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Ethnographie du spectateur - in vivo - Free

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Bernard Dort écrit de l’acteur qu’il est un « Sisyphe <strong>du</strong> théâtre, [qui doit] toujours marquer ounier la frontière » 126 . Les niveaux de jeu développés en rue font de l’acteur ce véritableSisyphe <strong>du</strong> théâtre. Il bascule en permanence d’un niveau de jeu à l’autre, semant le troubledans l’esprit <strong>du</strong> <strong>spectateur</strong>. Celui-ci est porté par une navigation entre frontière marquée etfrontière niée, entre relation <strong>in</strong>terpersonnelle et mise à distance d’un personnage fictionnel.L’acteur gère le passage d’un niveau à l’autre et entretient a<strong>in</strong>si la situation théâtrale. SelonDenis Bablet, l’acteur seul possède le don de pouvoir créer une forme de communion entre lesdeux communautés rassemblées. C’est « la présence vivante de l’acteur, son rayonnement,son impact psycho-physiologique, (…) [qui doit] redonner au théâtre (…) son caractèred’événement vécu : quelque chose qui, même s’il a été répété, naît ici, à l’<strong>in</strong>stant, qui sepro<strong>du</strong>it, qui agit et est vécu, qui met en confrontation deux communautés pour une foisréunies en une seule » 127 .L’acteur de rue est pris dans un processus contradictoire d’affirmation de la distance, quidist<strong>in</strong>gue le théâtre <strong>du</strong> social, et de négation de cette distance, pour confondre réalité etfiction, spectacle et monde social. La préhension sur l’espace public par le biais <strong>du</strong> processusde théâtralisation et de la conception d’un dispositif scénographique ne suffisent pas àanalyser la règle de l’abolition. L’acteur en est également l’un des pr<strong>in</strong>cipaux porteurs.3. L’acteur de rue, un acteur créateur3.1. L’acteur exposé« [L]es acteurs <strong>du</strong> théâtre de rue sont à la merci de ces passants qu’ils cherchent àapprivoiser, hors de tout pacte et de tout protocole préétablis (qui régissent le théâtrede salle). » 128 Robert Abirached« On en vient à se dire que le comédien de rue devrait être une sorte de « superacteur », d’une force d’expression corporelle et vocale sans égales, d’une puissanced’improvisation maximale, pour jouer avec (et non contre) les éléments déchaînés, leslubies des créateurs et les réactions des <strong>spectateur</strong>s, qui s’entendent parfois traiterd’emmerdeurs, lorsque, imprudents, ils entravent le bon déroulement d’un spectacle envoulant toucher comédiens ou accessoires, lorsqu’ils veulent « jouer », euxaussi… » 129 Floriane Gaber126DORT, Bernard. op.cit., p.46127 BABLET, Denis. « Le lieu, la scénographie et le <strong>spectateur</strong>. » Théâtre/Public, 1984, n°55, p.19 (souligné parl’auteur)128ABIRACHED, Robert. « Le Théâtre de rue. Eléments pour une généalogie improbable. » <strong>in</strong> RAYNAUD DELAGE, Christophe. Intérieur Rue, 10 ans de théâtre de rue (1989-1999). Paris : Editions Théâtrales, 2000, p.13129GABER, Floriane. « Une écriture pour la rue. » Rue, Art, Théâtre. Paris : Cassandre, HorsLesMurs, Parc de laVillette, 1997, hors série (non pag<strong>in</strong>é)39

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