <strong>le</strong>s autres accélérerpour compenser, sans que cela ne corresponde à une évolution climatique particulière.Les connaissances des glaciologues sur <strong>le</strong> comportement de la glace à l’intérieur de la calotte sont encoretrès parcellaires. On ne sait pas si la glace se comporte selon une rhéologie linéaire ou non linéaire, et <strong>le</strong>slois régissant <strong>le</strong>s interactions de la calotte et de son environnement sont très mal connues. Il s’agit, ou la22


x1. LA GÉOGRAPHIE DE L’ANTARCTIQUE.transition écou<strong>le</strong>ment-plate-forme déjà évoquée, de la zone de frottement à la base des f<strong>le</strong>uves de glace,ou de la propagation de vitesse des glaciers émissaires.1.3. La géographie antarctique.La calotte Antarctique est une immense chappe de glace qui opère la jonction (au niveau desMontagnes Transantarctiques, ou TAM) entre deux parties géographiquement et géologiquement trèsdifférentes, l’Antarctique Est et l’Antarctique Ouest.On dit que la calotte Est antarctique est une calotte terrestre, alors que la calotte Ouest est marine.L’altitude moyenne du soc<strong>le</strong> rocheux de l’Antarctique Est est de plus de 500 m au dessus du niveaude la mer, alors que l’altitude du soc<strong>le</strong> de l’Antarctique Ouest est presque partout inférieure au niveaude la mer (jusqu’au Bent<strong>le</strong>y Subglacial Trench, qui se situe environ 2500 m en dessous). Cela signifieque, si l’on en<strong>le</strong>vait la calotte glaciaire qui recouvre Antarctique Est et Ouest, la partie Est conserveraitsensib<strong>le</strong>ment sa forme actuel<strong>le</strong>, alors que la partie Ouest se transformerait en archipel. En réalité, <strong>le</strong>schoses ne se passeraient pas tout à fait ainsi, puisqu’il faut tenir compte de la remontée du soc<strong>le</strong> rocheuxdue à l’isostasie : on estime que l’enfoncement actuel de la croûte sous <strong>le</strong> poids de la glace est d’environ1000 m (donné approximativement parglace=manteauhglace). L’altitude moyenne du continent (glacecomprise) est de 2300 m, ce qui en fait <strong>le</strong> continent <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé.FIG. I.3 -1997b)Situation des écou<strong>le</strong>ments A à F dans <strong>le</strong> bassin glaciaire de Ross, en Antarctique Ouest. (Bindschad<strong>le</strong>rLes plates-formes peuvent faire quelques centaines de mètres d’épaisseur. Les deux plates-formes<strong>le</strong>s plus importantes se situent à la jonction entre l’Antarctique Est et l’Antarctique Ouest : Il s’agit d’unepart de la plate-forme de Ross, bordant <strong>le</strong>s Montagnes Transantarctiques, de l’autre de la plate-forme deFilchner-Ronne, ancrée entre <strong>le</strong> territoire de Coats et la Péninsu<strong>le</strong>. Chacune de ces deux plates-formes aune surface d’environ 500 000 km2(soit la superficie de la France). La plate-forme de Ross est alimentée23


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.par un ensemb<strong>le</strong> de plusieurs écou<strong>le</strong>ments glaciaires, considérés comme <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>ments majeurs antarctiques(voir carte I.3). Ces écou<strong>le</strong>ments sont référencés de A à F, <strong>le</strong>ur épaisseur peut atteindre plusde 1000 m, et <strong>le</strong>ur vitesse va de quelques mètres par an pour l’écou<strong>le</strong>ment C, considéré comme arrêté, àplus de 250 m par an pour <strong>le</strong>s plus rapides (Bent<strong>le</strong>y 1987).Ces deux plates-formes gigantesques de Ross et de Filchner-Ronne donnent naissance, pendant l’été, àdes icebergs de tail<strong>le</strong> énorme, plusieurs milliers de km2. A part ces deux plates-formes, l’AntarctiqueEst n’en comprend quasiment pas : la plate-forme d’Amery, entre <strong>le</strong>s stations australiennes de Mawsonet de Davis, est de tail<strong>le</strong> suffisante pour donner naissance à de grands icebergs, alimentée par <strong>le</strong> GlacierLambert (qui est bien un glacier, et non un écou<strong>le</strong>ment), mais toutes <strong>le</strong>s autres plates-formes sont trèspetites, et insuffisantes pour prendre part de façon significative à l’évacuation glaciaire généra<strong>le</strong> del’Antarctique.Il n’en est pas de même sur la partie Ouest du continent, en particulier sur la Péninsu<strong>le</strong> : la topographietrès découpée des côtes, et l’altitude moyenne du soc<strong>le</strong> rocheux inférieure au niveau de la mer ont permisla formation de nombreuses plates-formes. Les deux principa<strong>le</strong>s sont la plate-forme de Wordie, qui bordela côte Ouest de la Péninsu<strong>le</strong>, entre l’î<strong>le</strong> A<strong>le</strong>xander et l’î<strong>le</strong> Adelaide, et la plate-forme de Larsen, sur lacôte Est, qui s’étend du Cap Collier au Sud jusqu’à l’î<strong>le</strong> James Ross au Nord.La topographie exacte des plates-formes (en particulier <strong>le</strong>ur épaisseur) est encore très mal connue,puisqu’on dispose de peu d’instruments de mesure efficace. Actuel<strong>le</strong>ment, la technique la plus éprouvéeest l’utilisation d’altimétrie radar aéroportée.Les chiffres donnant <strong>le</strong>s superficies, épaisseurs et volumes de glace pour <strong>le</strong>s différentes régions del’Antarctique sont résumés par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au I.1. Il faut remarquer que, dans ce tab<strong>le</strong>au, on sépare en quatrerégions distinctes la Péninsu<strong>le</strong>, l’Antarctique Ouest, et <strong>le</strong>s deux plates-formes de Ross et Filchner-Ronne,ce qui est contraire aux habitudes : on considère généra<strong>le</strong>ment que la Péninsu<strong>le</strong> au moins, et souvent <strong>le</strong>sdeux grandes plates-formes, font partie intégrante de l’Antarctique Ouest.Cette énorme quantité de glace pourrait provoquer une remontée importante du niveau des mers encas de fonte tota<strong>le</strong> ou partiel<strong>le</strong>. Si la totalité de la calotte fondait, <strong>le</strong> niveau des mers augmenterait de 65 à73 m, selon <strong>le</strong>s estimations (Oer<strong>le</strong>mans 1993), (Houghton 1995). En cas de fonte de la calotte Ouest seu<strong>le</strong>,la remontée du niveau des mers est estimée à environ 6 m.La surface de l’Antarctique qui n’est pas occupée par la glace mesure environ 2% de la superficie tota<strong>le</strong>.La plus importante oasis sans glace est située en Antarctique Est, sur la pointe de la Terre Victoriadominant la mer de Ross. Sous la dénomination de(Dry Val<strong>le</strong>ys), el<strong>le</strong> comprend <strong>le</strong>s vallées de Victoria,Taylor et Wright, qui sont d’anciennes vallées glaciaires dont <strong>le</strong>s glaciers se sont retirés. On trouve d’autresaff<strong>le</strong>urements rocheux dans des régions montagneuses, où <strong>le</strong> rocher dépasse la calotte, comme <strong>le</strong>s collinesde Bunger, Vestfold ou Lasserman, ou <strong>le</strong>s Monts du Prince Char<strong>le</strong>s.On trouve éga<strong>le</strong>ment des plages dégagées <strong>le</strong> long des côtes, ou sur de petites î<strong>le</strong>s, où l’absence de glaceest <strong>le</strong> résultat de la topographie loca<strong>le</strong>. Les bases scientifiques se sont installées préférentiel<strong>le</strong>ment sur cesoasis côtières.24


x1. LA GÉOGRAPHIE DE L’ANTARCTIQUE.TAB. I.1 - Surface, épaisseur et volume de glace pour <strong>le</strong>s différentes régions du continent Antarctique. D’après (Drewryet al. 1982).Région Surface(km2) Epaisseur (m) Vol. (103km3)Antarctique Est Glace posée 9 855 570 2630 25 920,1Plates-formes 293 510 400 117,4Ice rises 4 090 400 1,6Total glace 10 153 170 26 039,2Total avec 2% de soc<strong>le</strong> 10 353 800Antarctique Ouest Glace posée 1 809 760 1 780 3221,4Plates-formes 104 860 375 39,3Ice rises 3 550 375 1,3Total glace 1 918 170 3262,0Total avec 3% de soc<strong>le</strong> 1 974 140Péninsu<strong>le</strong> Glace posée 300 380 610 183,2Plates-formes 144 750 300 43,4Ice rises 1 570 300 0,5Total glace 446 690 227,1Total avec 20% de soc<strong>le</strong> 521 780Plate-forme de Plates-formes 525 840 427 224,5Ross Ice rises 10 320 500 5,1Total glace 536 070 229,6Plate-forme de Plates-formes 472 760 650 307,3Filchner-Ronne Ice rises 59 440 750 44,6Total glace 532 200 351,9Total Glace posée 11 965 700 2450 29 324,7Plates-formes 1 541 710 475 a 732,9Ice rises 78 970 670 b 53,1Aff<strong>le</strong>urements 331 610a Chiffre biaisé par l’épaisseur des deux plates-formes de Ross et Filchner-Ronne très supérieure à la moyenne des petitesplates-formes.b Chiffre biaisé par l’épaisseur très importante de la glace sur l’î<strong>le</strong> de Berkner au milieu de la plate-forme de Filchner-Ronne.25


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.2. Climat.Les données climatiques sont fondamenta<strong>le</strong>s : el<strong>le</strong>s permettent d’évaluer <strong>le</strong> comportement actuel dela calotte et de prédire son évolution pour <strong>le</strong>s prochaines décennies. El<strong>le</strong>s expliquent aussi la mauvaiseconnaissance globa<strong>le</strong> de la majorité du territoire de l’Antarctique, puisque <strong>le</strong>s conditions météorologiquessont si rudes qu’el<strong>le</strong>s restreignent l’accessibilité.2.1. Températures.Les températures antarctiques font l’objet d’une surveillance attentive, car el<strong>le</strong>s sont considéréescomme un indicateur précis d’un réchauffement climatique mondial. Les Pô<strong>le</strong>s ont en effet un comportementexacerbé face au réchauffement climatique, dont ils constituent des témoins particulièrementsensib<strong>le</strong>s. On se bornera dans cette partie à donner des va<strong>le</strong>urs très généra<strong>le</strong>s, l’évolution récente destempératures en Antarctique étant ensuite détaillée dans <strong>le</strong> chapitre III de cette partie.Le continent antarctique est <strong>le</strong> plus froid, avec des températures hiverna<strong>le</strong>s inférieures à -70C à l’intérieurdu continent. Le record mondial a été enregistré en 1983 à Vostok, avec une température de -89,6C.Cependant, <strong>le</strong>s températures ne sont pas uniformes, on relève des différences importantes entre la partieOuest et la partie Est, la bordure des côtes et l’intérieur du continent : <strong>le</strong>s températures sont conditionnéespar la latitude, l’altitude (puisque <strong>le</strong> continent s’élève jusqu’à 4897 m, au Vinson Massif, près de laplate-forme de Ronne), et l’influence océanique.Le seul endroit où <strong>le</strong>s températures sont supérieures à 0C durab<strong>le</strong>ment pendant l’été est la Péninsu<strong>le</strong>,qui cumu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s latitudes <strong>le</strong>s plus basses, une altitude moyenne faib<strong>le</strong>, et la proximité de l’océan. En hiver,el<strong>le</strong>s sont rarement inférieures à -20C.Sur la partie Ouest du continent, el<strong>le</strong>s varient entre -10 et 0C en été, peuvent descendre jusqu’à -30C enhiver. Cet ordre de grandeur se retrouve éga<strong>le</strong>ment en Antarctique Est, à condition de rester en borduredes côtes.Les températures <strong>le</strong>s plus basses ont été enregistrées à l’intérieur du continent. On ne dispose malheureusementque d’une très mauvaise couverture, puisque <strong>le</strong>s endroits où <strong>le</strong>s températures sont supposéesminima<strong>le</strong>s sont aussi <strong>le</strong>s endroits <strong>le</strong>s moins accessib<strong>le</strong>s, où il n’est de toute façon pas possib<strong>le</strong> d’implanterdes bases permanentes. Les mesures effectuées à la base américaine du Pô<strong>le</strong> Sud et à la base russe deVostok montrent que <strong>le</strong>s températures hiverna<strong>le</strong>s varient entre -40 et -70C, et qu’on peut atteindre - 15Cen été.2.2. Humidité et circulation atmosphérique.L’Antarctique, continent <strong>le</strong> plus froid, est aussi <strong>le</strong> plus sec. L’air très froid ne peut transporter quetrès peu d’eau, et <strong>le</strong>s couches d’air au dessus de l’Antarctique contiennent 10 fois moins de vapeurd’eau qu’au dessus des régions tempérées. Ceci explique que <strong>le</strong>s précipitations annuel<strong>le</strong>s au dessusde l’intérieur de l’Antarctique Est sont extrêmement faib<strong>le</strong>s : moins de 150 mm de neige par an, ce quiéquivaut à 50 mm d’eau environ, et justifie <strong>le</strong> nom de((désert blanc))donné à cette partie Est antarctique.Malgré cela, la quantité tota<strong>le</strong> d’eau distribuée sous forme de précipitations est énorme, 150 mm de neigesur la superficie du continent représentant 2100 Gt/an, soit l’équiva<strong>le</strong>nt de 6 mm de variation du niveaudes mers.La répartition des précipitations à la surface du continent est très inhomogène : en bordure des côtes, l’airmarin est beaucoup plus humide, et <strong>le</strong>s régions littora<strong>le</strong>s bénéficient de climats plus océaniques, sont26


x3. GÉOLOGIE ET GÉOPHYSIQUE.balayées par de l’air marin plus doux et beaucoup plus chargé en vapeur d’eau. Les chutes de neiges ysont loca<strong>le</strong>ment plus abondantes, et liées à l’activité cyclonique.Partout en Antarctique, on subit des vents vio<strong>le</strong>nts et quasi permanents. Les régions côtières sontsoumises très réguliérement aux tempêtes océaniques, plus fréquentes et plus vio<strong>le</strong>ntes en hiver. El<strong>le</strong>ssont éga<strong>le</strong>ment affectées par un autre phénomène, qui concerne l’ensemb<strong>le</strong> de la calotte Est, et quitrouve son origine dans la morphologie même de la calotte : <strong>le</strong>s vents catabatiques (du grec katabasisqui signifie descendre). Ces vents n’ont rien à voir avec une quelconque activité cyclonique, ni mêmeavec des phénomènes météorologiques extérieurs à l’Antarctique. Ils sont simp<strong>le</strong>ment dûs à la descented’air froid, plus dense, depuis <strong>le</strong> sommet du plateau antarctique. Des courants d’air froid se forment,qui déva<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> long des vallées glaciaires de la calotte, acquerrant de la vitesse. Lorsqu’ils arrivent auxniveau des côtes, ils ont déjà parcouru de 1000 à 2000 km, et ont une vitesse moyenne de 70 km/h avecdes pointes à plus de 200 km/h. Ce phénomène se produit de façon quasi-permanente en toute saison,et dépend principa<strong>le</strong>ment de la topographie loca<strong>le</strong>.Les côtes sont affectées par <strong>le</strong>s tempêtes, provoquées par <strong>le</strong>s vents dominants soufflant de l’Est. Dupoint de vue de la circulation océanique, <strong>le</strong>s environs du continent sont soumis à un courant continu versl’Ouest, faisant dériver <strong>le</strong> pack 3 . Un peu plus loin, on rencontre un courant beaucoup plus vio<strong>le</strong>nt, nommé((Courant Circumpolaire)). Au delà de ce courant, se trouve la zone dite de convergence antarctique : c’estla région où se mélangent <strong>le</strong>s eaux chaudes des océans Pacifique, Indien et Atlantique avec <strong>le</strong>s eaux beaucoupplus froides et moins salées en provenance de l’Antarctique.3. Géologie et géophysique.3.1. La formation du continent.La distinction entre Antarctique Est et Ouest est très pertinente éga<strong>le</strong>ment en ce qui concerne lagéologie. L’Antarctique Est est formée d’un bouclier stab<strong>le</strong> de roches très anciennes (Précambrien),de plus de 570 M d’années. On a retrouvé des roches métamorphiques 4 et magmatiques 5 datant del’Archéen et du Protérozoïque (de 2 à 3 milliards d’années) sous la calotte de l’Antarctique Est (ten Brinket al. 1997), en particulier sous Enderby et la Terre Adélie. Cette partie Est est probab<strong>le</strong>ment la partiela plus ancienne du Gondwana, <strong>le</strong> super-continent qui rassemblait <strong>le</strong>s continents actuels de l’Afrique,l’Amérique du Sud, l’Inde et l’Australie. On estime que ce continent existait depuis environ 1 milliardd’années, s’est déplacé jusqu’à occuper l’hémisphère Sud, et s’est disloqué pour former <strong>le</strong>s continentsactuels entre 200 et 40 millions d’années avant notre époque. Le craton Est Antarctique n’aurait pas subide déformation orogénique depuis la moitié du Paléozoïque (soit environ 400 Ma) à l’exception de laformation, sur sa frontière, des Montagnes Transantarctiques (TAM) (Drewry 1976).L’Antarctique Ouest est de formation plus récente, et de structure très différente : el<strong>le</strong> aurait été forméeau cours des 200 derniers millions d’années par addition de plusieurs microplaques (voir la figure I.4).Certaines d’entre el<strong>le</strong>s sont identifiées, comme la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong> bloc des Montagnes d’Ellsworth, <strong>le</strong> blocde la terre Marie Byrd, et un bloc de roches magmatiques et sédiments métamorphosés nommé l’î<strong>le</strong> deThurston. Ce sont <strong>le</strong>s collisions entre ces petits fragments continentaux qui ont donné naissance au relief3:Le pack est la banquise qui se forme en hiver lorsque l’eau de mer gè<strong>le</strong> en surface (sur quelques mètres d’épaisseur).4:Roches formées sans fusion à partir de roches préexistantes, grâce à une transformation en température et pression, donnantlieu à la cristallisation de nouveaux minéraux (par exemp<strong>le</strong> schistes ou gneiss).5:Roches résultant de la cristallisation d’un magma (par exemp<strong>le</strong> granite ou basalte).27


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.FIG. I.4 - Reconstruction du Gondwanaà 118 Ma. Les lignes avec des cerc<strong>le</strong>s représentent<strong>le</strong>s limites de l’AntarctiqueOuest, <strong>le</strong>s V inversés <strong>le</strong> futur emplacement des TAM. RE désigne la baie de Ross, RS la mer de Ross, WS la mer deWeddell, MBL la terre Marie Byrd, TI l’î<strong>le</strong> de Thurston, EWM <strong>le</strong>s monts Ellsworth-Whitmore, et AP la Péninsu<strong>le</strong>.D’après (ten Brink et al. 1993)tourmenté de l’Antarctique Ouest. Les montagnes d’Ellsworth ont été formées au début du Mésozoïque(il y a environ 190 millions d’années). La Péninsu<strong>le</strong> et <strong>le</strong> reste de l’Antarctique Ouest sont <strong>le</strong>s additions<strong>le</strong>s plus récentes. La Péninsu<strong>le</strong> est une extension des Andes, qui date donc de la même époque que <strong>le</strong>début de l’orogénie de ces dernières, soit entre 60 et 80 Ma. El<strong>le</strong> est constituée de roches magmatiquesintrusives, de roches volcaniques et de sédiments métamorphosés. Les seuls volcans actifs se trouventsur la Péninsu<strong>le</strong> et au bord de la mer de Ross (Mont Erebus).Les deux parties Est et Ouest de l’Antarctique sont séparées par la chaîne des Montagnes Transantarctiques,qui s’étend depuis la pointe de la Péninsu<strong>le</strong> jusqu’au Cap Adare, sur plus de 4800 km de long, etatteint 4900 m de haut. Ces montagnes constituent la plus grande chaîne de montagnes non compressiveau monde (ten Brink et al. 1997), et <strong>le</strong>ur formation, tant du point de vue de la date que du mécanisme,n’est pas élucidée.3.2. Quelques structures et mécanismes.Si l’on brosse un panorama géologique de l’Antarctique, de la partie Ouest vers la partie Est, on obtientquelque chose de très varié :– La Péninsu<strong>le</strong> et la terre Marie Byrd sont des régions accidentées, d’altitude moyenne sous <strong>le</strong> niveaude la mer, assez récentes, avec des activités volcaniques.– La terre Marie Byrd ainsi que toute la région de la baie de Ross constitue <strong>le</strong> système du rift OuestAntarctique, avec un axe d’extension orienté SO-NE (Roult et al. 1994).– Les Montagnes Transantarctiques débutent immédiatement après ce bassin d’extension, constituantl’épau<strong>le</strong> du rift. Le contraste de topographie est très important du côté du rift de la baie de Ross, maisbeaucoup plus doux vers <strong>le</strong> plateau Est Antarctique (Behrendt et al. 1991).28


x3. GÉOLOGIE ET GÉOPHYSIQUE.– Sur <strong>le</strong> plateau Est Antarctique, constitué d’un craton très ancien, on note la présence de deux grandsbassins (sédimentaires?), l’un très étendu, à la terre de Wilkes (Drewry 1976), l’autre moins importantmais plus comp<strong>le</strong>xe dans la région d’Aurora.Le système de rift Ouest Antarctique est une très importante zone d’extension, probab<strong>le</strong>ment initiée àla suite de la cassure du Gondwana pour former l’Antarctique Est (Jurassique, soit il y a 200 millionsd’années). Le rift lui-même est généra<strong>le</strong>ment considéré comme actif à partir de la fin du Crétacé et dudébut du Cénozoïque ( 100 à 70 Ma) (Behrendt et al. 1991). Toute cette zone, de 3000 km sur 750, estasismique, ce qui pourrait s’expliquer soit par la présence de la calotte de glace, qui supprimerait lasismicité (Johnston 1987), soit par l’existence d’une sismicité temporaire très forte juste après la déglaciation,suivie par la période calme actuel<strong>le</strong>.Ce système de rift est associé à de la croûte continenta<strong>le</strong> mince, puisque <strong>le</strong> Moho semb<strong>le</strong> être situé entre18 et 21 km sous la mer de Ross (Behrendt et al. 1991), et à une lithosphère chaude, mince et dense. On yrelève des inclusions mafiques 6 . La zone de rift est caractérisée par une anomalie de gravité à l’air librepositive, probab<strong>le</strong>ment due à la situation du manteau plus dense très près de la surface (Trey et al. 1999).Le bassin de Wilkes s’étend sur une surface de 200 à 600 km2, parallè<strong>le</strong>ment aux Montagnes Transantarctiquesà une distance de 400 à 500 km. Il se caractérise par une anomalie de gravité à l’air librenégative d’environ -30 mGal (Drewry 1976). Sa structure comme sa formation sont sujettes à diversesinterprétations. Drewry (1976), s’appuyant sur des mesures radar aéroportées, interprète l’anomalie degravité négative comme <strong>le</strong> résultat d’une couche sédimentaire importante ( environ 3 km). L’origine dubassin serait un rift continental qui aurait par la suite été comblé par des sédiments de densité inférieureà la croûte.Cette explication est contestée par Stern et ten Brink (1989) et ten Brink et Stern (1992). Selon eux, unbassin rifté de cette tail<strong>le</strong> doit être compensé isostatiquement, ce qui supprime l’anomalie à l’air librenégative. Leur explication est que <strong>le</strong> bassin est l’expression en surface d’une f<strong>le</strong>xure élastique de lalithosphère, provoquant une déf<strong>le</strong>xion de quelques centaines de mètres.La formation des Montagnes Transantarctiques demeure un sujet d’interrogations. On sait que cettegrande chaîne de montagnes, présentant un contraste de relief important avec l’Antarctique Ouest, n’estpas d’origine compressive (ten Brink et al. 1997). La structure géologique des montagnes est la même quecel<strong>le</strong> de la partie de l’Antarctique Est adjacente, à savoir des roches métamorphiques et magmatiques datantde l’Archéen et du Protérozoïque. La surrection de ces montagnes est généra<strong>le</strong>ment présentée commecontemporaine de la phase d’extension majeure de la baie de Ross soit environ 60 à 70 millions d’annéesavant notre ère. Les mécanismes proposés pour la surrection de cet épau<strong>le</strong>ment très escarpé du rift vontdu mécanisme thermique (Stern et ten Brink 1989) à l’extension cisaillante (Fitzgerald et al. 1986) en passantpar <strong>le</strong> rebond isostatique après un déplacement en fail<strong>le</strong> norma<strong>le</strong> (Bott et Stern 1992). (Stern et tenBrink 1989) et (ten Brink et al. 1997) suggérent, eux, que la formation des Montagnes Transantarctiquespeut être postérieure, et découplée de l’extension du rift de Ross, car <strong>le</strong>s rigidités f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong>s de la plaqueEst Antarctique et de cel<strong>le</strong> de la mer de Ross sont différentes. ten Brink et al. (1997) reprennent l’hypothèsede surrection f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong> de Stern et ten Brink (1989), qui associent la surrection des TAM avec unesimp<strong>le</strong> déformation de plaque élastique sous l’effet d’un gradient thermique entre la partie Ouest et Est :la formation des TAM s’accompagne alors de la déf<strong>le</strong>xion créant <strong>le</strong> bassin de Wilkes, sur l’Est Antarctique.Selon ten Brink et al. (1997), <strong>le</strong> mécanisme thermique est pertinent, mais <strong>le</strong> gradient entre la lithosphèrechaude et fine sous la mer de Ross et <strong>le</strong> craton froid sous l’Antarctique Est ne peut provoquer qu’une surrectionfaib<strong>le</strong> tant que la plaque est continue. Un déplacement cisaillant, au début du Cénozoïque, pourr-6:Une roche mafique est une roche magmatique contenant des minéraux riches en Fe et Mg.29


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.rait avoir fracturé la lithosphère <strong>le</strong> long du front des Montagnes Transantarctiques, modifiant l’élévationet l’inclinaison de la surface, et accélérant la surrection. Leur modè<strong>le</strong> est conforté par des données sis-FIG. I.5 - Représentation schématique d’un mécanisme possib<strong>le</strong> de formation des Montagnes Transantarctiques.Une zone de plus faib<strong>le</strong> densité est montrée se déplaçant par effet thermique jusque sous la partie Est. (ten Brink et al.1997)miques recueillies en travers des TAM en 1993 (EAST93 pour East Antarctic Seismic Traverse 1993). L’étatinitial de <strong>le</strong>ur modélisation est une rupture, au niveau des TAM, entre d’une part une croûte de 17 à 18 kmen Antarctique Ouest, surplombée par une couche sédimentaire de 4 km d’épaisseur environ, située à 700m sous <strong>le</strong> niveau de la mer et d’autre part une croûte Antarctique Est épaisse de 45 km, sans sédiments,avec une altitude moyenne de 500 m. Pour compenser la différence d’épaisseur de croûte, <strong>le</strong> manteau estsupposé plus dense sous l’Antarctique Est. L’épaisseur de la lithosphère élastique est prise éga<strong>le</strong> à 8515km. La conduction thermique depuis <strong>le</strong> manteau sous l’Antarctique Ouest vers la base de la croûte sousl’Antarctique Est aurait provoquée une surrection d’environ 2 km (voir figure I.5). On peut remarquerque <strong>le</strong> mouvement de rotation de la plaque Antarctique sur el<strong>le</strong>-même, en supposant qu’il était proche àl’époque du mouvement actuel, aurait favorisé <strong>le</strong> mécanisme en rapprochant <strong>le</strong>s Montagnes Transantarctiquesde la zone chaude profonde située à l’origine sous <strong>le</strong> système de rift. Cet événement est, d’après<strong>le</strong>s auteurs, daté entre 55 et 40 Ma (Eocène), soit 20 à 30 millions d’années après l’extension du bassin deRoss.Smith et Drewry (1984) suggèrent que la surrection des TAM est un effet retardé, causé par <strong>le</strong> chevauchement,par la plaque Est Antarctique, d’un point chaud formé sous l’Antarctique Ouest à la fin du crétacé(70 Ma), mais ce mécanisme ne tient pas compte de l’asymétrie de la Baie de Ross.3.3. Structure crusta<strong>le</strong> et lithosphérique de l’Antarctique.Sa connaissance est limitée à l’interprétation des données de tomographie sismique, auxquel<strong>le</strong>sviennent s’ajouter <strong>le</strong>s anomalies de gravité.La partie Est Antarctique est une croûte continenta<strong>le</strong> ancienne (craton), où la présence de bassinssédimentaires est encore contestée (Drewry 1976), (Stern et ten Brink 1989). L’épaisseur de cette croûte30


x4. LA DÉCOUVERTE DE L’ANTARCTIQUE. HISTORIQUE DES ACTIVITÉS HUMAINES.avait été évaluée à environ 40 km d’après <strong>le</strong>s premières mesures sismiques (Bent<strong>le</strong>y 1973), réevaluéeensuite entre 45 km (Stern et ten Brink 1989) et 35 km (ten Brink et al. 1993).Le rift de la mer de Ross est par contraste constitué de croûte continenta<strong>le</strong> étirée, laissant apparaîtreFIG. I.6 - Répartition des densités <strong>le</strong> long d’un profil transverse aux Montagnes Transantarctiques (ten Brink et al.1993). L’orientation de la figure est inversée par rapport à la coupe précédente, l’Ouest se trouve ici à gauche et l’Està droite.<strong>le</strong> plancher océanique, de 12 km plus mince d’après Behrendt et al. (1991), ce qui donne une épaisseurmoyenne de 18 à 22 km (ten Brink et al. 1993), (ten Brink et al. 1997), typique d’un rift étiré. Des résultatsde profils sismiques plus récents montrent une épaisseur de croûte très variab<strong>le</strong>, entre 16 et 24 km selon<strong>le</strong>s régions du rift (Trey et al. 1999). La figure I.6 présente <strong>le</strong> profil perpendiculaire aux TAM obtenu paranalyse de mesures sismiques et d’anomalies de gravité (ten Brink et al. 1993).La lithosphère sous <strong>le</strong> craton Est Antarctique est une lithosphère continenta<strong>le</strong> très rigide, épaisse, d’environ11020 km (ten Brink et al. 1993), (Behrendt et al. 1991). Par contraste, la lithosphère sous la mer deRoss est une lithosphère océanique moins rigide, très mince et très chaude. Behrendt et al. (1991) évaluentson épaisseur à 195km, soit l’épaisseur de la croûte. El<strong>le</strong> est entourée de volcans (Mont Erebus), et depoints chauds (î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny).4. La découverte de l’Antarctique. Historique des activités humaines.4.1. Les premiers découvreurs.Le nom((Antarctique)(en grec Antarktikos) signifie(à l’opposé de l’Ours), l’Ours représentant laconstellation de la Grande Ourse, au dessus du Pô<strong>le</strong> Nord. Les Grecs anciens ont <strong>le</strong>s premiers postulél’existence d’un grand continent inconnu situé au Sud : cette Terra Australis Incognita, comme el<strong>le</strong> a étédésignée par la suite, devait reéquilibrer la répartition des terres émergées à la surface de la Terre, qu’ilssavaient ronde. En accord avec <strong>le</strong>s principes grecs de symétrie, la superficie des continents de l’hémisphèreNord devait être éga<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> des terres de l’hémisphère Sud, ce qui attribuait à l’Antarctique desdimensions largement supérieures à cel<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong> a en réalité.31


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.Il semb<strong>le</strong>rait que <strong>le</strong> premier homme à avoir approché l’Antarctique soit un navigateur Raratongandu VIIemesièc<strong>le</strong>, Ui-te-Rangiara, qui d’après une légende polynésienne, a((navigué vers <strong>le</strong> Sud jusqu’àun endroit où <strong>le</strong> froid mordait et où des rochers blancs se dressaient hors de la mer gelée). Après cela, ilfaut attendre <strong>le</strong>s cartographes de Christophe Colomb pour trouver trace de la(Terra Australis Incognita))située à l’emplacement actuel de l’Antarctique.L’exploration réel<strong>le</strong> ne commence qu’à la fin du XVIIIemesièc<strong>le</strong>, avec la découverte en 1772 par<strong>le</strong> breton Yves-Joseph de Kergue<strong>le</strong>n-Trémadec des î<strong>le</strong>s auxquel<strong>le</strong>s il laisse son nom. Un an plus tard,l’anglais James Cook s’approche du continent, jusqu’à 71S, et, même s’il ne voit jamais <strong>le</strong> continent, il sedit convaincu de sa présence, seu<strong>le</strong> explication à((ces monceaux de glace qui se déversent dans l’OcéanAustral)). Les premiers à pouvoir observer <strong>le</strong> continent sont des chasseurs de phoques, en 1820 : d’unepart l’amiral russe Von Bellingshausen, de l’autre l’américain Nathaniel Palmer et l’officier britanniqueEdward Bransfield.Les scientifiques commencent alors à s’intéresser à ce nouveau continent : <strong>le</strong>s premières expéditionsse forment dans <strong>le</strong>s années 1830, avec comme but la localisation du Pô<strong>le</strong> Sud magnétique. Le françaisDumont d’Urvil<strong>le</strong> découvre ce qui deviendra la Terre Adélie (prénom de sa femme), l’américain Char<strong>le</strong>sWilkes donne son nom à une vaste région de l’Antarctique Est. Le premier à localiser <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> magnétiqueest <strong>le</strong> britannique James Clark Ross, qui ne réussira pas à l’atteindre, mais laissera son nom à la mer deRoss, et à la gigantesque plate-forme qui la borde.Il faut attendre 1895 pour que des ba<strong>le</strong>iniers posent enfin <strong>le</strong> pied sur <strong>le</strong> continent : <strong>le</strong>s norvégiensHeinrich Bull et Carstens Borchgrevink abordent au Cap Adare. En 1897, <strong>le</strong> belge de Gerlache, accompagnéde Roald Amundsen et Fredrick Cook, navigue près de la Péninsu<strong>le</strong> lorsqu’il se fait piéger par<strong>le</strong>s glaces : <strong>le</strong> bateau dérive pendant 13 mois sur <strong>le</strong> pack, la survie est pénib<strong>le</strong> (1 mort, deux internés). Lepremier hivernage volontaire est effectué en 1899 par Borchgrevink, qui construit une hutte au Cap Adare.Après ces premières tentatives, et au tournant du sièc<strong>le</strong>, débute la course au Pô<strong>le</strong> Sud géographique.En 1901, <strong>le</strong> britannique Robert Falcon Scott l’aborde depuis la mer de Ross, parcourt 720 km avant derenoncer. Un des membres de cette première expédition, Ernest Shack<strong>le</strong>ton, récidive en 1907 avec troistraineaux. Il réalise la première ascension du volcan Erebus, parvient à 155 km du Pô<strong>le</strong>, mais choisit derenoncer plutôt que de risquer sa vie et cel<strong>le</strong> de ses hommes. Pendant l’été 1911 ont lieu simultanémentla seconde tentative de Scott, et <strong>le</strong> raid (plus à l’Est) de Roald Amundsen, qui part d’une base située 10032


x4. LA DÉCOUVERTE DE L’ANTARCTIQUE. HISTORIQUE DES ACTIVITÉS HUMAINES.km plus près du Pô<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong> de Scott. Amundsen et ses compagnons norvégiens sont mieux préparésque <strong>le</strong>s anglais : ils partent avec 59 chiens de traineaux, alors que <strong>le</strong>s anglais ont choisi des poneys (etquelques chiens), qui peinent dès que la neige est épaisse. Amundsen, ses quatre compagnons et 18chiens rescapés atteignent <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> après 57 jours, et regagnent <strong>le</strong>ur base sans dommage. Scott, éga<strong>le</strong>mentaccompagné de quatre équipiers, arrive au Pô<strong>le</strong> un mois après, et découvre avec amertume qu’il a étédevancé. Toute l’équipe périra sur <strong>le</strong> chemin du retour, prise dans <strong>le</strong> blizzard à seu<strong>le</strong>ment 18 km d’uneréserve de vivres.Entre 1911 et 1914 a lieu l’une des plus importantes expéditions scientifique en Antarctique, AAE(Australasian Antarctic Expedition) à l’initiative de l’australien Douglas Mawson. L’équipe hiverne deuxannées consécutives à la baie du Commonwealth, près de la station actuel<strong>le</strong> de Dumont d’Urvil<strong>le</strong>, placeque Mawson décrira comme((l’endroit <strong>le</strong> plus venteux du monde). Des re<strong>le</strong>vés de géologie, magnétisme,biologie, et météorologie sont effectués, <strong>le</strong>ur exploitation scientifique durera jusqu’en 1947 et donnera22 ouvrages. Le bateau qui assure <strong>le</strong>ur trajet, l’Aurora, est commandé par <strong>le</strong> Capitaine John King Davis.Outre la qualité de ses travaux scientifiques, Mawson se distingue par son acharnement à survivre dansdes conditions extrèmes : lors d’un raid, lui et ses compagnons tuent et mangent <strong>le</strong>ur huskies avant demarcher des centaines de kilomètres, malades et délirants.Les épopées héroïques en Antarctique ne disparaissent pas avec la fin de la course au Pô<strong>le</strong> Sud. En1915, Shack<strong>le</strong>ton décide de traverser <strong>le</strong> continent de part en part, l’abordant par la mer de Weddell. Lorsde l’approche, encore à bord de l’Endurance, il se fait piéger par <strong>le</strong>s glaces avant d’atteindre <strong>le</strong> continent.L’équipage reste à bord, puis établit un camp sur <strong>le</strong> pack quand <strong>le</strong> navire se fait broyer sous la pressionde la glace. Après avoir dérivé 24 000 km en 281 jours, ils sont encore à 560 km des côtes. Ils attendent<strong>le</strong> printemps et la débâc<strong>le</strong> pour mettre à l’eau <strong>le</strong>ur chaloupe de sauvetage (6 m de long) aux a<strong>le</strong>ntoursde l’î<strong>le</strong> E<strong>le</strong>phant, et parcourir plus de 1300 km jusqu’en Géorgie du Sud, où ils sont secourus par desChiliens.A la même époque, <strong>le</strong>s anglais, utilisant <strong>le</strong> navire qui avait servi à Scott, <strong>le</strong> Discovery, continuent larecherche en océanographie et biologie marine, au cours de 13 croisières estiva<strong>le</strong>s successives.Les années 1920 et 1930 voient l’apparition de l’utilisation d’engins plus modernes : <strong>le</strong> premier survola lieu en 1928 (l’australien Hubert Wilkins), au dessus de la Péninsu<strong>le</strong>, l’utilisation de tracteurs et detraineaux motorisés améliore <strong>le</strong>s conditions d’exploration de l’Antarctique.Une autre expédition qui fera date est cel<strong>le</strong> entreprise conjointement par des anglais, australiens etnéo-zélandais en 1929-1930 (BANZARE pour British Australian and New-Zealand Antarctic ResearchExpedition), sous la conduite de Mawson. En deux étés, ils découvrent <strong>le</strong> territoire Mac Robertson (entre33


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.<strong>le</strong>s bases actuel<strong>le</strong>s de Mawson et Davis) et explorent une bonne partie de la côte, jusqu’à la terre deWilkes. La même année, l’Amiral américain Richard E. Byrd survo<strong>le</strong> <strong>le</strong> premier <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> Sud, au coursd’un vol de 10h parti de la plate-forme de Ross. Pour <strong>le</strong> premier vol transantarctique, il faut attendre1935, avec Lincoln Ellsworth et son pilote Herbert Hollick-Kenyon.A partir des années 1940 et de la fin de la guerre, <strong>le</strong>s bases scientifiques se multiplient sur <strong>le</strong> continent,et la mécanisation, qui se généralise, permet une exploration de plus en plus efficace. Malgré tout, <strong>le</strong>schiens de traineaux ont été utilisés de façon très courante jusqu’au début des années 90. Le protoco<strong>le</strong> deMadrid pour la sauvegarde du milieu naturel a décidé <strong>le</strong> retrait de tous ces chiens au 1eravril 1994, mais ontrouve des vétérans des expéditions antarctiques pour <strong>le</strong> regretter :(on ne peut pas manger une chenil<strong>le</strong>ttequand el<strong>le</strong> tombe en panne sèche, et <strong>le</strong>s chiens sont plus faci<strong>le</strong>s à démarrer <strong>le</strong> matin))(Nils Lied, dresseurde chiens), sans compter <strong>le</strong> 6emesens des chiens pour éviter crevasses et glace trop fragi<strong>le</strong>.4.2. Les bases scientifiques antarctiques.La plupart des bases ont été installées à l’occasion de l’(Année Géophysique Internationa<strong>le</strong>))en 1957(IGY), qui a donné <strong>le</strong> coup d’envoi des activités scientifiques suivies et permanentes en Antarctique. Pourdes raisons d’accessibilité et de commodité (construire une base permanente confortab<strong>le</strong> sur de la glace estencore, à l’heure actuel<strong>le</strong>, problématique), el<strong>le</strong>s sont toutes situées en bordure de côte. Le bateau est encore<strong>le</strong> seul moyen d’accès permettant de transporter des dizaines de personnes et des tonnes de matériels, etl’accès aux côtes n’est de toute façon possib<strong>le</strong> que durant <strong>le</strong>s mois d’été : la première rotation accède auxbases au plus tôt début décembre, la dernière en repart fin février ou début mars.Les bases permanentes évoquées ici sont cel<strong>le</strong>s qui sont utilisées dans l’étude géodésique qui fait l’objetde cette thèse.4.2.1. CaseySituée à66o170Set110o320Esur la péninsu<strong>le</strong> de Bai<strong>le</strong>y, près de la baie de Vincennes, sur la partie del’Antarctique Est appelée territoire de Wilkes.La première station bâtie à l’emplacement de Casey était la station de Wilkes, construite par <strong>le</strong>s américainsà l’occasion de l’IGY, et transmise aux Australiens en 1959. El<strong>le</strong> n’était pas prévue pour durer, et i<strong>le</strong>st vite apparu que l’emplacement était mal choisi, car situé en un point d’accumulation de la neige. El<strong>le</strong>était plus confortab<strong>le</strong> en hiver qu’en été, car entièrement recouverte de neige, isolant du froid et du vent.El<strong>le</strong> a été abandonnée en 1969, et est aujourd’hui presqu’entièrement ensevelie sous la neige.Le(Tunnel de Casey)), destiné à remplacer Wilkes, a vu sa construction débuter en 1964. El<strong>le</strong> étaitconçue comme un tunnel, orienté perpendiculairement au vent d’Est dominant, reliant 13 batiments deseu<strong>le</strong>ment 3 m de haut. Cette station est restée opérationnel<strong>le</strong> jusqu’en 1988, el<strong>le</strong> a ensuite été remplacéepar la station actuel<strong>le</strong>. Cette dernière se compose de 16 batiments, bâtis à partir d’une armature métallique,reposant sur des fondations bétonnées, et recouverte de panneaux de 150 mm d’épaisseur de mousse depolystyrène. Le nom de Casey lui a été donné en l’honneur du gouverneur général australien, Lord Casey,qui a grandement contribué aux programmes australiens en Antarctique dans <strong>le</strong>s années 50 et 60.4.2.2. DavisSituée à66o170Set110o320Edans <strong>le</strong>s Vestfold Hills, sur la partie de l’Antarctique Est appelée Terre de laPrincesse Elizabeth, près de la plate-forme d’Amery.34


x4. LA DÉCOUVERTE DE L’ANTARCTIQUE. HISTORIQUE DES ACTIVITÉS HUMAINES.L’existence d’une station australienne à cet endroit est <strong>le</strong> résultat de la compétition entre différentesnations pour la possession de ce coin de territoire Est Antarctique. La première revendication nationa<strong>le</strong>provient de Mawson, en 1931, qui reconnaît de loin ce territoire, et lui donne son nom de PrincesseElizabeth, avant de <strong>le</strong> proclamer possession australienne. Le premier à y débarquer et à y planter undrapeau est <strong>le</strong> norvégien Mikkelsen en 1935. En 1939 l’américain Ellsworth y débarque à nouveau, avecson pilote australien Wilkins. En dépit des protestations de ce dernier, il veut déclarer la région((territoireaméricain)), et Wilkins prend des précautions en déposant des décrets australiens en deux endroits de lacôte. En 1956, préparant l’Année Géophysique Internationa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s russes instal<strong>le</strong>nt la station de Mirny, à350 km de l’emplacement actuel de Davis. La réaction des australiens, qui entendent bien ne pas se fairedéposséder, est immédiate : ils instal<strong>le</strong>nt la station de Davis, baptisée ainsi en l’honneur du CapitaineJohn King Davis, qui commandait l’Aurora de 1911 à 1914 lors de l’AAE avec Mawson, et <strong>le</strong> Discoverypendant la première expédition BANZARE en 1928.Cette station a peu changé depuis : el<strong>le</strong> a été temporairement fermée de 1965 à 1969 pour permettre laconstruction de la première station de Casey, et ses batiments ont été rénovés, mais son emplacement n’apas varié.4.2.3. McMurdoSituée à77o080Set166o320Esur une î<strong>le</strong> d’origine volcanique (î<strong>le</strong> de Ross) située au bord de la plate-forme deRoss, tout près de la mer du même nom.Il s’agit de la plus grande base antarctique, souvent considérée comme une véritab<strong>le</strong> petite vil<strong>le</strong> américaine,mais regroupant une communauté cosmopolite de chercheurs. De 250 personnes en hivernage, sapopulation passe à plus de 1000 pendant <strong>le</strong>s mois d’été. Il s’agit du point <strong>le</strong> plus au Sud accessib<strong>le</strong> enbateau, mais el<strong>le</strong> est aussi desservie par avions (5 C 130 assurent une liaison en 8h depuis la Nouvel<strong>le</strong>Zélande), ce qui en fait la seu<strong>le</strong> station éga<strong>le</strong>ment accessib<strong>le</strong> en toute saison. Sa tail<strong>le</strong> et ses infrastructuresélaborées (parc de véhicu<strong>le</strong>s terrestres important, service de plusieurs hélicoptères) en font une excel<strong>le</strong>ntebase de départ pour des expéditions à travers <strong>le</strong>s Montagnes Transantarctiques ou sur <strong>le</strong> plateau EstAntarctique. Les avions assurent des liaisons avec la station américaine du Pô<strong>le</strong> Sud, et la station russede Vostok.La station de McMurdo a été bâtie en 1955, à l’occasion de l’Année Géophysique Internationa<strong>le</strong>, àproximité de la hutte construite par Scott en 1902, hutte qui avait été réutilisée en 1907 lors de sa tentativemalheureuse pour rejoindre <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong>. Le premier abri de Scott existe toujours, et reçoit de nombreuses visites.Le nom de la station est celui du McMurdo Sound voisin, baptisé ainsi par Ross en 1841 en souvenird’un officier du navire Terror.4.2.4. O’HigginsSituée à63o190Set57o540Wsur une petite î<strong>le</strong> rocheuse nommée Isabel Riquelme, du côté Ouest de la pointede la Péninsu<strong>le</strong>.Cette station est en réalité une base militaire chilienne, installée en 1947 pour consolider la position duChili et ses revendications territoria<strong>le</strong>s en Antarctique. El<strong>le</strong> tire son nom du Général Bernardo O’Higgins,qui <strong>le</strong> premier, a réalisé quel potentiel stratégique et économique la proximité avec l’Antarctique représentaitpour <strong>le</strong> Chili. Toujours controlée par <strong>le</strong>s militaires, el<strong>le</strong> accueil<strong>le</strong> de nombreuses activités scientifiqueschiliennes (biologie, psychologie comportementa<strong>le</strong>), et al<strong>le</strong>mandes (glaciologie, géophysique, et géodésie).35


CHAPITRE I. DONNÉES GÉNÉRALES SUR L’ANTARCTIQUE.4.2.5. Dumont d’Urvil<strong>le</strong>Située à66o400Set140o000E, sur l’î<strong>le</strong> des Pétrels, à environ 1 km de la partie du continent appelée Terre Adélie.La première base française en Terre Adélie a été installée en 1950 à Port Martin, situé une centaine dekm à l’Est de la base actuel<strong>le</strong> de Dumont. Ce projet visait avant tout à réamorcer des activités françaisesen Antarctique, rien n’ayant eu lieu depuis <strong>le</strong>s voyages de Dumont d’Urvil<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s années 1840. Lespremières expéditions ont été menées par André-Franck Liotard, épaulé par Paul-Emi<strong>le</strong> Victor. Cettepremière base, Port Martin, tire son nom d’un des hommes de l’expédition, qui fut victime d’un des raidsvers l’intérieur du continent. Cette base ne durera que deux ans, détruite par un incendie en 1952. C’estencore une fois l’Année Géophysique Internationa<strong>le</strong> qui fournit l’occasion d’instal<strong>le</strong>r la base actuel<strong>le</strong>,à l’emplacement même où l’Amiral Dumont d’Urvil<strong>le</strong> avait débarqué en 1840, sur l’archipel de PointeGéologie.La base n’a jamais été fermée depuis, el<strong>le</strong> fonctionne actuel<strong>le</strong>ment sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de l’IFRTP (InstitutFrançais pour la <strong>Recherche</strong> et la Technologie Polaire), et permet des activités de recherche en biologie,sciences de la Terre et de l’atmosphère..36


CHAPITRE IIL’ISOSTASIE APPLIQUÉE À L’ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATIONET SES CONSÉQUENCES.The great tragedy of Science - the slaying of a beautifulhypothesis by an ugly fact.T. H. Huxly (1825-1895)Le but de ce chapitre est de passer en revue <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de mouvements actuels de la croûte en Antarctique,dûs à la variation de masse glaciaire de la calotte Antarctique depuis la fin du P<strong>le</strong>istocène.Ces mouvements sont provoqués par <strong>le</strong> phénomène d’isostasie : il s’agit de la capacité qu’a la Terre deréagir, au niveau de la lithosphère et du manteau, à la variation des charges réparties à sa surface, pourse ramener à un état stationnaire. Sans détail<strong>le</strong>r <strong>le</strong> formalisme mathématique utilisé dans <strong>le</strong>s inversions,exposé en annexe A, nous allons rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> principe de l’isostasie, en nous attardant sur <strong>le</strong>s contraintesdont on dispose d’une part, sur <strong>le</strong>s paramètres importants du calcul d’autre part. Ces paramètres peuventêtre regroupés en deux catégories interdépendantes : ceux qui concernent <strong>le</strong>s propriétés mécaniques dela Terre (comportement visqueux et/ou élastique) et ceux qui définissent la chronologie de la réponse.Lorsqu’on a affaire à une vraie déglaciation (présence de calottes de glace au dernier maximum glaciaire,qui ont entièrement disparu depuis, comme c’est <strong>le</strong> cas par exemp<strong>le</strong> pour toutes <strong>le</strong>s anciennes régionsglaciaires de l’hémisphère Nord, Groenland excepté), <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment du calcul se fait en deux étapes : ils’agit d’abord d’établir un modè<strong>le</strong> de déglaciation, en s’aidant de reconstructions glaciologiques affinéespar calcul inverse contraint par des variations de niveaux des mers relatifs, ou par <strong>le</strong>s composantes dela décomposition en harmoniques sphériques de l’accélération de gravité. Ce modè<strong>le</strong> est ensuite utilisé,dans un calcul direct, pour obtenir <strong>le</strong>s mouvements actuels de la croûte, verticaux et horizontaux.Dans <strong>le</strong> cas de l’Antarctique, <strong>le</strong>s glaciologues considèrent que l’on n’a pas véritab<strong>le</strong>ment affaire à une déglaciation,dans la mesure où la calotte de glace n’a pas cessé d’être présente, depuis la dernière glaciation,sur la quasi-totalité du continent. Une autre approche, plus directe, pour accéder à la réponse actuel<strong>le</strong> dela croûte, est de considérer un modè<strong>le</strong> d’évolution de la calotte : il reflète à la fois la dynamique proprede l’évolution de la glace, son interaction avec l’océan au niveau des côtes et son lien avec la dynamiqueterrestre. Ce modè<strong>le</strong> a l’avantage de se suffire à lui-même : il suffit de <strong>le</strong> soumettre à un forçage, climatiquepar exemp<strong>le</strong>, pour obtenir à la fois l’évolution de l’épaisseur de la calotte et la réponse de la Terre.1. L’isostasie terrestre et son application : <strong>le</strong> rebond post-glaciaire.L’isostasie est une notion ancienne, puisqu’el<strong>le</strong> a été introduite au début du XIXemesièc<strong>le</strong> par Pratt etAiry. Leurs travaux concernaient, au départ, <strong>le</strong> réajustement de la répartition des masses à l’intérieur dela Terre en fonction du relief, principa<strong>le</strong>ment sous <strong>le</strong>s chaînes de montagnes importantes (construction de37


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.l’Everest). Plus tard, vers 1865, Jamieson s’intéresse à l’isostasie glaciaire, liée à la formation et à la disparitionde calottes importantes. Dans la continuité des travaux de Hall sur <strong>le</strong>s bassins sédimentaires, ilinterprète <strong>le</strong> soulèvement du sol observé en Ecosse comme une réponse retardée de la Terre à la disparitionde la calotte Nord-Européenne à la fin de la dernière glaciation.De façon assez simplifiée, la réponse terrestre à la variation d’une charge agissant sur sa surface résultedes contributions de deux milieux différents : la lithosphère, couche rigide dont <strong>le</strong> comportement peutêtre assimilé à celui d’un solide purement élastique, d’une épaisseur variab<strong>le</strong>, mais dont la moyenne estd’environ 100 km, et <strong>le</strong> manteau, sous la lithosphère, dont il faut prendre en compte <strong>le</strong>s composantes visqueuses.On divise habituel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> manteau en deux couches distinctes, séparées par une discontinuitédes vitesses de propagation des ondes sismiques aux a<strong>le</strong>ntours de 670 km, <strong>le</strong> manteau supérieur étantsupposé de viscosité plus faib<strong>le</strong> que <strong>le</strong> manteau supérieur.Ainsi, une masse posée à la surface de la Terre est supportée par deux effets physiques qui s’opposent àson enfoncement : la rigidité élastique de la lithosphère, qui s’oppose à la f<strong>le</strong>xion de la croûte nécessaireà son enfoncement, et la force d’Archimède du manteau, lorsque la charge est suffisante. Le second effet,visqueux, concerne <strong>le</strong>s charges ayant une distribution spatia<strong>le</strong> suffisante, et se produit sur des constantesde temps très longues. Il semb<strong>le</strong> que des charges de longueur d’onde supérieure à 1500 km soient compenséesloca<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> manteau, que <strong>le</strong>s charges comprises entre 600 et 1500 km sont partiel<strong>le</strong>ment supportéespar la lithosphère, et que <strong>le</strong>s charges de grandeur caractéristique inférieure à 600 km sont presquecomplètement supportées par la f<strong>le</strong>xure élastique de la lithosphère (Zuber et al. 1989).Dans <strong>le</strong> cas du((rebond post-glaciaire)(remontée progressive de la croûte et du manteau suite à la disparitiontota<strong>le</strong> ou partiel<strong>le</strong> d’une calotte de glace), <strong>le</strong>s deux effets se superposent, même si la réponse élastiques’estompe rapidement, alors que <strong>le</strong> rebond visqueux est encore sensib<strong>le</strong> plusieurs milliers d’années aprèsla fin de la déglaciation.Le phénomène du((rebond post-glaciaire)est actuel<strong>le</strong>ment beaucoup mieux connu qu’au début du sièc<strong>le</strong>,mais il continue à susciter énormément d’intérêt. Comme on va <strong>le</strong> voir dans la suite, il permet de reconstruiredes modè<strong>le</strong>s de déglaciation, et donne accès aux paramètres de la rhéologie terrestre (épaisseur dela lithosphère, viscosité du manteau).1.1. Le(rebond post-glaciaire))et ses mesures.Nous donnons ici quelques exemp<strong>le</strong>s des effets mesurab<strong>le</strong>s qui servent de contraintes aux modè<strong>le</strong>s derebond post-glaciaire par inversion. Le détail de l’inversion mathématique utilisée dans <strong>le</strong>s études d’inversion,visant à établir des modè<strong>le</strong>s de déglaciation ou de rhéologie terrestre, est exposé en annexe A. Lapartie 1.2. tente d’expliquer <strong>le</strong>s effets relatifs des caractéristiques physiques de la lithosphère et du manteau.normalV(r;)=GMeLa réponse de la Terre à une impulsion massiqueL(;;t)qui se produit au point(;)de la surface, àl’instant t, se traduit sous la forme d’un déplacement radial, d’un déplacement tangentiel, et d’une modificationdu potentiel gravitationnel terrestre.La réponse sur <strong>le</strong> champ de gravité de la Terre peut être interprétée plus finement, soit en termes d’anomaliesde gravité, soit en variations des composantsJ`de la décomposition en harmoniques sphériquesdu potentiel de gravitéV1 . Les anomalies du champ de gravité sont détectab<strong>le</strong>s par des campagnes demesures gravimétriques, alors que <strong>le</strong>s variations_ J`des composantes du potentiel de gravité sont accessib<strong>le</strong>spar des mesures de géodésie spatia<strong>le</strong>, grâce aux satellites suivis par SLR comme Lageos ou Star<strong>le</strong>tte.Des deux mouvements de la croûte, la composante vertica<strong>le</strong> est accessib<strong>le</strong>s grâce à des mesures de nivel<strong>le</strong>ment.En Fennoscandie par exemp<strong>le</strong>, on dispose de mesures sur un réseau assez étendu : <strong>le</strong> premier réseau1:On a en effet l’expression du potentielr1Pn=2;4;61JnPn(cos).38


x1. L’ISOSTASIE TERRESTRE ET SON APPLICATION : LE REBOND POST-GLACIAIRE.a été établi sur la Finlande, suivie par la Suède, <strong>le</strong> Danemark et la Norvège, une première campagne a eulieu de 1892 à 1910, une seconde à partir de 1933, et <strong>le</strong>s données ont été corrigées des variations eustatiques2 déduites des mesures de marégraphie de la même période. Les deux composantes, horizonta<strong>le</strong> etvertica<strong>le</strong>, sont devenus accessib<strong>le</strong>s grâce aux stations VLBI, essentiel<strong>le</strong>ment dans l’hémisphère Nord. Lesrésultats sur l’évolution d’une ligne de base sont suffisamment précis pour pouvoir contraindre loca<strong>le</strong>mentun modè<strong>le</strong> de((rebond post-glaciaire))(Mitrovica et al. 1993), (Peltier 1995).Le GPS, technique plus récente, a encore été relativement peu utilisé, mais il est très prometteur. Le projetsuédois BIFROST, supporté par la NASA (BIFROST Project members 1996) utilise <strong>le</strong> réseau GPS permanentsuédois SWEPOS (20 sites), <strong>le</strong> réseau permanent finlandais FinnNet, et <strong>le</strong>s données des campagneseuropéennes EUREF, et a un trip<strong>le</strong> but : améliorer la connaissance de la viscosité du manteau sous la Fennoscandie,contraindre l’évolution spatio-temporel<strong>le</strong> de la calotte fenno-scandienne de la fin du Pléistocène,et corriger <strong>le</strong>s enregistrements actuels des marégraphes des mouvements verticaux observés. Lafigure II.1 présente une comparaison des va<strong>le</strong>urs observées et prédites des vitesses vertica<strong>le</strong>s dues au((rebond post-glaciaire), sur différentes lignes de base. Les prédictions des vitesses utilisent la théorieFIG. II.1 - Comparaison des vitesses vertica<strong>le</strong>s observées et prédites sur <strong>le</strong>s lignes de base du réseau GPS BIFROST(Fennoscandie) (BIFROST Project members 1996)spectra<strong>le</strong> de Mitrovica et al. (1994a) et des modè<strong>le</strong>s réalistes pour la déglaciation et la structure viscoélastiquedu manteau.Une autre façon de contraindre <strong>le</strong>s mouvements verticaux pas uniquement actuels mais passés, consisteà utiliser la datation de plages marines, fournissant un enregistrement du niveau des mers relatif. Le soulèvementd’un terrain suite à son allègement en glace dans un environnement marin, se traduit par unesuccession de niveaux marins relatifs, que l’on peut dater de façon précise, par exemp<strong>le</strong> grâce à la présencede fossi<strong>le</strong>s (coquillages, coraux). Ces datations permettent d’obtenir l’évolution du niveau marinrelatif (RSL), utilisé comme contrainte dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de((rebond post-glaciaire)).1.2. Principe général du calcul de((rebond post-glaciaire).L’isostasie résulte du comportement élastique instantané de la lithosphère (couche qui se déforme enf<strong>le</strong>xion, sans redistribution de masse interne) et, pour des masses importantes et réparties, de la réponseélastique immédiate du manteau, et de sa déformation visqueuse, qui se produit sur des périodes pluslongues.2:On appel<strong>le</strong> eustatisme <strong>le</strong>s variations à très long terme du niveau moyen des mers, provoquées entre autres par <strong>le</strong>s variationsglaciaires.39


Cette expression permet de mesurer la part de l’effet de charge qui sera compensé par la déf<strong>le</strong>xion litho-CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION"x=1Ex+Ey+EzET SES CONSÉQUENCES."y=Ex1Ey+EzC=EH3L "x=12(=EH3LExdx4+(mc)g=q(x) 12(12)d2 dx2=d2z=0et pouroùdéfinit ainsi la rigidité en f<strong>le</strong>xionw01=(mc) w0= c1+ mc+gk4 h0cgk4q(x)=cgh0sinkx,kdésignant <strong>le</strong> nombre d’ondek=2=et <strong>le</strong>sera de la formew=w0sinkx. Aprèssphérique. On a en effet <strong>le</strong> rapport :Dans <strong>le</strong> cas de charges très loca<strong>le</strong>s, seu<strong>le</strong> la lithosphère est concernée, et son comportement ressemb<strong>le</strong>à celui d’une couche élastique d’une centaine de km d’épaisseur. Cette réponse donne lieu à des mouvementsverticaux uniquement. Pour des charges plus importantes, couvrant de grandes surfaces, la rigiditéde la lithosphère ne suffit plus à compenser l’effet de charge, qui se transmet au manteau. Celui-ci réagitéga<strong>le</strong>ment de manière élastique, mais son épaisseur, beaucoup plus importante, <strong>le</strong> fait ressemb<strong>le</strong>r à undemi-espace élastique, et <strong>le</strong>s mouvements provoqués sont verticaux et horizontaux. Dans tous <strong>le</strong>s cas,ces réponses élastiques sont instantanées.Les équations reliant <strong>le</strong>s déformations infinitésima<strong>le</strong>s"aux contraintes norma<strong>le</strong>sx,y,zdans un milieuélastique sont :oùEdésigne <strong>le</strong> modu<strong>le</strong> d’Young (défini dans <strong>le</strong> cas d’une contrainte uniaxia<strong>le</strong> parx=E"x) et<strong>le</strong> coefficientde Poisson (défini, toujours dans <strong>le</strong> cas d’une contrainte uniaxia<strong>le</strong>, par"y="z="x). On a<strong>le</strong> problème bidimensionnel,"y=0, doncy=xetLe moment des forces horizonta<strong>le</strong>s par unité de largeur s’exprime :d412(12)). L’équilibrevertical est défini par :oùmdésigne la densité du manteau,ccel<strong>le</strong> de la lithosphère,<strong>le</strong> déplacement vertical etq(x)la chargeappliquée en surface. Dans <strong>le</strong> cas d’une charge de surface périodique, de longueur d’onde, on peut écriredéplacement en f<strong>le</strong>xure correspondantintégration, on obtient pourw0:Rappelons quedépend de l’épaisseurHLde la lithosphère à la puissance 3, et de l’inverse du carré ducoefficient de Poisson.L’influence de l’épaisseur de la lithosphère joue sur la transmission des contraintes à l’interface avec <strong>le</strong>manteau, donc sur l’effet de charge qui sera supporté de façon élastique et visqueuse par <strong>le</strong> manteau. Unelithosphère épaisse diminuera la part d’une charge importante compensée de manière visqueuse, maisamènera à une réponse régionalisée (par opposition à une réponse purement loca<strong>le</strong>) à l’effet de charge.Dans tous <strong>le</strong>s cas, l’influence de cette épaisseur élastique sera très importante sur <strong>le</strong>s sites en bordurede la charge, ou à l’extérieur, dans la mesure où ils sont malgré tout suffisamment proches pour être40


affectés par la réponse terrestre. Pour <strong>le</strong>s sites localisés près du maximum de la charge, cette épaisseurn’influence que peu <strong>le</strong> résultat, la plus grande part de la charge étant transmise au manteau.Le manteau visqueux peut être modélisé comme un fluide newtonien, doté d’une viscosité uniforme, d’épaisseurH. En négligeant la gravité et l’effet de la rigidité lithosphérique, son comportement peutêtre décrit par <strong>le</strong>s équations de Navier-Stokes en deux dimensions :!u+!r(0V)=0x1. L’ISOSTASIE TERRESTRE ET SON APPLICATION : LE REBOND POST-GLACIAIRE.pp0=h(z)coskx f"k2f=kh u=f(z)sinkxg"k2g=h0= w=g(z)coskxg0+kf=0vitesse de composantesuetw. L’équation d’incom-f=(A+B+Bkz)ekz+(CD+Dkz)ekz h=2k(Bekz+Dekz) g=(A+Bkz)ekz+(C+Dkz)ekz=Z1 =Z10a(k)exp(gH3k2t 0a(k)et=T(k)kcoskxdk 4)kcoskxdkou très faib<strong>le</strong>Pour une couche visqueuse trèsoù0désigne la contrainte norma<strong>le</strong> moyenne et!ulapressibilité du milieu donne simp<strong>le</strong>ment!r:!u=0. Si l’on applique une transformation de Fourier parrapport àx, en cherchant <strong>le</strong>s solutions de la forme :avecR10p0dk=gz, <strong>le</strong>s 3 équations de Navier-Stokes s’écrivent alorsCe système admet des solutions de la forme :où <strong>le</strong>s fonctionsA,B,C,Dne dépendent que detet dek. Si on applique <strong>le</strong>s conditions aux limites à l’interfaceentre <strong>le</strong> milieu visqueux et la lithosphère (vitesse horizonta<strong>le</strong> nul<strong>le</strong>) et <strong>le</strong> milieu inférieur (vitessesvertica<strong>le</strong> et horizonta<strong>le</strong> nul<strong>le</strong>s), on obtient <strong>le</strong>s expressions de ces fonctions, et <strong>le</strong> comportement du milieuen fonction du temps.Dans <strong>le</strong>s deux cas extrêmes où l’épaisseur visqueuse uniforme est très importante (kH1) (kH1), la solution est simp<strong>le</strong>. On obtientdans <strong>le</strong> cas d’un manteau visqueux épais, soit une relaxation pseudo-exponentiel<strong>le</strong> avec une(constantede temps)T(k)dépendant de la longueur d’onde selonT(k)=2k=g. mince, on obtientavec la constante de tempsT(k)=4=gH3k2.Le temps de réaction dépend donc linéairement de la viscosité, supposée uniforme, de la couche visqueuse.Dans <strong>le</strong> cas où son épaisseur est mince devant la longueur d’ondece temps de réaction est inversementproportionnel à l’épaisseurHau cube, et est proportionnel au carré de la longueur d’onde. Sion rajoute au dessus d’un demi-espace infini visqueux une couche de viscosité différente (ce qui correspondau cas d’un manteau stratifié), <strong>le</strong> comportement de la constante de tempsT(k)n’est plus linéaire en41


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.FIG. II.2 - Variations de la constante de tempsTen fonction du nombre d’ondek, pour une couche de viscosité1et d’épaisseurHrecouvrant un demi-espace de viscosité2. Le rapport1=2est indiqué sur chaque courbe. D’après(McConnell 1965)fonction dek, mais adopte des comportements variab<strong>le</strong>s en fonction du contraste de viscosité (voir figureII.2). On observe un comportement assez voisin quand on remplace la couche supérieure de viscosité différentepar une couche élastique surmontant <strong>le</strong> demi-espace infini, ce qui correspond à une modélisationsimp<strong>le</strong> mais assez réaliste du comportement terrestre. L’adjonction de l’épaisseur élastique sur une couchevisqueuse a un effet sur <strong>le</strong> mouvement vertical provoqué par la charge (c’est <strong>le</strong> rapport!0=!01déjà évoqué,qui traduit la part de la charge de surface transmise au manteau), mais aussi sur la répartition de lacharge. Sans lithosphère rigide, une charge ponctuel<strong>le</strong> serait perçue comme tel<strong>le</strong> par <strong>le</strong> manteau visqueux,alors que la rigidité f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong> et l’épaisseur de la lithosphère provoquent une déf<strong>le</strong>xion, qui transforme unecharge ponctuel<strong>le</strong> en une charge apparente de longueur d’onde beaucoup plus importante au niveau del’interface lithosphère - manteau (voir figure II.3). C’est par <strong>le</strong> biais de cette longueur d’onde apparentequ’une couche élastique, dont la réaction propre est instantanée, peut modifier la constante de temps derelaxation visqueuse du manteau.Dans <strong>le</strong> cas d’un manteau visqueux très épais, et uniforme (assimilab<strong>le</strong> à un demi-espace infini), onmontre que la réponse vertica<strong>le</strong> de la croûte est régie par la constante de tempsT(k), et par <strong>le</strong> coefficientde proportionnalitég2k2.L’interaction entre l’épaisseur visqueuse à prendre en compteHet la longueur d’ondemontre que pourdes charges très étendues, la compensation fera intervenir la viscosité du manteau inférieur, <strong>le</strong>s constantesde temps donneront des réponses très retardées par rapport à la variation de la charge.Les deux cas explicités (manteau très épais et très mince) donnent lieu à des approximations qui modifientradica<strong>le</strong>ment la réponse visqueuse, non seu<strong>le</strong>ment quantitativement, mais qualitativement, par <strong>le</strong> biaisdes temps de relaxation. Il faut donc être attentif au fait que, avec ce genre d’approximation, <strong>le</strong>s comportementsrespectifs d’un manteau uniforme et d’un manteau stratifie en couches minces de viscosité seronttrès différents (ce qui peut s’exprimer par la non-continuité entre <strong>le</strong>s domaines d’approximation). En particulier,on ne peut inclure <strong>le</strong> cas(manteau uniforme))comme un cas particulier du cas général(manteaustratifié))puisque <strong>le</strong>s deux problèmes sont différents. Le choix de l’un ou l’autre type de manteau doitdonc être justifié par des considérations physiques indépendantes.42


x1. L’ISOSTASIE TERRESTRE ET SON APPLICATION : LE REBOND POST-GLACIAIRE.Chargeponctuel<strong>le</strong>Influence de l’epaisseur de la lithospheresur la charge transmise au manteauLongueur d’ondetransmise lithos. fineLongueur d’onde transmise lithos. epaisse(_FIG. II.3 - Effet de déf<strong>le</strong>xion élastique de la lithopshère sur la transmission d’un effet de charge, créé par une chargeponctuel<strong>le</strong>, à l’interface lithosphère - manteau. Le tracé pointillé correspondà une lithosphère peu épaisse,<strong>le</strong> tracé p<strong>le</strong>inà une lithosphère épaisse.L’épaisseur augmente la longueur d’onde apparente de la charge transmise au manteau, quiva influencer <strong>le</strong> temps de réponse visqueuse.1.2.1. Calcul à partir de données de niveau des mers relatif (RSL).Nous avons choisi de détail<strong>le</strong>r ici <strong>le</strong>s effets relatifs des différentes composantes de l’isostasie sur <strong>le</strong>(; ;t)=r(;;t)+i(; niveau des mers : en effet, la plupart des modè<strong>le</strong>s de déglaciation ou des modè<strong>le</strong>s de rebond qui ont étéappliqués à l’Antarctique ont été élaborés à partir de mesures de RSL. Il nous a paru important d’exposer<strong>le</strong>s influences des différents termes, en fonction de la position du site. Les effets du rebond post-glaciairesur <strong>le</strong>s variations des composantes(; ;t)=r(; ;t)+w(;du potentiel;t)+i(; de gravité J`) ;t)+w(;sont par contre explicités en annexe A.Nous cherchons à mettre en évidence dans cette partie <strong>le</strong>s influences relatives des divers effets liés àl’effet de charge sur <strong>le</strong> niveau des mers, en fonction de la localisation par rapport à la charge el<strong>le</strong>-même.Les équations donnant la redistribution océanique en fonction d’une variation de charge d’origine glaciairesont cel<strong>le</strong>s de l’annexe A.On considère que cette redistribution prend en compte l’addition de trois termes, comme rappelé parLambeck et al. (1990) ou Lambeck (1993). Le niveau des mers en un point(;;t))et au tempstpeut s’écrire :(II.1)et sa variation relative par rapport au niveau actuelLe premier terme de chacune des deux équations,r(; ;t)our(;;t), correspond au changement duniveau des mers d’une Terre rigide, incluant l’attraction gravitationnel<strong>le</strong> de la glace et de l’eau. Il dépend43


etr(;CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈREetr(;DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.de l’histoire de la déglaciationI(t)et de la géométrie de l’océanO(t). Très loin de la masse de glace, sonexpression peut être approximée par cel<strong>le</strong> de la variation eustatiqueesl, définie paresl=(variation duvolume de l’océan)/(surface de l’océan). A l’intérieur de la surface de la calotte, <strong>le</strong> déplacement de l’équipotentiel<strong>le</strong>représentée par la surface de l’océan est la somme de deux effets : pendant la fonte, l’équipotentiel<strong>le</strong>baisse par suite de la diminution de l’attraction exercée par la masse de glace, mais dans <strong>le</strong>même temps, <strong>le</strong> niveau des mers monte. La première contribution dépend uniquement de la fonte loca<strong>le</strong>,alors que <strong>le</strong> seconde est controlée par l’ensemb<strong>le</strong> des phénomènes de fonte du globe. En certains sites,par exemp<strong>le</strong> Angerman River en Suède, <strong>le</strong>s deux contributions sont d’amplitudes à peu près éga<strong>le</strong>s etde signes opposés, ;t)est quasiment nul. Quand on s’éloigne de la calotte, <strong>le</strong> terme résultant del’élévation du niveau des mers devient prépondérant sur celui provenant de la diminution de l’attractiongravitationnel<strong>le</strong> de la calotte, ;t)se traduit par une augmentation du niveau des mers. Cependant,l’effet résultant du changement du champ de gravité à cause de la fonte de la calotte Fennoscandiennese fait sentir d’après Lambeck et al. (1990) en des sites aussi éloignés de l’emplacement passé dela calotte que Biarritz. L’ordre de grandeur de l’élévation du niveau des mers en des sites suffisammentéloignés pour être indépendant de la variation gravitationnel<strong>le</strong> due à la calotte est de 150 m depuis <strong>le</strong> derniermaximum glaciaire.Le second terme,i(;termew(; ;t)oui(; ;t)ouw(;;t), traduit la variation supplémentaire du niveau des mers produitepar la déformation de la Terre en réponse à la variation glaciaire. C’est une fonction de la rhéologieterrestre et de l’histoire glaciaireI(t). Pour la calotte Fennoscandienne, son amplitude atteint 500 m depuis<strong>le</strong> dernier maximum glaciaire, contre la va<strong>le</strong>ur de 900 m qui correspondrait à une compensation isostatiquecomplète à l’équilibre. La différence s’explique par la rigidité f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong> de la lithosphère qui absorbeélastiquement une partie de la charge, et par <strong>le</strong> fait que l’équilibre n’est pas encore atteint.Le troisième ;t)prend en compte la déformation secondaire de la Terre produitepar la redistribution de l’eau dans <strong>le</strong>s océans. C’est éga<strong>le</strong>ment une fonction de la rhéologie, de lagéométrie de l’océanO(t), et de la variation du niveau des mers(t)el<strong>le</strong>-même. Comparée à cel<strong>le</strong> desdeux termes précédents, l’amplitude dewest faib<strong>le</strong>, puisqu’el<strong>le</strong> ne dépasse pas 2 m. El<strong>le</strong> est la plus fortedans <strong>le</strong>s régions proches de la calotte, et peut varier de façon importante en fonction du découpage de lacôte. En des endroits éloignés de la charge glaciaire, ses variations sont proportionnel<strong>le</strong>s à(r+i).L’équation II.1 doit être résolue itérativement, avec <strong>le</strong>s conditions de conservation de la masse tota<strong>le</strong>, et<strong>le</strong> fait que l’océan demeure en permanence une équipotentiel<strong>le</strong> du champ de gravité. La résolution ducalcul est déterminée par <strong>le</strong> degré auquel on tronque <strong>le</strong>s décompositions en harmoniques sphériques desdifférents termes, en général une va<strong>le</strong>ur comprise entre 180 et 260.L’effet relatif des différents termes lors d’une déglaciation comme cel<strong>le</strong> du Pléistocène est variab<strong>le</strong> enfonction de la position du site par rapport à l’emplacement passé de la masse de glace. Lambeck (1993)propose la classification suivante :– Les sites à l’intérieur de frontières de la calotte tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> existait sont dénommés near field ousites proches. La contribution dominante aux variations du niveau des mers provient de la chargede glace : terme de rebond isostatiqueiet partie du termerqui traduit <strong>le</strong> modification loca<strong>le</strong> duchamp de gravité due à la diminution de l’attraction exercée par la calotte. Les deux effets vont dans<strong>le</strong> même sens, ce qui produit une diminution quasi-exponentiel<strong>le</strong> du niveau des mers (voir figureII.4, (a)).– Pour <strong>le</strong>s endroits situés près des marges de l’ancienne calotte, appelés ice-margin ou sites marginaux,<strong>le</strong>s contributionsretipeuvent être proches en amplitudes mais de signes opposés. L’effet quise fait sentir <strong>le</strong> plus rapidement est la modification du champ de gravité, et <strong>le</strong> début du rebond isostatique.La première variation est donc une diminution du niveau des mers, suivie par une remontée,avant de s’équilibrer. Ces régions sont considérées comme <strong>le</strong>s plus délicates à modéliser, el<strong>le</strong>s44


x1. L’ISOSTASIE TERRESTRE ET SON APPLICATION : LE REBOND POST-GLACIAIRE.FIG. II.4 - Représentationsschématiques des variations relatives du niveau des mers pendantla dernière déglaciation(a) aux sites proches du centre de l’ancienne calotte, (b) aux sites à l’intérieur de la calotte mais proches de sa limite,(c) aux sites intermédiaires, (d) aux sites très éloignés. (Lambeck 1993)nécessitent une résolution spatia<strong>le</strong> très importante, et une connaissance précise de l’évolution deslimites de la calotte au cours du temps.– Quand on s’éloigne des frontières de la calotte, on se retrouve dans <strong>le</strong>s zone des sites intermédiairesou intermediate-field, où l’influence du terme eustatique dansrdevient prépondérante sur la variationdu champ de gravité due à la diminution massique de la calotte, et sur <strong>le</strong> terme de rebondi. Le niveau des mers augmente, mais à une vitesse inférieure à ce que produirait la contributioneustatique seu<strong>le</strong>.– Les sites <strong>le</strong>s plus éloignés de l’effet des calottes sont appelés sites lointains ou far-field. L’effet du rebondisostatique y est considéré comme négligeab<strong>le</strong>, ainsi que la modification du champ de gravitépar la calotte. Le termewdû à la modification du champ de gravité par la redistribution océaniquedevient prépondérant devanti. La différence avec la compensation pûrement eustatique,même très faib<strong>le</strong>, contient des informations sur la charge glaciaire et la rhéologie. Le niveau des merscommence par augmenter très rapidement, ce qui correspond uniquement à l’effet eustatique, puisreste stationnaire quand la calotte a fini de fondre, avant de diminuer un peu.45


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.1.3. L’importance de la rhéologie terrestre.Nous avons vu que <strong>le</strong>s paramètres essentiels influençant <strong>le</strong> rebond post-glaciaire sont l’épaisseur de lalithosphère élastique, et la viscosité dans <strong>le</strong> manteau, en fonction de la profondeur. Les différents modè<strong>le</strong>sfont varier l’épaisseur de la lithosphère de 30 km à plus de 200 km. Fjeldskaar et Cath<strong>le</strong>s (1992) obtientla va<strong>le</strong>ur minima<strong>le</strong> de 30 km à partir d’une étude de déglaciation sur la Fennoscandie, alors que Peltier(1984), Peltier (1986) augmente l’épaisseur de sa lithosphère jusqu’à 200 km dans son analyse du rebondsur <strong>le</strong>s Laurentides, sans utiliser au maximum la possibilité de faire varier la viscosité dans <strong>le</strong> manteau.Entre ces deux limites, Lambeck et Nakada (1990), Lambeck et al. (1990) montrent que la lithosphère a uneépaisseur comprise entre 70 et 150 km, et que l’ajustement de cette va<strong>le</strong>ur est dépendant de la viscositédans <strong>le</strong> manteau.En ce qui concerne la viscosité du manteau, on observe la même disparité dans <strong>le</strong>s résultats. Fjeldskaar(1994) défend la thèse d’une zone de très faib<strong>le</strong> viscosité située juste sous la lithosphère (2 1019Pas). Peltiera utilisé très longtemps des modè<strong>le</strong>s de viscosité uniforme sur toute l’épaisseur du manteau, et proche dela va<strong>le</strong>ur de 1021Pas (par exemp<strong>le</strong> (Peltier 1986)) avant d’introduire un très faib<strong>le</strong> contraste au niveau dela discontinuité sismique de 670 km (Peltier et Tushingham 1991), (Mitrovica et Peltier 1993a), et dans cesétudes <strong>le</strong>s plus récentes, d’adopter un contraste beaucoup plus important, mais à la profondeur de 1400km (Peltier 1996), (Peltier 1998). Par contraste, Nakada et Lambeck (1989), Lambeck et Nakada (1990) seprononcent en faveur d’une viscosité plus faib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> manteau supérieur (2-5 1020Pas), mais avec uncontraste de plusieurs ordres de grandeur avec <strong>le</strong> manteau inférieur, au delà de 670 km. Ils sont rejointsdans <strong>le</strong>urs résultats par Mitrovica (1996) et Spada et al. (1992), ces derniers testant l’influence de la présenced’une couche de viscosité très importante aux a<strong>le</strong>ntours de la discontinuité des 670 km.1.3.1. La chronologie de l’histoire glaciaire.Si on considère que la durée d’une déglaciation est fixée par <strong>le</strong> temps de relaxation visqueux décritau début de ce chapitre (ce qui revient à utiliser un modè<strong>le</strong> de Terre donné et à se placer en un site fixe, àl’intérieur des limites de la calotte), on obtient une courbe de décroissance exponentiel<strong>le</strong>. Il s’agit ensuitede placer correctement l’origine de cette courbe, en fixant l’époque du début de la déglaciation. Il suffitpour cela de disposer de données échelonnées dans <strong>le</strong> temps, par exemp<strong>le</strong> de niveau relatif des mers, etd’une appréciation de la géométrie de la glace en au moins deux époques. L’incertitude du résultat seracel<strong>le</strong> des datations des données, et de la datation du modè<strong>le</strong> de glace. Dans <strong>le</strong> cas de l’Antarctique, onverra qu’on dispose de peu de données de RSL sur des sites à l’intérieur de l’ancienne calotte ou prochesde ses limites, et que <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment de la déglaciation dans l’hémisphère Sud est encore mal connu. Uneerreur sur la date d’une étape de l’histoire glaciaire revient à opérer une translation horizonta<strong>le</strong> sur lacourbe donnant la remontée de la croûte terrestre en fonction du temps.46


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.2. Modè<strong>le</strong>s de déglaciation et calcul de mouvements sur l’Antarctique.Cette partie a pour but de présenter <strong>le</strong>s résultats des différents modè<strong>le</strong>s de déglaciation sur l’Antarctique: variation quantitative de la masse de glace, chronologie. Une attention particulière sera portée dansla discussion des résultats à la chronologie d’une part, au modè<strong>le</strong> de Terre choisi d’autre part (paramètresrhéologiques). Ces modè<strong>le</strong>s ont dans un deuxième temps été utilisés pour calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s mouvements actuelsde la croûte en Antarctique en réponse au processus de déglaciation passé. On présentera donc <strong>le</strong>résultat de ces calculs de mouvements comme un exemp<strong>le</strong> de vitesses prédites.2.1. Modè<strong>le</strong>s de déglaciation.Les modè<strong>le</strong>s présentés sont ceux qui ont été utilisés comme base à des calculs de mouvements verticauxou horizontaux actuels de la croûte, ou ceux qui présentent un intérêt particulier relatif à l’Antarctique.Ils résultent de l’application de deux techniques différentes : dans un cas (Ling<strong>le</strong> et Clark 1979) ou(Denton et al. 1991) par exemp<strong>le</strong>, on se contente de faire la différence entre un état de glaciation reconstituéau dernier maximum glaciaire, et nos connaissances de l’état actuel de la calotte. Dans l’autre, onprocède par ajustements à partir d’un premier modè<strong>le</strong> grossier, grâce à des calculs inverses de((rebondpost-glaciaire)). Dans ce dernier cas, la chronologie de la déglaciation se trouve de fait incluse dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>.On insistera tout spécia<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de Peltier et Tushingham, qui sont <strong>le</strong>s premiers modè<strong>le</strong>saussi comp<strong>le</strong>ts avec une tel<strong>le</strong> résolution, et sur <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de Lambeck et Nakada, où <strong>le</strong>s étudesrégiona<strong>le</strong>s sont particulièrement poussées et la chronologie des différentes déglaciations affinée par desajustements successifs.2.1.1. La reconstruction CLIMAP.FIG. II.5 - Reconstruction préliminaire de la calotte Antarctique il y a 18 000 ans, ayant servi de base aux modè<strong>le</strong>s dedéglaciation et aux études d’évolution du niveau des mers. Les contours représentent l’épaisseur de glace, qui excède<strong>le</strong>s dimensions de la calotte actuel<strong>le</strong>. Les limites supposées coïncident avec l’isobathe actuel<strong>le</strong> des 500 m, près du bordde la marge continenta<strong>le</strong> (Hughes et al. 1981).47


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.Il s’agit d’une reconstruction de la calotte lors du dernier maximum glaciaire, comprenant l’élévationde la surface de la glace, l’épaisseur de glace, et l’élévation du soc<strong>le</strong> (Hughes et al. 1981) et (Stuiver et al.1981). El<strong>le</strong> permet l’élaboration de modè<strong>le</strong>s de déglaciation par comparaison de la situation actuel<strong>le</strong> de lacalotte avec cette reconstitution du dernier maximum glaciaire. Les équations d’équilibre de la glace ontété intégrées à partir de la ligne d’échouage (supposée située à l’isobathe actuel<strong>le</strong> des 500 m) en remontant<strong>le</strong> long des lignes de courant vers l’intérieur de la calotte. Le procédé a été appliqué à suffisammentde lignes de courant pour contraindre l’état de la calotte, <strong>le</strong>s régions entre <strong>le</strong>s lignes de courant ont faitl’objet d’une interpolation. Une approximation au premier ordre de l’isostasie a été prise en compte dans<strong>le</strong> calcul. Cette reconstruction CLIMAP n’est pas un modè<strong>le</strong> de déglaciation en soi, mais el<strong>le</strong> a servi debase à la plupart des modè<strong>le</strong>s présentés dans la suite, c’est pourquoi el<strong>le</strong> est mentionnée ici.2.1.2. Le modè<strong>le</strong> de Ling<strong>le</strong> et Clark, 1979.Il est directement fondé sur la reconstruction CLIMAP du dernier maximum glaciaire, supposée enéquilibre isostatique. La reconstruction de la calotte est donnée par la carte II.5. Le tab<strong>le</strong>au II.1 donne <strong>le</strong>sdifférents volumes de glace disparus depuis 18 000 ans et <strong>le</strong>s contributions à l’augmentation généra<strong>le</strong> duniveau des mers correspondante. L’augmentation du niveau des mers provoquée par <strong>le</strong> retrait de la ca-106km2106km3106km3 mVolume Niveaucontribuant au des mersVolume niveau des eustatiqueSurface total mers eq. equiva<strong>le</strong>ntCalotte Ouest 6,270,05 – 6,51,0 162,4Calotte Est 9,810,07 – 3,30,5 8,41,3Ensemb<strong>le</strong> 16,10,1 376 9,81,5 254TAB. II.1 - Surface et volume de la calotte Antarctique il y a 18 000 ans, reconstruite par (Hughes et al. 1981). Leniveau des mers équiva<strong>le</strong>nt signifie la hauteurV0=A0, oùV0est <strong>le</strong> volume d’eau ajouté aux océans etA0la surfacetota<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong> des océans.lotte Ouest est plus important que celui lié à la calotte Est, pourtant plus étendue : la variation relativede l’épaisseur et des limites de la calotte Ouest est beaucoup plus forte. Sur cette même partie Ouest, <strong>le</strong>retrait de la calotte couvrant la mer de Weddell a été supposé comparab<strong>le</strong> à celui de la calotte couvrantla mer de Ross, alors que <strong>le</strong>s données sur <strong>le</strong> sujet sont insuffisantes. Des études antérieures arrivaient àune va<strong>le</strong>ur tota<strong>le</strong> de masse de glace disparue d’environ 24 à 28 106km3, alors que <strong>le</strong> volume total auquelaboutissent Ling<strong>le</strong> et Clark (1979) est de 37 106km3, soit une va<strong>le</strong>ur largement supérieure. La déglaciationen el<strong>le</strong>-même est supposée se dérou<strong>le</strong>r selon un processus linéaire de 12 étapes de 1000 ans chacune, etel<strong>le</strong> est donc terminée il y a 6000 ans.Ce modè<strong>le</strong> sera référencé dans la suite comme modè<strong>le</strong>(LC79).2.1.3. La reconstruction CLIMAP révisée, Denton et al 1991.Un certain nombre d’observations géologiques qui étaient en conflit avec la reconstruction CLIMAPont poussé Denton et al. (1991) à proposer une révision de la surface d’élévation de la glace au derniermaximum glaciaire. Le modè<strong>le</strong> obtenu est, d’après ses auteurs même, une des interprétations possib<strong>le</strong>sdes différences observées. La comparaison entre la reconstitution CLIMAP et cel<strong>le</strong> à laquel<strong>le</strong> sont arrivés48


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.Denton et al. (1991) est donnée par la figure II.6. Les observations ayant amené à la révision du modè<strong>le</strong>FIG. II.6 - Elévation de la surface de la calotte glaciaire Antarctique au dernier maximum glaciaire, pour la reconstructionCLIMAP (a) et pour la reconstruction de (Denton et al. 1991) (b). Les hauteurs sont données par rapportau niveau des mers actuel, l’interval<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s contours est de 500 m. Figure tirée de (James et Ivins 1998).sont de deux types :– Les contenus isotopiques des derniers forages de Vostok en10Be et en18O actualisent l’évaluationdes taux d’accumulation enregistrés depuis 150 000 ans. Les taux d’accumulation pendant la périodeglaciaire seraient ainsi inférieurs à ceux considérés par CLIMAP (Lorius et al. 1985).– Des études stratigraphiques détaillées des moraines des Montagnes Transantarctiques indiquentque la partie Est de la calotte a apparemment subi très peu de changements depuis la dernière périodeglaciaire.La couverture de la partie Est est plus fine que la reconstruction CLIMAP (peu de changement par rapportà l’état actuel), mais l’extension des plates-formes est plus importante. L’avancée sous forme de plate-49


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.forme sur la mer de Ross est sensib<strong>le</strong>ment la même, avec une épaisseur de glace moindre, alors que l’épaisseuret l’avancée de la plate-forme de Filchner-Ronne sont plus importantes. Sur la mer de Weddell laplate-forme s’étend plus loin, mais avec moins d’épaisseur. La reconstruction sur la partie Ouest a subiplus de changements : la couverture glaciaire du dernier maximum se présente maintenant sous la formede trois dômes centrés respectivement sur <strong>le</strong>s Monts Ellsworth, Executive Committee Range, et la Péninsu<strong>le</strong>,ce dernier ayant fourni la contribution principa<strong>le</strong> à l’augmentation du niveau des mers lors de ladéglaciation.Ce modè<strong>le</strong> inspiré de CLIMAP et modifié par Denton et al. (1991) sera référencé dans la suite par((D91).2.1.4. Les modè<strong>le</strong>s globaux de Peltier et Tushingham.La série de modè<strong>le</strong>s ICE-1, ICE-2, ICE-3G, ICE-4G a été élaborée, contrairement aux exemp<strong>le</strong>s précédents,à partir de calculs de((rebond post-glaciaire))aboutissant à des comparaisons avec des données devariations relatives de niveau des mers. Le modè<strong>le</strong> est ajusté progressivement pour que <strong>le</strong>s variations deniveau des mers qu’il permet d’obtenir correspondent <strong>le</strong> mieux possib<strong>le</strong> aux observations. Tous ces modè<strong>le</strong>sont pour point de départ la reconstruction CLIMAP de la calotte au dernier maximum glaciaire, sans<strong>le</strong>s modifications apportées par Denton et al. (1991).Le premier modè<strong>le</strong> de déglaciation, ICE-1 (Peltier 1976) a été modifié pour tenir compte de l’Antarctique(ICE-2, (Wu et Peltier 1983)). La modification suivante, pour aboutir au modè<strong>le</strong> ICE-3G (Tushingham etPeltier 1991), a consisté d’une part à affiner la gril<strong>le</strong> d’intégration de la charge par éléments finis sur lasurface de la Terre, passant d’une résolution 5o5oà une gril<strong>le</strong> 2o2oet même 1o1odans <strong>le</strong>s endroits oùc’est nécessaire, d’autre part à tenir compte de l’ensemb<strong>le</strong> de l’épaisseur de glace de la calotte Antarctiqueplutôt que de sa simp<strong>le</strong> variation comme dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ICE-2. Il a éga<strong>le</strong>ment été tenu compte de la présence,au dernier maximum glaciaire, de calottes sur <strong>le</strong>s mers de Barents, Kara, et sur l’Est de la Sibérie.Les données, des enregistrements de niveaux des mers relatifs, sont de deux provenances différentes : <strong>le</strong>ssites autrefois couverts par la glace (near field), et <strong>le</strong>s sites éloignés de toute région déglaciée (far field). El<strong>le</strong>scomprennent éga<strong>le</strong>ment des datations par <strong>le</strong> contenu isotopique en18O de forages de mer profonde. Uneanalyse fine de la répartition des données et de la chronologie qu’el<strong>le</strong>s suggèrent permet d’obtenir des indicationssur la répartition de la glace et sur la chronologie de la déglaciation. Le modè<strong>le</strong> de Terre utilisécomprend une lithosphère élastique de 120 km d’épaisseur, un manteau supérieur de viscosité1021Pas etun manteau inférieur dont la viscosité est comprise entre 2 et 41021Pas. La contribution des différentes calottesà l’élévation du niveau des mers, et <strong>le</strong>ur variation de masse, sont données par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.2 Pour cequi est de la calotte Antarctique, la partie Est de la calotte est considérée comme stab<strong>le</strong>, alors que la partieOuest se comporte comme une calotte marine instab<strong>le</strong>. La participation de l’Antarctique à l’augmentationdu niveau des mers depuis <strong>le</strong> dernier maximum glaciaire est évaluée à 26 m, et l’élévation du niveaudes mers qui serait provoquée par sa fonte tota<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong> serait de 69 m, auxquels viendraient s’ajouter7 m en provenance du Groenland. La chronologie de la déglaciation a été adaptée, de sorte que cel<strong>le</strong>-cicommence il y a 9000 ans, pour se terminer il y a 4000 ans. La figure II.7 donne la variation eustatique desdifférentes contributions au niveau de la mer en fonction du temps.Ce modè<strong>le</strong> a été validé par ses auteurs (Tushingham et Peltier 1992) par comparaison avec des donnéesde niveaux des mers relatifs sur des sites lointains (plus de 400 au total), qui n’avaient pas été utilisés dansla construction du modè<strong>le</strong> original. Cette étude de validation comprend aussi une variation des différentsparamètres rhéologiques du calcul, et montre que des va<strong>le</strong>urs différentes de cel<strong>le</strong>s utilisées au départ (lithosphèreplus épaisse, contraste de viscosité plus important), sont préférées sur tout un ensemb<strong>le</strong> de sitessur <strong>le</strong>s marges de la paléo-calotte (ice-margin).Ce modè<strong>le</strong> ICE-3G, premier modè<strong>le</strong> global avec une tel<strong>le</strong> précision et l’utilisation d’autant de données deniveaux des mers relatifs, a été utilisé par de nombreux géophysiciens. Il s’agit d’études destinées à éva-50


