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MAQUETTE PSYCH - Centre hospitalier Esquirol

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Démotivation et hypofrontalité chez la personne âgéelique, afin d’assurer la conversion de la motivation enune action ou en une inhibition d’une action.La motivation met en jeu la stimulation de récepteursd o p a m i n e rgiques du NAc par la dopamine issue desneurones de l’ATV, alors que l’aversion est déclenchéepar la réduction de la neurotransmission dopaminergiquedans le NAc. L’innervation dopaminerg i q u eémise par l’ATV est elle-même régulée par des opiacésendogènes (endorphine, enképhaline et dynorphine)qui agissent soit sur le soma neuronal dans l’ATV, soitsur la terminaison présynaptique dans le NAc afin demoduler la libération de dopamine. Ce rétro c o n t r ô l epar les opiacés endogènes assure un fonctionnementprécis du circuit de récompense selon les stimulationsque reçoit l’individu du monde qui l’entoure. Certainsopiacés endogènes (endorphines via les récepteursopioïdes µ) renforcent l’activité des neurones dopamine rgiques favorisant la motivation, alors que d’autre s(dynorphine via les récepteurs opioïdes µ) abaissentl’activité de ces neurones favorisant l’aversion. La réalisationcognitive de l’aversion et de la motivation a poursiège d’autres structures limbiques (hippocampe, amygdale)et le cortex préfrontal qui reçoivent des influxnerveux de l’ATV et du NAc. En re t o u r, le complexecortico-limbique projette des axones glutamaterg i q u e ssur le NAc et les neurones dopaminergiques et gabaergiquesde l’ATV sont innervés par des term i n a i s o n sglutamatergiques du cortex préfrontal.Cette innervation assure le contrôle cortical/conscientdes comportements hédonistes et aversifs, évitant ainsiles conduites abusives et les déviances. Pour ce qui estdes manifestations somatiques de l’aversion/motivation,c’est l’hypothalamus qui les déclenche en stimulantles systèmes autonome neurovégétatif et endocrinien.Les nombreuses substances addictives (nicotine,alcool, cannabis, opiacés, stimulants...) divergent parleurs structures chimiques et leurs modes d’action surune multitude de cibles moléculaires (voir cours sur lemode d’action de drogues). Cependant, toutes altèrentle fonctionnement du circuit de récompense en modifiantde manières variées, et plus ou moins directes, laneurotransmission dopaminergique entre les neuronesde l’ATV et leurs neurones cibles du NAc et du cortexfrontal.RAPPEL SUR LA MOTIVATION _________________D'un point du vue neuro-anatomique la motivation faitdonc appel aux systèmes dopaminergiques et en particulierdans ses projections frontales, au re l a i s1) Système nigro-strié (Concerné dans la maladie deParkinson)2) Système méso-limbique3) Système méso-cortical4) Système infundibulo-tubérien (Contrôle de la libérationhormonale hypophysaire)Figure 2 : Les systèmes dopaminergiques.émotionnel et à la mémoire (système amygdalo-hippocampique),enfin à toutes les aff é rences sensorielles :tous ces systèmes sont interconnectés au niveau dulobe frontal, où l'on peut distinguer une partie cingula i re en charge des émotions, un ensemble orbitofrontallié à la gestion des émotions et responsable, encas d'altération, de l'apathie, une partie dorso-latéraleplus directement impliquée dans les phénomènesmoteurs et cognitifs, dans les agencements exécutifs enparticulier. C'est cette dernière partie qui est concernéepar les rapidités d'exécution des tâches, dans la gestiondes tâches complexes, en conjonction avec le cervelet.La mémoire participe à la motivation et la motivationau travail de mémoire. L'attention facilite le codage, enparticulier dans les segments où existe déjà une tracemnésique, ce qui est particulièrement le cas chez lapersonne âgée, dont le fonctionnement à partir de sonmusée personnel est particulièrement fréquent. Lestockage est ainsi facilité, la récupération de l'informationdépend à la fois de la qualité du stockage, maisaussi des possibilités de puiser dans les inform a t i o n sstockées, c'est-à-dire des capacités attentionnelles etd'évocation des personnes âgées. Le cortex pré-frontala ainsi un rôle pour retenir le temps. Il facilite l'inven-12


