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Ethnographie du spectateur - in vivo - Free

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2.2. Entre réalité et fiction2.2.1. « La rue n’est pas un terra<strong>in</strong> conquis. » 122Le surgissement <strong>du</strong> théâtre là où il n’est pas atten<strong>du</strong> <strong>in</strong><strong>du</strong>it la potentielle rencontre(aujourd’hui relativement utopique au regard des modes de diffusion mais néanmo<strong>in</strong>spossible) avec un habitant non prévenu. Le théâtre de rue fait irruption, joue sur le décalage,sème le trouble entre réalité et fiction. La présence de l’artiste dans la rue doit être négociée.Interrogeant la notion d’art public, le plasticien Daniel Buren, qui développe depuis lesannées 60 une démarche en espace public, po<strong>in</strong>te la complexité d’une descente dans la rue.« Dans la rue, d’un seul coup, l’artiste se trouve confronté à cette réalité. Cette réalité changetout. » 123 Cette réalité est celle d’une rencontre avec chacun dont l’« é<strong>du</strong>cation artistique ouautre, n’est pas <strong>du</strong> doma<strong>in</strong>e de la révélation spontanée ni <strong>du</strong> miracle » 124 . Le plasticien, lo<strong>in</strong>de la protection muséale, se doit d’affronter cette réalité et de la prendre en charge.« [L]’attitude à la fois orig<strong>in</strong>ale, marg<strong>in</strong>ale, solitaire que l’artiste occidental s’estforgée à la suite d’une tradition culturelle plus que centenaire doit être remise enquestion, par l’artiste lui-même, s’il veut descendre dans la rue. (…)Sortir les œuvres <strong>du</strong> musée pour les <strong>in</strong>staller sur la place publique, lieu pour lequelelles n’ont pas été faites ou bien, plus grave encore, se con<strong>du</strong>ire dans la rue avec lemême type de liberté que celle dont on peut bénéficier à l’<strong>in</strong>térieur <strong>du</strong> musée et sous saprotection, me semble être une attitude non seulement vouée à l’échec immédiat maisde plus être complètement régressive, <strong>in</strong>cohérente et pathologique de la part del’artiste.La rue n’est pas un terra<strong>in</strong> conquis. Au mieux, un terra<strong>in</strong> à conquérir et pour se faireil faut d’autres armes que celles forgées depuis un siècle dans l’habitude parfoiscomplaisante <strong>du</strong> musée. (…)Travailler pour la rue, c’est questionner plus de cent ans de pro<strong>du</strong>ction artistique pourle musée. C’est aussi, pour l’artiste, descendre de son piédestal, oser risquer etaccepter l’humilité.C’est une nouvelle façon de penser et d’œuvrer. » 125En praticien de l’art public, Daniel Buren résume la responsabilité que l’acteur endosselorsqu’il choisit la rue pour scène. Les niveaux de jeu et leur maîtrise sont une armeessentielle pour naviguer entre réalité et fiction et emporter l’adhésion de tous.122BUREN, Daniel. A force de descendre dans la rue, l’art peut-il enf<strong>in</strong> y monter ? Paris : Sens&Tonka, 1998,p.44123 idem, p.42124id.125 id., p.44, p.45 (souligné par nous) et p.6437

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