18∑ EMPLOILES CANTONS FORMERONTDES APPRENTIS ÉTRANGERSSOUTIEN. Les services du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann planchentsur un projet pilote. Cent places d’apprentissage seront destinées à de jeunes Européensdans les cantons de Neuchâtel, Fribourg et Berne.ACTUELSKEVIN GERTSCHls seront cent, Européens,I âgés de 18 à 25 ans. Ils viendronten Suisse pour y faire unapprentissage en entreprise.Une formation qu’ils commencerontpar un cours de langueintensif de deux mois.La prochaine venue de cesjeunes s’inscrit dans un programmedu Secrétariat d’Etatà la formation, à la rechercheet à l’innovation (Sefri),comme le confirme à L’Hebdosa chargée de communication,Tiziana Fantini. «Nous mettonssur pied un projet pilotedont une première versiondevrait être soumise à JohannSchneider-Ammann fin août.C’est tout ce que nous pouvonsdire pour le moment.»Stratégie win-win. D’aprèsnos informations, trois cantonsferont office de laboratoiresdans un premiertemps: Neuchâtel, Fribourget Berne. «Nous avons immédiatementmanifesté notreintérêt lorsque la Confédérationnous a interpellés auprintemps dernier, expliqueBeat Vonlanthen, conseillerd’Etat fribourgeois chargé del’Economie. Cette initiativepermettra non seulementd’offrir un soutien aux payseuropéens minés par le chômagedes jeunes, mais surtoutde combler en partie ledéficit d’apprentis dans certainssecteurs.»PÉNURIE La Suisse manque d’apprentis dans certains secteurs, comme la construction.Pour la troisième année consécutive,en Suisse, l’offre enplaces d’apprentissage serévèle plus importante que lademande. Et plus particulièrementdans des secteurscomme la construction, l’hôtellerie,la mécanique ouencore l’agriculture. Desdomaines vers lesquels lesjeunes appelés européensdevraient être dirigés.«NOUS AVONS IMMÉDIATEMENTMANIFESTÉ NOTRE INTÉRÊTLORSQUE LA CONFÉDÉRATIONNOUS A INTERPELLÉS.»Beat Vonlanthen, conseiller d’Etat fribourgeois«Le fait que des places restentinoccupées menace la pérennitéde certaines PME locales.En participant au programmedu Sefri, nous en soulageronsun certain nombre, tout enapportant notre aide à certainsEtats de l’UE. Une stratégiewin-win, en quelque sorte»,avance Monika Maire-Hefti,conseillère d’Etat neuchâteloisechargée du Départementde l’éducation.Exemple allemand. Quelsseront alors les pays cibles duSecrétariat d’Etat à la formation,à la recherche et à l’innovation?Si la Confédération serefuse encore àdévoiler lesdétails, MonikaMaire-Heftipense cependantque serontlogiquementconcernés lesEtats du sud de l’Europe, où letaux de chômage des moins de25 ans atteint des sommets:plus de 55% en Grèce et enEspagne, plus de 42% au Portugal.La Suisse suit ainsil’exemple de l’Allemagne quiDAVID PRÊTRE STRATESannonçait, en mai dernier, sonintention de donner chaqueannée une formation professionnelleou des postes de travailà 5000 jeunesHispaniques, pour palier lemanque en main-d’œuvre qualifiéede ce pays.Reste aussi à définir quiaccueillera qui, et comment.«Pour l’heure, nous attendonsla marche à suivre de la part duSefri, relève Beat Vonlanthen.Nous ne savons pas encorecombien de jeunes le canton deFribourg prendra en charge, nide quelle manière la questionde l’hébergement sera réglée.»Alors que certains évoquent lelancement du programme pourseptembre prochain, le Sefripréfère mentionner 2014comme échéance.«C’est une bonne chose que leDépartement fédéral de l’économiecommence enfin àempoigner ce dossier», analyseJosiane Aubert, conseillèrenationale vaudoise (PS) quiavait appelé à la mise en placed’un tel système dans noscolonnes en juin dernier. Soncollègue de parti, le ZurichoisAndreas Gross, avait d’ailleursposé une question allant dansle même sens au Conseil fédéralau début de l’été. Et JosianeAubert de conclure: «La Suissene peut pas aller chercher de lamain-d’œuvre à l’étranger quequand cela l’arrange. Il est naturelqu’elle assume aussi sa partde formation professionnelle àl’échelle européenne.»√L’HEBDO <strong>31</strong> JUILLET 2013