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.Calotte Volume Masse Volume Masse Augment.max, en 1014m3max en 1016kg actuel 1014m3actuel<strong>le</strong> 1016kg en mInnuit 9,9 89 0,34 3,1 3Laurentide 210 1900 0,35 3,1 55Groenland 55 490 30 270 6Fennoscandie 29 260 0 0 8Mer de Barents 22 200 0,09 0,77 6Mer de Kara 26 240 0 0 7Mer Est-sibérienne 11 99 0 0 3Islande 2 18 0 0 1Ecosse 0,96 8,6 0 0 0Patagonie 1,8 16 0 0 0Antarctique 350 3200 260 2300 26Total 720 650 290 2600 115Capacité restante 76TAB. II.2 - Comparaison des masses et volumes des différentes calottes, lors du dernier maximum glaciaire et maintenant,et contribution à l’augmentation du niveau des mers (Tushingham et Peltier 1991).luer <strong>le</strong>s variations des composantes des harmoniques spectra<strong>le</strong>s du champ de gravité (Mitrovica et Peltier1993a), de comparaisons des vitesses de remontées actuel<strong>le</strong>s modélisées avec <strong>le</strong>s observations VLBI (Jameset Lambert 1993), ou encore d’évaluation des paramètres rhéologiques à partir du mouvement du Pô<strong>le</strong> etde la variation du_ J2(Vermeersen et Sabadini 1997). Il a éga<strong>le</strong>ment servi de base à des études complètes,aboutissant à des évaluations des mouvements de rebond se produisant actuel<strong>le</strong>ment sur la Fennoscandieou <strong>le</strong>s Laurentides, par exemp<strong>le</strong> par Mitrovica et al. (1994b) ou James et Ivins (1998).ICE-3G a été repris et amélioré en 1994 (Peltier 1994). Le nouveau modè<strong>le</strong>, appelé ICE-4G, inclut de nouvel<strong>le</strong>sdonnées de niveau des mers relatif (terrasses coralliennes des Barbades, de très bonne lisibilité etcouvrant la période jusqu’à - 21 000 ans ), et tient compte des variations de couverture de l’océan au coursdu temps concerné par l’inversion 3 , ce qui n’était pas <strong>le</strong> cas pour ICE-3G. Il utilise <strong>le</strong> formalisme des harmoniquessphériques décrit en annexe A plutôt que <strong>le</strong>s éléments finis tronqués au degré 512 utilisés dansICE-3G. Les contributions des différentes calottes à l’augmentation du niveau des mers sont données parla figure II.8. La contribution passée de la calotte Antarctique à l’augmentation du niveau des mers est de22 m, et la quantité tota<strong>le</strong> d’eau qui a été ajoutée aux océans depuis 18 000 ans se traduit par une différencede niveau de 105,2 m, à rapprocher des va<strong>le</strong>urs de la reconstruction CLIMAP, comprises entre 122 m et163 m. La chronologie a été modifiée pour prendre en compte <strong>le</strong>((Younger Dryas)), une période de récessiondu processus de déglaciation, aux a<strong>le</strong>ntours de -13 000 ans, assez bien identifiée dans l’hémisphèreNord, mais que <strong>le</strong>s enregistrements de l’Antarctique commencent à peine à révé<strong>le</strong>r. La déglaciation partiel<strong>le</strong>de l’Antarctique est supposée synchrone avec la deuxième période, alors que la première période secaractérise essentiel<strong>le</strong>ment par la diminution rapide de la calotte Laurentide.Ce modè<strong>le</strong>, amélioré, a éga<strong>le</strong>ment servi de base à plusieurs calculs, cherchant soit à évaluer <strong>le</strong>s mouvementscrustaux actuels, verticaux (James et Ivins 1998) ou horizontaux (Peltier 1998), soit à raffiner laconnaissance de la rhéologie mantellique à partir de contraintes sur <strong>le</strong>s composantes_ J`de l’accélérationgravitationnel<strong>le</strong> (Peltier et Jiang 1996b), (Peltier 1996).3:Ce modè<strong>le</strong> ICE-4G utilise une théorie(self-consistent)pour l’évolution du niveau des mers, par opposition à la théorieeustatique pour ICE-3G.51


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.FIG. II.7 - Contribution des différentes calottes aux variations(eustatiques)du niveau des mers. Les variationssont données en m, l’échel<strong>le</strong> du temps est en milliers d’années à partir de l’époque actuel<strong>le</strong> (Tushingham et Peltier1991).2.1.5. Les modè<strong>le</strong>s de Nakada et Lambeck.Ces modè<strong>le</strong>s utilisent éga<strong>le</strong>ment des données de variations relatives de niveau des mers et la reconstitutionCLIMAP de la couverture glaciaire de la Terre à la fin du P<strong>le</strong>istocène. A la différence des modè<strong>le</strong>sglobaux évoqués précédemment, on considère séparément l’évolution des calottes de l’hémisphère Nord(Laurentide, Fennoscandie, Groenland...) et cel<strong>le</strong> de l’hémisphère Sud (Antarctique). On est donc en présencede deux séries de modè<strong>le</strong>s, ARC1, ARC1, ARC3 et ANT1, ANT2, ANT3.Nakada et Lambeck (1987) insistent sur l’importance d’une résolution suffisante du modè<strong>le</strong>, en particulierau niveau des limites de la calotte du passé, et sur la nécessité de mener <strong>le</strong> calcul jusqu’à un degréé<strong>le</strong>vé d’harmoniques sphériques. Les modè<strong>le</strong>s de faib<strong>le</strong> résolution (par exemp<strong>le</strong> 5o5o) et ne prenant pasen compte la répartition en temps réel des eaux de fonte des calottes, aboutissent forcément <strong>le</strong> long deslimites de l’ancienne calotte à des irrégularités trop importantes dans <strong>le</strong>s variations du niveau des mersrelatif. Ces irrégularités ne peuvent ensuite être lissées qu’en augmentant l’épaisseur de la lithosphère etla viscosité du manteau supérieur jusqu’à des va<strong>le</strong>urs exagérées.Le modè<strong>le</strong> ARC1 pour <strong>le</strong>s calottes Laurentide et Fennoscandienne est une version interpolée du modè<strong>le</strong>ICE-1 de Peltier (1976), il reflète la progression de la charge sur l’hémisphère Nord de façon assez gros-52


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.FIG. II.8 - Contribution des différentes calottes aux variations du niveau des mers. Les variations sont données enm, l’échel<strong>le</strong> du temps est en milliers d’années à partir de l’époque actuel<strong>le</strong> (Peltier 1994).FIG. II.9 - Contribution des différentes calottes aux variations du niveau des mers. Les variations sont données enm, l’échel<strong>le</strong> du temps est en milliers d’années à partir de l’époque actuel<strong>le</strong> (Nakada et Lambeck 1988).sière. Le second modè<strong>le</strong> ARC2 est dérivé de ICE-2, toujours par <strong>le</strong> biais d’une interpolation à 1o1o, etreprend en compte l’adaptation de ICE-1 pour donner un meil<strong>le</strong>ur ajustement du niveau des mers <strong>le</strong> longde la marge Est de la calotte Laurentide. Un troisième modè<strong>le</strong> arctique ARC3 a été élaboré, pour tenircompte de la présence d’une calotte importante sur <strong>le</strong>s mers de Barents et de Kara à la fin du P<strong>le</strong>istocène,en accord avec (Denton et Hughes 1981). La contribution de cette calotte est simplifiée en une augmentationuniforme du niveau de la mer de 15 m, étant donné <strong>le</strong> manque total de données de niveaux desmers relatifs dans cette région. On peut néanmoins remarquer que cette va<strong>le</strong>ur est nettement supérieureà cel<strong>le</strong>s obtenues pour cette calotte par ICE-3G (Tushingham et Peltier 1991), et ICE-4G (Peltier 1994). Ducôté de l’Antarctique, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> initial ANT1 se fonde sur la différence entre la reconstruction de la calottedu P<strong>le</strong>istocène de (Denton et Hughes 1981) et l’épaisseur actuel<strong>le</strong> de la calotte donnée par (Drewryet al. 1982). La chronologie de la déglaciation antarctique est étudiée avec beaucoup d’attention et sujette53


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.1022à de nombreux ajustements. Ainsi, el<strong>le</strong> est supposée synchrone de la déglaciation arctique dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>ANT1, el<strong>le</strong> se produit en avance dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ANT2, se réferrant par là à (Wu et Peltier 1983) qui considèrentque 80%de l’eau de fonte provenant de l’Antarctique etaient déjà présents dans l’océan il y a 14000 ans. Les va<strong>le</strong>urs d’augmentation du niveau des mers prédites par ce modè<strong>le</strong> ANT2 se sont révèléesnettement en excès par rapport aux observations. Une première solution aurait consisté à retarder la déglaciationde l’Arctique de 1000 ans environ, ce qui allait à l’encontre des observations effectuées sur dessites proches du centre de l’ancienne calotte. La solution adoptée fina<strong>le</strong>ment a été de reporter <strong>le</strong> début dela diminution de la calotte antarctique du même laps de temps, ce qui donne <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ANT3 (voir figureII.9). Un dernier modè<strong>le</strong>, ANT3a, en est dérivé, et considère simp<strong>le</strong>ment qu’il n’y a pas de raisons de fairecesser brusquement la déglaciation antarctique à -6000 ans 4 . La lithosphère de ce modè<strong>le</strong> est épaisse de50 km, la viscosité du manteau supérieur est éga<strong>le</strong> à 2 1020Pas, et la viscosité du manteau inférieur àPas.Dans une étude postérieure (Nakada et Lambeck 1989), la résolution spatia<strong>le</strong> du calcul est poussée jus-FIG. II.10 - Epaisseurde la calotte antarctique en<strong>le</strong>vée entre -18 000 et - 6000 ans, en km. (Nakada et Lambeck 1989).qu’à 100100, et <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de déglaciation de l’Antarctique est affiné. La calotte antarctique du maximumglaciaire est découpée en trois zones correspondant approximativement aux systèmes glaciaires majeurs,et des évolutions séparées des domaines en question sont modélisées (voir figures II.10 et II.11).Ces modè<strong>le</strong>s ont ensuite été utilisés pour des études sur la longueur et la date de la dernière période interglaciaire,à partir de données sur <strong>le</strong>s Caraïbes (Lambeck et Nakada 1992), pour appliquer un modè<strong>le</strong>de((rebond post-glaciaire)au Nord de l’Europe (Lambeck et al. 1990), ou pour raffiner <strong>le</strong>s contraintes surla viscosité du manteau grâce aux observations de niveau des mers relatifs effectuées en Ecosse (Lambeck4:Rappelons que pour la déglaciation de l’hémisphère Nord, la question ne se pose pas vraiment, puisque <strong>le</strong>s calottes importantesont disparu dès cette date.54


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.FIG. II.11 - Contribution des différentes parties de la calotte aux variations du niveau des mers. Les variations sontdonnées en m, l’échel<strong>le</strong> du temps est en milliers d’années à partir de l’époque actuel<strong>le</strong> (Nakada et Lambeck 1989).et al. 1996).2.2. Les mouvements verticaux déduits des modè<strong>le</strong>s de RPG.L’étude qui fait référence dans ce domaine est cel<strong>le</strong> de James et Ivins (1998), puisqu’el<strong>le</strong> passe en revue<strong>le</strong>s différents modè<strong>le</strong>s de réponse de la croûte aux variations de masse glaciaire depuis <strong>le</strong> P<strong>le</strong>istocène,modè<strong>le</strong>s directement déduits des modè<strong>le</strong>s de déglaciation exposés précédemment.2.2.1. Réponse au modè<strong>le</strong>((LC79)).La carte de charge glaciaire de (Ling<strong>le</strong> et Clark 1979) a été numérisée afin de permettre <strong>le</strong> calcul desmouvements actuels de remontée. Ce calcul a été effectué avec une décomposition en harmoniques sphériquestronquée au degré 120, avec des viscosités de 1021Pas pour <strong>le</strong> manteau supérieur et de 2 1021Paspour <strong>le</strong> manteau inférieur. Pour faciliter la comparaison avec <strong>le</strong>s résultats du modè<strong>le</strong> ICE-3G, on a choisiune décroissance linéaire de la charge entre -9000 ans et -4000 ans. Les mouvements verticaux sur l’ensemb<strong>le</strong>de l’Antarctique sont donnés par la figure II.12. Les pics de vitesses sont atteints au voisinage dela plate-forme actuel<strong>le</strong> de Ross, et dépassent 25 mm/an. Des va<strong>le</strong>urs supérieures à 20 mm/an sont observéesprès de la plate-forme de Filchner-Ronne et <strong>le</strong>s régions proches des Montagnes Transantarctiques, etsur certaines portions de la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s atteignent 15 mm/an. Le contraste est assezimportant entre la partie Est de l’Antarctique, où <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s ne dépassent pas 5 mm/an, et lapartie Ouest où el<strong>le</strong>s sont supérieures à 10 mm/an en moyenne.55


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.FIG. II.12 - Vitesses vertica<strong>le</strong>s en réponse au modè<strong>le</strong> de charge(LC79). Le site de Prince Olav est indiqué par uncarré, alors que <strong>le</strong>s autres sites répertoriés dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.3 sont indiqués par des points noirs. Les vitesses sontdonnées en mm/an, l’interval<strong>le</strong> entre deux contours est de 4 mm/an. (James et Ivins 1998).2.2.2. Réponse aux modè<strong>le</strong>s ICE-3G et ICE-4G.Le modè<strong>le</strong> de Terre utilisé dans <strong>le</strong> calcul de la réponse terrestre à la variation de charge du modè<strong>le</strong>ICE-3G (Tushingham et Peltier 1991) est <strong>le</strong> même que celui utilisé dans l’élaboration du modè<strong>le</strong>, soit unelithosphère de 120 km d’épaisseur, un manteau supérieur de viscosité 1021Pas et un manteau inférieurde viscosité 2 1021Pas. Le modè<strong>le</strong> ICE-3G prend en compte la redistribution des océans gravitationnel<strong>le</strong>ment(self-consistent)),ce qui a peu d’influence sur <strong>le</strong>s comportements sous la charge, puisque l’effetisostatiquement y domine largement <strong>le</strong>s autres (niveau des mers, gravité) et concerne plutôt <strong>le</strong>s réponsesobservées sur <strong>le</strong>s marges ou à distance de la charge.Le modè<strong>le</strong> ICE-4G, contrairement à ICE-3G, n’était pas disponib<strong>le</strong> sous formes de données continues,FIG. II.13 - Vitesses vertica<strong>le</strong>s en réponse aux deux modè<strong>le</strong>s de charge ICE-3G (a) (Tushingham et Peltier 1991) etICE-4G (b) (Peltier 1994). Le site de Prince Olav est indiqué par un carré, alors que <strong>le</strong>s autres sites répertoriésdans <strong>le</strong>tab<strong>le</strong>au II.3 sont indiqués par des points noirs. Les vitesses sont données en mm/an, l’interval<strong>le</strong> entre deux contoursest de 4 mm/an. (James et Ivins 1998).mais représenté par plusieurs états de la topographie de l’Antarctique, à 1000 ans d’interval<strong>le</strong> (James et56


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.Ivins 1998). Les vitesses vertica<strong>le</strong>s obtenues à partir de ces deux modè<strong>le</strong>s sont données par la figure II.13.Une comparaison avec la figure II.12 pour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>(LC79)révè<strong>le</strong> des similitudes importantes : on retrouve<strong>le</strong>s trois pics de vitesses vertica<strong>le</strong>s situés sur la partie Ouest de la calotte, à savoir la baie de Ross,la plate-forme de Filchner-Ronne, et la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique. Le taux de remontée <strong>le</strong> plus important destrois est situé près de la plate-forme de Ross, suivi par celui de la baie de Filchner-Ronne, sauf pour <strong>le</strong>modè<strong>le</strong> ICE-4G où <strong>le</strong>s mouvements verticaux sont similaires sur la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique et près de laplate-forme de Filchner-Ronne. Les taux de remontée <strong>le</strong>s plus importants, dans la baie de Ross, sont de17 mm/an pour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ICE-4G, et de 26 mm/an pour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ICE-3G. Cette différence importanteet quasi-systématique entre <strong>le</strong>s vitesses estimées par <strong>le</strong>s deux modè<strong>le</strong>s peut s’expliquer assez bien par ladifférence de chronologie choisie : la déglaciation commence vers -12 000 ans, pour se terminer vers -5000ans dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ICE-4G, alors qu’el<strong>le</strong> est plus tardive (entre -9000 et -4000 ans) dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ICE-3G.2.2.3. Réponse au modè<strong>le</strong>((D91)).FIG. II.14 - Vitesses vertica<strong>le</strong>s en réponse à la reconstruction(D91)(Denton et al. 1991), adaptée de CLIMAP. Lesite de Prince Olav est indiqué par un carré, alors que <strong>le</strong>s autres sites répertoriés dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.3 sont indiquéspar des points noirs. Les vitesses sont données en mm/an, l’interval<strong>le</strong> entre deux contours est de 4 mm/an. (James etIvins 1998).Pour permettre une comparaison directe avec <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ICE-4G, cette fois, la déglaciation est supposéecommencer 12 000 ans avant l’époque actuel<strong>le</strong>, pour se terminer il y a 5000 ans. L’intégration s’est faite,comme pour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>((LC79), en tronquant <strong>le</strong>s harmoniques sphériques au degré 120. Les vitesses vertica<strong>le</strong>ssont données par la figure II.14, et on constate que <strong>le</strong>s modifications apportées à la reconstructionCLIMAP influencent de façon importante la réponse de la croûte. Une comparaison avec la réponse auxmodè<strong>le</strong>s ICE-3G et ICE-4G (figure II.13) indique une répartition des vitesses assez différente. Le mouvements<strong>le</strong>s plus importants se produisent maintenant au nord des Monts Ellsworth, à la base de la Péninsu<strong>le</strong>(17 mm/an), ou près de la plate-forme de Ross, avec une extension vers <strong>le</strong> nord et Executive CommitteeRange. Les vitesses moyennes dans la baie de Ross sont de 10 mm/an. Comme pour <strong>le</strong>s autresmodè<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s vitesses prédites sur la partie Est de la calotte sont faib<strong>le</strong>s, sauf entre Syowa et Davis (Terred’Enderby) et près de Casey et du Mont Melbourne, où el<strong>le</strong>s dépassent 4 mm/an.57


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.2.3. Discussion._h _gSite LC79 ICE-3G ICE-4G D91 LC79 ICE-3G D91Syowa 0,7 0,8 1,6 1,1 -0,14 -0,11 -0,18Davis 2,0 2,7 2,0 1,0 -0,33 -0,41 -0,16Casey 4,3 2,8 1,9 3,4 -0,74 -0,45 -0,58Mt Melbourne 0,6 -2,0 -1,0 4,6 -0,06 0,36 -0,76McMurdo 6,9 -0,1 0,2 3,7 -1,05 0,11 -0,59P.O. Mts 17,2 16,9 11,9 6,5 -2,61 -2,60 -1,00E.C.R. 3,7 4,4 4,2 7,6 -0,47 -0,58 -1,19Mont Ulmer 2,1 4,4 2,5 12,0 -0,16 -0,54 -1,87Indep. Hills 8,5 11,2 7,5 9,5 -1,16 -1,65 -1,44O’Higgins 6,7 3,6 4,0 -1,8 -1,12 -0,58 0,28Massif de Dufek 19,8 14,6 8,6 8,4 -3,09 -2,24 -1,30Basen -0,1 -0,1 1,0 6,6 0,01 0,02 -1,11Les vitesses vertica<strong>le</strong>s prédites par <strong>le</strong>s quatre modè<strong>le</strong>s précédemment évoqués sur un ensemb<strong>le</strong> desites de terre solide répartis sur l’Antarctique sont présentées dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.3 (James et Ivins 1998).Les vitesses maxima<strong>le</strong>s obtenues grâce aux différents modè<strong>le</strong>s sont comprises entre 15 et 25 mm/an. El<strong>le</strong>sTAB. II.3 - Vitesses visco-élastiques vertica<strong>le</strong>s_het anomalies de gravité_gen 12 sites antarctiques situés sur la calotteterrestre, pour quatre scénarios différents de la dernière déglaciation. Les mouvements sont en mm/an et l’anomaliede gravité est enGal/an. P.O. Mts = Monts du Prince Olav E.C.R. = Executive Committee Range. Les sites en grassont ceux où sont installées des stations GPS permanentes. (James et Ivins 1998)sont concentrées sur la partie Ouest de la calotte Antarctique, fortement régionalisées autour des zonesoù la variation de masse a été la plus forte depuis 12 000 ans. Ces variations importantes consistent endiminution de la masse de glace accumulée sur la calotte, et cette diminution se fait principa<strong>le</strong>ment parl’intermédiaire des plates-formes (Ross et Filchner-Ronne essentiel<strong>le</strong>ment). La différence globa<strong>le</strong> d’amplitudedes vitesses vertica<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s résultats des modè<strong>le</strong>s ICE-3G et((LC79)d’une part, ICE-4G et((D91))d’autre part s’explique en partie par la différence dans la charge supposée du dernier maximum glaciaire.On a vu que la révision de CLIMAP (soit(LC79))) pour aboutir à((D91))reposait sur des observations indiquantque la quantité de glace présente sur la calotte Est et sur <strong>le</strong>s plates-formes importantes au derniermaximum glaciaire était inférieure à cel<strong>le</strong> de CLIMAP. De même, ICE-4G utilise <strong>le</strong>s résultats de ICE-3G,mais revoit à la baisse l’évaluation de la masse de glace de la calotte. Les contributions de la calotte Antarctiqueà l’élévation du niveau des mers sont comprises entre 25 et 30 m dans un cas (29 m pour(LC79),26 m pour ICE-3G), entre 20 et 25 m dans l’autre (21,8 m pour ICE-4G, 24,5 m pour((D91)).Ces vitesses sont loca<strong>le</strong>ment suffisantes pour être détectées par des mesures GPS régulières sur des périodesassez longues. C’est <strong>le</strong> cas par exemp<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s sites de Dufek, situé dans la partie Ouest, entre<strong>le</strong>s plates-formes de Ronne et de Filchner, ou pour <strong>le</strong> site de Prince Olav, situé au Sud des MontagnesTransantarctiques près de la plate-forme de Ross. D’autres sites, où <strong>le</strong>s vitesses prédites sont plus faib<strong>le</strong>s,peuvent néanmoins avoir un intérêt discriminant. La vitesse vertica<strong>le</strong> résultant du modè<strong>le</strong> ICE-3G au sitede McMurdo est quasiment nul<strong>le</strong>, alors que <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>(LC79))donne une remontée de presque 7 mm/an.A O’Higgins, situé à l’extrémité Nord de la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ICE-4G prédit une vitesse vertica<strong>le</strong> de 4mm/an, alors que <strong>le</strong>s mouvements visco-élastiques obtenus d’après(D91))consistent en une subsidence58


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.de 2 mm/an, soient deux mouvements d’amplitudes faib<strong>le</strong>s, mais de sens opposés.On a vu que <strong>le</strong>s différence entre <strong>le</strong>s résultats du modè<strong>le</strong> résident en partie dans la différence d’appréciationde la quantité de glace présente au dernier maximum glaciaire. D’autres facteurs, qui interviennentun peu moins directement dans <strong>le</strong> calcul de(rebond post-glaciaire)influencent éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> résultat, etseront discutés dans la suite.59


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.2.4. Les mouvements horizontaux.La réponse de la lithosphère et du manteau terrestre à une variation de charge glaciaire à grandeéchel<strong>le</strong> se traduit éga<strong>le</strong>ment par des mouvements horizontaux de la surface terrestre : mouvements élastiquesinstantanés quand on prend en compte <strong>le</strong> comportement élastique du manteau sur toute son épaisseur,mouvements visqueux pour <strong>le</strong> rebond, à long terme.On a choisi de rassemb<strong>le</strong>r ici <strong>le</strong>s résultats des principa<strong>le</strong>s études qui se sont intéressées à la quantificationde ces vitesses horizonta<strong>le</strong>s pour deux raisons. D’une part, ces mouvements méritent une attention particulièrecar ils sont a priori plus faci<strong>le</strong>s à mesurer que <strong>le</strong>s mouvements verticaux : ils sont accessib<strong>le</strong>s grâceaux mesures des variations des lignes de base VLBI, et si l’utilisation du GPS pour la mesure des vitessesvertica<strong>le</strong>s est encore problématique ( moins bonne précision sur la vertica<strong>le</strong>), <strong>le</strong>s précisions des composanteshorizonta<strong>le</strong>s permettent l’emploi de mesures GPS pour des vitesses horizonta<strong>le</strong>s de quelques millimètrespar an seu<strong>le</strong>ment. D’autre part, ils sont apparemment plus sensib<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s mouvements verticauxà des variations des paramètres rhéologiques. Ils pourraient donc être utilisés pour une discriminationentre différents modè<strong>le</strong>s de Terre.Nous présentons dans la suite <strong>le</strong>s prédictions sur l’Antarctique des vitesses horizonta<strong>le</strong>s actuel<strong>le</strong>s grâceaux modè<strong>le</strong>s de déglaciation déjà utilisés dans la partie 2.2., et nous exposons quel<strong>le</strong> influence ont <strong>le</strong>s paramètresde la rhéologie terrestre sur <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s, et pourquoi <strong>le</strong>ur mesure précise peut améliorerla connaissance de ces paramètres.2.4.1. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s provoquées par <strong>le</strong>(rebond post-glaciaire))en Antarctique.FIG. II.15 - Vitesses horizonta<strong>le</strong>s en réponse aux modè<strong>le</strong>s de rebond post-glaciaire ICE-3G (Tushingham et Peltier1991) (à gauche) et(D91)(Denton et al. 1991) (à droite). Le site de Prince Olav est indiqué par un carré, alors que<strong>le</strong>s autres sites répertoriés dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.4 sont indiqués par des points noirs. Les vitesses sont données en mm/an,l’échel<strong>le</strong> est donnée par la flèche au centre. (James et Ivins 1998).Les modè<strong>le</strong>s de déglaciation utilisés dans cette étude (James et Ivins 1998) sont ceux qui ont été présentésdans la partie 2.2., à l’exception du modè<strong>le</strong> ICE-4G. La figure II.15 présente <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>sobtenues en Antarctique à partir des modè<strong>le</strong>s ICE-3G (Tushingham et Peltier 1991) et(D91)(Denton et al.1991), et <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.4 détail<strong>le</strong> <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s prédites à partir des trois modè<strong>le</strong>s(LC79)), ICE-60


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.Site LC79 ICE-3G D91Syowa 0,8 165 0,5 182 0,2 196Davis 0,4 198 0,7 158 0,1 152Casey 0,1 350 0,5 173 0,5 237Mt Melbourne 0,6 143 0,9 171 0,5 112McMurdo 0,5 355 0,2 311 0,5 168P.O. Mts 2,9 221 2,8 212 1,2 233E.C.R. 0,8 354 1,0 10 0,5 75Mont Ulmer 0,5 222 0,4 291 1,5 229Indep. Hills 2,1 285 1,3 285 1,1 229O’Higgins 1,0 70 0,8 66 0,6 191Massif de Dufek 1,7 101 1,2 120 1,0 140Basen 1,0 216 0,7 209 1,0 235TAB. II.4 - Vitesses visco-élastiques horizonta<strong>le</strong>s_<strong>le</strong>n 12 sites antarctiques situés sur la calotte terrestre, pour troisscénarios différents de la dernière déglaciation. Les mouvements sont en mm/an. P.O. Mts = Monts du Prince Olav,E.C.R. = Executive Committee Range. Les sites en gras sont ceux où sont installées des stations GPS permanentes.(James et Ivins 1998)3G et(D91), sur <strong>le</strong>s sites déjà utilisés dans la partie 2.2.. Pour la réponse au modè<strong>le</strong> ICE-3G, <strong>le</strong> pic desvitesses horizonta<strong>le</strong>s est situé autour de la plate-forme de Ross, avec des vitesses de plus de 3 mm/an ouà l’extrémité Nord-Est de la Péninsu<strong>le</strong>, où <strong>le</strong>s vitesses dépassent 2 mm/an. Leur amplitude représente environ1/9 de cel<strong>le</strong> des vitesses vertica<strong>le</strong>s prédites par <strong>le</strong> même modè<strong>le</strong> de déglaciation. Certaines portionsdes Montagnes Transantarctiques sont affectées par des mouvements horizontaux de plus de 3 mm/an,et comme <strong>le</strong>s aff<strong>le</strong>urements rocheux sont nombreux dans cette partie du continent, ces vitesses pourraientêtre mesurée par des stations GPS.Dans <strong>le</strong> cas des vitesses horizonta<strong>le</strong>s prédites par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de déglaciation((D91), <strong>le</strong>s vitesses maximumsont obtenues sur <strong>le</strong>s marges de la partie Sud de la Péninsu<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong>s ne dépassent pas 2 mm/an. Lemouvement général se traduit par une contraction sur la majeure partie de la calotte Est, de même quepour la réponse au modè<strong>le</strong> ICE-3G, mais la tendance s’inverse autour du Pô<strong>le</strong> (<strong>le</strong> point central de la chargedu dernier maximum glaciaire), avec une dilatation.Dans tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s prédites demeurent très faib<strong>le</strong>s. Les quelques sites répertoriésoù el<strong>le</strong>s dépassent <strong>le</strong> mm/an montrent trop de similitudes entre <strong>le</strong>s réponses à ces modè<strong>le</strong>s (ICE-3G,((LC79))et((D91))) pour que des mesures, mêmes continues sur plusieurs années, puisse servir à discriminer.Rappelons que ces modè<strong>le</strong>s utilisent des rhéologies terrestres très voisines <strong>le</strong>s unes des autres, et sontfondés sur des histoires de déglaciation très similaires.61


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.2.5. Les paramètres de rhéologie terrestre.Le profil de viscosité utilisé dans l’élaboration des modè<strong>le</strong>s ICE-3G et ICE-4G est de 1021Pas pour <strong>le</strong>manteau supérieur et de 2 1021Pas pour <strong>le</strong> manteau inférieur (Peltier 1994). On a vu que ces va<strong>le</strong>urs sontsoumises à caution (Lambeck et al. 1996), et que d’autres modè<strong>le</strong>s de déglaciation ont été élaborés à partirde rhéologies plus contrastées (Nakada et Lambeck 1989), par exemp<strong>le</strong> 2 1020Pas pour <strong>le</strong> manteau supérieuret 1022Pas pour <strong>le</strong> manteau inférieur. Ces modè<strong>le</strong>s n’ont malheureusement pas servi de base à descalculs de mouvements verticaux actuels. Une étude des effets de la variation du profil de viscosité sur<strong>le</strong>s mouvements déduits du modè<strong>le</strong> ICE-3G sur <strong>le</strong> site de Prince Olav a néanmoins été effectuée (Jameset Ivins 1998). La figure II.16 présente <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s de remontée à Prince Olav en fonction de laFIG. II.16 - Vitesses vertica<strong>le</strong>s au site de Prince Olav (en mm/an), à partir du modè<strong>le</strong> de déglaciation ICE-3G (Tushinghamet Peltier 1991) et pour différentes va<strong>le</strong>urs de viscosité du manteau supérieur (ordonnée) et du manteauinférieur (abscisses). Les deux échel<strong>le</strong>s sont logarithmiques, <strong>le</strong> profil de viscosité standard de (Tushingham et Peltier1991), 1021Pas et 2 1021Pas, est repéré par <strong>le</strong> point noir. Les petits traits sur <strong>le</strong>s axes des abscisses et des ordonnéescorrespondentà 2 fois et 5 fois <strong>le</strong>s marques principa<strong>le</strong>s. (James et Ivins 1998).viscosité dans <strong>le</strong> manteau supérieur (variant entre 1020et 5 1021Pas) et de la viscosité dans <strong>le</strong> manteauinférieur (variant entre 1021et 7 1022Pas). On constate que des variations de viscosité importantes dans<strong>le</strong> manteau inférieur n’affectent que très peu la vitesse vertica<strong>le</strong> à Prince Olav, ce qui s’explique assez bienpar <strong>le</strong> caractère local de la décharge massique importante qui provoque la remontée. L’influence de la viscositédu manteau supérieur est plus importante, et pour des viscosités inférieures à 2 1020Pas la vitessevertica<strong>le</strong> passe de 18 mm/an à 10 mm/an.La va<strong>le</strong>ur moyenne de 1021Pas pour la viscosité du manteau n’est peut-être pas adaptée au cas de l’AntarctiqueOuest. El<strong>le</strong> a été retenue à cause d’études sur <strong>le</strong>((rebond post-glaciaire)dans l’hémisphère Nord,mais la Fennoscandie comme <strong>le</strong>s Laurentides reposent sur des soc<strong>le</strong>s stab<strong>le</strong>s datant de l’Archéen, alorsque l’Ouest de l’Antarctique se comporte comme un rift sur une surface comparab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> du((Basin andRange))américain ou du rift Est-Africain (Behrendt et al. 1991). La formation des Montagnes Transantarctiques,modélisée par ten Brink et al. (1997) comme un mécanisme thermique, implique des températuresé<strong>le</strong>vées dans la lithosphère et <strong>le</strong> manteau supérieur sous l’Antarctique Ouest, comme cela a été récemmentconfirmé par l’étude tomographique de Roult et al. (1994). Ivins et Sammis (1995) ont converti <strong>le</strong>smodè<strong>le</strong>s d’anomalies de vitesses sismiques en variations latéra<strong>le</strong>s de viscosité, et obtiennent une viscositéà la profondeur de 350 km sous l’Antarctique Ouest jusqu’à deux ordres de grandeur plus faib<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong>du manteau supérieur sous la Fennoscandie.62


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.La partie Est de l’Antarctique ne présente pas <strong>le</strong>s mêmes systèmes de rift que la partie Ouest, et il est probab<strong>le</strong>que <strong>le</strong> manteau supérieur sous l’Est antarctique soit plus froid et plus visqueux (Stern et ten Brink1989). Les Montagnes Transantarctiques constituent une frontière tectonique entre la partie Est et la partieOuest de l’Antarctique, et il est possib<strong>le</strong> que la viscosité du manteau supérieur soit plus é<strong>le</strong>vée sous <strong>le</strong>ssites de Prince Olav ou de Dufek que sous <strong>le</strong>s sites de la partie Ouest comme Executive Committee Range,impliquant des vitesses vertica<strong>le</strong>s plus importantes.2.6. La chronologie de la déglaciation.La différence importante (près de 40%) dans l’amplitude généra<strong>le</strong> des mouvements verticaux préditspar <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-4G et(D91))d’une part et ICE-3G et(LC79))d’autre part réside certainement en partiedans la différence de masse glaciaire prise en compte par ces modè<strong>le</strong>s lors du dernier maximum glaciaire.El<strong>le</strong> peut aussi être expliquée par la différence de chronologie des modè<strong>le</strong>s : la déglaciation commence ily a 12 000 ans et se termine il y a 5000 ans pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-4G et((D91), et se dérou<strong>le</strong> entre -9000 anset -4000 ans pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-3G et((LC79). Une étude réalisée à partir du modè<strong>le</strong> de charge((LC79)démontre assez bien l’influence de la chronologie sur <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s prédites (James et Ivins 1998).La figure II.17 présente <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s obtenues sur <strong>le</strong> site de Prince Olav à partir de la variationde charge de((LC79)), en fonction de la date de début de déglaciation et de la date de fin de déglaciation.La vitesse vertica<strong>le</strong> à Prince Olav est supérieure à 10 mm/an pour un large échantillon chronologiesFIG. II.17 - Vitesses vertica<strong>le</strong>s au site de Prince Olav (en mm/an), à partir de la différence de charge de(LC79)(Ling<strong>le</strong> et Clark 1979) en faisant varier la chronologie de la déglaciation. La date de début de déglaciation est en abscisse,l’échel<strong>le</strong> est en milliers d’années à partir de l’époque actuel<strong>le</strong>, la date de fin de déglaciation est en ordonnée. Leschronologies des deux modè<strong>le</strong>s ICE-3G et ICE-4G sont éga<strong>le</strong>ment indiquées par <strong>le</strong>s carrés noirs (James et Ivins 1998).de déglaciation, puisqu’il faudrait que la diminution de la calotte Antarctique commence il y a 18 000 anset ne se poursuive pas au delà de 4000 ans avant l’époque actuel<strong>le</strong> pour obtenir des vitesses inférieuresà 10 mm/an. En fait, il est très probab<strong>le</strong> que la moitié au moins de la déglaciation antarctique ait eu lieupendant l’Holocène (depuis 10 000 ans) ce qui implique des vitesses vertica<strong>le</strong>s actuel<strong>le</strong>s à Prince Olav supérieuresou éga<strong>le</strong>s à 9 mm/an.Des ajustements des chronologies retenues dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-3G ou ICE-4G peuvent être nécessaires.Par exemp<strong>le</strong>, sur la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique, il semb<strong>le</strong>rait que la couverture de glace ait été stab<strong>le</strong> depuisenviron 6500 ans (Clapperton et Sudgen 1982), donc que même la chronologie du modè<strong>le</strong> ICE-4G est encoretrop tardive. Un ajustement conduirait, d’après la figure II.17, à une vitesse actuel<strong>le</strong> de remontée sur<strong>le</strong> site de Prince Olav de 10 mm/an seu<strong>le</strong>ment, supposant que la déglaciation commençait il y a 13 000ans, pour se terminer il y a 6500 ans.Une autre indication sérieuse sur la chronologie effective de la déglaciation en Antarctique est fournie63


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.par des forages récents, qui permettent de déce<strong>le</strong>r et de dater un événement de type(Younger Dryas))dans l’hémisphère Sud. Ce phénomène, bien connu dans l’hémisphère Nord, a été mis en évidence grâceaux datations améliorées des calottes pré<strong>le</strong>vées au Groenland, notamment GRIP (Johnsen et al. 1992) etGISP2 (Al<strong>le</strong>y et al. 1993). Il s’agit d’une chute des températures, au milieu du réchauffement global de ladernière déglaciation, qui a commencé il y a environ 14 000 ans pour se terminer entre 11 500 et 11 200 ansavant l’époque actuel<strong>le</strong>, par la reprise du réchauffement. Cette((mini ère glaciaire)venant interrompre ladéglaciation semb<strong>le</strong> avoir eu son pendant dans l’hémisphère Sud. L’analyse du contenu en deutérium eten poussières du forage récent au Dôme B vient confirmer <strong>le</strong>s résultats déjà obtenus grâce à des travauxsemblab<strong>le</strong>s au Dôme C et à Vostok (Jouzel et al. 1995). La figure II.18 présente une comparaison entre <strong>le</strong>sconcentrations en poussières re<strong>le</strong>vées au Dôme B et cel<strong>le</strong> du forage GRIP du Groenland. La chronologie dela déglaciation y apparaît différente au Groenland et en Antarctique : <strong>le</strong> refroidissement observé au DômeB commence aux a<strong>le</strong>ntours de -14 000 ans, mais se termine vers 12 500 ans ou 13 000 ans avant la périodeactuel<strong>le</strong> par une reprise bruta<strong>le</strong> de l’augmentation des températures (Jouzel et al. 1995). Il semb<strong>le</strong> doncraisonnab<strong>le</strong> de considérer que la déglaciation antarctique s’est faite en deux étapes, un premier réchauffementse produisant entre -16 500 et -14 000 ans, un second entre -13 000 et -7000 ans. L’événement froidainsi observé se produit dans l’hémisphère Sud avec environ 1000 ans d’avance sur <strong>le</strong>((Younger Dryas))de l’hémisphère Nord. Cette chronologie déduite des analyses effectuées au Dôme C, au Dôme B et à Vostok,situés sur la partie Est de la calotte Antarctique, est en accord avec <strong>le</strong>s observations effectuées sur laPéninsu<strong>le</strong> Antarctique.La conclusion d’une confrontation des modè<strong>le</strong>s de(rebond post-glaciaire)et de <strong>le</strong>ur chronologie supposée(plutôt tardive, même pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-4G et((D91))), avec <strong>le</strong>s observations glaciologiques,conduit à avancer de 1000 à 2000 ans la déglaciation en Antarctique. Cela devrait se traduire par des vitessesvertica<strong>le</strong>s inférieures d’environ 20%àcel<strong>le</strong>s prédites par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-4G et(D91)), et d’environ40%àcel<strong>le</strong>s prédites par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-3G et(LC79)(voir la figure II.17 et <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.3).64


x2. MODÈLES DE DÉGLACIATION ET CALCUL DE MOUVEMENTS SUR L’ANTARCTIQUE.FIG. II.18 - Concentrations de poussières en fonction du temps pour <strong>le</strong> forage GRIP du Groenland (en haut) et <strong>le</strong>forage du Dôme B en Antarctique Est. La ligne vertica<strong>le</strong> indique <strong>le</strong> début du(Younger Dryas)dans l’hémisphèreNord, <strong>le</strong>s dates sont en milliers d’années depuis l’époque actuel<strong>le</strong>. La courbe du bas représente une évaluation de ladéglaciation en M de km3par sièc<strong>le</strong> (Jouzel et al. 1995).65


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.3. Le cas particulier de l’Antarctique : calotte glaciaire.Il existe une autre méthode de modélisation de la réponse de la croûte terrestre à une variation importantede masse de la calotte antarctique, développée par <strong>le</strong>s glaciologues pour des objectifs un peudifférents. El<strong>le</strong> part de la constatation basique que contrairement aux calottes glaciaires disparues de l’hémisphèreNord, la calotte antarctique est toujours présente, et toujours en évolution. Plutôt que d’essayerd’évaluer, par des méthodes peu contraintes, la quantité de glace qui a disparu, puis de reprendre <strong>le</strong> résultatafin de calcu<strong>le</strong>r la compensation visco-élastique qui en résulte, on peut considérer la calotte de glace etla Terre solide comme un ensemb<strong>le</strong> d’éléments évoluant en interaction, auquel on applique un forçage extérieur(variations de températures ou du niveau des mers). On obtient comme résultats directs aussi bienla variation de la masse de glace de la calotte, avec sa chronologie, que <strong>le</strong>s mouvements de compensationcrustaux associés. Ce modè<strong>le</strong> est sensib<strong>le</strong> au même type de paramètres que <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de(rebond postglaciaire))évoquésprécédemment, en particulier la rhéologie, aussi faut-il rester très attentif à la façondont la réponse isostatique terrestre est prise en compte dans la simulation. Ce type de modè<strong>le</strong> a jusqu’àprésent été développé par des glaciologues, beaucoup plus intéressés par l’évolution de la calotte quepar la réponse terrestre, qui ont tendance à simplifier à l’extrême, ou à négliger pûrement et simp<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> comportement terrestre. Or, l’ordre de grandeur du mouvement vertical isostatique visqueux n’est pasnégligeab<strong>le</strong> devant l’épaisseur de la glace, puisqu’il atteint un tiers, sur des constantes de temps il est vraiassez longues. Quand on s’intéresse aux variations de la morphologie de la calotte (et la réponse terrestreassociée) sur des échel<strong>le</strong>s de temps comparab<strong>le</strong>s à cel<strong>le</strong>s des cyc<strong>le</strong>s glaciaires (20 000 à 100 000 ans), faisantclairement appel à des mécanismes visco-élastiques, la réaction doit donc intervenir de manière préciseet réaliste prenant en compte non seu<strong>le</strong>ment la dynamique de la calotte, mais l’ensemb<strong>le</strong> des interactionsde la glace avec <strong>le</strong> milieu extérieur.3.1. Les modè<strong>le</strong>s des glaciologues.Ce type de modè<strong>le</strong>s s’est largement répandu au cours des années 1980, grâce aux progrès réalisésdans la connaissance de la topographie de la couche de glace et du sol du continent Antarctique (Budd etSmith 1982), et aux premières interrogations quant à l’évolution actuel<strong>le</strong> de la calotte, et en particulier lastabilité de la calotte Ouest (Weertman 1974), (Whillans 1976). Ils considèrent la masse de glace évoluantdans son environnement, soumise à des effets extérieurs atmosphériques, océaniques, terrestres. Lemodè<strong>le</strong> peut être soumis à un forçage à long terme (plusieurs cyc<strong>le</strong>s glaciaires) comme nous allons <strong>le</strong>voir dans cette partie, ou à beaucoup plus court terme, dans un but prospectif, ce qui sera évoqué dans<strong>le</strong> chapitre suivant.3.1.1. Equilibre d’une calotte terrestre.Le cas évoqué ici est celui d’une calotte terrestre générique. Comme indiqué par la figure II.19,un des facteurs influençant <strong>le</strong> comportement d’une calotte terrestre est sa position relative à la ligned’équilibre. On appel<strong>le</strong> ainsi la limite thermique dépendant de la latitude et de l’altitude, entre la zoned’accumulation, où la calotte ne fond pas, mais est affectée par des précipitations sous forme solide(neige, cristaux de glace) qui viennent accroître sa masse, et la zone d’ablation, où <strong>le</strong>s températures sontsuffisamment é<strong>le</strong>vées pour provoquer une fonte partiel<strong>le</strong>. La première conséquence de l’effet isostatiqueest un déplacement de la calotte dans son champ de température, modifiant en conséquence la positionde la ligne d’équilibre.Le cas de la calotte Antarctique est un peu particulier, puisque la zone d’ablation n’existe que sur cer-66


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.Ablation Accumulation AblationLigne d’equilibreSudNordSans isostasie.Ablation Accumulation AblationLigne d’equilibreSudNordAvec isostasie.FIG. II.19 - Schéma générald’une calotte et des effets de l’isostasie sur sa position relative à la ligne d’équilibre, dans<strong>le</strong> cas de l’application d’une charge. La réponse isostatique correspond ici à un enfoncement.taines régions très restreintes (la Péninsu<strong>le</strong>), et pendant l’été. Les modifications apportées par l’isostasiesur ce point précis sont minimes. Par contre, <strong>le</strong> déplacement dans <strong>le</strong> champ de température peut avoirdes conséquences sur la physique de la glace, essentiel<strong>le</strong>mentT2e22;47273;16(1enT01T)surface, dans la zone d’influence destempératures à l’air libre, modifiant la dynamique des flux glaciaires.Des tests de sensibilité <strong>le</strong> long de flux glaciaires en Antarctique Est (Huybrechts et Oer<strong>le</strong>mans 1988)montrent que <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> exercé par <strong>le</strong> champ thermique externe semb<strong>le</strong> important principa<strong>le</strong>menten surface et sur <strong>le</strong>s bords de la calotte, <strong>le</strong>s variations de température au centre étant essentiel<strong>le</strong>mentdépendantes du bilan radiatif.L’effet d’une variation des températures se fait par contre sentir avec plus d’influence sur <strong>le</strong>s taux d’accumulation.La température contrô<strong>le</strong> la pression de vapeur saturante au dessus de la couche d’inversion,et cette pression détermine la quantité d’eau précipitée sous forme solide à la surface de la calotte. Plusprécisément, siAcc(T)désigne <strong>le</strong> terme d’accumulation pour la températureT, on a d’après (Lorius et al.ce qui représente <strong>le</strong>s fluctuations de l’accumulation pour une températureTdifférente de la températurede référence (par ex. actuel<strong>le</strong>)T0. Cette températureTau niveau de la couche d’inversion semb<strong>le</strong> êtrereliée à la température de surfacetpar une relation linéaire,T=0;67t+88;9, où <strong>le</strong>s températures sontexprimées en K. Le calcul précis de l’évolution des précipitations suppose l’utilisation d’un modè<strong>le</strong> decirculation atmosphérique (GCM). On verra dans <strong>le</strong> chapitre suivant que certaines modélisations decalottes à court terme en tiennent compte, mais pour des effets à grande échel<strong>le</strong>, sur des périodes deplusieurs cyc<strong>le</strong>s glaciaires, ces formu<strong>le</strong>s empiriques suffisent aux glaciologues.1985) :Acc(T)=Acc(T0)T2067


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.Le passage de conditions interglaciaires à des conditions glaciaires, simulé par un abaissement destempératures de surface de 10oC, ne se répercute pas immédiatement sur l’intérieur de la calotte. La glaceétant un très bon isolant thermique, la température à la base de la calotte est contrôlée par l’advection aucentre, par <strong>le</strong>s mécanismes de dissipation sur <strong>le</strong>s bords, beaucoup plus que par la température extérieure.Indépendamment de la position de la calotte dans <strong>le</strong> champ de températures, et <strong>le</strong>s conséquencesdirectes ou indirectes que l’on vient d’évoquer, l’isostasie a des effets sur <strong>le</strong> comportement physique dela calotte. Dans <strong>le</strong> cas des grosses calottes, comme l’Antarctique, la dynamique de l’écou<strong>le</strong>ment de laglace depuis la zone d’accumulation au sommet de la calotte jusqu’à ses limites externes dépend trèsfortement de la topographie du sous-sol et de la topographie de la glace de la calotte. En fonction de laprécision souhaitée, il faudra prendre en compte l’évolution de ces écou<strong>le</strong>ments de façon dynamique.Les mouvements visco-élastiques de la croûte modifient la topographie du sous-sol, et peuvent avoir desconséquences importante sur la vitesse et l’orientation des écou<strong>le</strong>ments.Si l’on se borne strictement aux effets concernant une calotte terrestre, il semb<strong>le</strong>rait que <strong>le</strong>s variationsde températures seu<strong>le</strong>s, sur plusieurs cyc<strong>le</strong>s glaciaires, voient <strong>le</strong>urs effets directs équilibrés par ceux de<strong>le</strong>urs effets secondaires déjà évoqués (isostasie, modification du régime de précipitations). Cela amènecertains auteurs à considérer que <strong>le</strong>s changements qui affectent une calotte strictement terrestre sont minimesdevant <strong>le</strong>s effets dus aux interactions avec l’océan (Huybrechts 1990a). Le comportement d’une calotteserait influencé beaucoup plus par la variation du niveau des mers que par cel<strong>le</strong> des températures desurface, ce qui justifie p<strong>le</strong>inement l’utilisation de modè<strong>le</strong>s soumis à des forçages de variations eustatiques,plutôt que des forçages climatiques. Cela permet éga<strong>le</strong>ment d’expliquer la variation plus importante dela calotte Ouest Antarctique par rapport à la calotte Est depuis <strong>le</strong> dernier maximum glaciaire . Cela signifieenfin que <strong>le</strong>s mécanismes essentiels à prendre en compte dans l’étude des calottes concernent plutôt<strong>le</strong>s interactions de la partie marine de la calotte avec l’océan que cel<strong>le</strong>s de sa partie terrestre avec l’atmosphèreet la Terre solide.Ces considérations sont malgré tout à prendre avec précautions : la variation relative de la calotte Ouestest beaucoup plus importante que cel<strong>le</strong> de la calotte Est, mais <strong>le</strong>s différences de surface et d’épaisseur desdeux parties font qu’une variation légère, de quelques dizaines de mètres, dans l’épaisseur de la calotteEst a des conséquences importantes sur la position de la croûte et <strong>le</strong> niveau des mers. Une perte d’1 % desa masse suffirait à provoquer une élévation du niveau des mers de 60 cm (Huybrechts 1990a).3.1.2. Equilibre d’une calotte marine.La plupart des écou<strong>le</strong>ments glaciaires aboutissent à des plates-formes flottantes, par <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s s’évacuela glace sous forme d’icebergs. La configuration de ces plates formes est régie au premier ordre par laposition de la ligne d’échouage, qui sépare la portion de glace terrestre (exerçant un poids sur la croûteterrestre) de la glace flottante. Cette position dépend du niveau des mers, mais aussi de la bathymétrieloca<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> reflète la situation relative de la portion de glace et du soc<strong>le</strong>. Si l’on désigne parHrl’épaisseurde la plate-forme au niveau de la ligne d’échouage, il existe une profondeurPr=g=eHren deça delaquel<strong>le</strong> la glace ne peut plus flotter et s’échoue (ereprésente la densité de l’eau,gla densité de la glace)La compensation isostatique, produisant un abaissement du fond sous-marin, va faire recu<strong>le</strong>r enconséquence la position de la ligne d’échouage vers l’intérieur de la calotte posée. L’ordre de grandeurde cet effet est très variab<strong>le</strong>, en fonction de la topographie loca<strong>le</strong>. Si <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> sous la bordure de la calotteproche de la ligne d’échouage présente très peu de relief, une variation isostatique de quelques dizainesde mètres pourra se traduire par un déplacement de la ligne d’échouage de plusieurs km vers l’intérieur68


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.de la côte.Inversement, une remontée de la croûte au voisinage de la plate-forme pourra la faire s’échouer, àcondition qu’el<strong>le</strong> soit d’épaisseur suffisante (quelques centaines de m), se transformant en calotte posée,et s’épaississant jusqu’à plus de 1000 m (Le Meur et Huybrechts 1996). Ainsi, la plate-forme actuel<strong>le</strong>de la mer de Ross pourrait très bien, une fois achevé <strong>le</strong> soulèvement visco-élastique sous sa surface, setransformer en glace terrestre.La transition entre la glace posée (en général sous forme d’écou<strong>le</strong>ments) et <strong>le</strong>s plates-formes est l’undes points <strong>le</strong>s plus délicats à prendre en compte dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de calottes. Le champ de vitesse semodifie, passant d’unidirectionnel dans l’écou<strong>le</strong>ment à un champ divergent où <strong>le</strong>s contraintes longitudina<strong>le</strong>sdominent (Huybrechts 1990a). Les modélisations <strong>le</strong>s plus récentes utilisent une résolution supérieuredans cette zone, car il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s effets importants de changement des contraintes ou de variationsde configuration de la glace se produisent à une échel<strong>le</strong> inférieure à la résolution de certains modè<strong>le</strong>s(plusieurs dizaines de km).Une étude ne portant que sur la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique, zone restreinte et sur laquel<strong>le</strong> on dispose d’informationsnombreuses, montre la sensibilité relative d’une calotte marine aux différents paramètres (Payneet al. 1989). La topographie affecte <strong>le</strong> comportement de la calotte en introduisant des seuils de stabilité.Le contrô<strong>le</strong> du modè<strong>le</strong> revient, d’après <strong>le</strong>s auteurs, aux variations du niveau des mers et du taux de fontesous <strong>le</strong>s plates-formes. A la différence de la partie Est de la calotte, il ne semb<strong>le</strong> pas que <strong>le</strong> taux d’accumulationbaisse sensib<strong>le</strong>ment lors de la simulation d’un cyc<strong>le</strong> glaciaire.3.2. Comportement de la calotte Antarctique.Cette partie recense <strong>le</strong>s différents modè<strong>le</strong>s échaffaudés par <strong>le</strong>s glaciologues pour reproduire <strong>le</strong> comportementd’une calotte, adaptés au cas particulier de l’Antarctique. On a séparé ces résultats en deuxparties, concernant l’une la calotte Est qui peut être modélisée par une calotte terrestre, l’autre la calotteOuest, où la simulation doit être menée avec prudence, pour des raisons déjà évoquées. Les résultats exposésici ne concernent que <strong>le</strong> volume de glace, <strong>le</strong>s mouvements de la croûte (déplacement total ou vitessevertica<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>) seront exposés une fois pris en compte <strong>le</strong> comportement visco-élastique de la Terre defaçon réaliste.3.2.1. Calotte terrestre, modè<strong>le</strong> de la partie Est.Les modè<strong>le</strong>s de calottes terrestres, partant de conditions initia<strong>le</strong>s légèrement déséquilibrées, et livrésà eux mêmes sans prise en compte de l’isostasie ni forçage climatique externe évoluent naturel<strong>le</strong>mentjusqu’à un état stationnaire, avec des constantes de temps de quelques milliers d’années. Dans tous <strong>le</strong>scas, <strong>le</strong>s simulations sont menées sur plusieurs cyc<strong>le</strong>s glaciaires.Partant d’une configuration supposée de la calotte au dernier maximum glaciaire, Al<strong>le</strong>y et Whillans(1984) lui appliquent un forçage de variation du niveau des mers linéaire entre 15 000 ans et 5000 ansavant notre époque. La difficulté est de prendre en compte de façon réaliste la différence des paramètrescontrôlant son évolution pendant une période glaciaire avec <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur actuel<strong>le</strong>. La superficie de lacalotte Est est supposée s’étendre entre 75 et 90 km en dehors de ses marges actuel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> niveau desmers est inférieur de 100 m à sa position présente, la plus grosse incertitude concerne la variation dutaux d’accumulation. Les résultats de ce modè<strong>le</strong> simp<strong>le</strong>, qui ne prend en compte ni l’isostasie, ni <strong>le</strong>smécanismes de frottement au niveau du soc<strong>le</strong>, ni même la topographie sous la glace, montrent unamincissement de la couche de glace d’environ 75 m au niveau du Dôme C. Les constantes de temps des69


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.variations observées sont plus longues à l’intérieur de la calotte qu’au bord des côtes, ce qui peut résulteren partie du type de forçage utilisé.Des résultats différents sont obtenus par Huybrechts et Oer<strong>le</strong>mans (1988), avec un forçage climatiquesur un modè<strong>le</strong> de calotte plus comp<strong>le</strong>t. La température est augmentée de 10oC à -10 000 ans,et <strong>le</strong> taux d’accumulation évolue en conséquence. Une attention particulière est accordée aux mécanismesde conduction thermique horizonta<strong>le</strong> ou vertica<strong>le</strong> à l’intérieur de la glace. Les auteurs montrentque cette transition commence par produire une augmentation de 95 m de l’épaisseur de la couchede glace à Vostok, l’effet de l’augmentation des précipitations dépassant celui du réchauffement, etprovoquant une légère diminution de la température basa<strong>le</strong>. La première partie de l’état de transitionglaciaire/interglaciaire est dominée par l’augmentation du taux d’accumulation, menant à unépaississement de la calotte, après quoi <strong>le</strong>s effets du réchauffement se font sentir, reéquilibrant sonévolution. Les constantes de temps caractéristiques de l’évolution de la calotte sont différentes à l’intérieur(10 000 ans) et sur <strong>le</strong>s bords de la calotte (1000 ans), où cette évolution est plus influencée par l’océan.Un des modè<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus comp<strong>le</strong>ts (Huybrechts 1990a), prend en compte <strong>le</strong>s différentes interactions dela calotte avec son environnement : modè<strong>le</strong> mécanique de l’écou<strong>le</strong>ment, topographie détaillée, conditionsaux limites au niveau du soc<strong>le</strong>, de la transition avec <strong>le</strong>s plates-formes, variations thermiques et modè<strong>le</strong>simp<strong>le</strong> de la réaction isostatique. La fonte à la base des plates-formes est par contre négligée. La calotte,d’une résolution de 40 km, décomposée vertica<strong>le</strong>ment selon 10 couches d’éga<strong>le</strong> épaisseur, est soumise àun forçage climatique et eustatique jusqu’à atteindre un état stationnaire, sur 100 000 ans. Son évolutiondans des conditions glaciaires (températures inférieures de 10oC aux va<strong>le</strong>urs actuel<strong>le</strong>s, niveau des mersinférieur de 130 m, taux d’accumulation à 50-60 % de sa va<strong>le</strong>ur présente) apparaît dominée par <strong>le</strong>s variationseustatiques : la diminution du taux d’accumulation vient contrebalancer l’effet de l’abaissementdes températures. La variation la plus importante est observée sur la calotte Ouest, principa<strong>le</strong>ment dans<strong>le</strong>s régions de la plate-forme de Filchner-Ronne, qui semb<strong>le</strong> plus sensib<strong>le</strong> que la plate-forme de Ross audéplacement de sa ligne d’échouage. Les variations d’épaisseur de glace sur <strong>le</strong> plateau Est Antarctiquene dépassent pas 100 m. Les auteurs suggèrent que cette prédominance de l’influence eustatique sur <strong>le</strong>svariations de la calotte renforce l’hypothèse selon laquel<strong>le</strong> la déglaciation dans l’hémisphère Sud auraitété influencée sinon déc<strong>le</strong>nchée par cel<strong>le</strong> de l’hémisphère Nord, par <strong>le</strong> biais de l’évolution du niveau desmers. Cela confirmerait l’idée d’un décalage de chronologie entre <strong>le</strong>s deux déglaciations (voir la partie2.6.).Ces modè<strong>le</strong>s de calotte terrestre, qui peuvent simu<strong>le</strong>r de façon réaliste <strong>le</strong> comportement de la partie Estde la calotte Antarctique, inspirent plusieurs commentaires. Tout d’abord, <strong>le</strong>s résultats des modè<strong>le</strong>s appliquésà l’Antarctique sont cohérents pour indiquer une variation de l’épaisseur de la glace depuis <strong>le</strong> derniermaximum glaciaire d’environ 100 m, peut-être moins. L’évolution n’est pas linéaire, avec sur l’intérieurdu continent une augmentation de l’épaisseur de glace juste après <strong>le</strong> début de la déglaciation, avant quela tendance ne s’inverse. La calotte Est apparaît donc très stab<strong>le</strong> par rapport à une variation de température.Par contre, ils s’accordent sur une influence plus importante de la part des variations du niveau desmers : même pour une calotte terrestre, <strong>le</strong>s mécanismes d’interaction avec l’environnement marin apparaissentplus importants que <strong>le</strong>s variations des températures terrestres. La différence des constantes detemps propres de la calotte entre son intérieur et ses marges confirme l’importance de l’influence océanique: la glace réagit plus rapidement, de manière plus instab<strong>le</strong>, en bordure des côtes. C’est là qu’il fauts’attendre aux effets <strong>le</strong>s plus importants, d’autant que la prise en compte de l’influence exacte des variationsocéaniques reste un point faib<strong>le</strong> des modè<strong>le</strong>s des glaciologues.70


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.3.2.2. Stabilité de la calotte Ouest Antarctique?Le comportement de la calotte Ouest nécessite une modélisation plus comp<strong>le</strong>xe que celui d’unecalotte terrestre, en ce qui concerne <strong>le</strong>s interactions avec <strong>le</strong> milieu marin (topographie du soc<strong>le</strong> situésous <strong>le</strong> niveau de la mer, physique des écou<strong>le</strong>ments, couche de sédiments jouant <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de lubrifiant)Le forçage climatique devra comprendre <strong>le</strong>s variations des températures de surface (conditionnantl’accumulation) mais surtout du niveau des mers (gouvernant la position de la ligne d’échouage).A partir de conditions initia<strong>le</strong>s glaciaires (calotte dans l’état stationnaire, température inférieure de10oC à la va<strong>le</strong>ur actuel<strong>le</strong>, niveau des mers inférieur de 120 m), une simulation sur une dizaine de cyc<strong>le</strong>sglaciaires (soit 1 Ma environ) produit 3 effondrements comp<strong>le</strong>ts de la calotte (MacAyeal 1992), à 190 000ans, 330 000 ans et 750 000 ans après <strong>le</strong> début du cyc<strong>le</strong> (voir figure II.20). Si l’on soumet la calotte à unetransition très rapide entre un état glaciaire et un état interglaciaire (variation de température de 10oC,du niveau des mers de 120m), <strong>le</strong> temps de réponse avant l’état d’équilibre est d’environ 50 000 ans, avecplusieurs variations irrégulières. Ce temps de réponse très long, et <strong>le</strong> caractère chaotique des variationsqui précèdent l’état stationnaire amènent <strong>le</strong>s auteurs à conclure que <strong>le</strong> comportement actuel de la calotteOuest peut être conditionné plutôt par <strong>le</strong>s variations climatiques survenues depuis <strong>le</strong> dernier maximumglaciaire que par un réchauffement récent, et semb<strong>le</strong> en tout cas très peu prévisib<strong>le</strong>.Les effondrements obtenus lors de la modélisation apportent des arguments aux partisans de l’instabilitéstructura<strong>le</strong> de la calotte Ouest (Weertman 1974). Ils correspondent éga<strong>le</strong>ment à des observations récentesde dépots sédimentaires qui montrent que la calotte Ouest s’est effondrée entièrement au moins une foisdepuis <strong>le</strong> Pléistocène, probab<strong>le</strong>ment lors d’une période chaude il y a 400 000 ans (Scherer et al. 1998).Sur la Péninsu<strong>le</strong>, un des résultats principaux d’une modélisation sur une déglaciation seu<strong>le</strong>ment, estFIG. II.20 - Variations du niveau des mers (en haut) et épaisseur de la couche sédimentaire entre la base des écou<strong>le</strong>mentset <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> rocheux (en bas) quand la calotte Ouest est soumise à une brusque transition entre des conditionsglaciaires et interglaciaires (MacAyeal 1992)la très grande sensibilité aux variations océaniques, par opposition aux paramètres climatiques (Payneet al. 1989). Sur cette partie de la calotte Ouest, <strong>le</strong> comportement de la calotte montre peu de différencede taux d’accumulation entre une période de glaciation et une période interglaciaire, ce qui implique unedifférence majeure avec la partie Est de la calotte, où l’accumulation diminue d’environ 50 % pendant lapartie glaciaire du cyc<strong>le</strong>. Au maximum glaciaire, la forme de la calotte est assez simp<strong>le</strong>, avec un dômed’environ 2500 m d’épaisseur, centré à l’extrémité Sud de la baie George VI. Les deux écou<strong>le</strong>ments principauxse trouvent, l’un au Nord de la baie George VI, l’autre à l’Ouest de l’î<strong>le</strong> A<strong>le</strong>xander, qui progressent,71


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.d’après <strong>le</strong> champ de vitesse, à 400-500 m/an et plus de 700 m/an, respectivement. La décroissance de lasurface de cette calotte se produit très rapidement dès <strong>le</strong> début de la déglaciation, augmentant <strong>le</strong> vitessedes écou<strong>le</strong>ments qui contribuent à la décroissance de l’intérieur. 7000 ans avant l’époque actuel<strong>le</strong>, lacalotte a perdu 45 % de son volume, mais seu<strong>le</strong>ment 22 % de sa surface. L’effondrement se poursuitjusqu’à 6500 ans avant notre ère, date à laquel<strong>le</strong> la calotte atteint un état proche de sa configurationactuel<strong>le</strong>, et où <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>ments de George VI et l’î<strong>le</strong> A<strong>le</strong>xander disparaissent.Contrairement aux modè<strong>le</strong>s de calotte terrestre, peu de cohérence se dégage des études de calottesmarines. Les auteurs insistent sur l’importance d’un rendu détaillé de l’influence de l’océan (interactionavec <strong>le</strong>s plates-formes), et sur <strong>le</strong> caractère instab<strong>le</strong> de la calotte Ouest, mais sans s’accorder sur ses effondrementspassés. Cependant, on peut retenir de façon assez certaine que <strong>le</strong>s variations relatives depuis <strong>le</strong>dernier maximum glaciaires sont importantes : près de 50 % de son volume.3.3. Tenir compte de l’isostasie de façon réaliste.Les glaciologues se préoccupent généra<strong>le</strong>ment beaucoup plus du comportement de la calotte de glaceque de la réponse terrestre, qui n’est pas une fin en soin, mais un simp<strong>le</strong> paramètre des modè<strong>le</strong>s. La précisionactuel<strong>le</strong> exigée des modè<strong>le</strong>s de calottes, en ce qui concerne <strong>le</strong> rendu des comportements glaciaires,nécessite <strong>le</strong> couplage avec des modè<strong>le</strong>s terrestres beaucoup plus réalistes.3.3.1. Sensibilité à l’isostasie.Des tests sur <strong>le</strong> comportement au premier ordre d’un modè<strong>le</strong> très simp<strong>le</strong> de calotte terrestre sontrévélateurs de l’importance de paramètres très simp<strong>le</strong>s, comme la constante de temps avec laquel<strong>le</strong> laréaction visqueuse du manteau se produit.Le modè<strong>le</strong> utilisé par Oer<strong>le</strong>mans (1980) suppose une vitesse d’accomodation proportionel<strong>le</strong> à l’écart à laposition d’équilibre isostatique, et inversement proportionnel<strong>le</strong> à une constante de temps(voir partiesuivante pour l’expression précise). Cette constante représente <strong>le</strong> temps d’accomodation à 37 % sousl’effet d’une charge constante. On a fait varier cette constante pour un modè<strong>le</strong> de calotte simp<strong>le</strong> soumisà un forçage consistant en une translationvnz!= vsz b0c0! bchn!périodique de la ligne d’équilibre de période 20 000 ans (pourse rapprocher de la précession des équinoxes à 26 000 ans). La figure II.21 donne la variation du volumede la calotte pour des constantes de tempsinfinie (soit pas de réponse isostatique), éga<strong>le</strong> à 30 000 ans,10 000 ans et 5000 ans. Il apparaît que non seu<strong>le</strong>ment l’absence d’isostasie mène à des résultats irréalistes(calotte permanente), mais que la durée dejoue un grand rô<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> volume et l’évolution de la calotte.hn=hn0et= hs=hs0et=hsLa durée de cette constante de temps, de façon similaire à ce qui a été présenté dans la partie 2.6., n’estpas indépendante des paramètres de rhéologie terrestre, comme <strong>le</strong> montre l’étude de Nocquet (1994), quiobtient des résultats cohérents avec ceux de Mitrovica et Peltier (1995). On considère que <strong>le</strong> temps caractéristiqueest la durée mise par la surface pour retrouver sa forme d’origine en l’absence de déformation.Les vitesses vertica<strong>le</strong>s en surface et à l’interface noyau/manteau s’écrivent :oùhserhnreprésentent <strong>le</strong>s déplacements à la surface et à l’interface noyau-manteau, et où <strong>le</strong>s coefficientsb;b0etc;c0sont inversement proportionnels à la viscosité. La relaxation de ces deux surfaces obéit à :72


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.quevsz=dhs b+1=c b0c0+1=! dtetvnz=dhnhn0!=0hs0FIG. II.21 - Variations du volume d’une calotte terrestre en fonction de la constante de tempsde réponseisostatique,avec (a)=1, (b)=30 000 ans, (c)=10 000 ans (d)=5000 ans. L’axe horizontal représente <strong>le</strong> tempsen milliers d’années. (Le Meur 1996), adapté de (Oer<strong>le</strong>mans 1980).hs0=hn0=c b+1=c b0c0+1= b+1=ii=1;2ce qui mène, compte tenu du fait dt, au système :ce qui implique l’annulation du déterminantOn obtient une équation du second degré en1=, qui admet deux solutions, soit deux temps caractéristiques1et2,avec1


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.cetbétant négatifs, <strong>le</strong> signe dehs0=hn0dépend de1=i. Pour1,hs0=hn0est positif,la surface et <strong>le</strong> noyau sedéforment de manière symétrique (mode M ou M0 d’après (Peltier 1976)), pour2,hs0=hn0est négatif, ladéformation est asymétrique (mode C). Les temps de relaxation sont de plus inversement proportionnelsà la viscosité.Pour <strong>le</strong> cas simp<strong>le</strong> d’un manteau uniformément visqueux (viscosité 1021Pas), <strong>le</strong>s réponses <strong>le</strong>s plus ra-FIG. II.22 - Temps de relaxation des modes C et M pour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de Terreà viscosité mantellique uniforme. (Nocquet1994)pides sont observées pour <strong>le</strong>s grandes longueurs d’ondes des harmoniques sphériques. Pourl=10, cequi correspond à l’échel<strong>le</strong> de la calotte, <strong>le</strong>s temps caractéristiques sont de l’ordre de 3000 ans (voir figureII.22). Pour des degrés plus bas, <strong>le</strong> temps caractéristique du mode C reste aux a<strong>le</strong>ntours de 2000 ans, alorsModè<strong>le</strong> Epais. lithos. Visc. mant. sup. Saut de visco. à 670 kmUniforme 0 km 1021Pas 1PT 120 km 1021Pas 2Hager 100 km 2.1019Pas 300Ricard 100 km 2.6 1020Pas 50Lambeck 150 km 3.8 1020Pas 8TAB. II.5 -Caractéristique de quelques modè<strong>le</strong>s de Terre.que <strong>le</strong> mode M chute à quelques centaines d’années.Pour des modè<strong>le</strong>s de Terre plus comp<strong>le</strong>ts, comprenant un manteau stratifié et une lithosphère élastique(voir tab<strong>le</strong>au II.5 et figure II.23), <strong>le</strong> temps caractéristique du mode M chute pour <strong>le</strong>s hauts degrés d’harmoniquessphériques : on retrouve là <strong>le</strong>s limites de l’approximation du comportement du manteau commeune couche visqueuse mince ou épaisse (voir la partie 1.2.). Le comportement du temps de relaxationpour un manteau stratifié et <strong>le</strong>s degrés é<strong>le</strong>vés d’harmoniques sphériques est à rapprocher de la va<strong>le</strong>urT(k)=4=gH3k2oùHdésigne l’épaisseur visqueuse, et qui est valab<strong>le</strong> pourkH1. Le temps dumode C, assez logiquement, n’est pas influencé par l’addition de la lithosphère élastique, mais dépendde la viscosité du manteau inférieur. Pour <strong>le</strong>s degrés d’harmoniques sphériques proches de 10, il va de11000 ans pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus visqueux à 1200 ans pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus fluides.74


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.FIG. II.23 - Temps de relaxation des modes C (à droite) et M (à gauche) pour différents modè<strong>le</strong>s de Terre (uniforme,Peltier, Hager, Ricard et Lambeck) (Nocquet 1994)3.3.2. L’isostasie dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s des glaciologues.Les différents traitements de l’isostasie dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de calottes font une première distinction entre<strong>le</strong> comportement de la lithosphère (qui contrô<strong>le</strong> l’influenceh=iloca<strong>le</strong> ou régiona<strong>le</strong> de la charge, ainsi que <strong>le</strong>scontraintes transmises au manteau), et celui du manteau,mHiSiHidéterminant <strong>le</strong>s constantes de temps de la réponsevisqueuse.– En ce qui concerne la lithosphère, <strong>le</strong> premier traitement consiste à négliger la rigidité, ce qui revientà ne considérer qu’une réponse loca<strong>le</strong> (modè<strong>le</strong>s désignés par LL pour(lithosphère loca<strong>le</strong>)), <strong>le</strong> secondà prendre en compte la rigidité f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong>, pour obtenir un profil de déformation élastique (ELpour(lithosphère élastique))). Dans <strong>le</strong> cas des effets locaux, la lithosphère se contente de transmettre<strong>le</strong>s effets de la charge en surface à la frontière entre la lithosphère et <strong>le</strong> manteau. L’effet sur l’asthénosphèreest <strong>le</strong> même que si la lithosphèrer4w=qmgwn’existait pas. Ce traitement n’est pas du tout réaliste,mais il peut, dans un souci de simplification, être utilisé pour des modélisations très loca<strong>le</strong>s.est l’épaisseur de glace, la dépression du sol provoquée par la charge simp<strong>le</strong>ment donnée par laformu<strong>le</strong> de compensationoùireprésente la densité de la glace, etmcel<strong>le</strong>w(x)=qL2r parEH3Lde l’asthénosphère. On retrouve ainsi la proportion2(x)du tiers entre l’épaisseur de glace et l’enfoncement provoqué.La modélisation élastique représente la lithosphère comme une plaque rigide, qui ne se borne pas àtransmettre des contraintes, mais se déforme sur une surface supérieure à cel<strong>le</strong> de la charge, transmettantses effets aux zones extérieures à la calotte. La déf<strong>le</strong>xionwcréée par une charge ponctuel<strong>le</strong>qest la solution deoùreprésente la rigidité f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong> ( donnée12(12)oùEreprésente toujours <strong>le</strong> modu<strong>le</strong>d’Young,<strong>le</strong> coefficient de Poisson, et de va<strong>le</strong>ur environ 11025Nm) etmgwest la force d’Archimèdeexercée sur la partie de la lithosphère défléchie dans <strong>le</strong> manteau. La déf<strong>le</strong>xion à une distancenormaliséex=r=Lrde la charge est donnée par75


dh dt=1 (wh)CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.où(x)est une fonction de Kelvin d’ordre 0, etLr=(=mg)1=4.u(z)=gm 2(z22Hz)d(wh) dxavecDa=gmH3 dh dt=Dad2(wh) dx2l’asthénosphère sous la forme d’une équation de diffusion3. LeUne charge causera une dépressionjusqu’à quatre fois la longueurLr, après quoi un léger bourre<strong>le</strong>t apparaît.– La première façon de prendre en compte <strong>le</strong> retard de la réponse isostatique est d’évaluer un tempscaractéristique, et de considérer que la vitesse de l’ajustement est proportionnel<strong>le</strong> à la différenceentre <strong>le</strong> profil à l’équilibrewet <strong>le</strong> profil actuelh, et inversement proportionnel<strong>le</strong> à cette constante detemps, soit :oùest prise éga<strong>le</strong> à 3000 ans dans la plupart des modè<strong>le</strong>s ( ce qui correspond bien à un manteauuniforme de viscosité é<strong>le</strong>vée, voir <strong>le</strong>s résultats de (Nocquet 1994) dans la partie 3.3.1.), mais pourraitêtre ajustée. (modè<strong>le</strong> RA pour((asthénosphère relaxée))).Une autre façon de reproduire <strong>le</strong> comportement visqueux de l’asthénosphère est de considérerl’équation du mouvement, où <strong>le</strong> flux est inversement proportionnel à la viscosité du milieuet lapression proportionnel<strong>le</strong> àwh(DA pour(asthénosphère diffusive))). La vitesse horizonta<strong>le</strong>us’exprimeen fonction de la profondeurzpar :oùHest la profondeur à partir de laquel<strong>le</strong> on suppose qu’il n’y a plus d’influence depuis la surface.Grâce au principe de conservation de la masse, on peut exprimer la vitesse de dépression decoefficient de diffusionDaest habituel<strong>le</strong>ment determiné à partir de mesures derebond, donnant une va<strong>le</strong>ur comprise entre 30 km2/a1et 50 km2/a1(Huybrechts 1992).Hprendsouvent une va<strong>le</strong>ur de quelques centaines de km, ce qui correspond à une viscosité du manteausupérieur comprise entre 1019et 1020Pas. (Le Meur et Huybrechts 1996)Parmi <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s des glaciologues portant sur la calotte Antarctique et faisant intervenir d’une manièreou d’une autre la compensation isostatique, on trouve des modè<strong>le</strong>s LLRA (Birchfield et Grumbine 1985),LLDA (Huybrechts et Oer<strong>le</strong>mans 1988), (Payne et al. 1989), et ELDA (Huybrechts 1990a).Peu de modè<strong>le</strong>s intégrant une réponse isostatique ont été appliqués à l’Antarctique. Le modè<strong>le</strong> développépar Le Meur (1996) sur la base des travaux de Peltier 1974 (1974), (1982), est dénommé SGVE, désignantun modè<strong>le</strong> de Terre sphérique((Self- Gravitating Visco-Elastic)). La Terre entière est prise en comptesous forme d’un corps sphérique, avec un noyau incompressib<strong>le</strong>, un manteau visco-élastique modélisépar un solide de Maxwell, divisé en manteau supérieur et manteau inférieur à 670 km, et une lithosphèreélastique. La réponse à une charge unitaire est donnée par <strong>le</strong>s fonctions de Green, qui dépendent de ladensité, et des paramètres rhéologiques comme la viscosité du manteau et l’épaisseur de la lithosphère,ces derniers paramètres étant pris égaux à 51020Pas pour <strong>le</strong> manteau supérieur, 1021Pas pour <strong>le</strong> manteauinférieur, et 100 km pour l’épaisseur uniforme de la lithosphère. Le calcul est effectué en faisant appelau formalisme des harmoniques sphériques intégrées jusqu’au degré 150 (ce qui correspond à une résolutionde 266 km), la réaction isostatique de la Terre étant évaluée tous <strong>le</strong>s 500 ans en tenant compte des 30000 années précédentes de l’histoire glaciaire. La résolution assez faib<strong>le</strong> obtenue pour <strong>le</strong>s variations de lacroûte (266 km) est justifiée par <strong>le</strong>s auteurs, qui ne prennent en compte que la réponse visco-élastique dumanteau, et dont <strong>le</strong>s longueur d’onde sont de toute façon supérieures à cette échel<strong>le</strong>. Cela implique quand76


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.même une mauvaise prise en compte par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> des effets locaux importants, en particulier des effetsde rebond élastique, dont l’amplitude (on <strong>le</strong> verra chapitre III) peut éga<strong>le</strong>r cel<strong>le</strong> du rebond visqueux.La fonction de Green obtenue est ensuite interpolée sur une gril<strong>le</strong> de 40 km. Le calcul est effectué sur126 000 ans, à partir d’une calotte stationnaire typique d’une période interglaciaire, soumise à un forçageclimatique (températures déduites du forage de Vostok) et eustatique (variations du niveau des mers del’enregistrement SPECMAP, (Imbrie et al. 1984)).77


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.3.4. Les mouvements estimés à partir d’un modè<strong>le</strong> de calotte.On présente ici <strong>le</strong>s résultats des modè<strong>le</strong>s de calotte obtenus par Le Meur (1996) sur des comparaisonsentre <strong>le</strong>s 4 types de modélisations LLRA, LLDA, ELRA et ELDA avec <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> SGVE. La figure II.24FIG. II.24 - Comparaisondes champs de vitesse de remontée en Antarctique à l’aide des 4 modè<strong>le</strong>s décrits. Les va<strong>le</strong>urssont en cm/an, et correspondentà des affaissements lorsqu’el<strong>le</strong>s sont négatives. (Le Meur 1996).présente <strong>le</strong>s mouvements verticaux actuels obtenus à partir des 4 types de réponses terrestres. Un premierrésultat est la différence très nette des ordres de grandeurs des mouvements verticaux par rapport àceux des modè<strong>le</strong>s à inversion, puisque <strong>le</strong>s vitesses de remontée se mesurent en cm/an, alors qu’on atteintdes maximum de 15 à 20 mm/an avec <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s à inversion. On observe une différence très nette entremodè<strong>le</strong>s locaux et modè<strong>le</strong>s régionaux. La réponse loca<strong>le</strong> qui n’intègre pas la rigidité lithosphérique est<strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t géométrique direct des variations d’épaisseur de la glace. Dans <strong>le</strong> cas régional, <strong>le</strong> signal est lissé,témoignant du rô<strong>le</strong> de filtre que joue la f<strong>le</strong>xure lithosphérique. La vitesse vertica<strong>le</strong> obtenue par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>local est plus prononcée que cel<strong>le</strong> du modè<strong>le</strong> régional, où la vitesse maxima<strong>le</strong> ne dépasse pas 10 cm/an,78


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.dans <strong>le</strong> cas des modè<strong>le</strong>s relaxés, et 16 cm/an dans <strong>le</strong> cas des modè<strong>le</strong>s diffusifs.Un autre point remarquab<strong>le</strong> est l’effet de bourre<strong>le</strong>t obtenu dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s diffusifs, très exagéré car <strong>le</strong>fait de négliger la composante vertica<strong>le</strong> de la vitesse dans <strong>le</strong>s mouvements de fluide favorise un flux canaliséen surface. A une zone de mobilité dans un sens correspond forcément une zone de mobilité concentriqueen sens inverse afin d’assurer la conservation globa<strong>le</strong> de la matière. Ce phénomène, très accentuédans <strong>le</strong> cas régional, devient excessif dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> local. L’autre faib<strong>le</strong>sse de l’approche diffusive résidedans la prise en compte d’une profondeurHdans l’asthénosphère en dessous de laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s sollicitationsde la surface ne sont plus transmises. Cette profondeur est arbitraire et sans signification physique, maisinfluence <strong>le</strong> coefficient de diffusionDa.La figure II.25 présente la vitesse vertica<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong> du soc<strong>le</strong> donnée par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> SGVE. On retrouve <strong>le</strong>sFIG. II.25 - Vitesse actuel<strong>le</strong> vertica<strong>le</strong> sur l’Antarctique à partir du modè<strong>le</strong> SGVE, en cm/an. (Le Meur 1996).vitesses positives <strong>le</strong>s plus fortes aux a<strong>le</strong>ntours des deux plates-formes de Filchner-Ronne et Ross, près del’Antarctique Ouest, où la différence d’épaisseur de glace depuis <strong>le</strong> LGM est la plus sensib<strong>le</strong>. La réponseest régionalisée, comme pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s élastiques, avec la présence d’un bourre<strong>le</strong>t atténué, influencépar <strong>le</strong>s effets de bord du calcul. Les va<strong>le</strong>urs maximum de 10 cm/an près de la plate-forme de Ronne sontun ordre de grandeur au dessus des résultats obtenus sur <strong>le</strong>s mêmes régions à partir des modè<strong>le</strong>s de rebondappliqués aux scénarios de déglaciation. La cause principa<strong>le</strong> est une différence importante dans lachronologie de la variation glaciaire obtenue par l’une ou l’autre approche. Dans l’élaboration d’histoiresretraçant la déglaciation antarctique, on considère généra<strong>le</strong>ment que la calotte n’a plus subi d’évolutionmajeure depuis environ 6500 ans. Les scénarios obtenus par ces différents modè<strong>le</strong>s de calottes semb<strong>le</strong>ntmontrer que la déglaciation s’achève tout juste (voir figure II.26). Le volume maximal de glace est obtenuil y a 8000 ans, par opposition à la date de 15 000 à 18 000 ans avant notre époque pour <strong>le</strong>s scénarios dedéglaciation obtenus par inversion.Si l’on compare globa<strong>le</strong>ment l’ensemb<strong>le</strong> de ces résultats, la régionalisation de la réponse, nécessaire au réalismede ces mouvements, rassemb<strong>le</strong> <strong>le</strong>s deux modè<strong>le</strong>s régionaux et <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> SGVE. L’effet de bourre<strong>le</strong>t79


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.très marqué est spécifique des deux modè<strong>le</strong>s diffusifs. Les deux modè<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus proches sont <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>sSGVE et <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> élastique relaxé, aussi bien dans la répartition géographique que dans la va<strong>le</strong>ur desvitesses.3.5. Discussion.Les modè<strong>le</strong>s de Terre utilisés par <strong>le</strong>s glaciologues dans <strong>le</strong>ur approche globa<strong>le</strong> sont probab<strong>le</strong>ment encoreassez simp<strong>le</strong>s par rapport à ceux des modè<strong>le</strong>s à inversion.Négliger la rigidité de la lithosphère, par exemp<strong>le</strong>, modifie complètement la transmission de l’effet decharge au manteau, et la réponse visqueuse de celui-ci. Les résultats obtenus sont très différents de ceuxoù la rigidité f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong> est prise en compte, même de façon assez simpliste. La physique qui motive <strong>le</strong>smodè<strong>le</strong>s diffusifs ne se justifie pas, ce qui s’exprime dans <strong>le</strong>s résultats sous la forme de l’exagération del’importance du bourre<strong>le</strong>t aux limites de la calotte.Le problème principal de l’approche relaxée tient surtout au caractère très arbitraire de la constante detemps qui caractérise <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>. Cette constante peut néanmoins être ajustée empiriquement à partir deplusieurs calculs confrontés à des observations.Malgré ces inconvénients, <strong>le</strong>s résultats obtenus sur l’Antarctique par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> SVGE de (Le Meur 1996)et <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> régional relaxé sont cohérents. Ils sont par contre très différents, d’un ordre de grandeur, desrésultats des modè<strong>le</strong>s à inversion : vitesses dépassant 10 cm/an sur <strong>le</strong>s régions proches de la plate-formede Filchner-Ronne ou de cel<strong>le</strong> de Ross, où l’épaisseur de glace a varié <strong>le</strong> plus, d’après <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s. Cettedifférence majeure provient de la différence de chronologie dans l’évolution de la calotte. Les études visantà établir des modè<strong>le</strong>s de déglaciation, comme cel<strong>le</strong>s de Tushingham et Peltier (1991) ou Nakada etLambeck (1989), se fondent sur la reconstruction de la calotte au dernier maximum glaciaire (18 000 ans).Ils considèrent que <strong>le</strong> minimum des températures correspond aussi au volume de glace maximum surl’Antarctique, ce qui, d’un point de vue glaciologique, est loin d’être évident. Le Meur (1996) fait évoluerla calotte sur un cyc<strong>le</strong> glaciaire entier (125 000 ans), obtenant une évolution décalée depuis <strong>le</strong> LGM,puisque sa calotte commence par augmenter suite à l’accroissement des précipitations, avant de fondreen partie. Le volume maximal de cette calotte est obtenu il y a 8000 ans, et la courbe d’évolution (figureII.26) montre qu’el<strong>le</strong> est encore en p<strong>le</strong>ine déglaciation à l’heure actuel<strong>le</strong>. Le volume de glace intervenantest très proche de ce que l’on obtient par des modè<strong>le</strong>s à inversion, et c’est donc <strong>le</strong> décalage très importantde la chronologie qui provoque la différence d’ordre de grandeur des vitesses actuel<strong>le</strong>s.Ces résultats sont intéressants, de part <strong>le</strong>ur singularité même, mais la chronologie qu’ils impliquent doitêtre confrontée avec des données indépendantes.L’étude(jumel<strong>le</strong>))effectuée par Le Meur (1996) sur la Fennoscandie par une méthode plus proche de cel<strong>le</strong>des modè<strong>le</strong>s à inversion, mais avec <strong>le</strong>s mêmes modè<strong>le</strong>s de Terre, a donné des résultats comparés par l’auteuraux données, nombreuses sur cette région, de niveau des mers et de vitesses de remontée actuel<strong>le</strong>s.Les ordres de grandeur sont cette fois-ci comparab<strong>le</strong>s, ce qui valide au moins au premier ordre <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>de Terre. Les résultats de son modè<strong>le</strong> de calotte sur l’Antarctique n’ont par contre fait l’objet d’aucune validation.Les observations de mouvements crustaux sur l’Antarctique n’existent pas encore, mais on disposed’enregistrements de niveau des mers : très peu concernent des sites proches de la calotte, puisque laglace est encore présente, mais on pourrait utiliser des sites intermédiaires, voire éloignés. Sa chronologiede déglaciation très différente des autres, avec des paramètres rhéologiques assez proches, devrait provoquerdes variations éga<strong>le</strong>ment très différentes de ce qui est considéré comme <strong>le</strong> comportement habituelde l’Antarctique, confirmant ou infirmant ce décalage par rapport au dernier maximum glaciaire.De façon plus directe, <strong>le</strong>s forages effectués au Dôme C ou au Dôme B donnent accès aux variations detempératures lors des derniers millénaires, mais aussi aux variations globa<strong>le</strong>s de l’épaisseur de glace dela calotte (voir la figure II.18). Les reconstructions, qu’il s’agisse de CLIMAP, de (Ling<strong>le</strong> et Clark 1979), uti-80


x3. LE CAS PARTICULIER DE L’ANTARCTIQUE : CALOTTE GLACIAIRE.lisent ces données et proposent une datation fiab<strong>le</strong> et précise de l’évolution de la calotte, qui vient contredireune déglaciation tardive comme cel<strong>le</strong> obtenue par Le Meur (1996). Dans tous <strong>le</strong>s cas, l’évolution de lacalotte suit de près cel<strong>le</strong> des températures, décalée de 2000 à 3000 ans au maximum, ce qui place la fin dela déglaciation peu après la reprise du réchauffement après <strong>le</strong>(Younger Dryas)de l’hémisphère Sud. Lachronologie des modè<strong>le</strong>s de calottes montre donc un désaccord sérieux avec <strong>le</strong>s données directes d’unepart, <strong>le</strong>s variations du niveau des mers de l’autre.81


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.FIG. II.26 - Modélisation des fluctuations du volume de glace sur l’Antarctique au cours du dernier cyc<strong>le</strong> glaciaire,pour <strong>le</strong>s différents modè<strong>le</strong>s LLRA, LLDA, ELRA, ELDA et SGVE. (Le Meur 1996).82


x4. CONCLUSION.4. Conclusion.On a présenté dans ce chapitre <strong>le</strong>s principes et <strong>le</strong>s résultats appliqués à l’Antarctique de deux approchesdifférentes du problème du(rebond post-glaciaire): <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s élaborant d’abord un modè<strong>le</strong>de déglaciation avant d’appliquer la variation de la charge à une représentation de la dynamique terrestre,et <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de calotte, qui prennent en compte de manière globa<strong>le</strong> et simultanée <strong>le</strong>s différentesinteractions de la calotte avec son environnement. On a vu que <strong>le</strong>s mécanismes intervenant dans chacundes cas sont très comp<strong>le</strong>xes, et que <strong>le</strong>s deux approches donnent lieu à des problèmes mal contraints.Dans <strong>le</strong> premier cas, la première étape, qui consiste à générer une histoire complète et précise de la déglaciation,s’appuie sur des données glaciologiques, mais utilise une inversion, contrainte généra<strong>le</strong>mentpar des enregistrements de niveaux des mers relatifs. Les incertitudes portent sur <strong>le</strong>s caractéristiquesphysiques du modè<strong>le</strong> de Terre utilisé et la chronologie de l’évolution, deux groupes de paramètresinterdépendants. Une seconde inversion permet d’obtenir des vitesses de rebond visco-élastique. Cesmodè<strong>le</strong>s, qui procèdent en plusieurs étapes, font intervenir beaucoup de paramètres encore mal connuset dont l’influence, si el<strong>le</strong> n’est pas encore complètement comprise, est de toute façon importante. Ils sontde plus très peu contraints, par des observations dont l’interprétation est souvent non unique.A l’inverse, <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de glaciologues proposent une approche cohérente de l’évolution d’unecalotte en interaction avec son environnement. La contrainte appliquée est unique et continue (forçageclimatique, sous forme de variations de températures ou du niveau des mers), après quoi <strong>le</strong> micro-universévolue de manière autonome. Il faut évidemment avoir pris en compte de manière complète et réaliste<strong>le</strong>s différentes interaction de la calotte de glace avec son environnement : atmosphère, océan, terre solide.Le grand danger de cette approche vient justement de son auto-suffisance : ces paramètres, controlantl’évolution de la calotte et <strong>le</strong>s interactions avec l’atmosphère, l’océan et la terre solide sont mal connus,donc <strong>le</strong>s choix effectués doivent être, de même que pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s à inversion, validés. Il faut comparertout au long du calcul <strong>le</strong>s résultats obtenus avec des observations indépendantes.Les résultats obtenus par des études utilisant ces deux types d’approches, appliquées à l’Antarctique,montrent une première différence quantitative énorme. Les ordres de grandeur des remontées maxima<strong>le</strong>sobservées sont de 15 mm/an pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s par inversion, de 10 cm/an pour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s decalottes. Cette différence ne s’explique pas par la quantité de glace qui intervient dans l’un ou l’autrecas, ni par <strong>le</strong> réalisme ou la comp<strong>le</strong>xité des modè<strong>le</strong>s de Terre qui sont mis en jeu : il existe bien sûr desdifférences entre <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s, qui peuvent expliquer des variations de vitesses de rebond d’un ordrede grandeur, mais probab<strong>le</strong>ment pas d’un facteur 10. Le paramètre qui diffère d’un type de modè<strong>le</strong>à l’autre, au point d’expliquer une tel<strong>le</strong> disparité des résultats est la chronologie de la déglaciation.Cel<strong>le</strong> des modè<strong>le</strong>s par inversion, supposée synchrone de l’évolution des températures, place <strong>le</strong> derniermaximum glaciaire pour la calotte Antarctique à -18 000 ans. La déglaciation se termine vers -6500 anspour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus tardifs. Les modè<strong>le</strong>s des glaciologues, faisant évoluer la calotte en réponseau forçage climatique, obtiennent une augmentation du volume glaciaire de -18 000 à -8000 ans, dateoù la déglaciation antarctique commence enfin. D’après ces modè<strong>le</strong>s, la calotte Antarctique est encoreactuel<strong>le</strong>ment dans une phase de déglaciation, ce qui justifie <strong>le</strong>s vitesses de remontée crusta<strong>le</strong> très é<strong>le</strong>véesqu’ils obtiennent. Cette chronologie est diffici<strong>le</strong>ment compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s données de niveau relatifs desmers, ou <strong>le</strong>s données directes sur l’épaisseur de la calotte déduites des forages. C’est pourquoi nousconsidérons comme plus réalistes <strong>le</strong>s vitesses de rebond obtenues par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s à inversion, même si,encore une fois, <strong>le</strong>s paramètres intervenant dans <strong>le</strong>s calculs sont sujets à ré-évaluation.83