Démotivation et hypofrontalité chez la personne âgéetaire du stock de la mémoire à court terme, permet derassembler les éléments nécessaires à la réalisationd'une tâche et n’est probablement pas pour rien dansles capacités d’insight. Ces derniers éléments sontessentiels à la persistance de l'information. Le systèmed o p a m i n e rgique, dont certaines aff é rences se pro j e t-tent sur le cortex pré-frontal, permet d'éliminer desi n t e r f é rences internes et externes susceptibles derentrer et de rompre les enchaînements comportementauxet idéomoteurs. Il consolide lui aussi le stockagemnésique (tableau 2).La motivation s'inscrit dans la dimension de la mémoirep rospective, mémoire qui consiste à se rappeler dufutur et donc à pouvoir reprendre le passé autrement,non sans nourrir le présent et donc faire vivre le désirdans sa dimension d’anticipation (anticipation désidérative).Cette mémoire prospective est essentielle à lamotivation. Mais l'incapacité de pouvoir se re p re n d reconduit à l'ennui, aux mornes répétitions et à la démotivation(7, 8) . La mémoire prospective est fréquemmentaltérée chez la personne âgée, et cette mémoire estl'une des plus précocement atteinte dans la démence (9) .Le lobe frontal intervient encore dans la perception dutemps. Par exemple dans la démence fro n t o - t e m p o-rale, cette dimension disparaît, le malade perdant peuà peu ses repères du passé et n'anticipant plus, vivantdans un temps présent désamarré de la ligne de temps,Le cortex préfrontal pourrait “retenir” le tempsCortexpréfrontalD o p a m i n eInventaire du stockde la mémoire àcourt termeRassemblementdes élémentsnécessaires à laréalisation d’unetâcheÉlimination desi n t e rf é re n c e si n ternes et externessusceptibles derompre lesenchaînementscomportementauxP e r s i s t a n c edel ’ i n f o rm a t i o nTableau 2 : Rôle du lobe frontal dans les pro c e s s u smnésiques .coupé de toute information du passé, et sans pro j e c-tion dans l'avenir. La motivation qui appartient à ladimension temporelle de la personne est naturellementici altérée. Une autre illustration peut être donnée dececi dans l'histoire du malheureux HM opéré de deuxhippocampes pour une épilepsie rebelle, il y a unecinquantaine d'années aux USA, et qui depuis n'a plusni mémoire (en terme d’acquisivité), ni anticipationdésidérative, ni motivation épisodique, c'est-à-direancrée dans la mémoire épisodique. L'anticipationreprésente la greffe du futur dans le présent (10) . Elle estun repère stabilisant du travail d'orientation temporelleet de la programmation des actions, puisque pourMinkowski, c'est l'avenir qui est le plus stable des pointsc a rdinaux. La motivation représente l'élaboration del'avenir personnel et supra personnel. Chez lapersonne âgée, l'anticipation est volontiers émoussée,par peur de l'avenir, par démission de l'envie de faire,par impression (parfois réelle) d'être rejeté et socialementdéconsidéré. L'altération de l'anticipation chez lapersonne âgée est encore armée par la peur de la solitude.Souvent les personnes âgées n'ont personne surqui s'appuyer pour occuper le temps, prendre des décisions.Leur solitude les confine à vivre dans le présent,dans un style compensatoire, le temps n'étant pastoujours pris pour faire le deuil d'une relation. Le replisur soi s'accompagne ainsi de troubles de la conation. Ilfaut se méfier chez la personne âgée des conduites derefus ou d'abandon des activités en cours, quand lapersonne se rebute, soit elle n'a effectivement pasenvie de faire ce qu'on lui propose, soit encore, elle estsimplement démotivée.LA MOTIVATION ET LA DEMOTIVATION _______La motivation est le goût et le sens du mouvementselon Berthoz. Elle réalise l'association d'un désir etd'un comportement en vue d'élaborer et de faireaboutir un projet. Elle fait référence à la conscienced'une dynamique psychologique et d'une liberté intérieurepropre à considérer ce projet comme digne d'intérêtet d’actualisation. La motivation continue toute lavie, participant à l'image cognitive de la personne, àl'image de soi intuitive, bâtie sur des aspirations et desdésirs. La conation renvoie à la notion d'insistance surle réel, de persévérance à gére r, de volonté de faireaboutir un projet décidé. Il existe deux types de motivationselon Déci (11) , la motivation interne et la motivationexterne. La motivation interne renvoie à un objetinterne comme source de l'excitation: valeurs ou désir.La motivation externe renvoie à un objet externe :13


Démotivation et hypofrontalité chez la personne âgéetrait particulier d’une maladie psychiatrique comme laschizophrénie ou somatique comme les endocrinopathiesou les maladies chroniques handicapantes,auxquelles elles impriment leur marque particulière .L'apparition plus ou moins rapide d'une désaff é re n t a-tion sensorielle favorise très souvent chez la personneâgée fatiguée, malade ou fragile, l'installation du re p l isur soi et du renoncement à vivre. La maladied'Alzheimer présente fréquemment un tableau associéde dépression et de démotivation, en particulier dansles stades évolués de la maladie où leur diagnostic estp a r t i c u l i è rement difficile. La dépression chez lapersonne âgée s'accompagne fréquemment de démotivationet d'apathie, et si la dépression hostile est bienconnue chez elle, il faut garder en mémoire qu'il existedes formes conatives de la maladie. Chez celles-ci, l'expectationde la personne est figée et on observe uneperte d'activité et une résignation à l'ennui. La vascularisationcérébrale étudiée par la méthode SPECT a pumontrer que les états chroniques dépressifs s'accompagnaientd'une hypovascularisation frontale chez lapersonne âgée. Alexopoulos (18) en 2002 a rapporté lesyndrome dysexécutif de la personne âgée associée àune dépression (SDD). Ce syndrome se voit chez lapersonne âgée ou très âgée, associé à une faible scolarisationdurant leur enfance. Il s'accompagne d'altérationsfrontales au bilan neuropsychologique : atteintesdes fluences verbales, des dénominations visuelles, dela rétention visuelle au test de Benton. Il existe peu detroubles cognitifs, mais la personne trouve moins d'intérêtdans les activités de sa vie quotidienne et sesengagements dans la vie sociale. Les activités instrumentalesde la vie quotidiennes sont altérées, d'autantplus que la dépression évolue (figure 4) et une symptomatologieparanoïde peut se démasquer, faite depsychorigidité. Pour Alexopoulos, ce syndrome s'apparenteau syndrome médio-frontal rapporté parMasterman et Cummings (19) . Il serait lié à une atteintedes ganglions basaux et de leur projection pré-frontale.Les neurotransmetteurs modulant ces aff é re n c e sconcernent les enképhalines, l'acétylcholine et la dopamine.Le SDD est souvent résistant aux traitementsa n t i d é p resseurs habituels et récidive fréquemment. Iln'est peu ou pas sensible aux antidépresseurs sérotoninergiques.L'auteur accorde une place particulière dansla thérapeutique de cette dépression aux anticholinesthérasiques,aux agents dopaminergiques, notammentactif sur le récepteur D 3 et enfin au Modafinil.La dépression altère à la fois les capacités cognitives etles habilités exécutives chez la personne âgée. Dansune étude récente, nous avons montré que les valeurs àl’évaluation de la batterie d’évaluation frontale (BREF)sont plus dégradées si l’on compare les populationsatteintes de démence de type Alzheimer avec ou sansd é p ression. Dans ce contexte de relations complexesmais aussi de liaisons dangereuses entre troubles affectifset cognitifs, les états dépressifs