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Revue Technica, année 1936, numéro 38 - Histoire de l'École ...

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Ecole Centrale <strong>de</strong> LyonBibliothèque Michel SerresAssociation <strong>de</strong>s Centraliens <strong>de</strong> LyonN" <strong>38</strong>. - - Avril <strong>1936</strong>. T E C II N I C A 13Aussi, dès le début, les quatre Français comprirentque leur acclimatation aurait fait un grand pas lejour où ils seraient habillés en vrais Esquimaux. Etils firent confectionner par les femmes du village —ce qui n'alla pas sans difficultés étant donné leur tailleélevée si différente <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s indigènes — un uniformeesquimau complet: pantalon, veste <strong>de</strong> fourrure,kamik ou chaussures doublées <strong>de</strong> poils <strong>de</strong> chien.Ils apprirent à manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> phoque, àse servir d'un kayak (1), à conduire un traîneau, às'exprimer habituellement dans la langiie esquimau« dont les modulations assourdies et les nombreusessyllabes claires évoquent pour une oreille étrangèrele doux parler français ». Ils connurent enfin la séductionétrange et irrésistible du danger, inséparable <strong>de</strong>la vie au Groenland.Dangers courus sur la banquiseAvec l'insouciance <strong>de</strong> leur jeunesse et l'ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>leur tempérament, nos compatriotes s'accoutumèrentvite à l'existence <strong>de</strong> ce « cher compagnon ». Lisez àce sujet les quelques lignes suivantes extraites ducarnet <strong>de</strong> voyage <strong>de</strong> Fred Matter, où celui-ci évoqueavec simplicité les périls traversés par ses amis etlui :« Au Groenland, on ne peut pas faire un pas sansrencontrer l'aventure. La plus banale promena<strong>de</strong>peut finir tragiquement. Un acci<strong>de</strong>nt qui, dans nosclimats, serait sans conséquence, là-bas vous couchepour jamais dans la neige, car tout s'y passe loin <strong>de</strong>tout : à trois kilomètres du village vous pouvez fortbien mourir <strong>de</strong> froid, tout simplement parce que vousvous êtes cassé la jambe.« Mais le danger sur la banquise n'est pas n'importequel danger. Son plus grand charme rési<strong>de</strong>dans le fait qu'on peut éviter ses pièges, mais non saprésence, jour et nuit. C'est pourquoi la mentalitésportive, là-bas, disparaît tout <strong>de</strong> suite. Les cassecoules plus endurcis <strong>de</strong>viennent sages.« Nous pouvons affirmer qu'il ne s'est pas passé <strong>de</strong>semaine où nous n'ayons failli laisser notre peaudans quelque aventure, mais il n'est pas moins vraique nous n'avons jamais couru un risque inutile,jamais nargué le <strong>de</strong>stin.« Dans le cercle polaire, l'impru<strong>de</strong>nce perd toutpanache, la témérité semble presque ridicule ; quandle danger vous poursuit avec tant d'assiduité, vousn'éprouvez nullement le besoin <strong>de</strong> courir après lui.« Noya<strong>de</strong>s en kayak, combats qui tournent malavec un ours blanc ou un niniartek — cet étrangephoque-léopard <strong>de</strong>s mers boréales — chutes dans <strong>de</strong>screvasses, expéditions perdues dans la solitu<strong>de</strong> et quilournent en rond autour d'une maison ou s'arrêtentpour la suprême étape à quelques centaines <strong>de</strong> mètres(1) Petite barque individuelle.d"un dépôt <strong>de</strong> vivres, tels sont les acci<strong>de</strong>nts les plusfréquents sur la banquise.« Nous leur avons échappé <strong>de</strong> justesse, bien <strong>de</strong>sfois ; bien <strong>de</strong>s fois, nous avons vu <strong>de</strong> malheureuxcamara<strong>de</strong>s esquimaux y succomber.« Je me souviens <strong>de</strong> notre brave ami Vitou, quipartit par une claire matinée <strong>de</strong> printemps pour allerà la chasse <strong>de</strong> l'autre côté du fjord d'Angmassalik,et ne revint pas.« On ne sut jamais ce qui lui était arrivé. »Bilan <strong>de</strong> l'ExpéditionCette vie aventureuse laissait une place aux travauxqui étaient le principal but <strong>de</strong> l'expédition. Ils serésument dans quelques chiffres : 22 settlements successivementhabités et visités en entier, et, au cours<strong>de</strong> ces visites, 875 habitants mensûrés, examinés etinterrogés ; constitution <strong>de</strong> collections ethnographiquescomprenant environ 3.300 pièces ; enquêtesethnographiques ; recherches d'anthropologie, physiologie,pathologie (environ 820 individus mensûrés,500 groupes sanguins, 290 sédimentations <strong>de</strong> sang,etc.), étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> géographie, géologie, météorologie,etc. ; cartographie, exploration ; film ethnographique; photographies (environ 8.000) ; enregistrements<strong>de</strong> chants (environ 250 chants sur 60 disques).Les distances couvertes par l'expédition sont <strong>de</strong>2.000 kilomètres en traîneau et 700 kilomètres enembarcation.Le retourUn jour, au bout du douzième mois, le messageradio suivant parvint à Angmassalik : « Pourquoi-Pas ? » quitte île Jean-Mayen pour Islan<strong>de</strong> où feraescale <strong>de</strong>ux jours. Repartirai ensuite pour Angmassalik.Aussitôt, les membres <strong>de</strong> l'Expédition P.-E. Victorcommencèrent leurs préparatifs <strong>de</strong> départ sous lesyeux désolés <strong>de</strong>s Esquimaux qui s'étaient attachés àces quatre jeunes Français exubérants, parfoisbruyants, mais si sympathiques.Le len<strong>de</strong>main, <strong>de</strong>uxième message : « Pourquoi-Pas ? » quitte Akureyri pour Angmassalik et sera làsi conditions sont bonnes, dans quatre jours. Puisun troisième radio : Sommes dans glaces difficiles,70 milles nord Kang<strong>de</strong>stugvaksiak. Avançons lentement.Enfin, du haut d'un cap élevé, nos jeunes explorateursvoient apparaître un navire. C'est le « Pourquoi-Pas? » « minuscule dans ce paysage démesuré,mais distinct dans tous ses détails, <strong>de</strong> la pomme dumât à la lisse ». Du coup, le souvenir <strong>de</strong>s douze moispassés sur la banquise tombe dans le passé, et seulsubsiste, pour les quatre compagnons, l'immensejoie du retour.http://histoire.ec-lyon.frhttp://bibli.ec-lyon.frhttp://www.centraliens-lyon.net

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