CHAPITRE II. ISOSTASIE EN ANTARCTIQUE. LA DERNIÈRE DÉGLACIATION ET SES CONSÉQUENCES.Les mouvements verticaux prédits par ces modè<strong>le</strong>s à inversion sont assez cohérents entre eux :l’Antarctique Est est stab<strong>le</strong>, de façon très uniforme sur toute sa portion intérieure, sans mouvements ouavec une très légère subsidence. Sur <strong>le</strong> pourtour des côtes de la calotte Est, on trouve une très légèreremontée crusta<strong>le</strong>. La région où <strong>le</strong>s effets de la déglaciation se font <strong>le</strong> plus sentir se situe autour desplates-formes de Filchner-Ronne et Ross, avec une extension vers la base de la Péninsu<strong>le</strong>.Les différences légères entre <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s se manifestent surtout sur l’Antarctique Ouest. Le modè<strong>le</strong> deLing<strong>le</strong> et Clark (1979) et <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s obtenus à partir de ICE-3G et ICE-4G montrent <strong>le</strong>s vitesses <strong>le</strong>s plusimportantes aux a<strong>le</strong>ntours de la plate-forme de Ross, plutôt que près de la plate-forme de Filchner-Ronne,alors que <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de Denton déca<strong>le</strong> ses vitesses maxima<strong>le</strong>s sur la plate-forme de Filchner-Ronne et labase de la Péninsu<strong>le</strong>.Dans tous <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s utilisant une inversion, on observe un mouvement de surrection assez sensib<strong>le</strong>(quelques mm/an) autour de la plate-forme d’Amery (proche des stations de Davis et Mawson, AntarctiqueEst).L’incertitude résiduel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s prédictions de mouvements provient de l’influence des deux paramètres,sur <strong>le</strong>squels on dispose de très peu d’informations, que sont la chronologie de la déglaciationantarctique et <strong>le</strong> rhéologie terrestre. Une répartition de la viscosité mantellique très différente du manteauuniforme à 1021Pas qui a servi de base à la plupart des modè<strong>le</strong>s, l’existence ou non d’un(YoungerDryas)décalé dans l’hémisphère Sud pourraient faire varier <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s obtenues d’une dizainede mm/an. On peut donc retenir des vitesses prédites entre -5 mm/an et + 15 mm/an sur la partie EstAntarctique, et de + 5 mm/an à 3 cm/an sur la partie Ouest.84


CHAPITRE IIICOMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE ETRÉPONSE ÉLASTIQUE DE LA CROÛTE. MÉCANISMES, MODÈLES ETRÉSULTATS.Prediction is difficult, especially the future.Niels BohrLa surveillance de l’équilibre glaciaire de l’Antarctique, qui est un sujet sensib<strong>le</strong>, comme indicateur d’unréchauffement climatique et comme signe annonciateur d’une débâc<strong>le</strong> massive, a connu ces dernièresannées un regain d’intérêt. Mercer (1978), discutant l’effet probab<strong>le</strong> d’un réchauffement climatique sur lacalotte Antarctique, conclut que <strong>le</strong> retrait des plates-formes glaciaires de la Péninsu<strong>le</strong> serait un excel<strong>le</strong>ntindicateur d’un réchauffement dans la région. Aussi <strong>le</strong>s glaciologues surveil<strong>le</strong>nt-ils de très près <strong>le</strong> fluxde vêlage des icebergs, surveillance facilitée depuis peu par <strong>le</strong>s images satellites.En fait, une revue des différents effets influençant l’équilibre de la calotte antarctique doit prendre encompte <strong>le</strong>s différences importantes de structure entre la partie Ouest et la partie Est de la calotte (voirchapitre II).La calotte Ouest antarctique est une calotte marine, et bordée de nombreuses plates-formes glaciaires,par <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s se fait presque toute l’évacuation glaciaire de l’ Antarctique. On y trouve <strong>le</strong>s deux plusgrandes plates-formes (Ross et Filchner-Ronne), auxquel<strong>le</strong>s aboutissent la plupart des écou<strong>le</strong>mentsglaciaires importants. El<strong>le</strong> comprend la Péninsu<strong>le</strong>, partie du continent située <strong>le</strong> plus au Nord, et surlaquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s températures moyennes sont en augmentation depuis environ 50 ans. On y a observé, depuis10 à 20 ans, une accélération du vêlage d’icebergs, souligné de façon spectaculaire par la disparition deplusieurs grandes plates-formes (Larsen A à la fin des années 80).Le débat porte sur <strong>le</strong> caractère chronique ou exceptionnel d’un tel phénomène. Certains y voient <strong>le</strong>signe annonciateur d’une débâc<strong>le</strong> massive, qui pourrait concerner toute la calotte Ouest ((Bent<strong>le</strong>y 1997),(Bindschad<strong>le</strong>r 1997a), (Bindschad<strong>le</strong>r 1997b)). D’autres,comme Vaughan et Doake (1996) considèrent cegenre d’événements comme une étape norma<strong>le</strong> d’un processus cyclique régulier, comprenant des phasesoù <strong>le</strong> vêlage est particulièrement intense, d’autres où il est quasi-nul.La question sous-jacente est cel<strong>le</strong> de la stabilité de la calotte Ouest, et des constantes de temps quirégissent son éventuel<strong>le</strong> désintégration : pourrait-el<strong>le</strong> se désagréger très rapidement par un processuscatastrophique (Bindschad<strong>le</strong>r 1997b), ou bien est-el<strong>le</strong> stab<strong>le</strong> depuis des milliers d’années, et gouvernéepar des constantes de temps de cet ordre (Whillans 1976)?D’autre part, dans la mesure où on cherche à mesurer des mouvements de la croûte, il faut rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>lien entre l’équilibre des plates-formes et la dynamique terrestre : la glace des plates-formes, flottante,n’exerce aucun effet de charge direct sur la croûte terrestre. Par contre, comme <strong>le</strong>s plates-formes sontalimentées par des écou<strong>le</strong>ments importants, qui drainent une forte proportion de la glace de la calotte, il85


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.existe un lien entre la dynamique de la glace flottante et cel<strong>le</strong> de la calotte posée. Il faut donc établir defaçon précise l’influence de la tail<strong>le</strong> et de l’équilibre d’une plate-forme sur la vitesse de l’écou<strong>le</strong>ment quil’alimente.Du coté de l’Antarctique Est, <strong>le</strong>s mécanismes dynamiques sont plus simp<strong>le</strong>s, et soumis essentiel<strong>le</strong>mentaux variations des taux d’accumulation. La stabilité de la calotte Est, terrestre, est un fait établi. Lesrares plates-formes bordant l’Antarctique Est (par exemp<strong>le</strong> la plate-forme Amery, ou West), totalisentpeu de superficie et ne sont alimentés que par des écou<strong>le</strong>ments locaux. Les courbes des températuresmoyennes ne montrent pas de réchauffement sensib<strong>le</strong>, sauf très loca<strong>le</strong>ment en quelques points situés sur<strong>le</strong>s côtes, et un refroidissement à l’intérieur du continent (au Pô<strong>le</strong> Sud par exemp<strong>le</strong>).L’équilibre de la calotte Est est essentiel<strong>le</strong>ment conditionné par <strong>le</strong>s variations des précipitations, el<strong>le</strong>smêmes fortement dépendantes des températures (sur l’Antarctique Est, mais aussi sur la zone océaniquequi l’entoure) et des taux d’humidité (qui sont eux-mêmes liés aux températures). Dans la mesure oùces phénomènes ne sont pas seu<strong>le</strong>ment locaux, une prédiction correcte doit s’appuyer sur des modè<strong>le</strong>sde circulation atmosphérique globaux (GCM). Les glaciologues semb<strong>le</strong>nt d’accord pour prédire unetendance à l’augmentation des taux d’accumulation sur l’Antarctique Est, et une augmentation actuel<strong>le</strong>ou dans un futur proche de la calotte Est (Huybrechts 1990a).Dans un cas comme dans l’autre, on se heurte à la comp<strong>le</strong>xité des mécanismes à prendre en comptepour obtenir des modè<strong>le</strong>s réalistes, et à la difficulté à procéder à des mesures précises (mesures de tauxd’accumulation de neige d’une part, d’érosion des plates-formes glaciaires et de flux d’autre part).1. Les tendances actuel<strong>le</strong>s de l’équilibre de la calotte.Cette première partie expose l’évolution actuel<strong>le</strong> de l’accumulation ou du débit massique de la calotteantarctique.1.1. Les contraintes globa<strong>le</strong>s : <strong>le</strong> climat et l’évolution du niveau des mers.L’évolution des températures fait partie des paramètres climatiques <strong>le</strong>s mieux connus en Antarctique.La variation du niveau des mers, quant à el<strong>le</strong>, pourrait apporter une contrainte indirecte aux modè<strong>le</strong>s decomportement de la calotte établi par <strong>le</strong>s glaciologues.1.1.1. L’augmentation des températures.La figure III.1 indique l’évolution des températures pour l’ensemb<strong>le</strong> de l’hémisphère Sud, entre 1861et 1994, pour <strong>le</strong>s régions continenta<strong>le</strong>s et maritimes (Houghton 1995). Les incertitudes sont évaluées à0;1oC pour <strong>le</strong>s régions de terre ferme,0;1oC pour <strong>le</strong>s températures mesurées à la surface de la mer, etsont inférieures à0;15oC pour la combinaison des deux, et ce depuis <strong>le</strong>s années 1880. L’augmentationmoyenne sur un sièc<strong>le</strong> est de 1oC, avec un accroissement plus rapide depuis <strong>le</strong>s années 1940.L’évolution des températures sur l’Antarctique est <strong>le</strong> sujet de plusieurs études récentes. Plus de 30stations météo assez bien réparties sur <strong>le</strong>s côtes antarctiques (malheureusement, peu de données sontdisponib<strong>le</strong>s à l’intérieur), en particulier <strong>le</strong>s stations du programme USARP (U.S. Antarctic ResearchProgram, (Stearns et Wend<strong>le</strong>r 1988)) permettent de suivre l’évolution des températures depuis <strong>le</strong>s années50.Des études des moyennes mensuel<strong>le</strong>s obtenues à partir de ces stations (King 1998), (Sansom 1989),(Paren1998) montrent qu’il est très diffici<strong>le</strong> de dégager une tendance significative de l’évolution à long terme86


x1. LES TENDANCES ACTUELLES DE L’ÉQUILIBRE DE LA CALOTTE.FIG. III.1 - Anomalies moyennes annuel<strong>le</strong>s des températures, combinées des re<strong>le</strong>vés sur <strong>le</strong>s régions terrestres etmaritimes, pour l’hémisphère Sud, entre 1861 et 1994. (oC) (Houghton 1995)oCdes températures. La variabilité inter-annuel<strong>le</strong> est dans tous <strong>le</strong>s cas importante, aussi la tendance extraitedes séries peut-el<strong>le</strong> être très différente en fonction des bornes de l’interval<strong>le</strong> pris en compte.L’observation d’un réchauffement sur la plupart des stations antarctiques situées près des côtes se dégagemalgré tout de plusieurs études récentes (Jones 1995).Les moyennes des températures, ainsi que <strong>le</strong>ur écart-type, sont résumées par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au III.1, extrait del’étude de Jacka et Budd (1998). Les tendances, enoC par 100 ans, ne sont pas uniformes sur l’ensemb<strong>le</strong>TAB. III.1 - Températures moyennes, écarts-type et tendances pour <strong>le</strong>s températures de surface (moyenne annuel<strong>le</strong>)des stations Antarctique, pour la période 1949–1996 (Jacka et Budd 1998)Station Moyenne Ecart-type Tendance Nb d’annéesoCoC/100 ansPô<strong>le</strong> Sud -19,4 0,6 -1,1 36Novolazarevskaya -10,3 0,6 +3,0 34Syowa -10,5 0,8 +1,2 32Molodezhnaya -11,0 0,6 -0,4 33Mawson -11,2 0,8 -0,8 38Davis -10,2 1,0 +0,5 38Mirny -11,3 0,7 0,0 36Vostok -55,3 0,8 +1,3 34Wilkes/Casey -9,2 1,0 +3,1 38Dumont d’Urvil<strong>le</strong> -10,7 0,6 +1,2 38Leningradskaya -14,4 0,7 +1,7 19Scott (McMurdo) -19,9 1,0 +3,4 36Péninsu<strong>le</strong> 0,0 1,1 +2,4 36Hal<strong>le</strong>y Bay -18,5 1,0 +0,9 38Neumayer -15,9 0,5 +0,8 13SANAE -16,9 1,0 +1,2 30de l’Antarctique. La tendance moyenne donnée par (Jacka et Budd 1998) sur l’ensemb<strong>le</strong> des stationsAntarctique est de 1,2oC par sièc<strong>le</strong>, estimée à partir des données entre 1949 et 1996, avec un écart-typede 1,4oC par sièc<strong>le</strong>. Les séries temporel<strong>le</strong>s des températures montrent une décroissance quasi-généra<strong>le</strong>,et très momentanée, entre 1991 et 1994. Ce refroissement est attribué à l’effet de l’éruption du MontPinatubo en juin 1991, qui a provoqué un abaissement des températures de 1oC environ, <strong>le</strong> retour à la87


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.(norma<strong>le</strong>))se faisant sur 4 ans. La tendance au réchauffement est sensib<strong>le</strong> sur la grande majorité desstations situées sur <strong>le</strong>s côtes, y compris sur la Péninsu<strong>le</strong>. Les stations intérieures, comme <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> Sud, serefroidissent ou restent stationnaires. Les seu<strong>le</strong>s stations côtières affichant un refroidissement sont cel<strong>le</strong>sde Molodezhnaya et Mawson, ce comportement marginal est attribué à l’augmentation récente des fluxd’air froid provenant de l’intérieur du continent (vents catabatiques).Weatherly et al. (1991) s’intéressent à l’évolution des températures saison par saison : cette approcheFIG. III.2 - Tendances (enoC par an, entre 1958 et 1987) des températures pour <strong>le</strong>s stations météos pour (a) l’été(janvier-mars), (b) l’automne (avril-juin), (c) l’hiver (juil<strong>le</strong>t-septembre) et (d) <strong>le</strong> printemps (octobre-décembre). Lesva<strong>le</strong>urs soulignées sont significatives à 95%. (Weatherly et al. 1991)est particulièrement intéressante quand on cherche à évaluer <strong>le</strong> comportement des masses de glace antarctiques,puisque <strong>le</strong>s phénomènes de fonte sont a priori essentiel<strong>le</strong>ment dépendants des températuresestiva<strong>le</strong>s (de décembre à mars) et indépendants des autres saisons. La figure III.2 présente, saison parsaison, <strong>le</strong>s tendances obtenues sur <strong>le</strong>s différentes stations, entre 1958 et 1987. La seu<strong>le</strong> région où unréchauffement est perceptib<strong>le</strong> en toute saison est la Péninsu<strong>le</strong>, avec une très bonne cohérence de toutes88


x1. LES TENDANCES ACTUELLES DE L’ÉQUILIBRE DE LA CALOTTE.<strong>le</strong>s stations de l’étude. On retrouve un refroidissement local à la station du pô<strong>le</strong> Sud, il est diffici<strong>le</strong> de diresi d’autres endroits à l’intérieur du continent se comportent de la même manière puisqu’on ne disposepas d’autres données. Quelques stations sur <strong>le</strong>s côtes de l’Antarctique Est montrent une tendance auréchauffement en toute saison : Mc Murdo, près de la plate-forme de Ross, Casey, et la station russe deMirnyy (110oet 95ode longitude Est, respectivement).Une étude plus loca<strong>le</strong> (King 1994), ne portant que sur <strong>le</strong>s stations de la Péninsu<strong>le</strong> (et une station à l’Estde la plate-forme de Filchner-Ronne), confirme un réchauffement significatif sur cette région : toutes <strong>le</strong>sstations présentent une tendance de 1oC à 3oC depuis 50 ans, avec une variabilité inter-annuel<strong>le</strong> néanmoinstrès importante. De même que Weatherly et al. (1991), King (1994) a cherché à mettre en évidencel’interaction entre l’évolution des températures et l’extension de la glace marine. L’influence des variationsde températures sur l’extension de la glace est assez faci<strong>le</strong> à mettre en évidence, l’effet inverse, bienque pressenti depuis plusieurs années, semb<strong>le</strong> plus diffici<strong>le</strong> à quantifier.L’augmentation importante des températures sur la Péninsu<strong>le</strong> est confirmée par (King et Harangozo1998) : la tendance sur la station de Rothera pour <strong>le</strong>s moyennes hiverna<strong>le</strong>s est de 8,7oC par sièc<strong>le</strong>, entre1945 et 1996, de 2,2oC par sièc<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s températures estiva<strong>le</strong>s.1.1.2. L’augmentation du niveau de la mer et la contribution de l’Antarctique.Le rapport de l’IPCC de 1995 (Houghton 1995) évalue la tendance du niveau de la mer depuis que l’ondispose d’enregistrements marégraphiques stab<strong>le</strong>s. Les derniers chiffres, tenant compte de correctionsdes effets du rebond post-glaciaire sur certains sites de marégraphes, notamment en Scandinavie ( 21sites concernés, (Douglas 1991)), portent la tendance de l’élévation du niveau de la mer, entre 1880 et1980, à1;80;1mm/an. Ce chiffre est légèrement plus é<strong>le</strong>vé que celui donné par <strong>le</strong> précédent rapportde l’IPCC (entre1et1;5mm/an).Les séries temporel<strong>le</strong>s des marégraphes du réseau GLOSS (Global Sea Level Observing System), limitéesà cel<strong>le</strong>s qui comprennent plus de 40 années de mesures (pas nécessairement consécutives), soit45 marégraphes, indiquent une tendance récente pour l’évolution du niveau des mers de 1,60,3mm/an (Woppelmann 1997). Ce résultat peut être considéré comme fiab<strong>le</strong>, d’une part parce que la duréeminima<strong>le</strong> des séries temporel<strong>le</strong>s filtre <strong>le</strong>s variations interdécenna<strong>le</strong>s, d’autre part parce que l’échantillonretenu assure une répartition géographique homogène, éliminant <strong>le</strong> biais introduit habituel<strong>le</strong>ment par lasurabondance de stations en Europe et en Amérique du Nord.Si l’on arrivait à évaluer par des moyens océanographiques ou marégraphiques la contribution de lacalotte antarctique à cette évolution, cela constituerait une contrainte supplémentaire (et indépendante)sur <strong>le</strong> comportement actuel de la calotte, et donc sur la part élastique de la déformation crusta<strong>le</strong>. Ce n’estmalheureusement pas <strong>le</strong> cas, puisque la part de l’Antarctique est considérée comme la plus mal connuedes contributions répertoriées, et est habituel<strong>le</strong>ment utilisée pour expliquer l’incertitude é<strong>le</strong>vée sur la variationtota<strong>le</strong>. Le tab<strong>le</strong>au III.2 donne <strong>le</strong>s estimations <strong>le</strong>s plus récentes des différentes contributions.1.2. L’évolution du taux d’accumulation en Antarctique.1.2.1. Une évaluation diffici<strong>le</strong>.Les températures en Antarctique, à part sur quelques points isolés de la Péninsu<strong>le</strong> (voir (Stearns etWend<strong>le</strong>r 1988)), entraînent des précipitations quasiment toujours sous forme solide (Bromwich 1988). Unre<strong>le</strong>vé des stations météorologiques de la station de Wilkes (Antarctique Est, proche de Dumont d’Urvil<strong>le</strong>)a montré une répartition de95;8%pour la forme solide,2;3%pour une composition mixte et1;9%pour89


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.TAB. III.2 - Estimations des contributions à la variation du niveau des mers, sur <strong>le</strong>s 100 dernières années (en cm)(Houghton 1995)ContributionsHypothèseBasse Moyenne HauteExpansion thermique 2 4 7Glaciers / petites calottes 2 3,5 5Calotte du Groenland -4 0 4Calotte Antarctique -14 0 14Eau de surface et stockée dans <strong>le</strong> sol -5 0,5 7TOTAL -19 8 37QUANTITE OBSERVEEde 10 à 25 cmla forme liquide , entre 1965 et 1967. Leur nature varie cependant selon la localisation géographique sur<strong>le</strong> continent. A l’intérieur des(terres)), el<strong>le</strong>s se produisent sous la forme d’une chute quasi-continuel<strong>le</strong> demicro-cristaux de glace, sans que <strong>le</strong> ciel soit nécessairement nuageux. Il semb<strong>le</strong> que ce phénomème soitdépendant de l’altitude. Sur la côte, au contraire, el<strong>le</strong>s sont associées à des tempêtes de neige, et se produisentdonc de façon beaucoup plus intense, mais beaucoup plus irrégulière.Les mesurer de façon fiab<strong>le</strong> est extrêmement diffici<strong>le</strong>, d’une part parce qu’el<strong>le</strong>s sont souvent trop ténuespour être détectées, de l’autre parce qu’el<strong>le</strong>s sont redistribuées par <strong>le</strong> vent.A l’intérieur du continent, aux a<strong>le</strong>ntours du Pô<strong>le</strong> Sud en particulier, el<strong>le</strong>s sont si faib<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong>s sont souventinsuffisantes pour être détectées par la jauge des instruments de mesure. Au Pô<strong>le</strong>, sur des enregistrementseffectués pendant 10 ans à raison d’une mesure tous <strong>le</strong>s mois, 9 mesures sur 10 montraient moinsde 0,1 mm d’eau accumulés dans <strong>le</strong> mois (Bromwich 1988).Près de la côte, où el<strong>le</strong>s sont d’un ordre de grandeur plus important, el<strong>le</strong>s sont la plupart du temps associéesà des vents vio<strong>le</strong>nts, et il est diffici<strong>le</strong> de distinguer <strong>le</strong>s précipitations réel<strong>le</strong>s de la neige déjà présenteau sol qui a été simp<strong>le</strong>ment sou<strong>le</strong>vée et transportée. Une solution à ce problème, proposée par Braaten(1997), consiste à utiliser des marqueurs colorés pour évaluer la redistribution de la neige et en déduireun comportement type, que l’on peut ensuite en<strong>le</strong>ver des mesures.Une fois obtenue une évaluation fiab<strong>le</strong> du taux de précipitation, il faut encore en retirer la part de la sublimationpour obtenir <strong>le</strong> taux d’accumulation (Bromwich 1990).Une autre méthode, pour obtenir directement une mesure de l’accumulation sans passer par une estimationdes précipitations, sujette à beaucoup d’erreurs, consiste à mesurer la couche de neige qui se déposeannuel<strong>le</strong>ment, ceci grâce à un système de datation par18O (Morgan et al. 1991).1.2.2. Un couplage atmosphérique comp<strong>le</strong>xe.Les variations saisonnières constatées sur <strong>le</strong>s mesures de taux d’accumulation montrent des précipitationsplus importantes en hiver, alors que <strong>le</strong>s températures sont <strong>le</strong>s plus basses. Or, des études demétéorologues (Fortuin et Oer<strong>le</strong>mans 1990), ont montré que dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s polaires, <strong>le</strong>s températuresont une influence directe et positive sur <strong>le</strong>s précipitations : une augmentation des températures de surfaceprovoque une augmentation des précipitations. L’intensité des précipitations hiverna<strong>le</strong>s en Antarctique90


x1. LES TENDANCES ACTUELLES DE L’ÉQUILIBRE DE LA CALOTTE.s’explique en fait (Morgan et al. 1991) par l’activité cyclonique beaucoup plus importante en hiver et qui,beaucoup plus que <strong>le</strong>s températures, conditionne la majeure partie des précipitations se produisant surla côte.Cette observation est contestée par une étude récente, fondée sur des observations du niveau des merspar Topex-Poseidon et ERS-1 (Minster et al. 1999). Les variations saisonnières des précipitations seraientdes effets très localisés, <strong>le</strong> bilan hydrologique sur l’ensemb<strong>le</strong> de l’Antarctique restant constant au coursde l’année.Du point de vue du mécanisme climatique, Enomoto (1991), à partir d’une étude réalisée sur <strong>le</strong> longterme (données sur une dizaine de sites antarctiques, depuis <strong>le</strong> début du sièc<strong>le</strong> dernier pour certains), amis en évidence des fluctuations périodiques sur quelques dizaines d’années des températures annuel<strong>le</strong>s.Sur <strong>le</strong>s sites de la partie Est de la calotte, Morgan constate une corrélation avec <strong>le</strong>s pressions au niveau de lamer (SLP) des latitudes comprises entre40oet50o. Ces observations, ainsi que <strong>le</strong>s variations saisonnièreset inter-annuel<strong>le</strong>s importantes, soulignent la nécessité de prendre en compte l’évolution régiona<strong>le</strong> et passeu<strong>le</strong>ment loca<strong>le</strong> du climat (par exemp<strong>le</strong> en faisant appel à des modè<strong>le</strong>s de circulation atmosphériqueglobaux, ou GCM).Ces observations concordent sur la difficulté à obtenir une mesure fiab<strong>le</strong> et précise du taux d’accumulationactuel, et la comp<strong>le</strong>xité des mécanismes climatiques rend hasardeuses <strong>le</strong>s simulations de réponse à desforçages en température.à97;01.2.3. Accroissement récent des précipitations sur l’Antarctique.La surveillance des précipitations prend un intérêt particulier sur l’Est de l’Antarctique, puisque,l’évacuation glaciaire y étant supposée régulière et bien contrainte, ce sont el<strong>le</strong>s qui vont conditionner <strong>le</strong>comportement de la calotte.Une étude assez complète sur <strong>le</strong>s variations du taux d’accumulation au Pô<strong>le</strong> Sud depuis 1958(Mos<strong>le</strong>y-Thompson et al. 1995), utilisant plusieurs méthodes 1 , met en évidence une augmentationrécente des précipitations. Le premier type de mesures utilise des réseaux de pylônes, répartis autourdu Pô<strong>le</strong> Sud, où l’on mesure à plusieurs reprises dans l’année <strong>le</strong> taux de précipitations. Ces mesures,espacées irrégulièrement entre 1958 et 1993, montrent une augmentation du taux d’accumulation, quipasse de64;0mm/an pour la période 1958–1964 (avec une variabilité inter-annuel<strong>le</strong> de 16%) mm/an en 1993. Les précipitations au Pô<strong>le</strong> sont assez irrégulières, rappelons que ces chiffres de quelquescm par an demeurent très faib<strong>le</strong>s par rapport aux climats tempérés, ou mêmes au côtes antarctiques.D’autres mesures, de radioactivitécette fois, ont eu lieu sur un ensemb<strong>le</strong> de sites classés en deuxcatégories selon qu’ils se situent ou non à plus de 3 km de la station Pô<strong>le</strong> Sud, en tenant compte du ventdominant. Les deux périodes de mesures sont 1955–65 et 1965–84 (ou 1965–78 selon <strong>le</strong>s sites). Les sitessitués à plus de 3 km de la station montrent une augmentation du taux de précipitations de 73 mm/an à81 mm/an (soit +10%) et <strong>le</strong>s sites situés à moins de 3 km une augmentation de 69 mm/an à 83 mm/an(+ 20%). La figure III.3 donne une vue d’ensemb<strong>le</strong> sur toutes <strong>le</strong>s mesures effectuées près de la station duPô<strong>le</strong> Sud, et l’augmentation qu’el<strong>le</strong>s indiquent.Des observations sur la région de Wilkes (toujours sur la partie Est de l’Antarctique, mais beaucoup plusprès de la côte), portant sur quatre séries temporel<strong>le</strong>s, deux longues (depuis <strong>le</strong> début du XIXemesièc<strong>le</strong>) etdeux courtes (depuis 1930), montrent des résultats similaires (Morgan et al. 1991). Le taux d’accumulationmesuré (voir figure III.4) décroît de 1955 à 1960, atteint un minimum puis croît à nouveau jusqu’à la1:Mesures directes d’accumulation avec des pylônes, radioactivité, datation à l’aide d’isotopes stab<strong>le</strong>s (18O), concentrationsde poussières.91


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.FIG. III.3 - Moyennes annuel<strong>le</strong>s de l’ensemb<strong>le</strong> des mesures d’accumulation sur tous <strong>le</strong>s réseaux autour de la stationdu Pô<strong>le</strong> Sud, en fonction de l’interval<strong>le</strong> de temps qu’el<strong>le</strong>s représentent.Le taux est donné en mm d’équiva<strong>le</strong>nt-eau paran, la barre d’erreur indique1pour chaque enregistrement (Mos<strong>le</strong>y-Thompson et al. 1995).va<strong>le</strong>ur actuel<strong>le</strong>, supérieure de 20%à la moyenne sur <strong>le</strong> long terme.Toujours en Antarctique Est, en un site du plateau (82oS, 43oE), des mesures de radioactivitéeffectuéesen 1986 révè<strong>le</strong>nt une accumulation moyenne de 20 mm/an entre 1955 et 1965, et de 35 mm/an à partirde 1965. Les incertitudes sur ces dernières mesures sont é<strong>le</strong>vées, puisque <strong>le</strong> taux d’accumulation estparticulièrement faib<strong>le</strong> dans cette région et que seuls deux forages ont été analysés.Sur l’Antarctique Ouest et la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s mêmes auteurs Morgan et al. (1991) obtiennent uneaugmentation d’au moins 20%du taux de précipitations entre 1955–1965 et la période actuel<strong>le</strong> (î<strong>le</strong>sDol<strong>le</strong>man et James Ross).La combinaison de l’ensemb<strong>le</strong> de ces résultats suggère sans aucun doute une augmentation des précipitationssur l’ensemb<strong>le</strong> de la calotte Est. La même variation sur la Péninsu<strong>le</strong> est moins certaine, puisqu’onne dispose que d’une seu<strong>le</strong> mesure.à2;51.3. Evolution récente de l’évacuation glaciaire.1.3.1. La disparition accélérée des plates-formes.L’exemp<strong>le</strong> de la plate-forme de Larsen. Depuis une vingtaine d’année, <strong>le</strong> comportement des platesformesde l’Ouest Antarctique, et plus particulièrement cel<strong>le</strong>s de la Péninsu<strong>le</strong>, fait l’objet d’une surveillanceintense. C’est <strong>le</strong> cas en tout premier lieu pour la plate-forme de Larsen, qui borde toute la côteEst de la Péninsu<strong>le</strong>, et dont la superficie diminue de façon continue depuis <strong>le</strong>s années 1940 (Rott et al.1996). Le retrait, qui a commencé par la partie la plus au Nord, au delà du Seal Nunatak (aussi appeléeLarsen A), s’est accéléré après 1975. Le suivi de son évolution grâce aux images LANDSAT (Skvarca1993), montre que sa superficie a diminué de plus de30%(soit 9300 km2) pendant la période 1975–1989.En 1991, des mesures in situ ont permis d’évaluer la vitesse de récession de son front de vêlagekm/an en certains points (Skvarca 1994).Début 1995, la diminution de sa superficie s’accélère bruta<strong>le</strong>ment, et la partie de la plate-forme appeléeLarsen A finit par disparaître tout entière en quelques semaines. Cet événement donne des argumentsaux défenseurs de l’instabilité de la calotte Ouest Antarctique : l’effondrement du Larsen A a surprisla communauté des glaciologues par sa précocité et sa rapidité, comme un phénomène qui n’était pas92


x1. LES TENDANCES ACTUELLES DE L’ÉQUILIBRE DE LA CALOTTE.FIG. III.4 - Taux d’accumulation sur quatre forages, comparés avec <strong>le</strong>s enregistrements de températures en Antarctique.Les taux sont normalisés par division par <strong>le</strong> taux moyen entre 1930 et 1985, pour permettre des comparaisonsentre <strong>le</strong>s forages. Toutes ces données sont lissées (largeur du filtre 3 ans) pour éviter un bruit climatique important.(Morgan et al. 1991)prévisib<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de plates-formes. Il résulte, d’après (Rott et al. 1996), d’une succession deplusieurs étés particulièrement chauds sur la Péninsu<strong>le</strong> ( 1992–93, avec une température moyenne de+0,2oC, et 1994–95, avec une température de+0,6oC, en comparaison avec la moyenne de2oC desautres hivers). Le mécanisme provoquant l’accélération du retrait associe l’augmentation du taux defonte basal, et cel<strong>le</strong> de la fonte en surface. La rapidité de l’effondrement souligne d’après <strong>le</strong>s auteurs<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> important que peut jouer la dynamique de fracture, et prouve que des plates-formes, une foisproches de <strong>le</strong>ur limite climatique, peuvent se désintégrer très rapidement sous l’effet d’un processuschaotique.Un modè<strong>le</strong> de la plate-forme de Larsen a été développé pour reproduire <strong>le</strong>s conditions de cet effondrement,par Doake et al. (1998), avec comme entrées l’épaisseur de la glace et la vitesse de la ligned’échouage. Pour <strong>le</strong> Larsen A, <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s configurations stab<strong>le</strong>s obtenues sont la configuration initia<strong>le</strong>,correspondant à son état entre 1986 et 1989, et la configuration fina<strong>le</strong>, reproduisant l’état actuel. Pour<strong>le</strong> Larsen B, la situation actuel<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> stab<strong>le</strong>, mais si <strong>le</strong> front recu<strong>le</strong> de quelques km, cela déc<strong>le</strong>ncheune phase de retrait irréversib<strong>le</strong>. Ces modè<strong>le</strong>s démontrent éga<strong>le</strong>ment la domination des processus defragmentation sur la diminution de masse causée par <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> amincissement de la plate-forme (étantdonné que l’amincissement, fragilisant la glace, favorise <strong>le</strong>s ruptures).La difficulté est en fait d’arriver à distinguer de façon certaine si l’on a affaire à une réel<strong>le</strong> accélérationde l’évacuation glaciaire, au caractère non transitoire, ou bien s’il s’agit simp<strong>le</strong>ment de processus réguliersde renouvel<strong>le</strong>ment de la glace. Par exemp<strong>le</strong>, la surface de glace qui s’est détachée en 20 ans des deuxplates-formes principa<strong>le</strong>s de Ross et de Ronne 2 est évaluée à plus de 30 000 km2(Zwally 1991), soit bienplus que <strong>le</strong>s diminution de la plate-forme de Wordie et de Larsen réunies. Pourtant, ce phénomène est2:D’une superficie de plus de 1 M de km2à el<strong>le</strong>s-deux.93


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.considéré comme épisodique dans un cyc<strong>le</strong> plus comp<strong>le</strong>t de variation périodique du vêlage, et sans rapportavec <strong>le</strong> réchauffement. Vaughan et Doake (1996) ont montré que <strong>le</strong>s deux plates-formes majeures précédemmentévoquées ne seraient menacées qu’après 200 ans de réchauffement climatique continu selon <strong>le</strong>taux actuel. Cette étude porte sur <strong>le</strong>s grandes plates-formes, dont <strong>le</strong> comportement est supposé beaucoupplus régulier, moins chaotiques que cel<strong>le</strong>s de la Péninsu<strong>le</strong> où l’augmentation des températures est importante.El<strong>le</strong> est éga<strong>le</strong>ment antérieure aux observations d’accélération des effondrements, qui a surpris lacommunauté des glaciologues par sa rapidité et son amp<strong>le</strong>ur, et aux modè<strong>le</strong>s de Doake et al. (1998).Quelques chiffres. Le tab<strong>le</strong>au III.3 donne une évaluation, parfois différente des chiffres précédents, dessuperficies de plates-formes disparues depuis <strong>le</strong> début des années 1970, sans tenir compte des chiffresplus récents concernant la plate-forme de Larsen (Williams et Ferrigno 1995).TAB. III.3 - Superficies et volumes estimés pour quelques vêlages en Antarctique (Williams et Ferrigno 1995).Plate-forme Date surface (km2) Volume estimé (km3)Trolltunga Avant 1969 5000 1100Wordie 1974–1979 250 37,5Larsen A 1986 11225 2250Filchner 1986 10700 3210Glacier de Thwaites 1986 1600 ?Ross 1987 5508 1650Glacier de Shirase 1973–1988 600 ?Larsen B 1995 2849 5211.3.2. L’exemp<strong>le</strong> de Rothera.Un des seuls sites antarctiques où l’on dispose de mesures fiab<strong>le</strong>s et récentes de variations actuel<strong>le</strong>sde la couche de glace est situé sur la côte Ouest de la Péninsu<strong>le</strong>, près de la station de Rothera (voir la carteIII.5 pour la localisation précise). Un programme de surveillance de l’évolution de la surface d’une rampede glace par nivel<strong>le</strong>ment (classique, ou par GPS cinématique) a débuté en 1989 (Smith et al. 1998). Cetterampe, longue d’environ 600 m, a une surface comprise entre 10 et 100 m au dessus du niveau de la mer.El<strong>le</strong> relie une petite î<strong>le</strong> à la Péninsu<strong>le</strong>, et son soc<strong>le</strong>, détecté par mesures radar, est situé entre 5 et 75 m audessus du niveau de la mer (il s’agit donc bien de glace terrestre). La vitesse de la glace sur cette rampeest de plus suffisamment faib<strong>le</strong> (quelques mètres par an) pour ne pas la considérer comme un écou<strong>le</strong>mentglaciaire. Les variations de la surface d’une année sur l’autre sont données par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au III.4, comparéesavec <strong>le</strong>s températures moyennes annuel<strong>le</strong>s. L’évolution graphique du profil, entre 1989 et 1997, est représentéfigure III.6. La différence d’évolution entre <strong>le</strong>s deux extrémités du profil pourraient résulter de ladiminution de la température avec l’altitude (qui varie ici entre 10 et 100 m au dessus du niveau de lamer), <strong>le</strong>s auteurs insistent cependant sur l’importance de la topographie loca<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> comportement dela glace. La variation moyenne de l’élévation de la surface, sur ces 8 ans, est de -0,32 m/an, ce qui pourde la glace posée, est assez considérab<strong>le</strong>. Il s’agit bien évidemment d’une mesure très loca<strong>le</strong>, sur un siteparticulièrement chaud par rapport aux moyennes des sites côtiers en Antarctique, qui n’est donc pas94


x1. LES TENDANCES ACTUELLES DE L’ÉQUILIBRE DE LA CALOTTE.FIG. III.5 - Localisation de la rampe de Rothera sur la Péninsu<strong>le</strong>. (Smith et al. 1998)généralisab<strong>le</strong>, même sur <strong>le</strong> reste de la Péninsu<strong>le</strong>. Il montre cependant que des variations de cet ordre degrandeur sont envisageab<strong>le</strong>s.95


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.TAB. III.4 - Abaissement moyen de la surface de la rampe sur l’ensemb<strong>le</strong> de sa surface, comparé aux températuresmoyennes annuel<strong>le</strong>s à Rothera (Smith et al. 1998)Année de mesure Abaissement de la surface Temp. annuel<strong>le</strong> moyennem/an oC(année)1989–90 0,69 -1,8 (1989)1990–91 -0,08 -3,4 (1990)1991–92 0,47 -5,1 (1991)1992–93 0,48 -5,3 (1992)1993–94 -0,38 -4,1 (1993)1994–95 0,63 -5,4 (1994)1995–96 0,71 -5,3 (1995)1996–97 0,03 -3,7 (1996)FIG. III.6 - Différences cumulatives entre <strong>le</strong> profil de nivel<strong>le</strong>ment obtenu en 1989 sur la rampe de Rothera, et ceuxdes années suivantes. (Smith et al. 1998)96


x2. BILAN ACTUEL DE L’ÉQUILIBRE DE MASSE DE LA CALOTTE ANTARCTIQUE : MESURE DIRECTE.2. Bilan actuel de l’équilibre de masse de la calotte Antarctique : mesure directe.Un bilan comp<strong>le</strong>t fait intervenir une mesure précise du taux d’accumulation, et une évaluation del’évacuation glaciaire selon <strong>le</strong>s mécanismes d’évaporation, de fonte en surface, et de fonte des platesformesmarines. Une bonne façon d’évaluer ces différents effets est de découper <strong>le</strong> continent Antarctiqueen plusieurs régions, correspondant aux bassins de drainage principaux, de manière à pouvoir identifieret chiffrer une tendance nette à l’intérieur de chaque région.Les études présentées dans la suite sont cel<strong>le</strong>s qui ont servi de base aux modè<strong>le</strong>s de mouvements crustaux.FIG. III.7 - Principaux bassins de drainage Antarctique. (Giovinetto et Bent<strong>le</strong>y 1985)2.1. Analyse de la portion terrestre : bilan de masse positif.La figure III.7 présente <strong>le</strong>s principaux systèmes antarctiques décrits par Giovinetto et Bent<strong>le</strong>y (1985)et utilisés par la suite par Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto (1991) dans <strong>le</strong>ur analyse de l’équilibre de masse actuelde l’Antarctique. Ils ne s’intéressent qu’à la portion terrestre de la calotte. Les frontières sont tracées pourdélimiter <strong>le</strong>s régions qui alimentent <strong>le</strong>s trois principa<strong>le</strong>s plates-formes marines : BoC pour la plate-formeAmery, EoF pour la plate-forme de Ross, et JoK pour cel<strong>le</strong> de Filchner-Ronne. Ces trois systèmes à euxseuls évacuent la quasi-totalité de la glace quittant l’Antarctique par <strong>le</strong> biais des plates-formes. Ils ontpour réservoir la partie intérieure du continent, alors que <strong>le</strong>s trois autres systèmes ne comprennent quedes régions côtières. L’évaluation de Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto (1991) commence par <strong>le</strong>s régions intérieuresdu continent. La répartition de ces régions est donnée par la carte III.8 et <strong>le</strong>s résultats en terme de bilan97


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.de masse sont donnés par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au III.5. Le second système à prendre en compte est celui des régionsFIG. III.8 - Répartition des régions intérieures. Les numéros entre parenthèses désignent <strong>le</strong>s régions du découpageen bassins glaciaires, qui sont repris dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au III.5. (Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991)de_M=côtières pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on dispose mesures. Les résultats pour ces régions sont donnés par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>auIII.6. Une fois <strong>le</strong>s déséquilibres de ces régions évalués, il reste environ30%de la superficie du territoirepour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on ne dispose pas d’évaluation fiab<strong>le</strong> d’un éventuel déséquilibre. Il s’agit de régions côtières,où <strong>le</strong> taux d’accumulation mais aussi d’ablation sont é<strong>le</strong>vés. A partir des extrapolations que l’on vafaire sur ces régions où l’on ne peut pas évaluer l’équilibre glaciaire, trois scénarios sont envisagés dansla suite :– Le premier de ces scénarios (référencé dans la suite comme((scénario 1))) suppose que la calotte est enéquilibre de masse, excepté pour <strong>le</strong>s régions où un déséquilibre flagrant a été mesuré. Trois régionssont alors en déséquilibre : <strong>le</strong> glacier de l’î<strong>le</strong> des Pins croît de_M=50Gt/an soit une augmentationde l’épaisseur de glace de_=218mm/an, la partie Est de la plate-forme de Ross, qui croît26Gt/an,_=16mm/an, et la région intérieure du système constitué par <strong>le</strong>s plates-formes de Bruntet Riiser-Larsen, qui décroît de_ M=37Gt/an,_=20mm/an. Le déséquilibre total, positif, estde_M=39Gt/an, ce qui correspond à une diminution du niveau des mers, de0;1mm/an.– Le second scénario (désigné dans la suite par(scénario 2 massique))) consiste à extrapo<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s résultatsdes régions mesurées sur <strong>le</strong>s régions non-mesurées, en supposant que <strong>le</strong> déséquilibre est proportionnelà la masse de l’accumulation (connue approximativement partout). Cela mène à un déséquilibrepositif de280Gt/an sur <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s régions non mesurées, soit une augmentation tota<strong>le</strong> de98


_x2. BILAN ACTUEL DE L’ÉQUILIBRE DE MASSE DE LA CALOTTE ANTARCTIQUE : MESURE DIRECTE.(Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991) (James et Ivins 1997)M _TAB. III.5 - Résultats bilan de masse_Met de hauteur de glace équiva<strong>le</strong>nte_sur <strong>le</strong>s régions intérieures. (Bent<strong>le</strong>y etGiovinetto 1991)Système deDéséq. SurfaceDrainage Gt/an signific. (103km2) mm/an(1) Jutulstraumen a 5 non 150 36(2) Est de la Terre de la Reine Maud 0 non 450 0(3) Est du territoire d’Enderby 3 non 100 33(4) Glacier de Lambert b 39/7 oui/non 800 53/10(5) Ouest de la Terre de Wilkes 4 non 850 5(6) Calotte Est près de la P.F. de Ross 26 oui 1800 16(7) Calotte Ouet près de la P.F. de Ross -8 non 600 -14(8) Glacier de Thwaites 5 non 250 22(9) Glacier de l’î<strong>le</strong> des Pins 50 oui 250 218à_(10) Ecou<strong>le</strong>ment de Rutford -6 non 50 -130Total 118.5 5300masse de_M=400Gt/an, et une diminution du niveau de la mer de1;1mm/an.– Le troisième et dernier scénario, toujours d’après Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto (1991) et référencé par(scénario 2 surfacique)), consiste à extrapo<strong>le</strong>r <strong>le</strong> résultat des régions mesurées aux régions pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>son ne dispose pas de mesures, mais proportionnel<strong>le</strong>ment à <strong>le</strong>ur surface. Le bilan des régionsnon mesurées est portéM=172Gt/an, soit un bilan total sur la partie terrestre de l’Antarctiquede_ M=290Gt/an, et une diminution du niveau de la mer de0;8mm/an.a Voir figure III.8 pour la signification des numérosb Différentes études.2.2. Evaluation du déséquilibre des plates-formes.Une quatrième évaluation (Jacobs et al. 1992), tient compte du taux d’accumulation et de perte desplates-formes, et plus seu<strong>le</strong>ment de la partie posée de la calotte. La prise en compte de la glace terrestreuniquement se justifie si l’on considère <strong>le</strong>s flux en terme de bilan par rapport au niveau de la mer, ou sil’on s’intéresse aux mouvements du sol provoqués par <strong>le</strong>s variations de charge, mais il faudrait pouvoirtenir compte du transfert de glace depuis la partie posée de la calotte (typiquement <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves glaciaires)vers la partie flottante, au niveau de la ligne d’échouage. Cette quantité est beaucoup plus diffici<strong>le</strong> à évaluerque <strong>le</strong> vêlage d’icebergs, entre autre à cause du comportement de la ligne d’échouage, influencé parla fonte des plates-formes (Bent<strong>le</strong>y 1997). La prise en compte des plates-formes dans <strong>le</strong> bilan de masserisque d’y introduire une erreur résultant de la différence entre <strong>le</strong> flux entrant 3 et la masse perdue par laplate-forme, mais cette erreur est certainement inférieure à cel<strong>le</strong> que l’on fait en négligeant pûrement etsimp<strong>le</strong>ment la perte de glace qui se fait par l’intermédiaire des plates-formes.A partir des données de Giovinetto et Bent<strong>le</strong>y (1985) pour <strong>le</strong> taux d’accumulation et en réalisant quelquesajustements sur la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong> total de l’accumulation est de 2144 Gt/an, ce qui est cohérent avec <strong>le</strong>s3:de la calotte terrestre vers la plate-forme.99


TAB. III.6 - Résultats de bilan de masse__Met de vitesse de fonte basa<strong>le</strong> des plates-formes pour <strong>le</strong>s régions côtières(Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991)(Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991)Système MFontede drainage. (Gt/an) (m/an) Raisonnab<strong>le</strong>?CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.(11) Plate-forme Amery a 83/51 1,5/0,9 non(12) Plate-forme George VI 48 2,1 oui(13) Ouest plate-forme de Ronne 44 0,37 oui(14) Est plate-forme de Ronne 79 0,28 non(15) Plate-forme de Filchner 47 0,35 oui(16) Plates-formes Brunt et Riiser-Larsen -37 0,16 nona Voir figure III.8 pour <strong>le</strong>s numéros.estimations de Fortuin et Oer<strong>le</strong>mans (1990) ou Warrick et Oer<strong>le</strong>mans (1990). Le taux de fonte des platesformes,<strong>le</strong> vêlage d’icebergs et l’érosion sont estimés, et comparés à des études antérieures (tab<strong>le</strong>au III.7).Les incertitudes sur ces évaluations demeurent importantes, puisqu’el<strong>le</strong>s atteignent 50%pour la fonte desTAB. III.7 - Détail du bilan de masse de la calotte Antarctique, en Gt/an, selon différents auteurs, et pour l’ensemb<strong>le</strong>des processus d’accumulation et de perte glaciaire. La précision des taux d’accumulation est supposée être de20%,cel<strong>le</strong> du vêlage d’icebergs de33%, et de50%pour la fonte. D’après (Jacobs et al. 1992).Accumulation Diminution Bilan RéférenceGlace posée Plate-forme Total Vêlage Fonte Erosion1749 -1005 -251 +487 (Meier 1983)2000 -1850 -550 -400 (Losev 1963)1490 356 1885 -1053 -293 (Barkov 1985)2080 -1450 -200 -10 +420 (Bull 1971)2000 -2400 -320 -60 -720 (Kotlyakov, Losev et Loseva 1978)2000 -1800 +200 (Budd et Smith 1985)1468 495 1963 (Giovinetto et Bent<strong>le</strong>y 1985)1817 287 2104 (Fortuin et Oer<strong>le</strong>mans 1990)2200 -2200 0 (Warrick et Oer<strong>le</strong>mans 1990)1660 +180 (Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991)1528 616 2144 -2016 -544 -53 -469 (Jacobs et al. 1992)plates-formes et l’érosion. Le bilan total de cette étude est donné par la figure III.9 (Jacobs et al. 1992). Ledéséquilibre total résultant est de -469 Gt/an sachant que la barre d’erreur importante (639Gt/an) <strong>le</strong>fait varier entre -1108 Gt/an et +170 Gt/an 4 . La contribution de l’Antarctique à l’évolution du niveau dela mer est alors de +1,3 mm/an. La différence importante entre ce résultat et ceux des autres modè<strong>le</strong>s (voirtab<strong>le</strong>au III.7) vient du taux de fonte des plates-formes, qui avec -544 Gt/an est nettement supérieur à la4:On a considéré, pour l’évaluation de cette barre d’erreur, que <strong>le</strong>s différents processus de diminution de masse glaciaire sontindépendants <strong>le</strong>s uns des autres, ce que l’on sait faux (Jacobs et al. 1992).100


x2. BILAN ACTUEL DE L’ÉQUILIBRE DE MASSE DE LA CALOTTE ANTARCTIQUE : MESURE DIRECTE.FIG. III.9 - Cumul des diverses participations au bilan de masse sur la surface de l’Antarctique, comprenant <strong>le</strong>splates-formes marines, <strong>le</strong>s barres d’erreurs sont données en grisé. L’accumulation est répartie entre <strong>le</strong>s portions terrestreet flottante (AG et AF) <strong>le</strong> vêlage selon <strong>le</strong>s grands et petits icebergs (LB et SB) et la fonte entre la fonte basa<strong>le</strong> etl’érosion (IM et RO). (Jacobs et al. 1992)moyenne de -322 Gt/an des études antérieures. Jacobs et al. (1992) arrivent à cette va<strong>le</strong>ur é<strong>le</strong>vée en prenanten compte la fonte liée aux différents modes de circulation thermohaline décrits dans la partie 1.2.Les résultats de Jacobs et al. (1992) ont ensuite été adaptés par (James et Ivins 1997), qui se sont demandésquel<strong>le</strong> était la part de la diminution observée des plates-formes qu’il fallait réel<strong>le</strong>ment reporter sur laglace terrestre. Ils ont considéré que la portion intérieure de la glace posée avait un bilan de masse correctementdécrit par <strong>le</strong>((scénario 2 massique)de (Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991), et que l’équilibre de masse dela portion terrestre de la calotte devait être correctement contraint par une augmentation du niveau de lamer imputée à la calotte Antarctique de0;45mm/an (ce qui correspond à une variation de la masse deglace terrestre_M= -160 Gt/an). Cette augmentation du niveau de la mer correspond à la différence inexpliquéeentre la somme des diverses contributions connues (0;4mm/an pour l’expansion thermique,0;4mm/an dûs à la fonte des glaciers de montagne,0;25mm/an en provenance de la calotte du Groenland)et la variation tota<strong>le</strong> mesurée de1;5mm/an (Warrick et Oer<strong>le</strong>mans 1990) – ces chiffres sont à rapprocherde ceux du tab<strong>le</strong>au III.2, (Houghton 1995).Cela revient à en<strong>le</strong>ver une masse de glace de 450 Gt/an des côtes du continent Antarctique, puisque c’estla partie côtière de la calotte pour laquel<strong>le</strong> on ne dispose pas de mesures. La répartition de cette diminutiona été effectuée proportionnel<strong>le</strong>ment aux taux de diminution des plates-formes marines de (Jacobset al. 1992).Une étude postérieure (Jacobs et Hellmer 1996), constatant que <strong>le</strong>s taux de fonte observés des glaciers deGeorge V et de l’î<strong>le</strong> des Pins sont supérieurs à ceux de (Jacobs et al. 1992), revoit à la hausse l’estimationde la fonte tota<strong>le</strong>, et <strong>le</strong> déficit de la calotte passe ainsi à 756 Gt/an.101


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.Les 4 scénarios glaciaires que nous avons présentés ici, qui seront désignés dans la suite par(scénario 1),(scénario 2 massique)),(scénario 2 surfacique))et(J92)), donnent <strong>le</strong>s résultats sur l’ensemb<strong>le</strong> de l’Antarctiquequi sont présentés par la figure III.10 (James et Ivins 1997). Ces scénarios ont été utilisés pourcalcu<strong>le</strong>r des vitesses vertica<strong>le</strong>s de rebond élastique.102


x3. LA RÉPONSE ÉLASTIQUE DU SOL AUX VARIATIONS SÉCULAIRES DE MASSE GLACIAIRE.3. La réponse élastique du sol aux variations séculaires de masse glaciaire.La réponse élastique de la croûte à la variation de charge des modè<strong>le</strong>s précédents a été calculée à partirdu modè<strong>le</strong> de Terre 1066B, à l’aide de deux méthodes (James et Ivins 1995), (James et Ivins 1998) : lapremière utilise une décomposition en harmoniques sphériques de la charge jusqu’au degré 512, appliquéeaux nombres de Love, la seconde <strong>le</strong>s fonctions de Green (voir annexe A). La correspondance entre<strong>le</strong> résultat des deux méthodes est excel<strong>le</strong>nt. Le modè<strong>le</strong> permettant de calcu<strong>le</strong>r la réponse élastique est enfait très simp<strong>le</strong>, puisque si l’on représente la charge par un disque, <strong>le</strong> mouvement vertical dépend linéairementde la charge et, pour un degré donné des harmoniques sphériques, ne dépend que de la distanceau centre du disque.FIG. III.10 - Quatre scénarios des variations actuel<strong>le</strong>s de masse de glace en Antarctique, <strong>le</strong>s trois premiers d’après(Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991), (a) scénario1, (2) scénario 2 massique, (c) scénario 2 surfacique, et un d’après (Jacobset al. 1992). (d) scénario J92. Le déséquilibre est représentéen mm/an de variation d’épaisseurde glace. (James et Ivins1997)103


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.FIG. III.11 - Vitesses vertica<strong>le</strong>s de la croûte résultant de l’application des quatre scénarios décrits plus haut. Lesinterval<strong>le</strong>s des contours sont de 2mm/an pour <strong>le</strong> scénario J92, de 1 mm/an sinon (James et Ivins 1998).3.1. Résultats des modè<strong>le</strong>s.Les vitesses vertica<strong>le</strong>s obtenues à partir des quatre scénarios présentés précédemment sont donnéspar la figure III.11. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s et vertica<strong>le</strong>s, ainsi que <strong>le</strong>s anomalies de gravité calculées en12 sites situés sur la terre solide sont donnés par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au III.8 (James et Ivins 1998).Ces résultats correspondent au seul effet de la réponse élastique à la variation actuel<strong>le</strong> de la calotte Antarctique.Ils tiennent compte de la variation eustatique de l’océan. Excepté pour <strong>le</strong> scénario J92, <strong>le</strong>s vitessesmaxima<strong>le</strong>s obtenues correspondent à des subsidences, sur des régions de l’Ouest Antarctique quine font pas partie des 12 sites détaillés, et sont de l’ordre de 5 mm/an. C’est <strong>le</strong> scénario 1 qui donne <strong>le</strong>svitesses <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s, avec une subsidence maxima<strong>le</strong> de 4 mm/an au centre du glacier de l’î<strong>le</strong> des Pinset une remontée du même ordre de grandeur à l’intérieur de la plate-forme de Riiser-Larsen. Le(scénario2 surfacique))conduit à une subsidence quasi-généralisée du continent Antarctique, à un taux de -1 à -2mm/an, sauf dans <strong>le</strong>s régions où la calotte s’épaissit fortement dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>, comme <strong>le</strong>s glaciers de l’î<strong>le</strong>des Pins et de Lambert. On retrouve la même subsidence globa<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s résultats du(scénario 2 massique),mais comme l’extrapolation proportionnel<strong>le</strong>ment à la masse revient à concentrer l’accumulation104


_hTAB. III.8 - Vitesses élastiques vertica<strong>le</strong>s_het horizonta<strong>le</strong>s_l, et anomalies de gravité_gen 12 sites antarctiques situéssur la calotte terrestre, pour quatre scénarios différents. Les mouvements sont en mm/an et l’anomalie de gravité estenGal/an. Les azimuths sont indiqués du Nord vers l’Est (James et Ivins 1998). P.O. Mts = Mont du Prince Olav,E.C.R. = Executive Committee Range. Les sites en gras sont ceux pour <strong>le</strong>squels on dispose de mesures GPS. (Jameset Ivins 1998)_l(Magnitude/Site 1 2M 2S J92 1 2M 2S J92 1 2M 2S J92_gx3. LA RÉPONSE ÉLASTIQUE DU SOL AUX VARIATIONS SÉCULAIRES DE MASSE GLACIAIRE.Azimuth en degres)Syowa 0,0 -0,7 -0,5 0,6 0,0/118 0,2/185 0,2/175 0,1/69 0,00 0,23 0,16 -0,17Davis 0,0 -1,9 -0,8 3,5 0,0/141 0,4/144 0,3/165 1,2/359 0,01 0,53 0,24 -0,92Casey 0,0 -1,3 -0,5 -0,1 0,0/159 0,4/193 0,2/190 0,1/191 0,01 0,37 0,17 0,03Mt Melbourne -0,1 -1,6 -0,9 -0,4 0,0/186 0,1/305 0,1/250 0,2/315 0,04 0,46 0,25 0,10McMurdo -0,2 -1,0 -0,7 0,0 0,1/207 0,2/280 0,2/231 0,3/306 0,07 0,29 0,20 -0,01P O Mts -0,4 -0,8 -0,8 1,6 0,0/199 0,1/223 0,2/202 0,9/302 0,10 0,23 0,23 -0,45E C R -0,3 -0,8 -0,7 0,4 0,1/111 0,2/85 0,2/98 0,4/25 0,10 0,26 0,22 -0,12Mt Hulmer -3,1 -3,4 -3,3 -1,2 0,8/255 0,8/246 0,8/232 1,1/267 0,81 0,94 0,89 0,27Indep. Hills -0,8 -1,3 -1,7 3,9 0,4/297 0,4/300 0,3/278 1,9/329 0,24 0,39 0,48 -1,07O’Higgins 0,0 -0,3 -0,2 0,3 0,0/237 0,2/189 0,1/181 0,1/359 0,01 0,10 0,05 -0,08Dufek Massif -0,1 -0,7 -1,0 6,9 0,1/257 0,1/246 0,2/171 1,6/343 0,04 0,21 0,31 -1,87Basen 2,6 -2,0 -0,9 0,1 0,5/300 0,5/112 0,3/146 0,3/61 -0,68 0,54 0,25 -0,04sur <strong>le</strong>s régions côtières, la subsidence observée <strong>le</strong> long des côtes est plus importante qu’à l’intérieur ducontinent. Le dernier scénario, J92, est <strong>le</strong> seul qui supposait des diminutions importantes de la masse deglace, loca<strong>le</strong>ment. On retrouve donc un pic de vitesse vertica<strong>le</strong> de +10 mm/an dans la région proche dela plate-forme de Filchner-Ronne. Les régions proches de la plate-forme d’Amery et de cel<strong>le</strong> de Ross subissentéga<strong>le</strong>ment un déplacement vers <strong>le</strong> haut de l’ordre de 6 à 7 mm/an.Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s, données par la carte III.12, sont partout inférieures à 1 mm/an, donc très diffici<strong>le</strong>mentmesurab<strong>le</strong>s, sauf loca<strong>le</strong>ment autour de la plate-forme de Filchner-Ronne, pour <strong>le</strong> scénario J92uniquement (jusqu’à 2 mm/an).Ces mouvements, verticaux et horizontaux, présentent des amplitudes d’un ordre de grandeur inférieurà ceux induits par la réponse visco-élastique de la Terre au rebond post-glaciaire. Ils ont éga<strong>le</strong>ment uncaractère beaucoup plus local.3.2. DiscussionLes amplitudes des vitesses observées, pour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> J92, restent très faib<strong>le</strong>s. Les pics des maximaobservab<strong>le</strong>s ne sont que de quelques mm/an sur <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s, donc à la limite de ce qui est détectab<strong>le</strong>par une observation GPS continue sur une longue période, et <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s sont d’unordre de grandeur encore inférieur. Les bilans d’équilibre qui ont été utilisés pour prédire <strong>le</strong>s mouvementsélastiques ne prennent pas en compte <strong>le</strong> caractère saisonnier éventuel de l’accumulation ou de l’évacuationglaciaire, mais des moyennes annuel<strong>le</strong>s. On peut très bien supposer que pour <strong>le</strong>s régions en déséquilibreoù l’évacuation domine, la remontée élastique a lieu presque entièrement pendant l’été, que <strong>le</strong> mouvementpendant l’hiver est quasi-nul. Une moyenne de 5 mm/an pourrait très bien correspondre plutôtà une vitesse de 15 mm/an pendant 4 mois, rien pendant <strong>le</strong> reste de l’année. La plupart des sites sur <strong>le</strong>squels<strong>le</strong>s mouvements prédits sont suffisamment importants pour pouvoir être détectés sont situés dansla partie Ouest de l’Antarctique, et n’ont pas encore été équipés de stations GPS.Pourtant, une discrimination pourrait être effectuée grâce à des comparaisons. Sur <strong>le</strong> site de Davis, par105


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.FIG. III.12 - Vitesses horizonta<strong>le</strong>s de la croûte résultant de l’application des quatre scénarios décrits plus haut.L’échel<strong>le</strong> est indiquée au centre (James et Ivins 1998).exemp<strong>le</strong>, qui présente l’avantage d’être situé au voisinage de la plate-forme d’Amery, la différence devitesse vertica<strong>le</strong> entre <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> J92 (<strong>le</strong> seul à tenir compte de décharges glaciaires loca<strong>le</strong>s importantes)et l’autre extrême, <strong>le</strong>(scénario 2 massique))qui concentre l’accumulation sur <strong>le</strong>s côtes, est de plus de 5mm/an. Une mesure sur plusieurs années a donc un bon pouvoir discriminant, d’autant que l’une desvitesses vertica<strong>le</strong>s prédites correspond à une subsidence et l’autre à un soulèvement. Les amplitudes desmouvements horizontaux sur ce même site de Davis restent très faib<strong>le</strong>s, mais au moins <strong>le</strong>urs directionssont-el<strong>le</strong>s radica<strong>le</strong>ment différentes : 144oEst pour <strong>le</strong>(scénario 2 massique), 359opour <strong>le</strong> scénario J92. Ladifférence entre <strong>le</strong>s anomalies de gravité est éga<strong>le</strong>ment significative, puisque l’anomalie résultant de l’applicationdu(scénario 2 massique)est de 0,53Gal/an, cel<strong>le</strong> de J92 de -0,92Gal/an.106


x4. UNE ALTERNATIVE : LES MODÈLES DE CALOTTES.4. Une alternative : <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de calottes.De même qu’après avoir considéré des calculs de(rebond post-glaciaire)effectués à partir d’un modè<strong>le</strong>de déglaciation nous nous étions intéressé à des modè<strong>le</strong>s d’évolution de calotte, nous pouvons faireappel à ces modè<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> cas du comportement actuel de la calotte et des mouvements élastiques.4.1. Les modè<strong>le</strong>s de glaciologie comme simulation de l’avenir de l’Antarctique.Nous avons évoqué dans <strong>le</strong> chapitre II <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de calottes destinés à simu<strong>le</strong>r son évolution sur despériodes longues (plusieurs cyc<strong>le</strong>s glaciaires). Ces mêmes modè<strong>le</strong>s peuvent être utilisés pour des simulationssur des périodes beaucoup plus courtes (de l’ordre de la centaine d’années), en réponse à un forçageclimatique orienté : températures en augmentation par rapport à cel<strong>le</strong>s observées actuel<strong>le</strong>ment, augmentationde la concentration de l’atmosphère en CO2, augmentation du niveau des mers. Ils ont un intérêtprospectif certain, et permettent d’obtenir une simulation du comportement actuel de la calotte (augmentationou diminution), mais, pour être réalistes, ils doivent prendre en compte, en plus des couplages avecla dynamique terrestre déjà évoqués dans <strong>le</strong> chapitre II et <strong>le</strong>s particularités liées à la géographie de l’Antarctique,des interactions plus précises avec des modè<strong>le</strong>s climatiques. La différence majeure avec ce quise passe dans <strong>le</strong> cas d’une interaction visco-élastique tient aux constantes de temps des mécanismes invoqués: la réaction élastique de la croûte est quasi-instantanée, on peut se contenter d’un modè<strong>le</strong> simp<strong>le</strong>pour la croûte et <strong>le</strong> manteau (par exemp<strong>le</strong> un demi-espace élastique infini). L’interaction entre <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>mentset <strong>le</strong>s plates-formes glaciaires d’une part, et <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de circulation atmosphérique et océanographiqued’autre part, est par contre fondamenta<strong>le</strong>.4.1.1. Calotte terrestre et forçage climatique.Les modè<strong>le</strong>s de calottes reproduisent généra<strong>le</strong>ment la configuration d’une calotte terrestre : couchede glace posée sur un soc<strong>le</strong> au dessus du niveau de la mer, bordée par des plates-formes alimentées pardes écou<strong>le</strong>ments. Dans cette configuration simp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> mécanisme <strong>le</strong> plus compliqué dont on ait à tenircompte concerne <strong>le</strong>s interactions glace-océan-terre au niveau de la ligne d’échouage (Le Meur 1996),(Huybrechts 1990a).Ces modè<strong>le</strong>s de calottes sont soumis à des forçages climatiques à court terme : augmentation régulièredes températures, à partir d’une température proche de la température actuel<strong>le</strong> de surface moyenne surl’Antarctique.Les résultats de plusieurs études indépendantes, utilisant des modè<strong>le</strong>s physiques de calottes et de topographiedu soc<strong>le</strong> différents (Huybrechts 1990a), (Budd et Jenssen 1989), sont relativement uniformes. Letaux de fonte des plates-formes montre peu de sensibilité à une augmentation des températures, jusqu’àun seuil situé entre 5 et 10oC au dessus des températures actuel<strong>le</strong>s. Le taux d’accumulation, conditionnépar <strong>le</strong>s précipitations, croît par contre avec la température et l’humidité. Une fois que la températurea dépassé un seuil critique, on assiste à un renversement de tendance : <strong>le</strong>s précipitations continuentà augmenter régulièrement, mais <strong>le</strong> taux de fonte s’accroît très bruta<strong>le</strong>ment, jusqu’à compenser puisdépasser l’accumulation, et la masse de la calotte diminue.La figure III.13 illustre bien cette variation différenciée de la masse de la calotte aux augmentations dela température et de l’humidité relative de l’atmosphère (Oer<strong>le</strong>mans 1982). La température augmente de3 ou 6 K en 100 ans, l’humidité de 12 % à 24 %, après quoi ces deux paramètres restent stab<strong>le</strong>s , sachantque l’état initial reproduit <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs actuel<strong>le</strong>s de la température et de l’humidité moyennes. Dans tous <strong>le</strong>scas, la masse de la calotte commence par augmenter, pour diminuer un peu après 80 ans environ, lorsque107


6oCHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.<strong>le</strong> réchauffement atteint 5oC. Cette diminution (correspondant au cas où la fonte devient plus importanteque l’augmentation des précipitations) ne se produit que pour une augmentation des températures deen 100 ans. A terme, l’augmentation des précipitations finit dans tous <strong>le</strong>s cas par être plus importante quecel<strong>le</strong> de l’ablation, et la masse de la calotte augmente. Ces résultats sont naturel<strong>le</strong>ment influencés par ladurée limitée de l’augmentation des températures dans la simulation.D’autres modè<strong>le</strong>s, fondés sur <strong>le</strong>s mêmes principes, mais utilisant des résolutions spatia<strong>le</strong>s et des pas deFIG. III.13 - Résultats, en variations relatives de la masse de la calotte, de simulations de réchauffement climatique.Sur chaque courbe sont indiquées <strong>le</strong>s augmentations des températures et des précipitations. Les va<strong>le</strong>urs de 3 K et 12% correspondent à un doub<strong>le</strong>ment de la concentration en CO2 (Oer<strong>le</strong>mans 1982).temps plus fins, donnent des résultats similaires. Huybrechts et Oer<strong>le</strong>mans (1990) partent d’un état actuelsupposé stationnaire. Les simulations sont effectuées sur deux modè<strong>le</strong>s de calottes terrestres, l’un statique(pas de changement dans <strong>le</strong> champ de vitesse de la glace), l’autre dynamique (<strong>le</strong> champ de vitesse se modifieen même temps que la configuration de la calotte). Ils appliquent des forçages en températures, <strong>le</strong> premierprévoyant une augmentation de la température moyenne de 4,2oC d’ici 2100 (températures stab<strong>le</strong>sà partir de cette date), l’autre une augmentation de 8,2oC, pour tenir compte d’un réchauffement plusrapide dans <strong>le</strong> Sud, et <strong>le</strong> taux d’accumulation est extrapolé à partir du taux observé actuel<strong>le</strong>ment, proportionnel<strong>le</strong>mentà la pression de saturation en vapeur d’eau au dessus de la couche d’inversion. Pour que<strong>le</strong> taux d’ablation augmente plus vite que l’accumulation, il faut une augmentation des températures de5,3oC, et une augmentation des températures de 11,4oC pour arriver à un renversement de la tendanceaccumulation/ablation.Ces modè<strong>le</strong>s donnent probab<strong>le</strong>ment une bonne image au premier ordre du comportement d’unecalotte terrestre. Ils ne permettent pas d’obtenir des résultats différenciés selon <strong>le</strong>s régions de la calotte,conséquence de la répartition des précipitations non uniforme d’une part et d’une sensibilité au réchauffementvariab<strong>le</strong> selon <strong>le</strong>s plates-formes d’autre part.Le premier de ces écueils peut être évité en faisant appel aux résultats de modè<strong>le</strong>s de circulation atmosphérique(GCM), donnant l’évolution régiona<strong>le</strong> des précipitations en réponse à un forçage climatique.108


x4. UNE ALTERNATIVE : LES MODÈLES DE CALOTTES.FIG. III.14 - Résultats des modèlisations de calottes terrestres à court terme, avec un champ de vitesse statique oudynamique, et deux scénarios de températures (Huybrechts et Oer<strong>le</strong>mans 1990)A partir du modè<strong>le</strong> de calotte de Budd et Jenssen (1989), une simulation reprend <strong>le</strong>s résultats d’unGCM correspondant à un doub<strong>le</strong>ment de la concentration en CO2 d’ici la moitié du 21emesièc<strong>le</strong> (Buddet al. 1994). Le GCM aboutissant à une augmentation de température de 3oC, et un accroissement du tauxde fonte de 10 m/an, <strong>le</strong>s auteurs considérent plusieurs scénarios, combinant des taux de fonte accrus de1 m/an, 3 m/an ou 10 m/an, et des taux de précipitations doublés par rapport aux va<strong>le</strong>urs actuel<strong>le</strong>s.L’intérêt de cette étude réside aussi dans la distinction opérée entre l’évolution de la glace posée et dela glace flottante des plates-formes. Les chiffres résultant de l’application des différents scénarios sontdonnés dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au III.9. Au bout de 100 ans, l’augmentation du taux d’accumulation n’a aucuneincluence sur <strong>le</strong> comportement des plates-formes. Sur <strong>le</strong> bilan de masse total, son influence revient àcompenser exactement l’effet de l’augmentation de la fonte de 10 m/an. Plus l’augmentation imposéede la vitesse de fonte des plates-formes est importante, plus <strong>le</strong>s effets se font sentir rapidement : avec unaccroissement de 1 m/an, il ne se passe pratiquement rien durant <strong>le</strong>s 100 premières années, alors quepour une augmentation de 10 m/an, plus de la moitié de la variation tota<strong>le</strong> du niveau des mers s’est déjàproduite après 100 ans.D’autres études font intervenir non plus uniquement <strong>le</strong>s résultats de GCM, mais des couplages directsentre des modè<strong>le</strong>s de calottes en 3 dimensions et de topographie terrestre, et <strong>le</strong>s GCM. Cela permetd’obtenir la réaction dynamique de la calotte, et <strong>le</strong>s variations loca<strong>le</strong>s sur l’épaisseur de la calotte (Verbitskyet Saltzman 1995). Le modè<strong>le</strong> physique de calotte est celui de Huybrechts (1990b), couplé avec <strong>le</strong>modè<strong>le</strong> de circulation atmosphérique CCM1 du National Center for Atmospheric Research, l’ensemb<strong>le</strong>étant soumis à un forçage correspondant à un doub<strong>le</strong>ment de la concentration en CO2. Le temps d’intégrationconsidéré est de quelques milliers d’années, pour pouvoir atteindre un état stationnaire, mais <strong>le</strong>srésultats sont applicab<strong>le</strong>s pour des périodes plus courtes. La première figure, III.15, illustre la répartitionactuel<strong>le</strong> de l’accumulation sur la surface du continent, et la variation tota<strong>le</strong> obtenue grâce au modè<strong>le</strong> decalotte couplé au GCM. Le principal effet observé est une augmentation sensib<strong>le</strong> des précipitations sur <strong>le</strong>sMontagnes Transantarctiques et l’intérieur de l’Antarctique Est, et une diminution de la même amplitude,soit 20 cm/an, sur <strong>le</strong>s côtes et la totalité de la calotte Ouest. Cela tend à rééquilibrer la différence actuel<strong>le</strong>importante dans <strong>le</strong>s régimes de précipitations à l’intérieur du continent et sur <strong>le</strong>s côtes.La seconde figure III.16 compare la topographie actuel<strong>le</strong> de la calotte et son évolution prédite par la simu-109


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.TAB. III.9 - Volume de glace (106km3) et variation obtenue en réponse à différents accroissements des taux defonte, de 1, 3 et 10 m/an (M1, M3, M10), combiné avec doub<strong>le</strong>ment du taux d’accumulation actuel (M1 + A, M3+A,M10+A), et contributions au niveau des mers (m) (Budd et al. 1994).Total Gl. flottante Gl. posée Var. mersVal. actuel<strong>le</strong> 24,913 0,520 24,393a- Après 100 ansM1 -0,131 -0,088 -0,043 +0,06M3 -0,297 -0,174 -0,124 +0,17M10 -0,564 -0,313 -0,251 +0,34M1 + A +0,133 -0,088 +0,221 -0,55M3 + A -0,034 -0,174 +0,140 -0,35M10 + 10 -0,305 -0,306 0,001 -0,00b- Après 50 ansM1 -0,467 -0,202 -0,265 +0,36M3 -0,698 -0,341 -0,357 +0,52M10 -0,810 -0,354 -0,456 +0,63M1 + A +0,599 -0,161 +0,760 -1,8M3 + A +0,283 -0,322 +0,605 -1,5M10 + A +0,129 -0,343 +0,472 -1,2lation jusqu’à obtention d’un état stationnaire. La couche de glace s’amincit d’environ 50 m sur la Péninsu<strong>le</strong>et <strong>le</strong>s régions côtières de l’Antarctique Est, et el<strong>le</strong> s’épaissit de presque 150 m à l’intérieur de la calotteEst. Les auteurs concluent que cette simulation n’aboutit à aucun déséquilibre significatif de la masse tota<strong>le</strong>de la calotte.Tous ces modè<strong>le</strong>s de calottes prennent en compte de manière plus réaliste et plus précise l’effet du forçagesur <strong>le</strong>s précipitations que sur une accélération du vêlage. On ne sait pas modéliser de façon fiab<strong>le</strong> l’effetdu réchauffement sur la physique des plates-formes, en tenant compte de la circulation océanique. Lesrésultats vont tous dans <strong>le</strong> sens d’une augmentation de la masse de la calotte Est, essentiel<strong>le</strong>ment parceque la réaction des plates-formes est quasiment négligée.4.1.2. Calotte marine et stabilité.Les modélisations précédentes peuvent être considérées comme assez réalistes dans <strong>le</strong> cas d’unecalotte terrestre comme la partie Est de la calotte Antarctique. Pour obtenir une idée précise de la réponsede la calotte Ouest à un forçage climatique, il faudrait prendre en compte de façon beaucoup plusfine la réponse des plates-formes à l’augmentation des températures de surface et aux modificationscorrespondantes dans la circulation océanique. On a vu dans la partie précedente que, même avec desmodè<strong>le</strong>s rudimentaires, une augmentation des températures provoquait une diminution de l’accumulationsur la Péninsu<strong>le</strong> (figure III.16), ce qui signifie que la débâc<strong>le</strong> y domine largement l’accroissement desprécipitations.L’étude très simp<strong>le</strong>, puisqu’el<strong>le</strong> ne fait pas appel à des GCM, déjà citée dans la partie 4.1.1., de110


x4. UNE ALTERNATIVE : LES MODÈLES DE CALOTTES.FIG. III.15 - (a) Taux d’accumulation actuel observé sur la calotte (en m/an). (b) Variation du taux d’accumulationrésultant de la simulation couplée avec <strong>le</strong> GCM, correspondantau doub<strong>le</strong>ment de la concentration en CO2 (en m/an).Pour l’orientation de la figure, <strong>le</strong> premier plan correspond à la partie Ouest de la calotte proche de la plate-forme deRoss (Verbitsky et Saltzman 1995).Huybrechts (1994), montrait malgré tout des résultats très différents sur <strong>le</strong>s parties Est et Ouest de lacalotte. L’accroissement des températures moyennes à partir duquel la partie Ouest de la calotte montreun renversement de l’équilibre est compris entre 5oC et 10oC au dessus des va<strong>le</strong>urs actuel<strong>le</strong>s (pour lapartie Est, entre 15 et 20oC). Pour un réchauffement de 9oC, la majeure partie de la glace couvrant laPéninsu<strong>le</strong> a disparu. A cette étape, la couche de glace résiduel<strong>le</strong> sur la partie Ouest est située sous <strong>le</strong>niveau de la mer, et la calotte posée n’est plus capab<strong>le</strong> d’alimenter <strong>le</strong>s plates-formes : c’est <strong>le</strong> départ d’uneréaction en chaîne, qui débouche très rapidement sur la destruction tota<strong>le</strong> de la partie Ouest de la calotte.La glace située sous <strong>le</strong> niveau de la mer fond plus vite, el<strong>le</strong> n’est plus remplacée par de la glace terrestre.Les auteurs remarquent que, puisque cet effet est observé alors que <strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> ne tient pas comptedes interactions directes avec l’océan au niveau de la ligne d’échouage, la va<strong>le</strong>ur de 9oC au dessus des111


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.FIG. III.16 - (a) Topographie actuel<strong>le</strong> de la couche de glace (en m) obtenue par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>. (b) Variation de l’épaisseurde la calotte à l’état stationnaire (en m), en réponse à la simulation couplée avec <strong>le</strong> GCM, forçage correspondant audoub<strong>le</strong>ment de la concentration de CO2 (Verbitsky et Saltzman 1995).températures actuel<strong>le</strong>s est une limite supérieure pour la désintégration de la calotte Ouest, <strong>le</strong> fait de tenircompte de la fonte basa<strong>le</strong> des plates-formes au contact de l’eau de mer pourrait la faire disparaître plusvite.Comme souligné dans plusieurs artic<strong>le</strong>s de revues (Bindschad<strong>le</strong>r 1997a), (Oppenheimer 1998), desétudes réalistes du comportement de la calotte Ouest doivent s’appuyer sur un examen détaillé des effetslocaux : topographie des écou<strong>le</strong>ments, structure des plates-formes.Dans cette optique, Oppenheimer (1998) envisage trois scénarios de comportement de la calotte Ouest,prenant en compte de façon détaillée la réponse des écou<strong>le</strong>ments à la poursuite de l’augmentation de laconcentration des gaz à effets de serre tel<strong>le</strong> qu’évaluée par (Houghton 1995).1. Réponse dynamique graduel<strong>le</strong> à la disparition des plates-formes.112


x4. UNE ALTERNATIVE : LES MODÈLES DE CALOTTES.Les écou<strong>le</strong>ments demeurent actifs, <strong>le</strong> taux de fonte à la base des plates-formes augmente peu à peu,amincissant puis éliminant la plate-forme de Ross en 200 ans. La vitesse des écou<strong>le</strong>ments s’accroît,provoquant un taux de vêlage plus important. La contribution de l’Antarctique au niveau des mersreste positive (0-19 cm par sièc<strong>le</strong>) en dépit de l’augmentation des précipitations due au réchauffement.La durée tota<strong>le</strong> de l’effondrement de la calotte Ouest est de 500 à 700 ans, sa contribution àl’augmentation du niveau des mers atteint un maximum de 60 à 120 cm par sièc<strong>le</strong>. La simulationmontre que l’effondrement est accéléré par la disparition rapide (200 ans) des plates-formes.2. Pas de réponse dynamique à la disparition de plates-formes.La disparition des plates-formes provoque des réajustements dans la géographie des écou<strong>le</strong>ments,qui ra<strong>le</strong>ntissent. La décharge glaciaire décroît, même si <strong>le</strong>s plates-formes continuent à s’amincir. Lacontribution de l’Antarctique à l’évolution du niveau des mers est négative jusqu’à ce que <strong>le</strong> réchauffementatteigne 8oC, soit plus d’un sièc<strong>le</strong> après la disparition des plates-formes (Huybrechtset Oer<strong>le</strong>mans 1990).3. Réponse dynamique très rapide.La plate-forme de Ross mincit très vite, se désagrège, et la ligne d’échouage recu<strong>le</strong> très rapidement.La contribution de la calotte Ouest aux variations du niveau des mers croît graduel<strong>le</strong>ment pendant2 sièc<strong>le</strong>s, pendant que toutes <strong>le</strong>s plates-formes s’amincissent et que la vitesse des écou<strong>le</strong>ments augmente.La calotte Ouest entière a fondu en 250 à 400 ans.Oppenheimer (1998) considère <strong>le</strong> scénario 1 comme <strong>le</strong> plus probab<strong>le</strong>, même s’il présuppose une accélérationconsidérab<strong>le</strong> de la décharge glaciaire, parce que c’est celui qui tient <strong>le</strong> mieux compte de l’équilibreprobab<strong>le</strong> de la calotte Ouest et de l’activité actuel<strong>le</strong> des écou<strong>le</strong>ments. Il considère comme envisageab<strong>le</strong>sdes scénarios intermédiaires entre <strong>le</strong> premier et <strong>le</strong> second.Le résultat du premier scénario serait une augmentation du niveau des mers après 2100 qui serait <strong>le</strong>doub<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> trip<strong>le</strong> de cel<strong>le</strong> prévue par (Houghton 1995) pour <strong>le</strong> sièc<strong>le</strong> prochain.Les scénarios 1 et 3 provoquent à terme une augmentation du niveau des mers de 4 à 6 m, sachant quel’essentiel de cette augmentation se produirait après la fin du 21emesièc<strong>le</strong>.4.2. Des changements récents dus à des effets à long terme.Indépendamment des effets locaux et de la réponse à court terme à des variations climatiquesrécentes, on a vu que <strong>le</strong> comportement des calottes glaciaires s’inscrivait dans des cyc<strong>le</strong>s climatiquesbeaucoup plus longs (Budd et Jenssen 1989), (van der Veen 1985). Cette évolution cyclique conditionnela diminution de la masse de la calotte depuis <strong>le</strong> dernier maximum glaciaire, ce qui peut provoquer <strong>le</strong>rebond isostatique déjà évoqué dans <strong>le</strong> chapitre précédent. El<strong>le</strong> pourrait aussi produire, comme étaped’un processus à très long terme, un effondrement très rapide de la partie Ouest de la calotte, qui donneraitlieu à un rebond élastique qui n’est pas pris en compte dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>. Le temps caractéristique deformation d’une calotte est d’environ 50 000 ans (van der Veen 1985).MacAyeal (1992), avec un modè<strong>le</strong> incorporant la dynamique des écou<strong>le</strong>ments et cel<strong>le</strong> de la couchedéformab<strong>le</strong> faisant la transition avec <strong>le</strong> soc<strong>le</strong>, montre que sur plusieurs cyc<strong>le</strong>s glaciaires comp<strong>le</strong>ts, lacalotte Ouest n’atteint jamais vraiment un équilibre. La couche intermédiaire, réchauffée par la frictionet la conduction thermique à travers la glace, peut changer d’état, passer d’un état gelé à un état plusdéformab<strong>le</strong>. Cette transition de phase accélère bruta<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> vêlage d’icebergs, déchargeant tout oupartie de la glace des écou<strong>le</strong>ments. Le soc<strong>le</strong> mis à nu peut alors rege<strong>le</strong>r, et <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> recommence, mais cecyc<strong>le</strong> ne débouche à aucun moment sur un état stationnaire avec une calotte stab<strong>le</strong> comme c’est <strong>le</strong> cas113


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.pour la partie Est de la calotte Antarctique.4.3. Modè<strong>le</strong>s de calottes et réponse élastique du sol.FIG. III.17 - Estimation du changementactuel d’épaisseurde la couche de glace, d’après <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de (Budd et Jenssen1989). Les variations sont en cm/an (Wahr et al. 1995).Si l’on tient compte de façon réaliste de la dynamique terrestre (ce qui est beaucoup plus simp<strong>le</strong> dans<strong>le</strong> cas des effets élastiques que pour un rebond visqueux), <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de calottes peuvent débouchersur des calculs de mouvements crustaux (Wahr et al. 1995). Le modè<strong>le</strong> de calotte utilisé est celui de Buddet Jenssen (1989), dont l’évolution a été simulée sur plusieurs cyc<strong>le</strong>s glaciaires (environ 500 000 ans), etqui est un modè<strong>le</strong> dynamique. Les changements actuels dans l’épaisseur de la glace sont représentéspar la figure III.17, et <strong>le</strong>s mouvements du sol (réponse vertica<strong>le</strong> élastique) qui en résultent par la figureIII.18. Les amplitudes maxima<strong>le</strong>s sont obtenues <strong>le</strong> long des côtes, là où la décharge glaciaire due auxplates-formes est la plus importante, et el<strong>le</strong>s atteignent 5 mm/an vers <strong>le</strong> haut. Les auteurs tiennentFIG. III.18 - Vitesses vertica<strong>le</strong>s élastiques sur l’Antarctique en réponse aux variations actuel<strong>le</strong>s du modè<strong>le</strong> de calottede (Budd et Jenssen 1989), en mm/an (Wahr et al. 1995).éga<strong>le</strong>ment compte, dans <strong>le</strong>ur modélisation, de la réponse visco-élastique de la croûte à l’évolution de lacalotte, mais proposent une méthode discriminante permettant de faire la part du mouvement visqueuxet du mouvement élastique dans <strong>le</strong> rebond total observé.Si l’on désigne parula remontée tota<strong>le</strong> de la croûte, <strong>le</strong>s mesures GPS donnent accès à la vitessedudt.Des mesures de gravité permettent d’obtenir la va<strong>le</strong>ur de la perturbation tota<strong>le</strong> du champ de gravité,g=gu+gm, oùgmest la part (élastique et visco-élastique) provoquée par la redistribution internedes masses, etgula part due à la remontéeu. Orgu=2gau0;3(gal=mm)u, quantité que114


d dt=du dt6;5d(gm)Ordx4. UNE ALTERNATIVE : LES MODÈLES DE CALOTTES.l’on peut soustraire degobservé, et qui donne accès àgm. Cette dernière quantité permet de calcu<strong>le</strong>rdt, avecuen mm etgmengals. dtest relativement indépendant des effetsvisco-élastiques, et peut être comparé à son estimation à partir du modè<strong>le</strong> (voir la figure III.18).La figure III.17 montre clairement que <strong>le</strong>s variations actuel<strong>le</strong>s de l’épaisseur de glace consistent enune accumulation importante sur la Péninsu<strong>le</strong>, sur l’intérieur de l’Antarctique Ouest, et une bonnepartie de l’intérieur de l’Antarctique Est. On a vu que <strong>le</strong>s observations de l’évolution récente du taux deprécipitations est cohérente avec ces résultats : Mos<strong>le</strong>y-Thompson et al. (1995) constate une augmentationdes précipitations au Pô<strong>le</strong>, Morgan et al. (1991) sur <strong>le</strong>s terres de Wilkes et de façon moins certaine surl’Antarctique Ouest et la Péninsu<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong> même temps, <strong>le</strong> taux d’ablation par <strong>le</strong> biais des plates-formess’est éga<strong>le</strong>ment accru, au moins sur <strong>le</strong>s côtes de la Péninsu<strong>le</strong>. Une augmentation de l’épaisseur de glacedu plusieurs dizaines de centimètres par an sur la Péninsu<strong>le</strong> et <strong>le</strong> plateau de Hollick-Kenyon semb<strong>le</strong>donc peu réaliste. Toujours d’après Wahr et al. (1995), l’épaisseur de glace diminue sensib<strong>le</strong>ment surl’ensemb<strong>le</strong> des côtes de l’Antarctique Est et sur une partie des régions intérieures, comme la Terre de laReine Maud et de Wilkes. Ces résultats sont plus surprenants, aucune mesure n’indiquant d’accélérationrécente du taux de vêlage <strong>le</strong> long des côtes de la partie Est, et <strong>le</strong> taux d’accumulation ayant augmentérécemment sur la Terre de Wilkes comme indiqué par Morgan et al. (1991).Les limites de ce genre de modélisations sur des évolutions à court terme proviennent certainementde <strong>le</strong>ur incapacité à simu<strong>le</strong>r de façon réaliste et précise <strong>le</strong> comportement des plates-formes, moins régulierque celui des précipitations. On a vu que <strong>le</strong>urs conditions de stabilité sont encore mal connues. Lesmodè<strong>le</strong>s ne peuvent prendre en compte tous <strong>le</strong>s effets qui gouvernent <strong>le</strong>ur équilibre, et n’intègrent pasdes comportements de variation brusque de cet équilibre, type effondrement chaotique. Les modè<strong>le</strong>s decalottes donnent certainement de bons résultats sur <strong>le</strong>s régions où <strong>le</strong> bilan de masse dépend principa<strong>le</strong>mentdes variations de taux d’accumulation, mais sont moins probants sur cel<strong>le</strong>s où l’effet de l’évacuationest prédominant (régions côtières et calotte marine).115


CHAPITRE III. COMPORTEMENT ACTUEL DE LA CALOTTE GLACIAIRE ANTARCTIQUE.5. Conclusion.Décrire de façon précise <strong>le</strong> comportement actuel de la calotte Antarctique est très diffici<strong>le</strong>. Lesdifférents modè<strong>le</strong>s de Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto (1991) ou Jacobs (1992) donnent des résultats assez variab<strong>le</strong>s,avec des incertitudes supérieures aux va<strong>le</strong>urs prédites. Contrairement aux mouvements visco-élastiques,la remontée élastique peut se produire de manière beaucoup plus loca<strong>le</strong>, en fonction du comportementde la couche de glace dans <strong>le</strong> voisinage immédiat d’une station. On peut donc s’attendre à de grandesdisparités entre <strong>le</strong>s différentes zones antarctiques.Si l’on doit retenir quelques tendances, on peut noter <strong>le</strong> caractère très stab<strong>le</strong> de la calotte Est : si el<strong>le</strong> esten déséquilibre, c’est dans <strong>le</strong> sens de l’augmentation de la masse de glace, puisque <strong>le</strong>s précipitations augmententrégulièrement à l’intérieur du continent. S’il se produit actuel<strong>le</strong>ment un mouvement d’ensemb<strong>le</strong>vertical sur la calotte Est, ce devrait être une légère subsidence, assez uniforme (de moins de 5 mm/an).Malgré tout, il ne faut pas négliger <strong>le</strong> caractère très local que peut manifester <strong>le</strong> comportement élastiquede la croûte : si, loca<strong>le</strong>ment, une grosse quantité de glace est évacuée, un mouvement de remontée peutvenir se superposer à la subsidence globa<strong>le</strong> de l’Antarctique Est. Ce pourrait être <strong>le</strong> cas en quelquespoints de l’Antarctique Est situés près des côtes à proximités de petites plates-formes : Davis et Mawson,qui sont situées près de la plate-forme importante de Amery, pourraient présenter ce genre de comportement.Encore faut-il que la plate-forme de Amery présente un fort taux de vêlage, ce dont on n’est pas sûr.Le cas de la calotte Ouest est beaucoup plus comp<strong>le</strong>xe et incertain. Les estimations des glaciologuesvont de l’état d’équilibre, avec une tendance à l’épaississement en cas de réchauffement persistant (parexemp<strong>le</strong> (Jacobs 1992)), à la décharge glaciaire importante, qui serait la première manifestation du processusmenant à la disparition tota<strong>le</strong> de la calotte Ouest (soit une augmentation du niveau des mers de6 à 7 m) (Bent<strong>le</strong>y 1997). Aucun des modè<strong>le</strong>s dont on dispose ne prédit d’évacuation glaciaire suffisantepour provoquer des remontées de la croûte de plus de 1 cm par an. On peut quand même remarquerque ces modè<strong>le</strong>s sont très incomp<strong>le</strong>ts : <strong>le</strong>ur couplage avec <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s météorologiques et océanographiquesest très simplifié, de grosses incertitudes demeurent sur <strong>le</strong> mécanisme de couplage entre <strong>le</strong>s écou<strong>le</strong>mentsglaciaires et <strong>le</strong>s plates-formes. Ils reflètent en général assez bien <strong>le</strong> comportement des platesformesmoyennes qui se trouvent de part et d’autre de la Péninsu<strong>le</strong> (Larsen et Wordie), pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ondispose depuis <strong>le</strong> début des années 90 d’observations en quantité importante, qui vont dans <strong>le</strong> sens d’uneaccélération du vêlage. Les deux plates-formes majeures, par contre (Ross et Filchner-Ronne), sont tropmal connues et trop compliquées à modéliser précisemment. El<strong>le</strong>s sont supposées en équilibre par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s((Jacobs 1992) ou (Bent<strong>le</strong>y et Giovinetto 1991)), ce qui, compte tenu de <strong>le</strong>ur surface, peut constituerune erreur importante.D’autre part, une étude récente, utilisant des mesures de l’épaisseur de la glace par interférométrie radarsur ERS-1 et ERS-2 (Rignot et Schmeltz 1998) montre que <strong>le</strong>s taux de fonte au contact de l’eau de mer,près de la ligne d’échouage (soit tout près de la glace posée) ont été largement sous-évalués par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s.Cette étude porte sur des petites plates-formes de la Péninsu<strong>le</strong> et quelques plates-formes de l’Est.La décharge globa<strong>le</strong>, au moins sur la Péninsu<strong>le</strong>, et peut-être sur l’ensemb<strong>le</strong> de la calotte Ouest de l’Antarctique,pourrait bien être supérieure aux évaluations des différents modè<strong>le</strong>s utilisés dans <strong>le</strong> calcul desmouvements de la croûte par James et Ivins (1998).Un artic<strong>le</strong> de revue récent (Kerr 1998), montre que <strong>le</strong>s dernières observations sur <strong>le</strong> comportement actueldes plates-formes de Larsen et du glacier de l’î<strong>le</strong> des Pins surprennent <strong>le</strong>s glaciologues par la rapiditéde l’évolution dont el<strong>le</strong>s rendent compte. Mark Fahnestock se déclare étonné par la vitesse de recul dela ligne d’échouage, et pense que l’évolution actuel<strong>le</strong> peut être <strong>le</strong> début de l’effondrement. Richard Al-116


x5. CONCLUSION.<strong>le</strong>y estime que la tendance pourrait s’accélérer dans <strong>le</strong>s prochaines années. L’amélioration des techniquesd’observation (images satellite, interférométrie, mesure du taux de fonte sous la plate-forme) a multiplié<strong>le</strong>s données sur l’évacuation glaciaire en Antarctique Ouest, et <strong>le</strong>s publications <strong>le</strong>s plus récentes évoluenttoutes dans <strong>le</strong> sens d’une accélération de la disparition des plates-formes, au moins sur la Péninsu<strong>le</strong>.117


CHAPITRE IVMOUVEMENTS NE PROVENANT PAS DE L’ISOSTASIE.Un état bien dangereux: croire comprendre.Paul Valéry, Choses tues (1871-1945)Les mouvements affectant l’Antarctique et ses environs ne se limitent pas aux conséquences isostatiquesde la dernière glaciation ou aux mouvements élastiques provoqués par la variation actuel<strong>le</strong> de la massede la calotte. On peut en particulier citer :– Les mouvements de tectonique globa<strong>le</strong> de la plaque Antarctique, qui ne sont détectab<strong>le</strong>s qu’avec desmesures relatives des stations antarctiques par rapport à des stations situées sur d’autres plaques adjacentes(Pacifique, Australie, Amérique du Sud, Afrique, Nazca). Ces mouvements sont considéréscomme principa<strong>le</strong>ment horizontaux et modélisés comme tels.– Les déformations intraplaques, résultant par exemp<strong>le</strong> de la sismicité, mouvements horizontaux etverticaux.1. Le déplacement de la plaque Antarctique.La carte IV.3 présente <strong>le</strong>s frontières de la plaque Antarctique tel<strong>le</strong>s que déduites des données sismiques,bathymétriques, gravimétriques, et des anomalies magnétiques sous-marines. Cette plaqueest séparée des plaques adjacentes (Australie, Pacifique, Nazca, Amérique du Sud, et Afrique) presqueuniquement par des dorsa<strong>le</strong>s. La frontière la moins bien connue est cel<strong>le</strong> avec l’Amérique du Sud, quifait intervenir une dorsa<strong>le</strong> pour sa partie la plus à l’Est, et des fail<strong>le</strong>s transformantes entre la Péninsu<strong>le</strong>Antarctique et la pointe de l’Amérique su Sud, avec l’insertion de la micro-plaque de Scotia. Le mécanismequi joue sur <strong>le</strong>s frontières entre cette plaque et <strong>le</strong>s deux plaques Antarctique et Amérique du Sudest mal connu.1.1. Les données géologiques : anomalies magnétiques.Le modè<strong>le</strong> NUVEL-1A (DeMets et al. 1990), (DeMets et al. 1994) utilise <strong>le</strong>s données d’anomalies magnétiquesrecueillies sur <strong>le</strong> plancher océanique de part et d’autre des frontières de plaques pour définir<strong>le</strong>s mouvements des plaques <strong>le</strong>s unes par rapport aux autres. Il part de l’hypothèse de l’existence de 12plaques rigides, Eurasie, Inde, Arabie, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Afrique, Caraïbes, Australie,Pacifique, Nazca, Cocos et Antarctique. Ce modè<strong>le</strong> ne prend donc pas en compte l’existence demicro-plaques comme Juan de Fuca, la Somalie, Farallone ou Scotia, ni cel<strong>le</strong> des Philippines sur laquel<strong>le</strong>on manque de données. Les déformations intra-plaques ne sont pas non plus intégrées. Le modè<strong>le</strong> NNR-NUVEL-1A (pour((No Net Rotation), pas de rotation de réseau), traduit <strong>le</strong>s résultats de NUVEL-1A dans119


CHAPITRE IV. MOUVEMENTS NE PROVENANT PAS DE L’ISOSTASIE.0˚330˚1cm/yr30˚GOUG300˚60˚SANTOHIGPALMVESLMAW1DAV1KERG270˚AMUN90˚CAS1MCM4DUM1PERTMAC1240˚HOB2120˚CHATAUCKZZ!v!rds=0180˚FIG. IV.1 - Vitesses données par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> NNR-NUVEL-1A sur quelques stations situées en Antarctique et auxa<strong>le</strong>ntours. On a représenté <strong>le</strong>s frontières de plaques approximatives ainsi que la position du pô<strong>le</strong> de rotation de laplaque antarctique.cette condition s’écrit :210˚un référentiel((absolu), défini de façon à ce que l’intégra<strong>le</strong> du moment cinétique sur l’ensemb<strong>le</strong> de la planètesoit nul<strong>le</strong> (condition de Tisserand) (Argus et Gordon 1991). Si!vdésigne la vitesse du point dont laposition par rapport à l’origine est donnée par!r,Le déplacement de la plaque Antarctique est mesuré par rapport aux plaques voisines. On obtient unerotation à la vitesse!=0;25o=MAautour d’un pô<strong>le</strong> situé à 63,0 ˚ N et 115,9 ˚ W. Cela signifie que laplaque Antarctique tourne pratiquement sur el<strong>le</strong>-même vers l’Est, comme indiqué par la figure IV.1, où<strong>le</strong> pô<strong>le</strong> a été représenté aux antipodes de sa position réel<strong>le</strong>. Le tab<strong>le</strong>au IV.1 donne <strong>le</strong>s vitesses obtenues enquelques points particuliers sur la plaque Antarctique (continent et î<strong>le</strong>s situées sur la plaque) et sur <strong>le</strong>splaques voisines, en particulier la plaque Australie.150˚1.2. La zone frontière Antarctique-Amérique du Sud.La région située entre la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique et la pointe Sud de l’Amérique du Sud a un intérêttectonique particulier. La micro-plaque de Scotia vient s’insérer entre <strong>le</strong>s deux plaques Antarctique etAmérique du Sud avec des mécanismes qui sont encore mal connus. La proximité de ces frontièrespeut avoir une influence sur <strong>le</strong>s mouvements des stations situées sur la Péninsu<strong>le</strong>. Comme la Péninsu<strong>le</strong>120


x1. LE DÉPLACEMENT DE LA PLAQUE ANTARCTIQUE.TAB. IV.1 - Vitesses de plaques rigides prédites par NNR-NUVEL1-A pour différents endroits de la plaque Antarctiqueet des plaques adjacentes.Station Plaque V Est (mm/an) V Nord (mm/an)Casey ANTA 1,9 -8,7Davis ANTA -2,2 -2,9McMurdo ANTA 7,5 -11,7O’Higgins ANTA 16,3 10,2Dumont ANTA 6,7 -11,6Mawson ANTA -2,1 0,3Palmer ANTA 16,8 9,4Sanae ANTA 3,0 11,1I<strong>le</strong> de Gough ANTA 15,9 11,6Kergue<strong>le</strong>n ANTA 6,4 -1,3Auckland AUST 4,4 37,0Hobart AUST 12,8 54,4Macquarie AUST -5,0 48,4Perth AUST 38,0 59,2Chatham PCFC -40,5 31,4Santiago SOAM -0,9 9,5peut aussi être touchée par l’augmentation actuel<strong>le</strong> de l’évacuation glaciaire, donc être affectée pardes mouvements de rebond élastique, il serait intéressant de pouvoir prévoir <strong>le</strong>s déformations loca<strong>le</strong>simputab<strong>le</strong>s à la tectonique de frontière de plaques.L’objectif de ce paragraphe n’est évidemment pas de faire une étude tectonique de la microplaque Scotia etde sa frontière avec la plaque Antarctique. Nous présentons juste <strong>le</strong>s résultats de quelques artic<strong>le</strong>s récents.La carte IV.2 présente <strong>le</strong> schéma tectonique supposé de la plaque Scotia et de ses environs, déduitde l’étude sismotectonique sur <strong>le</strong>s quatre plaques de Scotia, des Sandwich du Sud, l’Amérique du Sudet l’Antarctique, de Pelayo et Wiens (1989), qui utilisent des données sismiques. Selon <strong>le</strong>s auteurs, cettemicro-plaque de Scotia aurait un mouvement intermédiaire entre celui de la plaque Antarctique et celuide la plaque Sud-Américaine, en accomodation. Les mouvements <strong>le</strong> long des deux rides Nord et Sudde Scotia consistent en déformations dextres, avec des vitesses intermédiaires entre ceux des plaquesenvironnantes. Sur tout <strong>le</strong> coté Ouest de la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique s’étendrait la zone de subduction desShetlands du Sud, apparemment inactive actuel<strong>le</strong>ment, sur laquel<strong>le</strong> on observe très peu de sismicité.D’autres auteurs, comme Barker (1982) et Maldonado et al. (1993) suggèrent que cette zone de subductionest encore active.Entre cette zone des Shetlands du Sud et la côte de la Péninsu<strong>le</strong> se trouve <strong>le</strong> détroit de Bransfield, identifiépar Maldonado et al. (1993) et Pelayo et Wiens (1989) comme un rift en extension toujours active. Cebassin rifté se situe entre la Péninsu<strong>le</strong> el<strong>le</strong>-même et l’arc insulaire de l’î<strong>le</strong> de Deception, sur <strong>le</strong>quel onobserve quelques séismes localisés et du volcanisme actif sur <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s de Deception et Bridgeman. Letaux d’extension dans ce bassin, si l’on admet son activité actuel<strong>le</strong>, est largement inconnu, tandis que<strong>le</strong> déplacement absolu de la micro-plaque de Scotia serait d’après Pelayo et Wiens (1989) de 1,4 cm/anenviron vers l’Ouest-Sud-Ouest.121


CHAPITRE IV. MOUVEMENTS NE PROVENANT PAS DE L’ISOSTASIE.FIG. IV.2 - Carte tectonique schématique de la région de Scotia, résultat de l’étude de (Pelayo et Wiens 1989). Lazone grisée indique <strong>le</strong>s zones de sismicité diffuse.Il est diffici<strong>le</strong> de prédire quel<strong>le</strong> peut être l’influence précise des mouvements dans cette zone frontièresur <strong>le</strong> déplacement absolu <strong>le</strong> long de la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique par exemp<strong>le</strong>. On suppose cependant quecette zone, si son activité se confirme, peut modifier <strong>le</strong>s mouvements des points de la Péninsu<strong>le</strong> parrapport à celui de la plaque Antarctique rigide. La base d’activités humaine dotée d’une station GPSpermanente et située la plus proche de ce rift de Bransfield Strait est cel<strong>le</strong> de O’Higgins, sur la côte Ouestde la Péninsu<strong>le</strong>, à la latitude de 63S. La distance séparant cette station de l’emplacement de la zoneriftée est d’environ 75 km. Il serait particulièrement intéressant de disposer de plusieurs stations GPSpermanentes réparties sur la Péninsu<strong>le</strong> afin de mesurer un mouvement sur l’ensemb<strong>le</strong> de la région.Cette région a malgré tout déjà fait l’objet de campagnes GPS, dans <strong>le</strong> but de contraindre <strong>le</strong> mouvementhorizontal de part et d’autre du détroit de Bransfield. Salbach et Niemeier (1998) utilisent <strong>le</strong>s données GPSdes campagnes SCAR 1995, 1996 et 1998 sur 4 stations situées sur la Péninsu<strong>le</strong>, et 3 autres à l’Ouest dudétroit de Bransfield. Les vitesses obtenues, sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on reviendra dans la partie d’interprétation desrésultats, montrent une ouverture du rift de 10 mm/an, avec une orientation à 315environ. Les auteursconcluent ainsi à la persistance de l’activité du rift de Bransfield.122


123FIG. IV.3 - Frontières des plaques autour de l’Antarctiquex1. LE DÉPLACEMENT DE LA PLAQUE ANTARCTIQUE.