de survenue tardive(après 60 ans) s’accompagnent plus souvent que chezle sujet jeune de déficits cognitifs marqués tant sur unplan mnésique que sur un plan attentionnel. Les fonctionsexécutives sont elles aussi touchées et accompagnentle classique ralentissement psychomoteur. Il est importantde pre n d re en compte l’atteinte exécutive car elle estégalement mise en cause par d’autres auteurs comme unFigure 4 : Syndrome dysexécutif de la personne âgée associéeà une dépression. Les activités instrumentales de la viequotidiennes altérés parallèlement à l’importance de ladépression (Echelle Hamilton) (18) .élément favorisant le suicide notamment lorsque la dépre s-sion accompagne la maladie d’Alzheimer (20) .Un syndrome dysexécutif est peut-être plus importantqu’on ne l’a supposé jusque là, dans la mesure où ledysfonctionnement exécutif leste à l’évidence lamaladie d’Alzheimer d’un poids d’hypofrontalité d’autantplus marqué que la pathologie démentielle s’accompagned’une souffrance dépressive (Figure 5). Ence sens, rien n’interdit de penser la dépression tardiveavec troubles exécutifs comme relevant du syndro m ed é p ression-démence, en tant que stade précoce,prodrome de la pathologie démentielle. Ces réflexionssont également confortées par l’existence de travauxn e u ropsychologiques montrant que la survenue destroubles des fonctions exécutives au stade précoce dela maladie d’Alzheimer survient sans que des déficitsmnésiques soient particulièrement impliqués. En eff e tceux-ci peuvent se voir sans que surviennent – ou alors15


Démotivation et hypofrontalité chez la personne âgéede façon peu prononcée - des troubles praxiques, dulangage, du contrôle mental et de l’attention dirigée etpartagée (21) . Une forme particulière de Mild CognitiveImpairment, associant dépression et syndrome dysexécutifest probablement à retenir posant la question dansl’avenir de l’apparition d’une maladie de Parkinson,d’une démence fronto-temporale ou plus tard i v e m e n td’une maladie d’Alzheimer.Laplane a décrit en 1981 ( 22 ) un syndrome de perted'auto-activation psychique (Syndrome PAP). Les casrapportés par cet auteur survenaient dans les suitesd'une intoxication oxy-carbonée ou après une piqûrede guêpe. L'illustration de la perte d'auto-activationpsychique pourrait être donnée par un homme coulantà pic au fond de la piscine et n'ayant pas l'initiative dere m o n t e r. Le syndrome de Laplane comporte uneperte de toute initiative personnelle. Tout se passecomme si les malades laissés à eux-mêmes s'arrêtaientd'agir et même de penser par eux-mêmes. Cespersonnes jusque-là pleines d'entrain avant la maladie,sont plongées dans un état d'inactivité et d'apathie.Elles ne manifestent plus aucun intérêt pour les activitésqu'elles aimaient antérieurement. Elles ne tententmême plus de satisfaire leurs besoins vitaux. Ellesdonnent l'impression de mourir de faim en présence den o u r r i t u re. Elles ne souff rent en tout cas pas de leurinactivité. Un des phénomènes les plus caractéristiquesde cette pathologie est la réversibilité des symptômesen présence d'un tiers. Le bilan neuro p s y c h o l o g i q u em o n t re que les malades sont toutefois capablesd ' e x e rcer des tâches complexes. Ils passent, parexemple, avec succès les épreuves des tests dem é m o i re et d'intelligence, pour peu que les examinateursfassent preuve de patience et de persévération.Cette activation est transitoire cependant, cessant dèsl'instant où l'examinateur ne stimule plus le malade.Les lésions cérébrales en cause dans le syndrome deLaplane concernent soit un hémisphère, soit les deux.Laplane évoque l’existence d’un circuit qui relierait lesnoyaux gris au lobe frontal et qui déclencherait la prisede décision. Cette boucle dite limbique, véhicule cesinformations vers le cortex frontal, donnant lieu ou nonà une prise de décision (figure 6). La boucle met en jeuq u a t re zones dont l'atteinte