ENTREPRISE∑19CARSTEN SCHLOTER Le CEO de Swisscom s’est donné la mort à son domicile. Son décès pose la question des pressions que subissent les patrons.CHRISTIAN HARTNANN REUTERSFRAGILITÉ DES MANAGERS:LA NÉCESSITÉ DE SORTIR DU DÉNISANTÉ AU TRAVAIL. Le mal-être des patrons est bien plus répandu qu’on ne lepense, y compris en Suisse. Après la disparition de Carsten Schloter, des spécialistesdes ressources humaines appellent à plus de vigilance.SERGE MAILLARDLa Suisse est encore sous lechoc de la disparition, lasemaine derrière, du dirigeantcharismatique de Swisscom,Carsten Schloter, qui a mis fin àses jours à son domicile. Si rienne prouve pour l’heure que sondécès ait quelque lien que ce soitavec sa charge importante detravail, la disparition de ce grandpatron pose la question de la fragilitédes managers, dont le malêtreest très souvent silencieux.«A la base, le rôle d’entrepreneurest plutôt bon pour la santé, carle sentiment de diriger soimêmeson destin est positif, rappelleRico Baldegger, directeurde la Haute Ecole de gestion(HEG) de Fribourg. Mais,<strong>31</strong> JUILLET 2013 L’HEBDOlorsqu’il y a une perte de contrôle,alors la situation devient rapidementextrêmement négative.»Un chiffre laisse entrevoir l’étenduede l’épuisement professionneldes CEO: dans une étuderécente de la Harvard MedicalSchool, pas moins de 96% desleaders interrogés disaient ressentirune forme de burn-out,dont un tiers de manière trèssévère. L’omerta règne pourtantau sommet de la pyramide professionnelle.En Suisse, aucunestatistique officielle ne s’intéressepour l’heure au phénomène.Seul le Japon dispose dechiffres officiels: «Dans ce pays,on dénombre huit suicides dedirigeants de PME par jour, souligneOlivier Torrès, le directeurde l’Observatoire Amarok sur lasanté des dirigeants, à Montpellier.En France, selon nos estimations,un ou deux patrons commettentl’irréparable chaquejour.»Congés sabbatiques en série.Une partie de ce tabou devraitnéanmoins être abordée enSuisse d’ici au début de l’annéeprochaine. La HEG Fribourg a eneffet inauguré en mars dernierson propre observatoire, filialehelvétique de l’Amarok, dontune étude sur le sujet est en préparation:«Nous avons déjà priscontact avec une centaine d’entrepreneurs»,précise Rico Baldegger.Une initiative tout simplementsalutaire, estime leprofesseur: «Depuis vingt ans,l’ouverture des marchés interna-tionaux a fait croître le poids quipèse sur les épaules des managers.Ceux-ci se retrouvent sousdes pressions multiples, coincésentre les actionnaires, lesemployés, les clients et, de plusen plus, le monde financier. Lerisque de crise cardiaque, parexemple, touche des patrons deplus en plus jeunes, et pas seulementceux de 100 kilos quifument…»En Suisse, la prise de consciencearrive plus tardivementque dans le monde anglo-saxon,où des cas spectaculaires deburn-out ont éclaté ces dernièresannées, comme celui du directeurdu groupe Lloyds en 2011.Mais de plus en plus de CEOassument le fait de prendre descongés sabbatiques pour seACTUELS