CHAPITRE IV. MOUVEMENTS NE PROVENANT PAS DE L’ISOSTASIE.2. Sismicité en Antarctique.Il faut distinguer <strong>le</strong> comportement sismique de la plaque Antarctique, où on trouve des zones actives(dorsa<strong>le</strong>s de bordure de plaque, rift de la Mer de Ross, zones de points chauds de Macquarie, Kergue<strong>le</strong>n,î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny) du continent Antarctique, qui fait preuve d’une remarquab<strong>le</strong> absence d’activité sismique.2.1. La plaque antarctique.La carte IV.4 représente la sismicité sur la plaque antarctique depuis l’année 1977, élaborée à partirdes données du catalogue CMT (Centroid Moment Tensor, service de l’Université de Harvard).L’activité sismique est comparab<strong>le</strong> avec cel<strong>le</strong>s de la plaque Afrique ou Nazca pour la même période(Okal 1981). Les épicentres sont concentrés dans la partie Sud-Est Pacifique, où se dispense 50 % del’énergie tota<strong>le</strong> des séismes, alors qu’il ne se produit pratiquement rien sur l’Atlantique et l’Ouestde l’océan Indien, si l’on excepte <strong>le</strong> séisme de magnitude 5,0 survenu à Kergue<strong>le</strong>n en 1973. L’énergied’origine sismique dispensée sur la plaque Antarctique entre 1925 et 1980 est de 3,2 1022ergs, ce qui estcomparab<strong>le</strong> avec cel<strong>le</strong> de l’Afrique (7,3 1022ergs) pour la même période. Ramenées à une période d’unan, pour une surface de 1 km2, on obtient 1,0 1013ergs et 1,7 1013ergs respectivement.La sismicité intraplaque est beaucoup plus gouvernée par la capacité de la contrainte à être absorbée<strong>le</strong> long des zones de faib<strong>le</strong>sse que par des facteurs cinématiques créant des contraintes à l’intérieur desplaques.La carte IV.4 permet de constater que <strong>le</strong>s séismes survenus depuis 1977 se concentrent sur <strong>le</strong>s frontièresde plaques, principa<strong>le</strong>ment avec <strong>le</strong>s plaques Afrique, Scotia, et à la jonction (point trip<strong>le</strong>) des plaquesAntarctique, Pacifique et Australie. Parmi ces tremb<strong>le</strong>ments de Terre, seu<strong>le</strong>ment 3 ont une magnitudesupérieure à 7,5, et ils se sont tous produits dans la région de ce point trip<strong>le</strong>. Cela signifie que l’influencede ces séismes sur <strong>le</strong> mouvement des points antarctique par <strong>le</strong> biais de déplacements cosismiques est apriori très réduite.Un événement tectonique d’un intérêt particulier s’est produit en Antarctique en mars 1998, soitpendant la durée de notre traitement de données GPS. Il s’agit d’un séisme de magnitude Mw=8,1, quis’est produit au large des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny, sur la zone proche de la frontière avec la plaque Australie et laplaque Pacifique. On reviendra sur ce séisme et sur <strong>le</strong>s déplacements cosismiques provoqués dans sesenvirons lors de l’interprétation de nos résultats GPS. La prise en compte de ce genre de mouvementsdans <strong>le</strong> calcul d’une vitesse horizonta<strong>le</strong> sur une station implique que l’on dispose de séries temporel<strong>le</strong>scontinues, de façon à pouvoir y détecter, puis en soustraire <strong>le</strong> déplacement instantané associé au séisme.Sur <strong>le</strong>s frontières des plaques mitoyennes de l’Antarctique entre el<strong>le</strong>s, la sismicité est plutôt plus forteque sur <strong>le</strong>s frontières communes avec la plaque Antarctique el<strong>le</strong>-même. Les zones à très forte sismicitéqui seront par la suite impliquées dans notre traitement sont cel<strong>le</strong>s de la zone de subduction de la plaqueNazca sous l’Amérique du Sud, et de la frontière des plaques Pacifique et Australie, entre Macquarie etAuckland.2.2. Le continent antarctique.Contrairement à l’ensemb<strong>le</strong> de la plaque, qui présente une activité sismique norma<strong>le</strong> par rapportaux autres plaques, <strong>le</strong> continent antarctique fait preuve d’une absence quasi-tota<strong>le</strong> de sismicité : pas deséismes de magnitude supérieure à 4,5 ou 5,0, à part <strong>le</strong> long des côtes (Johnston 1987). L’explicationavancée pour ce manque d’activités sismiques repose sur la présence de la calotte glaciaire. Johnston124


x2. SISMICITÉ EN ANTARCTIQUE.0˚330˚30˚300˚60˚SantiagoO’HigginsPalmerSanaeMawsonKergue<strong>le</strong>nDavis270˚Amundsen90˚CaseyMc MurdoDumont D’Urvil<strong>le</strong>Perth240˚Macquarie Island120˚Chatam IslandHobart210˚Auckland150˚180˚FIG. IV.4 - Sismicité sur la plaque tectonique Antarctique et autour depuis 1977, d’après <strong>le</strong> catalogue CMT. Sontreprésentés ici <strong>le</strong>s séismes de magnitude supérieure à 4,5. On a distingué 4 catégories de séismes, représentés par descerc<strong>le</strong>s de tail<strong>le</strong> croissante : de magnitude 4,5 à 5,5, de magnitude 5,5 à 6,5, de magnitude 6,5 à 7,5, et de magnitude7,5 à 8,5. Cette dernière catégorie ne compte que 3 représentants, dont <strong>le</strong> séisme de Bal<strong>le</strong>ny du 25 mars 1998.(1987) remarque la même absence de sismicité sur l’intérieur du Groenland, qui est <strong>le</strong> dernier endroiten dehors de l’Antarctique à supporter une calotte glaciaire de façon continue depuis plusieurs millionsd’années. D’après lui, la croûte continenta<strong>le</strong> sous l’Antarctique ou <strong>le</strong> Groenland est similaire par sonépaisseur aussi bien que son âge et sa composition à la croûte présente sous <strong>le</strong>s autres continents, et onne peut expliquer la différence dans l’activité sismique par des paramètres liés à la croûte.On peut envisager trois mécanismes différents par <strong>le</strong>squels l’existence d’une couche de glace épaissepeut influencer l’activité sismique sous <strong>le</strong> continent :1. changement induit depuis la surface dans l’état de contrainte élastique.2. changement dans la pression (pore-pressure).125


CHAPITRE IV. MOUVEMENTS NE PROVENANT PAS DE L’ISOSTASIE.3. contrainte thermique induite.Le troisième point ne peut pas, d’après Johnston (1987), concerner <strong>le</strong> Groenland ou l’Antarctique : laglace à la base de la calotte a atteint <strong>le</strong> point de fusion par pression, ou en est proche. La présence de lacalotte iso<strong>le</strong> la croûte de trop grandes variations de température en la maintenant proche de 0 ˚ C.3. Conclusion.Même si <strong>le</strong> but de l’étude était la détection de mouvements de rebond glaciaire sur <strong>le</strong> sol antarctique,il sera intéressant d’utiliser <strong>le</strong>s mesures GPS pour en tirer éga<strong>le</strong>ment des conclusions sur la tectoniqueloca<strong>le</strong> ou régiona<strong>le</strong>. Ce court chapitre reprend <strong>le</strong>s prédictions de vitesses de la plaque tectonique rigideAntarctique par rapport aux plaques environnantes (Amérique du Sud, Pacifique, Australie), vitessesqu’il doit être possib<strong>le</strong> de mesurer par GPS dès lors qu’on inclut dans <strong>le</strong> réseau des stations situées sur<strong>le</strong>s plaques voisines.On a vu que <strong>le</strong> mouvement horizontal tectonique de la plaque Antarctique était modélisab<strong>le</strong> selonNuvel1-A par une rotation de 0,25autour du pô<strong>le</strong> situé à 63,0N et 115,9W. A cette cinématique globa<strong>le</strong>viennent certainement s’ajouter des mouvements de déformations plus locaux, particulièrement auxabords des frontières de plaques. On ne dispose malheureusement que de peu de données sur <strong>le</strong> comportementdes zones frontières de l’Antarctique, ou sur <strong>le</strong>s accidents tectoniques qui pourraient provoquerdes déformations intraplaques.Cela concerne tout particulièrement la zone située entre la Péninsu<strong>le</strong> Antarctique et la pointe de l’Amériquedu Sud, qui est probab<strong>le</strong>ment dotée d’une tectonique particulière. A la proximité immédiate de lacôte Ouest de la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong> rift du détroit de Bransfield est sans doute encore actif, avec un taux d’ouverturelargement inconnu, mais qui pourrait influencer <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s sur la Péninsu<strong>le</strong>.126


Deuxième partieEtude géodésique.127


CHAPITRE ISPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.Below the 40thlatitude there is no law; below the 50thno god;below the 60thno common sense and below the 70thnointelligence whatsoever.Kim Stan<strong>le</strong>y RobinsonCe traitement de données à partir des stations IGS en Antarctique ou autour a tout d’abord été l’occasionde mettre en évidence certaines particularités du traitement GPS liées à la situation géographique (autourdu Pô<strong>le</strong> Sud) et à la géométrie de notre réseau. Nous cherchons ici à exposer dans quel<strong>le</strong> mesure cesspécificités peuvent influencer la précision ou l’exactitude des résultats. Les différentes méthodes decalcul que nous avons employées seront décrites dans <strong>le</strong> chapitre suivant, des rappels sur <strong>le</strong>s bases duGPS se trouvent en annexe B.Certaines des difficultés que nous avons rencontrées sont liées au type de réseau : peu de stations(entre 4 et 18) separées par des lignes de base de plusieurs milliers de km. D’autres concernent la régionantarctique, autour du pô<strong>le</strong> Sud. Cela entraîne en effet des spécificités liées aux orbites des satellites GPS(configuration et précision), à l’activité ionosphérique ou au climat (présence de nuages de glace dansl’atmosphère, enneigement de l’abord des stations.Les traitement de ces spécificités peut passer par un bilan d’erreur, dans <strong>le</strong> but d’établir <strong>le</strong>ur effet surl’exactitude d’une position déterminée par GPS. Nous cherchons avant tout à détecter des mouvementsrelatifs, la position absolue d’une station ne présente donc que peu d’intérêt, et nous sommes plus intéresséspar l’amélioration de la précision que par cel<strong>le</strong> de l’exactitude.1. Géométrie du réseau.Les réseaux que nous avons choisi de traiter, qui comprennent dans tous <strong>le</strong>s cas <strong>le</strong>s stations IGSsituées sur <strong>le</strong> continent Antarctique, sont des réseaux régionaux, s’étendant sur plusieurs milliers dekm. Dans une première étape de l’étude, nous avons choisi de traiter un réseau ne comprenant que <strong>le</strong>sstations sur l’Antarctique même, au nombre de 4, pour observer <strong>le</strong>s déformations internes (variations sur<strong>le</strong>s lignes de base). Les inconvénients liés à la géométrie de ce type de réseaux sont multip<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s lignesde bases sont très longues. La plus courte, entre Casey et Davis, mesure près de 1400 km, la station deO’Higgins se retrouve relativement isolée par rapport aux trois autres, avec des distances supérieures à3900 km, la station la plus proche se trouvant être cel<strong>le</strong> de McMurdo à 3900 km.Le premier problème relatif à cette configuration vient de la quantité de données en doub<strong>le</strong>s différencesqu’il va être possib<strong>le</strong> de traiter. Indépendamment de la position des satellites, toutes <strong>le</strong>s données129


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.enregistrées par chaque station ne sont pas prises en compte de la même manière dans <strong>le</strong> calcul, puisquel’inversion GPS se fait sur des doub<strong>le</strong>s différences, qui éliminent <strong>le</strong>s décalages d’horloges des stationset des satellites. Une observation intervenant dans l’inversion est donc une mesure simultanée sur deuxstations des signaux provenant de deux satellites. Lorsque <strong>le</strong>s stations sont peu nombreuses et aussiéloignées <strong>le</strong>s unes des autres, <strong>le</strong> nombre de doub<strong>le</strong>s différences ne représente qu’une proportion assezfaib<strong>le</strong> du nombre total de données one-way enregistrées. Sur l’année 1996, pour ce réseau de 4 stationslimité à l’Antarctique, <strong>le</strong> nombre moyen de doub<strong>le</strong>s différences par session de 24h était de 20 370, sachantque <strong>le</strong> nombre de données enregistrées sur une station est en moyenne de 10 900 (en théorie de 288025/ 2 =36 000 si on considère que <strong>le</strong>s satellites sont visib<strong>le</strong>s la moitié du temps). Le nombre maximum dedoub<strong>le</strong>s différences sur un réseau de 4 stations serait donc de 3 fois <strong>le</strong> nombre de données(one way))1enregistrées, soit 32 700, et ceci pour chaque station. Le nombre total de doub<strong>le</strong>s différences théorique,compte tenu du nombre de données((one way))effectivement enregistrées, est donc de 65 400 pour <strong>le</strong>s4 stations. Le chiffre réel<strong>le</strong>ment obtenu représente environ 30% du maximum théorique. Ramené aunombre de stations, on obtient environ 10 200 doub<strong>le</strong>s différences impliquant cette station.La géométrie de ce réseau comprenant des lignes de base longues, donc peu de données en doub<strong>le</strong>différence pour chaque station, et peu de stations, implique aussi que <strong>le</strong> résultat obtenu par l’inversionest peu contraint. L’objectif d’un calcul élargi sur un réseau dont <strong>le</strong>s lignes de base sont aussi longues,ou même plus longues, était aussi de multiplier <strong>le</strong> nombre de stations proches d’une station donnée duréseau, et avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il est possib<strong>le</strong> de construire des doub<strong>le</strong>s différences. En incluant des stationspéri-antarctiques comme <strong>le</strong>s stations australiennes ou sud-américaines, on ne modifie quasiment pasla longueur minima<strong>le</strong> des lignes de base, la densité de stations IGS en Amérique du Sud et même enAustralie étant très faib<strong>le</strong>. La ligne de base la plus courte est alors de 1090 km entre Auckland et ChathamIsland. La longueur moyenne des lignes de base va même s’en trouver augmentée, puisqu’on a plus de10 000 km entre Perth et Santiago. Malgré cela, la contrainte apportée par l’ensemb<strong>le</strong> des stations surla position d’une station donnée augmente, améliorant ainsi la cohérence et la contrainte globa<strong>le</strong> de lasolution. Le nombre de doub<strong>le</strong>s différences moyen par session de 24h, sur l’année 1996, est cette fois-ci de79 930 pour l’ensemb<strong>le</strong> des stations. Le réseau ainsi élargi comprend 11 stations, mais on ne dispose querarement de données pour toutes ces stations simultanément. Une moyenne de 10 stations par sessionsemb<strong>le</strong> plus raisonnab<strong>le</strong>. Le nombre de données((one way)enregistrées sur 24 h, ramené au nombre destations, est de 13 530 en moyenne, soit sensib<strong>le</strong>ment plus que la moyenne sur l’Antarctique seu<strong>le</strong> pendantla même période. Les stations extérieures, situées à des latitudes plus hautes, enregistrent donc plusde données((one way)), principa<strong>le</strong>ment à cause de l’activité ionosphérique au dessus de l’Antarctique.Le type des récepteurs des stations IGS est un facteur qui pourrait jouer puisque <strong>le</strong>s récepteurs Rogue,contrairement aux Ashtech ou aux Trimb<strong>le</strong>, ne peuvent enregistrer que 8 canaux simultanément, donc<strong>le</strong>s données émises par 8 satellites, alors qu’on peut recevoir <strong>le</strong>s signaux de jusqu’à 12 satellites en mêmetemps. Il n’a que très peu d’effets sur <strong>le</strong>s réseaux traités ici puisqu’à l’exception de la station permanentede Dumont d’Urvil<strong>le</strong>, équipée d’un Aschtech Z12, tous <strong>le</strong>s récepteurs sont des Rogue.Si on se livre au même calcul que plus haut, en ramenant <strong>le</strong> nombre total de doub<strong>le</strong>s différences aunombre de doub<strong>le</strong>s différences impliquant une station donnée, on obtient une moyenne de 15 800 parsession de 24h, à rapprocher du nombre de 10 200 obtenu sur <strong>le</strong> réseau local. Cette va<strong>le</strong>ur, supérieurede 50%, montre bien l’intérêt d’élargir <strong>le</strong> réseau du simp<strong>le</strong> point de vue du nombre de données utiliséesdans <strong>le</strong> calcul, donc susceptib<strong>le</strong>s d’apporter une contrainte sur une solution individuel<strong>le</strong>.La géométrie du réseau intervient aussi lorsqu’on cherche à résoudre <strong>le</strong>s ambiguïtés entières lors1:On appel<strong>le</strong>(one way)<strong>le</strong>s données enregistrées par une seu<strong>le</strong> station en provenance d’un seul satellite, soit correspondantà une trajectoire unique du signal GPS.130


x1. GÉOMÉTRIE DU RÉSEAU.du traitement. Il s’agit de fixer à une va<strong>le</strong>ur entière <strong>le</strong> nombre (entier) de longueurs d’ondes que l’onajoute à la fraction décima<strong>le</strong> constituant la phase, pour obtenir la distance tota<strong>le</strong>. On utilise <strong>le</strong>s doub<strong>le</strong>sdifférences, et en général la combinaison linéaire LC des longueurs d’ondes L1 et L2 pour fixer cetteambiguïté à une va<strong>le</strong>ur entière. Le résultat de cette résolution dépend essentiel<strong>le</strong>ment de la longueur dela ligne de base, et <strong>le</strong> processus comp<strong>le</strong>t commence par la résolution sur <strong>le</strong>s lignes de base <strong>le</strong>s plus courtes,et <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs obtenues sont utilisées pour résoudre de proche en proche <strong>le</strong>s ambiguïtés sur <strong>le</strong> plus delignes de base possib<strong>le</strong>. Avec des lignes de base aussi longues que cel<strong>le</strong> de ces réseaux, de plus de 1000km, la résolution des ambiguïtés est quasiment inopérante. Les quelques lignes de base sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs obtenues sont considérées comme suffisamment fiab<strong>le</strong>s pour pouvoir être acceptées par <strong>le</strong>logiciel GPS GAMIT sont trop peu nombreuses pour permettre la résolution sur d’autres lignes de base.La figure I.1 donne <strong>le</strong> nombre de lignes de base en fonction de <strong>le</strong>ur longueur, en km, et du type de2520Reseau elargi 18 stations.Reseau global 11 stations.Reseau local 4 stations.Nb de lignes de base1510500 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 11000Longueur ligne de base (km).FIG. I.1 - Répartition du nombre de lignes de base en fonction de <strong>le</strong>ur longueur et du réseau considéré. On a réparti<strong>le</strong>s lignes de base en fonction de <strong>le</strong>ur longueur, donnée en km, par tranche de 1000 km, sauf entre 1000 et 2000km. Le réseau local (en noir p<strong>le</strong>in) désigne <strong>le</strong> réseau restreint au 4 stations IGS sur l’Antarctique même (Casey-Davis-McMurdo-O’Higgins), <strong>le</strong> réseau global (en gris) <strong>le</strong> réseau incluant des stations IGS australiennes ou sudaméricaines,et <strong>le</strong> réseau élargi (en blanc) ce même réseau, avec <strong>le</strong>s stations permanentes supplémentaires installéesen Antarctique en 1998.réseau. Le réseau local désigne <strong>le</strong> réseau restreint à l’Antarctique, comprenant <strong>le</strong>s 4 stations IGS deCasey, Davis, McMurdo et O’Higgins, qui a été traité en 1995, 1996, 1997 et au début de 1998. Le réseauglobal est <strong>le</strong> réseau comprenant ces 4 mêmes stations, et 7 stations IGS extérieures, traité de début 1995à fin 1998. Le réseau élargi, enfin, y ajoute <strong>le</strong>s stations permanentes installées début ou courant 1998131


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.en Antarctique ou autour, et qui ont été incluses dans <strong>le</strong> calcul à partir de 1998. Il s’agit des stations deDumont, Mawson, Palmer, Sanae, Amundsen (sur la glace) et Gough Island. Cet histogramme montreclairement que l’élargissement du réseau qui au départ ne comprenait que <strong>le</strong>s stations antarctiquesaugmente la longueur moyenne des lignes de base. L’inclusion des nouvel<strong>le</strong>s stations antarctiques en1998 a un effet un peu différent : certaines lignes de base sont maintenant inférieures à 1000 km, ce quidevrait permettre une résolution partiel<strong>le</strong> des ambiguïtés, mais <strong>le</strong> nombre de lignes de base de longueurinférieure à 2000 km reste très faib<strong>le</strong>, sa proportion par rapport au nombre total de lignes de base décroît.Cela s’explique assez simp<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s stations antarctiques sont assez proches <strong>le</strong>sunes des autres à l’échel<strong>le</strong> du réseau (assez proche signifiant ici de 2000 à 4000 km) mais restent éloignéesdes stations extérieures, qui sont au départ plus nombreuses, et deviennent en 1998 aussi nombreusesque <strong>le</strong>s stations antarctiques. Ce résultat ne justifie naturel<strong>le</strong>ment pas de ne pas inclure ces nouvel<strong>le</strong>sstations, puisqu’el<strong>le</strong>s apportent des informations sur <strong>le</strong>s mouvements en Antarctique, et densifient lapartie directement intéressante du réseau.Le nombre d’ambiguïtés entières résolues pour <strong>le</strong> traitement en réseau élargi sur l’année 1996 est deprès de 10 %, pourcentage qui porte sur l’ensemb<strong>le</strong> des lignes de bases, alors qu’on a limité la recherche derésolution à cel<strong>le</strong>s dont la longueur est inférieure à 7000 km. Si l’on ramène ce pourcentage d’ambiguïtésrésolues aux seu<strong>le</strong>s lignes de base sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong> a été tentée (42 sur 55 lignes de base pour <strong>le</strong> réseau à 11stations), il devient supérieur à 13 %. Pour l’année 1998, où des stations supplémentaires sur <strong>le</strong> continentantarctique permettent de travail<strong>le</strong>r avec plus de lignes de base plus courtes, <strong>le</strong> pourcentage d’ambiguïtésrésolues ne dépasse pas 4 % en moyenne. Ce résultat qui peut semb<strong>le</strong>r paradoxal s’explique probab<strong>le</strong>mentpar <strong>le</strong> fait que toutes <strong>le</strong>s lignes de base sont prises en compte dans <strong>le</strong> calcul : en introduisant des stationssupplémentaires en Antarctique, on densifie loca<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> réseau, mais on introduit aussi de nouvel<strong>le</strong>slignes de base très longues, à partir des stations extérieures. Ces lignes de base longues sont même plusnombreuses que <strong>le</strong>s lignes de base courtes, puisque <strong>le</strong> nombre de stations à l’extérieur était au départ de 7,contre 4 stations antarctiques. Au total, sur <strong>le</strong> réseau <strong>le</strong> plus dense dont on dispose en 1998, de 17 stationsdont 9 sur <strong>le</strong> continent Antarctique, soit 136 lignes de base, 26 sont plus longues que 7000 km, 64 pluslongues que 5000 km (soit près de la moitié), 34 inférieures à 3000 km, et 9 seu<strong>le</strong>ment inférieures à 2000km.132


x2. LES ORBITES DES SATELLITES GPS AUTOUR DU PÔLE SUD.2. Les orbites des satellites GPS autour du pô<strong>le</strong> Sud.2.1. Géométrie particulière des orbites.FIG. I.2 - Trajectoire des satellites GPS pendant 24h. On se place dans <strong>le</strong> cas de la configuration à 27 satellites tel<strong>le</strong>qu’el<strong>le</strong> existait au début de l’année 1998. Source : site Web du JPL.Les satellites GPS (24 au minimum, sur 6 plans orbitaux) ont une inclinaison d’environ 55surl’équateur, et une orbites quasi-circulaire. Au moins 4 satellites sont visib<strong>le</strong>s à chaque instant en unpoint donné de la surface de la Terre, mais <strong>le</strong>ur trajectoire apparente varie avec la latitude. La carteI.2 indique <strong>le</strong>s traces des trajectoires des satellites (au nombre de 27, comme c’était <strong>le</strong> cas début 1998)pendant une période de 24h. Ces traces s’arrêtent à une latitude Sud d’environ 55, mais l’altitudedes satellites assure la couverture jusqu’au Pô<strong>le</strong>. Leur trajectoire apparente sera donc différente enun point situé au Sud de 55S par rapport à ce qu’on observe aux latitudes moyennes. La figure I.4illustre la trajectoire apparente de l’ensemb<strong>le</strong> des satellites avec la constellation du début septembre1999, vue depuis <strong>le</strong> point situé à la surface de la Terre, à la latitude 60S et la longitude 60E. Il s’agitdonc d’une configuration très proche de cel<strong>le</strong> observée depuis <strong>le</strong>s stations GPS du continent Antarctique,qui sont situées entre 60S et 78S de latitude (si l’on excepte la station du Pô<strong>le</strong> Sud, qui constitueun cas particulier). Ces différences vont avoir des conséquences importantes sur la précision des résultats.2.1.1. Cas idéal des orbites parfaites.Si l’on suppose que la position des satellites est connue à chaque instant avec une exactitude parfaite,<strong>le</strong> seul facteur influençant <strong>le</strong>s résultats sera la répartition des données((one-way))entre un satellite et unestation. En un point situé entre 45N et 45S, la trajectoire des satellites est globa<strong>le</strong>ment orientée Nord-Sud : ils vont du Nord vers <strong>le</strong> Sud ou du Sud vers <strong>le</strong> Nord, avec peu de variation en longitude. Leur élévationpasse généra<strong>le</strong>ment par une va<strong>le</strong>ur proche de 90. Dans ce cas, la symétrie des signaux recueillisest meil<strong>le</strong>ure selon l’axe Nord-Sud que l’axe Est-Ouest. On peut donc s’attendre à une meil<strong>le</strong>ure précisionde la composante Nord relativement à la composante Est, la composante vertica<strong>le</strong> étant la moins bonnedes 3.En un point situé plus bas que 60S, la trajectoire apparente des satellites est très différente : ils arrivent duNord, décrivent un arc de cerc<strong>le</strong> et repartent au Nord. Leur couverture Nord-Sud est donc moins bonne,d’où une précision dégradée selon la composante Nord, mais la répartition azimutha<strong>le</strong> des satellites est133


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.Satellite GPSLigne de baseOrbitePoint de latitude moyenne.Pres du po<strong>le</strong> Sud.Comparaison de l’influence de l’erreur sur l’orbiteen fonction de la position geographique.FIG. I.3 - Effet des erreurs sur <strong>le</strong>s orbites d’un satellite GPS sur <strong>le</strong> positionnement, en fonction de la latitude dupoint et de la géométrie de ces orbites.par contre meil<strong>le</strong>ure, la trajectoire étant beaucoup plus orientée Ouest-Est que Nord-Sud. On devrait doncobtenir une précision meil<strong>le</strong>ure sur la composante Est que sur la composante Nord. Autre différence,passé 70S, <strong>le</strong>s satellites ne passent jamais au zénith d’un point, mais passent une partie importante de<strong>le</strong>ur trajectoire visib<strong>le</strong> à des élévations assez basses. La précision relative de la composante vertica<strong>le</strong> parrapport aux composantes horizonta<strong>le</strong>s devrait donc être plutôt meil<strong>le</strong>ure que ce que l’on obtient à deslatitudes moyennes.2.1.2. Cas réaliste des orbites imparfaites.On sait que la précision des orbites GPS, quoique bonne, ne permet pas de connaître la position du satelliteavec exactitude. Les facteurs introduisant des erreurs dans la modélisation et <strong>le</strong> calcul de la positiondu satellite (pour <strong>le</strong>s orbites IGS précises) provoquent des imprécisions qui se reportent principa<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> long de la trajectoire du satellite : variation d’accélération, force de freinage atmosphérique. Lorsque lagéométrie des trajectoires apparentes des satellites change, ces erreurs sur <strong>le</strong>s orbites n’influencent pas <strong>le</strong>scomposantes de la position d’une station de la même manière. Pour un point situé à une latitude moyenneoù la trajectoire sera globa<strong>le</strong>ment orientée Nord-Sud (voir figure I.3), <strong>le</strong>s erreurs porteront principa<strong>le</strong>mentsur la composante Nord, qui est aussi cel<strong>le</strong> qui devrait être la meil<strong>le</strong>ure compte tenu de la simp<strong>le</strong> répartitionspatia<strong>le</strong> des données. On devrait fina<strong>le</strong>ment obtenir des composantes Nord et Est de précision équiva<strong>le</strong>nte.En un point situé au Sud de 60S, l’erreur sur la trajectoire du satellite se reportera essentiel<strong>le</strong>ment134


x2. LES ORBITES DES SATELLITES GPS AUTOUR DU PÔLE SUD.sur la composante Est, de la même manière, et la composante Nord devrait en fait avoir une précision légèrementmeil<strong>le</strong>ure.Ces effets peuvent encore être modulés en fonction de la position précise d’un point ou d’une ligne deFIG. I.4 - Trajectoire apparente des satellites GPS dans la configuration 1999, vue d’un point de la surface de la Terrede latitude 60S, 60E, soit proche de la position des stations GPS sur la côte Antarctique.base, par rapport à la trajectoire des satellites. Une ligne de base orientée Est-Ouest sera probab<strong>le</strong>mentplus sensib<strong>le</strong> à l’imprécision des orbites.135


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.2.2. Précision relative des orbites IGS.La précision des orbites utilisées dans une inversion GPS a une influence sur la précision du positionnementsur une ligne de base. Cette influence peut se mesurer grâce aux évaluations de répétitivités, oùl’on observe en général une dégradation de la répétitivité lorsque la longueur des lignes de base augmente.L’erreur relative sur la longueur de la ligne de base doit être proportionnel<strong>le</strong> à l’erreur commisesur <strong>le</strong> calcul de l’orbite : une précision de 20 cm mènera, compte tenu de l’altitude de satellites (20 000km environ), à une erreur de 1 cm sur une ligne de base de 1000 km. Les orbites IGS actuel<strong>le</strong>s sont généra<strong>le</strong>mentconnues avec une précision meil<strong>le</strong>ure que 20 cm (voir figure I.6). La précision annoncée pour<strong>le</strong>s orbites IGS précises, que nous avons utilisées sur nos calculs, est en 1999 de 5cm. El<strong>le</strong> n’atteignait pasencore cette va<strong>le</strong>ur au début de notre traitement de données, et on verra que l’amélioration de cette précisionentre 1995 et 1998 est perceptib<strong>le</strong> sur la précision fina<strong>le</strong> de nos positions de stations.Dans la mesure où <strong>le</strong>s orbites sont calculées à partir des stations IGS (réparties en différents groupes, en0.0650.064Moyenne des RMS sur tous <strong>le</strong>s satellites par tranche de 5 degres0.0630.0620.061GPSW 0855GPSW 0856GPSW 08630.0600.059rms en m0.0580.0570.0560.0550.0540.0530.0520.0510.0500.0490.048−60 −45 −30 −15 0 15 30 45 60latitude des sat. en degresFIG. I.5 - Dispersion des calculs d’orbites des différents centres IGS par rapport à la solution combinée, sur troissemaines différentes. Ces semaines sont repérées par <strong>le</strong>ur numéro de semaines GPS (GPSW), comptabilisées à partirde la première semaine de l’année 1980.fonction de <strong>le</strong>ur qualité), on peut supposer que <strong>le</strong>ur précision sera moins bonne au dessus des endroits oùon ne dispose que de peu de stations IGS, qui n’appartiennent pas au segment principal de contro<strong>le</strong>. C’est136


x2. LES ORBITES DES SATELLITES GPS AUTOUR DU PÔLE SUD.<strong>le</strong> cas dans l’hémisphère Sud de manière généra<strong>le</strong>, et plus particulièrement aux hautes latitudes, au delàde 50S. Dans <strong>le</strong> but de mettre en évidence une éventuel<strong>le</strong> variation de la précision avec la latitude, nousavons comparé <strong>le</strong>s dispersions des solutions des différents centres de calcul IGS par rapport à la solutioncombinée, en fonction de la latitude. On constate (voir figure I.5) une augmentation de cette dispersiondans <strong>le</strong>s latitudes négatives, plus importante près du pô<strong>le</strong> Sud. On peut donc s’attendre à une précisionrelative sur une ligne de base entre deux stations antarctiques inférieure à ce qu’on obtiendrait en Europe,du simp<strong>le</strong> fait de la moindre précision des orbites IGS.FIG. I.6 - Résidus moyens quadratiques (en cm) des diférents calculs d’orbites par <strong>le</strong>s centres de calcul IGS parrapport à la solution combinée (orbite IGS précise).137


C=1+R 1R2(R:12)CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.3. Activité ionosphérique.L’activité ionosphérique joue un rô<strong>le</strong> important sur la qualité du signal GPS reçu par une station. Onmontre en annexe B que l’utilisation d’une combinaison linéaire judicieuse des deux fréquencesL1etL2,qui s’écrit(I.1)permet d’en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> premier ordre du bruit ionosphérique, en mettant à profit son caractère dispersif.L’activité ionosphérique étant très liée à la quantité de particu<strong>le</strong>s chargées é<strong>le</strong>ctriquement présentes sur<strong>le</strong>s trajectoires des signaux GPS, el<strong>le</strong> sera particulièrement intense au dessus des pô<strong>le</strong>s (où <strong>le</strong>s particu<strong>le</strong>se<strong>le</strong>ctrisées provenant du vent solaire pénètrent dans l’atmosphère) et au niveau de l’équateur (où seforme une ceinture de courant dite de Van Hal<strong>le</strong>n, rassemblant <strong>le</strong>s particu<strong>le</strong>s chargées, sous l’effet duchamp magnétique terrestre).Cette activité ionosphérique est par ail<strong>le</strong>urs directement liée à l’activité solaire, conditionnant l’intensitédu vent solaire, pourvoyeur de ces particu<strong>le</strong>s chargées. L’activité solaire est soumise à différentstypes de variations. La première est une variation à long terme, relativement prévisib<strong>le</strong>, liée aux cyc<strong>le</strong>ssolaires qui ont une durée de 11 ans. Le contenu é<strong>le</strong>ctronique total depuis 1995 montre des variationsimportantes (voir figure I.7), en accord avec <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> solaire en cours.Sur de périodes beaucoup plus courtes que cel<strong>le</strong>s liées aux cyc<strong>le</strong>s solaires, la quantité de particu<strong>le</strong>sFIG. I.7 - Variation du contenu é<strong>le</strong>ctronique total (TEC) en fonction du temps, depuis 1995. L’échel<strong>le</strong> du TEC est en1012/m3. La courbe b<strong>le</strong>ue représente <strong>le</strong>s prédictions de variation du TEC, la courbe rouge <strong>le</strong>s mesures obtenues grâceaux stations IGS. Figure obtenue sur <strong>le</strong> site Web de l’Université de Berne (AIUB).pénétrant l’atmosphère peut augmenter très brusquement à l’occasion d’ orages ou de sous-oragesmagnétiques. La concentration des particu<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> vent solaire s’accroît alors brusquement, et la138


x3. ACTIVITÉ IONOSPHÉRIQUE.quantité de particu<strong>le</strong>s entrant dans la magnétosphère au niveau des pô<strong>le</strong>s, là où <strong>le</strong>s lignes de champdu champ magnétique terrestre se rejoignent, augmente en conséquence. C’est à cette occasion que <strong>le</strong>sparticu<strong>le</strong>s ionisées donnent naissance aux aurores polaires.Enfin, indépendamment de la concentration du vent solaire, la quantité de particu<strong>le</strong>s pénétrant l’atmosphèreest soumise à des variations journalières, liées à l’éclairement solaire. La concentrationionosphérique est maxima<strong>le</strong> en fin d’après midi, et minima<strong>le</strong> juste avant <strong>le</strong> <strong>le</strong>ver du so<strong>le</strong>il. A titred’exemp<strong>le</strong>, la figure I.8 présente <strong>le</strong> résultat sur 24 h (une carte de contenu ionosphérique toutes <strong>le</strong>s 2h)obtenu par <strong>le</strong> centre de calcul CODE de Berne grâce à <strong>le</strong>ur analyse des données IGS.Comme <strong>le</strong> retard introduit par la traversée de l’ionosphère sur <strong>le</strong>s deux fréquences du GPS est assezFIG. I.8 - Variation du contenu é<strong>le</strong>ctronique total sur une période de 24h, alors que l’activité solaire est modérée(jour 152 de l’année 1999). Le TEC est representé toutes <strong>le</strong>s 2h, grâce aux solutions GPS CODE sur <strong>le</strong>s stations IGS.Les zones rouges représentent <strong>le</strong>s concentrations é<strong>le</strong>ctroniques maxima<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> b<strong>le</strong>u foncé ou noir <strong>le</strong>s concentrationsminima<strong>le</strong>s. Carte disponib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site Web de l’Université de Berne (AIUB).faci<strong>le</strong> à modéliser, et dépend linéairement du contenu total ionosphérique (TEC), on peut utiliser <strong>le</strong>sdonnées des stations IGS, dont la position est supposée stab<strong>le</strong> et bien connue, pour en déduire <strong>le</strong>svariations du contenu ionosphérique. Ce type de cartographie fonctionne correctement aux latitudesmoyennes ou proches de l’équateur, là où l’ionosphére se comporte de manière suffisamment régulière,et où la densité de stations est suffisante. Au dessus des pô<strong>le</strong>s, on dispose de peu de stations, une tel<strong>le</strong>cartographie manque de précision.L’utilisation de la combinaison linéaire I.1 dans <strong>le</strong> traitement GPS permet d’en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> premier ordre del’effet ionosphérique. El<strong>le</strong> renforce par contre l’effet des ordres suivants du bruit ionosphérique, qui sontimportants au dessus des régions polaires. El<strong>le</strong> utilise une approximation rectiligne pour la trajectoiredes ondes GPS à travers l’atmosphère, ce que l’on sait inexact, surtout pour des élévations satellitairesbasses. Un modè<strong>le</strong> amélioré (Brunner et Gu 1991) propose de tenir compte de cet effet de courbure, ainsique des ordres supérieurs du retard ionosphérique, provenant du développement en série de l’indice de139


Sc=1 (1)(L1L2)(12)CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.Sb=L1+1Zp1Neds1 L2, soitréfraction. L’effet ionosphérique est integré <strong>le</strong> long des trajets réels, et plus seu<strong>le</strong>ment selon la ligne droiteentre <strong>le</strong> satellite et la station. La correction apportée au chemin optique par ce modè<strong>le</strong> est alors(I.2)oùdésigne <strong>le</strong> rapport1=2,1et2représentant <strong>le</strong>s effets de courbure respectifs sur <strong>le</strong>s ondesL1et<strong>le</strong>s différences entre l’arc de trajectoire supposée courbe et sa corde. Les deux constantes1et2sont des va<strong>le</strong>urs approchées des quantités multiplicatives permettant d’obtenir <strong>le</strong> retard ionosphériquesur la longueur d’ondeL1etL2à partir de la densité é<strong>le</strong>ctronique, soit :ElévationLcScLcScpour la longueur d’ondeL1(Nereprésente naturel<strong>le</strong>ment la densité é<strong>le</strong>ctronique). Les résultats de cemodè<strong>le</strong> de correction ionosphérique amélioré sont comparés par Brunner et Gu (1991) à ceux de lacombinaison linéaire de l’équation I.1 pour deux modè<strong>le</strong>s d’ionosphère. Le premier (cas 1) correspond àTAB. I.1 - Variations de l’erreur résiduel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> trajet GPS satellite-station, en fonction de l’ang<strong>le</strong> d’élévation dusatellite (en), du modè<strong>le</strong> de correction ionosphérique (Lcpour la combinaison linéaire simp<strong>le</strong> utilisée dans GAMIT,Scpour <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> amélioré proposé par Brunner et Gu (1991)) et du TEC considéré (cas 1 ou cas 2, voir <strong>le</strong> texte). Lesva<strong>le</strong>urs sont données en millimètres.Cas 1 Cas 2(I.3)90 4,1 0,4 22,2 -1,460 8,1 -0,2 50,6 -1,130 19,3 -0,3 98,6 -0,815 32,8 -0,2 199,8 -0,17,5 43,4 -0,2 309,3 -0,1deLcun TEC de 1,38 1018m2avec une densité é<strong>le</strong>ctronique maxima<strong>le</strong> deNm=6;01012m3et <strong>le</strong> second(cas 2) à un TEC de 4,55 1018m2avec une densité é<strong>le</strong>ctronique maxima<strong>le</strong> deNm=20;01012m3.Les effets de courbure sont calculés en tenant compte d’un champ magnétique terrestre IGRF 85 (pourInternational Geomagnetic Reference Field) et d’un modè<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> de troposphère, où l’indice de réfractionvarie exponentiel<strong>le</strong>ment avec l’altitude. Les va<strong>le</strong>urs de TEC récentes au dessus des régions polairesmontrent que l’effet auquel on peut s’attendre en Antarctique est plus proche du cas 2 que du cas 1.La courbe I.7 montre que la densité é<strong>le</strong>ctronique dépasse depuis 1998 <strong>le</strong>s20;01012m3mentionnéscomme densité maxima<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> du cas 2. L’erreur résiduel<strong>le</strong> en millimètres est calculée pourchacun des deux cas déjà évoqués et différentes élévations d’un satellite GPS (voir <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au I.1). Cesmodè<strong>le</strong>s permettent de constater que <strong>le</strong> retard résiduel sur un trajet pour un satellite bas sur l’horizon(15) dans de mauvaises conditions ionosphériques (cas 2) peut devenir très important. La va<strong>le</strong>urde près de 20 cm est proche du doub<strong>le</strong> d’une va<strong>le</strong>ur entière d’ambiguïté(narrow lane)), donc susceptib<strong>le</strong>d’introduire un biais important dans la position du site. Cet exemp<strong>le</strong> met par ail<strong>le</strong>urs en évidence ladépendance de l’effet ionosphérique et de l’élévation des satellites. La géométrie des satellites autourdu Pô<strong>le</strong> introduit une proportion beaucoup plus importante de données provenant d’élévations basses,donc l’effet ionosphérique non pris en compte par la correction linéaire sera renforcé.140


x3. ACTIVITÉ IONOSPHÉRIQUE.TAB. I.2 - Comparaison de répétitivités moyennes (lignes de base du réseau global), pour 4 périodes de 6 jours consécutifsdébut 1995, et pour <strong>le</strong>s 3 composantes. Les chiffres sont en mm.Période 1 2 3 4Est 15 21,4 30,2 37,7 28,725 37,1 35,5 42,4 54,8Nord 15 23,0 26,2 36,5 32,725 35,5 35,7 43,6 52,0Verti. 15 20,4 26,6 22,1 24,025 38,9 34,6 43,0 33,9Dans <strong>le</strong> but de quantifier l’effet du bruit ionosphérique non éliminé par cette combinaison linéairesur <strong>le</strong>s stations antarctiques directement, nous avons essayé de faire varier l’ang<strong>le</strong> de coupure du calcul.L’effet du retard ionosphérique est plus important sur la composante vertica<strong>le</strong> que sur <strong>le</strong>s composanteshorizonta<strong>le</strong>s. Dans l’ensemb<strong>le</strong> du traitement de données, cet ang<strong>le</strong> de coupure était égal à 15, on neretient donc que <strong>le</strong>s données provenant de satellites dont l’élévation est supérieure ou éga<strong>le</strong> à 15.Comme ce sont <strong>le</strong>s signaux provenant des satellites dont l’élévation est la plus basse qui traversentla portion la plus importante d’ionosphère et sont <strong>le</strong> plus sensib<strong>le</strong>s à ce retard, augmenter l’ang<strong>le</strong> decoupure devrait éliminer en partie <strong>le</strong> bruit ionosphérique. Nous avons donc choisi de traiter 4 semainesde données, début 1995, avec un ang<strong>le</strong> de coupure de 25, et comparer <strong>le</strong>s résultats au calcul effectuésur la même période avec l’ang<strong>le</strong> de coupure de 15. L’inconvénient de l’augmentation de l’ang<strong>le</strong> decoupure est que cela revient à supprimer des données, la qualité généra<strong>le</strong> de la solution (composanteshorizonta<strong>le</strong>s) doit donc être moins bonne. La figure I.9 montre un exemp<strong>le</strong> des répétitivités obtenues enfonction de la longueur de la ligne de base, pour la solution traitée à 25et cel<strong>le</strong> à 15. Le changementd’ang<strong>le</strong> de coupure dégrade la qualité de la solution, puisque la répétitivité calculée sur une période de6 jours est supérieure. Les répétitivités moyennes sur l’ensemb<strong>le</strong> des lignes de base du réseau global (11stations) sont regroupées dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au I.2, pour <strong>le</strong>s 4 semaines considérées, et <strong>le</strong>s 3 composantes. Ladégradation des répétitivités sur la composante vertica<strong>le</strong> avec l’augmentation de l’ang<strong>le</strong> de coupure neva pas à l’encontre de la théorie et des résultats du modè<strong>le</strong> proposé par Brunner et Gu (1991). Il faut tenircompte de la diminution de la quantité tota<strong>le</strong> de données que <strong>le</strong> rejet des élévations inférieures à 25entraîne, et de la dégradation spécifique à la composante vertica<strong>le</strong> due à la couverture zénitha<strong>le</strong> encoredégradée par rapport aux conditions norma<strong>le</strong>s antarctiques. Par ail<strong>le</strong>urs, ces répétitivités font allusionsà des solutions sur des sessions de 24h, sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l’effet ionosphérique doit être en partie moyenné.Ces différentes observations expliquent que nous n’avons pas cherché à implanter dans <strong>le</strong> logicielscientifique de traitement GPS un modè<strong>le</strong> amélioré de correction ionosphérique. Le traitement par sessionsde 24h devrait suffire à corriger <strong>le</strong>s variations quotidiennes du TEC, qui sont par ail<strong>le</strong>urs peu importantesau dessus des Pô<strong>le</strong>s (voir la figure I.8). La variations soudaines dues aux orages é<strong>le</strong>ctromagnétiques,et <strong>le</strong>s variations à long terme provoquées par l’évolution de l’activité solaire sont plus gênantes.Améliorer <strong>le</strong>s corrections ionosphériques à l’intérieur du traitement GPS devrait donc être une étape supplémentairedu traitement des spécificités du GPS en milieu polaire.141


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.5040North component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 110005040East component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 110005040Vertical component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 11000Baseline <strong>le</strong>ngth (km)FIG. I.9 - Répétitivité en mm pour <strong>le</strong>s différentes lignes de base du réseau global (11 stations), en fonction de lalongueur de la ligne de base. Les cerc<strong>le</strong>s évidés correspondent au calcul avec un ang<strong>le</strong> de coupure à 15, <strong>le</strong>s petitspoints à celui avec l’ang<strong>le</strong> de coupure à 25. On a de haut en bas <strong>le</strong>s composantes nord, est et vertica<strong>le</strong> des lignes debase.142


x4. L’EFFET DE LA NEIGE SUR LE GPS.4. L’effet de la neige sur <strong>le</strong> GPS.FIG. I.10 - Erreur de distance sur la trajectoire satellite-station (en mm) en fonction du taux de précipitation (enmm/h) pour différents types de neige : poudreuse (dry), humide (moist), très humide (wet) ou mouillée (watery) pourdeux modè<strong>le</strong>s différents de distribution de tail<strong>le</strong> de particu<strong>le</strong>s dans la neige poudreuse (G-M ou S-S) (Tranquilla etRizzo 1993)Le développement des campagnes GPS en milieu polaire, et la mise en place de réseaux permanentsdans des régions fréquemment enneigées, comme la Fennoscandie, ont amené à s’interroger sur <strong>le</strong>s interactionsentre <strong>le</strong>s mesures GPS et la neige. Les effets peuvent se manifester de deux manières différentes :perturbations de la propagation des ondes GPS dans l’atmosphère par la présence de flocons de neigeou de nuages de glace pendant <strong>le</strong>s précipitations, ou bien effet de l’accumulation de la neige sur <strong>le</strong>s antennes,<strong>le</strong>s radomes ou <strong>le</strong>s piliers. Des études ont déjà été effectuées, pour essayer de quantifier ces deuxtypes d’effets, en général à partir de données des réseaux GPS permanents nordiques (par exemp<strong>le</strong> (Jaldehaget al. 1996), sur <strong>le</strong> réseau suédois SWEPOS). Nous avons repris <strong>le</strong> principe de ces études, en essayantd’en adapter <strong>le</strong>s résultats aux conditions météorologiques spécifiques à l’Antarctique. On a déjà vu qu’ilneigeait peu en moyenne sur l’ensemb<strong>le</strong> du continent antarctique. Les précipitations se concentrent sur<strong>le</strong>s côtes, où se trouvent toutes <strong>le</strong>s stations permanentes IGS, il est donc malgré tout important d’obtenirune évaluation de ces précipitations, de <strong>le</strong>ur variation saisonnière, et de <strong>le</strong>ur effet sur la mesure GPS. Ceciconcerne tout particulièrement la Péninsu<strong>le</strong>, où <strong>le</strong> climat plus doux s’accompagne de précipitations abondantes(de 3 à 4 m par an) et variab<strong>le</strong>s selon <strong>le</strong>s saisons. Le principal problème est d’obtenir des mesuresfiab<strong>le</strong>s de ce taux d’accumulation.4.1. Propagation des signaux GPS et chutes de neige.La propagation des ondes GPS L1et L2à travers l’atmosphère peut être affectée par la présence denuages de glace ou de flocons de neige. Tranquilla et Rizzo (1993) tentent d’évaluer <strong>le</strong> retard subi par143


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.FIG. I.11 - Erreur de distance sur la trajectoire satellite-station (en mm) en fonction de l’ang<strong>le</strong> d’élévation du signal(en degrés) pour 6 cas différents de nuages de glace. La hauteur du nuage est toujours de 3 km, la densité de glacevarie de 106m3=m3à105m3=m3. (Tranquilla et Rizzo 1993)Vi=s1sl’onde porteuse à la traversée d’un milieu différent de l’air libre.iEn ce qui concerne <strong>le</strong>s chutes de neige, la première étape consiste à modéliser l’effet de la rencontred’un flocon de neige sur l’onde GPS polarisée. Le champ é<strong>le</strong>ctrique incident sera modifié, <strong>le</strong> vecteur correspondantmultiplié par la matrice de transmission à travers <strong>le</strong> milieu neigeux, qui dépend du type dela neige (poudreuse, humide, mouillée..) et de la tail<strong>le</strong> des flocons. L’humidité de la neige est reliée demanière empirique à sa densité, par la formu<strong>le</strong>Vw=2soùsest exprimé en g/cm3. Tranquilla et Rizzo(1993) tiennent éga<strong>le</strong>ment compte de la vitesse de chute de la neige.Les nuages de glace, eux contiennent deux types de cristaux, de forme plane ou en forme d’aiguil<strong>le</strong>. Lescoefficients de transmission des ondes GPS dépendent du type de cristal, mais aussi de <strong>le</strong>ur tail<strong>le</strong>, et de<strong>le</strong>ur densité au m3. Le volume relatif de la glace s’exprime paraveci=0;917g=cm3.A partir de ces éléments, Tranquilla et Rizzo (1993) évaluent l’erreur sur la distance provoquée par latraversée d’un nuage de glace (figure I.11, pour un nuage de 3 km de hauteur) et par une chute de neige(figure I.10), en fonction de l’ang<strong>le</strong> d’élévation du signal et du taux de chute de la neige.Il paraît diffici<strong>le</strong> d’appliquer ce type de modè<strong>le</strong>s au cas de l’Antarctique. Il faut disposer d’informationsprécises sur la couverture nuageuse, <strong>le</strong> taux de précipitation, et <strong>le</strong> type de ces mêmes précipitationspuisque la tail<strong>le</strong> des flocons (ou cel<strong>le</strong> des cristaux de glace dans <strong>le</strong> cas d’un nuage) et <strong>le</strong>ur degré d’humidité144


x4. L’EFFET DE LA NEIGE SUR LE GPS.conditionnent <strong>le</strong>ur effet sur la propagation du signal GPS. On ne dispose sur <strong>le</strong>s stations antarctiques qued’informations assez restreintes : <strong>le</strong> taux de précipitation même n’est pas toujours connu avec précision.On ne cherche donc pas ici à quantifier l’erreur apportée par la présence de nuages de glace dans l’atmosphèreau dessus de l’Antarctique, ou par des chutes de neige. Au dessus de l’intérieur du continent, il ya apparemment peu de variations saisonnières dans la couverture nuageuse (formée de microcristaux deglace en quasi-permanence) et dans <strong>le</strong> taux de précipitation, qui est toujours très faib<strong>le</strong>. Il n’en est pas demême près des côtes, où l’activité cyclonique est beaucoup plus sensib<strong>le</strong> et variab<strong>le</strong>. Le manque de donnéesmétéorologiques nous empêche de quantifier ces effets; on supposera simp<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong> traitementde données par sessions de 24h, puis l’utilisation des séries temporel<strong>le</strong>s journalières sur des périodes deplusieurs années nous permet de <strong>le</strong>s filtrer sur <strong>le</strong> long terme.4.2. L’accumulation de la neige sur <strong>le</strong>s antennes et autour.Le rô<strong>le</strong> que peut jouer une couche de neige accumulée sur <strong>le</strong>s antennes GPS ou sur <strong>le</strong> pilier sur <strong>le</strong>que<strong>le</strong>st fixée l’antenne a déjà été étudié, par Webb et al. (1995) ou Jaldehag et al. (1996) par exemp<strong>le</strong>. Lepoint de départ est constitué d’observations de variations sur la composante vertica<strong>le</strong> d’une station, quipeuvent al<strong>le</strong>r jusqu’à 40 cm dans <strong>le</strong> cas de Long Val<strong>le</strong>y (Webb et al. 1995), et qui sont fortement corréléesavec l’accumulation de neige autour de l’antenne. Les travaux sur <strong>le</strong> réseau suédois SWEPOS procèdenten deux étapes. Dans un premier temps, Jaldehag et al. (1996) comparent <strong>le</strong>s variations de la composantevertica<strong>le</strong> sur des stations permanentes (dont l’amplitude sur une période de 2 mois atteint 6 cm) avecl’épaisseur supposée de neige accumulée autour du pilier. Comme on ne dispose pas de mesure directesur <strong>le</strong> site GPS même, <strong>le</strong>s données d’accumulation de la neige proviennent d’une station météorologiquesituée à 50 km environ. Le calcul de l’épaisseur de neige prend simp<strong>le</strong>ment en compte <strong>le</strong> cumul des précipitationsd’un jour à l’autre lorsque la température de l’air est inférieure à 0C, avec une remise à zéroà chaque fois qu’el<strong>le</strong> dépasse 0C (fonte(;n;d())=nsx()n0y()de la neige accumulée). Ce modè<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> ne prétend pas rendrecompte exactement de l’accumulation réel<strong>le</strong> de la neige sur <strong>le</strong> pilier ou <strong>le</strong> radome, mais il permet néanmoinsd’obtenir une bonne corrélation avec <strong>le</strong>s variations de la composante vertica<strong>le</strong>.Dans une seconde étape de modélisation, Jaldehag et al. (1996) essayent d’évaluer l’effet physique de latraversée d’une couche de neige sur <strong>le</strong>s ondes GPS. Un premier modè<strong>le</strong> prend en compte la réf<strong>le</strong>xion dusignal sur un plan horizontal infini constitué de neige, avec un coefficient de réf<strong>le</strong>xion, situé à la distanceHsous <strong>le</strong> centre de phase de l’antenne. Un second calcu<strong>le</strong> <strong>le</strong> chemin supplémentaire parcouru par l’ondeGPS à cause de la présence de neige sur <strong>le</strong> radome, et une troisième simulation cumu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s deux effets.Le calcul du retard de phase provoqué par la couverture neigeuse du radome suppose une épaisseur deneige sur celui-ci qui varie linéairementd()=d0(1tanavec la distance vertica<strong>le</strong>hdepuis sa base, comme indiqué par latans+tan)figure I.12. L’excès de chemin é<strong>le</strong>ctrique parcouru par <strong>le</strong> signal est donné par :oùnsest l’indice de réfraction de la neige,n0=1celui de l’air,x()la longueur du chemin réfracté,y()cel<strong>le</strong> du chemin non réfracté, etest l’élévation des satellites. Si on désigne parietr<strong>le</strong>s ang<strong>le</strong>sd’incidence et de réfraction, et pard()l’épaisseur de la couche de neige autour du radome, on obtientnsx()=d()=cos(i)pour <strong>le</strong> chemin de l’onde réfractée,n0y()=x()cos(ir)pour cel<strong>le</strong> qui reste àl’air libre. Le coefficient de réfraction de la neige varie beaucoup selon l’état de cel<strong>le</strong>-ci, depuis des va<strong>le</strong>urslégèrement supérieures à 1 pour de la neige poudreuse, à 1,7 pour de la neige humide et 5 pour de la neigemouillée. La distribution de l’épaisseur de neige autour du radome est donnée par145


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.FIG. I.12 - Diagramme de la géométrie du retard sur <strong>le</strong> signal provoqué par la couche de neige accumulée sur <strong>le</strong>radome (modè<strong>le</strong> 2 du texte). (Jaldehag et al. 1996)oùsetd()sont décrits par la figure I.12. Les auteurs approximent l’épaisseur réel<strong>le</strong> traversée par l’ondeGPS à l’épaisseur horizonta<strong>le</strong> de la couche de neige, la différence n’étant que de quelques millimètres.Leur simulation <strong>le</strong>ur permet de calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s caractéristiques de la couche de neige nécessaire pourprovoquer des variations de la composante vertica<strong>le</strong> similaires aux observations. Ils obtiennent ainsi unecouche de neige horizonta<strong>le</strong> infinie située à 10 cm sous <strong>le</strong> centre de phase de l’antenne, avec un coefficientde réf<strong>le</strong>xion de 9,3%0;6et une épaisseurd0de 5 cm.Nous avons choisi d’appliquer <strong>le</strong> même type de comparaison à une station antarctique, cel<strong>le</strong> située surla Péninsu<strong>le</strong>, soit la région où <strong>le</strong> taux de précipitation est <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé, et <strong>le</strong> plus sensib<strong>le</strong> aux variationssaisonnières. La quantité annuel<strong>le</strong> de précipitations y dépasse <strong>le</strong>s 3 m, <strong>le</strong>s températures y sont souventpositives pendant l’été, et il s’agit par ail<strong>le</strong>urs du seul site sur <strong>le</strong>quel on détecte des variations à courtepériode de la composante vertica<strong>le</strong> GPS. Les comparasions effectuées sont détaillées dans <strong>le</strong> chapitreIII d’analyse géodésique des résultats. Le modè<strong>le</strong> de calcul de la neige accumulée sur <strong>le</strong> site reprend latechnique simp<strong>le</strong> appliquée ici par Jaldehag et al. (1996), en tenant compte d’une spécificité climatiquede l’Antarctique : la présence fréquente de vent fort devrait influencer l’accumulation de neige autour del’antenne.Nous n’avons pas cherché à effectuer des comparaisons sur <strong>le</strong>s autres sites GPS des côtes antarctiques,d’abord par manque de données climatiques : si <strong>le</strong>s variations de températures sont disponib<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s tauxde précipitation ne sont pas accessib<strong>le</strong>s aussi faci<strong>le</strong>ment. D’autre part, <strong>le</strong>s températures y sont généra<strong>le</strong>mentplus basses que sur la Péninsu<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s peuvent dépasser 0C épisodiquement pendant <strong>le</strong>s mois d’été(de novembre à février) à raison de quelques jours par mois. Les précipitations el<strong>le</strong>s-mêmes y sont moinsimportantes (de l’ordre de 100 à 150 cm par an pour Casey et Davis) et <strong>le</strong> vent y souff<strong>le</strong> plus régulièrement.On peut supposer que l’accumulation de la neige autour des antennes est moins importante, et queson effet sur la composante vertica<strong>le</strong> GPS est beaucoup moins sensib<strong>le</strong>.146


x5. CONCLUSION.5. Conclusion.Traiter des données GPS sur cette partie du monde est une entreprise hasardeuse, comme s’en sontbien rendu compte ceux qui analysent <strong>le</strong>s données en provenance de réseaux locaux (Capra et al. 1999),(Zwartz et al. 1999), (Dietrich et al. 1998). Quel<strong>le</strong> que soit la configuration du réseau, l’agitation ionosphériqueimportante et la trajectoire apparente assez spécifique des satellites GPS modifient l’environnementhabituel de l’analyse GPS.Le bruit ionosphérique au premier ordre est pris en compte par <strong>le</strong>s logiciels de traitement de manièreassez satisfaisante. Mais on a vu qu’au dessus de l’Antarctique, <strong>le</strong>s variations aux ordres supérieurs sontencore assez importantes pour perturber la mesure. Les systèmes de cartographie mondiaux de l’activitéionosphérique à partir des données des stations IGS rendent compte des variations brusques lors d’oragemagnétiques, mais on dispose de peu d’enregistrements aux a<strong>le</strong>ntours des pô<strong>le</strong>s.Une tentative pour éliminer <strong>le</strong> bruit ionosphérique renforcé lorsque <strong>le</strong>s satellites se trouvent à desélévations basses ne donne pas de résultats concluants.La configuration apparente plutôt inhabituel<strong>le</strong> de la constellation GPS observée depuis <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> Sudcomporte des avantages et des inconvénients. Comme effet positif de la bonne répartition azimutha<strong>le</strong> etde l’élévation moyenne assez basse des satellites, on peut s’attendre à une assez bonne précision relativede la composante vertica<strong>le</strong>. Pour <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s, l’orientation généra<strong>le</strong> Est-Ouest destrajectoires apparentes devrait se traduire par une meil<strong>le</strong>ure répétitivité sur la composante Nord que surla composante Est, contrairement à ce qu’on constate généra<strong>le</strong>ment aux basses ou moyennes latitudes.On a pu constater après comparaison des dispersions des résultats des calculs d’orbites IGS des différentscentres d’analyse, que la précision des orbites IGS décroît dans l’hémisphère Sud, lorsqu’on se rapprochedes hautes latitudes Sud. Cela ne signifie pas qu’el<strong>le</strong> soit insuffisante pour <strong>le</strong> besoins d’un réseau local,voire régional, mais lorsque <strong>le</strong>s lignes de base ont une longueur minima<strong>le</strong> de 1400 km, il ne faut pass’attendre à une précision meil<strong>le</strong>ure que <strong>le</strong> centimètre sur la longueur de ces lignes de base.La configuration du réseau, largement étendu et comportant peu de stations limite éga<strong>le</strong>ment, commeon l’a montré, <strong>le</strong> nombre de doub<strong>le</strong>s différences sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s se fera l’inversion. La longueur des lignesde base interdit toute résolution d’ambiguïtés entières efficace. Pour ces deux raisons, il sera intéressantd’inclure dans la solution <strong>le</strong> maximum de stations disponib<strong>le</strong>s, dans la mesure où la longueur moyennedes lignes de base n’augmente pas trop pour autant.On a donné dans cette partie un échantillon des difficultés de calcul rencontrées au cours de l’analysede ce réseau. Cela explique entre autres <strong>le</strong>s tâtonnements quant au choix de la méthode de calcul optima<strong>le</strong>,et <strong>le</strong> temps qui a été investi dans la mise au point du processus de calcul. Cela donne éga<strong>le</strong>mentune idée de la difficulté à obtenir des résultats géodésiques fiab<strong>le</strong>s et exploitab<strong>le</strong>s pour la géophysique àpartir de traitement GPS en Antarctique. Un choix (qui n’a pas été fait ici) aurait pu être de faire un biland’erreur rigoureux, pour évaluer l’effet des différentes sources d’erreurs mentionnées ici sur l’exactitudede la position obtenue par GPS. Ce genre d’étude aurait demandé beaucoup de temps, et de l’intérêtpour <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s physiques permettant de quantifier <strong>le</strong>s différents biais. Cela aurait aussi exigé des renseignementsplus précis sur <strong>le</strong> comportement de l’ionosphère au dessus de l’Antarctique, la couverturenuageuse et l’exposition des antennes aux précipitations (type précis du radome) et au vent. Nous avonspréféré ne pas y consacrer trop de temps, et s’attacher à améliorer la précision de la mesure GPS plutôtque son exactitude. Les perturbations apportées par l’activité ionosphérique ont un effet sur <strong>le</strong> nombrede doub<strong>le</strong>s différences et <strong>le</strong> nettoyage des données, ce qui dégrade l’exactitude du traitement d’une session.L’influence d’une couche de neige ou d’un nuage de glace sur <strong>le</strong> trajet des ondes GPS introduit un147


CHAPITRE I. SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT DE DONNÉES GPS EN ANTARCTIQUE.biais sur la position de la station. Ces erreurs peuvent être atténuées par l’emploi de mesures relatives,puisque <strong>le</strong> résultat porte plutôt sur <strong>le</strong>s mouvements d’une station que sur sa position absolue. Le traitementde mesures continues sur des périodes de plusieurs années doit permettre de filtrer non seu<strong>le</strong>mentdes inexactitudes, mais encore des imprécisions que l’on retrouve sur <strong>le</strong> bruit des séries temporel<strong>le</strong>s. Dansla suite, nous reviendrons sur la précision de la mesure GPS et sur <strong>le</strong>s critères de qualité d’une solution(ce que l’on désigne généra<strong>le</strong>ment par((répétitivité)).Le seul domaine influençant directement la précision d’une mesure GPS, soit sa répétitivité, et que nousavons cherché à améliorer au cours du calcul, concerne la précision des orbites IGS. Nous reviendronsdans <strong>le</strong> chapitre suivant sur ce procédé d’amélioration utilisant <strong>le</strong>s possibilités offertes par <strong>le</strong> logiciel detraitement scientifique GAMIT.148


CHAPITRE IILE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS UTILISÉ.If you are out to describe the truth, <strong>le</strong>ave the e<strong>le</strong>gance to thetailorAlbert EinsteinLe but de ce traitement de données GPS sur l’Antarctique était d’obtenir une évaluation des mouvementsde la croûte terrestre, principa<strong>le</strong>ment d’origine isostatique ((rebond post-glaciaire)et réponse élastiqueaux variations actuel<strong>le</strong>s de la masse de la calotte). La tectonique interne au continent antarctique luimêmen’est pas suffisante pour donner lieu à des mouvements faci<strong>le</strong>ment détectab<strong>le</strong>s par GPS. La mesuredes mouvements de tectonique globa<strong>le</strong> de la plaque antarctique par rapport aux plaques environnantes,mouvements évoqués dans <strong>le</strong> dernier chapitre de la partie I, ne faisait pas non plus partie des objectifsprincipaux de cette étude.Ainsi, <strong>le</strong> but était de produire des séries temporel<strong>le</strong>s des variations des positions des stations GPS sur <strong>le</strong>continent lui-même (stations IGS de Casey, Davis, McMurdo et O’Higgins) et des variations des lignesde base entre ces stations (6 lignes de base, ou 10 avec la station de Dumont d’Urvil<strong>le</strong>). Puisqu’el<strong>le</strong>sdoivent permettre de détecter une variation d’origine géophysique, continue et de faib<strong>le</strong> amplitude, cesséries devraient réunir deux qualités, malheureusement assez peu compatib<strong>le</strong>s entre el<strong>le</strong>s : être <strong>le</strong> moinsbruitées possib<strong>le</strong>, et peu ou pas affectées par des contraintes d’origine géodésique.On admet en effet que tout calcul GPS sur un réseau destiné à donner des résultats avec une précisionsub-centimétrique doit être rattaché d’une manière ou d’une autre à un système de référence terrestre(dans notre cas, cela peut être ITRF 94, ITRF 96 ou ITRF 97), système de référence cohérent avec celuidu calcul des orbites (ITRF dans <strong>le</strong> cas des orbites IGS). La manière la plus simp<strong>le</strong> de procéder à cerattachement consiste, dans <strong>le</strong> cas du calcul d’un réseau local ou régional, à intégrer dans l’inversionune ou plusieurs stations IGS pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on dispose de positions et vitesses ITRF fiab<strong>le</strong>s. Le rattachementen lui-même peut s’effectuer de plusieurs manières : la plus bruta<strong>le</strong> consiste à limiter fortement(((contraindre))) <strong>le</strong>s variations des positions des stations IGS retenues par rapport à <strong>le</strong>ur position deréférence dans l’ITRF. C’est aussi <strong>le</strong> procédé <strong>le</strong> plus dangereux, puisque la moindre différence entre <strong>le</strong>comportement réel des stations IGS de rattachement et <strong>le</strong>ur comportement moyen d’après l’ITRF vase répercuter directement sur l’ensemb<strong>le</strong> du réseau, sous forme d’une erreur répartie et absorbée parl’ensemb<strong>le</strong> des stations moins contraintes, qui sont précisement l’enjeu du calcul. On risque donc de voir<strong>le</strong>s résultats (positions/vitesses) des stations (considérées a priori comme indéterminées) sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>son espère observer un signal géophysique, affectés par des erreurs provenant d’une mauvaise utilisationde la géodésie (en l’occurrence des stations de référence fixées à des positions fausses). C’est pourquoi i<strong>le</strong>st préférab<strong>le</strong> dans tous <strong>le</strong>s cas d’effectuer un calcul(en réseau libre))(sans contraindre trop fortementaucune des stations) puis, une fois la solution obtenue, de ramener à l’aide d’une transformation adéquate(plusieurs procédés ont été essayés) <strong>le</strong>s positions et/ou vitesses des stations IGS choisies pour <strong>le</strong>rattachement à <strong>le</strong>urs coordonnées dans l’ITRF. Cette façon de procéder, outre l’obtention d’un résultatde l’inversion GPS moins suspect, permet un contrô<strong>le</strong> plus important de la qualité du rattachement,149


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.puisqu’on accède aux va<strong>le</strong>urs des résidus de la transformation.Dans <strong>le</strong> cas de l’Antarctique et de ce calcul, la situation est un peu particulière : <strong>le</strong>s stations GPS dont<strong>le</strong>s données étaient disponib<strong>le</strong>s sur une période de plusieurs années étaient en 1996 au nombre de 4, etsont toutes des stations IGS incluses dans <strong>le</strong> calcul des centres IGS. Même en considérant (ce qui n’étaitpas notre hypothèse) que <strong>le</strong>s mouvements sur une ou deux de ces stations sont exactement ceux de<strong>le</strong>ur position ITRF, il était diffici<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s((sacrifier))pour un rattachement et de se contenter des deuxstations restantes pour la détection d’un éventuel mouvement de rebond. Dans <strong>le</strong> cas où l’on considèreque <strong>le</strong>s mouvements sur ces stations, liés à l’isostasie, sont ténus et très peu prédictib<strong>le</strong>s mais bien réels,<strong>le</strong> fait d’utiliser l’une ou l’autre de ces stations pour un rattachement à un système de référence terrestreconstitue tout simp<strong>le</strong>ment une erreur.Dans un premier temps, on a cherché avant tout à s’affranchir des signaux qui pourraient provenird’autre chose que de la géophysique el<strong>le</strong>-même, et en particulier des erreurs introduites par la présenced’autres stations GPS (extérieures au continent antarctique) dans <strong>le</strong> réseau. On a donc traité <strong>le</strong>s donnéesdes stations IGS du continent antarctique même (Casey, Davis et McMurdo à partir de mi-1994, O’Higginsà partir de mi-1995), en réseau libre. Ce type de calcul permet entre autres d’évaluer <strong>le</strong>s variationsinternes au réseau indépendamment de l’extérieur. Les distances entre stations étant de toute façon trèsimportantes, on a cherché par la suite à améliorer au cours du calcul la qualité des orbites IGS au dessusde l’hémisphère Sud (voir <strong>le</strong> deuxième partie du chapitre I de cette partie pour l’évaluation de <strong>le</strong>ur qualitérelative dans l’hémisphère Sud). Le logiciel de traitement GAMIT (du MIT) permet en effet de réévaluer<strong>le</strong>s paramètres orbitaux au cours du calcul, au même titre que <strong>le</strong>s paramètres des stations. Enfin, <strong>le</strong> réseaucomprenant uniquement <strong>le</strong>s stations GPS sur <strong>le</strong> sol antarctique a été élargi aux stations IGS suffisammentproches et de bonne qualité, ceci dans un doub<strong>le</strong> but : <strong>le</strong> réseau, toujours à une échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong>, est plusdense, donc beaucoup mieux contraint que celui des 4 stations initia<strong>le</strong>s; et surtout, la présence de stationsIGS extérieures permet de <strong>le</strong> rattacher à un système de référence mondial, comme expliqué précédemment.Ce chapitre est consacré à l’exposé des différents calculs GPS qui ont été effectués au cours de cetteétude, en réseau local antarctique ou plus global, en contraignant ou non des stations désignées comme(stations de référence)). Le rattachement des résultats du calcul en réseau libre à un système de référencesera présenté dans <strong>le</strong> chapitre suivant d’analyse géodésique des résultats.1. Données GPS disponib<strong>le</strong>s.La première station du réseau IGS à fonctionner sur <strong>le</strong> continent antarctique est cel<strong>le</strong> de McMurdo(base américaine), installée en 1991. Le type d’antenne, de récepteur ou de logiciel des stations évoluesouvent avec <strong>le</strong> temps, mais dans <strong>le</strong> cas de McMurdo, on a même assisté à un changement du site oùétait installée l’antenne, au début de l’année 1995.Les deux stations IGS australiennes de Casey et Davis ont été installées à la mi 1994, et la station chiliennede O’Higgins fonctionne depuis juin 1995. Le nombre des stations IGS sur <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> du continentantarctique est donc de 3 depuis 1994, 4 depuis 1995.Le nombre de ces stations a beaucoup augmenté depuis <strong>le</strong> début de l’année 1998, puisqu’il est actuel<strong>le</strong>mentde 10.Fin 1997, un financement obtenu par l’ENS et l’IGN auprès de l’IFRTP a permis l’installation d’une stationGPS permanente de type IGS sur la base française de Dumont d’Urvil<strong>le</strong>, utilisant <strong>le</strong> pilier géodésiqueconstruit par l’IGN pour la campagne SCAR 1996 (voir annexe E pour <strong>le</strong>s détails de l’installation). Cettestation fonctionne de façon continue depuis <strong>le</strong> 20 décembre 1997, sans problème technique sérieux.150


x1. DONNÉES GPS DISPONIBLES.0˚330˚30˚GOUGSUTHHRAO300˚60˚LPGSSANTVESL270˚OHIGPALMAMUNMAW1DAV1KERG90˚CAS1EISLMCM4DUM1PERTYAR1240˚CHATMAC1HOB2TIDB120˚AUCK210˚150˚180˚FIG. II.1 - Carte des stations GPS permanentes dans la région antarctique, dont <strong>le</strong>s données sont disponib<strong>le</strong>s. Lesstations IGS sont indiquées par des cerc<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s stations permanentesnon-IGS par des triang<strong>le</strong>s. La tail<strong>le</strong> des symbo<strong>le</strong>sindique si <strong>le</strong>s stations existent depuis 1 an (petits symbo<strong>le</strong>s) ou plus. Les stations fonctionnant, mais dont <strong>le</strong>s donnéesne sont pas accessib<strong>le</strong>s (Syowa) n’y figurent pas.Toutefois, <strong>le</strong>s données ne sont pas disponib<strong>le</strong>s en temps réel pour un problème lié au coût des communicationsentre la base et la métropo<strong>le</strong>. La liaison INMARSAT actuel<strong>le</strong> s’effectue à une vitesse trop <strong>le</strong>ntepour permettre <strong>le</strong> transfert des fichiers de données dans un temps raisonnab<strong>le</strong>. Ce problème devraitêtre réglé par l’IFRTP lors de la prochaine campagne (installation d’un système de communication plusrapide), ce qui devrait permettre d’inclure cette station dans <strong>le</strong>s calculs des centres globaux IGS.A la même époque (fin 1997), <strong>le</strong>s données provenant du récepteur GPS permanent de Mawson (baseaustralienne), qui fonctionne depuis 1991, mais dont <strong>le</strong>s données n’étaient pas accessib<strong>le</strong>s, ont été misesà la disposition du public et simultanément incluses dans <strong>le</strong>s calculs IGS de plusieurs centres.Une autre station du territoire antarctique installée au début 1998 fait éga<strong>le</strong>ment partie du réseauIGS, il s’agit de la station de Sanae (appelée aussi Ves<strong>le</strong>karvet, d’acronyme VESL). Enfin, il faut noterl’installation simultanée de deux stations permanentes, qui ne font pas partie du réseau IGS, mais dont<strong>le</strong>s données sont disponib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s centres mondiaux : la station de Palmer, sur la Péninsu<strong>le</strong>, et cel<strong>le</strong>installée à la base américaine du Pô<strong>le</strong> Sud, sur la glace, qui ne présente pas d’intérêt pour la géodésie.La couverture de l’Antarctique Est s’est considérab<strong>le</strong>ment améliorée depuis début 1998. Le secteur<strong>le</strong> moins représenté est celui de l’Ouest Antarctique, depuis la partie située((àl’Ouest)(au sens duméridien de Greenwich) des Transantarctic Mountains, jusqu’à la Péninsu<strong>le</strong>.Enfin, il faut signa<strong>le</strong>r l’existence d’une station GPS permanente à la base japonaise de Syowa, située entre151


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.Mawson et Sanae, mais <strong>le</strong>s données ne sont pas disponib<strong>le</strong>s.En dehors du continent antarctique, mais sur la plaque tectonique du même nom, on trouve lastation IGS française de Kergue<strong>le</strong>n, qui fonctionne depuis 1995, et la station al<strong>le</strong>mande de l’î<strong>le</strong> de Gough,installée début 1998.Du côté de la plaque australienne se trouvent <strong>le</strong>s stations IGS de Nouvel<strong>le</strong> Zélande, Auckland, etMacquarie, et <strong>le</strong>s stations du Sud de l’Australie : Hobart, en Tasmanie, Tidbinbilla, Perth et Yaragadee.La plaque Pacifique est représentée par la station de Chatham.Les stations IGS situées <strong>le</strong>s plus au Sud sur <strong>le</strong> continent sud-américain sont cel<strong>le</strong>s de Santiago duChili, et la Plata (LPGS).En Afrique, une station a été installée récemment au Cap (SUTH), mais la station la plus au Sudauparavent était cel<strong>le</strong> de Hartebeestoek (HRAO ou HARK).Enfin, une station IGS existe depuis 1995 sur l’Î<strong>le</strong> de Pâques ((Easter Island)), soit EISL), à la jonctionentre la plaque Pacifique et la plaque Nazca.Ces stations sont utilisées par plusieurs centres de calculs IGS dans <strong>le</strong>ur production de solutions hebdomadaires.Le résumé graphique de l’ensemb<strong>le</strong> des données GPS traitées dans cette étude est présentéfigure II.2.152


x1. DONNÉES GPS DISPONIBLES.DUM1MAW1GOUGVESLPALMSANTPERTOHIGMCM4MAC1KERGHOB2DAV1CHATCAS1AUCK1995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. II.2 - Synthèse de l’ensemb<strong>le</strong> des données GPS provenant de stations permanentes, IGS ou autres, qui ont ététraitées dans cette étude.153


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.0˚330˚30˚300˚60˚OHIGDAV190˚270˚CAS1MCM4240˚120˚210˚150˚180˚FIG. II.3 - Carte des stations IGS situées sur <strong>le</strong> continent Antarctique et dont <strong>le</strong>s données ont été traitées au coursdu calcul local.2. Calcul sur <strong>le</strong>s stations IGS antarctiques uniquement.2.1. Calcul avec <strong>le</strong>s orbites IGS.2.1.1. Mode de traitement.Les données GPS des stations IGS de Casey, Davis, McMurdo et O’Higgins, <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s disponib<strong>le</strong>sdès 1995, ont été traitées en sessions journalières de 24 heures à l’aide du logiciel GAMIT, du MIT (Kinget Bock 1993). Pendant <strong>le</strong>s étés australs 1994-1995 et 1995-1996, deux campagnes GPS SCAR ont eu lieu,avec en particulier une station à la base de Dumont. Les données de cette station, ont été incluses dans<strong>le</strong> calcul.Les orbites utilisées sont <strong>le</strong>s orbites précises de l’IGS (fixes), et <strong>le</strong> calcul a été effectué en(réseau libre))(contraintes de 0,5 m sur <strong>le</strong>s positions horizonta<strong>le</strong>s des stations, 1 m sur <strong>le</strong>ur altitude).L’ang<strong>le</strong> de coupure en élévation (qui a une influence sur <strong>le</strong> résultat, notamment sur la composante vertica<strong>le</strong>,comme cela a été montré par Herring (1999)), a été fixé pour l’ensemb<strong>le</strong> du calcul à 15o. Cette va<strong>le</strong>urest <strong>le</strong> résultat d’un compromis entre <strong>le</strong> nombre de données (comme on l’a vu au chapitre I, l’élévationdes satellites reste plus basse passé <strong>le</strong>s 60S, et la proportion de données recueillies en dessous de 30d’élévation est importante) et l’influence de la traversée de l’ionosphère.Toutes <strong>le</strong>s données disponib<strong>le</strong>s depuis juin 1994 jusqu’à 1998 ont été traitées. Ces données disponib<strong>le</strong>s nesont malheureusement pas continues, en particulier sur <strong>le</strong>s stations de Casey et Davis, où el<strong>le</strong>s manquentfréquemment, ce qui nuit à la stabilité du calcul.On a déjà vu que <strong>le</strong>s erreurs principa<strong>le</strong>s sur l’estimation des positions sur un réseau du type de ce réseauantarctique proviennent des erreurs d’orbites, de l’ionosphère très perturbée, et de la longueur des lignesde base qui empêche la résolution des ambiguïtés.154


x2. CALCUL SUR LES STATIONS IGS ANTARCTIQUES UNIQUEMENT.La modélisation des paramètres troposphériques utilisée dans <strong>le</strong> logiciel reprend <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> deSaastamoinen (1972). Les paramètres météorologiques locaux non modélisés sont pris en compte parl’estimation au cours de l’inversion de paramètres atmosphériques pour chaque station. D’après uneétude sur <strong>le</strong> nombre optimal de paramètres à estimer au cours d’une session de 24h (Walpersdorf 1997), ladispersion moyenne de 5 solutions journalières consécutives est minima<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s trois composantes pourune estimation de 8 paramètres troposphériques par 24h, alors que <strong>le</strong>s résidus des solutions individuel<strong>le</strong>sdécroissent lorsque <strong>le</strong> nombre de paramètres estimés augmente (jusqu’à 12 paramètres par 24h). On adonc retenu cette va<strong>le</strong>ur d’un paramètre estimé par période de 3h. L’étude citée a été effectuée sur unréseau situé en Asie du Sud-Est, peu éloigné de l’équateur et où <strong>le</strong>s conditions météorologiques sonttrès différentes de cel<strong>le</strong>s de l’Antarctique, en particulier pour ce qui concerne l’humidité. On a considéréque malgré cet éloignement, la variation des paramétres météo estimés (représentant essentiel<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s variations de la composante humide de l’atmosphère, puisque la composante sèche est correctementmodélisée par <strong>le</strong> logiciel) n’avait que très peu d’influence sur <strong>le</strong> calcul, puisque l’humidité est très faib<strong>le</strong>et sujette à peu de variations sur l’ensemb<strong>le</strong> de l’Antarctique. La figure II.4 représente <strong>le</strong>s variationsmoyennes des paramètres troposphériques estimés sur 10 jours (10 sessions de 24h). La station surlaquel<strong>le</strong> ces paramètres varient <strong>le</strong> plus est cel<strong>le</strong> de O’Higgins, située sur la Péninsu<strong>le</strong>, qui est la région del’Antarctique où <strong>le</strong>s températures et donc l’humidité sont <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vées.Atm. parameters, in m.2.342.322.302.282.262.242.22CAS1DAV1DUM1MCM4OHIG2.202.182.160 10 20 30 40 50 60 70 80Parameter number.FIG. II.4 - Variation des paramètresmétéo ajustés au cours du calcul, sur 10 sessionsde 24h, à raison d’un paramètreestimé toutes <strong>le</strong>s 3 heures.Une autre source d’erreur provient de la variation du centre de phase des antennes, puisque <strong>le</strong> pointmesuré par <strong>le</strong>s observations GPS n’est pas un point physique mais une position localisée au dessus del’antenne, et qui varie en fonction du type de l’antenne, de la fréquence du signal reçu et de la direction delaquel<strong>le</strong> ce signal arrive. Les tab<strong>le</strong>s donnant des va<strong>le</strong>urs estimées de ces positions ont été établies par l’IGS.155