d'une seule peut brisertoute forme de motivation : pallidum, cortex cingulairei n t é r i e u r, noyau caudé, thalamus. Parfois, dans les y n d rome de PA P, les mouvements du patient sonta n o rmaux, évoquant des troubles de type parkinsonien:les circuits contrôlant les mouvements, parallèlesà la boucle de motivation, sont touchés.Le schéma de Habib (23) fait intervenir justement cettecomposante motrice dans la motivation (tableau 5). Lesystème striato-pallidal selon Habib intègre la bouclelimbique de la motivation de Laplane mais fait aussiintervenir une boucle motrice et des liens avec l'amygdaleet l'aire tegmentale ventrale, c'est-à-dire des airesqui impliquent la mémoire et le système dopaminergique.L'athymormie est un syndrome qui associe unedémotivation, un émoussement affectif mais sansdépression. L'athymormie a été décrite préalablementpar Guiraud en 1956 chez un hébéphréne. Guiraud (24)lui associait une triple perturbation : d’une composante“ h o r mique”, perte de la tendance à satisfaire lesbesoins naturels ; d’une composante “thymique”, pertea p p a ren te de “l’éprouvé”, par exemple l’éprouvé deF i g u re 5 : Valeurs de la BREF en fonction du MMS selonque le malade est dépressif ou non.F i g u re 6 : Boucle limbique de la motivation. Une lésion dansune des 4 zones en jaune peut briser toute forme de motivation.16


Démotivation et hypofrontalité chez la personne âgéerieur et du gyrus frontal supérieur ventromédian adjacent,le cortex préfrontal ventromédian droit et, plusen arrière, la partie latérale moyenne du gyrus frontald roit, la tête du noyau caudé droit, le cortex orbitofrontaldroit et la partie antérieure de l’insula droite.Trois régions du cortex frontal médian sont concernéespar trois de ces troubles du comportement : l’apathieétait indépendamment associée avec une perte tissulairedans le gyrus frontal droit dans ses régions supéri e u res et ventromédianes, la désinhibition avec uneperte tissulaire dans la partie cingulaire de la partiev e n t romédiane du cortex préfrontal droit, et lescomportements moteurs aberrants avec des pertestissulaires dans le cortex cingulaire antérieur droit maisaussi au niveau du cortex prémoteur gauche, confortantici les résultats de l’équipe toulousaine. Les troublesdu comportement alimentaire ne sont pas associésà une région particulière du cerveau, mais sont associésà la variance de l’atrophie des trois régions fro n t a l e sprécitées, rendant probablement compte de mécanismescomplexes à la base de cette anomalie. Lescorrélations entre lésions neuroanatomiques et apathieou désihibition sont re t rouvées uniquement dans ladémence fronto-temporale ou la démence sémantique,mais pas dans la maladie d’Alzheimer (27) , peut-être parmanque de sensibilité des techniques d’imagerie disponibles,à moins que cela soit une marque de plus de laprégnance particulière de la part psychopathologiquedes troubles à forte valence affective dans la maladied’Alzheimer.La démotivation est liée au syndrome dysexécutif et àl ' h y p o f rontalité que l'on peut observer aussi bien enpathologie qu'au cours de vieillissement, infléchissantce dernier vers sa variante pathologique. Les lésions ducerveau pouvant être en cause, dans un trouble motivationnelcomme dans un syndrome dysexécutif, ne sontpas directement et toujours liées à une atteinte fro n-tale, le lobe frontal étant relié à nombre de structuresdont la lésion peut précipiter les dysfonctionnements.Le problème de la démotivation chez la personne âgéeest cependant plus complexe qu'il n'y paraît et ne peutêtre résumé à un simple problème de lésion cérébrale.Les mécanismes d'apprentissage et de désappre n t i s-sage liés à la réussite ou à l'échec vont intervenir sur laqualité et la force des motivations. Les interactionssociales et l'image qu'à la personne âgée d'elle-mêmeconditionnent et sa volonté d'entreprendre, et sa persé-(32, 33)vérance dans ce qu'elle