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Ethnographie du spectateur - in vivo - Free

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Jean-Jacques Delfour cite à l’appui la formule prônée par Hervée de Lafond et JacquesLivch<strong>in</strong>e, co-directeurs artistiques <strong>du</strong> Théâtre de l’Unité, lorsqu’ils dirigeaient le Centre d’artde plaisanterie 52 de Montbéliard : « Il ne s’agit pas simplement de remplir le théâtre deMontbéliard, mais de remplir Montbéliard de théâtre ». « A<strong>in</strong>si le théâtre de rue veut montrerqu’il peut y avoir une jouissance théâtrale des lieux, au-delà <strong>du</strong> lieu qui est prévu à ceteffet. » 53 Dès lors, en quoi le théâtre de rue respecte-t-il la microsociologie <strong>du</strong> quadrillage enremplissant la rue de théâtre ? Ne va-t-il pas, précisément, à son encontre ? C’est qu’ilsubstitue « la règle <strong>du</strong> théâtre à la règle de la rue » 54 <strong>in</strong>vestie. En d’autres termes, pour reveniraux propos d’artistes cités par Philippe Chaudoir : « la ville devient théâtre », les artistes« font théâtre ». « L’acte d’ouverture, poursuit Jean-Jacques Delfour, consiste (…) às’emparer d’un lieu non prévu pour l’effet théâtral, et à y faire <strong>du</strong> théâtre au moyen d’outils,de signes et de techniques qui ne sont pas fondamentalement étrangers au théâtre normal. » 55Au-delà de la transgression de la règle <strong>du</strong> quatrième mur, le théâtre de rue est égalementtransgressif de par sa volonté à vouloir faire théâtre là où il ne devrait pas y en avoir.2.1.2. Du surgissement à la disparition« C’est la représentation qui donne au lieu son caractère théâtral. » 56 Dans le temps de lareprésentation, la rue devient espace théâtral. Les règles de vie et de comportement sonttemporairement bouleversées. On s’assoit dans la rue, on monte sur les abribus, on s’attroupe,on se serre, on se regarde… « Je pense quand même que le théâtre, ce n’est pas un bâtiment.C’est une pratique. C’est dommage que ce soit devenu un bâtiment, une architecture. Et àpartir <strong>du</strong> moment où c’est une pratique, (…) et bien je me revendique comme théâtre (…).[C]ela ne doit pas être un bâtiment, un huis clos. » 57 La dist<strong>in</strong>ction que Bruno Schnebel<strong>in</strong>établit entre le « bâtiment » et la « pratique » illustre un des piliers de la conception <strong>du</strong> théâtrepar les artistes de rue. Pratiquer, c’est s’adonner, se livrer à une activité, une occupation. C’estl’acteur qui « fait <strong>du</strong> théâtre », qui joue ; c’est l’<strong>in</strong>divi<strong>du</strong> qui va devenir <strong>spectateur</strong>, qui va« assister à <strong>du</strong> théâtre ». La « pratique » renvoie à un temps particulier au cours <strong>du</strong>quel des<strong>in</strong>divi<strong>du</strong>s se rassemblent pour, dans le cas présent, donner ou assister à une représentation. Lelieu est l’espace d’accueil de cette volonté de faire théâtre ensemble ; ce n’est pas52 Le Théâtre de l’Unité a dirigé la Scène Nationale de Montbéliard, alors rebaptisée Le Centre d’art et deplaisanterie, de 1991 à 2000. La compagnie est désormais implantée à Aud<strong>in</strong>court. (www.theatredelunite.com)53 DELFOUR, Jean-Jacques. op.cit., p.15454 idem, p.15555 id.56 BABLET, Denis. op.cit., p.1357 SCHNEBELIN, Bruno. Entretien. op.cit.23

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