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.Toutes <strong>le</strong>s antennes des stations IGS sur l’Antarctique sont des antennes Dorne Margolin T, considéréescomme stab<strong>le</strong>s relativement aux variations des signaux reçus, et pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s corrections de centrede phase se limitent à un décalage vertical constant. Dans la mesure où il n’y a a priori aucun décalagehorizontal du centre de phase, ces antennes sont très peu sensib<strong>le</strong>s à une erreur d’orientation. En effet,pour remédier à une différence de position entre <strong>le</strong> centre physique de l’antenne et son centre de phase,la convention internationa<strong>le</strong> est d’orienter toutes <strong>le</strong>s antennes de la même façon (par rapport au Nordgéographique) afin de <strong>le</strong>ur assurer une position approximativement parallè<strong>le</strong> <strong>le</strong>s unes aux autres (ceci estévidemment valab<strong>le</strong> pour un réseau de tail<strong>le</strong> loca<strong>le</strong> ou régiona<strong>le</strong> situé jusqu’à des latitudes moyennes).On mininise ainsi <strong>le</strong>s erreurs introduites par une mauvaise modélisation de la position de <strong>le</strong>ur centre dephase. Dans <strong>le</strong> cas d’un réseau situé autour du pô<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s antennes ne peuvent pas être parallè<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s unesaux autres. L’utilisation de Dorne Margolin T doit prévenir <strong>le</strong>s erreurs de position horizonta<strong>le</strong> du centrede phase. D’autre part, ce type d’erreur agit sur <strong>le</strong>s positions relatives des antennes <strong>le</strong>s unes par rapportaux autres, mais pas sur <strong>le</strong>s variations de ces lignes de base.2.1.2. Evaluation de la qualité de la solution.Les résultats présentés ici concernent un calcul effectué avec <strong>le</strong>s données des trois stations IGS deCasey, Davis et McMurdo uniquement, entre 1994 et 1997. Les données sur la station de O’Higginsétaient trop peu nombreuses à l’époque où cette étude a été entreprise pour y être incluses valab<strong>le</strong>ment.On a par la suite repris cette analyse en réseau local en y introduisant <strong>le</strong>s données de O’Higgins auxpériodes où el<strong>le</strong>s étaient disponib<strong>le</strong>s (voir la figure II.2), mais nous avons choisi ici de présenter <strong>le</strong>srésultats issus du calcul sur <strong>le</strong>s 3 stations uniquement : la seconde partie de l’étude, consistant en uneréévaluation partiel<strong>le</strong> des paramètres orbitaux des orbites IGS au cours du calcul a été effectuée à partirde ce réseau antarctique restreint à 3 stations. Il nous a semblé cohérent de comparer <strong>le</strong>s résultats issusde deux études effectuées à partir des mêmes données, et sur <strong>le</strong>s mêmes périodes. Pour des raisonsidentiques, la période de l’analyse de ce réseau local comprend <strong>le</strong>s années 1994 à 1997, et diffère en celade l’étude généra<strong>le</strong> (réseau global en particulier) qui commence en 1995 pour se terminer fin 1998. Cetteétude en réseau local a été entreprise au début du travail de thèse (1995-1996), <strong>le</strong>s stations antarctiquesde Casey, Davis et McMurdo produisant des données depuis mi-1994. Le fonctionnement intermittentde O’Higgins laissait présager assez mal de son avenir. Par la suite, lorsque nous avons choisi d’élargir<strong>le</strong> réseau aux stations IGS péri-antarctiques, <strong>le</strong> traitement des données de 1994 présentait moins d’intérêtdans la mesure où peu de stations extérieures fournissaient des données dès cette époque. Par contre,l’installation début 1998 de nouvel<strong>le</strong>s stations permanentes sur <strong>le</strong> sol antarctique, stations augmentant laquantité de résultats de manière importante, a justifié que l’on poursuive <strong>le</strong> traitement jusqu’à la fin de1998, de façon à inclure dans l’étude une année de ces nouvel<strong>le</strong>s données. La période de l’étude partiel<strong>le</strong>sur 3 stations, avec réévaluation des orbites, comprend donc <strong>le</strong>s années 1994, 1995, 1996 et 1997, alorsque la période de l’étude principa<strong>le</strong> et de la comparaison réseau local- réseau global s’étend de 1995 à 1998.Le critère habituel d’évaluation de la qualité d’une solution GPS est la répétitivité, qui représentela capacité qu’a la mesure sur une même ligne de base de se reproduire à l’identique d’une session surl’autre. El<strong>le</strong> correspond à la dispersion de chaque composante d’une ligne de base autour de sa va<strong>le</strong>urmoyenne, ceci sur un nombre de sessions consécutives supérieur ou égal à 3. Dans <strong>le</strong> cas de mesurescontinues et de la détection d’un mouvement éga<strong>le</strong>ment continu et de faib<strong>le</strong> amplitude, la questiondu choix du nombre de sessions consécutives sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on évalue la répétitivité reste posée : plusla période sur laquel<strong>le</strong> on l’évalue est longue, meil<strong>le</strong>ure est sa signification statistique, mais el<strong>le</strong> doitrester inférieure à la période sur laquel<strong>le</strong> un mouvement peut être détectab<strong>le</strong>. Ici, nous avons choiside calcu<strong>le</strong>r la répétitivité sur des périodes de 6 jours consécutifs, puis d’en faire la moyenne année156


x2. CALCUL SUR LES STATIONS IGS ANTARCTIQUES UNIQUEMENT.TAB. II.1 - Comparaison des répétitivités en mm entre <strong>le</strong> calcul effectué avec <strong>le</strong>s orbites IGS laissées fixes et <strong>le</strong> calculqui réévalue <strong>le</strong>s paramètres orbitaux. Comparaison effectuée sur <strong>le</strong> calcul des stations IGS antarctiques.Composante 1994 1995 1996 1997Ligne de base IGS Réév. IGS Réév. IGS Réév. IGS Réév.Est CAS1-DAV1 12.29 7.71 11.4 6.47 10.3 7.8 8.6 6.7CAS1-MCM 34.21 21.86 27.8 17.23 28.9 22.3 22.8 17.7DAV1-MCM 46.29 30.86 38.6 22.3 34.9 29.2 32.1 23.2Nord CAS1-DAV1 21.21 12.93 15.73 8.77 17.1 13.0 12.8 9.9CAS1-MCM 19.64 13.43 18.13 10.5 16.0 14.4 13.7 10.3DAV1-MCM 30.57 19.93 27.1 15.13 25.6 22.2 23.8 17.9Vertical CAS1-DAV1 15.93 10.86 15.23 7.97 13.7 9.8 11.3 9.7CAS1-MCM 20.0 14.29 19.1 15.73 18.7 17.2 16.1 14.6DAV1-MCM 27.14 19.86 24.07 19.9 24.6 22.6 23.7 20.9par année, pour tenir compte de l’évolution du réseau et de la qualité des orbites IGS. Le tab<strong>le</strong>au II.1présente <strong>le</strong>s répétitivités moyennes année par année (entre 1994 et 1997) pour chaque composante deslignes de base entre <strong>le</strong>s stations antarctiques, et la figure II.5 ces répétitivités moyennes en fonction dela longueur de la ligne de base. Les résultats sont ceux d’un calcul effectué sur 3 stations antarctiquesseu<strong>le</strong>ment, cel<strong>le</strong>s de Casey, Davis et McMurdo, la station de O’Higgins fournissant en 1995 trop peude données pour être incluse valab<strong>le</strong>ment dans l’analyse. On constate que sur une des lignes de baseconsidérées (Casey-Davis), <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs sont systématiquement plus é<strong>le</strong>vées sur la composante Nord quesur la composante Est, alors que c’est l’inverse qui se produit sur <strong>le</strong>s 2 lignes de base restantes. La ligneCasey-Davis est la seu<strong>le</strong> des 3 lignes de base qui joint deux points situés à la même latitude, et qui estdonc orientée Est-Ouest. La composante Est coïncide alors avec la longueur de la ligne de base, ce quipourrait expliquer la meil<strong>le</strong>ure répétitivité. Sur <strong>le</strong>s deux autres lignes de base, on retrouve une meil<strong>le</strong>ureprécision sur <strong>le</strong> Nord que sur l’Est, ce qui correspond assez bien aux prédictions prenant en comptel’orientation des trajectoires apparentes de satellites. La composante vertica<strong>le</strong> montre des répétitivitésdu même ordre de grandeur que <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s, voire inférieures aux va<strong>le</strong>urs sur lacomposante Est. Cette observation, qui va à l’encontre de ce qu’on constate généra<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s réseauxGPS situés aux latitudes moyennes, peut être due à l’élévation moyenne basse des satellites.Les va<strong>le</strong>urs obtenues pour ces répétitivités décroissent systématiquement d’une année sur l’autre, pourune ligne de base donnée, et pour chaque composante. La cause en est certainement l’améliorationgénéra<strong>le</strong> de la précision des orbites IGS. Les va<strong>le</strong>urs obtenues en 1997, où la répétitivité est la plus faib<strong>le</strong>,se situent entre 8 à 12 mm pour la ligne de base la plus courte (Casey-Davis, 1397 km) et 32 mm pour laligne la plus longue (Davis-McMurdo), composante Est. Ces va<strong>le</strong>urs, quoique honnêtes compte tenu dela configuration du réseau, très peu contraint, avec des lignes de base longues, et de son environnement157


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.particulier, restent très é<strong>le</strong>vées. El<strong>le</strong>s reflètent <strong>le</strong> bruit que l’on obtient sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong>urordre de grandeur est trop é<strong>le</strong>vé pour qu’on puisse en tirer des variations de positions inférieures au cmpar an avec une confiance suffisante.La représentation graphique de ces répétitivités en fonction de la longueur de la ligne de base (figureII.5, cerc<strong>le</strong>s évidés) montre une dépendance quasi-linéaire entre la longueur de la ligne de base et larépétitivité. Ce résultat traduit l’influence de la précision des orbites IGS sur la précision obtenue surune ligne de base, la répétitivité se dégradant proportionnel<strong>le</strong>ment à la précision relative des orbites. Lesrépétitivités obtenues en 1997 sur la ligne de base la plus courte (de 8 à 12 mm) représentent des va<strong>le</strong>ursacceptab<strong>le</strong>s pour ce type de calcul en réseau libre. Une amélioration de la précision des orbites au dessusde l’hémisphère Sud permettrait d’obtenir des répétitivités plus faib<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s autres lignes de base.La proportion d’ambiguïtés résolues sur ce calcul est très faib<strong>le</strong> (moins de 10%), comme cela a été exposédans la partie I, à cause de la longueur des lignes de base. Nous avons choisi de prendre en compte,dans l’ensemb<strong>le</strong> de l’étude, <strong>le</strong>s résultats ambiguïtés non résolues, la résolution partiel<strong>le</strong> des ambiguïtésobtenue étant considérée comme trop peu fiab<strong>le</strong>.2.1.3. Séries temporel<strong>le</strong>s.Les résultats de cette section sont ceux du calcul libre en réseau local, orbites IGS fixes, effectués surla durée maxima<strong>le</strong> possib<strong>le</strong>, avec <strong>le</strong>s données des 4 stations de Casey, Davis, McMurdo et O’Higgins. Lesséries temporel<strong>le</strong>s commencent en 1994, pour se terminer en 1997.La quantité de données traitées, avec diverses méthodes, nous interdit de présenter dans cette thèse<strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s correspondant à tous <strong>le</strong>s résultats, sur chaque station des différents réseaux. Lesrésultats des calculs en réseau libre, considérés comme une étude préalab<strong>le</strong>, ne sont pas inclus sousforme de séries temporel<strong>le</strong>s.Nous avons cependant jugé intéressant de présenter ici un exemp<strong>le</strong> de série temporel<strong>le</strong> obtenue à partirdu calcul en réseau local, orbites IGS fixes, qui pourra par la suite être comparé aux séries temporel<strong>le</strong>sissues d’autres études. La philosophie de cette étude loca<strong>le</strong> était dès <strong>le</strong> départ de travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong>svariations des lignes de base, et non des positions de stations. Un réseau de stations toutes situées sur<strong>le</strong> continent Antarctique, susceptib<strong>le</strong>s de mouvements différents de la rotation de plaque rigide, et traitéen réseau libre, ne peut ensuite être rattaché à un système de référence. Les séries temporel<strong>le</strong>s des positionsabsolues n’ont alors pas grande signification, el<strong>le</strong>s sont forcément affectées par des déformationsd’ensemb<strong>le</strong> du réseau d’une solution journalière à l’autre, déformations qu’on ne peut ni quantifier nisoustraire. Les mouvements éventuels liés au rebond post-glaciaire doivent donc être détectés de manièrerelative, sous forme de variations des lignes de base. Nous avons retenu ici <strong>le</strong>s trois composantes de laligne de base entre Casey et Davis (figure II.7), pour plusieurs raisons : il s’agit de la ligne de base la pluscourte du réseau antarctique à 4 stations, sur laquel<strong>le</strong> on obtient, comme on l’a vu, <strong>le</strong>s répétitivités <strong>le</strong>smeil<strong>le</strong>ures. Il s’agit aussi de la ligne de base sur laquel<strong>le</strong> on dispose du maximum de données, <strong>le</strong>s deuxstations concernées fonctionnant de manière quasi ininterrompue depuis <strong>le</strong> milieu 1994 (voir la figureII.2).La suite de l’étude, en réseau global, fera cette fois appel aux variations des positions de stations,issues d’un calcul libre ou rattachées à un système de référence. Pour avoir un élément de comparaison,nous incluons dans cette section un exemp<strong>le</strong> de série temporel<strong>le</strong> en position, sur la station deCasey (figure II.6). Ces deux exemp<strong>le</strong>s sont considérés comme assez représentatifs des résultats obtenussur l’ensemb<strong>le</strong> du réseau local, même si <strong>le</strong>s répétitivités y sont meil<strong>le</strong>ures que sur <strong>le</strong>s autres lignes de base.158


x2. CALCUL SUR LES STATIONS IGS ANTARCTIQUES UNIQUEMENT.Les barres d’erreurs représentées sur la série temporel<strong>le</strong> des variations de la ligne de base entre Caseyet Davis sont des barres d’erreurs formel<strong>le</strong>s, issues de l’inversion GAMIT, qui n’ont pas d’autre significationqu’une estimation a priori de la précision théorique que l’on doit obtenir. El<strong>le</strong>s sont plus importantessur la composante vertica<strong>le</strong> que sur <strong>le</strong>s deux composantes horizonta<strong>le</strong>s, traduisant par là <strong>le</strong> manque desymétrie sur la vertica<strong>le</strong>, et la moindre contrainte théorique. El<strong>le</strong>s ne reflètent pas la précision réel<strong>le</strong>mentobtenue, puisqu’on a vu que la répétitivité sur la vertica<strong>le</strong> était du même ordre de grandeur que cel<strong>le</strong>s descomposantes horizonta<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s apparaissent nettement sous évaluées sur <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s,en particulier sur la composante Est : <strong>le</strong>s variations de la composante Est de la ligne de base d’un jour àl’autre dépassent clairement <strong>le</strong> seuil de tolérance indiqué par ces barres d’erreurs. Ces erreurs formel<strong>le</strong>ssont <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s sur la composante Est, probab<strong>le</strong>ment à cause de la meil<strong>le</strong>ure symétrie Est-Ouest queNord-Sud des données (voir la partie I), qui est encore renforcée par l’orientation particulière de la lignede base Casey-Davis prise comme exemp<strong>le</strong>.La précision réel<strong>le</strong> à attendre de ce type de calcul doit se lire sur <strong>le</strong>s variations qu’il est possib<strong>le</strong> de quantifierà partir de ces séries temporel<strong>le</strong>s. On constate ici qu’en extraire une tendance n’a pas de signification àmieux que quelques cm/an, <strong>le</strong> bruit masquant ici d’éventuel<strong>le</strong>s variations à courte période (saisonnières).159


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.5040North component(mm)30201001000 2000 3000 4000 50005040East component(mm)30201001000 2000 3000 4000 50005040Vertical component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000Baseline <strong>le</strong>ngth (km)FIG. II.5 - Répétitivités moyennes sur 6 sessions consécutives, pour toutes <strong>le</strong>s composantes des lignes de base, calcullocal Antarctique, avec <strong>le</strong>s orbites IGS fixes et avec <strong>le</strong>s orbites réévaluées.La longueur de la ligne de base est en abscisse(en km), la répétitivité en ordonnée (en mm). Les cerc<strong>le</strong>s évidés (et <strong>le</strong>s lignes en trait p<strong>le</strong>in) donnent <strong>le</strong>s répétitivitéspour <strong>le</strong>s 3 lignes de base issues du calcul orbites IGS fixes, <strong>le</strong>s points (et <strong>le</strong>s traits pointillés) cel<strong>le</strong>s du calcul avecréévaluation des orbites. Ces moyennes sont cel<strong>le</strong>s des périodes de 6 jours consécutifs, sur l’année 1997.160


x2. CALCUL SUR LES STATIONS IGS ANTARCTIQUES UNIQUEMENT.Latitude, en m.Longitude en m.Casey, reseau local orbites IGS, 1994-1998.-2.40-2.45-2.50-2.55-2.60-2.65-2.70-2.75-2.80-2.85-2.90-2.95-3.001994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.4011.9511.9011.8511.8011.7511.7011.6511.6011.5511.5011.4511.401994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40Hauteur en m.1.901.801.701.601.501.401.301.201.101.000.900.801994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40FIG. II.6 - Variations (en m) des trois composantes de la position de la station de Casey, obtenues par <strong>le</strong> calcul localsur l’Antarctique, avec <strong>le</strong>s orbites IGS fixes. Sont représentées de haut en bas la latitude, la longitude et la hauteursur ellipsoïde (dans <strong>le</strong> système de référence WGS 84) de 1994 à 1998.161


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.1086420−2−4−6−8−101994.400 1995.000 1995.600 1996.200 1996.800 1997.4001086420−2−4−6−8−101994.400 1995.000 1995.600 1996.200 1996.800 1997.4001086420−2−4−6−8Ligne de base Casey − Davis (1397 km).1994 DOY 150 − 1997 DOY 120. Variations en cm.Composante EstComposante NordComposante vertica<strong>le</strong>−101994.400 1995.000 1995.600 1996.200 1996.800 1997.400FIG. II.7 - Variations (en cm) des trois composantes de la ligne de base entre Casey et Davis (1497 km), obtenues par<strong>le</strong> calcul local sur l’Antarctique, avec <strong>le</strong>s orbites IGS fixes. Sont représentées de haut en bas la latitude, la longitudeet la composante vertica<strong>le</strong> de 1994 à 1997.162


x2. CALCUL SUR LES STATIONS IGS ANTARCTIQUES UNIQUEMENT.2.2. Réseau antarctique, amélioration loca<strong>le</strong>s des orbites.2.2.1. Mode de traitement.L’évaluation de la qualité des orbites IGS dans l’hémisphère Sud, et la dégradation importante de larépétitivité avec la longueur des lignes de base, auquel<strong>le</strong>s s’ajoute l’amélioration des répétitivités entre1995 et 1998, indiquent que <strong>le</strong>s erreurs sur <strong>le</strong>s orbites IGS contribuent de façon substantiel<strong>le</strong> aux erreurssur la solution. Le logiciel GAMIT offrant la possibilité d’évaluer, au cours de l’inversion, <strong>le</strong>s paramètresd’orbites en même temps que <strong>le</strong> reste des paramètres, de position de station ou autres, nous avons utilisécette propriété pour produire de nouvel<strong>le</strong>s orbites, à partir des orbites IGS et des positions de stationsantarctiques résultant d’une première inversion. Le but de cette étude ne prétendait en aucun cas à uneamélioration globa<strong>le</strong> de la précision des orbites IGS, précision qui au dessus de l’hémisphère Nord estexcel<strong>le</strong>nte. Il tente juste d’améliorer loca<strong>le</strong>ment la précision au dessus de l’hémisphère Sud, quitte à ladégrader au dessus d’autres latitudes. Le processus de calcul se rapproche de celui utilisé par <strong>le</strong>s centresIGS, produisant une orbite hebdomadaire précise à partir des prédictions d’éphémérides et des positionssupposées stab<strong>le</strong>s des stations IGS. Les 3 stations IGS antarctiques que nous avons utilisées pour cetteanalyse ne sont évidemment pas suffisantes pour évaluer une orbite à partir de <strong>le</strong>urs seu<strong>le</strong>s positions,même si l’on utilise comme point de départ l’orbite IGS. C’est pourquoi nous avons choisi de combiner<strong>le</strong>s matrices de variance/covariance de la solution antarctique avec ceux de la solution IGS de la Scripps,utilisant un réseau mondial. Cette approche revient à augmenter <strong>le</strong> poids des stations antarctiques dansl’évaluation d’une orbite à partir des stations IGS.Le processus général suivi pour cette réévaluation est résumé figure II.8. La première étape consiste àproduire une solution GAMIT sur <strong>le</strong>s stations antarctiques, évaluant au cours du calcul à la fois <strong>le</strong>s paramètresd’orbites et <strong>le</strong>s paramètres de stations. Le résultat de cette inversion (fichier contenant <strong>le</strong>s matricesde variance/covariance), comprenant entre autres <strong>le</strong>s paramètres d’ajustement sur <strong>le</strong>s orbites, auquel onajoute <strong>le</strong> fichier similaire produit par <strong>le</strong> centre de calcul de la Scripps lors de sa contribution au calculhebdomadaire des orbites IGS, est utilisé comme entrée du logiciel de combinaison GLOBK. Le fichier résultatdu calcul des orbites IGS de la Scripps a été choisi non en fonction de critéres de qualité, mais parceque <strong>le</strong>ur utilisation du même logiciel GAMIT fournit un fichier de matrices de variance/covariance dansun format immédiatement compatib<strong>le</strong> avec GLOBK, sans que la traduction en SINEX ne vienne s’ajouterà une procédure de calcul déjà très longue.A partir d’une série de solutions journalières loca<strong>le</strong>s (sur l’Antarctique) et globa<strong>le</strong>s (IGS), choisie ici de7 jours consécutifs pour se rapprocher du processus de calcul des orbites IGS, <strong>le</strong> logiciel GLOBK, fondésur un filtre de Kalmann, produit de nouvel<strong>le</strong>s orbites sur 7 jours, s’ajustant au mieux aux positions desstations antarctiques. Hormis cette façon différente d’utiliser <strong>le</strong>s orbites, tous <strong>le</strong>s autres paramètres ducalcul (nombre de paramètres troposphériques estimés, ang<strong>le</strong>s de coupures, contraintes sur <strong>le</strong>s positionsa priori des stations, modè<strong>le</strong>s d’antennes, sessions) sont exactement identiques à ceux présentés dans lapartie 2.1.1.2.2.2. Analyse des résultats.Cette étude a été menée à partir des données des 3 stations IGS de Casey, Davis et McMurdo, sur unepériode de 4 ans, de début 1994 à fin 1997. Les répétitivités sur des périodes de 6 jours consécutifs ontété comparées à cel<strong>le</strong>s du calcul sur <strong>le</strong>s mêmes stations, utilisant <strong>le</strong>s orbites IGS fixes (colonne de droitedu tab<strong>le</strong>au II.1, figure II.5).163


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.Inversion GAMIT sur <strong>le</strong>s stationsantarctiques, en réévaluant paramètres destations et d’orbites.Résultats avec paramètres d’ajustement.Fichiers des calculs IGS de la Scripps avecparamètres d’ajustement.Combinaison GLOBK avec contrainte forte+des positions de stations.Nouveaux fichiers d’orbites.Inversion GAMIT sur <strong>le</strong>s stationsantarctiques, avec <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s orbites,fixées.FIG. II.8 - Schéma général du calcul permettant la production de nouvel<strong>le</strong>s orbites améliorées au dessus de l’hémisphèreSud.164


x2. CALCUL SUR LES STATIONS IGS ANTARCTIQUES UNIQUEMENT.La répétitivité est toujours calculée sur des périodes de 6 jours consécutifs. On constate une diminutionsystématique de la répétitivité (amélioration de la précision) quand on passe de la solutioncalculée avec <strong>le</strong>s orbites IGS à la solution calculée en améliorant <strong>le</strong>s orbites loca<strong>le</strong>ment, et ceci pourchaque composante de toutes <strong>le</strong>s lignes de base, à toutes <strong>le</strong>s époques. Toutes <strong>le</strong>s répétitivités deviennentinférieures à 30 mm, <strong>le</strong>s plus mauvaises restant cel<strong>le</strong>s sur la composante Est, <strong>le</strong>s répétitivités sur lacomposante Nord et la composante vertica<strong>le</strong> étant du même ordre de grandeur, entre 8 mm pour la lignede base la plus courte et 20 mm pour la plus longue, entre Davis et McMurdo.La dépendance de la répétitivité et de la longueur de la ligne de base est toujours présente. Par contre,l’amélioration d’une année sur l’autre, observée sur <strong>le</strong>s résultats du calcul avec <strong>le</strong>s orbites IGS, a disparu.Les répétitivités restent du même ordre de grandeur de 1994 à 1997, ce qui montre que l’améliorationapportée loca<strong>le</strong>ment par cette méthode de réévaluation était substantiel<strong>le</strong> en 1994, lorsque <strong>le</strong>s orbitesIGS étaient peu précises au dessus de l’Antarctique. En 1997, la qualité des orbites IGS s’est améliorée, ycompris dans l’hémisphère Sud, et <strong>le</strong> bénéfice apporté par la réévaluation des orbites, quoique toujoursprésent, est proportionnel<strong>le</strong>ment moins sensib<strong>le</strong>.2.2.3. Séries temporel<strong>le</strong>s.La figure II.9 présente <strong>le</strong>s variations des trois composantes de la position de la station de Casey, entre1994 et 1997, obtenue par <strong>le</strong> calcul sur <strong>le</strong> réseau local antarctique, en réévaluant loca<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s orbitesIGS. Les variations des composantes de la ligne de base entre Casey et Davis sont données par la figureII.10.Les séries temporel<strong>le</strong>s résultant de ce type de calcul, sur <strong>le</strong>s stations IGS du continent antarctique seul,présentent des variations importantes à courtes périodes. La série calculée grâce aux orbites IGS fixesprésente l’avantage d’être <strong>le</strong> plus dégagée possib<strong>le</strong> des contraintes géodésiques. Dans <strong>le</strong> cas du calcu<strong>le</strong>ffectué en améliorant loca<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s orbites IGS, on observe une amélioration de la qualité de la solutionfina<strong>le</strong> selon <strong>le</strong>s critères de répétitivité. La question est de savoir jusqu’à quel point <strong>le</strong> fait d’utiliser <strong>le</strong>spositions a priori des stations antarctiques pour recalcu<strong>le</strong>r un arc d’orbite sur plusieurs jours à partir desorbites IGS introduit un biais dans <strong>le</strong> résultat.Ce calcul en réseau local produit probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs résultats que l’on peut obtenir avec cegenre d’approche : un calcul limité aux seu<strong>le</strong>s stations antarctiques a l’avantage de ne pas être perturbépar des erreurs provenant de la mauvaise évaluation de la position de stations extérieures. Il n’est soumisà aucune contrainte géodésique. Par contre, on ne peut pas dépasser l’étape du calcul en réseau libre, et laseu<strong>le</strong> façon d’en exploiter <strong>le</strong> résultat pour la géophysique est d’analyser <strong>le</strong>s variations des composantesdes lignes de base. Cela interdit en particulier la détection de mouvements absolus, comme la tectoniquegloba<strong>le</strong> de la plaque antarctique. Dans <strong>le</strong> cas du rebond post-glaciaire, ce type d’étude rend même aléatoire(et c’est beaucoup plus gênant) la détection d’un mouvement vertical de rebond global. Si toutes<strong>le</strong>s stations se déplacent vers <strong>le</strong> haut avec la même vitesse, la composante vertica<strong>le</strong> des lignes de base <strong>le</strong>sreliant restera inchangée, et <strong>le</strong> mouvement vertical inaperçu. Le seul moyen de l’observer serait à partirdes composantes horizonta<strong>le</strong>s : on a vu qu’on rebond visco-élastique s’accompagne d’un déplacementhorizontal divergent dont l’amplitude est comprise entre 1/9 et 1/3 de cel<strong>le</strong> du mouvement vertical. Cemouvement devrait donc s’observer sur <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s des lignes de base, qui correspondapproximativement à <strong>le</strong>ur longueur. On a vu dans la partie I de cette étude que <strong>le</strong>s ordres de grandeurde ces mouvements horizontaux sont malheureusement très faib<strong>le</strong>s : ils ne dépassent pas quelquesmillimètres par an. Les conditions spécifiques à ce réseau (inhérentes à sa position géographique ou àsa géométrie propre) font que <strong>le</strong>s répétitivités restent supérieures à 1 cm, même après avoir amélioré165


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.loca<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s orbites. Une tel<strong>le</strong> précision est insuffisante pour détecter de façon fiab<strong>le</strong> un mouvementhorizontal inférieur à 5 mm/an.Nous avons donc considéré que cette approche, qui présentait l’avantage d’être détachée de la géodésie,et de demander peu de temps de calcul, avait atteint ses limites. Dans la suite de l’étude, nous avonsinclus des stations IGS extérieures dans <strong>le</strong> calcul, avec un doub<strong>le</strong> but :– Améliorer la précision du calcul, en augmentant <strong>le</strong> nombre de données (de lignes de base) et enaméliorant la géométrie du réseau.– Obtenir des informations sur la position absolue des points : cela passe par la prise en compte de stationsextérieures à la plaque tectonique antarctique, de façon à pouvoir mesurer son mouvement derotation, et un éventuel rebond vertical limité au sol antarctique. Ces stations extérieures, puisque<strong>le</strong>urs positions ne font pas partie des résulats principaux de l’étude, pourront surtout être utiliséespour rattacher <strong>le</strong> réseau à un système de référence. On obtient alors des positions et des vitessesexprimées dans un système de référence, qui deviennent comparab<strong>le</strong> à d’autres résultats de géodésiespatia<strong>le</strong> ou à des prédictions géophysiques. De plus, on peut s’attendre à une amélioration de laprécision du résultat.166


x2. CALCUL SUR LES STATIONS IGS ANTARCTIQUES UNIQUEMENT.Latitude, en m.Longitude en m.Casey, reseau local orbites reevaluees, 1994-1998.-2.40-2.45-2.50-2.55-2.60-2.65-2.70-2.75-2.80-2.85-2.90-2.95-3.001994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.4011.9511.9011.8511.8011.7511.7011.6511.6011.5511.5011.4511.401994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40Hauteur en m.1.901.801.701.601.501.401.301.201.101.000.900.801994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40FIG. II.9 - Variations (en m) des trois composantesde la position de la station de Casey,obtenues par <strong>le</strong> calcul local surl’Antarctique, avec <strong>le</strong>s orbites IGS réévaluées. Sont représentées de haut en bas la latitude, la longitude et la hauteursur ellipsoïde (dans <strong>le</strong> système de référence WGS 84) de 1994 à 1998.167


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.1086420−2−4−6−8−101994.400 1995.000 1995.600 1996.200 1996.800 1997.4001086420−2−4−6−8−101994.400 1995.000 1995.600 1996.200 1996.800 1997.4001086420−2−4−6−8Ligne de base Casey − Davis (1397 km).1994 DOY 150 − 1997 DOY 120. Variations en cm.Composante EstComposante NordComposante vertica<strong>le</strong>−101994.400 1995.000 1995.600 1996.200 1996.800 1997.400FIG. II.10 - Variations (en m) des trois composantes de la ligne de base entre Casey et Davis (1497 km), obtenues par<strong>le</strong> calcul local sur l’Antarctique, en recalculant <strong>le</strong>s orbites. Sont représentées de haut en bas la latitude, la longitudeet la hauteur sur ellipsoïde (dans <strong>le</strong> système de référence WGS 84) de 1994 à 1998.168


x3. CALCUL EN RÉSEAU ÉLARGI.3. Calcul en réseau élargi.0˚330˚GOUG30˚300˚60˚SANTVESLOHIGPALMMAW1DAV1KERG270˚AMUN90˚CAS1MCM4DUM1PERT240˚MAC1120˚HOB2CHAT210˚AUCK150˚180˚FIG. II.11 - Carte des stations permanentes situées sur <strong>le</strong> continent Antarctique et autour, et retenues pour <strong>le</strong> calcu<strong>le</strong>n réseau élargi. Les stations représentées par des cerc<strong>le</strong>s évidés ne fournissent des données que depuis 1998.Le calcul avec uniquement <strong>le</strong>s stations IGS du continent antarctique pose un problème de densité destations, et donc de contrainte globa<strong>le</strong> du réseau. Il arrive fréquemment qu’une des stations sur <strong>le</strong>s quatrene produise pas de données pendant plusieurs jours (surtout en 1994 et 1995) et que <strong>le</strong> réseau se trouveréduit à un triang<strong>le</strong>, voire une simp<strong>le</strong> ligne de base. D’autre part, comme déjà souligné, <strong>le</strong> rattachement àun système de référence est impossib<strong>le</strong>. C’est pour remédier à ces deux inconvénients qu’on a introduitdans <strong>le</strong> réseau des stations IGS extérieures (voir carte II.11).Il s’agit de stations australiennes (Hobart, Perth), néo-zélandaise (Auckland), sud-américaine (Santiagodu Chili) ou situées sur des î<strong>le</strong>s proches de l’Antarctique (Chatham, Macquarie, Kergue<strong>le</strong>n). El<strong>le</strong>s ont étéchoisies <strong>le</strong> plus réparties et <strong>le</strong> plus proches du continent antarctique possib<strong>le</strong>. Malgré cela, la premièreconséquence de <strong>le</strong>ur introduction est un agrandissement de la tail<strong>le</strong> du réseau, <strong>le</strong>s lignes de base <strong>le</strong>s pluslongues dépassant <strong>le</strong>s 10 000 km. La ligne de base la plus courte mesure toujours plus de 1000 km, cequi n’améliore quasiment pas <strong>le</strong> pourcentage d’ambiguïtés résolues au cours du calcul (voir <strong>le</strong> chapitre Ide cette partie). Le réseau comprenant alors 11 stations est malgré tout beaucoup mieux contraint, doncbeaucoup moins sensib<strong>le</strong> à l’absence occasionnel<strong>le</strong> de données sur une des stations antarctiques.La répartition de ces stations n’est pas homogène géographiquement. La seu<strong>le</strong> station située surl’Amérique du Sud est cel<strong>le</strong> de Santiago, tout près de la zone de subduction entre la plaque Nazca etla plaque sud-américaine, et dont <strong>le</strong> mouvement n’est pas forcément représentatif de celui de la plaquesud-américaine. La seu<strong>le</strong> autre station dont <strong>le</strong>s données étaient disponib<strong>le</strong>s depuis 1996 est la station IGSde La Plata. Le traitement des données de cette station a été abandonné, après un essai, à cause de <strong>le</strong>urmauvaise qualité.169


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.Nous n’avons pas retenu de stations sur l’Afrique : au début de ce travail, la seu<strong>le</strong> station IGS était cel<strong>le</strong>de Harthebeestoek, située à 25de latitude Sud, donc très au Nord par rapport à l’ensemb<strong>le</strong> du réseau.Traiter <strong>le</strong>s données de cette station était aléatoire compte tenu de la longueur des lignes de base la reliantaux stations <strong>le</strong>s plus proches, de Davis, Kergue<strong>le</strong>n ou O’Higgins. La station de Sutherland, située à 32 ˚de latitude Sud, a été installée beaucoup plus tard et n’a pas été incluse dans <strong>le</strong> réseau.Une autre station, sur l’Î<strong>le</strong> de Pâques, à 27de latitude Sud, 109Ouest, a été rejetée bien qu’offrant desdonnées continues depuis début 1995, car située trop loin de l’Antarctique.A partir de la fin de 1997, <strong>le</strong>s autres stations permanentes installées sur <strong>le</strong> sol antarctique (soc<strong>le</strong> ouglace) ont été incluses dans <strong>le</strong> calcul global. Le nombre total de stations est alors passé à 17. La premièreconséquence de ce renforcement du réseau est, comme cela a été montré dans <strong>le</strong> chapitre I, un racourcissementde la longueur minima<strong>le</strong> des lignes de base, qui concerne quelques lignes de base seu<strong>le</strong>ment,donc améliore peu <strong>le</strong> pourcentage de résolution des ambiguïtés. Les résultats obtenus sur toutes <strong>le</strong>sstations seront exploités dans la partie d’interprétation géophysique, même si <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s desstations nouvel<strong>le</strong>s ne comprennent qu’un an de variations, et produisent des vitesses moins fiab<strong>le</strong>s.Le cas particulier de la station du Pô<strong>le</strong> Sud (Amundsen), située sur la glace, mérite d’être mentionné.Les données de cette station ont été incluses dans <strong>le</strong> calcul en réseau global (calcul libre, <strong>le</strong> seul qui aitété effectué jusqu’en 1998, date de mise en fonctionnement de la station). On pouvait s’attendre sur cettestation à des déplacements horizontaux de plusieurs m/an, traduisant l’écou<strong>le</strong>ment de la glace sur lacalotte. El<strong>le</strong> ne présente pas d’intérêt pour la géodésie, ni pour la géophysique, mais el<strong>le</strong> a été prise encompte dans <strong>le</strong> calcul car el<strong>le</strong> fournit des données supplémentaires, augmentant la densité du réseau, etréduisant la longueur des lignes de bas entre <strong>le</strong>s stations antarctiques. Les positions obtenues sur cettestation, son déplacement rapide qui peut être mesuré faci<strong>le</strong>ment à partir des quelques mois de donnéesdont on dispose, font l’objet de l’annexe D, à titre d’utilisation origina<strong>le</strong> du GPS pour la mesure devitesses d’écou<strong>le</strong>ment glaciaire.Plusieurs méthodes de calcul ont été testées, avec l’objectif de trouver <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur compromis entreprécision et fiabilité géodésique, et de comparer <strong>le</strong>s différentes façon de rattacher <strong>le</strong> réseau à un systèmede référence. Dans un premier temps, on a contraint fortement une ou plusieurs stations IGS extérieuresà l’Antarctique à <strong>le</strong>ur position ITRF96 extrapolée au cours de l’inversion GAMIT. Cette façon de procéderest dangereuse, puisqu’on introduit une contrainte artificiel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> calcul, contrainte fondée sur despositions supposées, donc susceptib<strong>le</strong> d’introduire des erreurs. El<strong>le</strong> permet par contre d’obtenir unebonne précision sur <strong>le</strong>s variations des lignes de base ou des positions de stations, et d’effectuer descomparaisons avec <strong>le</strong>s résultats sur <strong>le</strong> même réseau issus d’un calcul libre.3.1. Calcul en réseau fixé.3.1.1. Méthode de calcul.Fixer une ou plusieurs stations dites((de référence)au cours de l’inversion GPS constitue <strong>le</strong> moyen<strong>le</strong> plus économique mais aussi <strong>le</strong> plus brutal de rattacher <strong>le</strong> réseau à un système de référence. Ici, il nes’agit pas d’une vraie fixation, puisqu’on autorise <strong>le</strong>s stations à des ajustements à l’intérieur des limitesdéfinies par <strong>le</strong>s contraintes sur <strong>le</strong>s positions a priori, mais ces contraintes peuvent être très serrées sur <strong>le</strong>sstations de référence.Les positions a priori choisies pour toutes <strong>le</strong>s stations sont toujours cel<strong>le</strong>s de l’ITRF 96 (lorsqu’el<strong>le</strong>s170


x3. CALCUL EN RÉSEAU ÉLARGI.existent, ce qui est <strong>le</strong> cas sur toutes <strong>le</strong>s stations IGS) extrapolées depuis l’époque 97,0 grâce aux vitessesde l’ITRF 96. On a choisi de contraindre la station de Kergue<strong>le</strong>n à sa position ITRF 96 à 5 mm près enplanimétrie, 2 cm en altimétrie. Le choix de cette station se justifie par sa proximité géographique del’Antarctique (la ligne de base Davis-Kergue<strong>le</strong>n mesure seu<strong>le</strong>ment 2100 km, aucune autre station ne sesitue plus près) et la bonne qualité de la détermination de ses positions et vitesses dans l’ITRF (donnéesdisponib<strong>le</strong>s depuis 1993, colocalisation avec une station DORIS). Les positions a priori des autres sitessont cel<strong>le</strong>s de l’ITRF 96, avec <strong>le</strong>s contraintes, comme précédemment, de 0,5 m sur la planimétrie, 1 msur l’altitude. Cette façon de rattacher <strong>le</strong> réseau à un système de référence comporte un risque d’erreur,déjà exposé. Le fait d’employer une seu<strong>le</strong> station(de référence))permet de bloquer la translation del’ensemb<strong>le</strong> du réseau, en laissant libre la rotation et <strong>le</strong> facteur d’échel<strong>le</strong>.Un second calcul, effectué à titre expérimental sur une courte période (120 jours au début de l’année1997), consiste à utiliser trois stations de référence, en <strong>le</strong>s fixant de la même façon à <strong>le</strong>ur positions ITRF 96extrapolées au cours du temps. Il fixe <strong>le</strong> réseau de manière beaucoup plus importante, puisqu’il interditnon seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s translations, mais aussi <strong>le</strong>s rotations et <strong>le</strong>s changements d’échel<strong>le</strong> du réseau. Lesstations choisies sont cel<strong>le</strong>s de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago du Chili, à la fois en raison des garanties dequalité qu’el<strong>le</strong> offrent d’après <strong>le</strong>s critères ITRF 96 (Boucher et al. 1998), que ce soit la longueur des sériesà partir desquel<strong>le</strong>s ont été calculées <strong>le</strong>s solutions ITRF ou la colocalisation avec d’autres techniques, etde <strong>le</strong>ur répartition géographique (voir carte II.11). On peut noter que la station de Santiago du Chili,bien que faisant partie des stations de référence IGS 1 , se révé<strong>le</strong> très diffici<strong>le</strong> à traiter : plus fréquemmentque toutes <strong>le</strong>s autres stations, même cel<strong>le</strong>s situées en Antarctique, ses données posent des problèmesà l’inversion, en particulier lors de la procédure de nettoyage. El<strong>le</strong> a néanmoins été retenue commestation de référence, étant la seu<strong>le</strong> station IGS exploitab<strong>le</strong> sur l’Amérique du Sud, donc nécessaire à unegéométrie acceptab<strong>le</strong> du réseau des stations de contraintes ou de rattachement.Les positions a priori des stations de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago ont été contraintes à <strong>le</strong>ur position/vitesseITRF 96 à 5 mm près pour la planimétrie, 2 cm pour l’altitude, toutes <strong>le</strong>s autres stationscontraintes comme précédemment à 50 cm en planimétrie, 1 m en altimétrie.Tous <strong>le</strong>s autres paramètres du calcul (ang<strong>le</strong> de coupure en élévation, estimation des paramètres troposphériques)sont identiques à ceux utilisés lors du traitement en réseau local sur <strong>le</strong>s stations antarctiques.Les orbites utilisées sont <strong>le</strong>s orbites IGS fixes, aucune tentative de réévaluation n’a été faite sur cette partiede l’étude traitant un réseau élargi. La procédure de calcul utilisant la réévaluation des orbites est trèscoûteuse en temps de calcul et espace disque, et diffici<strong>le</strong>ment applicab<strong>le</strong> à un réseau de 11 stations traitéen sessions journalières sur une période tota<strong>le</strong> de 4 ans.3.1.2. Qualité de la solution.Les répétitivités moyennes pour des périodes de 6 jours consécutifs sont données par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.2pour chaque composante de toutes <strong>le</strong>s lignes de base sur l’Antarctique (ligne de base entre deux stationssur <strong>le</strong> continent) pour <strong>le</strong>s trois types de calculs effectués (en réseau libre, en contraignant la station deKergue<strong>le</strong>n, en contraignant <strong>le</strong>s trois stations de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago.).L’évolution des répétitivités moyennes en fonction de la longueur de la ligne de base est représentéefigure II.13 pour toutes <strong>le</strong>s lignes de base du réseau, et par la figure II.12 pour <strong>le</strong>s lignes de base entre<strong>le</strong>s stations du continent antarctique seu<strong>le</strong>ment. Comme <strong>le</strong> calcul avec trois stations de référence n’a été1:On désignera ainsi <strong>le</strong>s stations IGS incluses obligatoirement dans tous <strong>le</strong>s calculs d’orbites par <strong>le</strong>s différents centres. Aunombre de 13 dans l’ITRF 94, el<strong>le</strong>s sont passées à 47 dans l’ITRF 96 et 51 dans l’ITRF 97.171


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.effectué que pour une série d’un peu plus de 120 jours en 1997, <strong>le</strong>s comparaisons de répétitivités entre<strong>le</strong>s trois modes de calcul portent sur cette période uniquement.Les répétitivités s’améliorent de façon spectaculaire quand on passe d’un mode de calcul en réseaulibre à un calcul où l’une des stations est contrainte fortement à une position stab<strong>le</strong>, ce qui n’est passurprenant. Les répétitivités <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures sont obtenues avec <strong>le</strong> calcul où <strong>le</strong>s 3 stations de Kergue<strong>le</strong>n,Hobart et Santiago ont été contraintes à <strong>le</strong>urs positions et vitesses ITRF96. El<strong>le</strong>s s’échelonnent alorsentre 3 et 25 mm pour <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s (avec une moyenne inférieure à 10 mm), entre 7 et17 mm pour la vertica<strong>le</strong>. On retrouve des différences entre <strong>le</strong>s deux composantes horizonta<strong>le</strong>s, commecela a déjà été évoqué : la répétitivité sur la composante Nord est généra<strong>le</strong>ment meil<strong>le</strong>ure, avec <strong>le</strong>s plusgrosses différences sur <strong>le</strong>s lignes de base entre <strong>le</strong>s stations antarctiques (par exemp<strong>le</strong> Davis-O’Higginsou McMurdo-O’Higgins), où l’effet régional lié à l’orientation des orbites est probab<strong>le</strong>ment plus marqué.A l’inverse, la ligne de base entre Casey et Davis a une meil<strong>le</strong>ure répétitivité sur la composanteEst, particularité qui avait déjà été observée sur <strong>le</strong>s résultats du calcul local sur l’Antarctique, et quidoit correspondre à l’orientation particulière Est-Ouest de la ligne de base entre Casey et Davis. Demême, <strong>le</strong> régionalisme semb<strong>le</strong> assez marqué en ce qui concerne la précision relative de la composantevertica<strong>le</strong>. Sur la plupart des lignes de base de ce réseau dont <strong>le</strong>s stations atteignent 30S de latitude,c’est la répétitivité sur la composante vertica<strong>le</strong> qui est la plus mauvaise (voir figure II.13), comme cequ’on observe généra<strong>le</strong>ment sur tous <strong>le</strong>s réseaux GPS situés aux latitudes moyennes. Sur <strong>le</strong>s stationsantarctiques uniquement (et c’est particulièrement vrai si on ne prend en considération que <strong>le</strong>s lignes debase joignant deux stations antarctiques, voir figure II.12), la composante vertica<strong>le</strong> montre souvent unemeil<strong>le</strong>ure répétitivité que la composante Est. Comme on l’a déjà vu, la vertica<strong>le</strong> bénéficie de l’élévationmoyenne assez basse des satellites, alors que la composante Est, qui correspond à l’orientation globa<strong>le</strong>des trajectoires de satellites, est influencée de façon très importante par <strong>le</strong>s erreurs sur <strong>le</strong>s orbites.La dégradation de la répétitivité avec la longueur des lignes de base est plus sensib<strong>le</strong> sur la composanteEst, pour <strong>le</strong>s mêmes raisons de sensibilité à l’imprécision sur <strong>le</strong>s orbites, que sur la composanteNord ou sur la vertica<strong>le</strong>. L’influence de la longueur de la ligne de base est aussi beaucoup plus sensib<strong>le</strong>sur <strong>le</strong>s résultats du calcul en réseau libre que sur <strong>le</strong>s réseaux où une station au moins a été fixée : c’esttrès compréhensib<strong>le</strong>, puisque <strong>le</strong> fait de fixer une station doit en toute logique stabiliser <strong>le</strong> réseau artificiel<strong>le</strong>ment: <strong>le</strong>s erreurs ou <strong>le</strong>s incohérences doivent dans ce cas être absorbées par d’autres ajustementsque ceux sur <strong>le</strong>s positions de stations.172


x3. CALCUL EN RÉSEAU ÉLARGI.TAB. II.2 - Comparaison des répétitivités moyennes par périodes de 6 jours consécutifs, sur <strong>le</strong>s lignes de base entretoutes <strong>le</strong>s stations du réseau élargi, et pour <strong>le</strong>s trois composantes. On compare <strong>le</strong>s répétitivités résultant des troistypes de calcul en réseau élargi, sur l’année 1997.(Libre)fait référence au calcul effectué sans contraindre fortementaucune station,(1)à celui où la position de Kergue<strong>le</strong>n a été fortement contrainte à sa position ITRF96,(3)celui où3 stations ont subi ce traitement.Ligne de base Comp. Est Comp. Nord Vertica<strong>le</strong>Libre 1 3 Libre 1 3 Libre 1 3AUCK-CAS1 18.6 9.3 6.9 11.3 7.7 7.0 27.6 16.5 10.7AUCK-CHAT 5.9 4.8 4.2 3.5 3.0 2.9 9.7 7.5 7.0AUCK-DAV1 24.5 12.2 8.1 13.7 9.1 7.5 32.5 18.4 10.9AUCK-HOB2 8.0 5.9 4.7 5.7 4.1 3.7 17.7 12.1 10.5AUCK-KERG 25.4 7.2 5.3 18.4 5.9 6.0 34.7 15.6 11.2AUCK-MAC1 8.8 5.9 5.0 5.3 2.9 2.9 16.3 9.8 8.3AUCK-MCM4 19.8 10.4 6.3 8.0 5.6 4.9 27.2 16.7 9.4AUCK-OHIG 30.8 15.8 11.6 21.0 15.2 11.6 35.8 21.9 11.5AUCK-PERT 13.2 9.4 8.0 13.8 9.5 6.7 24.3 17.3 14.6AUCK-SANT 34.7 20.8 7.6 31.9 23.5 6.5 33.5 25.3 12.8CAS1-CHAT 12.0 8.2 6.3 40.0 17.1 13.2 22.0 13.5 11.5CAS1-DAV1 7.9 5.1 3.9 13.2 6.6 4.8 10.5 8.4 8.6CAS1-HOB2 16.7 8.6 7.9 26.5 11.5 7.0 15.5 10.7 10.5CAS1-KERG 11.1 9.1 7.1 25.8 10.4 7.0 19.1 11.1 11.2CAS1-MAC1 6.8 5.9 5.2 25.2 10.5 7.9 14.6 9.1 9.2CAS1-MCM4 18.2 9.8 6.1 12.6 6.4 5.1 12.7 10.2 9.7CAS1-OHIG 39.9 20.1 12.6 13.1 10.3 10.6 21.2 15.8 12.2CAS1-PERT 31.4 15.1 11.0 9.9 7.8 6.2 21.0 16.5 13.7CAS1-SANT 69.3 32.1 13.4 23.8 21.2 7.0 28.4 21.2 14.0CHAT-DAV1 29.5 14.2 9.1 14.6 9.3 7.5 29.7 18.4 11.2CHAT-HOB2 8.4 6.3 5.3 8.5 5.7 4.7 16.9 12.0 9.6CHAT-KERG 28.5 8.3 5.6 19.9 6.6 6.3 33.1 15.8 10.4CHAT-MAC1 8.5 6.2 5.3 7.3 4.2 3.8 13.9 9.4 7.7CHAT-MCM4 19.5 10.0 6.2 7.2 4.4 4.3 21.9 15.4 8.7CHAT-OHIG 31.0 15.7 11.3 18.1 13.6 11.1 28.3 21.1 13.0CHAT-PERT 15.0 10.2 8.7 17.5 11.2 8.7 25.0 16.8 13.8CHAT-SANT 33.6 20.2 7.3 29.9 21.3 7.6 28.6 23.3 13.5DAV1-HOB2 12.2 9.8 5.9 41.4 13.5 10.9 22.7 12.9 10.6DAV1-KERG 23.1 11.9 8.6 11.1 5.9 4.5 15.5 9.0 8.6A suivre:::173


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.Suite Suite SuiteLigne de base Comp. Est Comp. Nord V ertica<strong>le</strong>Libre 1 3 Libre 1 3 Libre 1 3DAV1-MAC1 18.3 7.6 6.2 38.6 10.4 10.3 21.1 8.8 9.2DAV1-MCM4 26.7 11.1 7.4 18.0 8.1 6.4 16.8 10.8 9.4DAV1-OHIG 46.1 14.9 10.7 22.2 10.9 10.7 21.1 14.9 13.9DAV1-PERT 28.5 14.3 9.6 32.2 14.0 10.9 21.8 15.3 13.3DAV1-SANT 75.0 25.3 13.4 38.0 23.5 8.4 28.2 20.8 13.8HOB2-KERG 25.8 7.7 6.0 17.4 10.9 5.3 29.1 18.8 8.9HOB2-MAC1 8.4 5.1 5.7 5.9 3.4 3.3 10.4 8.8 6.5HOB2-MCM4 20.2 11.8 6.0 8.7 6.0 5.2 20.5 15.9 7.4HOB2-OHIG 32.4 20.1 8.2 21.1 15.7 11.4 34.7 25.8 8.9HOB2-PERT 10.6 8.2 7.3 10.5 6.7 3.8 16.4 14.5 10.5HOB2-SANT 46.4 31.6 4.2 35.2 26.2 6.9 33.9 24.7 8.3KERG-MAC1 24.7 9.0 5.7 18.7 6.0 4.4 30.8 9.7 8.2KERG-MCM4 28.6 10.9 6.4 11.8 7.9 6.0 28.6 12.5 9.0KERG-OHIG 35.7 9.0 7.9 18.4 10.7 12.0 27.7 12.1 11.0KERG-PERT 11.1 9.2 7.8 16.5 6.7 4.8 22.2 12.8 11.4KERG-SANT 46.6 13.8 4.3 36.5 20.2 6.4 30.8 14.6 8.7MAC1-MCM4 19.7 10.6 5.7 6.9 4.5 3.5 14.1 10.3 7.3MAC1-OHIG 35.3 19.7 12.4 16.8 13.0 10.9 24.9 16.8 10.8MAC1-PERT 11.3 8.7 7.8 19.1 12.4 7.8 18.8 14.7 11.3MAC1-SANT 40.3 24.9 8.4 31.0 21.5 8.0 27.4 20.8 11.1MCM4-OHIG 60.4 32.5 18.5 37.2 23.7 11.8 20.8 15.4 15.4MCM4-PERT 49.0 27.6 18.2 79.1 45.8 25.8 22.2 16.9 12.5MCM4-SANT 74.9 38.9 17.8 86.3 48.1 24.4 29.3 22.6 14.5OHIG-PERT 62.1 30.9 17.9 29.5 15.1 11.7 45.2 25.2 17.5OHIG-SANT 25.1 15.9 1.6 13.0 10.4 5.9 28.2 20.4 15.2PERT-SANT 41.9 23.1 7.4 41.5 34.0 7.5 46.2 33.4 13.13.1.3. Séries temporel<strong>le</strong>s.On donne ici des exemp<strong>le</strong>s de séries temporel<strong>le</strong>s obtenues avec des calculs contraints, qui sontconsidérés comme achevés dans la mesure où ils sont de fait rattachés à un système de référence.Les séries temporel<strong>le</strong>s de position de la station de Casey qui résultent du calcul en réseau élargi avecla station de Kergue<strong>le</strong>n contrainte sont données figure II.14, cel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong> calcul où <strong>le</strong>s 3 stations deKergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago sont contraintes par la figure II.15. Cette dernière série ne concerne que120 jours de l’année 1997, période sur laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> calcul test avec <strong>le</strong>s 3 stations contraintes a été effectué.L’exemp<strong>le</strong> choisi de Casey est particulièrement intéressant : la composante vertica<strong>le</strong> de la solution oùla station de Kergue<strong>le</strong>n est contrainte (figure II.14) présente des variations quasi-linéaires jusqu’au début174


x3. CALCUL EN RÉSEAU ÉLARGI.5040North component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 110005040East component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 110005040Vertical component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 11000Baseline <strong>le</strong>ngth (km)FIG. II.12 - Comparaison des répétitivités moyennes par périodes de 6 jours consécutifs, sur <strong>le</strong>s lignes de base entredes stations antarctiques uniquement, et pour <strong>le</strong>s trois composantes. On compare <strong>le</strong>s répétitivités résultant des troistypes de calcul en réseau élargi, sur l’année 1997. Les points noirs correspondentau calcul avec 3 stations contraintes,<strong>le</strong>s points rouges au calcul avec la station de Kergue<strong>le</strong>n contrainte, <strong>le</strong>s cerc<strong>le</strong>s évidés au calcul en réseau libre. De hauten bas, composante Nord, Est et vertica<strong>le</strong>.175


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.5040North component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 110005040East component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 110005040Vertical component(mm)30201001000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000 11000Baseline <strong>le</strong>ngth (km)FIG. II.13 - Comparaison des répétitivités moyennes par périodes de 6 jours consécutifs, sur <strong>le</strong>s lignes de base et lalongueur entre toutes <strong>le</strong>s stations du réseauélargi, et pour <strong>le</strong>s trois composantes.On compare<strong>le</strong>s répétitivités résultantdes trois types de calcul en réseau élargi, sur l’année 1997. Les courbes donnent de haut en bas, <strong>le</strong>s répétitivités sur<strong>le</strong>s composantes Nord, Est et la vertica<strong>le</strong>.176


x3. CALCUL EN RÉSEAU ÉLARGI.97, après quoi la hauteur sur ellipsoïde augmente brusquement de 5 cm environ, puis revient à sa va<strong>le</strong>urinitia<strong>le</strong> à la fin de l’année 1997. Les variations de la composante vertica<strong>le</strong> de la solution où <strong>le</strong>s 3 stationsde Kergue<strong>le</strong>n, Santiago et Hobart sont contraintes ne couvrent que l’année 1997, mais el<strong>le</strong>s permettentd’observer un phénomène semblab<strong>le</strong>. Les renseignements pris auprès des responsab<strong>le</strong>s de la station fontétat d’un bris du radome qui couvre l’antenne (sans précision sur la date autre que((premier semestre1997)), puis d’un remplacement de ce même radome en décembre 1997. La variation brusque de la composantevertica<strong>le</strong> au début, puis à la fin de l’année 1997, peut donc être attribuée au trou dans <strong>le</strong> radome,puis à son remplacement par un neuf (retour à la norma<strong>le</strong>). Les dates correspondent exactement en ce quiconcerne son remplacement. Le dommage survenu étant impossib<strong>le</strong> à dater précisement, même par <strong>le</strong>sresponsab<strong>le</strong>s de la station, on peut supposer que la date correspond éga<strong>le</strong>ment au début de la variation dela vertica<strong>le</strong>. Cet incident montre bien l’influence des caractéristiques de l’antenne sur sa composante vertica<strong>le</strong>: la présence ou l’absence de radome sur une Dorne Margolin T Choke Ring introduit un décalagevertical d’environ 10 cm. Cela a evidemment peu d’effet lorsque <strong>le</strong> même type d’antenne est utilisé surtoute la durée de la mesure, par contre, <strong>le</strong>s mesures provenant de campagnes (par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s campagnesSCAR) doivent être utilisées avec des descriptions très précises des types d’antennes associées. Il montreéga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s limites à la modélisation du mouvement d’une station par des vitesses linéaires. Le déplacementapparent de l’antenne est ici affecté par des variations qui ne correspondent pas à un mouvementréel du point géodésique, et pour estimer une vitesse linéaire sur la composante vertica<strong>le</strong> de Casey, il faudraen en<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s positions correspondant à la période où <strong>le</strong> radome était endommagé.3.2. Calcul en réseau libre.3.2.1. Méthode de traitement.On a utilisé pour ce calcul <strong>le</strong>s données des 11 stations du réseau antarctique et péri-antarctique, traitéesen réseau libre du début 1995 à la fin 1998. Les données datant de 1994, époque où <strong>le</strong>s stations IGSantarctiques étaient déjà actives, n’ont pas été incluses car <strong>le</strong>s stations environnantes sont encore peu nombreuseset la configuration obtenue pour <strong>le</strong> réseau aurait été assez différente de ce que l’on obtient à partirde 1995. Tous <strong>le</strong>s autres paramètres du calcul sont identiques à ceux de la partie précédente, <strong>le</strong>s orbitesprécises IGS étant utilisées sans réévaluation (voir paragraphe 2.1.1.). Les positions a priori de toutes <strong>le</strong>sstations sont <strong>le</strong>s positions dans ITRF 96, contraintes à 0,5 m pour <strong>le</strong>s composantes planimétriques, 1 mpour la composante vertica<strong>le</strong>.Les résultats obtenus sont à rapprocher, du point de vue de la technique utilisée, de ceux obtenus par <strong>le</strong>calcul sur <strong>le</strong> réseau local antarctique avec <strong>le</strong>s orbites IGS, la différence résidant ensuite dans la précisionobtenue grâce à la meil<strong>le</strong>ure densité du réseau, et à la possibilité de <strong>le</strong> rattacher à un système de référenceen utilisant des stations de référence.3.2.2. Qualité de la solution.3.2.3. Séries temporel<strong>le</strong>s.On donne à titre d’exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s obtenues par cette solution en réseau libre sur lastation de Casey (position, figure II.16) et sur <strong>le</strong>s composantes d’une ligne de base (Casey-Davis), surune durée aussi longue que possib<strong>le</strong> (de 1995 à 1998).La série temporel<strong>le</strong> en position obtenue ici a un comportement plus dispersé que celui des solutions oùune au moins des stations extérieures est contrainte à sa position/vitesse ITRF96. Les répétitivités sontcependant suffisamment bonnes pour que l’on puisse calcu<strong>le</strong>r des vitesses linéaires significatives sur <strong>le</strong>s177


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.Latitude, en m.Longitude en m.Casey, reseau global, 1 station fixee, 1995-1998.-2.40-2.45-2.50-2.55-2.60-2.65-2.70-2.75-2.80-2.85-2.90-2.95-3.001994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.9011.9511.9011.8511.8011.7511.7011.6511.6011.5511.5011.4511.401994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.900.800.70Hauteur en m.0.600.500.400.300.201994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.90FIG. II.14 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la position de la station de Casey, obtenues par <strong>le</strong> calcul en réseau global, la stationde Kergue<strong>le</strong>n étant contrainte à sa position ITRF96.178


x3. CALCUL EN RÉSEAU ÉLARGI.Latitude, en m.Longitude en m.Casey, reseau global, 3 stations fixees, 1995-1998.-2.40-2.45-2.50-2.55-2.60-2.65-2.70-2.75-2.80-2.85-2.90-2.95-3.001994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.9011.9511.9011.8511.8011.7511.7011.6511.6011.5511.5011.4511.401994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.900.800.70Hauteur en m.0.600.500.400.300.201994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.90FIG. II.15 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la position de la station de Casey, obtenues par <strong>le</strong> calcul en réseau global, <strong>le</strong>s troisstations de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago étant contraintes à <strong>le</strong>urs positions ITRF96.179


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.3 composantes.L’examen de la composante vertica<strong>le</strong> de la solution libre de Casey montre une variation non linéaireau cours de l’année 1997, dont <strong>le</strong>s dates et l’amplitude correspondent à ce qui a été observé sur <strong>le</strong>srésultats des calculs avec une station (figure II.14) ou 3 stations contraintes (figure II.15). La dispersionsur cette composante vertica<strong>le</strong> libre est trop importante ( répétitivité moyenne sur 6 jours éga<strong>le</strong> à 19,3mm) pour que l’on puisse détecter une variation de manière aussi nette qu’à partir des séries temporel<strong>le</strong>sdes solutions contraintes. Une variation non linéaire est malgré tout perceptib<strong>le</strong>, ce qui confirme cettevariation de la hauteur apparente de l’antenne.Cette solution en réseau libre sur l’ensemb<strong>le</strong> des stations antarctiques présente <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur compromisentre possibilités d’exploitation pour la géophysique et qualité géodésique. C’est à partir de ces positions,rattachées ensuite à un système de référence par différentes méthodes que nous allons expliciter dans lasuite, qu’ont été calculées <strong>le</strong>s vitesses sur ce réseau.180


x3. CALCUL EN RÉSEAU ÉLARGI.Casey, reseau global libre 1995-1998.Latitude, en m.Longitude en m.0.250.200.150.100.050.00-0.05-0.10-0.15-0.20-0.25-0.301994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.90 1998.40 1998.900.250.200.150.100.050.00-0.05-0.10-0.15-0.20-0.25-0.301994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.90 1998.40 1998.900.20Hauteur en m.0.100.00-0.10-0.20-0.30-0.40-0.501994.40 1994.90 1995.40 1995.90 1996.40 1996.90 1997.40 1997.90 1998.40 1998.90FIG. II.16 - Variation des trois composantes de la position de Casey, obtenues par un calcul libre sur <strong>le</strong> réseau élargi,orbites IGS fixes.181


CHAPITRE II. LE TRAITEMENT DES DONNÉES GPS.4. Conclusion.Toutes <strong>le</strong>s méthodes de calcul GPS utilisées au cours de cette étude ont été présentées ici. La démarcheemployée dès <strong>le</strong> début de cette thèse était assez expérimenta<strong>le</strong> : <strong>le</strong> traitement de données de stationspermanentes pour la géophysique était il y a 3 ans quelque chose d’assez peu répandu, si l’on excepte<strong>le</strong> réseau GPS californien ou <strong>le</strong> réseau GPS permanent japonais. Traiter un réseau sur une échel<strong>le</strong> quidépasse <strong>le</strong> régional, avec des solutions journalières afin d’obtenir <strong>le</strong> maximum de résolution temporel<strong>le</strong>,dans <strong>le</strong> but de mesurer des mouvements non linéaires de la croûte, est de toute façon une entreprisealéatoire. L’opération se complique encore quand on utilise <strong>le</strong>s données des stations IGS de l’Antarctique,ou de la zone environnante, (qui ne sont traitées que par <strong>le</strong>s centre de calcul IGS) et quand on prétenddétecter des mouvements essentiel<strong>le</strong>ment verticaux de quelques mm/an.La méthode utilisée au départ est directement dictée par la géophysique : on ne s’intéresse qu’auxstations situées exactement sur la zone où on cherche à détecter des mouvements, et la technique decalcul sera la moins contrainte possib<strong>le</strong> par la géodésie. C’est une méthode très économique en tempsde calcul et en espace disque (si l’on peut qualifier d’économique un traitement de 4 ans de données enprovenance de 4 stations, sous forme de sessions journalières), mais qui a assez vite montré ses limites.El<strong>le</strong> ne donne accès qu’à des informations sur <strong>le</strong>s positions relatives, en l’absence de toute référenceextérieure : el<strong>le</strong> permettrait donc de détecter des variations horizonta<strong>le</strong>s liées au rebond glaciaire (dequelques mm/an) mais ferait passer inaperçu un rebond vertical global, affectant de la même façonla hauteur sur ellipsoïde de toutes <strong>le</strong>s stations. Les difficultés de traitement liées à la configurationdu réseau ou à sa situation autour du Pô<strong>le</strong> Sud font que l’on atteint vite <strong>le</strong>s limites en précision de laméthode. Les répétitivités, sur des périodes de 6 jours, pour ce réseau local antarctique traité en réseaulibre, ne sont pas meil<strong>le</strong>ures que 10 mm sur la ligne de base la plus courte, et el<strong>le</strong>s atteignent 20 à 30 mmsur <strong>le</strong>s autres lignes de base, en particulier sur <strong>le</strong>s composantes Nord et vertica<strong>le</strong>.L’influence assez nette de la précision des orbites sur <strong>le</strong>s répétitivités, couplée avec la moins bonneprécision des orbites IGS au dessus de l’hémisphère Sud, par rapport à ce que l’on obtient au dessusde l’Europe ou des Etats-Unis, nous a incités à tenter une amélioration loca<strong>le</strong> des orbites près de l’Antarctique,en utilisant <strong>le</strong>s positions des stations antarctiques comme une contrainte supplémentaire dansl’inversion. Les résultats obtenus sont intéressants, puisqu’on obtient effectivement une améliorationde la précision relative, qui permet entre autres de confirmer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> effectif de la précision des orbitessur la précision relative du positionnement. Cela constitua aussi une bonne façon de se familiariseravec <strong>le</strong>s diverses possibilités offertes par <strong>le</strong> logiciel de calcul GPS utilisé. Les résultats ne sont toujoursexploitab<strong>le</strong>s que de manière relative, et <strong>le</strong>s répétitivités restent comprises entre 8 et 30 mm en fonction dela composante et de la longueur de la ligne de base, soit trop é<strong>le</strong>vées pour espérer détecter des variationsde longueurs de lignes de base inférieures au cm/an.La seconde partie de l’étude a été consacré à des calculs sur des réseaux incluant <strong>le</strong>s stations IGS antarctiques,mais aussi <strong>le</strong>s autres stations IGS suffisamment proches pour fournir une contrainte supplémentaireau réseau, et produisant des données de qualité suffisante pour améliorer la qualité généra<strong>le</strong> dela solution. Le réseau global ainsi obtenu comporte 11 stations jusqu’en 1997, puis 17 à partir du début1998, pour profiter de la mise en service de nouvel<strong>le</strong>s stations permanentes en Antarctique. L’inclusionde stations extérieures à l’Antarctique a trois effets importants sur <strong>le</strong>s résultats du calculs, qui ne sont pasindépendants <strong>le</strong>s uns des autres :– El<strong>le</strong> fournit une référence extérieure, puisqu’on a maintenant accès aux mouvements des stationsantarctiques par rapport aux positions de stations situées sur d’autres plaques tectoniques. Ceci est182


x4. CONCLUSION.particulièrement important en ce qui concerne la composante vertica<strong>le</strong>, puisqu’on a ainsi <strong>le</strong>s moyensde détecter une remontée globa<strong>le</strong> du continent antarctique.– El<strong>le</strong> permet <strong>le</strong> rattachement à un système de référence, ce qui fournit alors <strong>le</strong>s variations de positionsdes stations antarctiques non plus seu<strong>le</strong>ment relativement à des points situés sur des plaques extérieures,mais de façon absolue, dans un système de référence. Cela autorise par exemp<strong>le</strong> à des comparaisonsavec des prédictions de mouvements (RPG, tectonique selon NNR-Nuvel1-A), ou avecd’autres résultats de géodésie spatia<strong>le</strong>.– El<strong>le</strong> améliore la précision du calcul, par deux effets différents. Le premier est la conséquence directede l’introduction de davantage de stations dans <strong>le</strong> réseau. Même si la longueur moyenne des lignesde base augmente, chaque station se trouve mieux contrainte et <strong>le</strong>s répétitivités sur <strong>le</strong>s lignes de baseentre <strong>le</strong>s stations antarctiques diminuent. D’autre part, <strong>le</strong> rattachement à un système de référencecomme l’ITRF, en fournissant une contrainte supplémentaire forte, améliore éga<strong>le</strong>ment la précisionde la solution fina<strong>le</strong>.Introduire des stations extérieures fournit une multitude de choix sur <strong>le</strong>s techniques à employer pourrattacher <strong>le</strong> réseau à un système de référence. Les calculs effectués en contraignant directement <strong>le</strong>s stationsde référence à <strong>le</strong>ur position ITRF96 dans l’inversion GPS font essentiel<strong>le</strong>ment figure de test : cetype de contrainte améliore visib<strong>le</strong>ment la répétitivité de l’ensemb<strong>le</strong> des lignes de base, surtout avec unecontrainte sur l’ensemb<strong>le</strong> des paramètres de transformation du réseau (3 stations contraintes), mais il entraînerisque d’erreur et perte d’information.Le calcul en réseau libre sur ce réseau global est celui qui permet d’optimiser la précision (répétitivité)obtenue au cours du calcul GPS lui-même sans perte d’information sur <strong>le</strong> comportement non linéaire desstations. Il se prête ensuite au rattachement à un système de référence, qui sera dans notre cas l’ITRF 96ou 97, par <strong>le</strong> biais de plusieurs techniques de combinaison de jeux de coordonnées. Ce sera l’objet du chapitresuivant, qui traite éga<strong>le</strong>ment de l’interprétation géodésique des séries temporel<strong>le</strong>s qui résultent ducalcul GPS.183


CHAPITRE IIIANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.Les résultats des calculs en réseau élargi aux stations péri-antarctiques peuvent être rattachés à unsystème de référence (dans notre cas l’ITRF 96 ou 97) par différentes transformations intervenant ensortie du calcul GPS. Dans la première partie de ce chapitre, nous exposons <strong>le</strong>s méthodes utilisées dansnotre étude : combinaison de jeux de coordonnées par <strong>le</strong> biais d’une transformation à 7 paramètres,ou par filtre de Kalman. On donnera un exemp<strong>le</strong> des résultats, et des différences entre <strong>le</strong>s techniques.Cette méthode de rattachement permet d’obtenir des séries temporel<strong>le</strong>s exprimées dans un système deréférence, donc exploitab<strong>le</strong>s en terme de position absolue et comparab<strong>le</strong>s aux mouvements prédits pardes modè<strong>le</strong>s géologiques ou obtenus par d’autres techniques de géodésie spatia<strong>le</strong>.Ce sont ces séries temporel<strong>le</strong>s exprimées dans l’ITRF 96 ou 97 qui seront analysées dans la deuxièmepartie de ce chapitre. Plus précisemment, parmi toutes <strong>le</strong>s techniques de rattachement utilisées, l’uned’entre el<strong>le</strong>s nous paraît fournir <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs résultats en terme de compromis entre la précision etl’indépendance vis à vis des contraintes géodésiques. Nous allons donc chercher à analyser <strong>le</strong>s sériestemporel<strong>le</strong>s produites par ce type de calcul (calcul sur <strong>le</strong> réseau global antarctique, en réseau libre, rattachéensuite aux positions et vitesses ITRF 97 par une transformation à 7 paramètres (logiciel XVMIX)).L’analyse de ce chapitre s’appuie sur des techniques très simp<strong>le</strong>s d’analyse de séries temporel<strong>le</strong>s. Leprésupposé du calcul GPS était que <strong>le</strong>s différentes stations présentent des mouvements pas nécessairementréguliers, que l’on ne peut pas représenter par des vitesses linéaires. L’intérêt de travail<strong>le</strong>r à partirde données de stations permanentes réside principa<strong>le</strong>ment dans l’analyse de ces mouvements, à partirdes séries temporel<strong>le</strong>s. On doit pouvoir en déduire non seu<strong>le</strong>ment des vitesses linéaires correspondantà la tectonique des plaques ou à un rebond post-glaciaire à long terme, mais aussi toutes sortes d’autressignaux : variations périodiques (ici on cherchera surtout des variations saisonnières, liées aux variationsde températures ou d’humidité), ruptures de pentes (détection de variations brusques de vitesse dedéplacement réel<strong>le</strong> ou due à une erreur de mesure). Pour analyser avec fiabilité ces séries, il faut pouvoirévaluer <strong>le</strong> niveau de bruit lié à la mesure, et si possib<strong>le</strong> l’éliminer. On a vu au chapitre II une caractérisationsimp<strong>le</strong> de ce niveau de bruit grâce au critère de la répétitivité. Des études ont déja été effectuéessur <strong>le</strong> type et <strong>le</strong> niveau de bruit auquel on peut s’attendre dans ce type de séries temporel<strong>le</strong>s, bruit lié àla mesure (instrumentation) ou à des mouvements parasites (monumentation).Nous avons repris dans ce chapitre certaines de ces études qui peuvent concerner <strong>le</strong> type de sériestemporel<strong>le</strong>s obtenues à l’issue de notre étude GPS. Les répétitivités é<strong>le</strong>vées et variab<strong>le</strong>s que nous obtenonssur <strong>le</strong> calcul en réseau libre se justifient essentiel<strong>le</strong>ment par la précision des orbites IGS (répétitivitévariant avec la longueur des lignes de base) et <strong>le</strong> bruit de mesure (ionosphère). Nous avons tenté lacaractérisation de ce bruit grâce à la variance d’Allan, après quoi nous avons choisi d’éliminer ce bruit185


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.résiduel en appliquant aux séries des moyennes glissantes sur 30 jours. Le signal est ainsi filtré du bruitet des signaux à très courtes périodes.La recherche des signaux périodiques s’est effectuée grâce à une simp<strong>le</strong> analyse de Fourier. On verraque <strong>le</strong>s résultats ne sont probants que dans un cas particulier, sur <strong>le</strong>quel on s’attardera car il semb<strong>le</strong>traduire un réel phénomène géophysique.La recherche de rupture de pente, ou de signaux transitoires, donne des résultats correspondant àdes problèmes de mesures plutôt qu’à des mouvements géophysiques comme on pourrait s’y attendresi l’Antarctique était sujette à une sismicité importante. On a déjà observé des variations brusques dela composante vertica<strong>le</strong> sur la station de Casey (changement du radome) et Hobart (problème lié àl’antenne, qui a été changée fin 1998).Enfin, toutes ces séries temporel<strong>le</strong>s ont été utilisées pour en déduire des vitesses de déplacement, obtenuespar régression linéaire une fois éliminés tous <strong>le</strong>s types de signaux non linéaires évoqués précédemment.Ces vitesses correspondent aux déplacements moyens des stations sur <strong>le</strong>s 4 ans de mesure, pour <strong>le</strong>scomposantes horizonta<strong>le</strong>s et la composante vertica<strong>le</strong>, et pourront par la suite être comparées à d’autresvitesses mesurées ou prédites sur <strong>le</strong>s mêmes stations.1. Rattachement à un système de référence.Nous nous intéressons dans cette première partie aux différentes méthodes de rattachement d’unesolution GPS en réseau libre à un système de référence. Cela concerne donc <strong>le</strong> calcul sur <strong>le</strong> réseau globalAntarctique (stations IGS antarctiques et extérieures) qui a été présenté dans la partie précédente, dans <strong>le</strong>cas où aucune station n’a été contrainte au cours de l’inversion GPS.Pour être exploitab<strong>le</strong> en termes de positions et de vitesses, cette solution libre doit être rattachée à un systèmede référence. Au cours de cette étude, nous avons utilisé successivement deux systèmes de référencedifférents. Le premier, l’ITRF 96, était <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur système disponib<strong>le</strong> au moment de l’obtention des premiersrésultats, et était éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> système de référence dans <strong>le</strong>quel ont été effectués <strong>le</strong>s calculs d’orbitesIGS à partir du 1ermars 1998. Choisir de rattacher notre réseau à l’ITRF 96 était de plus une option cohérenteavec <strong>le</strong> calcul en réseau global dans <strong>le</strong>quel on avait contraint une station (Kergue<strong>le</strong>n) ou plusieurs(Kergue<strong>le</strong>n, Santiago, Hobart) à <strong>le</strong>urs positions ITRF 96 à quelques centimètres près. Après la publicationde la solution ITRF 97, on a choisi de rattacher éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> résultat du calcul en réseau libre à ce nouveausystème de référence. Nous présentons ici <strong>le</strong>s différentes techniques de rattachement que nous avons utilisées,appliquées par rapport à l’un ou l’autre des systèmes de référence ITRF 96 ou 97, et <strong>le</strong>s résultatsobtenus.1.1. Transformation à 7 paramètres.Le logiciel utilisé, CATREF, est celui développé par P. Sillard et Z. Altamimi pour la combinaison dejeux de coordonnées, et en particulier la production de la solution combinée de l’ITRF (Sillard et Altamimi1998). Il permet d’obtenir une solution combinée en positions/vitesses ou positions seu<strong>le</strong>s à partir de plusieursjeux de coordonnées, provenant éventuel<strong>le</strong>ment de différentes techniques de géodésie spatia<strong>le</strong>. Lacombinaison se fait à l’aide d’une transformation à 7 paramètres appliquée à l’un des jeux de coordonnéespour ramener ses positions ou ses positions et vitesses à cel<strong>le</strong> du jeu de référence. Ici, cette transformationà 7 paramètres (rotation, translation, facteur d’échel<strong>le</strong>) est appliquée à l’ensemb<strong>le</strong> du réseau de façonà ramener <strong>le</strong>s positions des stations issues du calcul en réseau libre à <strong>le</strong>ur position dans l’ITRF à l’époque186


X2=X1++DX1+RX1 =0B@T1 T2 T31CAx1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.correspondante, en estimant paramètres de transformation et résidus. La transformation du vecteur decoordonnéesX1en un vecteurX2dans <strong>le</strong> système de référence ITRF choisi est donnée par la formu<strong>le</strong>suivante :X2=_ _ X1+_+_DX1+D_ R=0B@0R3R2 R2R101CA R30R1 X1+R_ X1+_RX1avec :etDe façon généra<strong>le</strong>,,DetRsont des fonctions du temps, on peut donc dériver la relation précédente en :Les ordres de grandeur deDetRfont qu’on peut négliger <strong>le</strong>s termesD_ X1etR_ X1qui sont de l’ordre de0,1 mm sur 100 ans. L’avantage de ce type de transformation est d’une part que l’on conserve la géométriedu réseau, au facteur d’échel<strong>le</strong> près, de l’autre que l’on a accès de manière détaillée aux informationsstatistiques sur la transformation. La combinaison a été effectuée à partir des solutions libres journalières,transformées de manière indépendante d’un jour à l’autre sans évaluation de vitesse. Nous n’avonspas effectué de combinaison sur <strong>le</strong>s positions et <strong>le</strong>s vitesses, puisque nous voulions avoir accès auxséries temporel<strong>le</strong>s plutôt qu’aux vitesses, ne supposant pas a priori que <strong>le</strong>s vitesses sont linéaires. Latransformation s’effectue bien à partir de 7 paramètres et non 14.Aucune contrainte n’a été appliquée sur cette transformation. Le jeu de coordonnées issu des calculsGAMIT en réseau libre, est présent dans <strong>le</strong>s fichiers servant à produire <strong>le</strong>s fichiers SINEX, avec <strong>le</strong>smatrices de variance-covariance complètes, et sous forme dépondérées. Ces jeux de coordonnées ontdonc été utilisés directement, sans imposition de contraintes minima<strong>le</strong>s.Pour tenir compte des différents degrés de confiance accordés aux solutions ITRF selon <strong>le</strong>s stations,nous avons choisi de pondérer plus fortement certaines stations lors de la combinaison. Cette pondérations’effectue par la définition d’un facteur multiplicatif sur <strong>le</strong>s termes de la matrice de variance dela solution, facteur différent selon <strong>le</strong>s stations considérées. Nous avons considéré au total trois jeuxde coordonnées. Le premier comprend <strong>le</strong> sous-ensemb<strong>le</strong> des stations ITRF dont nous considérons <strong>le</strong>spositions et vitesses comme particulièrement fiab<strong>le</strong>s dans l’ITRF. Il comprend 2 ou 3 stations selon <strong>le</strong>rattachement effectué, avec un coefficient de 0,1. Les autres stations du jeu de coordonnées ITRF sontaffectées d’un coefficient de 1. Enfin, <strong>le</strong> troisième jeu de coordonnées est constitué de la solution ENSen réseau libre, pondérée avec un coefficient de 2,5, ceci dans <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> but d’obtenir un0total de lacombinaison proche de 1.Les stations <strong>le</strong> plus fortement pondérées seront désignées par((stations de référence)), nous avons utilisédeux jeux différents de stations de référence, pour tester <strong>le</strong>ur influence sur la solution combinée.Le premier jeu de stations de référence utilisé reprend <strong>le</strong>s stations à partir desquel<strong>le</strong>s on a effectué uncalcul en réseau global en contraignant trois stations de façon à fixer directement <strong>le</strong> réseau en translation,rotation, échel<strong>le</strong>. Il s’agit donc de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago, qui offrent la meil<strong>le</strong>ure répartitiongéographique par rapport à l’ensemb<strong>le</strong> du réseau, et font partie des stations de catégorie B de l’ITRF96187


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.(Boucher et al. 1998). Rappelons que malgré cela, la vitesse de Santiago est peut-être non linéaire,puisque la station est situé sur une zone sismique, très affectée par la subduction de la plaque Nazcasous la plaque Sud Américaine Outre cette mise en garde de caractère géophysique, on a constaté aucours du calcul que la station GPS de Santiago produisait des données de qualité inférieure aux autresstations traitées : <strong>le</strong> nombre de données disponib<strong>le</strong>s y est inférieur, ce qui est aggravé par la situationgéographique isolée du site, peu de doub<strong>le</strong>s différences étant possib<strong>le</strong>s avec d’autres stations que cel<strong>le</strong>de O’Higgins qui est la plus proche; <strong>le</strong>s données se sont de plus révélées diffici<strong>le</strong>s à nettoyer, avec dessauts de cyc<strong>le</strong>s persistants. La station de Santiago étant malgré tout la meil<strong>le</strong>ure station GPS disponib<strong>le</strong>sur la partie Sud de l’Amérique du Sud, il nous a paru important de l’utiliser comme station de référence.Tous <strong>le</strong>s rattachements effectués avec ce jeu de trois stations de référence Hobart, Kergue<strong>le</strong>n et Santiagoseront repérés dans la suite par un suffixe((3), et ce quel<strong>le</strong> que soit la technique de rattachement utilisée.Pour contourner quelque peu <strong>le</strong>s inconvénients directement liés au choix de ces trois stations deréférence, et pour mettre en évidence l’effet du choix d’un jeu particulier de stations comme référencepour <strong>le</strong> rattachement, nous avons effectué une deuxième série de rattachements, en prenant commeréférence deux autres stations extérieures à l’Antarctique, de bonne qualité géodésique, peu ou pasaffectées par des processus géophysiques irréguliers, et suffisamment éloignées l’une de l’autre. On aretenu <strong>le</strong>s stations de Auckland et de Perth, sachant que <strong>le</strong> mouvement de Auckland est probab<strong>le</strong>mentaffecté par la frontière de plaques Pacifique-Australie (zone sismique). Les solutions rattachées à cesdeux autres stations de référence seront dans la suite désignées par <strong>le</strong> suffixe((2). D’un point de vuestrictement géométrique, la contrainte fournie sur l’ensemb<strong>le</strong> du réseau par ces deux stations de référenceprécédentes est moins bonne que cel<strong>le</strong> des trois stations de Hobart, Kergue<strong>le</strong>n et Santiago.fs=6nstr(AsATsPs):0s=TsPssLes résultats, en sortie de cette combinaison par <strong>le</strong> modu<strong>le</strong> XVMIX du logiciel CATREF, se présententsous forme des paramètres de transformation entre <strong>le</strong>s deux jeux de coordonnées (ici <strong>le</strong>s 7 paramètres correspondantà la transformation sur <strong>le</strong>s positions seu<strong>le</strong>s), avec <strong>le</strong>urs écarts-type, ainsi que <strong>le</strong>s coordonnéesde la solution combinée et <strong>le</strong>0de la transformation donné par l’algorithme de Cho<strong>le</strong>sky. On obtient éga<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s résidus en positions, <strong>le</strong>s erreurs moyennes quadratiques par solution, ainsi qu’un ensemb<strong>le</strong>de paramètres statistiques. Parmi ces paramètres, on trouve l’estimateur du facteur de variance du jeuconcerné, en racine carrée, calculé d’après2s=p22sp2fs1jeus(Ps=1oùsdésigne <strong>le</strong> résidu, etfs<strong>le</strong> facteur de redondance par jeu, estimé paravec–nsest <strong>le</strong> nombre de points de la solutions.–est l’inverse de la matrice norma<strong>le</strong> du problème de moindres carrés.–Asest la matrice modè<strong>le</strong> relative aux observations du jeus.–Psest la matrice de poids des observations du s).et <strong>le</strong>2normalisé calculé d’après :où2s=Tss, la somme des carrés des résidus normalisés.188


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.1.1.1. Solution XVMIX 3, ITRF96.2Transf. parameters − Rotation.X rotation (mas).10−1−21995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.02Y rotation (mas).10−1−21995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.02Z rotation (mas).10−1−21995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.1 - Paramètres de transformation : rotation selon X, Y et Z entre <strong>le</strong>s solutions individuel<strong>le</strong>s journalières ducalcul global libre et l’ITRF96, avec <strong>le</strong>s trois stations de référence de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago.La combinaison par XVMIX a été effectuée sur <strong>le</strong>s fichiers SINEX journaliers résultant du calculglobal libre (jeu pondéré à 2,5) et deux fichiers SINEX extrait de l’ITRF96, l’un rassemblant <strong>le</strong>s 3 stationsde référence de Kergue<strong>le</strong>n, Santiago, Hobart (pondéré à 0,1) l’autre <strong>le</strong>s autres stations IGS, soit Auckland,Casey, Chatham, Davis, Macquarie, O’Higgins, et Perth (pondéré à 1). Les autres stations de Dumont,Mawson, l’î<strong>le</strong> de Gough, Sanae et Palmer n’interviennent pas dans la transformation, parce que <strong>le</strong>urscoordonnées ITRF 96 sont inexistantes ou non fiab<strong>le</strong>s. Comme el<strong>le</strong>s font partie des jeux de coordonnées,el<strong>le</strong>s sont impliquées dans la transformation, et on obtiendra une solution combinée incluant ces stationsaux même titre que cel<strong>le</strong>s qui appartenaient aux deux jeux de coordonnées combinés.On a choisi de représenter <strong>le</strong>s paramètres de transformation obtenus au cours de cette combinaisonjour après jour ( figures III.1, III.2 et III.3). La première combinaison effectuée montrait un saut dans <strong>le</strong>sparamètres de transformation à l’époque 1996.5 (jour 180 de l’année 1996), ce qui correspond à la dateà laquel<strong>le</strong> l’IGS a adopté <strong>le</strong> système de référence ITRF 94 pour <strong>le</strong> calcul des orbites. Avant cette date,<strong>le</strong>s orbites étaient calculées dans ITRF 93, et la transformation globa<strong>le</strong> entre <strong>le</strong> système de référence 93et <strong>le</strong> système 94 n’est pas négligeab<strong>le</strong> (Boucher et Altamimi 1996). Le système de référence implicitedans <strong>le</strong>quel on obtient <strong>le</strong>s résultats du calcul en réseau libre par <strong>le</strong> biais des orbites était donc l’ITRF93jusqu’au jour 180 de l’année 1996, l’ITRF94 ensuite. Ce passage d’un système de référence à l’autres’observe très bien dans <strong>le</strong>s paramètres de transformation. Le passage de l’ITRF 94 à l’ITRF 96 pour <strong>le</strong>calcul des orbites IGS s’est effectué début mars 1998. Aucun saut n’apparaît à cette date dans <strong>le</strong>s sériesdes paramètres de transformation. La transformation globa<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s systèmes ITRF 94 et ITRF 96 esten effet nul<strong>le</strong>. Du point de vue du calcul des orbites IGS, la transformation entre <strong>le</strong>s deux systèmesde référence ne portant que sur <strong>le</strong> sous ensemb<strong>le</strong> des stations IGS servant à calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s orbites (13 aumoment du passage ITRF 94- ITRF 96) a été considérée comme négligeab<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s de l’IGS.Si l’on n’effectue aucune transformation supplémentaire, <strong>le</strong> résultat final obtenu par cette méthode decombinaison (positions combinées) sera exprimé entièrement dans l’ITRF94, puisque la différence desystème de référence avant la mi-1996 sera absorbée par <strong>le</strong>s paramètres de transformation. Par contre,l’examen des paramètres de transformation montrera un saut au moment du passage de l’ITRF 93 à189


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.20Transf. parameters − translation.X translation (cm).100−10−201995.0201995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0Y translation (cm).100−10−201995.0351995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0Z translation (cm).25155−51995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.2 - Paramètresde transformation: translation suivant X, Y et Z entre <strong>le</strong>s solutions individuel<strong>le</strong>s journalièresdu calcul global libre et l’ITRF96, avec <strong>le</strong>s trois stations de référence de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago.Sca<strong>le</strong> factor.1.401.201.000.800.600.400.200.00−0.20−0.40Sca<strong>le</strong>.−0.601995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0entre <strong>le</strong>s solutions individuel<strong>le</strong>sFIG. III.3 - Paramètres de transformation: facteur d’échel<strong>le</strong> (à multiplier par 108)journalières du calcul global libre et l’ITRF96, avec <strong>le</strong>s trois stations de référence de Kergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago.l’ITRF 94 comme système de référence utilisé pour <strong>le</strong> calcul des orbites IGS, saut correspondant auxva<strong>le</strong>urs des paramètres de transformation entre l’ITRF 93 et l’ITRF 94 sur <strong>le</strong>s stations IGS utilisées pour<strong>le</strong> calcul d’orbites. Néanmoins, par souci de cohérence, nous avons choisi d’appliquer tout d’abord unetransformation à 7 paramètres aux fichiers SINEX journaliers correspondant à la solution libre antérieursau jour 180 de 1996, avec <strong>le</strong>s paramètres de transformation permettant de ramener globa<strong>le</strong>ment l’ITRF 93dans l’ITRF 94. L’ensemb<strong>le</strong> de la solution est ainsi exprimé de façon cohérente dans un unique systèmede référence, ITRF94. Les paramètres de transformation de la transformation à 7 paramètres entre <strong>le</strong>snouveaux fichiers SINEX de la solution libre et l’ITRF 96 ne montrent plus de discontinuité.Les figures III.1, III.2 et III.3 montrent que si <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs moyennes des rotations et des translationsselon X et Y sont proches de 0, cel<strong>le</strong>s de la translation selon Z sont d’environ 15 cm. Ce systématisme correspondà un décalage global du réseau selon l’axe Z de rotation de la Terre, et compte tenu de sa situationgéographique, se rapproche d’une variation selon la composante vertica<strong>le</strong>. Les va<strong>le</strong>urs prises par <strong>le</strong>facteur d’échel<strong>le</strong> se situent autour de 0,4 108, soit une va<strong>le</strong>ur significativement différente de 0 (2,5 cm en-190


yy0!= rcos1! rsin0DTZ!x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.rcos1! r2rcos 2rsin2!=2r DTZ!= rsinrcos 0sin=r!rsin 1! x y!12r1 sin2 sinr! =rsin. Dans <strong>le</strong> cas d’un réseauxx0viron). La position géographique du réseau laisse supposer qu’il existe une corrélation importante entrece facteur d’échel<strong>le</strong> et la translation selon Z. Un calcul du coefficient de corrélation théorique effectué parPatrick Sillard (1999) montre bien l’effet de la position du réseau. On suppose que <strong>le</strong> réseau est constituéd’un ensemb<strong>le</strong> de points éga<strong>le</strong>ment répartis autour du pô<strong>le</strong> Sud, sur une calotte sphérique jusqu’à la latitude.On désigne parD<strong>le</strong> facteur d’échel<strong>le</strong>, parTZla translation selonZ. En deux dimensions, si onutilise la symétrie sphérique de la calotte, <strong>le</strong> passage d’un jeu de coordonnées (x,y) à un jeu (x’, y’) va sefaire par :Si on dispose de plusieurs coup<strong>le</strong>s de coordonnées (x,y), on peut déterminer <strong>le</strong>s paramètresDetTZparmoindre carrés, l’équation norma<strong>le</strong> s’écrit :àsinSi on intègre pourvariant autour du pô<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s latitudes -90S et, on obtient pour cette matrice nor-La matrice inversepermet de calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> coefficient de corrélation entreDetTZ, qui est égalma<strong>le</strong>2r22rsinréparti uniformément autour du pô<strong>le</strong>, et qui atteint <strong>le</strong>s latitudes de 30S, ce coefficient sera égal à 0,826.On retrouve bien de manière théorique un effet de corrélation important.On a donc effectué la même combinaison, en conservant jeux de coordonnées de départ et pondération,Echel<strong>le</strong> (10-8).TZ, en cm, 7 param.TZ, en cm, 6 param.1.00.50.0-0.5-1.035 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 36025155-535 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 36025155-50 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360Jours de l’annee 1997.FIG. III.4 - Paramètres de transformation: comparaison entre la translation selon Z lorsqu’on effectue une transformationà 7 paramètres (au milieu) ou à 6 paramètres seu<strong>le</strong>ment (en bas), et facteur d’échel<strong>le</strong> pour la transformationà 7 paramètres correspondante. Test effectué sur un an de solutions journalières, année 1997191