fait. Martin Seligman apointé qu'un certain nombre de situations pouvaientsensibiliser des animaux à la résignation et au renoncementà entreprendre. Il a décrit le mécanisme de l'impuissanceapprise, qui conditionne des animaux, à uncertain nombre d'attitudes de retrait de ce qu'ils pourraientfaire spontanément, y compris lutter poura s s u rer leur pro p re survie. Les animaux sensibilisés àl'impuissance apprise apprennent moins que les autres,ils sont moins résistants dans les expériences de survie.Ce processus est cependant réversible sous antidépresseursou par un réapprentissage en mettant lesanimaux dans des situations comparables à celles quiles ont sensibilisés au renoncement. Il serait caricaturald'appliquer sans nuance la théorie de l'impuissanceapprise à l'être humain, mais il faut tenir compte chezlui de mécanismes comparables qui conduisent àl’adaptation de ses stratégies d'emprise sur l'environnementet de ses capacités de gérer ou non les situationsstressantes (coping). Mécanismes psychopathologiques,vieillissement et lésion cérébrale peuvent ainsi secombiner pour réaliser un tableau complexe représentépar l’atteinte durable de la motivation chez la personneâgée.■CONCLUSIONS ________________________________18


Démotivation et hypofrontalité chez la personne âgéeRÉFÉRENCES __________________________________________________________________________________________1. Diel P: Psychologie de la motivation. Poche, Paris 2002.2. Chantoin-Merlet S, Hazif-Thomas C, Thomas P, Bonneau V, Gil R:Dépendance, démotivation et dysfonctionnements frontaux chez le sujetâgé. L'Année Gérontologique 2002; 17: Soumis.3. Rosen HJ, Allison SC, Schauer GF, Gorno-Tempini ML, WeinerMW, Miller BL: Neuroanatomical correlates of behavioural disorders indementia. Brain 2005; 128(Pt 11): 2612-25.4. Fenouillet F: La motivation: perspectives en formation. Rech SoinsInfirm 2005(83): 100-9.5. Hazif-Thomas C, Thomas P, Sutter J: Anticipation et motivation dansl'âge avancée. Ann Med Psychol 1997; 55: 517-22.6. Rygula R, Abumaria N, Flugge G, et al.: Citalopram counteractsdepressive-like symptoms evoked by chronic social stress in rats. BehavPharmacol 2006; 17(1): 19-29.7. Hazif-Thomas C, Thomas P: La démotivation chez la personne âgéedépendante : le poids de l'éco-système soignant. La Revue du Généralisteet de la Gérontologie 1999; 51: 11-18.8. Hazif-Thomas C, Thomas P, Guillibert E: Le temps et la démotivationchez la personne âgée. Ann Med Psychol 1995; 153(4): 261-8.9. Ingvar DH: "Memory of the future": an essay on the temporal organizationof conscious awareness. Hum Neurobiol 1985; 4(3): 127-36.10. Sutter J: Un éloge de la psychiatrie. Ed. Frison-Roche, Paris 1990.11. Deci EL, Ryan RM: A motivational approach to self: integration in personality.Nebr Symp Motiv 1990; 38: 237-88.12. Festinger L: Cognitive dissonance. Sci Am 1962; 207: 93-102.13. Marin R, AL E: Reliability and validity of the apathy evaluation scale.Psychiatry Res. 1991; 38: 143-62.14. Marin RS: Differential diagnosis of apathy and related disorders of diminishedmotivation. Psychiatric Annals 1997; 27(1): 30-3.15. Chantoin S, Hazif-Thomas C, Billon R, Thomas P: Development ofa scale for assessing lack of motivation in elderly persons. Encephale2001; 27(5): 450-8.16. Cummings JL, McPherson S: Neuropsychiatric assessment ofAlzheimer's disease and related dementias. Aging 2001; 13(3): 240-6.17. Robert PH, Clairet S, Benoit M, et al.: The apathy inventory: assessmentof apathy and awareness in Alzheimer's disease, Parkinson's disease and mildcognitive impairment. Int J Geriatr Psychiatry 2002; 17: 1099-105.18. Alexopoulos GS: The depression-executive dysfunction syndrome of latelife": a specific target for D3 agonists? Am J Geriatr Psychiatry 2001;9(1): 22-9.19. M a s t e r man DL, Cummings JL: Frontal-subcortical circuits: theanatomic basis of executive, social and motivated behaviors. JPsychopharmacol 1997; 