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Ethnographie du spectateur - in vivo - Free

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l’on donnait à ce mot au XIX ème siècle. Il a revendiqué le statut de créateur. Le metteur enscène est devenu obèse. » 60En 1938, dans Le Théâtre et son double, Anton<strong>in</strong> Artaud « prône l’abandon <strong>du</strong> théâtre fondésur la préém<strong>in</strong>ence <strong>du</strong> texte, pour redécouvrir la dimension sacrée <strong>du</strong> théâtre événement pur,œuvre d’art totale » 61 . Dans sa droite lignée, les acteurs <strong>du</strong> collectif new-yorkais Liv<strong>in</strong>gTheatre sont, dans le cadre de la création de Paradise Now en 1968, à la recherche « d’unmode de communication plus immédiat que le langage verbal » 62 . Leurs recherches sefocalisent sur l’acteur et sur sa capacité à transmettre « des états d’une rare <strong>in</strong>tensité au public.Il lui [l’acteur] fallait pour cela subir des entraînements particuliers où le texte occupait uneplace ré<strong>du</strong>ite en tant que matériau (…). » 63 Les metteurs en scène Bob Wilson, TadeuszKantor et la chorégraphe P<strong>in</strong>a Bausch, entre autres, contribuent eux aussi dans les années 70et 80 à « ébranler bien des certitudes sur le statut de la représentation théâtrale et sur la place<strong>du</strong> texte. Ces artistes (…) ne viennent pas <strong>du</strong> tout <strong>du</strong> théâtre mais des arts visuels ou de ladanse et pourtant ils font appel à <strong>du</strong> texte, souvent sous des formes de fragments répétitifs.(…) Tous s’<strong>in</strong>téressent au langage et aux bizarreries des codes existants qu’ils fonts’entrechoquer. » 64 Quant aux réalisations <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> Soleil, elles procurent au <strong>spectateur</strong>un plaisir qui « tient précisément à la perception absolument simultanée et déf<strong>in</strong>itivement<strong>in</strong>dissociable de tous les éléments <strong>du</strong> spectacle, fable, dialogue, danse, mime, costumes,architecture scénique construite comme une aire de jeu plus que comme un décor » 65 . Detelles créations ont deux conséquences étroitement liées : le bouleversement <strong>du</strong> statut <strong>du</strong> texteet la remise en question de la place de l’auteur lui-même.« La tradition lui [le texte] accordait une place exorbitante, la toute première, parfois audétriment des autres moyens d’expression scénique. La pensée moderne, quand elle envisageavec Barthes la représentation comme une partition, « un système de signes », refond le textedans un ensemble signifiant où le processus sensible de la mise en scène occupe largement leterra<strong>in</strong>. » 66 L’évolution des techniques scéniques (scénographie, lumière, etc.) n’est pas nonplus étrangère à ce mouvement. « En simplifiant, on pourrait dire que nous passons d’unepratique <strong>du</strong> théâtre où c’est le texte qui fait sens, à une pratique où tout fait sens (…). » 67 Detelles perturbations ne provoquent pas pour autant la disparition de l’écriture dramatique mais60DORT, Bernard. Cité par RYNGAERT, Jean-Pierre. Lire le théâtre contempora<strong>in</strong>. Paris : Dunod, 1993, p.4761 NAUGRETTE, Florence. op.cit., p.7362 RYNGAERT, Jean-Pierre. op.cit., p.3763 idem, p.3864 id., p.5365 NAUGRETTE, Florence. op.cit., p.7466RYNGAERT, Jean-Pierre. op.cit., p.4967 idem, p.5125

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