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.mais en évaluant 6 paramètres de transformation uniquement (sans facteur d’échel<strong>le</strong>), sur <strong>le</strong>s solutionsjournalières de l’année 1997. Les va<strong>le</strong>urs obtenues pour la translation selon Z deviennent alors du mêmeordre de grandeur que la translation selon X et la translation selon Y. Les paramètres de transformationen translation obtenus lorsqu’on n’estime que 6 paramètres peuvent être comparés avec ces mêmesparamètres en translation lorsqu’un facteur d’échel<strong>le</strong> est estimé (voir figure III.4). Les deux paramètresde transformation((facteur d’échel<strong>le</strong>)et(translation selon Z)sont redondants dans <strong>le</strong> cas particulier dece réseau, une transformation à 6 paramètres, à l’exclusion du facteur d’échel<strong>le</strong>, serait suffisante pour effectuerla combinaison constituant <strong>le</strong> nouveau jeu de coordonnées rattaché à l’ITRF96. Néanmoins, nousavons choisi de continuer à utiliser une transformation à 7 paramètres. Les corrélations entre paramètresne sont gênantes que si on cherche à interpréter <strong>le</strong>s variations de ces paramètres de transformation, cequi n’est pas notre cas. Si on ne s’intéresse qu’aux jeux de coordonnées comparés, donc au résultat de latransformation appliquée aux jeux de coordonnées initiaux, <strong>le</strong>s redondances n’ont aucun effet.L’examen des paramètres de transformation en rotation montre une légère pente décroissante sur<strong>le</strong>s 3 composantes. L’amplitude des rotations nécessaires pour combiner <strong>le</strong>s solutions libres journalièresavec <strong>le</strong>s positions ITRF 96 à la même époque diminue au cours du temps. Cela traduit simp<strong>le</strong>ment unrapprochement des positions obtenues par notre solution libre et de cel<strong>le</strong>s de l’ITRF 96.Nous ne présentons pas dans ce travail toutes <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s résultant de ce rattachement duréseau libre à l’ITRF 96. Nous donnons à titre d’exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s des trois composantessur <strong>le</strong>s solutions rattachées des deux stations de Casey et O’Higgins. Ces deux stations antarctiquessont considérées comme représentatives de divers types de comportements rencontrés, pour des raisonsgéodésiques et géophysiques.La station de Casey est la station antarctique sur laquel<strong>le</strong> on obtient <strong>le</strong>s résultats <strong>le</strong>s plus fiab<strong>le</strong>s, enterme de répétitivité. El<strong>le</strong> fonctionne de maniére ininterrompue depuis 1994, et sa relative proximitégéographique des autres stations antarctiques et des stations extérieures permet d’obtenir des résultatsde bonne qualité.En ce qui concerne la géophysique, la station de Casey, située sur la partie Est, dans une région considéréecomme stab<strong>le</strong> glaciologiquement à l’époque actuel<strong>le</strong>, et loin de toute zone tectoniquement active, ne devraitêtre affectée ni par du rebond élastique, ni par des déformations tectoniques. Sa vitesse horizonta<strong>le</strong>devrait être représentative du mouvement de rotation de la plaque antarctique. Un mouvement vertical,s’il existe, devrait plutôt correspondre à du rebond visqueux en lien avec la dernière déglaciation qu’àdes variations glaciaires loca<strong>le</strong>s actuel<strong>le</strong>s.On a vu d’autre part que la composante vertica<strong>le</strong> sur cette station présentait des variations brusquesau début et à la fin de l’année 1997, pour des raisons liées à l’entretien de l’antenne. Ces variationss’observent nettement sur <strong>le</strong>s séries des solutions rattachées au cours de l’inversion GPS par la méthodedes stations contraintes, et de manière beaucoup moins nette sur la solution libre non rattachée. Lecomportement de la composante vertica<strong>le</strong> de Casey sur <strong>le</strong>s divers rattachements peut constituer un testde l’effet de ces rattachements.La station de O’Higgins a un comportement géodésique plus aléatoire : sa production de données aété interrompue à plusieurs reprises depuis sa mise en service mi 1995, et <strong>le</strong> traitement de ces donnéesse révè<strong>le</strong> la plupart du temps assez délicat (c’est la station antarctique sur laquel<strong>le</strong> on a rencontré <strong>le</strong> plusde problèmes, et sur l’ensemb<strong>le</strong> des stations du réseau global, la deuxième après Santiago). Du point devue strictement géodésique, ces deux stations de Casey et O’Higgins sont donc assez représentatives du192


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.comportement des stations antarctiques.La situation géophysique de O’Higgins est singulière par rapport au reste des stations antarctiques.C’est la seu<strong>le</strong> station située sur la Péninsu<strong>le</strong> pour laquel<strong>le</strong> on dispose de plus d’un an de données. Prochede la frontière de plaque avec la microplaque de Scotia et des South Shetland, sa vitesse pourrait êtreaffectée par <strong>le</strong> rift du détroit de Bransfield, s’il est encore actif. Dans tous <strong>le</strong>s cas, on peut avoir des doutessur la stabilité tectonique de cette zone, et sur <strong>le</strong> caractère représentatif des vitesses horizonta<strong>le</strong>s sur laPéninsu<strong>le</strong> par rapport à la rotation globa<strong>le</strong> de la plaque. Glaciologiquement, on sait que la partie Ouestde l’Antarctique a probab<strong>le</strong>ment été plus touchée que la partie Est par la dernière déglaciation. On a vuque c’est éga<strong>le</strong>ment la région qui est <strong>le</strong> plus probab<strong>le</strong>ment en diminution de masse glaciaire à l’époqueactuel<strong>le</strong>. O’Higgins est donc la station sur laquel<strong>le</strong> on peut espérer détecter <strong>le</strong> plus probab<strong>le</strong>ment desmouvements correspondant à du rebond élastique actuel.Les séries temporel<strong>le</strong>s des trois composantes des solutions rattachées à l’ITRF 96 par CATREF surCasey et O’Higgins sont donc données par <strong>le</strong>s figures III.5 et III.6. Les séries temporel<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s autresstations ont permis l’estimation de vitesses linéaires, vitesses qui seront ensuite exploitées dans la partied’interprétation géophysique. Seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s rattachées à l’ITRF 97 sont données en annexeC.193


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.0.110.090.07Casey, solution combinee XVMIX 3 ITRF97, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.5 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Casey obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations de référence.194


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.O’Higgins, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= 5.5 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 13.5 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 15.0 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.6 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur O’Higgins obtenues à partir dela solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations de référence.195


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.1.1.2. Solution XVMIX 3, ITRF97.X rotation (mas).2.01.00.0-1.0Difference param. 96 et 97 - Rotation.Pente = -0.3/an-2.01995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.02Y rotation (mas).10-1Pente = -0.26 /an-21995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.02Z rotation (mas).10-1-21995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.7 - Paramètres de transformation : différence sur la rotation selon X, Y et Z entre <strong>le</strong>s solutions individuel<strong>le</strong>sjournalières du calcul global libre rattachéesà l’ITRF96 et à l’ITRF97, avec <strong>le</strong>s trois stations de référence de Kergue<strong>le</strong>n,Hobart et Santiago.La même technique de rattachement, utilisant <strong>le</strong>s mêmes stations de référence, a été utilisée pourcombiner <strong>le</strong>s fichiers SINEX journaliers de la solution libre du réseau global avec <strong>le</strong>s positions ITRF 97.La prise en compte de la solution ITRF97 dans notre rattachement se justifie pour plusieurs raisons. Lapremière est qu’il s’agit tout simp<strong>le</strong>ment d’un système de référence globa<strong>le</strong>ment amélioré par rapport àla solution précédente, du point de vue de la quantité de stations et de la qualité de la solution sur <strong>le</strong>sstations qui étaient déjà incluses dans l’ITRF96. D’autre part, on a vu que <strong>le</strong>s stations IGS étaient plusrares et produisaient des données de moins bonne qualité dans l’hémisphère Sud, et plus particulièrementen Antarctique. L’amélioration de la solution ITRF97 par rapport à l’ITRF 96 est particulièrementsensib<strong>le</strong> sur cette région du monde, où une année supplémentaire d’analyse des données des stationsIGS et DORIS augmente d’une proportion importante la quantité de données disponib<strong>le</strong>s, et améliore enconséquence la précision du positionnement.Dans la mesure où <strong>le</strong> système ITRF 97 n’a pas encore été adopté par <strong>le</strong>s centres de calcul IGS pour laproduction des orbites, il y a dans cette solution une incohérence, déjà évoquée au sujet du passage del’ITRF93 à l’ITRF94 pour <strong>le</strong> calcul des orbites, puis de l’ITRF 94 à l’ITRF 96. Ici, <strong>le</strong>s orbites sont calculéesdans l’ITRF 94 ou 96 (ce qui, on l’a vu, est équiva<strong>le</strong>nt), mais <strong>le</strong> système de référence auquel on se rattachepar <strong>le</strong> biais de la transformation sur <strong>le</strong>s positions de stations est l’ITRF97. La transformation globa<strong>le</strong>entre <strong>le</strong>s deux systèmes de référence ITRF 96 et 97 est encore une fois nul<strong>le</strong>, par contre, sa restriction ausous ensemb<strong>le</strong> des stations IGS servant à évaluer <strong>le</strong>s orbites précises (47 au moment du passage à l’ITRF97) est non nul<strong>le</strong> quoi que faib<strong>le</strong> (inférieure au centimètre sur <strong>le</strong>s positions, à 2 mm/an sur <strong>le</strong>s vitesses).L’incohérence entre <strong>le</strong>s deux systèmes n’a pas d’influence sur <strong>le</strong>s positions de stations, puisqu’el<strong>le</strong> estabsorbée par cette transformation à 7 paramètres. El<strong>le</strong> modifie par contre la va<strong>le</strong>ur des paramètres detransformation estimés entre la solution en réseau libre et <strong>le</strong>s deux jeux de coordonnées de l’ITRF 97.Nous n’avons pas appliqué de transformation préliminaire sur <strong>le</strong>s résultats en réseau libre pour exprimerceux-ci dans <strong>le</strong> système implicite ITRF 97 et homogénéiser <strong>le</strong> calcul. Les paramètres de transformation196


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.X translation (cm).1050-5Difference param. 96 et 97 - translation.Pente = - 5,2 mm/an.-101995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.010Y translation (cm).50-5Pente = 12,6 mm/an-101995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.010Pente = 1,1 mm/an.Z translation (cm).50-5-101995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.8 - Paramètres de transformation : différence sur la translation selon X, Y et Z entre <strong>le</strong>s solutions individuel<strong>le</strong>sjournalières du calcul global libre rattachées à l’ITRF96 et à l’ITRF97, avec <strong>le</strong>s trois stations de référence deKergue<strong>le</strong>n, Hobart et Santiago.globa<strong>le</strong> entre l’ITRF 96 et l’ITRF 97 sont nuls, et pour ramener <strong>le</strong>s orbites IGS calculées à partir de l’ITRF96 dans <strong>le</strong> système ITRF 97, il faudrait appliquer la transformation correspondant au passage d’unsystème à l’autre sur <strong>le</strong>s 47 stations IGS du calcul d’orbites seu<strong>le</strong>ment. Ces paramètres de transformationn’étant pas disponib<strong>le</strong>s, nous avons préféré évaluer une seu<strong>le</strong> série de paramètres de transformationpour absorber l’incohérence entre <strong>le</strong> système de référence implicite des orbites IGS (ITRF96) et celuiauquel on rattache maintenant la solution libre (ITRF 97).Nous ne donnons pas ici <strong>le</strong>s variations des paramètres de transformation de la combinaison solutionlibre - ITRF 97, mais seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur différence avec <strong>le</strong>s paramètres correspondant à la combinaison solutionlibre - ITRF 96 ( figures III.7, III.8 et III.9). La différence essentiel<strong>le</strong> sur ces paramètres de transformationconcerne <strong>le</strong>s paramètres de rotation, sur <strong>le</strong>squels la pente légère constatée avec l’ITRF 96 a presquedisparu. On retrouve <strong>le</strong> biais d’une quinzaine de centimètres sur la translation selon Z, compensé par unbiais dans <strong>le</strong>s variations du facteur d’échel<strong>le</strong>, qui correspond à la corrélation très forte de ces deux paramètres,due à la position géographique du réseau.Sur tous ces paramètres, on observe des variations importantes entre <strong>le</strong> rattachement ITRF 96 et <strong>le</strong> rattachmentITRF 97. Les va<strong>le</strong>urs moyennes sont <strong>le</strong>s mêmes (on peut constater sur <strong>le</strong>s figures III.7 à III.9l’absence de biais dans <strong>le</strong>ur comparaison), mais on observe des dérives systématiques. Sur <strong>le</strong>s paramètresde translation, une dérive de -5 mm/an sur la composante selon X, 13 mm/an sur la composante Y. Sur<strong>le</strong>s paramètres de rotation, -0,3 mas/an (soit environ 9 mm/an) selon la composante X, -0,26 mas/an (8mm/an) selon la composante Y. La différence de facteur d’échel<strong>le</strong> montre une dérive de -0,1 108/an, soitl’équiva<strong>le</strong>nt de -7 mm/an. Toutes ces différences correspondent à des variations globa<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> réseau rattachéà l’un ou l’autre système de référence, avec la même technique. El<strong>le</strong>s se répercutent sur <strong>le</strong>s positionset surtout <strong>le</strong>s vitesses (puisqu’il s’agit de dérives, et non de biais) de nos stations dans la solution rattachée.El<strong>le</strong>s traduisent un effet local de système de référence : sur <strong>le</strong> sous-ensemb<strong>le</strong> des stations de l’ITRFconstitué des stations IGS traitées dans ce calcul, il existe une transformation globa<strong>le</strong> non nul<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>spositions rattachées à l’ITRF 96 et à l’ITRF 97. On peut essayer de comparer <strong>le</strong>s transformations observées197


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.Difference param de transfo 96 et 97. Echel<strong>le</strong>.0.40Pente = -0.11 /anEchel<strong>le</strong> (10 -8)0.200.00-0.20-0.40-0.601995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.9 - Paramètres de transformation: différences sur <strong>le</strong> facteur d’échel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s solutions individuel<strong>le</strong>s journalièresdu calcul global libre rattaché à l’ITRF96 et à l’ITRF97, avec <strong>le</strong>s trois stations de référence de Kergue<strong>le</strong>n,Hobart et Santiago.sur ce réseau rattaché avec ce que l’on obtient sur <strong>le</strong>s mêmes stations, à partir des positions/vitesses ITRF96 et ITRF 97.Une combinaison ITRF 96-ITRF 97 donne <strong>le</strong>s paramètres de transformation suivants :Rotation Echel<strong>le</strong> TranslationX Y Z X Y ZPosition 0,24 0,64 -0,89 0,065 0,015 -0,24 -0,13Vitesse -0,10 0,39 -0,17 -0,003 -0,035 -0,063 -0,078Cette solution libre rattachée à l’ITRF 97 par une transformation à 7 paramètres est cel<strong>le</strong> qui nous a paruprésenter <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs critères de qualités par rapport au résultat cherché. C’est donc cette solution quisera dans la suite utilisée pour l’exploitation des séries temporel<strong>le</strong>s, en particulier pour la géophysique.Toutes <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s correspondant à la solution combinée XVMIX 3 ITRF97 sont données en annexeC.La série temporel<strong>le</strong> de la composante vertica<strong>le</strong> de cette solution rattachée sur la station de Casey (voir annexeC, figure C.2) permet de retrouver <strong>le</strong>s variations apparentes de la hauteur sur ellipsoïde déjà observéessur <strong>le</strong>s solutions contraintes directement lors de l’inversion GPS. Cette hauteur sur ellipsoïde augmenteprogressivement de 5 cm environ au début de l’année 1997, reste stab<strong>le</strong> puis revient à sa va<strong>le</strong>urinitia<strong>le</strong> en décembre 1997, au moment du remplacement du radome endommagé. Outre la confirmationde la détection de cet incident dans toutes <strong>le</strong>s solutions rattachées, on vérifie ainsi la capacité du rattachementpar transformation à 7 paramètres à retranscrire des comportements non linéaires.198


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.1.1.3. Solution XVMIX 2, ITRF 96La même technique de rattachement par combinaison de fichiers SINEX et estimation de 7 paramètresde transformation, puis application de ces paramètres de transformation aux solutions journalières libres,a été appliquée avec <strong>le</strong>s deux stations de référence de Auckland et Perth. Les résultats sont très similairesà ceux obtenus avec la solution XVMIX 3 ITRF96, aussi bien en ce qui concerne <strong>le</strong>s paramètres de transformationque <strong>le</strong>s positions fina<strong>le</strong>s du jeu de coordonnées combiné.Les résultats de ce mode de rattachement, ainsi que tous <strong>le</strong>s autres qui seront décrits par la suite, ne sontpas exploités directement : <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s obtenues ne sont pas présentées dans cette thèse. En revanche,el<strong>le</strong>s ont été utilisées pour l’évaluation de vitesses linéaires, et on tiendra compte des va<strong>le</strong>urs deces vitesses dans la définition des incertitudes des résultats.1.2. Filtre de Kalman : <strong>le</strong> logiciel GLOBK.L’ensemb<strong>le</strong> de logiciels GLOBK/GLRED/GLORG a été développé à la suite de GAMIT pour combinerdes jeux de coordonnées issus de la géodésie spatia<strong>le</strong> à l’aide d’un filtre de Kalman (GLOBK 1998).Le programme GLOBK permet d’évaluer des positions et des vitesses moyennes valab<strong>le</strong>s pour toutela période de l’étude à partir d’une série de fichiers SINEX de solutions individuel<strong>le</strong>s. Ces positions etvitesses peuvent être contraintes à des positions/vitesses a priori avec des contraintes variab<strong>le</strong>s selon<strong>le</strong>s stations. Le premier résultat obtenu est donc un ensemb<strong>le</strong> de positions/vitesses unique pour chaquestation, ce qui signifie que dans <strong>le</strong> cas de séries temporel<strong>le</strong>s longues comme <strong>le</strong>s notres, on supposeque toutes <strong>le</strong>s stations ont un comportement linéaire. A partir de ce jeu de positions/vitesses, on peutensuite procéder à un calcul inverse, de façon à obtenir à nouveau une série de solutions journalières, enintroduisant sur certaines stations l’estimation de paramètres stochastiques. Les stations sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>son n’aura pas évalué de paramètres stochastiques dans la solution inverse sont des stations de référence,pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la série temporel<strong>le</strong> obtenue in fine aura un comportement exactement linéaire, reproduisantla position/vitesse introduite a priori, aux contraintes près. Le principe de ce type de rattachementest très différent de la transformation à 7 paramètres du logiciel CATREF. Le choix des stations deréférence, contrairement au logiciel XVMIX, va jouer un rô<strong>le</strong> extrêmement important, ces stations sontvéritab<strong>le</strong>ment sacrifiées, puisque <strong>le</strong>urs positions et vitesses seront exactement cel<strong>le</strong>s de va<strong>le</strong>urs a priori(soit ITRF96 ou ITRF97).Une autre façon d’utiliser l’ensemb<strong>le</strong> GLOBK/GLRED/GLORG pour rattacher un réseau à un systèmede référence est de procéder d’une manière plus voisine de ce qui a été fait avec la transformation à7 paramètres, en combinant chaque solution journalière avec <strong>le</strong>s coordonnées ITRF96 ou 97 de la datecorrespondante, à l’aide du logiciel GLRED. Ce programme permet d’évaluer des ajustements, à partirdu résultat d’un calcul en réseau libre, par rapport aux positions de référence des mêmes stations, et cecisur chaque session journalière. On utilise de la même façon <strong>le</strong>s contraintes sur <strong>le</strong>s positions (puisqu’iln’y a plus lieu d’évaluer des vitesses) des différentes stations. Le rô<strong>le</strong> des stations de référence estintermédiaire entre ce qui se produit avec GLOBK, où el<strong>le</strong>s exercent une contrainte forte sur l’ensemb<strong>le</strong>de la série, et l’utilisation de la transformation à 7 paramètres. Le réseau lui-même peut être déformé,ce qui n’est pas <strong>le</strong> cas avec la transformation à 7 paramètres. On a donc testé ces différents moyens derattacher <strong>le</strong> réseau issu du calcul libre à l’ITRF 96 ou 97 à l’aide de GLOBK/GLRED, avec <strong>le</strong>s deux jeuxde stations de référence déjà évoqués, Hobart-Kergue<strong>le</strong>n-Santiago ou Auckland-Perth.Les données en entrée de ces transformations sont encore une fois <strong>le</strong>s fichiers résultats de la solutiongloba<strong>le</strong> en réseau libre issue de GAMIT, comprenant <strong>le</strong>s positions des différentes stations et <strong>le</strong>s matricesde variance-covariance complètes de la solution. On y adjoint un ensemb<strong>le</strong> de va<strong>le</strong>urs a priori pour <strong>le</strong>scoordonnées de stations (dans <strong>le</strong> cas d’un rattachement, il s’agit des positions des stations définissant <strong>le</strong>199


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.système de référence auquel on veut rattacher <strong>le</strong> réseau libre), et pour <strong>le</strong>s paramètres orbitaux des satellites,ainsi que <strong>le</strong>s paramètres d’orientation de la Terre. On obtient en sortie de la combinaison GLOBK unfichier donnant l’effet sur la solution initia<strong>le</strong> de cette combinaison, et <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs des paramètres estimés.On a choisi de présenter pour chaque méthode de rattachement utilisée <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s des deuxcomposantes horizonta<strong>le</strong>s sur la station de Casey, qui est la station considérée comme représentative àpartir de laquel<strong>le</strong> on donne des exemp<strong>le</strong>s de séries depuis <strong>le</strong> début, et sur la station de O’Higgins.Une comparaison généra<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s résultats obtenus par ces différentes méthodes de rattachementpermet de dégager quelques conclusions.Toutes <strong>le</strong>s méthodes utilisées, qu’il s’agisse de la transformation à 7 paramètres ou du filtre de Kalmanappliqué à la série entière ou aux solutions journalières, permettent d’obtenir des séries temporel<strong>le</strong>sexploitab<strong>le</strong>s pour la géophysique. La dispersion (répétitivité) obtenue grâce au calcul en réseau libre étaittrop é<strong>le</strong>vée pour pouvoir déduire des séries temporel<strong>le</strong>s des vitesses linéaires ou des mouvements nonlinéaires avec une précision meil<strong>le</strong>ure que quelques centimètres. Une fois rattachées, ces solutions ontune dispersion nettement inférieure, qui permet d’en extraire des vitesses linéaires avec une précision dequelques millimètres par an. On retrouve sur toutes <strong>le</strong>s séries un déplacement apparent vers <strong>le</strong> haut de 5cm de la hauteur sur ellipsoïde de la station de Casey au début de l’année 1997, et un retour à la norma<strong>le</strong>à la fin de cette année 1997, lors du remplacement du radome.Les comparaisons effectuées entre <strong>le</strong>s résultats des différentes techniques <strong>le</strong> sont sur un échantillonvolontairement limité de stations situées sur <strong>le</strong> sol antarctique, qui ne font pas partie des stations utiliséescomme stations de référence.La station de Casey est relativement proche de la station de Kergue<strong>le</strong>n (2100 km), qui fait partie desstations de référence utilisées dans <strong>le</strong>s rattachements à 3 stations, et pas trop éloignée des stationsaustraliennes de Perth et Hobart. El<strong>le</strong> se trouve dans tous <strong>le</strong>s cas bien contrainte par la géographie desstations de référence choisies (Hobart-Kergue<strong>le</strong>n-Santiago) ou (Auckland-Perth). Les vitesses linéairesobtenues sur <strong>le</strong>s deux composantes horizonta<strong>le</strong>s sont proches d’une technique de rattachement à l’autre,sans qu’on puisse dégager de systématisme concernant <strong>le</strong> logiciel ou <strong>le</strong> jeu de stations de référenceutilisés. El<strong>le</strong>s varient entre 2,8 et 11,1 mm/an pour la composante Est, la va<strong>le</strong>ur ITRF 96 étant éga<strong>le</strong> à4,2 mm/an, et entre -14,4 et -20,3 mm/an pour la composante Nord, la vitesse ITRF 96 étant éga<strong>le</strong> à-15,1 mm/an. Ces va<strong>le</strong>urs sont donc extrêmement homogènes, et ne permettent pas de discriminationentre <strong>le</strong>s différentes méthodes. Les différences sont par contre plus sensib<strong>le</strong>s sur la composante vertica<strong>le</strong>.Toutes <strong>le</strong>s techniques permettent de mettre en évidence <strong>le</strong>s variations de hauteur d’antenne apparenteliée au radome. Les vitesses linéaires obtenues après élimination des sessions où la hauteur d’antenneapparente est perturbée varient entre 0 et 11,1 mm/an, et restent dans tous <strong>le</strong>s cas inférieure à cel<strong>le</strong>donnée par l’ITRF 96 sur la même station, de 13,9 mm/an.La situation de O’Higgins est assez différente, puisque c’est la station antarctique qui se trouve de toutefaçon être la moins bien contrainte par la géographie du réseau. La seu<strong>le</strong> station extérieure est cel<strong>le</strong> deSantiago, qui est aussi la plus proche, avec une ligne de base de plus de 3000 km. Toutes <strong>le</strong>s autres stationsextérieures sont beaucoup plus éloignées, car situées sur la partie australienne et pacifique du réseau. Onpeut donc prévoir que <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s sur O’Higgins seront beaucoup plus sensib<strong>le</strong>s au choix du jeude stations extérieures(de référence)puisque dans un cas (3 stations) Santiago intervient, dans l’autre (2stations) non. On observe effectivement une partition des vitesses horizonta<strong>le</strong>s, particulièrement sensib<strong>le</strong>sur la composante Nord. El<strong>le</strong> varie entre 12,2 et 13,4 mm/an pour <strong>le</strong>s solutions rattachées sur 3 stationsde référence (la va<strong>le</strong>ur ITRF 96 est de 9,1 mm/an) et entre 25,5 et 25,9 mm/an pour <strong>le</strong>s rattachements sur2 stations de référence (rattachements effectués à l’aide du filtre de Kalman). La solution rattachée par200


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.combinaison, sur la base d’une transformation à 7 paramètres, est moins sensib<strong>le</strong> au choix des stationsde référence, et donne une composante Nord de 3,7 mm/an. La vitesse sur la composante Est varie entre12,0 et 15,6 mm/an pour <strong>le</strong> rattachement sur 3 stations, entre 6,2 et 10,1 mm/an pour celui sur 2 stations(vitesse ITRF 96 éga<strong>le</strong> à 15,5 mm/an). Sur chacune de ces deux composantes horizonta<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s vitessessont bien plus proches de cel<strong>le</strong>s de l’ITRF 96 quand <strong>le</strong>s stations <strong>le</strong>s plus contraintes lors du rattachementincluent cel<strong>le</strong> de Santiago. Lorsque seu<strong>le</strong>s deux stations de référence sont utilisées, la région proche de laPéninsu<strong>le</strong> est insuffisamment contrainte, et <strong>le</strong>s vitesses restent éloignées de cel<strong>le</strong>s de l’ITRF.Une comparaison des rattachements effectués à partir de deux stations de référence (figures III.16 ouIII.12 par exemp<strong>le</strong>) avec ceux effectués à l’aide de 3 stations de référence (figures III.14 ou III.10) montreun effet plus général : sur une période de quelques mois au milieu de l’année 1995, <strong>le</strong>s positions des sériesrattachées aux deux stations de Auckland et Perth sont très dispersées. Cela correspond à une période oùaucune donnée n’était disponib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s deux stations choisies comme stations de référence. Le rattachments’effectuant dans tous <strong>le</strong>s cas sur <strong>le</strong>s solutions journalières, il n’a pas d’effet sur la période pendantlaquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s positions des stations de référence n’existent pas.201


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.0.110.090.07Casey, solution combinee GLOBK 3 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.10 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Casey, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLOBK, 3 stations de référence.202


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.0.110.090.07O’Higgins, solution combinee GLOBK 3 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.11 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur O’Higgins obtenues à partirde la solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLOBK, 3 stations de référence.203


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.0.110.090.07Casey, solution combinee GLOBK 2 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.12 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Casey, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLOBK, 2 stations de référence.204


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.0.110.090.07O’Higgins, solution combinee GLOBK 2 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.13 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur O’Higgins obtenues à partirde la solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLOBK, 2 stations de référence.205


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.0.110.090.07Casey, solution combinee GLRED 3 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.14 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Casey, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLRED, 3 stations de référence.206


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.0.110.090.07O’Higgins, solution combinee GLRED 3 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.15 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur O’Higgins obtenues à partirde la solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLRED, 3 stations de référence.207


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.0.110.090.07Casey, solution combinee GLRED 2 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.16 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Casey, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLRED, 2 stations de référence.208


x1. RATTACHEMENT À UN SYSTÈME DE RÉFÉRENCE.0.110.090.07O’Higgins, solution combinee GLRED 2 ITRF96, 1995-98.Latitude combinee.Latitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.17 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur O’Higgins obtenues à partirde la solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec GLRED, 2 stations de référence.209


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.2. Analyse des séries temporel<strong>le</strong>s - Choix d’une technique de rattachement.Nous avons utilisé trois méthodes différentes pour rattacher <strong>le</strong> calcul en réseau libre à un système deréférence (ITRF 96 par exemp<strong>le</strong>). La première, utilisant <strong>le</strong> logiciel CATREF, se fonde sur la combinaisonde jeux de coordonnées par <strong>le</strong> biais d’une transformation à 7 paramètres. El<strong>le</strong> permet d’opérer globa<strong>le</strong>mentsur l’ensemb<strong>le</strong> du réseau, sans déformation interne : <strong>le</strong> géométrie relative des lignes de base estconservée. El<strong>le</strong> apparaît comme la moins dépendante du choix des stations de référence. L’approchechoisie pour l’évaluation de vitesses permet de décorré<strong>le</strong>r <strong>le</strong> résultat des vitesses des stations dans l’ITRF,puisque la combinaison s’effectue jour après jour, sur <strong>le</strong>s solutions journalières, en position seu<strong>le</strong>ment.Une seconde méthode utilisant <strong>le</strong> logiciel GLRED conserve ce principe d’évaluation journalière d’uneposition combinée, de manière complètement indépendante d’une session à l’autre. Il ne procède paspar combinaison, mais par ajustements sur <strong>le</strong>s positions de chaque station prise individuel<strong>le</strong>ment. Lagéométrie du réseau n’est pas conservée au cours de la transformation, qui se fait sur <strong>le</strong>s positions initia<strong>le</strong>sdes stations ramenées aux positions de référence, compte tenu des contraintes. Enfin, la techniquede rattachement à partir du logiciel GLOBK contraint davantage la vitesse des stations (même cel<strong>le</strong>s quine sont pas de référence) par rapport à cel<strong>le</strong> donnée par l’ITRF, puisqu’il commence par évaluer uneposition et un vitesse moyenne sur l’ensemb<strong>le</strong> de la série temporel<strong>le</strong>, proches des positions/vitesses ITRFcompte tenu des contraintes. Une inversion permet ensuite d’obtenir une série temporel<strong>le</strong> de positionsjournalières. Cette dernière méthode est la plus influencée par <strong>le</strong> choix des stations de référence; en effet,la position et la vitesse de ces dernières, sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on n’évalue pas de paramètres stochastiques,seront cel<strong>le</strong>s des stations de référence (soit <strong>le</strong>s positions/vitesses de l’ITRF 96), aux contraintes près.Toutes <strong>le</strong>s techniques de rattachement utilisées permettent de retrouver sur nos séries temporel<strong>le</strong>sdes variations non linéaires. On a vu que sur la composante vertica<strong>le</strong> de la station de Casey, toutes <strong>le</strong>sséries rattachées (figures III.10, III.12, III.14 et III.16) permettent de détecter une variation brusque, puisun retour à la norma<strong>le</strong>. Sur la composante vertica<strong>le</strong> de la station de O’Higgins (figures III.11, III.13, III.15et III.17) apparaissent <strong>le</strong>s mêmes variations saisonnières, qui semb<strong>le</strong>nt périodiques de période annuel<strong>le</strong>.Nous allons montrer dans la suite que <strong>le</strong>s résultats obtenus ne sont par contre pas équiva<strong>le</strong>nts en ce quiconcerne la dispersion des séries, et <strong>le</strong>s vitesses linéaires que l’on peut en extraire.2.1. Mouvements apparents sur la composante vertica<strong>le</strong>.Nous avons déjà évoqué dans <strong>le</strong> chapitre II <strong>le</strong>s mouvements brusques observés sur la composante vertica<strong>le</strong>de la station de Casey au début et à la fin de l’année 1997, qui correspondent vraisemblab<strong>le</strong>ment aubris puis au remplacement du radome couvrant l’antenne. Une autre série temporel<strong>le</strong> présente des variationsbrusques suspectes, il s’agit de la composante vertica<strong>le</strong> de la station de Hobart, donnée ici dans saversion issue du calcul en réseau libre rattaché à l’ITRF 97 par combinaison de jeux de coordonnées (figureIII.18). On observe une variation brusque d’environ -10 cm ainsi qu’un accroissement de la dispersionau jour 226 (14 août) de l’année 1998. Les informations de l’IGS (IGSmail 2034 et 2055) font état duremplacement du récepteur <strong>le</strong> 28 octobre 1998. On peut supposer que <strong>le</strong>s problèmes d’acquisition ayantprovoqué <strong>le</strong> remplacement de la station ont eu pour première conséquence cette variation apparente de lacomposante vertica<strong>le</strong>. La date du retour à la norma<strong>le</strong> dans la série temporel<strong>le</strong> ( jour 296, soit <strong>le</strong> 23 octobre)correspond au remplacement du récepteur. Les points de la période comprise entre <strong>le</strong> jour et <strong>le</strong> jour ontété retirées de la série avant évaluation d’une vitesse vertica<strong>le</strong>.210


x2. ANALYSE DES SÉRIES TEMPORELLES - CHOIX D’UNE TECHNIQUE DE RATTACHEMENT.Hobart, ellips. height (meters).Hobart, vertica<strong>le</strong> solution combinee XVMIX 3 ITRF97 1995-1998.0.200.150.100.050.00-0.05-0.10Free solution.-0.15-0.201995.001995.251995.50 1995.751996.001996.25 1996.501996.75 1997.001997.251997.50 1997.751998.001998.25 1998.501998.75 1999.00FIG. III.18 -combinaison.Composante vertica<strong>le</strong> sur la station de Hobart, calcul global en réseau libre rattaché à l’ITRF 97 par211


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.2.2. Analyse de Fourier.Les séries temporel<strong>le</strong>s lissées présentées par la technique utilisée dans la section précédente peuventêtre soumises à une recherche de périodes propres, en particulier on pourrait s’attendre à des variationsannuel<strong>le</strong>s ou saisonnières corrélées avec <strong>le</strong>s variations des paramètres météorologiques. Un premier examendes séries obtenues sur <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s de Casey ne semb<strong>le</strong>nt pas révé<strong>le</strong>r de signalpériodique. Ces composantes horizonta<strong>le</strong>s ont fait l’objet d’une recherche de signaux périodiques, par <strong>le</strong>biais d’un programme de périodogramme, utilisé dans l’analyse de séries temporel<strong>le</strong>s au bureau centralde l’IERS (Feissel 1997). La seu<strong>le</strong> composante sur laquel<strong>le</strong> on détecte un signal périodique marqué est lacomposante vertica<strong>le</strong> sur la station de O’Higgins.La figure III.19 montre une comparaison entre <strong>le</strong>s variations de cette composante vertica<strong>le</strong> à laquel<strong>le</strong> on a0.100.08Vertica<strong>le</strong> OHIG, moyenne 30 j.Sinusoide periode 365 j.0.060.040.020.00−0.02−0.04−0.06−0.08−0.10100 300 500 700 900 1100 1300 1500FIG. III.19 - Variations de la composante vertica<strong>le</strong> de la station de O’Higgins, solution globa<strong>le</strong> libre rattachée àl’ITRF 97 par combinaison (transformation à 7 paramètres), lissée par une moyenne glissante sur 30 jours. La tendance,calculée par régressionlinéaire, a été otée. Ces variations vertica<strong>le</strong>s, données en m, sont ici comparées avec unesinusoïde de période 365 jours et d’amplitude 5 cm.en<strong>le</strong>vé une vitesse linéaire calculée par simp<strong>le</strong> régression, et appliqué une moyenne glissante de période30 jours, et <strong>le</strong>s variations d’une sinusoïde de période 365 jours, d’amplitude 5 cm. La composante vertica<strong>le</strong>sur la station de O’Higgins semb<strong>le</strong> donc présenter un signal périodique, de période annuel<strong>le</strong>, et d’amplitude3 à 5 cm. Le coefficient de corrélation entre <strong>le</strong>s deux courbes de la figure III.19 est de 0,689, coefficienttrès significatif dans la mesure où il est calculé sur plus de 1000 points pour chaque courbe, même si <strong>le</strong>s212


x2. ANALYSE DES SÉRIES TEMPORELLES - CHOIX D’UNE TECHNIQUE DE RATTACHEMENT.points ne peuvent être considérés comme parfaitement indépendants. On a effectué sur cette série temporel<strong>le</strong>une recherche de fréquence propre par <strong>le</strong> biais du programme de spectre en fréquence de l’IERS.La figure III.20 présente <strong>le</strong>s résultats de cette recherche, comparés avec <strong>le</strong> spectre obtenu à partir d’une sinusoïdede période 365 jours. On obtient ainsi pour la composante vertica<strong>le</strong> de O’Higgins une fréquencepropre très marquée à un an, soit exactement identique à cel<strong>le</strong> de la sinusoïde témoin.La présence de variations périodiques annuel<strong>le</strong>s dans la composante vertica<strong>le</strong> de O’Higgins, si el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong>0.95Spectre vertica<strong>le</strong> OHIG.Spectre sinusoide periode 365 j.0.750.550.350.15−0.050 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20FIG. III.20 - Spectre en fréquence obtenu sur <strong>le</strong>s variations de la composante vertica<strong>le</strong> sur la station de O’Higgins,comparé avec celui d’une sinusoïde de période annuel<strong>le</strong>. Les fréquences sont données en années1.très nette, est assez diffici<strong>le</strong> à expliquer. L’amplitude des variations observées nous a incité à la relier auxvariations des paramètres troposphériques estimés au cours de l’inversion sur cette même station. Lescorrections troposphériques sous forme de paramètres estimés au cours de l’inversion GPS sont particulièrementsensib<strong>le</strong>s aux variations de taux d’humidité. La composante sèche est correctement modéliséepar <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s proposés par exemp<strong>le</strong> par Saastamoinen (1972), la composante humide justifie l’évaluationde paramètres de correction toutes <strong>le</strong>s 3 heures (par exemp<strong>le</strong>). Il paraît donc assez naturel de chercherà relier des variations saisonnières de la hauteur apparente avec cel<strong>le</strong>s du taux d’humidité, ou de la température,dans la mesure où, aux basses latitudes, <strong>le</strong>s deux sont fortement corrélés. Les corrections troposphériquessur la station de O’Higgins entre 1995 et 1998 estimées au cours du calcul en réseau global sontdonnées figure III.20. Cette représentation permet de constater l’absence de signal périodique compatib<strong>le</strong>avec la période annuel<strong>le</strong> observée sur la composante vertica<strong>le</strong>.La variation périodique sur la vertica<strong>le</strong> de O’Higgins est découplée des variations des paramétres de cor-213


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.2.5Param. meteo O’Higgins 1995-1998.2.4Param. meteo.Moyenne glissante 30 j.2.42.32.22.22.12.11995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. III.21 - Variations des paramètres de correction troposphérique estimés au cours de l’inversion GPS sur lastation de O’Higgins, entre 1995 et 1998.Les variations sont donnéesen m, <strong>le</strong> trait noir fin correspondaux paramètresde correction des solutions journalières (une estimation toutes <strong>le</strong>s 3 heures), <strong>le</strong> trait gris épais à la moyenne sur 30jours de ces corrections.rection troposphérique. Une autre interprétation consiste à supposer que ces paramètres de composantehumide de la correction troposphérique ne sont pas évalués correctement. Le retard qui serait norma<strong>le</strong>mentabsorbé par la correction atmosphérique reste sur la distance apparente satellite-station, et se traduitfina<strong>le</strong>ment en grande partie sur la composante vertica<strong>le</strong> de la position. En cas de retard positif mal évalué,la station se trouve alors apparemment à une hauteur ellipsoïda<strong>le</strong> inférieure à sa hauteur réel<strong>le</strong>. C’est<strong>le</strong> cas pour une atmosphère plus humide, comme cel<strong>le</strong> de l’Antarctique en été, et on a vu que la hauteurde la station de O’Higgins était la plus faib<strong>le</strong> précisemment pendant cette période estiva<strong>le</strong>. Par contre,une mauvaise prise en compte de la correction troposphérique humide semb<strong>le</strong> peu probab<strong>le</strong>, dans la mesureoù il s’agit d’un paramètre estimé au cours de l’inversion par moindres carrés au même titre que <strong>le</strong>spositions de stations, par exemp<strong>le</strong>, contrairement à la composante sèche de cette même correction troposphérique.Cette variation saisonnière de la composante vertica<strong>le</strong> sur O’Higgins doit donc refléter un mouvementdu centre de phase de l’antenne GPS. Deux interprétations sont alors possib<strong>le</strong> : il peut s’agir de variationsdu centre de phase sans lien avec <strong>le</strong> sol, ou bien de mouvements effectifs de la croûte terrestre. Dans uncas comme dans l’autre, <strong>le</strong> mécanisme à l’origine de ces oscillations doit faire intervenir <strong>le</strong>s variations detempératures sur <strong>le</strong> site. Si on suppose que <strong>le</strong> centre de phase de l’antenne est <strong>le</strong> seul à se déplacer, ces variationsdevraient s’expliquer par une dilatation du matériau constituant <strong>le</strong> pilier géodésique sur <strong>le</strong>que<strong>le</strong>st installée l’antenne, ou un déplacement du centre de phase seul en fonction de la température. Des variationsd’amplitude proche de 10 cm au total sont diffici<strong>le</strong>s à expliquer par ce genre de mécanismes. Nous214


x2. ANALYSE DES SÉRIES TEMPORELLES - CHOIX D’UNE TECHNIQUE DE RATTACHEMENT.chercherons donc dans <strong>le</strong> chapitre suivant, consacré à l’interprétation géophysique de nos résultats, uneexplication à des oscillations vertica<strong>le</strong>s de la croûte d’un tel ordre de grandeur.Une autre explication fait appel à l’influence de l’accumulation de neige autour de l’antenne et sur <strong>le</strong> radome.Nous avons cherché à comparer <strong>le</strong>s variations saisonnières de la composante vertica<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> cumul deCumul de neige a Palmer en tenant compte du vent, 1995-1998.2622Alti a OHIGHauteur de neige (cumul)18141062-20 200 400 600 800 1000 1200 1400FIG. III.22 - Variations comparées de la composante vertica<strong>le</strong> sur la station de O’Higgins et de la neige accumulée(calculée en tenant compte du vent et des températures comme expliqué dans <strong>le</strong> texte) sur la station de Palmer. Lesdeux variations sont données en cm.neige près de la station, selon la même démarche que cel<strong>le</strong> utilisée par Jaldehag et al. (1996), comme celaa été exposé en théorie dans la partie 4.2., page 145. Les données météorologiques de température et précipitationsne sont malheureusement pas disponib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> site même de la station, mais sur la station dePalmer, à 340 km environ de cel<strong>le</strong> de O’Higgins. Une tel<strong>le</strong> distance peut paraître importante, et suffisantepour empêcher des comparaisons efficaces entre <strong>le</strong>s deux sites, mais on <strong>le</strong>s deux sites sont tous deux situéssur la côte Ouest de la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s variations climatiques devraient être comparab<strong>le</strong>s, au moins au premierordre. La technique de calcul de l’accumulation de neige autour de l’antenne reprend <strong>le</strong> principe decel<strong>le</strong> de Jaldehag et al. (1996), en tenant compte d’une spécificité climatique de l’Antarctique : la présencefréquente de vent fort devrait influencer l’accumulation de neige autour de l’antenne. Ce dernier facteurdépend évidemment de l’exposition de l’antenne, sur laquel<strong>le</strong> nous ne disposons pas d’informations précises.Nous nous contenterons donc de supposer que du vent de vitesse supérieure à une va<strong>le</strong>ur seuil asur la neige accumulée <strong>le</strong> même effet qu’une température supérieure à 0C : la totalité de la neige est en<strong>le</strong>véede la surface du radome. L’antenne du site de O’Higgins (Dorne Margolin Choke Ring) est installéesur un pilier géodésique et surmontée d’un radome conique. Sur la figure III.22, on compare <strong>le</strong>s variationsde la composante vertica<strong>le</strong> sur la station de O’Higgins, et <strong>le</strong> cumul de neige calculé sur la stationde Palmer, en supposant que la neige accumulée disparaît entièrement dès que la température dépasse215


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.0C ou que la vitesse moyenne du vent dépasse <strong>le</strong>s 10 nœuds. La corrélation entre <strong>le</strong>s deux va<strong>le</strong>urs n’estpas aussi bonne que sur <strong>le</strong> réseau GPS suédois, mais on constate malgré tout une bonne ressemblancedes variations de la composante vertica<strong>le</strong> avec cel<strong>le</strong>s de l’accumulation de neige (signe de la variationpar exemp<strong>le</strong>). O’Higgins étant situé plus au Nord que Palmer, <strong>le</strong> climat devrait y être plus doux, ce quise traduit par des températures plus fréquemment supérieures à 0C, mais aussi des précipitations plusabondantes et plus fréquentes. La ressemblance du cumul de neige avec <strong>le</strong>s variations de la composantevertica<strong>le</strong> devrait donc être meil<strong>le</strong>ure.Il peut donc s’agir d’une explication assez concluante de ces variations saisonnières. Nous manquons dedonnées plus précises sur la quantité réel<strong>le</strong> de neige accumulée sur <strong>le</strong> site même (sur l’antenne en particulier)et non pas à 340 km. Il faudrait de plus connaître <strong>le</strong> type de neige dont il s’agit, et quantifier <strong>le</strong> retarddu signal susceptib<strong>le</strong> d’apparaître à la traversée d’une couche d’épaisseur donnée. Les corrélations observéessur la figure III.22 sont de plus assez approximatives, la composante vertica<strong>le</strong> étant par exemp<strong>le</strong>beaucoup mieux corrélée aux variations de températures sur <strong>le</strong> site de Palmer (il s’agit alors d’une corrélationinverse). On peut remarquer que <strong>le</strong> caractère parfaitement saisonnier du signal <strong>le</strong> relie à des variationsclimatiques. Il peut s’agir de température, d’humidité, de précipitations, mais comme ces différentssignaux sont très corrélés entre eux, et peuvent influencer <strong>le</strong> résultat d’une mesure par <strong>le</strong> biais d’une panoplieassez vaste de mécanismes, il est diffici<strong>le</strong> de trancher sans information supplémentaire. On peutretenir la piste des variations de températures (dilatation du pilier ou composante atmosphérique), de lacomposante humide de la correction troposphérique ou du cumul de neige sur <strong>le</strong> site, mais on ne doit paspour autant négliger l’hypothèse d’un réel mouvement de la croûte, qui serait éga<strong>le</strong>ment connecté auxvariations climatiques. On cherchera des explications à des mouvements verticaux d’une tel<strong>le</strong> amplitudedans <strong>le</strong> chapitre IV d’interprétation géophysique, en relation avec <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s à plus long termesur l’ensemb<strong>le</strong> des stations antarctiques.216


x2. ANALYSE DES SÉRIES TEMPORELLES - CHOIX D’UNE TECHNIQUE DE RATTACHEMENT.2.3. Vitesses linéaires.Quelques séries temporel<strong>le</strong>s, on l’a vu dans <strong>le</strong> chapitre II de cette partie, ou encore dans <strong>le</strong> paragrapheprécédent, permettent de déduire pour certaines stations des comportements non linéaires, parfoisexplicab<strong>le</strong>s par l’état de l’antenne. Dans la plupart des cas, <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s ne permettent pasd’autre analyse que cel<strong>le</strong> du bruit et de l’extraction de vitesses linéaires. Ces vitesses linéaires, qui serontensuite interprétées relativement à la tectonique des plaques, ou à d’autres déformations propres àl’Antarctique, ont été déduites de toutes <strong>le</strong>s séries obtenues grâce à toutes <strong>le</strong>s techniques de rattachementde la solution globa<strong>le</strong> libre détaillées dans <strong>le</strong> chapitre II. El<strong>le</strong>s ont été extraites des séries temporel<strong>le</strong>sdes trois composantes des solutions journalières rattachées de toutes <strong>le</strong>s stations par simp<strong>le</strong> régressionlinéaire, effectuée grâce au logiciel XMGR. Les barres d’erreurs formel<strong>le</strong>s obtenues sur l’estimation deces vitesses ne dépendent que de la dispersion des séries, de <strong>le</strong>ur éta<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> temps et du nombrede solutions journalières sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s est effectuée la régression (généra<strong>le</strong>ment plus de 900, ce quicorrespond à 4 ans de données). Ces barres d’erreurs sont proches de 1 mm/an pour <strong>le</strong>s composanteshorizonta<strong>le</strong>s de la plupart des stations, et peuvent atteindre 2 à 3 mm/an pour la composante vertica<strong>le</strong>,dont la dispersion est plus importante. On constate que <strong>le</strong>s différences entre vitesses obtenues sur unemême station, rattachée à un système de référence par des techniques différentes, sont plus importantesque ce qui est indiqué par ces barres d’erreurs formel<strong>le</strong>s. On <strong>le</strong>s considère donc comme trop sous-évaluéespour être représentatives de la précision réel<strong>le</strong> obtenue sur <strong>le</strong>s vitesses des stations, et el<strong>le</strong>s ne sont pasmentionnées dans <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux suivants, qui donnent <strong>le</strong>s vitesses linéaires sur <strong>le</strong>s trois composantes pourtoutes <strong>le</strong>s stations du réseau global.Vitesses en mm/an XVMIX 96 Vitesses en mm/an XVMIX 97Station Est Nord Vertica<strong>le</strong> Station Est Nord Vertica<strong>le</strong>AUCK 19 42 4 AUCK 6 32 8CAS1 11 -15 11 CAS1 8 -13 9CHAT -26 37 6 CHAT -40 27 7DAV1 3 -14 9 DAV1 2 -10 6DUM1 25 -10 13 DUM1 19 -12 26HOB2 22 57 0 HOB2 14 50 0KERG 7 -12 5 KERG 8 -10 2MAC1 -1 31 7 MAC1 -9 25 9MCM4 18 -9 20 MCM4 14 -11 14OHIG 11 4 25 OHIG 13 5 16PERT 44 55 0 PERT 40 49 7SANT 18 9 17 SANT 20 14 1MAW1 -23 -13 -6 MAW1 6 -15GOUG 16 12 GOUG 26 -4VESL -20 11 17 VESL -12 0,4PALM 23 47 PALM 23 47217


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.Vitesses en mm/an GLOBK 3 96 Vitesses en mm/an GLOBK 2 96Station Est Nord Vertica<strong>le</strong> Station Est Nord Vertica<strong>le</strong>AUCK 11 37 5CAS1 3 -14 5 CAS1 6 -18 0CHAT -34 30 5 CHAT -24 35 2DAV1 -4 -8 0 DAV1 -5 -14 -4DUM1 15 -11 19 DUM1 25 -13 1HOB2 22 53 0KERG 3 -9 -8MAC1 -6 28 2 MAC1 1 28 -3MCM4 14 -16 10 MCM4 23 -16 8OHIG 16 12 17 OHIG 10 26 11PERT 41 54 -1SANT 14 29 10MAW1 6 -9 -12 MAW1 -3 -27 -33GOUG 20 7 29 GOUG -8 20 23VESL -5 2 9 VESL -37 7 -4Vitesses en mm/an GLRED 3 96 Vitesses en mm/an GLRED 2 96Station Est Nord Vertica<strong>le</strong> Station Est Nord Vertica<strong>le</strong>AUCK 14 35 6 AUCK 21 42 1CAS1 5 -15 6 CAS1 11 -20 0CHAT -31 30 6 CHAT -24 37 3DAV1 -2 -10 0 DAV1 -2 -17 -8DUM1 16 -13 16 DUM1 27 -13 1HOB2 18 52 0 HOB2 25 53 0KERG 5 -9 5 KERG -2 -13 -10MAC1 -4 27 4 MAC1 5 29 -1MCM4 16 -15 12 MCM4 26 -13 9OHIG 12 13 15 OHIG 6 25 13PERT 42 52 -1 PERT 46 54 -3SANT 17 19 8 SANT 11 29 14MAW1 0 -17 -16 MAW1 -3 -31 -38GOUG 9 11 60 GOUG 11 21 20VESL -19 5 6 VESL -42 4 -10218


x2. ANALYSE DES SÉRIES TEMPORELLES - CHOIX D’UNE TECHNIQUE DE RATTACHEMENT.Vitesses en mm/an ITRF 96 Vitesses en mm/an ITRF 97Station Est Nord Vertica<strong>le</strong> Station Est Nord Vertica<strong>le</strong>AUCK 21,6 39,3 0,7 AUCK 5,5 38,8 3CAS1 4,2 -16 13,9 CAS1 3 -12,2 10,6CHAT -15,2 33,9 1,1 CHAT -39,5 30,8 1,1DAV1 -6,2 -10,9 1,3 DAV1 -1,8 -7 5,7DUM1 -8 -18,5 5,9 DUM1 4,3 -15,3 0,9HOB2 18 55,9 1,3 HOB2 15,4 53 1,5KERG -0,2 -6,9 6,9 KERG 6,3 -5,9 8,6MAC1 -1,2 30,4 0,7 MAC1 -6,9 29,3 3,4MCM4 17 -11,4 27,4 MCM4 12,6 -11,8 6,9OHIG 15,5 9,1 1,8 OHIG 15,2 9,1 13,4PERT 42,9 55,8 0,3 PERT 40 55,5 2,7SANT 18,2 13,7 8,1 SANT 18 13,4 7,9MAW1 -0,3 -5,3 39,3Vitesses en mm/an NNR-Nuvel1-AStation Est NordAUCK 4,4 37CAS1 1,9 -8,7CHAT -40,5 31,4DAV1 -2,2 -2,9DUM1 6,7 -11,6HOB2 12,8 54,4KERG 6,4 -1,3MAC1 -5 48,4MCM4 7,5 -11,7OHIG 16,3 10,2PERT 38 59,2SANT -0,9 9,5MAW1 -2,1 0,3219


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.Les vitesses que nous retenons comme solutions exploitées dans la suite sont données par <strong>le</strong>s deux tab<strong>le</strong>auxsuivants, avec <strong>le</strong>s barres d’erreurs issues des comparaisons entre <strong>le</strong>s résultats des différentes techniquesde rattachement d’une même solution libre.Vitesses en mm/an ENS 96Station Est Nord Vertica<strong>le</strong>AUCK 196 427 43CAS1 116 -155 1111CHAT -275 376 63DAV1 36 -144 917DUM1 2510 -103 1312HOB2 224 575 03KERG 710 -123 515MAC1 -16 314 78MCM4 188 -95 2112OHIG 115 420 2512PERT 442 552 02SANT 187 920 1710MAW1 -2323 -1320GOUG 167 1210VESL -2022 1120PALM 2320 477Vitesses en mm/an ENS 97Station Est Nord Vertica<strong>le</strong>AUCK 66 327 43CAS1 86 -135 911CHAT -405 276 73DAV1 26 -104 617DUM1 1910 -123 2612HOB2 154 505 03KERG 810 -103 215MAC1 -96 254 98MCM4 148 -115 1412OHIG 135 520 1612PERT 402 492 72SANT 207 1420 110MAW1 623 -1520GOUG 267 -410VESL -1222 120PALM 2320 477220


x3. CONCLUSION.3. Conclusion.Nous avons exposé dans cette partie <strong>le</strong>s différentes techniques que nous avons employées dans cetteétude pour rattacher notre solution GPS en réseau libre, sur l’ensemb<strong>le</strong> du réseau Antarctique élargi, àl’un ou l’autre système de référence. La technique montrant <strong>le</strong> moins de dépendance vis à vis du choixdes stations de référence est la combinaison à 7 paramètres effectuée sur <strong>le</strong>s solutions journalières. C’estdonc cette stratégie que nous avons retenue pour l’obtention des séries temporel<strong>le</strong>s exploitées par la suite.Nous analysons aussi bien <strong>le</strong>s résultats provenant du rattachement à l’ITRF 96 et à l’ITRF 97. Ce choix deconserver <strong>le</strong>s deux systèmes de référence se justifie par <strong>le</strong>ur complémentarité. L’ITRF 96 est celui dans<strong>le</strong>quel ont eu lieu tous <strong>le</strong>s calculs d’orbites IGS jusqu’à la fin de l’année 1998, soit la fin de nos séries temporel<strong>le</strong>s.Le système ITRF 97 n’etait toujours pas adopté officiel<strong>le</strong>ment au moment où nous avons exploitéces résultats. Par ail<strong>le</strong>urs, l’ITRF 97 incluant une plus grande quantité de données sur la région antarctiqueet péri-antarctique (plus de stations, séries temporel<strong>le</strong>s plus longues sur l’ensemb<strong>le</strong> des stations), sasolution montre une amélioration notoire sur cette région. Nous présentons donc conjointement deux solutions,ENS 96 ou ENS 97, rattachées respectivement aux deux systèmes de référence ITRF 96 ou ITRF 97.Les séries temporel<strong>le</strong>s du calcul global en réseau libre rattaché à l’un ou l’autre système de référenceont été analysées ensuite dans <strong>le</strong> but d’en extraire des signaux géophysiques, vitesses linéaires, variationsbrusques ou périodiques.La seu<strong>le</strong> série sur laquel<strong>le</strong> une analyse de Fourier simp<strong>le</strong> fait apparaître un signal périodique net estcel<strong>le</strong> de la composante vertica<strong>le</strong> de O’Higgins. On détecte sur cette station un signal sinusoïdal depériode 365 jours et d’amplitude 5 cm environ. Ce signal peut diffici<strong>le</strong>ment être mis en rapport avec<strong>le</strong>s variations des paramètres de corrections troposphériques sur <strong>le</strong> même site, qui ne montrent aucunsignal périodique. Les explications proposées ici font référence à un déplacement saisonnier du centre dephase apparent de l’antenne en liaison avec <strong>le</strong>s paramètres climatiques. Il peut s’agir d’un retard sur <strong>le</strong>signal GPS provoqué par <strong>le</strong>s précipitations de neige près du site, ou de variations liées à la températures.L’explication la plus plausib<strong>le</strong> jusqu’à présent concerne l’accumulation de neige autour de l’antenne etsur <strong>le</strong> radome. En l’absence de données précises sur l’enneigement sur <strong>le</strong> site même de la station, onne peut considérer cette hypothèse comme une explication définitive. Les variations détectées sont trèsprobab<strong>le</strong>ment causées par des variations de paramètres climatiques, qui sont sur cette région austra<strong>le</strong>très corrélés entre eux. On ne peut donc conclure sans données climatiques supplémentaires.Dans <strong>le</strong> chapitre suivant, on cherchera à expliquer ces variations vertica<strong>le</strong>s par des mouvements du sollocaux, liés à des phénomènes glaciaires saisonniers.Sur <strong>le</strong>s stations de Casey et Hobart, <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s rattachées montrent des variations brusques,qui s’écartent sensib<strong>le</strong>ment des vitesses linéaires. Dans <strong>le</strong>s deux cas, el<strong>le</strong>s portent sur la composantevertica<strong>le</strong>, et s’expliquent assez bien par des modifications de l’état de l’antenne GPS. A Casey, <strong>le</strong> radomea été endommagé, puis remplacé à des dates qui correspondent aux mouvements observés, à Hobart<strong>le</strong> récepteur a été remplacé peu de temps après la déviation constatée. Ce type de signaux démontreune fois de plus la nécessité de travail<strong>le</strong>r sur des séries continues de données GPS traitées en sessionsjournalières. Une variation brusque du signal ne peut être détectée que grâce à des séries temporel<strong>le</strong>sde stations permanentes. Les données des périodes incriminées sont ensuite rétirées de la série avantestimation d’une vitesse linéaire à long terme.La plupart des séries ne se prêtent pas à d’autres interprétations statistiques que l’extraction de vitesseslinéaires. On a donc évalué des vitesses moyennes sur <strong>le</strong>s 4 ans de données, pour <strong>le</strong>s 3 composantes221


CHAPITRE III. ANALYSE GÉODÉSIQUE DES RÉSULTATS.de chaque station incluse dans l’analyse globa<strong>le</strong> et obtenues à partir de toutes <strong>le</strong>s techniques de rattachementdu calcul libre à l’ITRF 96 ou à l’ITRF 97 (logiciel CATREF seu<strong>le</strong>ment). Ces vitesses, dénommées ENS96 ou ENS 97 en fonction du système de référence auxquel<strong>le</strong>s sont rattachées nos solutions, sont donnéesavec une incertitude, obtenue en faisant <strong>le</strong> bilan des différentes techniques de rattachement. El<strong>le</strong>s sontdans la partie suivante comparées à cel<strong>le</strong>s prédites par NNR-Nuvel1-A sur ces mêmes stations, ou à cel<strong>le</strong>sobtenues par l’ITRF 96 et l’ITRF 97.222


CHAPITRE IVINTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.The most exciting phrase to hear in Science, the one that healdsnew discoveries, is not ”Eureka!” (”I found it !”) but rather”Hmmm:::that’s funny”.Isaac AsimovLes résultats obtenus à la suite du calcul GPS sur <strong>le</strong> réseau global Antarctique traité en réseau libre etrattaché à un système de référence (ITRF96 puis ITRF97) ont été interprétés sous formes de vitesses horizonta<strong>le</strong>set vertica<strong>le</strong>s. Ces vitesses absolues peuvent être comparées aux résultats obtenus par géodésiespatia<strong>le</strong> (à commencer par <strong>le</strong>s vitesses sur <strong>le</strong>s mêmes stations des solutions ITRF96 et ITRF97) ou àdes prédictions de mouvements (par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s vitesses tectoniques de rotation de plaques extraites deNNR-Nuvel1-A).Ces résultats (vitesses vertica<strong>le</strong>s et horizonta<strong>le</strong>s) donnent lieu à une interprétation géophysique relativeà la tectonique des plaques, à la tectonique régiona<strong>le</strong> (sismicité et bordure de plaques en particulier), etau rebond visqueux (rebond post-glaciaire, relatif à la dernière déglaciation), ou élastique (variations actuel<strong>le</strong>sde masse de glace, par exemp<strong>le</strong> sur la Péninsu<strong>le</strong>).On doit garder à l’esprit tout au long de ce chapitre que <strong>le</strong>s stations GPS à partir desquel<strong>le</strong>s on se livre àcette interprétation sont au nombre de 4 sur tout <strong>le</strong> continent Antarctique, 5 si l’on y ajoute Dumont (quine fournit de données permanentes que depuis un peu plus d’un an). Les résultats ne prétendent donc pasêtre représentatifs de ce qui se passe sur toute la surface du continent. Sur la Péninsu<strong>le</strong>, région antarctiquesur laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> rebond est <strong>le</strong> plus fort d’après <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s, on ne dispose que d’une station permanente,O’Higgins. Le nombre restreint de stations limite l’utilisation des différentes techniques d’interprétation :estimer une vitesse et un pô<strong>le</strong> de rotation de plaque tectonique à partir des 5 ou 6 stations de la plaqueAntarctique a un sens, calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s tenseurs de déformations sur des points répartis de façon très peu homogèneet séparés par de tel<strong>le</strong>s distances n’en a pas. Les vitesses vertica<strong>le</strong>s observées sur l’ensemb<strong>le</strong> del’Antarctique demandent à être confirmées par des mesures sur des points voisins, ce qui devrait être <strong>le</strong>cas dès que <strong>le</strong>s données des nouvel<strong>le</strong>s stations permanentes de Mawson, Palmer, Dumont et Sanae serontexploitab<strong>le</strong>s sur des durées suffisantes.1. Interprétation géophysique des vitesses horizonta<strong>le</strong>s.Cette partie présente <strong>le</strong>s résultats obtenus pour <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> calcul en réseau librerattaché à l’ITRF 96 ou 97. On a cherché à estimer <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur pô<strong>le</strong> de rotation et à interpréter <strong>le</strong>s résiduspar rapport aux vitesses de rotation de plaque correspondant à ce pô<strong>le</strong>.1.1. Réseau rattaché à l’ITRF96.Nous avons d’abord cherché à interpréter géophysiquement <strong>le</strong>s vitesses issues de la solution enréseau global libre, rattachée aux positions journalières de l’ITRF 96 par une transformation à 7 para-223


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.0˚330˚ITRF 96ENS 9630˚GOUG300˚60˚SANTOHIGPALMVESLMAW1KERGDAV1270˚AMUN90˚CAS1MCM4DUM1PERTMAC1240˚HOB2120˚CHATAUCK210˚150˚180˚FIG. IV.1 - Vitesses horizonta<strong>le</strong>s de la solution globa<strong>le</strong>, réseau libre, rattachée à l’ITRF 96 par la transformation à7 paramètres sur 3 stations (solution ENS 96), indiquée par <strong>le</strong>s flèches blanches, et comparée aux vitesses horizonta<strong>le</strong>spour l’ITRF 96 (flèches noires). L’échel<strong>le</strong> de 1 cm/an est indiquée en haut de la figure. Les ellipses d’erreur pourla solution ENS 96 représentent <strong>le</strong>s différences entre toutes <strong>le</strong>s solutions libres rattachées à l’ITRF 96 de plusieursmanières différentes.mètres. Cette manière de rattacher <strong>le</strong> réseau à un système de référence est cel<strong>le</strong> que nous avons choisiecomme solution définitive, pour l’interprétation géophysique, nous la désignerons dans la suite par(solution ENS 96)). Les vitesses obtenues sont cel<strong>le</strong>s qui résultent d’une régression linéaire sur <strong>le</strong>s sériestemporel<strong>le</strong>s issues des transformations à 7 paramètres sur <strong>le</strong>s solutions journalières successives, par<strong>le</strong> biais de XMGR. Les ellipses d’erreur formel<strong>le</strong>s obtenues à la suite de cette régression linéaire parXMGR sont très petites (entre 1 et 3 mm/an) et ne sont pas représentatives de la précision réel<strong>le</strong> surces vitesses horizonta<strong>le</strong>s. Aussi avons-nous préféré représenter des ellipses d’erreurs rendant comptedes disparités maxima<strong>le</strong>s observées sur ces estimations de vitesses linéaires, en fonction des différentestechniques de rattachement à l’ITRF 96 que nous avons utilisées (GLOBK sur 2 ou 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s,GLRED de même). Ces ellipses correspondent aux écarts maximum sur <strong>le</strong>s deux composantes de la224


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.vitesse horizonta<strong>le</strong>. Compte tenu des fiabilités diverses des techniques de rattachement (en particulierdu rattachement avec GLOBK sur l’ensemb<strong>le</strong> de la série temporel<strong>le</strong>) ces ellipses d’erreur sont plutôtsurévaluées par rapport aux erreurs réel<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s vitesses.La figure IV.1 représente <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s ENS 96 comparées aux vitesses ITRF 96 pour <strong>le</strong>s mêmesstations. Toutes <strong>le</strong>s solutions ITRF 96 sur <strong>le</strong>s points du réseau incluent <strong>le</strong>s solutions GPS des centresde calcul IGS, sauf pour <strong>le</strong> site de Dumont, puisque la station GPS installée fin 1997 ne fait pas partiede l’IGS. Ainsi, la vitesse ITRF 96 estimée sur Dumont correspond uniquement aux résultats du calculDORIS.Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s des stations de Sanae, Mawson, Palmer, et l’î<strong>le</strong> de Gough ont été estimées àpartir de séries temporel<strong>le</strong>s comprenant entre 6 mois et 1 an de données. La précision sur ces vitesses estnaturel<strong>le</strong>ment très inférieure à cel<strong>le</strong> obtenue sur <strong>le</strong>s stations résultant de séries longues de 3 ans ou plus,ce que reflète bien la dimension des ellipses d’erreur. Il nous a paru intéressant de représenter ces vitessesmalgré tout, pour <strong>le</strong>s comparaisons qu’el<strong>le</strong>s permettent avec <strong>le</strong>s vitesses des stations environnantes, touten gardant à l’esprit la différence de précision.En première analyse, <strong>le</strong>s vitesses ENS 96 sont assez proches de cel<strong>le</strong>s de l’ITRF 96 pour tout unensemb<strong>le</strong> de stations situées sur la plaque australienne (Perth, Hobart, Auckland et Macquarie), et pourChatham, sur la plaque Pacifique.Sur la station sud-américaine de Santiago éga<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s sont proches.Sur la plaque Antarctique, l’accord est bon pour quelques stations, comme Casey, McMurdo et O’Higgins.On obtient des différences significatives par rapport aux ellipses d’erreur pour d’autres stations,par exemp<strong>le</strong> Davis et Kergue<strong>le</strong>n. La plus grande différence est obtenue sur la station de Dumont. Lasolution ENS 96 résulte du traitement GPS des deux campagnes SCAR de 1995 et 1996 à Dumont, et desdonnées de la station permanente depuis la fin 1997. Les données continues couvrent un peu plus d’unan, si l’on ajoute <strong>le</strong>s campagnes, la vitesse horizonta<strong>le</strong> est estimée sur un interval<strong>le</strong> de temps de près de 4ans. Les données des campagnes SCAR doivent être considérées avec plus de précautions que cel<strong>le</strong>s desstations permanentes, en particulier à cause du type de récepteurs et surtout d’antennes utilisées. Lesmesures SCAR 95 et SCAR 96 ont été effectuées sur <strong>le</strong> pilier géodésique sur <strong>le</strong>quel a ensuite été installéela station permanente, avec <strong>le</strong> même dispositif de centrage forcé. Si la mesure de la hauteur d’antenne,sujette à erreur, peut faire douter des résultats sur la composante vertica<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s coordonnées horizonta<strong>le</strong>sdu point mesuré sont par contre <strong>le</strong>s mêmes d’une année sur l’autre. Les antennes utilisées étaient detype différent en 1995 et 1996, mais <strong>le</strong>s variations horizonta<strong>le</strong>s de la position du centre de phase d’uneantenne à l’autre sont négligeab<strong>le</strong>s. Pour <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s, on peut donc prendre en compte<strong>le</strong>s résultats des campagnes SCAR sur Dumont avec une bonne fiabilité : la vitesse horizonta<strong>le</strong> ENS 96,déduite des campagnes SCAR 95, SCAR 96 et d’un peu plus d’un an de données permanentes, a uneprécision similaire à cel<strong>le</strong>s des stations IGS, comme c’est bien reflété par la tail<strong>le</strong> des ellipses d’erreurssur la figure IV.1.La vitesse ITRF 96, el<strong>le</strong>, a été estimée à partir de la solution DORIS uniquement. On peut constater enla comparant aux vitesses ITRF 96 des autres stations antarctiques assez proches qu’el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> peucohérente avec un mouvement tectonique global de la plaque Antarctique. Une comparaison simp<strong>le</strong> entre<strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s ITRF 96 et <strong>le</strong>s vitesses correspondant aux mouvements de rotation des différentesplaques tel que modélisé par NUVEL1-A montre éga<strong>le</strong>ment un gros écart sur la station de Dumont.225


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.FIG. IV.2 - Modè<strong>le</strong>s de source pour <strong>le</strong> séisme des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny du 25 mars 1998, magnitudeMw=8:1, d’après quatreauteurs différents. Sont représentés <strong>le</strong>s mécanismes au foyer pour <strong>le</strong> séisme principal et quelques répliques, ainsi que<strong>le</strong>s plans de fail<strong>le</strong>s des différents modè<strong>le</strong>s, et la position de l’épicentre (étoi<strong>le</strong>) (Toda et Stein 1999).1.1.1. Le tremb<strong>le</strong>ment de Terre des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny, 25 mars 1998.Le 25 mars 1998 s’est produit <strong>le</strong> tremb<strong>le</strong>ment de terre <strong>le</strong> plus vio<strong>le</strong>nt jamais enregistré à l’intérieurd’une plaque tectonique, sur la plaque Antarctique, à proximité des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny, à 62,9S, 149,5E, au largede la côte du territoire George V. Ce séisme, de magnitudeMw=8:1s’est produit dans une zone prochede la frontière de plaque avec l’Australie et <strong>le</strong> point trip<strong>le</strong> Antarctique-Australie-Pacifique. Il semb<strong>le</strong> avoirfracturé une fail<strong>le</strong>, ou une série de segments de fail<strong>le</strong>s senestres, d’environ 300 km de long, de pendagequasi-vertical (87) (Nett<strong>le</strong>s et al. 1998). L’orientation de la fail<strong>le</strong>, déduite des répliques, serait d’environ287, donc grossièrement perpendiculaire à la zone de fracture fossi<strong>le</strong> Nord-Sud qui représente l’ accidentbathymétrique <strong>le</strong> plus marqué de la région.Le manque de stations d’enregistrement ou de données de contrainte des déplacements dans la régionintroduit une incertitude d’environ 25 km sur la localisation de l’épicentre. Sa profondeur ne devrait pasexcéder 30 km, puisqu’il s’agit d’un séisme crustal, mais n’est pas connue avec plus de précision.Le transfert de contrainte de Coulomb occasionné par ce séisme a été calculée par Toda et Stein (1999), enutilisant quatre modè<strong>le</strong>s grossiers de mécanismes de dislocation. Il s’agit d’évaluer la différence,oùest la contrainte cisaillante provoquée par <strong>le</strong> séisme,la contrainte norma<strong>le</strong> et<strong>le</strong> coefficient de friction.Cette contrainte de Coulomb peut donc être comprise comme la somme de la contrainte directeetde l’effet de résistance en contrainte. Le calcul de contrainte en tout point d’un demi-espace infinidonne directement accès au déplacement cosismique. Les quatre modè<strong>le</strong>s utilisés par Toda et Stein (1999)sont résumés par <strong>le</strong>s figures IV.2 et IV.3, où l’on trouve d’une part <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de fail<strong>le</strong>s considérés par <strong>le</strong>s226


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.différents auteurs, de l’autre <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de dislocation sur la fail<strong>le</strong> (coupes Est-Ouest).La station GPS la plus proche de la source de ce séisme est cel<strong>le</strong> de Dumont, située à 66,4S, 140,0E, soitFIG. IV.3 - Quatre modè<strong>le</strong>s de dislocation sur la fail<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> séisme des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny du 25 mars 1998, magnitudeMw=8:1. Les déplacements sont donnés en mètres, sur une profondeur de 0 à 30 km, selon une coupe Est-Ouest(Toda et Stein 1999).à une distance d’environ 600 km du foyer sismique. Nous avons cherché à évaluer <strong>le</strong> déplacement cosismiqueproduit par ce tremb<strong>le</strong>ment de terre à l’emplacement de la station GPS. Le calcul du déplacementinduit à Dumont a été effectué par Hugo Perfettini à l’aide d’un code de dislocation élastique (DLC) fondésur <strong>le</strong>s équations de Okada (1992). Le modè<strong>le</strong> de dislocation utilisé est très proche de celui de McGuireet al. (1998), voir la figure IV.3. Le déplacement en surface d’après <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> à la station de Dumont estalors de 22,44 mm vers l’Est, 19,4 mm vers <strong>le</strong> Nord.Un tel déplacement instantané devrait être discernab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s des composantes horizonta<strong>le</strong>sde la station de Dumont (courbe IV.4, pour <strong>le</strong>s variations en latitude et longitude durant 1998uniquement). La date du 25 Mars 1998 a été clairement indiquée sur ces séries temporel<strong>le</strong>s. Les régressionslinéaires avant (entre début 95 et <strong>le</strong> 25 mars 1998) et après la date du séisme donnent des vitessesdifférentes : la composante Nord passe de -14 à -19 mm/an (la vitesse ENS 96 estimée sur 4 ans est de -10mm/an) et la composante Est passe de 19 à 33 mm/an (vitesse ENS 96 de 25 mm/an). Pour évaluer <strong>le</strong>déplacement instantané sur ces séries temporel<strong>le</strong>s, on a calculé <strong>le</strong> décalage des droites de régression, cequi produit une variation de 10 mm sur la composante Nord, et 10 mm sur la composante Est. Ces chiffressont inférieurs au mouvement instantané prédit par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de dislocation. Ils sont par contre cohérentsavec <strong>le</strong>s prédictions sur <strong>le</strong> sens du déplacement cosismique (positif en latitude et en longitude, lacomposante Nord étant du même ordre de grandeur que la composante Est). La différence d’amplitudepeut s’expliquer assez faci<strong>le</strong>ment par une incertitude sur la magnitude réel<strong>le</strong> du séisme ou la profondeurde rupture, déplacements modélisé et observé ont par contre des orientations très voisines, comme on227


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.peut <strong>le</strong> constater sur la carte IV.5.Ce déplacement instantané issu des séries temporel<strong>le</strong>s nous conduit à une réévaluation des vitesses linéairesdes composantes horizonta<strong>le</strong>s sur cette station de Dumont : nous avons choisi de considérer <strong>le</strong>mouvement total sur toute la durée des séries temporel<strong>le</strong>s, et d’en retirer <strong>le</strong> mouvement instantané provoquépar <strong>le</strong> séisme. Le déplacement résultant, ramené à la période tota<strong>le</strong> de 4 ans, nous donne une nouvel<strong>le</strong>vitesse linéaire. On obtient ainsi des vitesses ENS 96 révisées de -13 mm/an selon la composanteNord, de 23 mm/an selon la composante Est. Ces chiffres peuvent être comparées aux vitesses linéairessur la période précédant <strong>le</strong> séisme (de janvier 1995 à fin mars 1998, soit plus de 3 ans de données). Lesvitesses sont très proches (on passe de -13 mm/an à -14 mm/an dans un cas, de 19 mm/an à 23 mm/andans l’autre), ce qui valide l’une ou l’autre de ces vitesses pour <strong>le</strong> déplacement non sismique de la stationsur la période 1995-1998. Comparer <strong>le</strong>s vitesses ENS 96 révisées aux vitesses postérieures au 25 mars n’apas grand sens : la période sur laquel<strong>le</strong> on dispose de données est trop courte (de mars à décembre 1998),et <strong>le</strong> déplacement de la station est peut-être affecté par un mouvement post-sismique.Ce séisme du 25 mars, bien que se produisant assez loin de la station française, a clairement influencéson mouvement. La vitesse ENS 96 de la station de Dumont que nous utilisons dans la suite comme pointde départ des interprétations tectoniques est donc la vitesse ENS 96 corrigée du déplacement cosismiqueobservé sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s. Cette vitesse est de -13 mm/an selon la composante Nord, 23 mm/anselon la composante Est.228


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.-0.20Dumont, solution combinee XVMIX 3 ITRF96 latitude, longitude 1995-98.-0.22-0.24Avant <strong>le</strong> 25 mars 98.Apres <strong>le</strong> 25 mars 98.Latitude en m.-0.26-0.28-0.30-0.32-0.34-0.36-0.38-0.401998.00 1998.25 1998.50 1998.75 1999.000.200.180.16Longitude, en m.0.140.120.100.080.060.040.02Avant <strong>le</strong> 25 mars 98.Apres <strong>le</strong> 25 mars 98.0.001998.00 1998.25 1998.50 1998.75 1999.00FIG. IV.4 - Composantes horizonta<strong>le</strong>s de la position de la station permanente de Dumont, calcul libre rattaché àl’ITRF 96 (ENS 96). Les positions journalières avant et après <strong>le</strong> 25 mars 1998 (jour GPS 084 de 1998) sont différentiées.Les régressionslinéaires présentéesici sont effectuées sur l’ensemb<strong>le</strong> de la série temporel<strong>le</strong>, incluant <strong>le</strong>s donnéesSCAR 95 et 96, qui ne sont pas représentées.229


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.0˚330˚MesureEchel<strong>le</strong> de 1 cm30˚Predit300˚60˚90˚270˚DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.5 - Carte de la situation de la station GPS de Dumont par rapport à l’épicentre du séisme des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny,représentépar une étoi<strong>le</strong>. On trouve sur cette carte <strong>le</strong> déplacementinstantané théorique calculé à partir d’un modè<strong>le</strong> dedislocation (flèche grise) ainsi que <strong>le</strong> déplacement instantané observé sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s GPS (flèche blanche).230


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.1.1.2. Vitesses tectoniques de la plaque Antarctique.0˚330˚30˚ENS 96ITRF 96300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.6 - Vitesses horizonta<strong>le</strong>s pour la solution ENS 96 (flèches blanches) et la solution ITRF 96 (flèches noires),pour <strong>le</strong>s stations de la plaque antarctique, avec <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs pô<strong>le</strong>s de rotation correspondant (cou<strong>le</strong>urs correspondantes).Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s des stations de Casey, Davis, Dumont, Kergue<strong>le</strong>n, McMurdo et O’Higginssont au premier ordre assez cohérentes avec un mouvement de rotation de la plaque rigide antarctique.Si l’on s’intéresse à des phénomènes tectoniques autres que la simp<strong>le</strong> rotation de plaques, ou à desmouvements horizontaux résiduels provenant de rebond glaciaire visqueux ou élastique, la premièreétape consiste à éliminer <strong>le</strong>s mouvements de rotation de plaque rigide. Les résidus, s’ils sont significatifs,devraient permettre une analyse plus fine du comportement régional de l’Antarctique. Nous avoncdonc cherché à estimer des pô<strong>le</strong>s de rotation pour cette plaque Antarctique, à partir des vitesses sur<strong>le</strong>s stations de Casey, Davis, McMurdo, O’Higgins, Kergue<strong>le</strong>n et Dumont. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s sur<strong>le</strong>s stations de Sanae, Mawson et Palmer n’ont pas été prises en compte dans l’estimation d’un pô<strong>le</strong> derotation, <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s dont el<strong>le</strong>s résultent sont trop courtes et <strong>le</strong>ur précision insuffisante. On a puconstater d’après la figure IV.1 qu’el<strong>le</strong>s montrent de gros écarts avec <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s des stations231


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.environnantes et sont donc peu cohérentes avec <strong>le</strong> mouvement d’ensemb<strong>le</strong> de la plaque antarctique.Parmi <strong>le</strong>s stations fournissant des données depuis 1995, <strong>le</strong> cas de Dumont est un peu particulier. Lesdonnées des campagnes SCAR de 1995 et 1996 ne représentent qu’un mois de données au total, on nedispose donc pas de série temporel<strong>le</strong> continue sur plusieurs années. Malgré cela, toutes <strong>le</strong>s mesuresayant été effectuées sur <strong>le</strong> même pilier géodésique, <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s sont peu susceptib<strong>le</strong>sd’erreurs. Par contre, on a vu que <strong>le</strong> séisme des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny du 25 mars 1998 affectait <strong>le</strong> déplacement de lastation GPS. Nous avons choisi d’effectuer deux évaluations différentes de la meil<strong>le</strong>ure rotation de plaquetectonique (position du pô<strong>le</strong> et vitesse de rotation), la première à partir des vitesses horizonta<strong>le</strong>s de Casey,Davis, Dumont (vitesse révisée), Kergue<strong>le</strong>n, McMurdo et O’Higgins, la seconde en excluant Dumont.Le programme d’estimation de position du pô<strong>le</strong> et de la vitesse de rotation est celui développé parS. Mazzotti et N. Chamot-Rooke (1998). Il permet l’utilisation de plusieurs normes pour minimiser <strong>le</strong>srésidus (norme quadratique ou norme L1), et procède par itérations successives à partir d’une premièreposition approchée du pô<strong>le</strong>. Seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s sont prises en compte, ce qui ramène <strong>le</strong>problème aux deux dimensions de la plaque tectonique. Le poids des différents sites dans l’inversionpeut être modulé, en fonction de la confiance a priori qui <strong>le</strong>ur est accordée. Nous avons choisi d’utiliserla norme L1, plus robuste vis à vis des points présentant des mouvements très différents de la rotationde plaque, et de pondérer différemment <strong>le</strong>s stations intervenant dans l’estimation du pô<strong>le</strong>. Les stationssur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la vitesse horizonta<strong>le</strong> est estimée avec une bonne précision, et dont <strong>le</strong> mouvement semb<strong>le</strong>très cohérent avec la rotation de plaque tel<strong>le</strong> que suggérée par NNR-Nuvel1-A se sont vu attribuerun coefficient de pondération de 1. Il s’agit des stations de Casey, Davis, Kergue<strong>le</strong>n et McMurdo. Cesstations sont situées sur des zones tectoniques très stab<strong>le</strong>s, assez loin des frontières de plaques et sontpeu susceptib<strong>le</strong>s a priori d’être affectées par des mouvements horizontaux de rebond élastique.La station de O’Higgins obtient éga<strong>le</strong>ment des résultats de très bonne qualité géodésique, puisque <strong>le</strong>sséries temporel<strong>le</strong>s permettent d’extraire des vitesses horizonta<strong>le</strong>s avec des ellipses d’erreurs réduites. Parcontre, <strong>le</strong> mouvement de la station est moins cohérent avec la rotation d’ensemb<strong>le</strong> de la plaque. D’autrepart, on sait que O’Higgins est située dans une zone susceptib<strong>le</strong> d’être plus instab<strong>le</strong> tectoniquement etglaciologiquement que l’Antarctique Est. Il n’ y aurait rien de surprenant à ce que la vitesse horizonta<strong>le</strong>à O’Higgins présente des résidus significatifs par rapport à la rotation rigide. Pour ces raisons, el<strong>le</strong> a étéaffectée d’une pondération de 0,8 dans l’évaluation de la position du pô<strong>le</strong> et de la vitesse de rotation.La vitesse de Dumont, lorsqu’el<strong>le</strong> a été prise en compte dans l’évaluation du pô<strong>le</strong> et de la vitesse derotation, a par contre été pondérée à de la même façon que <strong>le</strong>s stations(stab<strong>le</strong>s))de l’Antarctique Est afinde prendre en compte p<strong>le</strong>inement sa vitesse.La carte IV.6 compare <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s ENS 96 sur <strong>le</strong>s stations antarctiques avec <strong>le</strong>s vitessesdonnées par l’ITRF 96 sur <strong>le</strong>s mêmes stations, ainsi que <strong>le</strong>s positions des meil<strong>le</strong>urs pô<strong>le</strong>s de rotation déduitsde ces vitesses horizonta<strong>le</strong>s. Sur la carte IV.7, on compare ces mêmes vitesses ENS 96 avec <strong>le</strong>s vitessesprédites par NNR-Nuvel1-A.Les positions des pô<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s vitesses de rotation pour cette solution ENS 96 sont donnés par :Vitesse ( ˚/Ma) Latitude LongitudeENS 96 0,255 58,4 N 164,7 WITRF 96 0,221 46,7 N 138,7 WNNR-Nuvel1-A 0,25 63 N 116 W232


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.0˚330˚30˚ENS 96Nuvel1300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.7 - Vitesses horizonta<strong>le</strong>s pour la solution ENS 96 (flèches blanches) et <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s de rotationde plaque tectonique (plaque antarctique) de NNR-Nuvel1-A (flèches grises), pour <strong>le</strong>s stations GPS de la plaque antarctiqueuniquement. Les pô<strong>le</strong>s de rotation correspondants sont représentés avec <strong>le</strong> même code de cou<strong>le</strong>ur.Nous donnons ici <strong>le</strong>s positions de pô<strong>le</strong>s absolues, ce qui <strong>le</strong>s situe systématiquement dans l’hémisphèreNord. Pour la clarté des figures, nous avons représenté <strong>le</strong>s pô<strong>le</strong>s correspondants aux antipodes de <strong>le</strong>urposition réel<strong>le</strong>.Les positions de pô<strong>le</strong>s de rotation obtenues pour <strong>le</strong>s solutions ENS 96 et ITRF 96 sont proches enlongitude, mais éloignées de plus de 10en latitude. Il faut remarquer que <strong>le</strong>s différences importantesde longitudes se traduisent en fait par des distances peu importantes, compte tenu de la position prèsdu cerc<strong>le</strong> polaire en latitude. Les divergences proviennent en partie de la grosse incohérence de vitessesur la station de Dumont. La vitesse de rotation est éga<strong>le</strong>ment assez différente (plus de deux dixièmesde degré par million d’années). Encore une fois, la vitesse ITRF 96 est influencée par <strong>le</strong> comportementde Dumont (solution DORIS). Les normes des vitesses sur <strong>le</strong>s autres stations sont très voisines d’unesolution à l’autre, et ne justifient pas une tel<strong>le</strong> différence de vitesse.233


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.0˚330˚ENS 9630˚Meil<strong>le</strong>ur po<strong>le</strong>Residus300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.8 - Carte des vitesses ENS 96 observéessur <strong>le</strong>s stations de la plaque Antarctique (flèches blanches) comparéesavec <strong>le</strong>s vitesses de rotation correspondant à l’estimation du meil<strong>le</strong>ur pô<strong>le</strong> de rotation (flèches grises), et donnant <strong>le</strong>svitesses résiduel<strong>le</strong>s (flèches noires). La position du pô<strong>le</strong> de rotation estimé pour cette solution ENS 96 est rappelée par<strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> blanc.La comparaison avec <strong>le</strong>s prédictions de NNR-Nuvel1-A (carte IV.7) montre éga<strong>le</strong>ment des différencesqui portent plutôt sur la position du pô<strong>le</strong> de rotation. Les vitesses de rotation ENS 96 et NNR-Nuvel1-Asont proches, à mieux que 5 centièmes de degré par millions d’années. Les vitesses linéaires sur <strong>le</strong>sdifférentes stations étant par contre assez différentes, cet écart se retrouve sur la position du meil<strong>le</strong>urpô<strong>le</strong> de rotation. Le pô<strong>le</strong> Nuvel1-A est situé beaucoup plus à l’Est, plus proche de la solution ITRF96 quede la solution ENS 96, et à une latitude plus é<strong>le</strong>vée.Sur la station de Kergue<strong>le</strong>n, on observe un résultat intéressant : la vitesse prédite par Nuvel1 estdirigée vers l’Est, presque alignée avec <strong>le</strong> parallé<strong>le</strong>; cel<strong>le</strong> déduite de l’ITRF 96 est orientée à 90, vers <strong>le</strong>Sud; la vitesse ENS 96 prend une direction intermédiaire, avec une amplitude deux fois plus grande.234


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.A partir de ces vitesses et pô<strong>le</strong>s de rotation, nous avons calculé <strong>le</strong>s vitesses de rotation pure correspondantau mouvement d’une plaque, sur <strong>le</strong>s différentes stations, pour <strong>le</strong>s retirer des vitesses observéesafin d’obtenir <strong>le</strong>s résidus. La figure IV.8 donne <strong>le</strong> détail de cet exercice sur <strong>le</strong>s vitesses de la solutionENS 96. Les flèches blanches représentent <strong>le</strong>s vitesses observées, <strong>le</strong>s flèches grises <strong>le</strong>s vitesses de rotationcalculées à partir de l’évaluation du pô<strong>le</strong>, et <strong>le</strong>s flèches noires <strong>le</strong>s résidus. La première constatation estque <strong>le</strong>s vitesses ENS 96 observées sur toute la partie Est de l’Antarctique (y compris Dumont) sont trèscompatib<strong>le</strong>s avec un mouvement de rotation de plaque rigide : sur toutes ces stations, <strong>le</strong>s résidus sontquasiment inexistants (moins de 2 mm/an, sauf Dumont, près de 5 mm/an). Le mouvement de la stationde Kergue<strong>le</strong>n est ainsi en très bon accord avec la rotation d’ensemb<strong>le</strong> de la plaque antarctique.Les vitesses résiduel<strong>le</strong>s sur Dumont sont un peu é<strong>le</strong>vées compte tenu de la correction cosismique quia déja été effectuée. On peut supposer qu’el<strong>le</strong>s correspondent à un déplacement cosismique supplémentaire,qui n’a pas été détecté sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s : <strong>le</strong> saut observé est de 10 mm dans <strong>le</strong>s deuxdirections Est et Nord, alors que <strong>le</strong>s prédictions d’après <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de dislocation sont proches de 20mm dans <strong>le</strong>s deux directions. Un déplacement cosismique supplémentaire de 5 à 10 mm non pris encompte pourrait se traduire, sur <strong>le</strong>s 4 ans de mesures, par une vitesse résiduel<strong>le</strong> de quelques mm/an.La seu<strong>le</strong> station montrant une vitesse résiduel<strong>le</strong> importante est donc cel<strong>le</strong> de O’Higgins. Cette vitesserésiduel<strong>le</strong> est géodésiquement tout à fait significative, <strong>le</strong>s résultats de O’Higgins reposent sur 4 ansde mesures quasi-ininterrompues, sans changement de récepteur ou d’antenne. El<strong>le</strong> est dirigée versl’intérieur du continent (plate-forme de Filchner-Ronne), avec une norme légèrement inférieure à 1cm/an.La carte IV.9 permet de comparer <strong>le</strong>s vitesses résiduel<strong>le</strong>s sur cette solutions ENS 96 aux vitessesobtenues par la même technique à partir des résultats de l’ITRF 96. Pour <strong>le</strong>s deux solutions, <strong>le</strong>s vitessesrésiduel<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s 3 stations IGS de l’Est Antarctique (Casey et Davis) et sur Kergue<strong>le</strong>n sont très faib<strong>le</strong>s,moins de 2 mm/an, confirmant la très bonne compatibilité des vitesses horizonta<strong>le</strong>s une rotation deplaque.Sur la station de O’Higgins, la solution ITRF 96 produit éga<strong>le</strong>ment une vitesse résiduel<strong>le</strong> importante,montrant un bon accord en norme (8 mm/an) et en direction avec <strong>le</strong> résidu de la solution ENS 96.Les différences entre <strong>le</strong>s deux solutions portent sur <strong>le</strong>s vitesses résiduel<strong>le</strong>s de Dumont et de McMurdo.La solution ITRF 96 produit une vitesse résiduel<strong>le</strong> de plus de 15 mm/an sur Dumont, ce qui traduitsimp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> désaccord de la vitesse horizonta<strong>le</strong> de Dumont avec cel<strong>le</strong>s des stations IGS environnantespour une rotation de plaque rigide. Sur McMurdo, la vitesse résiduel<strong>le</strong> ITRF 96 est plus importante que<strong>le</strong> résidu ENS 96.Le même travail d’estimation du meil<strong>le</strong>ur pô<strong>le</strong> de rotation, puis de calcul des vitesses de rotation deplaque rigide sur <strong>le</strong>s différentes stations, a été effectué à partir des vitesses observées sur <strong>le</strong>s points de laplaque Antarctique à l’exclusion de Dumont. Nous ne présentons pas ici de cartes avec <strong>le</strong>s estimations depô<strong>le</strong>s de rotation et de vitesses observées, calculées, résiduel<strong>le</strong>s pour la plaque antarctique lorsqu’on netient pas compte de la station de Dumont. Les résultats étant très voisins de ceux que l’on obtient avecl’ensemb<strong>le</strong> des stations, on se contente de donner <strong>le</strong>s chiffres correspondant à l’estimation du meil<strong>le</strong>urmodè<strong>le</strong> de rotation.235