11(2): 107-14.20. Rohde K, Peskind ER, A RM: Suicide in two patients with Alzheimer'sdisease. J Am Geriatr Soc 1995; 43(2): 187-9.21. Laflèche G, Albert MS: Executive function deficit in mild Alzheimer'sdisease. Neuropsychology 1995; 9(3): 313-20.22. Laplane D, Wildlocher D, Pillon B, Panayotopoulou-Achimastos I: Perte de l'auto-activation psychique. Activité compulsived ' a l l u re obsessionnelle. Lésion lenticulaire bilatérale. Rev Neurol 1 9 8 2 ;138: 137-141.23. Habib M: Troubles de l'action et de la motivation en neurologie : propositiond'une échelle d'évaluation. Encéphale 1995; 21(5): 563-570.24. Guiraud P: [Future of clinical psychiatry.]. Evol Psychiatr (Paris) 1956(1):145-51.25. Habib M, Royere ML, Habib G, et al.: Changement de personnalité ethypertension. Le syndrome "Athymormique". Arch Mal Coeur Vaiss1991; 84(8): 1225-50.26. Thomas P, Hazif-Thomas C, Lalloué F, Monteil J. : Intérêt duDatScan dans le diagnostic de démence à corps de Lewy. Revue deGériatrie 2004; 29: 759-61.27. Benoit M, Koulibaly PM, Migneco O, Darcourt J, Pringuey DJ,Robert PH. : Brain perfusion in Alzheimer's disease with and withoutapathy: a SPECT study with statistical parametric mapping analysis.Psychiatry Res 2002; 114(2): 103-11.28. Eslinger PJ, Damasio AR: Severe disturbance of higher cognition afterbilateral frontal lobe ablation: patient EVR. Neurology 1985; 35(12):1731-41.29. Rolland Y, Payoux P, Lauwers-Cances V, Voisin T, Esquerre JP,Vellas B. : A SPECT study of wandering behavior in Alzheimer's disease.Int J Geriatr Psychiatry 2005; 20(9): 816-20.30. Thomas P, Hazif-Thomas C, Saccardy F, Vandermarq P. : [Loss ofmotivation and frontal dysfunction. Role of the white matter change].Encephale 2004; 30(1): 52-9.31. Dubois B, Slachevsky A, Litvan I, Pillon B. : The FAB: a FrontalAssessment Battery at bedside. Neurology 2000; 55(11): 1621-6.32. Seligman ME. : Changer oui c'est possible. De L'homme, Paris 1998.33. Seligman ME, Weiss J, Weinraub M, Schulman A. : Coping behavior:learned helplessness, physiological change and learned inactivity.Behav Res Ther 1980; 18(5): 459-512.19


Démotivation et hypofrontalité chez la personne âgéeNOM : SEXE : AGE :DATE :Répondez aux questions en cochant la case correspondant à votre choixTrès souvent (1) Souvent (2) Parfois (3) Jamais (4)123456789101112131415Prend-il/elle des initiatives dans sa vie quotidienne?A-t-il/elle des loisirs, des centres d’intérêts qui le/la motivent ?Sa santé le/la préoccupe t’il/elle ?Préférerait-il/elle se lever au lieu de rester dans son fauteuil sansbouger ?Participe t-il/elle dans un groupe, sans stimulation de votre part ?Prend-il/elle la parole sans que l’on soit obligé de l’y inciter ?S’intéresse t-il/elle à ce qui se passe autour de lui/elle ?A t-il/elle l’impression de perdre son temps ?Prend-il/elle des décisions seul(e) sans que vous le fassiez pourlui/elle ?C h e rche t-il/elle à s’occuper au lieu d’attendre que le tempspasse tout seul ?Réagit il/elle aux événements extérieurs, heureux ou malheureux ?Réagit il/elle aux informations (télévisions, journaux…) ?Prend-il/elle plaisir à évoquer certains événements ?(personnels, publics…)S’occupe t-il/elle de sa personne(hygiène, habillements,alimentation) ?Trouve t-il/elle plaisir dans sa vie quotidienne ?TOTAUXAnnexe 1 : Échelle d’appreciation de la demotivation. Le seuil de démotivationcommence à 35. La cotation de l’item 8 est inverséeTrès souvent (1) Souvent (2) Parfois (3) Jamais (4)1234Prend-il/elle des initiatives dans sa vie quotidienne?P rend-il/elle des décisions seul(e) sans que vous le fassiez pour lui/elle ?C h e rche t-il/elle à s’occuper au lieu d’attendre que le tempspasse tout seul ?S’occupe t-il/elle de sa personne(hygiène, habillements, alimentation) ?TOTAUXAnnexe 2 : Échelle d’évaluation de la démotivation (EAD), version courte. Le seuilde démotivation commence à 10.20

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