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Ethnographie du spectateur - in vivo - Free

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II. L’acteur, Sisyphe <strong>du</strong> théâtre de rue« En FACE de ceux qui étaient demeurés de ce côté-ci, un HOMME s’est dressé (…)coupé d’eux par une BARRIÈRE qui pour être <strong>in</strong>visible n’en semblait pas mo<strong>in</strong>seffrayante et <strong>in</strong>concevable, telle que le sens véritable et l’HONNEUR ne peuvent nousen être révélés que par le RÊVE. » 95Tadeusz Kantor« Mourir à soi pour naître aux autres, dans un rapport renouvelé au monde. Mourir à lacommunauté pour pouvoir se placer devant elle. Etre mort pour être habité, sans nompour être nommé. » 96Daniel Jeanneteau1. Aux fondements de l’acteur : dénégation et modes de jeu1.1. L’<strong>in</strong>carnation de la dénégationLes évocations poétiques de Tadeusz Kantor et Daniel Jeanneteau illustrent le mystère et letrouble dont est entourée la figure de l’acteur. En amont <strong>du</strong> mo<strong>in</strong>dre décor, accessoire,costume, avant que le mo<strong>in</strong>dre mot n’ait été prononcé, le corps de l’acteur se dressant faceaux regardants donne naissance au théâtre. Il s’expose aux regards de ses congénères qui lefont exister dans son statut s<strong>in</strong>gulier. Acteur et <strong>spectateur</strong> sont <strong>in</strong>terdépendants.« L’homme normal, l’homme quotidien tourne la tête autour de lui et retrouve partoutle reflet <strong>du</strong> monde qui l’entoure : il n’a jamais mis en cause son appartenance à lasociété où il est né. L’acteur, lui, se trouve dans la situation <strong>du</strong> sorcier dont parleMarcel Mauss : désigné par le groupe ou la société qu’il habite, il en est aussi respectéet redouté parce qu’il est le détenteur d’un pouvoir que lui confèrent les forcescollectives qu’ils manient, d’un mana dont il dispose à son gré. » 97De façon plus laconique, mais soulignant a<strong>in</strong>si l’essence même de cet état qu’accepted’endosser l’acteur, Jean Duvignaud résume que « sans lui, les choses ne seraient que cequ’elles sont » 98 . L’acteur prend en charge la convocation <strong>du</strong> théâtre. Il joue à être un autre, il<strong>in</strong>carne au sens propre <strong>du</strong> terme, il donne corps, il assume une présence physique. « Lecomédien est le lieu même de l’équivoque de la théâtralité : il s’<strong>in</strong>stalle, au milieu de ce quiest une réalité mach<strong>in</strong>ée (la scène, l’espace, les objets), une réalité ambiguë, un système designes qui ne se disent pas, ne peuvent dire s’ils sont ou non de la fiction. Le croisementconjonction<strong>du</strong> fictionnel et <strong>du</strong> ludique se fait au niveau <strong>du</strong> comédien d’une façon souvent95KANTOR, Tadeusz. Cité par MERVANT-ROUX, Marie-Madele<strong>in</strong>e. L’assise <strong>du</strong> théâtre. Pour une étude <strong>du</strong><strong>spectateur</strong>. Paris : CNRS, 1998, p.8596JEANNETEAU, Daniel. « Une poétique des limbes. » Études Théâtrales, 2004, n°28-29, p.3297 DUVIGNAUD, Jean. L’acteur. Paris : L’Archipel, 1993, p.20298 idem, p.2131

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