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.Les pô<strong>le</strong>s et vitesses de rotation calculés à partir des stations antarctiques à l’exclusion de Dumont sont :Vitesse Latitude Longitude(/Ma)ENS 96 0,239 56,5 N 164,6 WITRF 96 0,222 48,5 N 140,1 WNNR-Nuvel1-A 0,25 63 N 116 WEliminer Dumont modifie de façon conséquente la vitesse de rotation évaluée à partir de la solution ENS96. El<strong>le</strong> s’éloigne de la va<strong>le</strong>ur de NNR-Nuvel1-A, passant de 0,25/Ma à 0,239/Ma. La position du pô<strong>le</strong>ENS 96 varie très peu (2en latitude, pas de modification en longitude), ce qui est correspond bien auxvitesses résiduel<strong>le</strong>s assez faib<strong>le</strong>s sur la station de Dumont.Les variations de la position du pô<strong>le</strong> et de la vitesse de rotation pour la solution ITRF 96 sont éga<strong>le</strong>mentfaib<strong>le</strong>s. Les vitesses résiduel<strong>le</strong>s correspondant à cette estimation de vitesse et de pô<strong>le</strong> de rotation sansla station de Dumont sont alors négligeab<strong>le</strong>s (inférieures à 2 mm/an) sur toutes <strong>le</strong>s stations situées surla partie Est Antarctique, aussi bien pour la solution ENS 96 que pour la solution ITRF 96. Le résiduITRF 96 sur McMurdo reste un peu plus é<strong>le</strong>vé que l’équiva<strong>le</strong>nt dans la solution ENS 96. Sur la stationde O’Higgins, l’amplitude et l’orientation de la vitesse résiduel<strong>le</strong> horizonta<strong>le</strong> de la solution ENS 96reste la même que lorsqu’on incluait la vitesse de Dumont dans la recherche du pô<strong>le</strong> de rotation. Onobtient toujours une vitesse d’environ 10 mm/an dirigée vers la plate-forme de Filchner-Ronne. Cettevitesse résiduel<strong>le</strong> est donc assez indépendante de la solution étudiée (ENS ou ITRF) et des points prisen compte dans l’estimation du pô<strong>le</strong> de rotation. La bonne précision des résultats géodésiques obtenussur O’Higgins, et la cohérence de ce résidu permettent de considérer cette vitesse résiduel<strong>le</strong> comme unrésultat fiab<strong>le</strong>.L’exploitation des vitesses horizonta<strong>le</strong>s de la solution ENS 96 rattachée à l’ITRF 96 permet d’obtenirplusieurs résultats intéressants.L’événement sismique important, qui s’est produit en mars 98 à près de 600 km de la station de Dumont,a produit un déplacement cosismique détectab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s de la station. Son amplitudeest inférieure aux prédictions de mouvement cosismique déduites des modè<strong>le</strong>s de dislocation, mais la directionest identique. Cette différence d’amplitude pourrait expliquer la présence d’une vitesse résiduel<strong>le</strong>non nul<strong>le</strong> (5 mm/an) une fois ôtée la vitesse de rotation de la plaque tectonique à Dumont. Le déplacementcosismique réel peut être plus important que celui directement observé sur <strong>le</strong>s séries, la vitesse tota<strong>le</strong> peutéga<strong>le</strong>ment subir l’influence d’un déplacement post-sismique non détectab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s (figureIV.5) et allant dans <strong>le</strong> même sens que <strong>le</strong> déplacement cosismique mesuré.Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s sur l’ensemb<strong>le</strong> des stations antarctiques permettent d’obtenir un mouvementde rotation de plaque rigide très cohérent. Les vitesses résiduel<strong>le</strong>s sont inférieures à 2 mm/an sur toutes<strong>le</strong>s stations, sauf Dumont et O’Higgins, montrant un bien meil<strong>le</strong>ur accord avec un mouvement de rotationde plaque rigide que <strong>le</strong>s vitesses ITRF 96 sur <strong>le</strong>s mêmes stations. La vitesse de rotation obtenue, ainsique la position du pô<strong>le</strong>, sont par contre significativement différentes du modè<strong>le</strong> de rotation de la plaqueAntarctique proposé par NNR-Nuvel1-A. El<strong>le</strong>s s’en rapprochent cependant davantage que la solution enrotation déduite de Nuvel1-A. Ce point est d’une certaine importance du point de vue du comportementgéodynamique de la région et sera discuté plus loin, lors d’une étude sur <strong>le</strong> mouvement relatif des plaquestectoniques Antarctique-Australie.Sur la station de O’Higgins, on observe une vitesse horizonta<strong>le</strong> résiduel<strong>le</strong> de 10 mm par an, présente dansl’évaluation d’une rotation incluant ou non la solution de Dumont, et dirigée vers l’intérieur du continent.236


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.0˚330˚ENS 9630˚ITRF 96300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.9 - Carte des résidus des vitesses horizonta<strong>le</strong>s des stations de la plaque Antarctique, une fois en<strong>le</strong>véela vitessede rotation de plaque rigide correspondant au meil<strong>le</strong>ur pô<strong>le</strong> de rotation. Les flèches blanches représentent <strong>le</strong>s vitessesrésiduel<strong>le</strong>s de la solution ENS 96 (<strong>le</strong> pô<strong>le</strong> de rotation correspondant est représenté par un cerc<strong>le</strong> blanc), <strong>le</strong>s flèchesnoires <strong>le</strong>s vitesses résiduel<strong>le</strong>s de la solution ITRF 96 (cerc<strong>le</strong> noir p<strong>le</strong>in pour <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> de rotation correspondant). Lespô<strong>le</strong>s et vitesses de rotation ont été évalués à partir des vitesses de toutes <strong>le</strong>s stations représentées,y compris Dumont.237


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.1.2. Réseau libre rattaché à l’ITRF97.Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s de la solution issue du calcul en réseau libre sur <strong>le</strong> réseau global Antarctique,puis rattachée par la combinaison du logiciel XVMIX aux positions de l’ITRF 97 ont été comparées auxvitesses sur <strong>le</strong>s mêmes stations estimées par la solution ITRF 97. Nos vitesses ont été déduites des sériestemporel<strong>le</strong>s de la solution dite((ENS 97))par régression linéaire. Les ellipses d’erreurs représentées, parexemp<strong>le</strong> sur la figure IV.10 qui compare <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s ENS 97 et ITRF 97 sur tous <strong>le</strong>s pointsdu réseau sont <strong>le</strong>s mêmes que cel<strong>le</strong>s obtenues par comparaison des différentes solutions obtenues grâceà toutes <strong>le</strong>s techniques de rattachement utilisées sur la solution libre. El<strong>le</strong> n’ont donc pas de significationdirecte par rapport à cette solution ENS 97, mais donnent une idée de la précision obtenue par <strong>le</strong>sdifférentes méthodes de rattachement.Les différences obtenues entre <strong>le</strong>s solutions ENS 96 et ENS 97 sont assez minimes sur <strong>le</strong>s vitesseshorizonta<strong>le</strong>s. Les plus sensib<strong>le</strong>s se font sentir en dehors de la plaque antarctique, sur des points où lavitesse a été sensib<strong>le</strong>ment modifiée entre l’ITRF 96 et l’ITRF 97. A Auckland, on observe une rotation duvecteur vitesse vers l’Ouest, et une diminution de l’amplitude, conformément à ce qui se produit dansl’ITRF. Les deux solutions se rapprochent alors des prédictions NNR-Nuvel1-A (voir la carte IV.11 pourla comparaison entre <strong>le</strong>s deux solutions 97 et Nuvel1-A).Une autre variation importante de vitesses entre <strong>le</strong>s solutions 96 et 97 concerne Chatham, où la vitesseITRF 97 subit une rotation significative vers l’Ouest, se rapprochant de la position ENS 96. Le nouveauvecteur vitesse ENS 97 subit par rapport à celui de ENS 96 une rotation dans <strong>le</strong> même sens, mais d’unang<strong>le</strong> inférieur à celui des vitesses ITRF. Les deux vitesses ENS 97 et ITRF 97 sont ainsi beaucoup plusproches l’une de l’autre que <strong>le</strong>s solutions ENS 96 et ITRF 96. Là encore, <strong>le</strong>s positions fina<strong>le</strong>s sont trèsproches des prédictions NNR-Nuvel1-A.Les autres stations australiennes montrent peu de changements. En Amérique du Sud, la vitesseITRF de Santiago ne change pas, mais la solution ENS s’en rapproche. Les deux solutions sont toujoursincohérentes avec <strong>le</strong>s prédictions NNR-Nuvel1-A, qui s’appuient sur la rotation de plaque rigide sanstenir compte de la proximité de la zone de subduction formant la frontière avec Nazca.La vitesse de Kergue<strong>le</strong>n montre l’évolution inverse : la vitesse ENS est inchangée entre la solutionENS 96 et ENS 97, formant toujours un ang<strong>le</strong> de 45environ avec la prédiction NNR-Nuvel1-A, maisla vitesse ITRF, qui était auparavent orientée à environ 90de ce mouvement de plaque rigide, vient sesuperposer à la vitesse ENS.Sur <strong>le</strong> continent Antarctique, on observe un mouvement d’ensemb<strong>le</strong> lors du passage de la solutionENS 96 à ENS 97 : une très légère rotation dans <strong>le</strong> sens horaire de la figure, accompagnée d’une diminutiondes vitesses. Il est diffici<strong>le</strong> de relier précisément cette évolution au rattachement à l’un ou l’autresystème de référence puisque, dans <strong>le</strong> même temps, la solution ITRF ne montre pas de variation similaire.On observe plutôt une légère rotation anti-horaire (toujours selon l’orientation de la figure) sur la vitessede Davis, et une autre, beaucoup plus nette, sur cel<strong>le</strong> de Dumont, que l’on peut probab<strong>le</strong>ment attribuer àl’amélioration de la qualité de la solution DORIS de cette station. La vitesse ITRF 97 de Dumont devientdonc beaucoup plus cohérente avec une rotation rigide de la plaque Antarctique.L’ensemb<strong>le</strong> des vitesses horizonta<strong>le</strong>s antarctiques se rapprochent des prédictions Nuvel1. Les résultats<strong>le</strong>s plus proches sont ceux de l’ITRF 97, <strong>le</strong>s vecteurs vitesses se superposant parfaitement sur <strong>le</strong>s stationsde Casey, Davis et O’Higgins.238


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.0˚330˚30˚ENS 97ITRF97300˚60˚SANTOHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1PERTMAC1240˚HOB2120˚CHATAUCK210˚150˚180˚FIG. IV.10 - Comparaison entre <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s de la solution libre rattachée à l’ITRF 97 (solution ENS97, flèches blanches) et <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s de l’ITRF 97 (flèches noires) sur toutes <strong>le</strong>s stations du réseau globalantarctique. Les ellipses d’erreurs des vitesses ITRF 97 sont cel<strong>le</strong>s fournies avec la solution, cel<strong>le</strong>s de la solution ENS97 correspondentaux différences observées sur la solution 96 rattachée à l’ITRF 96 par toutes <strong>le</strong>s techniques utilisées.L’échel<strong>le</strong> donnée par <strong>le</strong>s flèches en haut de la figure est de 1cm/an.De façon généra<strong>le</strong>, on observe peu de changements sur <strong>le</strong>s vitesses ENS, lors du passage de la solutionENS 96 à la solution ENS 97. Par contre, <strong>le</strong>s solutions ITRF 96 et ITRF 97 sont assez différentes, la solutionITRF 97 étant beaucoup plus proches des vitesses ENS 97 que ne l’était la solution ITRF 96 des vitesses ENS96. Cela provient certainement en grande partie des données utilisées dans l’élaboration des solutionsITRF. Le poids relatif de la technique GPS sur cette région du monde a augmenté dans <strong>le</strong> passage de l’ITRF96 à l’ITRF 97. Sur des stations en colocation où la vitesse ITRF 96 était très différente de notre solutionGPS, comme Kergue<strong>le</strong>n, <strong>le</strong> fait d’utiliser des données IGS sur une période plus longue modifie la solution,pour la faire ressemb<strong>le</strong>r davantage aux vitesses ENS. Cela se vérifie éga<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> site de Chatham,bien que <strong>le</strong> GPS y soit la seu<strong>le</strong> technique ITRF, <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> fait de disposer de données sur une période pluslongue améliore <strong>le</strong> résultat, et dans une moindre mesure sur l’ensemb<strong>le</strong> des stations IGS du continent239


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.0˚330˚NUVEL1ENS 97ITRF9730˚300˚60˚SANTOHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1PERTMAC1240˚HOB2120˚CHATAUCK210˚150˚180˚FIG. IV.11 - Comparaison des vitesses horizonta<strong>le</strong>s obtenues sur <strong>le</strong>s stations du réseau global antarctique par lasolution ENS 97 (flèches blanches), la solution ITRF 97 (flèches noires), et <strong>le</strong>s prédictions NNR-Nuvel1-A (flèchesgrises). L’échel<strong>le</strong> donnée par <strong>le</strong>s flèches en haut de la figure est de 1cm/an.antarctique.1.2.1. Le tremb<strong>le</strong>ment de Terre de Bal<strong>le</strong>ny, 25 mars 1998.Comme pour la solution ENS 96, nous avons cherché l’effet du séisme de Bal<strong>le</strong>ny sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>sde composantes horizonta<strong>le</strong>s de la station de Dumont dans la solution ENS 97. Ces séries temporel<strong>le</strong>ssont rappelées figure IV.12.Les vitesses linéaires extraites des séries temporel<strong>le</strong>s complètes, incluant <strong>le</strong>s résultats des campagnesSCAR 95 et SCAR 96, sont de -12 mm/an pour la composante Nord, 19 mm/an pour la composante Est,si l’on ne tient pas compte de l’effet du tremb<strong>le</strong>ment de terre de Bal<strong>le</strong>ny. A partir de ces séries temporel<strong>le</strong>s,nous avons évalué des vitesses linéaires correspondant à la période pré-sismique (depuis <strong>le</strong> débutde 1995 jusqu’au 25 mars 1998) et à la période post-sismique (du 25 mars à la fin de l’année 1998). On ob-240


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.tient alors pour la composante Nord une vitesse de -15 mm/an, puis -10 mm/an, et pour la composanteEst une vitesse de 12 mm/an, puis 26 mm/an. Le saut qui se produit au moment du séisme entre <strong>le</strong>s deuxdéplacements linéaires, et qui correspond au mouvement cosismique observé, est alors de 4 mm selon lacomposante Nord, et de 13 mm selon la composante Est. Ces va<strong>le</strong>urs sont inférieures aux va<strong>le</strong>urs préditespar <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de dislocation, qui sont de 19 et 22 mm respectivement. El<strong>le</strong>s sont par contre cohérentessur l’orientation généra<strong>le</strong> du déplacement.Si l’on enlève ce déplacement cosismique des vitesses tota<strong>le</strong>s mesurées sur la période entière de la mesure,on obtient des vitesses dégagées de l’influence sismique, de -13 mm/an selon la composante Nord, et 15mm/an selon la composante Est. Ce sont ces vitesses révisées que nous utilisons dans la suite pour étudier<strong>le</strong> mouvement tectonique horizontal de la station de Dumont. On peut constater qu’el<strong>le</strong>s sont très cohérentesavec <strong>le</strong>s vitesses linéaires calculées sur la période précédant <strong>le</strong> séisme (janvier 1995 à mars 1998),qui étaient de -15 mm/an et 12 mm/an respectivement.241


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.Dumont, latitude, longitude solution combinee XVMIX 3 ITRF97 1995-98.0.00-0.02-0.04Avant <strong>le</strong> 25 mars 98.Apres <strong>le</strong> 25 mars 98.Latitude en m.-0.06-0.08-0.10-0.12-0.14-0.16-0.18-0.201998.00 1998.25 1998.50 1998.75 1999.000.00-0.02-0.04Longitude, en m.-0.06-0.08-0.10-0.12-0.14-0.16-0.18Avant <strong>le</strong> 25 mars 98.Apres <strong>le</strong> 25 mars 98.-0.201998.00 1998.25 1998.50 1998.75 1999.00FIG. IV.12 - Composantes horizonta<strong>le</strong>s de la position de la station permanente de Dumont, calcul libre rattaché àl’ITRF 97 (ENS 97). Les positions journalières avant et après <strong>le</strong> 25 mars 1998 (jour GPS 084 de 1998) sont différentiées.Les régressionslinéaires présentéesici sont effectuées sur l’ensemb<strong>le</strong> de la série temporel<strong>le</strong>, incluant <strong>le</strong>s donnéesSCAR 95 et 96, qui ne sont pas représentées.242


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.1.2.2. Vitesses tectoniques de la plaque Antarctique.0˚330˚ENS 9730˚ITRF 97300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.13 - Vitesses horizonta<strong>le</strong>s pour la solution ENS 97 (flèches blanches) et la solution ITRF 97 (flèches noires),pour <strong>le</strong>s stations de la plaque antarctique, avec <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs pô<strong>le</strong>s de rotation correspondant (cou<strong>le</strong>urs correspondantes).Nous utilisons pour l’étude tectonique de la plaque antarctique <strong>le</strong>s vitesses ENS 97 sur <strong>le</strong>s stationsde Casey, Davis, McMurdo, Kergue<strong>le</strong>n, O’Higgins et Dumont, cette dernière vitesse étant corrigée dudéplacement cosismique.Les vitesses obtenues par <strong>le</strong>s solutions ENS 97 et ITRF 97 sur <strong>le</strong>s stations de la plaque Antarctique sontdans <strong>le</strong>s deux cas très cohérentes avec une rotation de plaque rigide. Les stations montrant <strong>le</strong> plus granddésaccord a priori sont cel<strong>le</strong>s de Kergue<strong>le</strong>n, ou <strong>le</strong>s deux solutions géodésiques sont cohérentes entreel<strong>le</strong>s, mais différentes du mouvement de Nuvel1, et de Dumont, où la solution ITRF 97 reste significativementdifférente de la vitesse ENS 97. Le cas de la station de Kergue<strong>le</strong>n est un peu particulier. Laprécision des deux solutions est bonne, la solution ITRF 97 étant obtenue grâce aux données combinéesdu GPS et de DORIS, la solution ENS étant très cohérente de la solution 96 à la solution 97, et avec lasolution ITRF. On peut donc proposer une révision de la vitesse de Kergue<strong>le</strong>n par rapport aux mouve-243


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.0˚330˚ENS 9730˚Nuvel 1300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.14 - Vitesses horizonta<strong>le</strong>s pour la solution ENS 97 (flèches blanches) et <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s de rotationde plaque tectonique (plaque antarctique) de NNR-Nuvel1-A (flèches grises), pour <strong>le</strong>s stations GPS de la plaque antarctiqueuniquement. Les pô<strong>le</strong>s de rotation correspondants sont représentés avec <strong>le</strong> même code de cou<strong>le</strong>ur. Par soucide clarté, <strong>le</strong>s ellipses d’erreurs des vitesses ne sont pas représentées.ment prédit par Nuvel1, et ceci sur la base des résultats de géodésie spatia<strong>le</strong> fiab<strong>le</strong>s et cohérents entre eux.Nous avons utilisé <strong>le</strong>s mêmes programmes de recherche de position d’un pô<strong>le</strong> et d’une vitesse de rotationsur <strong>le</strong>s deux solutions ENS 97 et ITRF 97, encore une fois en incluant ou non la vitesse horizonta<strong>le</strong>de Dumont. Les pondérations utilisées sur <strong>le</strong>s différentes stations sont <strong>le</strong>s mêmes que cel<strong>le</strong>s de la solution96. Les vitesses de rotation et position du pô<strong>le</strong> obtenues pour la solution utilisant l’ensemb<strong>le</strong> des stations244


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.0˚330˚ENS 9730˚Meil<strong>le</strong>ur po<strong>le</strong>Residus300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.15 - Carte des vitesses ENS 97 observées sur <strong>le</strong>s stations de la plaque Antarctique (flèches noires) comparéesavec <strong>le</strong>s vitesses de rotation correspondant à l’estimation du meil<strong>le</strong>ur pô<strong>le</strong> de rotation (flèches grises), et donnant <strong>le</strong>svitesses résiduel<strong>le</strong>s (flèches blanches). La position du pô<strong>le</strong> de rotation estimé pour cette solution ENS 97 est rappeléepar <strong>le</strong> point noir.de la plaque sont comparées avec cel<strong>le</strong>s de NNR-Nuvel1-A :Vitesse Latitude Longitude(/Ma)ENS 97 0,264 62,0 N 146,7 WITRF 97 0,245 60,7 N 132,4 WNNR-Nuvel1-A 0,25 63 N 116 WLes positions des deux pô<strong>le</strong>s de rotation pour <strong>le</strong>s vitesses des solutions ENS 97 et ITRF 97 incluant lastation de Dumont sont reportées sur la figure IV.13. La position du pô<strong>le</strong> ENS change surtout selon la245


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.longitude, se déplaçant vers l’Est pour se rapprocher de la position du pô<strong>le</strong> Nuvel1. Le pô<strong>le</strong> ITRF 97 s’enrapproche éga<strong>le</strong>ment, avec une variation importante en latitude. Les positions des deux pô<strong>le</strong>s 97 sontalors très proches l’une de l’autre. Les vitesses de rotation sont par contre assez différentes : la vitesseITRF 97 est assez proche de la va<strong>le</strong>ur de 0,25/Ma prédite par NNR-Nuvel1, la vitesse ENS 97 est unpeu plus é<strong>le</strong>vée. Cela correspond très bien à la différence d’amplitude des vitesses horizonta<strong>le</strong>s, assezgénéra<strong>le</strong> au moins sur <strong>le</strong>s stations du continent antarctique.Les vitesses résiduel<strong>le</strong>s ont été calculées comme sur <strong>le</strong>s solutions 96, en calculant <strong>le</strong>s vitesses de rotationde plaque rigide correspondant aux meil<strong>le</strong>urs pô<strong>le</strong>s de rotation aux emplacements des stations, puis en<strong>le</strong>s retirant des vitesses horizonta<strong>le</strong>s observées des deux solutions ENS 97 et ITRF 97 (un exemp<strong>le</strong> dece calcul pour <strong>le</strong>s vitesses de la solution ENS 97 est donné par la carte IV.15). Les vitesses résiduel<strong>le</strong>sobtenues pour <strong>le</strong>s deux solutions sont reportées figure IV.16, avec <strong>le</strong>s positions des pô<strong>le</strong>s de rotationcorrespondant.L’analyse de ces résidus confirme la meil<strong>le</strong>ure cohérence des deux solutions 97 avec un mouvement derotation de la plaque rigide Antarctique. Les vitesses résiduel<strong>le</strong>s ENS 97 sont insignifiantes sur toutes<strong>le</strong>s stations de la partie Est Antarctique, y compris la station de Dumont, ce qui démontre à nouveau lastabilité de cette partie du continent antarctique, au moins pour <strong>le</strong>s mouvements horizontaux. La vitesseabsolue sur la station de Kergue<strong>le</strong>n, cohérente d’une solution géodésique à l’autre, mais différente desprédictions NNR-Nuvel1-A, est très compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s 4 autres vitesses obtenues sur la partie supposéerigide de l’Antarctique. La vitesse résiduel<strong>le</strong> sur Dumont dans cette solution ENS est devenue du mêmeordre de grandeur que cel<strong>le</strong>s des autres stations Est antarctiques, soit inférieure à 2 mm/an.La seu<strong>le</strong> station montrant des vitesses résiduel<strong>le</strong>s non nul<strong>le</strong>s dans la solution ENS 97 est cel<strong>le</strong> de O’Higgins,puisque la vitesse y est de 8 mm/an, orientée comme cel<strong>le</strong> de la solution ENS 96 vers la plate-formede Filchner-Ronne. La solution ITRF 97 donne une vitesse résiduel<strong>le</strong> d’orientation semblab<strong>le</strong>, maisd’amplitude plus faib<strong>le</strong>, de 3 à 4 mm/an.Comme nous l’avions déja fait avec <strong>le</strong>s vitesses des solutions 96, nous avons cherché à estimer <strong>le</strong>smeil<strong>le</strong>urs pô<strong>le</strong>s de rotation sur <strong>le</strong>s stations de la plaque Antarctique lorsqu’on exclut <strong>le</strong>s vitesses de Dumont.Les pô<strong>le</strong>s de rotation et <strong>le</strong>s vitesses de rotation comparées à cel<strong>le</strong>s de Nuvel1 sont alors :Vitesse Latitude Longitude(/Ma)ENS 97 0,255 61,9 N 147,0 WITRF 97 0,246 60,7 N 133,0 WNNR-Nuvel1-A 0,25 63 N 116 WL’examen de ces résultats permet de constater que la position des pô<strong>le</strong>s comme <strong>le</strong>s vitesses de rotationchangent très peu lorsqu’on élimine la station de Dumont. La solution obtenue à partir des données del’ITRF 97 est même exactement identique. Le pô<strong>le</strong> de la solution ENS 97 varie très peu, par contre lavitesse de rotation diminue légèrement.Les vitesses résiduel<strong>le</strong>s sont à nouveau négligeab<strong>le</strong>s sur toutes <strong>le</strong>s stations du bloc Est Antarctique, alorsqu’on obtient des vitesses résiduel<strong>le</strong>s de 4 mm/an (solution ITRF 97) et 8 mm/an (solution ENS 97) àO’Higgins, dirigées vers la plate-forme de Filchner-Ronne.Ces vitesses sont suffisamment cohérentes en norme et amplitude d’une solution à l’autre pour qu’onpuisse tenter une exploitation géophysique. O’Higgins est situé sur la côte de la Péninsu<strong>le</strong>, à l’extrême246


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.0˚330˚ENS 9730˚ITRF 97300˚60˚OHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1240˚120˚210˚150˚180˚FIG. IV.16 - Carte des résidus des vitesses horizonta<strong>le</strong>s des stations de la plaque Antarctique, une fois en<strong>le</strong>vée lavitesse de rotation de plaque rigide correspondant au meil<strong>le</strong>ur pô<strong>le</strong> de rotation. Les flèches blanches représentent <strong>le</strong>svitesses résiduel<strong>le</strong>s de la solution ENS 97 (<strong>le</strong> pô<strong>le</strong> de rotation correspondant est représenté par un cerc<strong>le</strong> blanc), <strong>le</strong>sflèches noires <strong>le</strong>s vitesses résiduel<strong>le</strong>s de la solution ITRF 97 (cerc<strong>le</strong> noir p<strong>le</strong>in pour <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> de rotation correspondant).Les pô<strong>le</strong>s et vitesses de rotation ont été évalués à partir des vitesses de toutes <strong>le</strong>s stations représentées, y comprisDumont.Nord, au niveau du détroit de Bransfield. Sa proximité de la région tectoniquement mal connue des Shetlandsdu Sud et du rift du détroit de Bransfield pourrait justifier une influence sur sa vitesse horizonta<strong>le</strong>.Une étude géodésique récente sur cette région par Salbach et Niemeier (1998) utilise <strong>le</strong>s données GPSdes campagnes SCAR 1995, 1996 et 1998 sur tout un ensemb<strong>le</strong> de stations situées près de la Péninsu<strong>le</strong>,de part et d’autre du détroit de Bransfield (voir <strong>le</strong>ur situation sur la carte IV.17). Le propos des auteursest précisement de mesurer <strong>le</strong> taux de déformation en travers du détroit, en particulier pour déce<strong>le</strong>r uneéventuel<strong>le</strong> ouverture correspondant à l’activité du rift. Les 3 campagnes traitées avec <strong>le</strong> logiciel GPSGEONAP et une approche de réseau libre montrent une partition de l’ensemb<strong>le</strong> des stations en 2 blocs.Le bloc Est situé sur la Péninsu<strong>le</strong>, comprenant entre autres la station de O’Higgins, ne montre pas de247


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.FIG. IV.17 - Emplacement des stations des campagnes SCAR dans la région du détroit de Bransfield et mouvementde bloc obtenu d’après (Salbach et Niemeier 1998).mouvement significatif (vitesse de 2 mm/an sur la composante Est, -2 mm/an sur la composante Nord,voir la figure IV.17). L’autre bloc comprenant <strong>le</strong>s stations situées à l’Ouest du détroit de Bransfield, aun mouvement de -5 mm/an selon la composante Est, 5 mm/an selon la composante Nord, soit uneouverture relative de 10 mm/an. La précision du calcul sur <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s des positionsde stations est d’après <strong>le</strong>s auteurs de 3 mm. Ce taux d’ouverture montrerait l’activité actuel<strong>le</strong> du riftde Bransfield, mais suggère que <strong>le</strong> bloc comportant la station de O’Higgins n’est pas affecté par <strong>le</strong>mouvement. L’orientation du mouvement <strong>le</strong> place à 110Nord par rapport à la vitesse résiduel<strong>le</strong> calculéeà O’Higgins. On peut donc diffici<strong>le</strong>ment expliquer la vitesse horizonta<strong>le</strong> résiduel<strong>le</strong> par l’influence de lazone tectonique de la pointe de la Péninsu<strong>le</strong>, même si d’après Salbach et Niemeier (1998) cette région estencore active actuel<strong>le</strong>ment.La Péninsu<strong>le</strong> est aussi la région de l’Antarctique la plus chaude et probab<strong>le</strong>ment la plus active glaciairement.Un tel mouvement horizontal peut s’expliquer par la composante horizonta<strong>le</strong> de la réaction élastiqueà l’accélération actuel<strong>le</strong> de la fonte sur la pointe de la Péninsu<strong>le</strong>. L’orientation de la vitesse résiduel<strong>le</strong>vers l’intérieur du continent correspondrait assez bien à un allègement glaciaire <strong>le</strong> long de la Péninsu<strong>le</strong>jusqu’à la plate-forme de Filchner-Ronne. Lors d’un rebond élastique correspondant à une réponse instantanéeet loca<strong>le</strong> à une variation éga<strong>le</strong>ment loca<strong>le</strong> de masse glaciaire, la vitesse de remontée vertica<strong>le</strong> s’accompagned’un déplacement horizontal proche d’une convergence vers <strong>le</strong> point de décharge maxima<strong>le</strong>.Il s’agit d’un mouvement inverse à celui qui se produit dans <strong>le</strong> cas du rebond visqueux. Dans <strong>le</strong> cas des248


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.mouvements horizontaux accompagnant <strong>le</strong> rebond visqueux en réponse retardée à des variations importantesde masses glaciaires sur des échel<strong>le</strong>s de plusieurs centaines ou milliers de km, <strong>le</strong> manteau se comportecomme un demi-espace visqueux, surmonté d’une couche élastique très mince. Les mouvementshorizontaux provoqués par un allègement glaciaire sont modélisés par une légère divergence généra<strong>le</strong>autour du point d’allègement maximal de la charge. C’est l’inverse qui se produit dans <strong>le</strong> rebond élastiqueinstantané, seu<strong>le</strong> la composante élastique du manteau et de la lithosphère sont impliqués, mais ilsréagissent comme un demi-espace élastique, provoquant en plus du mouvement de rebond vertical uneconvergence vers <strong>le</strong> point d’allègement maximal. L’amplitude de ce mouvement horizontal peut atteindre<strong>le</strong> tiers de cel<strong>le</strong> du mouvement de surrection. La direction de cette vitesse permettrait donc de l’interprétercomme la composante horizonta<strong>le</strong> du rebond élastique correspondant à un allègement glaciaire sur lacôte Est de la Péninsu<strong>le</strong>, par exemp<strong>le</strong> près de la plate-forme de Larsen dont on sait que l’effondrement,commencé dans <strong>le</strong>s années 80, s’est accéléré dans <strong>le</strong>s années 90. Cela pourrait aussi concerner la plateformede Filchner-Ronne, plus éloignée, mais de superficie plus importante, et dont <strong>le</strong> comportement esttrès mal connu faute de mesures, la zone étant encore assez inaccessib<strong>le</strong>.249


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.Les conclusions généra<strong>le</strong>s de l’étude tectonique de la solution ENS 96 restent vraies en ce qui concerneENS 97.Les séries temporel<strong>le</strong>s des composantes horizonta<strong>le</strong>s sur la station de Dumont permettent de détecter undéplacement cosismique provoqué par l’événement des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny en mars 1998. Ce déplacement, cohérentavec <strong>le</strong>s prédictions des modè<strong>le</strong>s de dislocation élastique, conduit à une révision des vitesses horizonta<strong>le</strong>sà long terme de la solution ENS 97 sur Dumont.Les vitesses ENS 97 ainsi obtenues restent très voisines de la solution ENS 96. El<strong>le</strong>s sont par contre beaucoupplus cohérentes avec cel<strong>le</strong>s de la solution ITRF 97 que ne l’étaient <strong>le</strong>s vitesses ENS 96 avec l’ITRF96, <strong>le</strong> changement provenant principa<strong>le</strong>ment des vitesses ITRF. L’exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus marquant est celui dela station de Kergue<strong>le</strong>n (une colocation DORIS-GPS dans l’ITRF), où la vitesse ITRF 96, orientée à 90dela vitesse prédite par Nuvel1-A prend dans la solution ITRF 97 une direction à 45de la vitesse Nuvel1-A,soit semblab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> des deux solutions ENS 96 et ENS 97. Les vitesses ENS 97 restent significativementdifférentes des vitesses prédites par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> NNR-Nuvel1-A. El<strong>le</strong>s sont par contre très cohérentes avecun mouvement de rotation de la plaque tectonique antarctique rigide. Sur toutes <strong>le</strong>s stations de l’AntarctiqueEst, <strong>le</strong>s résidus après extraction des vitesses de rotation de plaque calculées à partir de l’estimationdes meil<strong>le</strong>urs pô<strong>le</strong>s/vitesses de rotation ne dépassent pas 2 mm/an. La position du pô<strong>le</strong> de rotation ainsiobtenu est significativement différente de cel<strong>le</strong> du pô<strong>le</strong> antarctique de NNR-Nuvel1-A (latitude identique,longitude différant de 30). La vitesse de rotation ENS 97 est éga<strong>le</strong>ment plus é<strong>le</strong>vée, de plus d’un degrépar million d’années, que la vitesse Nuvel1-A de la plaque antarctique. La très bonne cohérence de notresolution avec une rotation de plaque rigide différente de cel<strong>le</strong> de Nuvel1-A nous a conduit à rechercherune validation extérieure, qui pourrait confirmer un résultat différent des prédictions. Nous avons choisi<strong>le</strong> mouvement relatif entre l’Antarctique et l’Australie, d’une part parce qu’il s’agit de la frontière de laplaque antarctique sur laquel<strong>le</strong> on dispose du maximum de données géomagnétiques (qui ont servi à l’élaborationde Nuvel1), d’autre part parce qu’on dispose de résultats récents et fiab<strong>le</strong>s de géodésie spatia<strong>le</strong>sur la plaque Australie (ce qui n’est pas <strong>le</strong> cas, par exemp<strong>le</strong>, pour la plaque Sud-Américaine).1.2.3. Vitesse relative de rotation avec la plaque Australie.Nous cherchons ici une validation extérieure (à partir d’un mouvement relatif entre l’Antarctique etune plaque voisine, l’Australie) à nos résultats concernant la rotation de la plaque tectonique Antarctique,qui sont très cohérents entre eux mais significativement différents de la vitesse de rotation Nuvel1-A.Les vitesses prédites par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> NNR-Nuvel1-A pour la plaque tectonique Antarctique s’appuient surdes données paléomagnétiques, sismiques et gravimétriques des zones frontières entre la plaque Antarctiqueet <strong>le</strong>s plaques environnantes. Parmi ces frontières, la mieux connue est cel<strong>le</strong> entre la plaque Antarctiqueet la plaque Australie. Les données paléomagnétiques sont nombreuses car faci<strong>le</strong>s à recueillir, lazone étant sillonnée par de nombreux navires océanographiques capab<strong>le</strong>s d’effectuer mesures sismiqueset <strong>le</strong>vés de gravimétrie. Par contraste, <strong>le</strong>s frontières avec <strong>le</strong>s plaques sud-américaine et Pacifique sontbeaucoup moins faci<strong>le</strong>s à contraindre. Nous avons cherché à utiliser <strong>le</strong>s résultats fournis par notre calculglobal sur <strong>le</strong>s deux plaques Antarctique et Australie, pour calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> mouvement relatif, qui est celuides mouvements relatifs incluant la plaque Antarctique <strong>le</strong> mieux contraint par <strong>le</strong>s données de Nuvel1-A.Une bonne ressemblance entre <strong>le</strong> mouvement relatif obtenu grâce à notre calcul et la rotation relative deplaques donnée par Nuvel1-A fournirait ainsi une validation d’ordre géologique à nos résultats sur l’Antarctique.Les vitesses utilisées pour ces comparaisons de vitesses et pô<strong>le</strong>s de rotation pour la plaque Australie et <strong>le</strong>déplacement relatif de la plaque Antarctique et de la plaque Australie seront cel<strong>le</strong>s de la solution ENS 97,obtenues par rattachement de la solution en réseau libre à l’ITRF 97, et cel<strong>le</strong>s de l’ITRF 97.250


x1. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES VITESSES HORIZONTALES.1.2.4. Mouvement de la plaque Australie.De la même façon que ce qui avait été fait pour <strong>le</strong> mouvement de rotation de plaque rigide des résultatsde la plaque Antarctique, nous avons évalué vitesse et position de pô<strong>le</strong> de rotation à partir des vitesseshorizonta<strong>le</strong>s des stations de Auckland, Hobart et Perth des solutions ENS 97 et ITRF 97. La vitesse de lastation de Macquarie n’a pas été prise en compte dans cette estimation, <strong>le</strong>s vitesses des solutions ENS 97et ITRF 97 différant trop visib<strong>le</strong>ment de la rotation de plaque rigide sur ce point, situé sur la frontière entrela plaque Australie et Pacifique. Les pondérations des vitesses des différents points dans la recherche depô<strong>le</strong> ont été choisies équiva<strong>le</strong>ntes sur tous <strong>le</strong>s points, dans la mesure où la qualité géodésique des calculssur toutes ces stations est excel<strong>le</strong>nte, et où <strong>le</strong>ur mouvement est a priori peu différent de celui de la plaquerigide. Les vitesses et pô<strong>le</strong>s de rotation pour cette plaque Australie comparés avec <strong>le</strong>s prédictions de NNR-Nuvel1-A sont données par :Vitesse( ˚/Ma) Latitude LongitudeENS 97 0,55 33,7 N 40,2 EITRF 97 0,617 34,2 N 37,9 ENNR-Nuvel1-A 0,68 33,8 N 33,2 ELes positions des pô<strong>le</strong>s sont relativement proches d’une solution à l’autre, et sont éga<strong>le</strong>ment assez prochesdes positions du pô<strong>le</strong> de Nuvel1-A, bien que l’estimation n’ait été effectuée qu’à partir de 3 points situésau Sud de la plaque Australie. Les écarts entre <strong>le</strong>s positions des pô<strong>le</strong>s évalués à partir de la solutionENS 97 et de Nuvel1-A ne dépassent pas 1en latitude et 7en longitude, la plus grosse différenceportant sur la vitesse de rotation. La solution ITRF 97 est encore plus proche de Nuvel1 pour ce qui estde la position du pô<strong>le</strong> (moins de 5d’écart en latitude et en longitude), mais aussi de la vitesse de rotation.La comparaison des mouvements de plaques tectoniques sur l’Australie manque de fiabilité dans lamesure où el<strong>le</strong> ne prend en compte que <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s de 3 stations GPS, toutes situées dans lapartie Sud de la plaque, pour l’estimation du pô<strong>le</strong> et de la vitesse de rotation. C’est pourquoi nous avonscherché à évaluer mouvement de la plaque Australie et mouvement relatif à partir de calculs GPS sur davantagede points australiens. Un autre résultat récent d’études de géodésie spatia<strong>le</strong> sur l’Australie estcelui de Heflin (1999) pour la solution IGS du JPL. Cette solution IGS parmi d’autres présente l’avantaged’inclure des données récentes, <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s comprenant <strong>le</strong>s résultats de l’année 1998. Les vitesseshorizonta<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s stations australiennes de Auckland, Canberra, Cocos, Hobart, Perth, Tidbinbillaet Yaragadee permettent, toujours selon la même technique, d’évaluer une vitesse et un pô<strong>le</strong> de rotationbeaucoup mieux contraints qu’à partir de 3 stations seu<strong>le</strong>ment. On obtient alors pour cette plaque Australie:Vitesse ( ˚/Ma) Latitude LongitudeHeflin 0,639 34,15 N 43,5 ENNR-Nuvel1-A 0,68 33,8 N 33,2 Esoit une vitesse de rotation différent de 4 centièmes de degré par million d’années de cel<strong>le</strong> de Nuvel1-A,un pô<strong>le</strong> situé sensib<strong>le</strong>ment à la même latitude, mais une dizaine de degrés plus à l’Est. Si l’on considèreque ces vitesse et pô<strong>le</strong> de rotation constituent un résultat plus fiab<strong>le</strong> que celui de la solution251


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.ENS 97 estimé à partir de 3 points seu<strong>le</strong>ment, on peut s’en servir pour évaluer <strong>le</strong> mouvement relatifAntarctique/Australie à partir du pô<strong>le</strong> et de la vitesse de rotation de la solution ENS 97 sur l’Antarctique,eux aussi suffisamment fiab<strong>le</strong>s. On peut remarquer en comparant <strong>le</strong>s estimations des solutionsHeflin et ENS 97 dans <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux précédents que la position du pô<strong>le</strong> (ainsi que la vitesse de rotation)ENS 97 est plus proche de cel<strong>le</strong> proposée par Heflin qu’el<strong>le</strong> ne l’était du mouvement prédit par Nuvel1-A.1.2.5. Mouvement relatif des plaques Australie et Antarctique.Notre calcul de rotation de plaque sur l’Antarctique donnait un modè<strong>le</strong> de rotation cohérent, maissensib<strong>le</strong>ment différent de Nuvel1-A. La rotation globa<strong>le</strong> de la plaque australienne déduite des résultatsGPS de Heflin (1999) est éga<strong>le</strong>ment différente des prédictions NNR-Nuvel1-A sur l’Australie. Comme lafrontière entre ces deux plaques est la frontière la mieux contraintes parmi toutes cel<strong>le</strong>s faisant intervenirla plaque antarctique, nous avons estimé un pô<strong>le</strong> relatif à ces deux plaques, à partir des deux résultatsrécents de géodésie spatia<strong>le</strong> que constituent <strong>le</strong> calcul ENS 97 sur l’Antarctique, et <strong>le</strong>s résultats de Heflin(1999) sur l’Australie.L’obtention du mouvement relatif se fait très simp<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> calcul d’un pô<strong>le</strong> de rotation combiné, etd’une vitesse de rotation correspondante. La vitesse de rotation relative de la plaque Australie (solutionHeflin) par rapport à la plaque Antarctique (solution ENS 97) est alors donnée par :Vitesse ( ˚/Ma) Latitude LongitudeHeflin/ENS97 0,66 10,92 N 48,5 ENNR-Nuvel1-A 0,65 13,25 N 51,81 ELe mouvement relatif Australie-Antarctique déduit des vitesses ENS 97 sur l’Antarctique et Heflin (1999)sur l’Australie est extrêmement proche de celui prédit par NNR-Nuvel1-A, à la fois pour la position dupô<strong>le</strong> (moins de 3 degrés d’écart en latitude et en longitude) et pour la vitesse de rotation (moins d’un centièmede degré par million d’années de différence). Le déplacement sur cette frontière, très bien contraintedans Nuvel1-A, valide ainsi <strong>le</strong>s résultats géodésiques des solutions ENS 97 sur l’Antarctique, (Heflin 1999)sur l’Australie, malgré <strong>le</strong>urs désaccords respectifs avec <strong>le</strong>s prédictions de Nuvel1-A prises séparément.Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s résultant de ce calcul global en réseau libre rattaché à l’ITRF 97 par <strong>le</strong> biais d’unetransformation à 7 paramétres permettent donc d’al<strong>le</strong>r au delà du simp<strong>le</strong> mouvement absolu de rotationde la plaque tectonique Antarctique.Plus précisément, la comparaison du mouvement de plaques relatif obtenu à partir des vitesses ENS 97sur la plaque Antarctique, et des vitesses obtenues par Heflin (1999) sur la plaque Australie, avec <strong>le</strong> mouvementrelatif prédit par Nuvel1-A montre une très bonne cohérence entre <strong>le</strong>s résultats ENS 97 et <strong>le</strong>scontraintes géodynamiques.252


x2. MOUVEMENTS VERTICAUX.2. Mouvements verticaux.L’obtention de vitesses de déplacement vertical sur <strong>le</strong>s stations antarctiques constituait <strong>le</strong> but principalde cette étude. C’est l’interprétation de ces vitesses vertica<strong>le</strong>s qui doit permettre de confirmer oud’infirmer l’interprétation glaciaire des résidus horizontaux sur la Péninsu<strong>le</strong> antarctique qui avait étédéduite des évaluations de mouvements de rotation.Le temps passé à améliorer la précision de la composante vertica<strong>le</strong> du calcul GPS a permis d’obtenir desséries temporel<strong>le</strong>s de suffisamment bonne qualité, dont on a extrait des vitesses linéaires significatives,y compris sur cette composante vertica<strong>le</strong>. Les vitesses sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s se fondent cette interprétationgéophysique sont extraites des solutions ENS 96 et ENS 97. El<strong>le</strong>s sont comparées aux vitesses vertica<strong>le</strong>sdes solutions ITRF 96 et ITRF 97 sur <strong>le</strong>s mêmes stations. On cherchera en tout premier lieu à détecterdes mouvements verticaux de rebond post-glaciaire, que l’on comparera aux prédictions des différentsmodè<strong>le</strong>s de rebond visqueux ou élastique exposés dans la partie I de cette étude.Toutes <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s sont déduites de séries temporel<strong>le</strong>s continues sur une période de près de4 ans, sauf cel<strong>le</strong>s de la station de Dumont. La solution de Dumont provient du traitement des deux campagnesSCAR de 1995 et 1996, et des données de la station permanente installée fin 1997. L’utilisation dumême pilier à centrage forcé pour <strong>le</strong>s campagnes SCAR, pilier servant ensuite de base à la station permanente,garantit la continuité de la planimétrie de 1995 à 1998. Par contre, <strong>le</strong>s campagnes SCAR ayant étéeffectuées à l’aide de matériel différent (type d’antenne et de récepteur), <strong>le</strong>s mesures de hauteurs d’antennesne sont pas homogènes. Plus précisemment, il subsiste un doute sur la façon dont a été mesuréela hauteur d’antenne en 1996, et sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> d’antenne à utiliser au cours du calcul. L’exploitation dela composante vertica<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s deux campagnes SCAR n’est donc pas possib<strong>le</strong>. On s’est contenté d’extraireune vitesse vertica<strong>le</strong> de la partie de la série temporel<strong>le</strong> correspondant à la station permanente, soit1998. Cette vitesse vertica<strong>le</strong> n’est évidemment pas aussi précise que cel<strong>le</strong>s des stations IGS, résultant del’analyse de plus de 3 ans de données. El<strong>le</strong> figure donc dans ces résultats à titre d’information, son interprétationdoit être considérée avec prudence.2.1. Réseau libre rattaché à l’ITRF96.Les vitesses vertica<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s stations du réseau global antarctique ont été extraites par régressionlinéaire (logiciel XMGR) des séries temporel<strong>le</strong>s des variations de la composante vertica<strong>le</strong> obtenues par <strong>le</strong>calcul en réseau libre rattaché par <strong>le</strong> biais d’une transformation à 7 paramètres (XVMIX) aux positionscorrespondantes de l’ITRF 96. Cette solution sera, comme pour <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s, désignée dansla suite par((ENS 96). Les incertitudes obtenues à la suite de la régression linéaire sur ces vitesses sontextrêmement réduites (de l’ordre de 2 à 3 mm/an sur <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s) et ne reflètent pas la précisionréel<strong>le</strong> du calcul. Aussi <strong>le</strong>s barres d’erreurs représentées sur <strong>le</strong>s figures correspondent-el<strong>le</strong>s encore unefois aux différences entre <strong>le</strong>s diverses solutions obtenues par toutes <strong>le</strong>s techniques de rattachement duréseau libre à l’ITRF 96.Nous avons comparé figure IV.18 ces vitesses vertica<strong>le</strong>s ENS 96 avec cel<strong>le</strong>s de l’ITRF 96 sur <strong>le</strong>s mêmespoints. La convention de représentation est que <strong>le</strong>s vitesses vers <strong>le</strong> haut sont tracées <strong>le</strong> long des méridiensvers <strong>le</strong> Nord (sens divergent par rapport au Pô<strong>le</strong>), <strong>le</strong>s vitesses vers <strong>le</strong> bas <strong>le</strong> long des méridiens, vers <strong>le</strong>Sud (sens convergent). On peut ainsi remarquer immédiatement que toutes <strong>le</strong>s vitesses portées sur lacarte correspondent à des surrections, sans aucune subsidence.Le mouvement est nul ou très faib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s stations australiennes. Toutes <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s ITRF 96y sont négligeab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s vitesses ENS 96 sont de quelques mm/an à Auckland et Macquarie. De même àChatham (plaque Pacifique), l’ITRF 96 ne montre aucun mouvement vertical, la solution ENS 96 une très253


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.0˚330˚ENS 9630˚ITRF96300˚60˚SANTOHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1PERTMAC1240˚HOB2120˚CHATAUCK210˚150˚180˚FIG. IV.18 - Comparaisondes vitesses vertica<strong>le</strong>s du réseauantarctique de la solution en calcul libre rattachéeà l’ITRF96 (solution ENS 96, flèches blanches) avec <strong>le</strong>s vitesses ITRF 96 sur <strong>le</strong>s mêmes points (flèches noires). La conventionest de représenter<strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s <strong>le</strong> long des méridiens, dirigées vers l’extérieur lorsqu’el<strong>le</strong>s sont positives (vers<strong>le</strong> haut), vers <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> lorsqu’el<strong>le</strong>s sont négatives. L’échel<strong>le</strong> de 1cm/an est donnée par <strong>le</strong>s flêches en haut de la figure.légère surrection. Dans tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong>s vitesses ENS 96 sont homogènes et très compatib<strong>le</strong>s, compte tenudes barres d’erreurs, avec <strong>le</strong>s vitesses ITRF 96.La vitesse vertica<strong>le</strong> des deux solutions est identique sur la station de Kergue<strong>le</strong>n, une surrection de 5 à6 mm/an. Il paraît diffici<strong>le</strong> d’expliquer ce mouvement vertical à partir de considérations tectoniques,Kergue<strong>le</strong>n se trouvant assez éloigné de la frontière de plaque et de la sismicité qui l’accompagne. On nedispose pas de modè<strong>le</strong> de rebond glaciaire sur <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s entourant <strong>le</strong> continent antarctique, il paraît diffici<strong>le</strong>de savoir si la diminution de la calotte et <strong>le</strong> retrait glaciaire sur <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s suffit à influencer <strong>le</strong>ur mouvementvertical.Une des premières stations où l’on observe une divergence importante entre <strong>le</strong>s deux solutions estSantiago. La vitesse ITRF 96 est de 8 mm/an, cel<strong>le</strong> de la solution ENS 96 de 17 mm/an, à la limitede la compatibilité compte tenu des barres d’erreurs. Pour essayer de trouver une explication à un254


x2. MOUVEMENTS VERTICAUX.mouvement vertical d’une tel<strong>le</strong> amplitude, nous avons effectué des comparaisons avec <strong>le</strong>s résultatsd’autres techniques de géodésie. La solution VLBI du Goddard Space Flight Center (GSFC) sur la lignede base entre Santiago et O’Higgins montre un mouvement vertical sur la station de Santiago de 12,3mm/an, soit une vitesse plus é<strong>le</strong>vée que la vitesse combinée ITRF 96.Une étude menée par Jean-Claude Ruegg (1999) sur un réseau GPS sud-américain d’une cinquantainede stations, incluant <strong>le</strong>s stations IGS de Santiago, La Plata, Arequipa, l’I<strong>le</strong> de Pâques, Brazilia, Forta<strong>le</strong>zaet Kourou, lui permet d’obtenir une vitesse vertica<strong>le</strong> positive à Santiago, de 15,9 mm/an, soit beaucoupplus proches de notre solution ENS 96 que des vitesses ITRF 96. Les données proviennent de campagnesGPS entre début 1992 et 1996, et ont été traitées en réseau libre avec <strong>le</strong> logiciel GAMIT, puis rattachéesaux positions IGS obtenues par <strong>le</strong> calcul de la Scripps en utilisant <strong>le</strong> logiciel GLOBK.Une surrection aussi importante subit certainement l’influence de la zone de subduction toute prochede la plaque Nazca sous la plaque sud-américaine. La vitesse horizonta<strong>le</strong> de convergence des deuxplaques est de 6 à 7 cm par an, avec un taux de racourcissement en avant de la zone de subductionnettement plus faib<strong>le</strong>, ce qui révè<strong>le</strong> un déficit important d’énergie sismique. Les deux plaques de partet d’autre de la zone de subduction seraient couplées, avec un coefficient de couplage proche de 100 %,et une profondeur de blocage évaluée entre 46 et 54 km. Il s’agit alors d’un comportement très prochede celui de la subduction de la plaque Philippine sous la plaque Eurasie, au niveau du Sud-Ouest duJapon (zone de Nankai). Des études récentes, reprises par Le Pichon (1997), montrent que contrairementà ce qui se passe plus au Nord (zone du Nord Honshu) où <strong>le</strong> couplage n’est que de 50 %, la subductionPhilippines-Eurasie est du type((couplage total)), avec une profondeur de blocage de 30 km environ. Onmontre, avec l’appui des résultats de nivel<strong>le</strong>ments en avant de la zone de subduction, qu’il y a subsidenceau dessus de la zone de couplage, et surrection, d’environ 5 mm/an, au delà de cette zone de couplage.La subduction de Nazca sous l’Amérique du Sud étant el<strong>le</strong> aussi du type couplée, on devrait pouvoirextrapo<strong>le</strong>r ces résultats à la zone de Santiago. On peut ainsi expliquer une surrection de 5 à 6 mm/an surla station de Santiago.Le point <strong>le</strong> plus intéressant est bien sûr l’analyse des vitesses vertica<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> continent antarctique.Toutes <strong>le</strong>s vitesses ENS 96 sont positives, comprises entre 9 mm/an à Davis et presque 2,5 cm/an àO’Higgins. Le mouvement sur la partie Est de la calotte est remarquab<strong>le</strong>ment homogène, montrant undéplacement vers <strong>le</strong> haut d’environ 1 cm/an sur <strong>le</strong>s 3 stations de Casey, Davis et Dumont, de 2 cm/anà McMurdo. Rappelons que la vitesse vertica<strong>le</strong> sur la station de Dumont est extraite d’un peu plusd’un an de données continues seu<strong>le</strong>ment, et a donc une précision inférieure à cel<strong>le</strong> des autres stationsantarctiques.La très bonne homogénéité de ces vitesses vertica<strong>le</strong>s Est antarctique (surrection généra<strong>le</strong> d’environ 10mm/an) constitue une amélioration par rapport à ce que l’on observe sur <strong>le</strong>s composantes vertica<strong>le</strong>sextraites de l’ITRF 96. Les vitesses vertica<strong>le</strong>s de l’ITRF 96 sur <strong>le</strong>s stations antarctiques sont en effet trèshétérogènes : vitesse nul<strong>le</strong> sur la station de Davis, très faib<strong>le</strong> à Dumont (qui est une solution DORIS pure),et de 3 à 5 mm/an supérieures aux vitesses ENS 96 sur <strong>le</strong>s stations de Casey et McMurdo. Les barresd’erreurs sur ces vitesses vertica<strong>le</strong>s ENS 96 sont malgré tout importantes : à l’exception de McMurdo,el<strong>le</strong>s atteignent partout l’ordre de grandeur des vitesses el<strong>le</strong>s-mêmes. Peut-on interpréter ces vitessesvertica<strong>le</strong>s comme la marque d’un rebond général sur <strong>le</strong>s côtes de la calotte Est Antarctique ? L’ordrede grandeur du mouvement obtenu est compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s résultats de la plupart des modè<strong>le</strong>s sur lacalotte Est. Les vitesses vertica<strong>le</strong>s prédites par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de((rebond post glaciaire)(voir la conclusiondu chapitre II de la première partie) situait <strong>le</strong> taux de rebond actuel sur la calotte Est entre -5 mm/anet +15 mm/an. Sur <strong>le</strong>s côtes de la partie Est el<strong>le</strong>s-mêmes, <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de rebond (ICE-3G, ICE-4G ou<strong>le</strong> modè<strong>le</strong> D91, voir <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.3 page 58) s’accordent sur des vitesses de remontée inférieures à 4255


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.mm/an, sauf à l’Ouest de la plate-forme d’Amery où el<strong>le</strong>s atteignent 6 mm/an. Un maximum est atteintà McMurdo avec <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> LC79, et une vitesse de remontée de 7 mm/an. Les modè<strong>le</strong>s des glaciologues,comme SVGE, prédisent éga<strong>le</strong>ment des vitesses inférieures au centimètre par an sur <strong>le</strong> littoral EstAntarctique. Les résultats des modè<strong>le</strong>s sont très sensib<strong>le</strong>s aux variations couplées des paramètres de larhéologie terrestre et de la chronologie de la déglaciation. Une vitesse vertica<strong>le</strong> uniforme de 10 mm/ansur l’ensemb<strong>le</strong> de l’Est Antarctique est donc compatib<strong>le</strong> avec du rebond visqueux, surtout en tenantcompte des barres d’erreur. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s accompagnant ce rebond vertical sur <strong>le</strong>s côtesantarctiques ne dépassent pas, d’après <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s ICE-3G ou ICE-4G, la va<strong>le</strong>ur d’un millimètre paran (voir <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.4 page 61). El<strong>le</strong>s seraient donc très diffici<strong>le</strong>s à discerner à l’intérieur des vitessesrésiduel<strong>le</strong>s horizonta<strong>le</strong>s du mouvement global de rotation de la plaque antarctique.Sur la station de O’Higgins, à l’extrémité de la Péninsu<strong>le</strong>, la solution ENS 96 fournit une vitessevertica<strong>le</strong> é<strong>le</strong>vée, de 2512 mm/an. On a vu que <strong>le</strong>s données de O’Higgins, en quantité et qualité, sonttout à fait comparab<strong>le</strong>s à cel<strong>le</strong>s des autres stations IGS, et que la vitesse vertica<strong>le</strong> ENS 96 présente unetrès bonne fiabilité. Il s’agit d’un taux de surrection particulièrement important, et qui se démarque de lavitesse vertica<strong>le</strong> ITRF 96 sur la même station, inférieure à 2 mm/an. Les résultats des modè<strong>le</strong>s de rebondpost-glaciaire du chapitre II de la partie I font état de vitesses de remontée visqueuse non négligeab<strong>le</strong> surla Péninsu<strong>le</strong>. L’épaisseur maxima<strong>le</strong> de glace évacuée depuis <strong>le</strong> dernier maximum glaciaire se situe plutôtautour des deux plates-formes antarctiques majeures (Filchner-Ronne ou Ross, selon <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s), maisla quantité de glace disparue de la Péninsu<strong>le</strong> justifie des vitesses vertica<strong>le</strong>s de 8 mm/an (modè<strong>le</strong> ICE-4G)à 14 mm/an (modè<strong>le</strong> D91). La station de O’Higgins se situant à l’extrèmité Nord de la Péninsu<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>se trouve un peu un l’écart de la zone de rebond maximal, et <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s ne devraient pas ydépasser 5 mm/an (7 mm/an au maximum pour la réponse au modè<strong>le</strong> LC 79, voir <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.3 de lapage 58). Un résultat comparab<strong>le</strong> est obtenu par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de réponse élastique à l’évolution d’unecalotte, développés par Le Meur (1996). Ces vitesses peuvent varier en fonction de la rhéologie desmodè<strong>le</strong>s de Terre utilisés, ou de la quantité de glace mise en jeu lors de la déglaciation. Dans tous <strong>le</strong>scas, la surrection mesurée, de 25 mm/an, est trop forte pour pouvoir être expliquée entièrement par durebond visqueux en cohérence avec <strong>le</strong>s prédictions des modè<strong>le</strong>s. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s accompagnantce rebond vertical sont une fois de plus inférieures à 1 mm/an, quel que soit <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> considéré(ICE-3G, D91 ou LC79, voir <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.4 page 61). El<strong>le</strong>s ne sont donc pas discernab<strong>le</strong>s du mouvementhorizontal de la station de O’Higgins, même en ne considérant que la vitesse résiduel<strong>le</strong>, une fois en<strong>le</strong>vé<strong>le</strong> mouvement de rotation globa<strong>le</strong> de la plaque tectonique.La Péninsu<strong>le</strong> est la seu<strong>le</strong> région antarctique où l’on peut s’attendre à du rebond élastique en réponseà des variations actuel<strong>le</strong>s importantes de masse de glace. Les modè<strong>le</strong>s passés en revue dans <strong>le</strong> chapitreIII de la première partie prédisent des vitesses vertica<strong>le</strong>s élastiques comprises entre -10 mm/an et +10mm/an sur la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s glaciologues se partageant entre partisans d’une augmentation de l’accumulationet d’une accélération de l’évacuation glaciaire. Des observations récentes de glaciologues fontcependant état d’un accroissement important du vêlage d’icebergs sur <strong>le</strong>s plates-formes de la Péninsu<strong>le</strong>.Les mesures d’épaisseur de glace par altimétrie radar ont montré que <strong>le</strong>s taux de fonte au contact del’eau de mer, à la base des plates-formes, sont nettement supérieurs aux évaluations des modè<strong>le</strong>s. Lavitesse de remontée très importante observée sur la station de O’Higgins pourrait donc s’expliquer parla somme de deux effets : un rebond visqueux de 5 à 10 mm/an, compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s de rebondpost-glaciaire, et une composante élastique, résultat de l’accélération importante de la déglaciationactuel<strong>le</strong> de la Péninsu<strong>le</strong>, constatée par plusieurs études glaciologiques (voir <strong>le</strong>s conclusions du chapitreIII de la première partie). Ce dernier phénomène concernerait uniquement la Péninsu<strong>le</strong> antarctique.256


x2. MOUVEMENTS VERTICAUX.Expliquer une partie importante de la vitesse tota<strong>le</strong> de remontée à O’Higgins par du rebond élastiqueinstantané est très cohérent avec <strong>le</strong>s vitesses résiduel<strong>le</strong>s importantes (10 mm/an pour la solution ENS 96)observées sur cette station. Vitesses horizonta<strong>le</strong>s et vertica<strong>le</strong>s s’accordent sur un ordre de grandeur derebond élastique sur la Péninsu<strong>le</strong> supérieur aux conclusions du chapitre III, partie I. On va donc chercherà évaluer la quantité de glace nécessaire pour expliquer un tel phénomène.Des modè<strong>le</strong>s de rebond élastique simp<strong>le</strong>s permettent d’évaluer la quantité de glace à retirer pourprovoquer une remontée élastique de la croûte de 10 mm. James et Ivins (1998) utilisent une charge enforme de calotte sphérique (ou de disque), d’épaisseur un mètre, et calcu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> déplacement verticalprovoqué par la suppression de la charge, en fonction du rayon du disque, et de la position du pointà l’intérieur de ce disque (figure IV.19). Un disque de 250 km de diamètre, dont l’épaisseur diminueFIG. IV.19 - Déplacement élastique vertical (en mm) provoqué par la suppression d’une calotte de glace sphérique,d’épaisseur1 m (la densité de la glace est prise éga<strong>le</strong>à 917 kg/m3). La réponseest calculée pour un point situé au centrede la calotte (courbe du haut) ainsi que pour un point situé sur ses marges (en bas), par deux méthodes différentes(Fonctions de Green d’aprés (Farrell 1972)) et sommation des réponsesélastiques par nombres de Love, jusqu’au degré512, méthodes qui donnent des résultats identiques. Le rayon du disque de glace est indiqué en abscisse, en km (enhaut) et en degrés (en bas). Figure tirée de (James et Ivins 1998)de 1 m suffit à provoquer une remontée de la croûte de 12 mm au voisinage de son centre, mais 7 mmseu<strong>le</strong>ment sur ses bords. Avec des dimensions plus proches de cel<strong>le</strong>s de la Péninsu<strong>le</strong> et d’une partie del’Antarctique Ouest, soit 1200 km de longueur sur 400 km de largeur, <strong>le</strong> même modè<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> indiquequ’il faut retirer une épaisseur de glace de 65 cm pour obtenir une remontée tota<strong>le</strong> élastique de 10 mmsur <strong>le</strong>s bords de la calotte, ce qui correspond sensib<strong>le</strong>ment à la situation géographique de la station deO’Higgins par rapport à la Péninsu<strong>le</strong>. Une tel<strong>le</strong> épaisseur, de plusieurs décimètres, qui paraît énormeau premier abord, est cependant compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s scénarios <strong>le</strong>s plus favorab<strong>le</strong>s à une débâc<strong>le</strong> rapidesur la partie Ouest antarctique. La configuration((J92)présentée dans <strong>le</strong> chapitre III de la premièrepartie, (pages 100 à 105 par exemp<strong>le</strong>) fait état de déséquilibres jusqu’à -689 mm/an aux abords de laplate-forme de Filchner-Ronne, et -574 mm/an à l’intérieur de la Péninsu<strong>le</strong> (voir la figure III.10, page103). Ce scénario J92 est <strong>le</strong> seul parmi <strong>le</strong>s quatre exploités par Jacobs et al. (1992) qui prennent en comptedans <strong>le</strong> bilan de l’équilibre actuel de la masse de glace antarctique, <strong>le</strong>s taux d’évacuation par <strong>le</strong> biais desplates-formes. Il comporte une approximation, puisqu’il assimi<strong>le</strong> la quantité de glace évacuée à partirdes plates-formes sous forme de vêlage ou de fonte à la quantité de glace quittant la portion terrestre dela calotte. La dynamique d’évolution des plates-formes, qui servent d’intermédiaire entre la glace posée257


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.et l’ócéan, est donc négligée, mais <strong>le</strong>s ordres de grandeurs sont conservés.Ces taux d’ablation importants et pûrement théoriques, ont trouvé récemment un écho dans des observationsglaciologiques loca<strong>le</strong>s, à proximité de la station de Rothera. Les profils de nivel<strong>le</strong>ment rapportéspar Smith et al. (1998), associés à des mesures radar, ont montré une diminution moyenne de 32 cm paran de l’épaisseur de glace sur la rampe de glace entre 1989 et 1997.Une vitesse tota<strong>le</strong> de remontée de 25 mm/an sur la pointe de la Péninsu<strong>le</strong> peut donc correspondreà un doub<strong>le</strong> effet de rebond, associant une remontée viqueuse inférieure à 10 mm/an, semblab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong>observée sur l’Antarctique Est, et un rebond élastique localisé sur la Péninsu<strong>le</strong>. Ce dernier phénomèneindiquerait que <strong>le</strong> taux d’ablation actuel sur la Péninsu<strong>le</strong> est proche des prédictions <strong>le</strong>s plus alarmistes :<strong>le</strong>s observations loca<strong>le</strong>s de disparition accélérée de plates-formes ou de remontée rapide mesurée par nivel<strong>le</strong>ment((Kamimuna 1998) par exemp<strong>le</strong>) correspondent bien à une accélération du déséquilibre de lacalotte Ouest, allant dans <strong>le</strong> sens d’une débâc<strong>le</strong> rapide.258


x2. MOUVEMENTS VERTICAUX.2.2. Réseau libre rattaché à l’ITRF97.0˚330˚ENS 9730˚ITRF97300˚60˚SANTOHIGKERGDAV190˚270˚CAS1MCM4DUM1PERTMAC1240˚HOB2120˚CHATAUCK210˚150˚180˚FIG. IV.20 - Comparaisondes vitesses vertica<strong>le</strong>s du réseauantarctique de la solution en calcul libre rattachéeà l’ITRF97 (solution ENS 97, flêches blanches) avec <strong>le</strong>s vitesses ITRF 97 sur <strong>le</strong>s mêmes points (flêches noires). La conventionest de représenter<strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s <strong>le</strong> long des méridiens, dirigées vers l’extérieur lorsqu’el<strong>le</strong>s sont positives (vers<strong>le</strong> haut), vers <strong>le</strong> Pô<strong>le</strong> lorsqu’el<strong>le</strong>s sont négatives. L’échel<strong>le</strong> de 1cm/an est donnée par <strong>le</strong>s flêches en haut de la figure.Les vitesses vertica<strong>le</strong>s de la solution en réseau libre rattachée par <strong>le</strong> biais d’une transformation à 7paramètres à l’ITRF 97 ont éga<strong>le</strong>ment été extraites des séries temporel<strong>le</strong>s correspondantes par régressionlinéaire. Cette solution ENS 97 est comparée (voir la carte IV.20 ) aux vitesses vertica<strong>le</strong>s de la solution ITRF97 sur <strong>le</strong>s mêmes points. Les conventions concernant <strong>le</strong>s barres d’erreurs et la représentation des vitessesvertica<strong>le</strong>s <strong>le</strong> long des méridien, dans <strong>le</strong> sens positif vers <strong>le</strong> Nord, sont <strong>le</strong>s mêmes que précédemment.Comme pour <strong>le</strong>s solutions ENS 96, seu<strong>le</strong>s ont été interprétées <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s stationsfournissant des résultats sur des périodes suffisamment longues. Les vitesses des nouvel<strong>le</strong>s stations GPSpermanentes sur l’Antarctique (Mawson, Palmer et Sanae) ne sont pas représentées, la vitesse vertica<strong>le</strong>sur Dumont sera comparée à cel<strong>le</strong>s des stations voisines, mais sa précision est moindre.259


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.De façon assez similaire à ce qui avait été constaté sur <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>schangent peu de la solution ENS 96 à la solution ENS 97. Une fois de plus, el<strong>le</strong>s sont toutes dirigées vers<strong>le</strong> haut.Sur la région Australie/Pacifique, <strong>le</strong>s vitesses ENS demeurent inférieures à 9 mm/an , un maximumsur la station de Macquarie. La vitesse ENS 96 y atteignait déja 7 mm/an. La cohérence régiona<strong>le</strong> surcette zone est bonne, puisque <strong>le</strong>s vitesses de remontée ENS 97 sur Macquarie, Chatham et Aucklandsont comprises entre 7,5 et 9 mm. Il s’agit de va<strong>le</strong>urs assez é<strong>le</strong>vées, supérieures de quelques millimètrespar an aux vitesses ITRF 97 sur <strong>le</strong>s mêmes stations, comprises entre 2 et 4 mm/an. Les barres d’erreurssur <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s ENS 97 sont du même ordre de grandeur que <strong>le</strong>s vitesses el<strong>le</strong>s-mêmes, <strong>le</strong>sdeux solutions restent donc compatib<strong>le</strong>s, avec des vitesses positives. La bonne cohérence régiona<strong>le</strong>de cet ensemb<strong>le</strong> de mouvements peut refléter soit un effet de remontée réel (influence lointaine de ladéglaciation antarctique sous forme de rebond visqueux?) soit un systématisme dans <strong>le</strong> rattachement ausystème de référence. Les vitesses étant calculées sur <strong>le</strong>s séries temporel<strong>le</strong>s rattachées à l’ITRF 97, un telphénomène suppose une dérive systématique des différences de positions entre stations au cours des 4ans de mesure, dérive qui devrait être perceptib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s variations des paramètres de transformation.Un tel systématisme non détecté paraît donc assez peu probab<strong>le</strong>.La vitesse de Kergue<strong>le</strong>n a légèrement augmenté dans la solution ITRF 97 par rapport au résultat ITRF96, pour atteindre 9 mm/an, alors que la vitesse ENS diminue, jusqu’à 2 mm/an seu<strong>le</strong>ment. Une fois deplus, <strong>le</strong>s incertitudes sur la vitesse ENS 97, de plus d’un centimètre par an, rendent <strong>le</strong>s deux solutionscompatib<strong>le</strong>s, mais <strong>le</strong>s interprétations plus hasardeuses.Sur la station de Santiago, la vitesse ITRF ne change pas, restant aux a<strong>le</strong>ntours de 8 mm/an, alors quela solution rattachée ENS 97 montre une vitesse vertica<strong>le</strong> toujours positive, mais négligeab<strong>le</strong>, inférieureà 2 mm/an. L’incertitude sur cette station, d’un centimètre par an à nouveau, évite une incompatibilitéentre <strong>le</strong>s solutions ENS 97 et ITRF 97, mais cette vitesse réduite à 2 mm/an constitue un résultat biensurprenant. La vitesse vertica<strong>le</strong> ENS 96, de plus de 17 mm/an, était largement supérieure au résultatITRF 96. On a vu qu’un mouvement de remontée important sur Santiago, proche de la zone de subductiondes plaques Nazca/Amérique du Sud, pouvait correspondre à des modè<strong>le</strong>s géophysiques surcette région, et se trouvait conforté par d’autres observations de géodésie spatia<strong>le</strong> (Ruegg 1999). Lerattachement par transformation à 7 paramètres des mêmes solutions libres journalières à un systèmede référence différent, mais affichant une vitesse identique sur cette station de Santiago, suffit à annu<strong>le</strong>rune composante vertica<strong>le</strong> importante. Cela peut être <strong>le</strong> symptôme d’un problème concernant l’ensemb<strong>le</strong>du réseau, plus précisément son comportement lors du rattachement par transformation. Le fait de nedisposer que d’une station sur l’Amérique du Sud (on a vu dans <strong>le</strong> chapitre II de cette partie pourquoi)ne permet pas de vérifier s’il s’agit d’un problème lié à cette station seu<strong>le</strong>ment, ou si <strong>le</strong>s vitesses sur toutela région se comportent de la même façon.Sur <strong>le</strong> continent Antarctique même, <strong>le</strong>s vitesses ENS 97 changent assez peu par rapport à la solutionENS 96 : on observe une légère diminution généra<strong>le</strong>, sauf sur la station de Dumont où la vitesse devientéga<strong>le</strong> à plus de 2,6 cm/an. Toutes <strong>le</strong>s autres vitesses de l’Antarctique Est sont comprises entre 5 mm/anà Davis et 1,4 cm/an à McMurdo. On conserve donc la bonne cohérence régiona<strong>le</strong> déja obtenue dans lasolution ENS 96 ainsi qu’une bonne compatibilité avec des vitesses vertica<strong>le</strong>s visqueuses des modè<strong>le</strong>s derebond post-glaciaire. Comme pour la solution ENS 96, la vitesse maxima<strong>le</strong> de remontée est obtenue surla station de McMurdo (14 mm/an), ce qui correspond assez bien aux prédictions des différents modè<strong>le</strong>sde rebond (voir <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II.3 page 58). La proximité de la mer de Ross et de la plate-forme glaciaire260


x2. MOUVEMENTS VERTICAUX.la prolongeant permet d’obtenir une vitesse théorique de remontée à McMurdo de 7 mm/an (modè<strong>le</strong>LC79) contre de 2 à 4 mm/an sur <strong>le</strong>s stations de Casey et Davis. Les barres d’erreurs sur ces vitesses,qui sont <strong>le</strong>s mêmes que pour la solution ENS 96, permettent de <strong>le</strong>s interpréter comme une surrectionuniforme de l’ensemb<strong>le</strong> de l’Antarctique Est.L’influence des vitesses ITRF 97 sur <strong>le</strong> rattachement de la solution libre par transformation à 7 paramètressemb<strong>le</strong> assez peu claire. En effet, alors que <strong>le</strong> passage de la solution ENS 96 à ENS 97 provoque unelégère diminution, homogène, de toutes <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s positives, cela ne reflète absolument pasl’évolution simultanée des vitesses ITRF 97. Les vitesses vertica<strong>le</strong>s ITRF diminuent bien sur McMurdoou Casey, el<strong>le</strong>s augmentent sur Davis ou O’Higgins, alors <strong>le</strong>s vitesses ENS y diminuent. La vitessevertica<strong>le</strong> à Dumont devient nul<strong>le</strong> dans la solution ITRF 97 alors que la vitesse correspondante augmentefortement dans la solution ENS 97. Globa<strong>le</strong>ment, on obtient une bien meil<strong>le</strong>ure cohérence entre <strong>le</strong>svitesses vertica<strong>le</strong>s sur l’Antarctique des deux solutions 97 que ce qui était observé dans la solution 96.C’est assez peu surprenant, puisque <strong>le</strong> poids des données IGS dans la solution ITRF sur cette partiedu monde a augmenté assez fortement entre <strong>le</strong>s deux solutions. La solution ITRF 96 incluant déja <strong>le</strong>sdonnées des stations DORIS et VLBI de la région, mais peu de données des stations GPS, alors que latendance s’inverse dans l’ITRF 97. Les vitesses ITRF 97 montrent donc entre el<strong>le</strong>s une cohérence similaireà ce qu’on observe dans la solution ENS 97 sur la partie Est de l’Antarctique, dans <strong>le</strong> sens d’un légermouvement de remontée uniforme.Sur la Péninsu<strong>le</strong> et la station de O’Higgins, on obtient à nouveau un mouvement vers <strong>le</strong> haut, significatifpar rapport aux barres d’erreurs. La vitesse ENS 97 est de 1612 mm/an, un taux de surrection tropé<strong>le</strong>vé pour pouvoir être expliqué par <strong>le</strong> seul rebond visqueux, puisque <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs prédites par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>ssont comprises entre -2 et +7 mm/an (voir tab<strong>le</strong>au II.3 page 58). Il faut donc faire intervenir, commepour la vitesse vertica<strong>le</strong> ENS 96, une composante de rebond élastique résultant de l’accélération récentede l’évacuation glaciaire sur la Péninsu<strong>le</strong>. Cette vitesse vertica<strong>le</strong> élastique, de l’ordre de 10 mm/an, estcompatib<strong>le</strong> avec la vitesse résiduel<strong>le</strong> horizonta<strong>le</strong> de la solution ENS 97 sur O’Higgins, de 8 mm/an, dirigéevers l’intérieur du continent.En accord avec ce qui est observé sur l’ensemb<strong>le</strong> du continent antarctique, la vitesse vertica<strong>le</strong> des solutionsITRF évolue pour se rapprocher de la solution ENS. Nul<strong>le</strong> dans la solution ITRF 96, el<strong>le</strong> devient éga<strong>le</strong> à13 mm/an dans l’ITRF 97, donc beaucoup plus semblab<strong>le</strong> à la vitesse vertica<strong>le</strong> ENS 97. Comme ce qui adéja été constaté, on observe une évolution contraire dans <strong>le</strong>s deux solutions ITRF et ENS, puisque la vitesseENS, qui était é<strong>le</strong>vée en 96, a diminué de quelques mm/an, alors que la solution ITRF 96, montrantune vitesse nul<strong>le</strong>, devient presque aussi é<strong>le</strong>vée en 97 que la solution ENS. Ce genre d’observation vientattester <strong>le</strong> caractère fina<strong>le</strong>ment relativement indépendant des solutions rattachées ENS par rapport auxvitesses des points correspondants dans l’ITRF.On a mis en évidence au chapitre III de cette partie des variations périodiques, de période 365 jours,dans la série temporel<strong>le</strong> des variations de la composante vertica<strong>le</strong> à O’Higgins (solution ENS 97 ou ENS96, voir figure IV.21). L’amplitude de ces oscillations est d’environ 5 cm (soit 10 cm de variation tota<strong>le</strong>), cequi représente un signal très important par rapport aux vitesses à long terme sur cette même composantevertica<strong>le</strong>. Leur ordre de grandeur nous a poussé à chercher une explication faisant intervenir la propagationdes signaux GPS à travers <strong>le</strong>s couches atmosphériques, ou une variation saisonnière du centre dephase de l’antenne, qui ne reflèterait pas forcément un mouvement de la croûte.Ces oscillations peuvent diffici<strong>le</strong>ment être corrélées avec <strong>le</strong>s coefficients de correction troposphérique, quine montrent pas de variations périodiques dans <strong>le</strong> même interval<strong>le</strong> de temps. Une corrélation avec la températureloca<strong>le</strong> est par contre beaucoup plus faci<strong>le</strong> à établir, <strong>le</strong>s oscillations apparentes de la surface se261


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.0.20OHIG, vertica<strong>le</strong> tendance en<strong>le</strong>vee solution ENS 97 1995-1998.0.15OHIG, hauteur ellipsoida<strong>le</strong> (m).0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong>, solution combinee.Moyenne glissante 30 jours.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. IV.21 - Variations de la composante vertica<strong>le</strong> de la solution ENS 97 sur la station de O’Higgins, en m, de début1995 à fin 1998. Il s’agit du calcul libre sur <strong>le</strong> réseau global des stations antarctiques, ramené aux positions ITRF 97par une transformation à 7 paramètres. On a en<strong>le</strong>vé de la série la tendance (régression linéaire) de 1,6 cm/an, pourne garder que <strong>le</strong>s variations à courte période. Les traits épais représentent une moyenne glissante sur 30 jours.produisant en opposition de phase de cel<strong>le</strong>s de la température (la surface terrestre atteignant son point <strong>le</strong>plus bas en décalage de 6 mois avec la température la plus froide). Si l’on suppose que ces observationscorrespondent à un déplacement saisonnier réel de la surface de la croûte, on peut chercher à <strong>le</strong>s relier auxvariations annuel<strong>le</strong>s des masses de glaces à la pointe de la Péninsu<strong>le</strong>. Cette région est forcément une desplus sensib<strong>le</strong>s en Antarctique aux effets de fonte saisonnière, puisque c’est la seu<strong>le</strong> où <strong>le</strong>s températuresprennent des va<strong>le</strong>urs nettement supérieures à 0C, pendant environ 3 mois.Les effets pourraient concerner l’évacuation glaciaire en el<strong>le</strong>-même : on la sait largement plus active pendantla période estiva<strong>le</strong>, <strong>le</strong> vêlage est conditionné par l’augmentation des températures et la circulationocéanique, deux effets très saisonniers. Outre la fonte, la sublimation provoquée par <strong>le</strong> vent augmentependant la période estiva<strong>le</strong> : sur la Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong> vent est principa<strong>le</strong>ment d’origine océanique, et la surfacede glace de mer qui se développe pendant l’hiver iso<strong>le</strong> <strong>le</strong>s côtes et réduit fortement la circulation d’air.Le taux d’accumulation change assez peu d’une saison à l’autre. L’activité cyclonique généra<strong>le</strong> augmentedans l’hémisphère Sud pendant l’hiver, mais la présence des glaces de mer iso<strong>le</strong> <strong>le</strong> continent. La saisonnalitéla plus marquée concerne <strong>le</strong>s intersaisons, où <strong>le</strong> gradient de températures horizontal est maximal.Une variation très importante de l’évacuation glaciaire entre l’été et l’hiver (effets conjugés de la fonte basa<strong>le</strong>et de surface menant au vêlage d’icebergs, sublimation par <strong>le</strong> vent) pourrait suffire à provoquer desoscillations annuel<strong>le</strong>s de la croûte.262


x3. CONCLUSION.3. Conclusion.On a vu que <strong>le</strong>s deux solutions ENS 96 et ENS 97, sur l’Antarctique au moins, montrent peu dedifférences. La solution ENS 96 constituait une première approche, fondée sur <strong>le</strong> système de référenceITRF 96 qui manquait encore de données sur la région antarctique. On a vu que <strong>le</strong> changement dusystème de référence auquel rattacher <strong>le</strong> réseau produisait fina<strong>le</strong>ment très peu de changements quand onpasse de la solution ENS 96 à ENS 97. Le seul changement important (et inexpliqué) concerne la vitessevertica<strong>le</strong> sur Santiago, qui d’une va<strong>le</strong>ur supérieure à la vitesse ITRF 96 dans la solution ENS 96, passe àune vitesse quasi-nul<strong>le</strong> dans ENS 97, la vitesse ITRF n’ayant pas changé. Toutes <strong>le</strong>s autres vitesses sonttrès cohérentes d’une solution à l’autre.La cohérence interne de la solution ENS 97 est meil<strong>le</strong>ure que ce qu’obtenait avec ENS 96, <strong>le</strong>s vitessesvertica<strong>le</strong>s sur l’Antarctique forment un ensemb<strong>le</strong> plus homogène. De même, l’estimation d’un pô<strong>le</strong> derotation pour la plaque antarctique produit des vitesses résiduel<strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s dans la solution ENS97. Les comparaisons des solutions d’un même système de référence, ENS 96 avec ITRF 96 et ENS 97avec ITRF 97 montrent éga<strong>le</strong>ment de bonnes ressemblances, surtout sur <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s. Lesdivergences présentes entre <strong>le</strong>s solutions 96 se réduisent lorsqu’on compare <strong>le</strong>s solutions 97, surtout sur<strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s. Comme on a vu que la solution ENS varie très peu de l’époque 96 à l’époque 97,cette convergence des solutions est essentiel<strong>le</strong>ment due à un rapprochement des vitesses ITRF vers cel<strong>le</strong>sdéja observées sur notre solution ENS. Cela peut s’expliquer en partie par <strong>le</strong> poids plus important dessolutions IGS sur cette région (plus de stations, plus de données par station) dans la solution ITRF 97que dans la solution ITRF 96.Les résultats géophysiques principaux de cette étude des vitesses étaient déja valab<strong>le</strong>s d’après lasolution ENS 96, et ils se trouvent confirmés par la solution ENS 97, aussi nous ne détail<strong>le</strong>rons plus <strong>le</strong>sdifférences minimes entre <strong>le</strong>s deux solutions dans la suite.Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s de la solution ENS sont très cohérentes avec <strong>le</strong>s vitesses ITRF, et avec <strong>le</strong>sprédictions Nuvel1-A, sauf sur <strong>le</strong>s points où <strong>le</strong>s observations viennent depuis longtemps contredireces dernières, comme Santiago du Chili, où la vitesse de la plaque sud-américaine subit l’influence dela subduction de Nazca toute proche, ou Macquarie, située sur la frontière entre la plaque Australieet la plaque Pacifique. Sur la station de Dumont, on détecte en mars 98 un déplacement cosismiquehorizontal d’environ 4 mm sur la composante Nord, 13 mm sur la composante Est, lié au séisme des î<strong>le</strong>sBal<strong>le</strong>ny. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s de la station ont été révisées pour tenir compte de ce déplacement. Surla station de Kergue<strong>le</strong>n, la très bonne cohérence des solutions ENS 96, ENS 97 et ITRF 97, nous permetde proposer une révision de la vitesse horizonta<strong>le</strong> NNR-Nuvel1-A, avec une vitesse orientée à 45de lavitesse prédite.L’estimation de vitesse et de position de pô<strong>le</strong> de rotation sur la plaque Antarctique donne des résultatstrès compatib<strong>le</strong>s avec une rotation rigide de plaque tectonique, y compris sur la station récente deDumont. La vitesse de rotation est plus é<strong>le</strong>vée que cel<strong>le</strong> de NNR-Nuvel1-A, l’emplacement du meil<strong>le</strong>urpô<strong>le</strong> de rotation est significativement différent du pô<strong>le</strong> antarctique Nuvel1, ce qui nous conduit àproposer une révision du mouvement de plaque Antarctique par rapport au modè<strong>le</strong>. Le mouvementrelatif de la plaque Antarctique et de la plaque Australie déduit de notre solution ENS 97 sur l’Antarctiqueet des résultats GPS récents de Heflin (1999) sur l’Australie est par contre très cohérent avec larotation relative prédite par Nuvel1-A. Ce mouvement relatif étant parmi <strong>le</strong>s mieux contraints dansNuvel1-A, il fournit une bonne validation extérieure de notre rotation de la plaque tectonique antarctique.Le seul site montrant une vitesse horizonta<strong>le</strong> résiduel<strong>le</strong> significative est celui de O’Higgins. Cette vi-263


CHAPITRE IV. INTERPRÉTATION GÉOPHYSIQUE DES RÉSULTATS.tesse résiduel<strong>le</strong> est extrêmement cohérente d’une solution à l’autre, a une amplitude d’environ 8mm/an,et est dirigée selon un azimuth de 175, <strong>le</strong> long de côtes de la Péninsu<strong>le</strong> vers la plate-forme de Filchner-Ronne. Une étude géodésique récente et loca<strong>le</strong> de Salbach et Niemeier (1998) semb<strong>le</strong> montrer que lazone tectonique des Shetlands du Sud et du détroit de Bransfield, bien qu’active, n’a pas d’influencesur <strong>le</strong> mouvement du bloc Est sur <strong>le</strong>quel se trouve O’Higgins. L’interprétation de ce résidu horizontalserait donc plutôt à chercher du côté des variations glaciaires, puisque la Péninsu<strong>le</strong> est la partie del’Antarctique où la fonte actuel<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> la plus importante. Cette vitesse résiduel<strong>le</strong> peutt correspondreà une évacuation glaciaire importante localisée sur la Péninsu<strong>le</strong> (plate-forme de Larsen, sur la côte Est)ou vers la baie de Filchner-Ronne.Cette hypothèse se trouve confirmée par l’examen des vitesses vertica<strong>le</strong>s de la solution ENS àO’Higgins, puisqu’on obtient une vitesse de remontée de 15 à 20 mm/an, significative par rapport auxbarres d’erreurs. O’Higgins étant la seu<strong>le</strong> station Antarctique qui montre une vitesse vertica<strong>le</strong> d’unetel<strong>le</strong> amplitude, <strong>le</strong>s variations glaciaires correspondantes devraient inclure un effet local, à l’échel<strong>le</strong> dela Péninsu<strong>le</strong>, <strong>le</strong> mouvement résultant entre autres de rebond élastique instantané. On ne dispose ici qued’une station fournissant des vitesses vertica<strong>le</strong>s de bonne précision sur la Péninsu<strong>le</strong>. La station voisinede Palmer devrait permettre, d’ici deux ans, de confirmer cette vitesse par d’autres résultats GPS.On peut cependant chercher dès maintenant confirmation d’un rebond dans cette région. A la stationjaponaise de Syowa, située à l’Est de la baie de Ronne, une étude des données de marégraphie et denivel<strong>le</strong>ment montre une remontée absolue de 10 mm/an environ sur <strong>le</strong>s 20 dernières années (Kamimuna1998), avec une accélération depuis <strong>le</strong> début des années 90.Une composante vertica<strong>le</strong> pûrement élastique de 10 mm/an nécessiterait un amincissement de la couchede glace sur l’ensemb<strong>le</strong> de la Péninsu<strong>le</strong> de 65 cm/an, ce qui correspond à une évacuation glaciaire de286 Gt/an. Il s’agit d’un effet plus important que <strong>le</strong>s évaluations moyennes des glaciologues, mais quireste envisageab<strong>le</strong> : dans <strong>le</strong>ur bilan d’équilibre sur l’ensemb<strong>le</strong> de la calotte, Jacobs et al. (1992) obtiennentun déficit total de 469 Gt/an, avec des amincissements locaux, sur la Péninsu<strong>le</strong>, atteignant 70 cm/an(voir la carte III.10 page 103). Les études glaciologiques actuel<strong>le</strong>s sur l’évacuation autour de la Péninsu<strong>le</strong>montrent que <strong>le</strong> taux de fonte a été sous évalué par <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s, et que la plupart des plates-formesdécroissent plus rapidement que prévu, avec une accélération récente. Cette vitesse vertica<strong>le</strong> importantesur O’Higgins, incluant une composante élastique d’environ 10 mm/an, peut constituer une premièreconfirmation géophysique et géodésique des observations glaciologiques récentes, qui indiquent unretrait accéléré des glaces sur la Péninsu<strong>le</strong>.Les oscillations saisonnières d’amplitude 5 cm observées sur la composante vertica<strong>le</strong> de cette mêmestation de O’Higgins pourraient correspondre à la réponse de la croûte aux effets de charge et déchargesaisonniers. L’origine pourrait invoquer <strong>le</strong>s variations des taux de fonte et de précipitations d’une saisonà l’autre, mais aussi la surcharge côtière provoquée par la formation du pack, et sa rigidité f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong>.Les vitesses vertica<strong>le</strong>s des autres stations IGS de l’Antarctique montrent un mouvement de remontéehomogène de l’ordre de 10 mm/an, avec des barres d’erreur importantes. El<strong>le</strong>s peuvent refléter unrebond visco-élastique affectant l’ensemb<strong>le</strong> du continent antarctique, y compris la station de O’Higgins,où une composante visqueuse vient se superposer à la composante élastique plus loca<strong>le</strong>. L’amplitude dece rebond est légèrement supérieure aux prédictions des modè<strong>le</strong>s de rebond post-glaciaires, mais trèscompatib<strong>le</strong> si l’on tient compte des incertitudes des vitesses observées et des modè<strong>le</strong>s. La divergencehorizonta<strong>le</strong> qui devrait accompagner un tel mouvement de rebond vertical est suffisamment ténue (de 1à 2 mm/an selon <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s) pour être indiscernab<strong>le</strong>, compte tenu de la précision sur <strong>le</strong>s vitesses ENS 97.264


x3. CONCLUSION.Ces résultats pûrement antarctiques sont très encourageants, la qualité des vitesses extraites des solutionsrattachées permettant d’en tirer des interprétations nouvel<strong>le</strong>s bien que cohérentes avec d’autres observationsglaciologiques, géodynamiques ou géodésiques. Ils ne concernent encore qu’un petit nombrede stations. Il est donc particulièrement important de développer <strong>le</strong>s réseaux de géodésie spatia<strong>le</strong> en Antarctique.Densifier <strong>le</strong> réseau actuel de stations GPS permanentes devrait apporter une confirmation de cesrésultats, et une meil<strong>le</strong>ure résolution de l’observation des phénomènes de rebond. Des mesures loca<strong>le</strong>s degravimétrie pourraient aider à confirmer l’évolution de la croûte, et aider à discerner la part visqueuse dela part pûrement élastique dans <strong>le</strong> mouvement total, comme proposé par Wahr et al. (1995) (voir page 114pour une description complète du procédé).265


CONCLUSIONCONCLUSION GÉNÉRALE.Croyez ceux qui sont à la recherche de la vérité.Doutez de ceux qui la trouvent.André GideLa première partie de cette thèse a permis de mettre en évidence la comp<strong>le</strong>xité des mécanismes de l’isostasieglaciaire, la diversité des phénomènes à prendre en compte, ainsi que <strong>le</strong> peu de données permettant decontraindre modè<strong>le</strong>s de déglaciation, rhéologie terrestre et comportement actuel de la calotte antarctique.Ce travail de synthèse a été pour moi l’occasion de me familiariser avec quelques aspects de la géophysique: <strong>le</strong>s mécanismes de l’isostasie terrestre, qu’il s’agisse du processus incroyab<strong>le</strong>ment comp<strong>le</strong>xeque constitue <strong>le</strong> rebond post-glaciaire ou plus simp<strong>le</strong>ment la réponse élastique de la croûte à une petitevariation de masse. Au delà des mouvements d’origine glaciaire, ce fut aussi l’occasion d’aborder latectonique des plaques, et l’influence d’un séisme sur un site éloigné de plus de 500 km. Domaine quim’était plus étranger encore, la glaciologie fait interagir une calotte de glace avec l’atmosphère, l’océanet la terre solide. Ces incursions dans des univers aussi riches et comp<strong>le</strong>xes ont trouvé <strong>le</strong>ur récompense :la calotte Antarctique est un sujet passionnant, qui n’a pas épuisé ma curiosité.Quantifier des mouvements de quelques millimètres par an à partir d’un réseau GPS de quelquesstations qui s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres, était au départ une entreprise audacieuse.Cela a été une première occasion d’apprendre à me servir d’un logiciel de traitement scientifique. Lesdifficultés rencontrées qui sont spécifiques à la configuration du réseau ou à sa position géographique,m’ont obligée à bien comprendre <strong>le</strong> principe du traitement GPS afin de pouvoir jouer sur ses différentsparamètres et utiliser au mieux <strong>le</strong>s possibilités du logiciel. Beaucoup de temps a été passé à expérimentertoutes sortes de traitements, du réseau local à un réseau plus global, en réévaluant loca<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s orbitesou en faisant varier l’ang<strong>le</strong> de coupure d’utilisation des données. La démarche choisie au départ étaitexpérimenta<strong>le</strong> : un réseau local, traité en réseau libre, aurait permis de détecter des variations sur <strong>le</strong>slongueurs des lignes de base entre <strong>le</strong>s stations antarctiques, si la précision avait été suffisante. Les essaisd’amélioration de la précision sur ce réseau local n’ont pas suffi pour obtenir des séries temporel<strong>le</strong>s donton puisse extraire des vitesses inférieures au cm/an.Le traitement d’un réseau plus global a éga<strong>le</strong>ment donné lieu à différents essais de traitement, avec ousans contraintes sur <strong>le</strong>s stations extérieures choisies comme((stations fiduciel<strong>le</strong>s)). Le traitement retenuest celui en réseau libre. On a constaté que l’élargissement du réseau aux stations IGS voisines amélioraitla précision moyenne : même si la longueur moyenne des lignes de base augmente et que <strong>le</strong> pourcentaged’ambiguïtés fixées diminue, <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> fait de disposer de davantage de données contraint mieux lasolution. Les stations extérieures donnent accès au déplacement relatif des stations antarctiques parrapport aux plaques environnantes, et une fois utilisées comme stations fiduciel<strong>le</strong>s, au mouvementabsolu dans un système de référence mondial.267


CONCLUSIONLe rattachement au système de référence a été effectué à partir de plusieurs techniques (logicielsCATREF servant à la combinaison des jeux de coordonnées pour l’ITRF et GLOBK associé au logicielde traitement GPS utilisé GAMIT), qui ont permis de mettre en évidence la cohérence des résultats.La technique retenue fina<strong>le</strong>ment est cel<strong>le</strong> de la combinaison de jeux de coordonnées à partir d’unetransformation à 7 paramètres sur <strong>le</strong>s résultats du calcul en réseau global libre. La solution a été rattachéeà l’ITRF 96, système de référence utilisé pour <strong>le</strong>s calculs des orbites IGS et qui fournit <strong>le</strong>s positions apriori des stations dans l’inversion GAMIT, et à la nouvel<strong>le</strong> solution ITRF 97, dans laquel<strong>le</strong> davantagede stations de l’hémisphère Sud interviennent. Le comportement des différentes stations a été analyséà partir des séries temporel<strong>le</strong>s dont la qualité nous a permis d’extraire des vitesses linéaires significativessur <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s et vertica<strong>le</strong>s. Le doub<strong>le</strong> rattachement permet de constater uneévolution convergente de nos solutions ENS 96 et 97 et des solutions ITRF 96 et 97. La solution ENS96 montrait une grande cohérence des vitesses vertica<strong>le</strong>s sur l’ensemb<strong>le</strong> de l’Antarctique, alors que cesmêmes vitesses vertica<strong>le</strong>s dans l’ITRF 96 sont très disparates. Peu de changements sur la composantevertica<strong>le</strong> sont observés lors du passage à la solution ENS 97, mais <strong>le</strong>s vitesses de la solution ITRF 97deviennent beaucoup plus homogènes, se rapprochant de cel<strong>le</strong>s des solutions ENS. Cela s’expliqueprobab<strong>le</strong>ment assez simp<strong>le</strong>ment par l’augmentation de l’importance relative des solutions IGS dans lasolution combinée ITRF.A l’extérieur de la plaque Antarctique, <strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s des solutions ENS 96 et ENS 97 sonttrès voisines de cel<strong>le</strong>s des solutions ITRF 96 et ITRF 97, ce qui fournit une validation d’ordre géodésiqueà nos résultats.Sur <strong>le</strong>s stations de la plaque tectonique antarctique, la très bonne cohérence des vitesses horizonta<strong>le</strong>sENS 97 et ENS 96 avec une rotation de plaque rigide nous permet de proposer une révision du mouvementtectonique prédit par NNR-Nuvel1-A. La vitesse de rotation extraite des vitesses ENS 97 est de0,264/Ma, autour d’un pô<strong>le</strong> situé à 62,0N, 146,7W. Les vitesses résiduel<strong>le</strong>s, une fois otée la vitessecorrespondant à cette rotation de plaque, sont alors négligeab<strong>le</strong>s (inférieures à 2 mm/an) sur toutes <strong>le</strong>sstations GPS utilisées pour l’évaluation de ce mouvement, à l’exception de la station de O’Higgins. Apartir de ce mouvement d’ensemb<strong>le</strong> de la plaque Antarctique et des résultats récents d’un calcul GPSsur l’ensemb<strong>le</strong> des stations IGS de la plaque Australie (Heflin 1999), nous avons cherché à évaluer <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur pô<strong>le</strong> relatif pour la rotation des plaques Australie/Antarctique. Les pô<strong>le</strong>s respectifs de chacunedes plaques prises séparément sont significativement différents des prédictions de Nuvel1-A, mais larotation relative est très proche du mouvement NNR-Nuvel1-A : vitesse de rotation identique à uncentième de degré par million d’années près, position du pô<strong>le</strong> différant de moins de 3 degrés en latitudeet en longitude. Ce type de contrainte relative nous fournit une très bonne validation géologique denos résultats, puisque c’est sur cette frontière Australie/Antarctique que <strong>le</strong> mouvement est <strong>le</strong> mieuxcontraint dans Nuvel1.Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s sur la station GPS de Dumont nous ont permis d’observer l’effet du séismede magnitude Mw=8,1 du 25 mars 1998, survenu près des î<strong>le</strong>s Bal<strong>le</strong>ny, à environ 600 km de la basefrançaise. Le déplacement cosismique mesuré (entre 4 et 13 mm de déplacement instantané selon lacomposante et la solution) est légèrement inférieur au résultat d’un modè<strong>le</strong> de dislocation élastique (19à 22 mm) mais cohérent en orientation. C’est la vitesse horizonta<strong>le</strong> corrigée de ce déplacement qui aensuite servi à l’évaluation du pô<strong>le</strong> de rotation antarctique, et qui est remarquab<strong>le</strong>ment compatib<strong>le</strong> avec<strong>le</strong>s vitesses horizonta<strong>le</strong>s des stations IGS Est antarctiques. Les vitesses linéaires calculées à partir desséries temporel<strong>le</strong>s de Dumont avant et après ce tremb<strong>le</strong>ment de terre sont différentes, des séries plus268


CONCLUSIONlongues devraient permettre d’améliorer l’estimation du déplacement cosismique et éventuel<strong>le</strong>mentd’une vitesse de relaxation post-sismique.La seu<strong>le</strong> station où l’on obtient une vitesse résiduel<strong>le</strong> horizonta<strong>le</strong> non nul<strong>le</strong> après retrait du mouvementcorrespondant à la rotation rigide de la plaque tectonique antarctique est cel<strong>le</strong> de O’Higginssituée à l’extrémité de la Péninsu<strong>le</strong>. La très bonne cohérence de ce résidu d’une solution à l’autre,et son amplitude de 8 mm/an significative par rapport aux incertitudes nous ont orientés vers uneinterprétation glaciologique. La Péninsu<strong>le</strong> est la région la plus chaude de tout <strong>le</strong> continent antarctique,soit la meil<strong>le</strong>ure candidate à une débâc<strong>le</strong> rapide. Cette vitesse horizonta<strong>le</strong> peut être associée à un retraitélastique instantané vers un centre de décharge glaciaire situé près de la base de la Péninsu<strong>le</strong> (plateformesde Larsen ou de Filchner-Ronne, sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s taux de vêlage sont é<strong>le</strong>vés actuel<strong>le</strong>ment).L’amplitude des mouvements horizontaux d’origine f<strong>le</strong>xura<strong>le</strong> est d’environ 1/3 de cel<strong>le</strong> des mouvementsverticaux de rebond élastique correspondants. Ce résidu horizontal de 8 mm/an serait donccohérent avec <strong>le</strong> mouvement vertical positif de 25 mm/an que l’on observe sur cette station de O’Higgins.Parmi <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> continent antarctique, la plus é<strong>le</strong>vée, dans <strong>le</strong> sens d’une surrectionimportante, est cel<strong>le</strong> observée sur cette même station de O’Higgins, avec 2512 mm/an. Ce mouvementest trop important, comparé aux autres vitesses vertica<strong>le</strong>s des stations antarctiques, pour ne traduire quedu rebond visqueux. Il indique certainement une remontée élastique d’au moins 10 à 15 mm/an, correspondantà une évacuation glaciaire actuel<strong>le</strong> importante au voisinage de la Péninsu<strong>le</strong>. L’application d’unemodélisation simp<strong>le</strong> à partir de disques représentant la charge de glace, permet d’évaluer la diminutionde l’épaisseur de glace nécessaire pour provoquer un rebond vertical de 1 cm/an à O’Higgins. Si cettediminution est uniforme sur l’ensemb<strong>le</strong> de la Péninsu<strong>le</strong>, il faudrait qu’el<strong>le</strong> atteigne 65 à 70 cm/an, chiffreimportant par rapport aux évaluations courantes des modè<strong>le</strong>s, mais qui reste possib<strong>le</strong>, et même comparab<strong>le</strong>à des va<strong>le</strong>urs loca<strong>le</strong>s (par exemp<strong>le</strong> cel<strong>le</strong>s du scénario J92 de Jacobs et al. (1992)). Un tel mouvementconstitue une indication importante et nouvel<strong>le</strong> d’une accélération sensib<strong>le</strong> de l’évacuation glaciaire surla Péninsu<strong>le</strong>. Paradoxa<strong>le</strong>ment, il est diffici<strong>le</strong> d’obtenir des mesures directes fiab<strong>le</strong>s de l’ablation des plateformes,qui soient représentatives du comportement glaciaire sur l’ensemb<strong>le</strong> de la Péninsu<strong>le</strong>. On y a cependantconstaté depuis <strong>le</strong> début des années 90 une accélération du vêlage, avec la disparition rapidede plusieurs grandes plates-formes glaciaires, mais <strong>le</strong>s glaciologues hésitent à en déduire une tendance àlong terme.Cette vitesse de remontée importante à O’Higgins vient donc confirmer des observations glaciologiques.Les études de Rignot et Schmeltz (1998) montrent éga<strong>le</strong>ment des vitesses de retrait des lignes d’échouagesur <strong>le</strong>s plates-formes de la Péninsu<strong>le</strong> beaucoup plus rapides que <strong>le</strong>s résultats des modè<strong>le</strong>s, qui serventeux-mêmes de base aux bilans de l’équilibre actuel de la calotte antarctique. On ne dispose pas encore demesures globa<strong>le</strong>s de vitesse de remontée de la croûte d’origine géodésique venant confirmer <strong>le</strong>s résultatsde cette étude. Loca<strong>le</strong>ment, a la station japonaise de Syowa (Kamimuna 1998), <strong>le</strong>s résultats de plus de 20ans de mesures de nivel<strong>le</strong>ment et de marégraphie, relayées par du GPS, montrent des vitesses de remontéecontinue de 10 mm/an environ. Notre résultat constitue donc une première validation géodésique deces observations glaciologiques. Le fait de ne disposer que d’une vitesse GPS sur la Péninsu<strong>le</strong> empêchedes interprétations plus détaillées. L’installation mi-1998 d’une seconde station GPS permanente à la stationde Palmer devrait permettre d’obtenir d’ici quelques années une autre vitesse vertica<strong>le</strong> sur la côteOuest de la Péninsu<strong>le</strong>. Par la suite, il faudrait disposer de données plus nombreuses, couvrant si possib<strong>le</strong>l’ensemb<strong>le</strong> de la Péninsu<strong>le</strong>, qui devraient fournir une cartographie plus complète du mouvement de rebondélastique, et donc des zones principa<strong>le</strong>s d’évacuation glaiciaire. La fiabilité des vitesses vertica<strong>le</strong>sGPS dépend en grande partie de la façon dont <strong>le</strong>s données ont été obtenues. Les mesures sous forme de269


CONCLUSIONcampagnes, plus économiques, présentent deux inconvénients majeurs par rapport aux stations permanentes:– El<strong>le</strong>s autorisent toujours un doute sur la validité de la composante vertica<strong>le</strong>, très dépendante du typed’antenne et de la façon dont la hauteur d’antenne a été mesurée. On l’a remarqué particulièrementsur <strong>le</strong>s résultats de Dumont, puisque, si <strong>le</strong>s composantes horizonta<strong>le</strong>s des deux campagnes SCARsont tout à fait exploitab<strong>le</strong>s, il n’en est pas de même de la composante vertica<strong>le</strong>, l’une au moins desmesures de hauteur d’antenne étant erronée.– El<strong>le</strong>s ne permettent pas de détecter des variations à courtes périodes, seu<strong>le</strong>ment visib<strong>le</strong>s sur desséries temporel<strong>le</strong>s continues sur plusieurs années. Or, il s’agit d’un point particulièrement importantdans <strong>le</strong> cas de la Péninsu<strong>le</strong> antarctique, puisqu’on a détecté des variations saisonnières sur lacomposante vertica<strong>le</strong> de O’Higgins. Il est donc crucial de vérifier s’il s’agit d’un effet très local, ouconcernant l’ensemb<strong>le</strong> de la Péninsu<strong>le</strong>.Ces variations saisonnières, sur la composante vertica<strong>le</strong> de O’Higgins, confirment la présence d’unmouvement de rebond élastique. Leur période est de 365 jours exactement, avec une amplitude de 5 cm.Le mécanisme (encore incertain) justifiant des variations d’une tel<strong>le</strong> amp<strong>le</strong>ur devrait faire appel à desvariations très importantes de l’évacuation glaciaire sur la Péninsu<strong>le</strong> entre l’été et l’hiver.Les vitesses vertica<strong>le</strong>s GPS sur <strong>le</strong> reste des stations antarctiques, bien que reflétant un mouvementmoins important, et avec des incertitudes du même ordre de grandeur que <strong>le</strong>s vitesses el<strong>le</strong>s-mêmes,indiquent une remontée globa<strong>le</strong> du continent. Un rebond de 10 mm/an environ se situe plutôt vers lalimite supérieure des estimations des modè<strong>le</strong>s de rebond post-glaciaires, montrant ainsi que la relaxationvisqueuse provoquée par la dernière déglaciation sur l’Antarctique est encore effective. Le fait de nepas détecter de divergence horizonta<strong>le</strong> claire accompagnant ce mouvement vertical peut être attribuéà l’incertitude sur <strong>le</strong>s vitesses résiduel<strong>le</strong>s horizonta<strong>le</strong>s par rapport à la rotation de plaque tectoniquerigide. Une vitesse inférieure à 2 mm/an, conforme aux prédictions des modè<strong>le</strong>s ICE-3G, LC79 ou D91 exposésà la fin de la partie I, passerait inaperçue parmi <strong>le</strong>s résidus horizontaux du même ordre de grandeur.Nous avons montré dans cette étude que <strong>le</strong> traitement de 4 années de données GPS continues sur l’Antarctiqueet ses environs, avec une méthode adaptée, permettait d’obtenir des vitesses exploitab<strong>le</strong>s, sur lacomposante vertica<strong>le</strong> comme horizonta<strong>le</strong>. Les vitesses horizonta<strong>le</strong>s, très cohérentes avec une rotation deplaque tectonique rigide, nous fournissent une révision des va<strong>le</strong>urs de Nuvel1-A pour la vitesse et la positiondu pô<strong>le</strong> de rotation de la plaque antarctique. Sur la station de Dumont, <strong>le</strong> fait de disposer de sériestemporel<strong>le</strong>s continues et précises apporte une mesure d’un déplacement horizontal cosismique. Les mouvementsverticaux confirment l’existence d’un rebond visqueux sur l’ensemb<strong>le</strong> du continent antarctique,peut-être même au delà (stations de Kergue<strong>le</strong>n et Macquarie). Ils indiquent surtout la présence de rebondélastique sur la pointe de la Péninsu<strong>le</strong>, confirmant par là <strong>le</strong>s observations des glaciologues sur l’accélérationrécente de la fonte de la calotte Ouest Antarctique. Les enjeux de ce dernier point sont particulièrementimportants, puisque la fonte tota<strong>le</strong> de la partie Ouest de la calotte implique une augmentationdu niveau des mers de plus de 6m. L’année 1998 a été cel<strong>le</strong> du GPS en Antarctique, puisque 4 nouvel<strong>le</strong>sstations permanentes fournissent désormais des données accessib<strong>le</strong>s. L’intérêt de la géodésie dans la détectiondes variations glaciaires n’a jamais été aussi évident, c’est à partir de maintenant que cette nouvel<strong>le</strong>direction de recherche prend tout son sens.270


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ANNEXE ACALCUL DE DÉFORMATIONS DE LA TERRE DUES AUX EFFETS DE CHARGE.CAS GÉNÉRAL ET FORMALISME.La prédiction de déformations de la Terre solide associées à une charge posée à la surface est unproblème classique de géophysique (voir par exemp<strong>le</strong> (Farrell 1972)). Comme, depuis <strong>le</strong>s années 1980, etsurtout 1990, <strong>le</strong> développement des techniques de positionnement spatia<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong>s que SLR, VLBI et GPSa permis des mesures de positions et vitesses de points situés à la surface de la Terre avec une précisionde plus en plus grande (autour de 1 mm pour <strong>le</strong> VLBI), <strong>le</strong>s prédictions de réponse de la surface terrestreà des effets de charge doivent éga<strong>le</strong>ment se faire de plus en plus précises. Il importe en effet de pouvoirincorporer des modè<strong>le</strong>s de mouvements verticaux dans <strong>le</strong>s inversions de positions et vitesses des sitesGPS ou VLBI, et ce avec une précision suffisante. Cela concerne aussi bien <strong>le</strong>s réponses à la pressionatmosphérique (van Dam et Wahr 1987), à une surcharge océanique (Scherneckentre1020et1023Pas1991), ou aux effetsvisco-élastiques de la déglaciation du P<strong>le</strong>istocène (Tushingham 1991). Dans la suite, nous présentonsde façon progressive <strong>le</strong> formalisme utilisé dans la plupart des modélisations récentes de rebond postglaciaire(fonctions de Green et décomposition en harmoniques sphériques). On considérera différents casde comportement du manteau supérieur, selon une rhéologie élastique, et visco-élastique respectivement.1. L’approche des fonctions de Green.D’après Farrell (1972), cette approche consiste dans un premier temps à calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s fonctions de Greenpour <strong>le</strong>s déplacements radial et tangentiel associés au potentiel de marée et à une charge sur une Terre àsymétrie sphérique ayant une rhéologie pûrement élastique. On sait depuis longtemps que <strong>le</strong> comportementdu manteau est assez éloigné de celui d’un solide élastique (viscosité compriseapproximativement), mais pour un effet de charge ayant une constante de temps suffisamment brève (dela semaine à quelques dizaines d’années), l’approximation élastique peut suffire à modéliser la réponseen surface avec une exactitude satisfaisante.Dans tous <strong>le</strong>s calculs de réponse terrestre à une sollicitation externe, on doit en fait tenir compte de deuxeffets agissant sur la surface et <strong>le</strong> potentiel de gravitation : celui dû au potentiel de marée et celui dû à lacharge en el<strong>le</strong>-même. On commence par l’exposé de cet effet de marée terrestre, qui sera ensuite incorporéaux calculs globaux.La réponse du modè<strong>le</strong> de Terre à une charge massique arbitraire posée à la surface peut ensuite être calculéepar <strong>le</strong> biais d’un produit de convolution en surface avec la fonction de Green appropriée. En pratique,la fonction de Green est discrétisée sur l’ensemb<strong>le</strong> de la surface de la Terre, sous forme d’éléments finis,la tail<strong>le</strong> de la surface élémentaire étant conditionnée par la résolution de la charge appliquée.285


parW(;Le formalisme spectral se fonde sur <strong>le</strong>s nombres de Love (1909). Ces nombres gouvernent la réponse d’unmodè<strong>le</strong> planétaire à un forçage de potentiel gravitationnel ou de charge en surface, respectivement.Les nombres de LovehT`,lT`etkT`représentent <strong>le</strong> coefficient d’harmoniques sphériques de degré`desdéplacements radial et tangentiel, et de la perturbation du potentiel de gravitation dûs à la redistributionde masse (marées terrestres) provoquée par <strong>le</strong> potentiel de marée. Si l’on désigne ;t)ce potentielde marée terrestre au point de la surface terrestre de latitude, de longitude et à l’instantt, laaux harmoniques sphériques normalisées sur la surface de la Terre, et où <strong>le</strong> sym-ANNEXE A. CALCUL DE DÉFORMATIONS DE LA TERRE DUES AUX EFFETS DE CHARGE. CAS GÉNÉRAL ET FORMALISME.UT(; m=`hT;E `W`m(t)Y`m(; )1.1. Réponse au potentiel de marée.oùY`m(; ! VT(; ;t)=1g1X`=2`X m=`lT;E `W`m(t)!rY`m(; )réponse!r=b@@+b1 T(; ;t)=1X`=2`Xde la Terre àsin@ m=`kT;E `W`m(t)Y`m(; )ce potentiel s’écrira :@)correspondbo<strong>le</strong>!rdésigne l’opérateur gradient à deux dimensions, soit :1.2. Réponse à une charge. Cas pûrement élastique.Dans ce cas, <strong>le</strong>s nombres de Love s’écriventhL;E`,lL;E `etkL;E!GL;EU()=aMe1X`=0hL;E ()=ag V()=aMe1X`=0lL;E Me1X`=0kL;E `@ `P`(cos)@P`(cos)^tion gravitationnel<strong>le</strong> provoqués par la charge.Les fonctions de Green correspondant à cet effet de charge s’écrivent :cos=coscos0+sinsin0cos( 0):(A.1a)(A.1b)(A.1c)`, oùEfait référence à la rhéologie élastiqueadoptée, et`au degré de la décomposition en harmoniques sphériques, et désignent, respectivement,<strong>le</strong>s coefficients d’harmoniques sphériques des déplacements radial et tangentiel, et de la perturba-(A.2a)(A.2b)(A.2c)respectivement, oùadésigne <strong>le</strong> rayon moyen de la Terre,Mesa masse,^est un vecteur unitaire tangent àla surface, selon <strong>le</strong> grand cerc<strong>le</strong> qui passe par <strong>le</strong> point de charge(0; 0)vers <strong>le</strong> point d’observation(; ),etdésigne la distance angulaire entre <strong>le</strong>s deux points. Notons quepeut être donnée par :Enfin,P`représente la polynôme de Legendre de degré`. Dans <strong>le</strong> cas particulier élastique, si l’on désigneparGL;E()une fonction de Green, la réponse de la Terre à une masse surfaciqueL(0; 0;t)appliquée au286


x1. L’APPROCHE DES FONCTIONS DE GREEN.point(0;RE(; ;t)=ZZa2L(0; 0;t)GL;E()d0;0)au tempstsera donnée par :(A.3)oùd0désigne la surface élémentaire autour du point(0; 0). La réponseRE(; ;t)sera donc une quantitéscalaire pour <strong>le</strong>s fonctions de Green radia<strong>le</strong>GL;EUet de potentielGL;E, et un vecteur pour la réponsetangentiel<strong>le</strong> correspondant à la fonction!GL;EV. En appliquant directement <strong>le</strong>s équations précédentes, et àcondition de discrétiser suffisamment la chargeL(0;hL`(t)=hL;E0;t), puis de procéder à l’intégration par élémentslL`(t)=lL;E `(t)+K(`)Xk=1r2L;` Xk=1r1L;`finis, on obtient la réponse de la Terrekexp(s`kt)(e.g. (Jentzsch 1985)).1.3. Réponse à une charge. Cas visco-élastique.Dans <strong>le</strong> cas de déformations de surface associées à l’effet de charge du rebond post-glaciaire,l’approximation élastique est insuffisante. Du fait des constantes temps, longues, associées au comportementd’une calotte de glace, <strong>le</strong>s nombres Love correspondants deviennent dépendant du temps.D’aprèsmalr1L;` kL`(t)= reponseelastiqueinstantanee+ kL;E |{z} `(t) superpositiondeK(`)modesdedecroissanceexponentiel<strong>le</strong> | Xk=1r3L;` kexp(s`kt) {z }<strong>le</strong> principe de correspondance (Biot 1954), on peut <strong>le</strong>s écrire sous la forme :(A.4a)!GLV(;t)=aMe1X`=0lL`(t)@ k,r2L;` GLU(;t)=aMe1X`=0hL`(t)P`(cos) ketr3L;`(A.4b)GL(;t)=ag Me1X`=0kL`(t)P`(cos) @P`(cos)^(A.4c)Le formalisme explicité par exemp<strong>le</strong> par Peltier (1985) permet de calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s amplitudes de mode nor-k, et <strong>le</strong>s temps de relaxation correspondant aux pulsations propress`k.On écrit ensuite de la même façon dans <strong>le</strong> cas pûrement élastique <strong>le</strong>s fonctions de Green associées :R(; ;t)=Zt 1ZZa2L(0;(A.5a)(A.5b)(A.5c)L’intégration de la réponse sur l’ensemb<strong>le</strong> de la surface terrestre se fait de la même façon que dans l’équation(A.3), à ceci près que la fonction de GreenGL(;t)dépend du temps et qu’il faut distinguer <strong>le</strong> tempst0auquel s’applique la charge surfaciqueL(0;0;t0)GL(;tt0)d0dt0; 0;t0)du tempstd’observation. L’intégration devient undoub<strong>le</strong> produit de convolution sur la surface de la Terre et <strong>le</strong> temps, soit :(A.6)La chargeL(0; 0;t0)est discrétisée, en général sous forme de disques d’épaisseur constante, avant intégration.Cette méthode, incluant la prise en compte de la redistribution océanique, ainsi que <strong>le</strong>s conséquencesde la déformation crusta<strong>le</strong>, a été utilisée à maintes reprises (par exemp<strong>le</strong> (Wu et Peltier 1983),(James et Morgan 1990) ou (Spada, Sabadini, Yuen et Ricard 1992)).287


L(0; 0;t0)=X`;mL`m(t0)Y`m(0;ANNEXE A. CALCUL DE DÉFORMATIONS DE LA TERRE DUES AUX EFFETS DE CHARGE. CAS GÉNÉRAL ET FORMALISME.2. Réponse de la Terre à une charge arbitraire : une approche spectra<strong>le</strong>.Cette méthode, reprenant <strong>le</strong> formalisme de base exposé précédemment, a été exposée par Mitrovicaet al. (1994a). El<strong>le</strong> s’applique dans <strong>le</strong> cas d’un modè<strong>le</strong> de Terre à symétrie sphérique, et consiste à décomposerla charge en surfaceL(0;0)0;t0)selon <strong>le</strong>s harmoniques sphériques, plutôt que de la discrétiser, soit :commeP`(cos)=1 !R(; ;t)=1X`=0a2Zt 1lL`(tt0)24X`0;m0L`m(t0)ZZY`0m0(0; 0)@ @P`(cos)^d035dt0(A.7)où la notationP`;mdésigneP1`=0P`m=`.Si l’on reprend <strong>le</strong>s fonctions de Green de l’équation (A.5) et la réponse terrestre de l’équation (A.6), on vaobtenir par exemp<strong>le</strong> pour la réponse en déplacement tangentiel :(A.8)Comme@2`+1`X m=`Y `m(0; 0)Y`m(; @P`(cos)^=!rP`(cos)et que l’opérateur!rne s’applique qu’aux quantités(;:R(; !R(; ;t)=X`;m4a3 (2`+1)MeZt 1lL`(tt0)L`m(t0)dt0!rY`m(; )), et), on peut écrire :(A.9)Ceci compte tenu de l’orthonormalisation 1 des harmoniques sphériquesY`m(;R(; ;t)=X`;m4a3(2`+1)MeZt 1hL`(tt0)L`m(t0)dt0Y`m(; 1kL`(tt0)L`m(t0)dt0Y`m(; ) ). De la même façon, onaura(A.10)pour <strong>le</strong> déplacement radial à la surface de la Terre, et :(A.11)pour l’effet sur <strong>le</strong> potentiel de gravité.L’énorme avantage de cette décomposition de la chargeL(0;aRRY `0m0(; )Y`m(;0;t0)en harmoniques sphériques estque cela permet d’adapter la résolution spatia<strong>le</strong> du calcul par simp<strong>le</strong> troncature du degré maximal dedécomposition. Cette stratégie se révè<strong>le</strong> particulièrement payante lorsque la résolution de la charge variespatia<strong>le</strong>ment, ou encore lorsqu’on reprend un calcul déjà effectué, avec un modè<strong>le</strong> de charge amélioré,dont la résolution s’est affinée.2.1. Application pratique. Cas d’une rhéologie élastique.Dans la pratique, la chargeL(0;)sindd 0;t0)peut être constituée d’une charge atmosphérique, océanique,ou d’une surcharge glaciaire, ou encore une combinaison de plusieurs de ces éléments.1:On =4``0mm0,ijétant <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de Kronecker.288


U(; ;t)=X`;mhT;E `W`m(t) g+4a3 (2`+1)MehL;E `L`m(t)Y`m(; )x2. RÉPONSE DE LA TERRE À UNE CHARGE ARBITRAIRE : UNE APPROCHE SPECTRALE.!rY`m(; )=X`0;m0!D`0m0`mY`0m0(; `0W`0m0(t) g+4a3 )(2`0+1)MelL;E`0L`0m0(t)!D`0m0`m35Y`m(;En reprenant la décomposition (A.7) de la charge, la réponse loca<strong>le</strong> de la Terre, prenant en compte aussibien l’effet de marée terrestre que l’effet de charge, s’écrit :(A.12))(A.13)`=lL;E `=hL;E `=kT;E `=lT;E `=hT;Eoù <strong>le</strong> vecteur!D`0m0`mest défini par :On a considéré jusqu’ à présent que <strong>le</strong>s nombres de Love, qu’ils s’appliquent au potentiel de marée ou àl’effet de charge, sont indépendantsW`m(t)=N`m`=kL;Ede la fréquence.Xn=1Wǹmsin(!ǹmt+ǹm) `(!)On sait que ce n’est pas <strong>le</strong> cas, et qu’il faudrait écrire :Il faut ensuite introduire <strong>le</strong>s expressions explicites du potentiel de maréeW`m(t)et de l’effet de chargeU`m(t)=PN`mL`m(t).+4a3 L`m(t)=N`m Xn=1Lǹmsin(!ǹmt+n0 `m)Le potentiel de marée est exprimé sous forme d’une somme de termes sinusoïdaux, soit pour <strong>le</strong> terme dedegré`et d’ordrem:+4a3 (2`0+1)MehL;E n=1hhT;E(2`0+1)MelL;E `(!ǹm)Wǹm n=1hlT;E `(!ǹm)Lǹmsin(!ǹmt+n0où!ǹm,ǹmetWǹmreprésentent`0(!ǹ0m0)Lǹ0m0sin(!ǹ0m0t+0n `0(!ǹ0m0)Wǹ0m0 gsin(!ǹmt+ǹm) gsin(!ǹ0m0t+ǹ0m0) `m)ila fréquence, la phase et l’amplitude`0m0)io!D`0m0`mdu niemecomposants sur un totaldeN`m. De la même façon :et on a au total <strong>le</strong>s expressions :(A.14)(A.15)et!V(; ;t)=X`;m24X`0;m0lT;Eet!V`m(t)=P`0m0nPN`0m0Il faut remarquer que ce formalisme n’est pas adapté à tous <strong>le</strong>s cas de charge. Par exemp<strong>le</strong>, pour la réponseà la fonte actuel<strong>le</strong> des calottes et des glaciers, qui a des constantes de temps très longues, on peutconsidérer que <strong>le</strong>s nombres de Love sont indépendants de la fréquence.289


(; termen(; ;t)=N`m Xn=1n(; ;t)ANNEXE A. CALCUL DE DÉFORMATIONS DE LA TERRE DUES AUX EFFETS DE CHARGE. CAS GÉNÉRAL ET FORMALISME.2.1.1. Résolution des équations d’équilibre du niveau des mers.Les équations A.14, A.15 et A.7 fournissent <strong>le</strong> système permettant d’obtenir la réponse à l’effet decharge compte tenu des modifications du potentiel de perturbation gravitationnel. La perturbation dupotentiel de gravitation total peut se décomposer en harmoniques sphériques :(A.16)où chaque ;t)inclut la réponse au potentiel de maréeW`m(t), la charge de l’océanLEO`m(t)et la chargeLRESX`mSn;EO `m(t)Y`m( )=Xr;sCr;sYr;s()"X`m(ǹm(t),SEOg+n(t)g`0m0)Y`m( )# etLEO(;;t)=`m(t)autre que cel<strong>le</strong> de l’océan (par exemp<strong>le</strong> l’allègement de la charge glaciaire).On définit la fonction océan,C(;), comme éga<strong>le</strong> à l’unité aux endroits recouverts par la mer, nul<strong>le</strong> partoutail<strong>le</strong>urs (soitC`m<strong>le</strong>s composantes de sa décomposition en harmoniques sphériques). On désigneparSEO(;;t)l’épaisseur de l’eau dans l’océam `m(t)<strong>le</strong>s composantes associées,wSEO(;;t), oùwest la densité de l’eau de mer.L’équationetSn;E0 n(t) g=Sn;E0 00(t) C001 41 C00ZZXr;sCrsYrs(; )X`;mǹm(t) gY`m(; )dqui gouverne la hauteur d’eau dans <strong>le</strong>s océans s’écrit au total :(A.17)Physiquement, el<strong>le</strong> reflète <strong>le</strong> fait que la charge océanique perturbe <strong>le</strong> champ de gravité, qui a son tour vientperturber l’équilibre océanique. L’expression pour la quantitén(t)peut être obtenue en imposant unecontrainte de conservation de la masse sur l’ensemb<strong>le</strong> de l’océan. En intégrant A.17 sur la surface, enutilisant <strong>le</strong> fait queY00=1, on obtient :ìm(t)=4a3g `m(t)=4a3g (2`+1)Me(1+kL;E(A.18)oùIIICE `m(t)=LICE `hL;E`m(t).IICE `)(IIICE`m(t)+wfSEO `m(t)+wSEO `m(t)gi) `m(t)) 00(t)est obtenu par conservation de masse, en fonction des autres effets de charge.2.1.2. Application à la fonte glaciaire actuel<strong>le</strong>.On considère la redistribution océanique résultant de la fonte des glaciers et calottes. On a alors :etoùIest la densité de la et `m(t)est la composante de degré`, et d’ordremde l’épaisseur de la glace.SEO00(t)=I fSEO `m(t)gi=1=I wIICE wIICE 00(t) C00C`m 00(t). Pour la redistribution océanique, une première approximationest donnée par la redistribution eustatique :qui se place dans <strong>le</strong> cas d’une redistribution de l’eau de fonte d’une manière indépendante de la géographie.Dans <strong>le</strong> cas de cette variation, séculaire, on calcu<strong>le</strong> la réponse globa<strong>le</strong>ment plutôt que pour une fréquencespécifique!.290


U(; ;t)=X`m244a3 (2`+1)Me0@L`m(t)h`L;E+K(`) Xk=1r1L;`x2. RÉPONSE DE LA TERRE À UNE CHARGE ARBITRAIRE : UNE APPROCHE SPECTRALE.aveck`m(t)=Zt kk`m(t)1A35Y`m(; )2.2. Application1L`m(t0)exp[s`k(tt0)]dt0 (2`+1)Me0@L`m(t)l`L;E+K(`) Xk=1r2L;` kk`m(t)1A35!rY`m(; )dans <strong>le</strong> cas d’une rhéologie visqueuse.On se place à nouveau dans <strong>le</strong> cas d’une Terre sphérique avec une rhéologie mantellique viscoélastique.Les équations A.4, A.10 et A.11 mènent à :(A.19)(A.20)L(;(A.21)Le premierL`m(t)=NXn=1L`mnH(ttn) ;t)=NXn=1LǹmY`m(;terme du membre de droite de A.19 et A.20 représente la composante élastique de la réponse,<strong>le</strong> terme suivant la composante non-élastique.Si on applique cette méthode à la déglaciation du Pléistocène (fonte des grandes calottes de l’hémisphèreNord et d’une partie de l’Antarctique), on représente généra<strong>le</strong>ment la décroissance de ces calottes au coursdu temps comme une succession de paliers. Cette modélisation n’entraîne pas de perte de généralité dansla mesure où <strong>le</strong>s interval<strong>le</strong>s de temps peuvent être aussi petits qu’on <strong>le</strong> désire. En appliquant la mêmediscrétisation à la charge en surfaceL(;)H(ttn)U`m(t)=4a3 (2`+1)MeL`m(t)hL;E +PK(`);t), on peut écrire :(A.22)+PK(`0) k=1PN(t) k=1PN(t) (2`0+1)MeL`0m0(t)lL;E n=1L`mr1L;` n=1L`0m0r2L;`0 `s`k(1exp[s`k(ttn)]) ks`0k(1exp[s`0k(ttn)])!D`0m0`moùHreprésente la fonction de Heaviside etN<strong>le</strong> nombre total d’incréments. On a alors(A.23)En réinjectant ces quantités dans <strong>le</strong>s équations A.19 et A.20, on obtient :(A.24)<strong>le</strong>sSEO L`m(t)=wSEO Lǹm=wSn;EO `m(t)+LRES `m+Ln;RES `m(t)(A.25)Les sommes surnincluent tous <strong>le</strong>s éléments de charge dont <strong>le</strong> début se situe avant <strong>le</strong> temps d’observationt.N(t)représente donc <strong>le</strong> nombre d’incréments sur un total deN, qui satisfonttnt.De façon généra<strong>le</strong>, on peut séparer <strong>le</strong>s effets de charges provenant de la redistribution océanique, desautres effets, dits résiduels. On peut donc écrire :etoù`m(t)sont <strong>le</strong>s coefficients de la décomposition en harmoniques sphériques de la hauteur d’eau`m<strong>le</strong>s coefficients associés pour <strong>le</strong>niemechangement incrémental.et!V(; ;t)=X`m244a3et!V`m(t)=P`0;m0n4a3dans l’océan à léquilibre, et <strong>le</strong>sSn;EO291


oùIICE L`m(t)=wSEO Lǹm=wSn;EO `m(t)+IIICE `m+IIn;ICE `m(t)ANNEXE A. CALCUL DE DÉFORMATIONS DE LA TERRE DUES AUX EFFETS DE CHARGE. CAS GÉNÉRAL ET FORMALISME.2.2.1. Application à la déglaciation Pléistocène.etchangements incrémentaux associés pour <strong>le</strong>niemepas déglaciation.etIn;ICEOn utilise <strong>le</strong>s expressions précédentes de A.24 et A.25 avec la décomposition de la charge expriméeci-dessus. Dans ce cas particulier, <strong>le</strong> terme résiduel concerne l’épaisseur de glace, soit :à_`m(t)représentent <strong>le</strong>s coefficients d’harmoniques sphériques de la charge glaciaire, `m<strong>le</strong>sde2.2.2. Calcul à partir du mouvement du Pô<strong>le</strong> ou de l’accélération de gravité.Le développement de modè<strong>le</strong>s de rebond à partir d’une Terre présentant une structure visco-élastiquestratifiée a permis de montrer que, contrairement à l’idée longtemps admise, la déglaciation continue àproduire des effets sur la dérive du pô<strong>le</strong> longtemps après que la variation de masses ait cessé. La quantité_!3=, oùest la vitesse angulaire actuel<strong>le</strong> de rotation de la Terre, et_!3l’accélération angulaire selon l’axede rotation, est directement proportionnel<strong>le</strong>J2, la dérivée temporel<strong>le</strong> du terme axial de degré 2 du développementen harmoniques sphériques du champ de gravité. Ce terme_ J2est évalué par <strong>le</strong>s mesures degéodésie spatia<strong>le</strong> (tirs SLR sur <strong>le</strong>s satellites de mesure du champ de gravité Star<strong>le</strong>tte et Lageos) à des va<strong>le</strong>urscomprises!i=(i3+mi) dt(Jij!j)+ijk!jJk`!`=0entre -2,50,3 1011/an et -3,50,3 1011/an (Peltier et Jiang 1996b), (Rubincam 1984).Jij=Iij;i6=jLes variations de la rotation de la Terre provoquées par la déglaciation affectent <strong>le</strong>s composantes dutenseur d’inertieJ11=A+I11(Jij) par <strong>le</strong> biais des effets de charge. La conservation du moment d’inertie de la Terrenécessite un ajustement de la vitesse de rotation (de composantes!i). Les deux quantités sont reliées entreel<strong>le</strong>s par <strong>le</strong>s équations d’Eu<strong>le</strong>r, qui traduisent <strong>le</strong> principe de conservation. Dans un repère fixe lié à la Terre,on peut écrire (Peltier et Jiang 1996b) :(A.26)oùijkest_m1+CB J22=B+I22 J33=C+I33<strong>le</strong> tenseur de Levi-Cevita. Si on suppose que!reste toujours très proche de sa va<strong>le</strong>ur initia<strong>le</strong>, l’équation A.26 peut être linéarisée en introduisant <strong>le</strong> terme de perturbation :_m2+CA Am2=~1 Bm1=~2(A.27a)_m3=~3(A.27b)(A.27c)(A.27d)(A.27e)oùA,B, etCsont <strong>le</strong>s trois moments d’inertie principaux,mi<strong>le</strong>s perturbations adimensionnées des composantesde la vitesse angulaire!, etIij<strong>le</strong>s perturbations d’inertie. En substituant A.27 dans A.26, onobtient :(A.28a)(A.28b)(A.28c)292


~2=BI13I23 ~1=AI23I13 ~3=I33 B C Ax2. RÉPONSE DE LA TERRE À UNE CHARGE ARBITRAIRE : UNE APPROCHE SPECTRALE.avec <strong>le</strong>s fonctions d’excitation données par :IRij(t)=ZZŁ(; ;t)(a2ijxixj)ds(A.29a)(A.29b)(A.29c)La première étape dans <strong>le</strong> calcul de l’effet de charge sur_m3consiste à évaluer <strong>le</strong>s expression deI13,I23et I33. Pour un modè<strong>le</strong> visco-élastique, la perturbation d’inertieIijest la somme d’un termeIRijdit((de TerretermeIR33(t):IR33(t)=83a4(15)1=2L20(t)2L00(t)rigide)résultant du seul effet de la charge de surface (indépendant de la rhéologie) et un terme provenantde la déformation terrestre due à l’effet de charge. La part rigide inclut la contribution de la glace et del’océan. Si on considère que la charge en surface est sur une couche très fine par rapport au rayon de laTerre, on peut approcher <strong>le</strong> rigide de la perturbation d’inertie par :en intégrant sur toute la surface de la Terre, dontaest <strong>le</strong> rayon moyen (voir annexe A pour <strong>le</strong>s notations).Si on décompose la chargeL(;L(; ;t)=X`mL`m(t)Y`m(;)kL2(t)=kL;E;t)en harmoniques2(t)+Xk=1Nr3L;2sphériqueskexp(s2kt)selonon obtient pour <strong>le</strong>_ _m3(t)=1C"D1_ IR33(t)+Xk=1Nr3L;2ce qui signifie que <strong>le</strong>s coefficients de degré 2 de la charge de glace et de l’océan suffisent au calcul.Pour exprimer_m3(t)en fonction deIR33(t), J2(t)=3Cil_ kIR33(t)Xk=1Nr3L;2suffit ensuite2a2Me_m3(t) ks2kIR33(t)exp(s2kt)#de résoudre l’équation A.28 avec la perturbation~3donnée par A.29, dans laquel<strong>le</strong>I33(t)est la convolution deIR33(t)par <strong>le</strong> nombre de Love de degré 2kL2(t). Ce nombre de Love de degré 2 est donné par (voir annexe A) :En substituant cette dernière expression dans l’équation A.28, et en intégrant, on obtient l’expression de_m3: J2(t)se déduit de_m3(t)par <strong>le</strong> biais d’une constante multiplicative :oùMeest la masse de la Terre.La figure A.1, tirée de (Peltier et Jiang 1996b), récapitu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs du_ J2actuel<strong>le</strong>s observées, à partir desanalyses des données anciennes d’éclipses pour (Stephenson et Morrison 1995), à partir d’observationssatellitaires pour <strong>le</strong>s autres.L’expression explicite du mouvement du pô<strong>le</strong>_m1(t)et_m2(t)est plus diffici<strong>le</strong> à obtenir. Il s’agit toujoursde résoudre <strong>le</strong> système des équations A.28 en tenant compte de A.29. Le moyen de plus simp<strong>le</strong>293


ANNEXE A. CALCUL DE DÉFORMATIONS DE LA TERRE DUES AUX EFFETS DE CHARGE. CAS GÉNÉRAL ET FORMALISME.FIG. A.1 - Différentes observations des va<strong>le</strong>urs actuel<strong>le</strong>s du_m2(s)=H2(s)IR23(s)H00(s)IR13(s) m2(s)=H2(t)IR23(t)H00(t)IR13(t) m1(s)=H1(s)IR13(s)+H0(s)IR23(s) m1(t)=H1(t)IR13(t)+H0(t)IR23(t)J2(Peltier et Jiang 1996b)semb<strong>le</strong> être l’utilisation de la transformée de Laplace, et la résolution dans <strong>le</strong> domaine de Laplace de ceséquations sous la forme deH0(s)=s(1+kL2(s) H1(s)=1+kL2(s) (s)A+1B(21kT2(s)=kf) (s)B(21kT2(s)=kf)s2 A(A.30a)(A.30b)ce qui donne, dans <strong>le</strong> domaine temporel :(A.31a)(A.31b)avec(s)=s2+(21kT2(s)=kf)(31kT2(s)=kf)et1=(CA)=A,2=(CB)=A,3= H00(s)=s(1+kL2(s) H2(s)=1+kL2(s) (s)B+1A(31kT2(s)=kf) (s)A(31kT2(s)=kf)s2 Boù <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong>désigne <strong>le</strong> produit de convolution. Les fonctionsH1,H2,H0etH00ont pour expression,dans <strong>le</strong> domaine de Laplace :(A.32a)(A.32b)(A.32c)(A.32d)(CA)=B.kfest <strong>le</strong> nombre de Love fluide de degré 2 défini parkf=3(CA)G=(a52), etkT2est <strong>le</strong>nombre de Love de l’effet de marée de degré 2 (voir annexe A). Il s’agit ensuite d’obtenir des expressionsexplicites pour <strong>le</strong>s fonctionsH1,H2,H0etH00dans <strong>le</strong> domaine de Laplace, puis d’obtenir <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur dans<strong>le</strong> domaine temporel par une transformée inverse.294


ANNEXE BQUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.Le système GPS NAVSTAR (NAVigation System by Timing And Ranging) est un système de positionnementprécis par satellites, conçu et mis en œuvre par <strong>le</strong> département de la défense des USA. Le secteurspatial comprend au moins 24 satellites (27 au début 1998), de façon à assurer en tout point de lasurface terrestre une visibilité simultanée d’au moins 4 satellites avec une élévation supérieure à 15osurl’horizon. Ces satellites, orbitant à 20 000 km avec une période d’environ 12 h, sont répartis sur 6 plansorbitaux ayant la même inclinaison d’environ 55osur l’équateur. Ce système a été conçu au départ pourrépondre aux besoins des militaires américains, mais il est accessib<strong>le</strong> moyennant une certaine dégradationde la précision à tout utilisateur civil. Il permet différents types de positionnement, absolu ou relatif, entemps réel ou différé, selon <strong>le</strong> type des signaux reçus (code C/A ou P, phase), et <strong>le</strong>s techniques utilisées(mesure en mono- ou bifréquence, post-traitement à l’aide d’orbites plus ou moins précises). Parmi cesdifférents modes, l’un est particulièrement utilisé en géophysique : il s’agit du GPS statique ultra-précis,qui implique l’emploi de récepteurs de phase bifréquences, et <strong>le</strong> post-traitement à l’aide de logiciels scientifiqueset d’orbites très précises. Le contenu de cette partie théorique sur <strong>le</strong> GPS, tiré essentiel<strong>le</strong>ment de(Botton et al. 1997),(King et al. 1985) et (Walpersdorf 1997), sera donc centré sur cette utilisation particulière,qui permet un positionnement relatif avec une précision de l’ordre de quelques mm sur des lignesde base de plusieurs milliers de km.1. Les mesures GPS.1.1. Le signal des satellites GPS.Chaque satellite, doté d’une horloge atomique embarquée assurant une grande stabilité à sa référencetemporel<strong>le</strong> (1013à 1014sur un jour) fournit une fréquence fondamenta<strong>le</strong>f0=10;23MHz. A partir decette fréquence, deux ondes sont générées,L1(fréquencef1=1575;42MHz), de longueur d’onde 19 cmenviron, etL2(fréquencef2=1227;60MHz), de longueur d’onde 24,4 cm, qui sont modulées par descodes pseudo-aléatoires avant d’être transmises.– Le code C/A (Coarse/Acquisition code), modulé surL1uniquement par une série de+1et1àlafréquence fondamenta<strong>le</strong>f10, ce qui correspond à une longueur d’onde de 293 m. Le signal se répètetoutes <strong>le</strong>s millisecondes.– Le code P (Precision code), modulé surL1etL2à la fréquence10f0(longueur d’onde 29,3 m), toujourspar une série de+1et1, qui se répète tous <strong>le</strong>s 267 jours. Ce code, permettant une mesuredirecte plus précise, est susceptib<strong>le</strong> d’être remplacé par <strong>le</strong> code Y par l’armée américaine, qui s’enréserve alors l’accès.295


ANNEXE B. QUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.– Un message de navigation, comportant entre autres <strong>le</strong>s éphémérides du satellite (dites(orbite radiodiffusée)),<strong>le</strong>s corrections d’horloge du satellite, <strong>le</strong>s coefficients d’un modè<strong>le</strong> ionosphérique, etdes informations sur la santé du satellite.Le système GPS est pourvu de deux processus de dégradation volontaire, contrôlés par l’armée américaine,qui permettent de limiter son utilisation civi<strong>le</strong> :– l’accès sé<strong>le</strong>ctif (SA pour(se<strong>le</strong>ctive availability)) qui comporte lui-même au moins deux types dedégradations : la dégradation de la fréquence de l’horloge des satellites (par ajout d’un déphasage),et la dégradation des éléments du message de navigation. L’accès sé<strong>le</strong>ctif affecte principa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>sapplications en temps réel, car ses dégradations sont contournab<strong>le</strong>s lors du post-traitement.– l’anti-<strong>le</strong>urrage (AS pour(Anti Spoofing))) est destiné à éviter <strong>le</strong> <strong>le</strong>urrage volontaire des signauxpar un utilisateur, à l’aide d’un signal de fréquence proche. Il consiste à ajouter au code P surL1etL2un code W militairement classifié, la conjonction des deux formant <strong>le</strong> code Y inaccessib<strong>le</strong> auxutilisateurs civils.1.2. Mesure par pseudo-distance.Ce type de mesures utilise <strong>le</strong> code (P ou C/A) généré par <strong>le</strong> satellite, qui met un tempstpour parcourirla distance entre <strong>le</strong> satellite et <strong>le</strong> récepteur. Cette durée est accessib<strong>le</strong> en comparant <strong>le</strong> code émispar <strong>le</strong> satellite et reçu avec retard par <strong>le</strong> récepteur à sa réplique simultanée (aux instabilités d’ oscillateursprès) formée à l’intérieur du récepteur. On peut ensuite la convertir en une distance (appelée((pseudodistance))carel<strong>le</strong> ne tient pas compte des retards dus à la propagation du signal à travers l’atmosphèreet des erreurs d’horloge des satellites et des récepteurs), en la multipliant par la vitesse de la lumièrec. Mathématiquement, cela donne : <strong>le</strong> retard mesuré sur <strong>le</strong> code du satellitejarrivant au récepteuriObservab<strong>le</strong> de code GPSSat.PemPgenRec.Prect∆ tFIG. B.1 - Différents temps de propagation du signal, donnant <strong>le</strong> principe de la mesure GPS.Pemest émis par <strong>le</strong>satellite, etPgenest généré simultanément (aux instabilités d’oscillateurs près) par <strong>le</strong> récepteur. Le code émis est reçusous formePrecavec <strong>le</strong> délait.(Walpersdorf 1997)s’écrit :tji=tRitjE, oùtRiest <strong>le</strong> temps de réception dans l’échel<strong>le</strong> de temps du récepteur ettjE<strong>le</strong>temps d’émission dans l’échel<strong>le</strong> de temps du satellite. La pseudo-distance accessib<strong>le</strong> à la mesure est donc296


t=tRtE=tRitjE+dtidtj ji=ctji=(tRitjE). Si l’on veut obtenir la distance géométriqueentre <strong>le</strong> satellite et <strong>le</strong> récepteur, ilpar <strong>le</strong> récepteur s’écrittR=tRi+dtietx1. LES MESURES GPS.:=c(tRitjE+dtidtj)faut ramener <strong>le</strong> retardtjià un même référentiel, celui du temps GPS. Le temps de réception du signal<strong>le</strong> temps d’émission par <strong>le</strong> satellitetE=tjE+dtj, soit pour <strong>le</strong>retard((vrai)):et la distance géométrique est donc1.3. Mesure de phase.La mesure de phase, utilisée pour toutes <strong>le</strong>s applications précises (donc pour la géophysique) se faitsur <strong>le</strong>s ondes porteusesL1etL2, de longueurs d’ondes 19,0 et 24,4 cm respectivement. Le principe està nouveau la comparaison entre la phase du signal reçu par <strong>le</strong> récepteur avec sa réplique générée par<strong>le</strong> récepteur lui-même. La différence de phase entre ces deux signaux s’écrit, pour <strong>le</strong> signal émis par <strong>le</strong>Observab<strong>le</strong> de phase GPSSat. ΦemτRec.Φgent∆Φ(τ 0 )f0nf001FIG. B.2 - Principe de mesure par phase. Le récepteur commence à générer au tempst0une signalgensimultanédu signa<strong>le</strong>mémis par <strong>le</strong> satellite. Les signaux ont la même fréquence supposée constantef0, mais <strong>le</strong> décalage dephase initial àt0est de(t0). Le signal émis par <strong>le</strong> satellite arrive au récepteur avec un retard. (Walpersdorf1997)La partie mesurée n’est en fait que la partie fractionnaire de la différence de phase : il faudra y ajouter<strong>le</strong> nombreNji(tR)de cyc<strong>le</strong>s entiers entre <strong>le</strong> satellite et <strong>le</strong> récepteur, qui n’est pas mesurab<strong>le</strong>, pour obtenirla distance géométrique entre <strong>le</strong> satellite et <strong>le</strong> récepteur. Par contre, en plus du déphasage, <strong>le</strong> récepteurmesure à l’aide d’un compteur <strong>le</strong> nombre entier de cyc<strong>le</strong>s du déphasage reçus depuis la première mesure.Sit1est <strong>le</strong> début de la mesure, on aura, tant qu’il n’y a pas d’interruption de signal :Φrec∆ tstationi:ji(tR)=jreci(tE)jgen(tR)Nji(tR)=Nji(t1)+n(tR)satellitejet reçu par la297tt


t0est <strong>le</strong> temps d’intégration, où la va<strong>le</strong>ur de la phase est deem(t0)(constante d’intégration). En rempla-ji(tR)=jreci(tE)jgen(tR)+(Nji(t1)+n(tR))ANNEXE B. QUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.jreci(t1)=jem(t1ji(t1))oùn(tR)est <strong>le</strong> nombre de cyc<strong>le</strong>s comptés par <strong>le</strong> compteur à l’instanttR. On écritjem(t)=em(t)_em(t)(t)+1=2em(t)2(t)+ em(t)=Zt t0f0dt=f0(tt0)+em(t0) _em(t)=f0oùjemest la phase émise par <strong>le</strong> satellitejau tempst1ji(t1). L’ordrelimité dejem(t1ji)autour dejem(t1). Au deuxième ordre, on a :em(t)=f0(tt0)+em(t0)f0ji(t) em(t)=0Si on suppose que la phase d’émissionf0du satellitejest constante, on a :etjreci(t1)gen;i(t1)=f0ji(t1)+jem(t0)gen;i(t0)s’exprimegen;i(t1)=Rt1 jreci(t1)=f0(t1t0)f0ji(t1)em;j(t0)çant par <strong>le</strong>urs va<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s dérivées dans l’équation, on obtient :soit encorecepteurjreci(t1)=f0ji(t1)+jem;i(t0)gen;i(t0)+nji:f0ji(t1)+jem;i(t0)gen;i(t0)=f0tnjit0f0dt=f0(t1t0)+gen;i(t0)oùgen;i(t0)est éga<strong>le</strong>mentteur s’écrit donc :des constantes=jem(t0)gen;i(t0), ets’écritet pour la partie observab<strong>le</strong>, on a :Pour un même coup<strong>le</strong> satellite-récepteur, la seu<strong>le</strong> inconnue reste la quantitéNji(t1)constante tout au longd’une mesure et appelée ambiguïté entière. Une interruption de mesure provoque un saut de cyc<strong>le</strong>, correspondantà l’apparition d’une nouvel<strong>le</strong> ambiguïté entière. L’observation de la quantitétcorrespondantàjidonne seu<strong>le</strong>ment accès à la variation de la distance apparente entre <strong>le</strong> satellite et la station, alors quela quantité recherchée est <strong>le</strong> délai total de propagationjicorrespondant au temps total mis par <strong>le</strong> signa<strong>le</strong>ntre <strong>le</strong> satellitejet la stationi. Le développement suivant est issu de (King et al. 1985).de grandeur dejiest de 0,1 s, ce quipermet de considérer quejiest très petit devant <strong>le</strong> tempst1. On peut donc effectuer un développementSi on suppose que l’oscillateur du récepteur est stab<strong>le</strong> à la même fréquencef0, la phase générée par <strong>le</strong> ré-une constanted’intégration. La différence au tempst1entre la phase reçue du satellitejet la phase générée par <strong>le</strong> récep-Si l’on décompose <strong>le</strong> délai géométriqueen une partie entièrenij, une partie correspondant à la différenceune partie fractionnairet, on a l’équation précédente qui(B.1)(B.2)(B.3)298


j=jem(t0)f0jk+njkgen;k(t0)x2. LES ERREURS D’HORLOGE.=f0(jkji)+njknjigen;k(t0)+gen;i(t0) jem(t0)+f0jinji+gen;i(t0) |2. Les erreurs d’horloge.inseparab<strong>le</strong> {z }2.1. Cas simplifié des horloges stab<strong>le</strong>s et simultanées.Pour éliminer <strong>le</strong> décalage d’horloges d’une station ou d’un satellite, on peut former la différence entre<strong>le</strong>s mesures simultanées d’un même satellite reçues par deux stations , ou bien émises par deux satelliteset reçues par la même station, ce qui constitue une simp<strong>le</strong> différence. Si <strong>le</strong>s stationsietkobservent au mêmemoment <strong>le</strong> satellitej, on aj=jkji, soit d’après l’équation B.3(B.4a)i=(B.4b)(B.4c)=f0(ìji)+nìnji+èm(t0)jem(t0) jem(t0)+f0jinji+gen;i(t0) èm(t0)f0ì+nìgen;i(t0) i=ìjiOn a éliminé <strong>le</strong> décalage d’horloge du satellitejet il reste un seul paramètre inconnu dans la différence dephase, la somme repérée comme(inséparab<strong>le</strong>). Dans <strong>le</strong> cas d’une simp<strong>le</strong> différence entre deux satellitesjet`émettant de manière simultanée vers la stationi, la différence de phase s’écrit :2=f0(`kjk)+n`knjk+èm(t0)jem(t0) | inseparab<strong>le</strong> {z }soit d’après l’équation+f0(ìji)nì+njièm(t0)+jem(t0)A.3 :(B.5a)2=f0(`kjkì+ji)+n`knjknì+nji |(B.5b)va<strong>le</strong>urentiere {z }(B.5c)Dans cette simp<strong>le</strong> différence, on a éliminé <strong>le</strong> décalagegeni(t0)de l’horloge du récepteur. On peut alorscombiner <strong>le</strong>s deux simp<strong>le</strong>s différences évoquées précédemment pour former une doub<strong>le</strong> différence quiéliminera à la fois <strong>le</strong>s décalages d’horloges des satellites et ceux des récepteurs :(B.6a)(B.6b)parf(t)=f0+a+b(tt0)oùt0soit :Les ambiguïtésnse trouvent ici séparées des autres paramètres, de sorte qu’il est possib<strong>le</strong> de <strong>le</strong>s fixer àune va<strong>le</strong>ur entière. Dans ce cas, la solution obtenue sera meil<strong>le</strong>ure en terme de précision et de confiance.2.2. Cas réaliste des horloges instab<strong>le</strong>s.En réalité, <strong>le</strong>s oscillateurs des horloges des satellites et des récepteurs ne sont pas parfaitement stab<strong>le</strong>sni simultanés à la fréquencef0.La fréquence (variab<strong>le</strong>) de l’horloge d’un satellite peut être modéliséeest une époque nomina<strong>le</strong> de référence,aun décalage de fréquence (offset) en unités de fréquence, avecune va<strong>le</strong>ur typique de1012f0etbune dérive, en unités de fréquence/seconde, avec une va<strong>le</strong>ur typique299


em(t)=Zt =(f0+a)(tt0)+12b(tt0)2+em(t0) t0f0+a+b(tt0)dtANNEXE B. QUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.de1014f0=s.jrec;i(t)=jem(tji) _em(t)=f0+a+b(tt0)Si on exprime comme précédemment la phase émise en fonction de cette fréquence instab<strong>le</strong>, on obtient :jrec;i(t)=(f0+aj)(tt0)+12bj(tt0)2 em(t)=b+ji(t0)(fo+aj+bj(tt0))ji+12bj(ji)2(B.7a)(B.7b)(B.7c)t0iti=@t=qi+ri(tit0)+12si(tit0)2(B.7d)La phase reçue par <strong>le</strong> récepteur à l’instanttest la phase émise par <strong>le</strong> satellite à l’instant(t), et on peutdévelopperem(t)autour deem(t), soit :(B.8a)(B.8b)(B.8c)Du côté du récepteuri, la différence entre <strong>le</strong> tempst0iindiqué par l’horloge interne et un temps de référenceexterne s’exprime :oùqiest <strong>le</strong> décalage, en unités de temps, à l’instantt0,rila dérive du temps local par rapport au tempsde référence, en unités de temps/temps, avec une va<strong>le</strong>ur typique de108, etsiest <strong>le</strong> terme d’accélérationdu temps local rapport au temps de référence, unites des1, avec une va<strong>le</strong>ur typique de1012s1.La dérivée partiel<strong>le</strong>@t0i@t0i @ti=1+ri+si(tit0)gen(ti)=gen(t0)Zti gen(t0i)=Zt0i t0f0dt0i+gen(t0)@tis’écrit :t0f0@t0i @tidti+f0qiet la phase de l’oscillateur local s’écrit :oùgen(t0)est <strong>le</strong> décalage de phase au début de l’interval<strong>le</strong> de temps considéré dans l’intégration.Pour exprimer <strong>le</strong> comportement de l’oscillateur du récepteur dans <strong>le</strong> tempstide référence, on écrit :oùf0qiest une constante qui représente la va<strong>le</strong>ur du décalage du tempst0ipar rapport àtiau momentt0.En remplacçant@t0igen(ti)=gen(t0)+f0qi+Zti =gen(t0)+f0qi+f0(tit0)+f0ri(tit0)+12f0si(tit0)2 t0f0(1+ri+si(tit0))dti@tipar sa va<strong>le</strong>ur, on a :(B.9a)(B.9b)300


ji(ti)=f0(tit0)+aj(tit0)+12bj(tit0)2 (fo+aj+bj(tit0))ji+12bj(ji)2 f0qif0(tit0)f0ri(tit0)12f0si(tit0)2 +nji+jem;i(t0)gen;i(t0)Pour l’observab<strong>le</strong> de phasejientre <strong>le</strong> satellitejet la stationiàun certain momenttide la mesure, onobtient :ji(ti)=femji(ti)+Cji(ti)+amb(B.10a)(B.10b)(B.10c)(B.10d)Cji(ti)=f0(qi+(tit0)+12(tit0)2) fem(ti)=f0+aj+bj(tit0)Les deux termesfo(tit0)s’annu<strong>le</strong>nt et <strong>le</strong> terme en2est négligeab<strong>le</strong> puisque(typiquement0;1s) estpetit devant(tit0)qui représente la durée de la mesure.On obtient donc pour l’observab<strong>le</strong> de phase :oùreprésente la fréquence réel<strong>le</strong> du satellite.amb=jem(t0)gen;i(t0)+nji =aj=f0ri =bj=f0siest <strong>le</strong> terme d’erreurs dû aux variations des deux horloges (satellite et récepteur) avec :décalage des fréquences etdérive de fréquences, etx2. LES ERREURS D’HORLOGE.l’ambiguïté de la mesure.L’instabilité des horloges est une des grandes sources d’erreurs des mesures GPS. Pour aider à <strong>le</strong>s quantifier,on donne dans la suite quelques ordres de grandeur, puis des exemp<strong>le</strong>s d’observab<strong>le</strong>s de phase,simp<strong>le</strong>s et doub<strong>le</strong>s différences sur des données GPS en Antarctique.Les satellites sont équipés d’oscillateurs atomiques au rubidium ou au césium (décalages de fréquencerespectifs de1011f0et1012f0) ou de masers à hydrogène pour <strong>le</strong>s plus récents (décalage de1013f0).Les va<strong>le</strong>urs pour <strong>le</strong>s dérivesbde la fréquence varient entre1014f0s1et1015f0s1. Les récepteurs sontgénéra<strong>le</strong>ment équipés d’oscillateurs à quartz moins stab<strong>le</strong>s de plusieurs ordres de grandeur que <strong>le</strong>s oscillateursatomiques des satellites. Le décalageret la dérivesde la fréquence de l’oscillateur d’un récepteursont d’environr=108ets=1012s1pour <strong>le</strong>sstations permanentes IGS qui sont reliées à des horlogesatomiques. La fréquence nomina<strong>le</strong>f0est de1;5109Hz dans <strong>le</strong> cas deL1. Les récepteurs du commercesont la plupart du temps équipés de quartz de mauvaise qualité dont la dérive peut atteindre la millisecondeen 20 minutes environ. Il importe alors que <strong>le</strong> récepteur puisse corriger cette dérive lui-même aucours de l’enregistrement.301


Les termes principaux dans l’équation précédente (donnantji) proviennent du décalage et de la dé-Le décalageqientre <strong>le</strong> tempsdu récepteur et un temps de référence à l’époquet0est considéré comme une constante, et n’est donc pas(B.11a)Cji(ti)=f0(qi+(tit0)+1=2(tit0)2) f0(ri(tit0)1=2si(tit0)2) 1;5109(108:1041=21012:108)ANNEXE B. QUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.=2;25:105cyc<strong>le</strong>srive de l’horloge du récepteur.On peut approximeretpar=aj=f0ri=riet=bj=f0si=si. reprisCji(ti)(aj(tit0)+1=2bj(tit0)2par la suite. Le termeCjis’écrit alors :1;5109(1011:104+1=21014:108) =9:102cyc<strong>le</strong>sdes récepteurs2(t)=f0(`kjkì+ji)disparait. On a alors'aj=f0,=bj=f0si'bj=f0, (a`+b`(tt0))(`kì) +(aj+bi(tt0))(jkji) +n`kn2.2.1. Erreur des horloges dans l’observab<strong>le</strong> de phase.Ce qui représente pour la longueur d’ondeL1de 19 cm une erreur en distance de 40 km.(B.11b)(B.11c)(B.11d)2.2.2. Erreur des horloges dans la simp<strong>le</strong> différence.Dans la simp<strong>le</strong> différence entre deux satellites, la partie dominante de l’erreur provenant des horlogessoit pourCji:(B.12a)(B.12b)ce qui correspond à une erreur sur la position d’environ 200 m.2.2.3. Erreur des horloges dans la doub<strong>le</strong> différence.(B.12c)Le termeCjidisparait complètement, et l’expression de la doub<strong>le</strong> différence en tenant compte des instabilitésd’horloges des satellites et des récepteurs s’écrit :(B.13a)(B.13b)(B.13c)(B.13d)Les 2oet 3olignes représentent encore des termes dépendant de la variation des horloges des satellites.Pour deux stations éloignées d’environ 6500 km à la surface de la Terre, la différence des signaux géométriquesreçus de la part d’un même satellite par ces stations ne peut pas excéder0;03s. On obtient alorsune va<strong>le</strong>ur pour <strong>le</strong>s termes d’erreurs dépendant des horloges des satellites d’environ4;5103cyc<strong>le</strong>s, soitune longueur d’environ 1 mm. Le traitement en doub<strong>le</strong>s différences est donc un excel<strong>le</strong>nt moyen de réduiretrès fortement <strong>le</strong>s erreurs introduites par <strong>le</strong>s instabilités des horloges des récepteurs et des satellites.Il nécessite par contre de travail<strong>le</strong>r en positionnement relatif : il faut disposer pour l’inversion d’un minimumde 2 stations observées simultanément, <strong>le</strong> positionnement sur une station isolée n’est plus possib<strong>le</strong>.3. L’erreur provenant de l’ionosphère.L’ionosphère est la couche de l’atmosphère qui s’étend de 50 km à mil<strong>le</strong> km d’altitude environ. C’est unmilieu dispersif pour <strong>le</strong>s longueurs d’ondes du GPS, ionisé par l’action des radiations solaires. L’agitation302


f3+c4 c3x3. L’ERREUR PROVENANT DE L’IONOSPHÈRE.ionosphérique est variab<strong>le</strong> et dépend beaucoup de la latitude (plus importante au dessus des pô<strong>le</strong>s et del’équateur), de l’activité solaire (période de 11 ans ), de la période de l’année et de la journée. La traverséede cette couche de l’atmosphère induit sur <strong>le</strong>s ondes GPS un retard qui va de 0 à 50 m. Il faut donc tenircompte de ce retard dès que l’on traite des lignes de base de plus d’une dizaine de km de longueur. Si modélise l’indice de réfraction ionosphériquenphdu signal GPS par <strong>le</strong> développementnph=1+c2:nph=1+c2 f2+g=1:ion=1;35:107Ne=f2=ion=foùion=1;35:107Ne=fg=2 f1+k f2+k f21f4+(oùc2,c3,c4sont des coefficients qui ne dépendent que deNe, <strong>le</strong> nombre d’é<strong>le</strong>ctrons libresparm3<strong>le</strong> long du trajet), on peut obtenir une approximation en tronquant cette expression f2.Dans la suite, on ne s’intéresse effectivement qu’au terme du premier ordre, et <strong>le</strong> retard induit par ceteffet ionosphérique au premier ordre s’écritest la part de la phase attribuée au retard ionosphérique.Neest la densité é<strong>le</strong>ctronique intégrée <strong>le</strong> longdu chemin de propagation de l’onde GPS. El<strong>le</strong> dépend de la densité moyenne des é<strong>le</strong>ctrons et de l’ang<strong>le</strong>d’élévationposeR=f2 g=f11f22 f21f2=1f11R2 1R2du satellite. Si on exprime de façon généra<strong>le</strong> <strong>le</strong> retard total des signaux (y compris <strong>le</strong> retarddû à l’ionosphère) en fonction des fréquencesL1etL2:(B.14a)C=f1:g=1+R 1R2(R:12)(B.14b)aveck=1;35:107Ne, on peut exprimergen fonction d’une combinaison linéaire des deux équationsprécédentes de façon à éliminer <strong>le</strong> terme qui provient de l’ionosphère :C=11;984(20;7791)si on f1.Cette combinaison linéaire mène à une nouvel<strong>le</strong> observab<strong>le</strong>, combinaison des deux précédentes, généra<strong>le</strong>mentappeléeL3ouLC, qui permet d’écrire des équations indépendantes du bruit ionosphérique aupremier ordre. On a(B.15)et en introduisant la va<strong>le</strong>ur numérique deR=f2=f11227;60=1575;42=0;779dans la relation précédente,on obtient la nouvel<strong>le</strong> relation entreC,1et2:La figure B.3 montre une comparaison des variations des 3 observab<strong>le</strong>s1,2etCsur une doub<strong>le</strong> différence,avec une ligne de base de plus de 1000 km. On constate que la plus grande partie des variationscommunes aux deux variab<strong>le</strong>s1et2provient en fait du bruit ionosphérique, puisqu’el<strong>le</strong> disparait dansla combinaisonLC. L’ordre de grandeur de l’erreur ionosphérique, commune aux deux observab<strong>le</strong>s1et2, est de plusieurs cyc<strong>le</strong>s par heure d’observation. El<strong>le</strong> tombe à environ 0,05 cyc<strong>le</strong> par heure pour la varib<strong>le</strong>C.La combinaison linéaire permettant de formerLCà partir deL1etL2n’élimine pas <strong>le</strong>s ordres é<strong>le</strong>vésde l’effet ionosphérique, pas plus que <strong>le</strong> bruit non dispersif (troposphère, é<strong>le</strong>ctronique, multi-trajet).Les coefficients de la combinaison linéaire ont même la conséquence perverse de renforcer dansLCl’influencedu bruit de sources non dispersives. On peut <strong>le</strong> constater expérimenta<strong>le</strong>ment très faci<strong>le</strong>ment, surune doub<strong>le</strong> différence de ligne de base de quelques mètres, où <strong>le</strong> bruit ionosphérique sera du même ordrede grandeur, mais pas plus é<strong>le</strong>vé, que <strong>le</strong>s autres sources (figure B.4) L’utilisation de la combinaisonLC, quis’impose sur des lignes de base longues, et dès que l’effet ionosphérique est supposé important, a comme303


ANNEXE B. QUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.Doub<strong>le</strong> difference : stations CAS1, DAV1, satellites PRN06, PRN22L1[cyc<strong>le</strong>s]10-1L2[cyc<strong>le</strong>s]10-1LC[cyc<strong>le</strong>s]10-1LG[cyc<strong>le</strong>s]10-1G=2f2 f11=f21f2 f1:f2:ion;1Temps GPS 12:00 13:00 14:00FIG. B.3 - Les observab<strong>le</strong>s de phaseL1,L2et <strong>le</strong>urs combinaisons linéairesLCetLGsur une ligne de base de plusde 1000 km.effet secondaire l’accentuation des autres types de bruit, ainsi que des ordres é<strong>le</strong>vés du bruit ionosphériquemême.La quatrième observab<strong>le</strong> présente sur <strong>le</strong>s figures B.3 et B.4 est une autre combinaison linéaire deL1etL2, LG, où <strong>le</strong> retard géométriquegest supprimé, et qui ne contient donc plus que <strong>le</strong> bruit ionosphérique. Lacombinaison linéaire s’écritLGest une mesure directe de la variation du terme de retard ionosphérique. Sa similitude, en variationset en amplitude, avecL1etL2dans <strong>le</strong> figure B.3 montre que sur une ligne de base longue, l’effet ionosphériqueest la première source d’erreur, ce qui n’est plus <strong>le</strong> cas dans la figure B.4, sur une ligne de base304


x4. L’EFFET TROPOSPHÉRIQUE.très courte.4. L’effet troposphérique.La troposphère est la couche basse de l’atmosphère, en contact avec <strong>le</strong> sol, et dont l’épaisseur variede 8 km environ aux pô<strong>le</strong>s à plustropo=Z(n1)ds=106ZNtropodsde 17 km à l’équateur. C’est un milieu non dispersif pour <strong>le</strong>s longueursd’ondes du GPS, son effet sur <strong>le</strong> signal est donc indépendant de la fréquence, et on ne peut pas s’en débarrasserpar une méthode bifréquence. Le retard provoqué par la traversée de la troposphère est d’environ2,20 m dans la direction zénitha<strong>le</strong>, mais peut atteindre 30 m pour une élévation du satellite de 5o. Il dépendde la température, de la pression, de l’humidité, et de l’élévation du satellite.Il se compose de deux parties, la composante sèche, d’environ 2 m pour la direction zénitha<strong>le</strong>, relativementstab<strong>le</strong> et prédictib<strong>le</strong> de façon assez fiab<strong>le</strong> par des modè<strong>le</strong>s atmosphériques, et la composante humide(10 % de la composante tota<strong>le</strong> au zénith), beaucoup plus diffici<strong>le</strong> à modéliser. Cette composante provientde l’humidité de la troposphère, vapeur d’eau, goutte<strong>le</strong>ttes de pluie ou en suspension dans <strong>le</strong>s nuages,qui sont réparties de façon très inhomogène et variab<strong>le</strong> rapidement dans <strong>le</strong> temps.La correction apportée à la pseudo-distance s’écrit :avecnl’indice de=10677;624pT9Xj=1Aj1Rj1réfraction troposphérique etN<strong>le</strong>j+(12;92eT+3;719:105eco-indice.T2)Xj=19Aj2Rj2Le modè<strong>le</strong> atmosphérique <strong>le</strong> plus souvent utilisé pour prédire <strong>le</strong> comportement de la composantejsèche dela troposphère dans <strong>le</strong>s logiciels GPS scientifiques est celui de Saastamoinen (1972), utilisant la pressionatmosphérique, température et humidité d’une atmosphère standard au niveau de la mer, transposéesà l’altitude de la station. La composante sèche est ainsi modélisée de manière satisfaisante, mais seu<strong>le</strong>sdes mesures météorologiques loca<strong>le</strong>s et simultanées des mesures GPS, ou encore des mesures d’humiditépar radiomètres à vapeur d’eau permettent de connaître <strong>le</strong> contenu en vapeur d’eau, responsab<strong>le</strong> de lacomposante humide. En l’absence de modè<strong>le</strong> pour la composante humide, la meil<strong>le</strong>ure stratégie consisteà estimer ce retard au cours du calcul, comme un paramètre supplémentaire.AavecN2=12;92eT+3;719105e Ri=p(a+hi)2acos2(Elv)asin(Elv)titre d’exemp<strong>le</strong>, on donne <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de Goad et Goodman, tiré de (Botton et al. 1997).La correction de la pseudo-distance, en m, s’écrit :e=6;108RHexp(17;15T4684 h2=50;002277 N2:106(1255 T+0;5)eT38;45)pouri=1;2. Les corrections d’altitudes sont éga<strong>le</strong>s àh1=146;6686Tet T2. Les termesR1etN1correspondent à la composante sèche,R2etN2à la composante humide.Tdésigne la température au sol en degrés Kelvin,pla pression atmosphériqueen mbar,ela pression partiel<strong>le</strong> de vapeur d’eau, en mbar, qui s’écrit aussi :305


:ai=sin(Elv)=hibi=cos2(Elv)=2ahi A2i=4ai A3i=6a2i+4biet <strong>le</strong>s fonctionsaietbià:A1i=1 A7i=b2i(6a2i+4bi)A8i=4aib3i A4i=4ai(a2i+3bi)A5i=a4i+12a2ibi+6b2iA6i=4aibi(a2i+3bi) A9i=b4iANNEXE B. QUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.sont égaux àRHétant l’humidité relative.adésigne <strong>le</strong> demi grand axe de l’ellipsoïde terrestre, et <strong>le</strong>s coefficientsAji5. La résolution des ambiguïtés.Les observations de phase GPS, une fois en<strong>le</strong>vés <strong>le</strong>s erreurs des horloges et <strong>le</strong> premier ordre du retardionosphérique, sont assez précises pour tenter de fixer <strong>le</strong>s ambiguïtés à <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur entière, opérationnommée résolution des ambiguïtés entières. L’ambiguïténjide l’observab<strong>le</strong> d’un signal émis par <strong>le</strong> satellitejet reçu à une stationi, comme exprimée par exemp<strong>le</strong> dans l’équation B.6, est <strong>le</strong> nombre entier de longueursd’ondes entre satellite et station au début de la mesure, où seu<strong>le</strong> la partie fractionnel<strong>le</strong> de la différenceC=1+n1Rsignal reçu-signal répliqué est mesurab<strong>le</strong>. Tant que la réception du signal n’est pas interrompue,cette quantité entière doit rester constante, et el<strong>le</strong> fait partie des paramètres estimés au cours de l’inversionpar moindres=1R 1R2(2R1)R 1R2(2+n2R(1+n1))carrés. Lors d’un premier1R2(n2n1)+1ajustement, sa1+Rn1va<strong>le</strong>ur est laissée flottante, à la va<strong>le</strong>ur réel<strong>le</strong>qui permet <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur ajustement des autres paramètres. Par la suite, si cette va<strong>le</strong>ur réel<strong>le</strong> est suffisammentproche, et avec une incertitude suffisamment faib<strong>le</strong>, d’une va<strong>le</strong>ur entière, on peut fixer la va<strong>le</strong>ur del’ambiguïté à cette va<strong>le</strong>ur entière (par exemp<strong>le</strong>, une ambiguïté prenant lors d’un premier ajustement lava<strong>le</strong>ur de 2,90,2 pourrait être fixée à 3, ce qui n’est pas <strong>le</strong> cas pour 2,60,6).Cette résolution des ambiguïtés s’opère sur <strong>le</strong>s observab<strong>le</strong>s en doub<strong>le</strong> différence où <strong>le</strong>s erreurs d’horlogessont éliminées. Pour éliminer éga<strong>le</strong>ment l’effet ionosphérique (pour des lignes de base de plus dequelques km de longueur), on utilise <strong>le</strong>s doub<strong>le</strong>s différences des combinaisons linéairesLC.A partir de l’équation B.15 détaillée pour y inclure <strong>le</strong>s ambiguïtésn1etn2, on obtient :(B.16a)(B.16b)Dans l’expression de cette combinaisonLC, <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs des ambiguïtés apparaissent multipliés par descoefficients décimaux, qui peuvent <strong>le</strong>s rendre plus diffici<strong>le</strong> à détecter. On peut néanmoins <strong>le</strong>s retrouver :n1n2a une longueur d’onde dec=(f1f2)=86 cm, oùcest la vitesse de la lumière. Cette longueur estsupérieure à cel<strong>le</strong> deL1et deL2, c’est pourquoi <strong>le</strong> va<strong>le</strong>ur den2n1est dénommée(wide lane)(WL ouL5). Sa longueur d’onde plus importante permet de résoudre cette ambiguïté en utilisant <strong>le</strong>s mesures depseudo-distances en complément deL1etL2, même si el<strong>le</strong>s sont moins précises. On examine une combinaisond’observations de phase1et2et de pseudo-distancesP1etP2. Les pseudo-distances, obtenuespar la mesure du codeC=AsurL1et de la reconstruction d’un pseudo-code P surL2, à partir du codeC=Aet de la différence des codesY1etY2des militaires, n’ont pas d’ambiguïtés. Par contre, <strong>le</strong> retard dûà l’ionosphère y apparait avec un signe opposé à ce qui se passe pour la phase, car <strong>le</strong>s pseudo-distances306


1=f1+n1+kf1+bruit 2=f2+n2+kf2+bruit P1=f1kf1+Pbruitx5. LA RÉSOLUTION DES AMBIGUïTÉS.sont une P2=f2kf2+Pbruitmesure selon la vitesse de groupe et non de phase. On a au total :(B.17a)n2n1=21f2f1 f2+f1(P1+P2)=n2n1+(f1f2(B.17b)(B.17c)(B.17d)Une combinaison linéaire judicieuse des différents termes de cette équation B.17 permet d’éliminer tous<strong>le</strong>s retards ionosphériques au premier ordrekf2+f1(P1+P2)+Pbruitbruit f1f2f1f2 f1f2)kPbruit+bruit f1;2.(B.18)Soit fina<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>s ambiguïtés((wide lane))n2n1;(B.19)Le bruitPbruitsur <strong>le</strong>s pseudo-distances est assez é<strong>le</strong>vé à cause des réf<strong>le</strong>xions du signal sur <strong>le</strong> sol et surdifférents obstac<strong>le</strong>s proches de l’antenne (multi-trajet). Le code, qui a une longueur d’onde de 30 m pour<strong>le</strong> code P et 300m pour <strong>le</strong> code C/A, est beaucoup plus sensib<strong>le</strong> aux effets de multi-trajets que la phase,et peut introduire dans la combinaison((wide lane)des variations de plusieurs cyc<strong>le</strong>s. Pour résoudre <strong>le</strong>sambiguïtés, la méthode la plus simp<strong>le</strong> est de réduire ce bruit en dessous de 86 cm, en mesurant de manièrecontinue pendant un temps d’observation suffisamment long pour <strong>le</strong>s effets de multi-trajets s’annu<strong>le</strong>nten moyenne. Il est néanmoins possib<strong>le</strong> de tenter de fixer <strong>le</strong>s ambiguïtés sur des temps d’observation trèscourts, à condition d’avoir affaire à des lignes de base très courtes, et d’utiliser à la fois la combinaisonWL et des méthodes à base de tests statistiques développées pour <strong>le</strong>s mesures en statique rapide.Une fois résolues ces ambiguïtés(wide lane), on peut tenter de fixer <strong>le</strong> deuxième terme,1(1+R)n1, à uneva<strong>le</strong>ur entière. Sa longueur d’onde est cette fois de 10,7 cm, inférieure à cel<strong>le</strong>s deL1et deL2, ce qui justifiesa dénomination de((narrow lane))(NL). Pour réussir à fixer à une va<strong>le</strong>ur entière une portion de longueurd’onde aussi courte, il faut commencer par introduire dans l’expression deLC<strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs obtenues pourWL. Cette deuxième étape dans la résolution des ambiguïtés est plus hasardeuses que la première. Le faitde résoudre des ambiguïtés en <strong>le</strong>s fixant à des va<strong>le</strong>urs entières fausses introduit une erreur supplémentairesur <strong>le</strong>s 3 composantes de la ligne de base, comprise entre 20 et 40cm.307


ANNEXE B. QUELQUES RAPPELS THÉORIQUES SUR LE GPS.Doub<strong>le</strong> différence : rattachement UJPD - UJP1L1[cyc<strong>le</strong>s]0.050.00-0.05L2[cyc<strong>le</strong>s]0.050.00-0.05LC[cyc<strong>le</strong>s]0.050.00-0.050.05LG 0.00[cyc<strong>le</strong>s]-0.05Temps GPS 7:10 7:12 7:14 7:16 7:18FIG. B.4 - Les observab<strong>le</strong>sl1,L2,LCetLGsur une ligne de base très courte. Les variations faib<strong>le</strong>s observéesdansL1etL2proviennentdu bruit é<strong>le</strong>ctronique de la mesure, et sont plus amplifiées surL2que surL1. DansLC, l’amplitudede ces perturbations est multipliées par deux environ, sous l’effet de la combinaison linéaire. (Walpersdorf 1997)308


ANNEXE CSÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL ENRÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.309


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.0.11Auckland, solution combinee ENS 97, 1995-98.Latitude en m.0.090.070.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Latitude combinee.Pente=31.6 mm/an.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.Pente = 6 mm/an.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente =7.6 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.1 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Auckland, obtenues à partir dela solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.310


Latitude en m.0.110.090.070.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Casey, solution combinee ENS 97, 1995-98.Latitude combinee.Pente= -13.4 mm/an.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.Pente = 7.6 mm/an.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.2 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Casey, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.311


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.Latitude en m.0.110.090.070.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Chatham Island, solution combinee ENS 97, 1995-98.Latitude combinee.Pente= 27.2 mm/an.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Longitude combinee.Pente = -40.0 mm/an.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente =7.5 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.3 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Chatham, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.312


Latitude en m.0.110.090.070.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09Davis, solution combinee ENS 97, 1995-98.Latitude combinee.Pente= -10.1 mm/an.-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.110.090.07Longitude en m.0.050.030.01-0.01-0.03-0.05-0.07-0.09-0.111995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 2.1 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente =5.7 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.4 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Davis, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.313


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.Dumont d’Urvil<strong>le</strong>, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.00Latitude en m.-0.05-0.10-0.15-0.20Latitude combinee.Pente= -12.4 mm/an.-0.251995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.00Longitude en m.-0.05-0.10-0.15-0.20-0.251995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.400.35Longitude combinee.Pente = 18.8 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.300.250.200.150.100.05Vertica<strong>le</strong> combinee.0.001995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.5 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Dumont d’Urvil<strong>le</strong>, obtenues àpartir de la solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.314


Gough Island, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.00Latitude en m.-0.05-0.10-0.15-0.20Latitude combinee.Pente= -3.9 mm/an.-0.251998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10Longitude combinee.Pente = 26.3 mm/an.-0.151998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.25Vertica<strong>le</strong> en m.0.200.150.100.050.00-0.05Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 48.6 mm/an.-0.101998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.0FIG. C.6 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Gough, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.315


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.Hobart, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= 49.9 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 14.5 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.7 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Hobart, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.316


Kergue<strong>le</strong>n, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= -9.5 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 7.7 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 5 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.8 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Kergue<strong>le</strong>n, obtenues à partir dela solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.317


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.Macquarie Island, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= 25.4 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = -8.7 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 9.9 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.9 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Macquarie, obtenues à partir dela solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.318


Mc Murdo, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= -11.1 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 14.4 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 14.1 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.10 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur McMurdo, obtenues à partir dela solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.319


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.Mawson, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= -15.5 mm/an.-0.151998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.00Longitude en m.-0.05-0.10-0.15-0.20-0.251998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.400.35Longitude combinee.Pente = 5.9 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.300.250.200.150.100.05Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 7.9 mm/an.0.001998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.0FIG. C.11 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Mawson, obtenues à partir dela solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.320


O’Higgins, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= 5.5 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 13.5 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 15.0 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.12 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur O’Higgins, obtenues à partirde la solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.321


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.Palmer, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.00Latitude en m.-0.05-0.10-0.15-0.20Latitude combinee.-0.251998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.20Longitude en m.0.150.100.05Longitude combinee.0.001998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.400.35Vertica<strong>le</strong> en m.0.300.250.200.150.100.05Vertica<strong>le</strong> combinee.0.001998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.0FIG. C.13 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Palmer, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.322


Perth, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= 49.5 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 40.3 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 6.9 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.14 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Perth, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.323


ANNEXE C. SÉRIES TEMPORELLES ISSUES DE LA SOLUTION GLOBALE, CALCUL EN RÉSEAU LIBRE, RATTACHÉE AU SYSTÈME DE RÉFÉRENCE ITRF 97 PAR UNETRANSFORMATION À 7 PARAMÈTRES (CATREF). SOLUTION ENS 97.Santiago, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= 13.9 mm/an.-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.10Longitude en m.0.050.00-0.05-0.10-0.151995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.00.200.15Longitude combinee.Pente = 20.1 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.100.050.00-0.05-0.10-0.15Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 1.5 mm/an.-0.201995.0 1995.5 1996.0 1996.5 1997.0 1997.5 1998.0 1998.5 1999.0FIG. C.15 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Santiago du Chili, obtenues àpartir de la solution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.324


Sanae, solution combinee ENS 97, 1995-98.0.10Latitude en m.0.050.00-0.05-0.10Latitude combinee.Pente= 0.4 mm/an.-0.151998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.15Longitude en m.0.100.050.00-0.05-0.101998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.00.400.35Longitude combinee.Pente = -11.9 mm/an.Vertica<strong>le</strong> en m.0.300.250.200.150.100.05Vertica<strong>le</strong> combinee.Pente = 22.9 mm/an.0.001998.0 1998.2 1998.4 1998.6 1998.8 1999.0FIG. C.16 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Sanae, obtenues à partir de lasolution globa<strong>le</strong> libre rattachée avec CATREF à l’ITRF 97, 3 stations fiduciel<strong>le</strong>s.325


ANNEXE DCAS PARTICULIER : MESURE PAR GPS DE LA VITESSE DE DÉPLACEMENT DELA GLACE AU PÔLE SUD.Nous présentons ici, un peu en dehors du corps de ce travail de thèse, <strong>le</strong>s résultats obtenus sur <strong>le</strong>déplacement de la station GPS permanente Amundsen-Scott installée sur la base américaine permanentedu même nom. Cette base est située sur la calotte de glace, et la station GPS en question ne peut doncpas servir à établir une quelconque référence géodésique, ni à mesurer des mouvements de la croûte.Le point où est installée la station a été mesuré par des campagnes estiva<strong>le</strong>s de GPS entre décembre 1991et décembre 1993 (Schenewerk et al. 1998), en même temps que la station de McMurdo, située à 1354,6km, grâce à des récepteurs de type géodésique bi-fréquences (Ashtech M XII pour Amundsen, Roguepour McMurdo). La ligne de base entre <strong>le</strong>s deux stations a été calculée sur cette période 1991-1993 parSchenewerk et al. (1998), avec des orbites calculées au NOAA grâce au logiciel PAGE3. Une seconde lignede base, entre la station de Amundsen et la station IGS de Santiago du Chili, fournissant des donnéesdès cette époque, a été évaluée selon <strong>le</strong>s mêmes procédés.Les résultats de la ligne de base AMUN-MCMU montrent une vitesse de dérive de 9,990,001 m/an <strong>le</strong>long de la ligne de longitude Ouest 39 50 340,01, et de -0,2190,005 m/an sur la hauteur ellipsoïda<strong>le</strong>.La répétitivité indiquée par <strong>le</strong>s auteurs une fois en<strong>le</strong>vée cette vitesse de dérive est de 0,02 PPM sur laligne de base AMUN-MCMU, soit une répétitivité absolue de 2,6 cm sur la longueur.Les résultats obtenus par Schenewerk et al. (1998) à partir de la seconde ligne de base, entre Amundsenet Santiago, sont cohérents avec <strong>le</strong>s premiers, puisque la vitesse horizonta<strong>le</strong> y est de 9,740,006 m/an <strong>le</strong>long de la ligne de longitude Ouest 39 23 310,003, et -0,1890,01 m/an sur la hauteur ellipsoïda<strong>le</strong>.La station permanente de type IGS a été installée sur <strong>le</strong> même site dans <strong>le</strong> courant de l’année 1998,<strong>le</strong>s données sont donc disponib<strong>le</strong>s, et analysées par certains centres de calcul IGS depuis <strong>le</strong> mois d’août1998. Nous <strong>le</strong>s avons incluses dans <strong>le</strong> calcul en réseau global sur l’Antarctique, au même titre que toutes<strong>le</strong>s stations permanentes nouvel<strong>le</strong>ment installées sur <strong>le</strong> sol antarctique depuis la fin de l’année 1997.Même si la vitesse a priori de cette station (de plusieurs mètres par an) n’est en rien comparab<strong>le</strong> aveccel<strong>le</strong>s des stations IGS, son inclusion augmente <strong>le</strong> nombre de données servant à l’inversion, améliorant lacontrainte. De plus, <strong>le</strong> résultat peut être intéressant pour des études glaciologiques sur l’écou<strong>le</strong>ment de laglace. Dans un premier temps, <strong>le</strong>s vitesses obtenues sur <strong>le</strong>s 5 mois de données continues traitées peuventêtre comparés aux résultats de Schenewerk et al. (1998) obtenus de 1991 à 1993 à partir de campagnes.Les séries temporel<strong>le</strong>s des trois composantes de la position de Amundsen obtenues par <strong>le</strong> calcul globa<strong>le</strong>n réseau libre sont données par la figure D.1. La vitesse horizonta<strong>le</strong> est de 9,98 m/an selon la ligne delongitude, montrant une excel<strong>le</strong>nte cohérence avec <strong>le</strong>s observations du calcul à partir des campagnes.La vitesse vertica<strong>le</strong> est par contre de -0,59 m/an, montrant une différence importante avec <strong>le</strong>s mesures327


ANNEXE D. CAS PARTICULIER : MESURE PAR GPS DE LA VITESSE DE DÉPLACEMENT DE LA GLACE AU PÔLE SUD.de campagnes GPS 1991-1993. La répétitivité sur <strong>le</strong>s lignes de base incluant cette station est de , soit unemeil<strong>le</strong>ure estimation que cel<strong>le</strong> des campagnes. On peut y trouver plusieurs raisons, la première étantl’amélioration importante de la précision des orbites (apparition des orbites IGS) entre 1992 et 1998,particulièrement autour du Pô<strong>le</strong> Sud.La différence importante sur <strong>le</strong>s vitesses vertica<strong>le</strong>s est probab<strong>le</strong>ment due à la topographie loca<strong>le</strong>. L’interval<strong>le</strong>de 5 ans qui sépare <strong>le</strong>s deux types de mesures est suffisant pour que la station, de vitesse horizonta<strong>le</strong>constante proche de 10 m/an, ait parcouru plus de 50 m.328


Latitude en m.−21.00−22.00−23.00−24.00−25.00Po<strong>le</strong> sud, plani. global libre 1995−98.Latitude journaliere.Tendance = −9.98 +− 0.2 m/an.−26.001998.55 1998.65 1998.75 1998.85 1998.95Longitude, en m.0.200.150.100.050.00Longitude.−0.051998.55 1998.65 1998.75 1998.85 1998.95Po<strong>le</strong> sud, hauteur sur ellips. en m.6.506.456.406.356.306.256.206.156.106.05Po<strong>le</strong> Sud, alti global libre, 1995−1998.6.001998.5 1998.6 1998.8Reseau libre.Tendance= −0.59 +− 0.05 m/an.FIG. D.1 - Séries temporel<strong>le</strong>s de la latitude, longitude et hauteur sur ellipsoïde sur Amundsen-Scott, station GPSpermanente située près du Pô<strong>le</strong> Sud géographique, solution globa<strong>le</strong> libre.329


ANNEXE ERAPPORT D’INSTALLATION DE LA STATION GPS PERMANENTE SUR LA BASEFRANÇAISE DE DUMONT D’URVILLE, FINANCEMENT ET INSTALLATION PARL’INSTITUT FRANÇAIS POUR LA RECHERCHE ET LA TECHNOLOGIEPOLAIRE.331

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