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31 juillet - L'Hebdo

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56∑FESTIVALPASSIONSpour un film précis, sans savoir quec’était interdit, vu que j’étais sous contratavec la Fox. Cukor a alors été très énervé,j’étais une mauvaise fille qui avait acceptéde travailler avec quelqu’un d’autre. Or, jene connaissais rien au système, je suivaissimplement ce que mon agent me disait.Tout cela a très mal fini et j’ai dû quitterLos Angeles avec une sorte de nuage noirau-dessus de ma tête.Des années plus tard, on décide de confierla réalisation de Riches et célèbres à RobertMulligan (Jacqueline Bisset est coproductricedu film, ndlr). Mais, quatre jours aprèsle début du tournage, une grève des acteursbloque tout. Après plusieurs semainesd’attente, Mulligan décide de se retirer duprojet et le studio nous suggère le nom deCukor. Ce qui m’angoisse: est-il toujoursfâché à cause de cette vieille histoire? Il nem’a finalement rien dit. Il adorait le scriptet, même si notre contact ne fut pas idéal,tout s’est très bien passé. Il me trouvaittrès travailleuse et il a été plutôt gentil,même si par moments c’était difficile. Carc’était quelqu’un de très exigeant, quin’avait peur de personne et était très autoritaire.Mais il était toujours au service dufilm. Sur le plateau, il se comportaitcomme un chef d’orchestre, agitait sabaguette en criant: «Plus vite, plus vite!»Il détestait les pauses.Le Festival de Locarno va également projeter«Au-dessous du volcan», que vous aveztourné trois ans plus tard sous la directiond’un autre monstre sacré, John Huston, quivous avait déjà dirigée en 1972 dans «Jugeet hors-la-loi»…C’est vrai mais, à l’époque de Juge et horsla-loi,il était très malade et c’est finalementPaul Newman qui m’a dirigée. Mêmes’il n’était pas non plus en superforme aumoment d’Au-dessous du volcan, c’est làque je l’ai vraiment rencontré. Sur le plateau,c’était quelqu’un qui ne parlait pasbeaucoup, mais qui savait toujours où placerla caméra. La combinaison de Cukor etHuston m’a permis de comprendre beaucoupde choses sur le cinéma. Avant, j’aimaisles gros plans de Bergman ou deCassavetes, j’aimais que la caméra soit trèsproche des acteurs. Je n’avais pas comprisque le corps était aussi important.Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ducinéma? Etait-ce un rêve de petite fille?Quand j’étais enfant, je n’allais pas aucinéma et on n’avait pas la télévision.Mais, vers 15 ans, mes parents, qui se rendaientau cinéma tous les jeudis, ont commencéà m’emmener avec eux. J’ai alorsdécouvert des films français et anglais,jamais américains, puis, quand je suis partieà Londres pour étudier au lycée français,j’ai rencontré un groupe de jeunes quiadoraient le cinéma. J’ai vu ainsi beaucoupde films, j’ai découvert Visconti, Pasolini,Fellini, Antonioni, Truffaut, Chabrol,c’était fantastique et très excitant. Jusquelà,je voulais être danseuse, mais lamanière qu’avait Bergman de filmer lesfemmes me fascinait. Je ne connaissais«IL FAUT QU’UN FILMDÉCLENCHE QUELQUE CHOSE,QUE MON CŒUR ME DISE DEL’ACCEPTER.»Jacqueline Bissetque ma mère, je ne savais rien desfemmes, et tout à coup je découvrais descomportements subversifs. Je ne comprenaispas tout ce que je voyais, mais je trouvaiscela formidable. Et puis il y avaitJeanne Moreau, Simone Signoret, MonicaVitti, de grandes actrices. Je n’étais pastrès sophistiquée, mais l’érotisme etl’amour qui se dévoilaient au cinéma m’attiraient.Tout en faisant des photos demode pour me payer des cours d’art dramatique,j’ai passé des auditions. Le désirde faire partie de ce milieu que je ne comprenaispas brûlait en moi, mais je ne pensaispas y arriver.C’est alors que Richard Lester, RomanPolanski puis Stanley Donen vous offrentde petits rôles, avant que vous ne soyezrévélée en 1968 par «Le détective» et«Bullit», où vous partagez l’affiche avecFrank Sinatra et Steve McQueen. Commentavez-vous vécu votre notoriété naissante?Je ne me considérais pas comme uneactrice. J’étais timide et je n’avais aucuneidée de ce que je pouvais représenter.J’étais également trop occupée parl’homme avec lequel je partageais ma vie.On était comme deux étudiants, on vivaità la plage et on n’avait pas de vie sociale,on n’allait pas aux premières.Dans les années 70, vous devenez, à la sortiedes «Grands fonds», dans lequel vousfaites de la plongée avec un T-shirt blanctrès transparent, un sexe-symbole.«Newsweek» vous qualifie même de «plusbelle actrice de tous les temps». Difficile àgérer?Très difficile! Je ne prenais pas cela ausérieux, mais en même temps c’était là…Pour moi, c’était une aberration, je ne comprenaispas pourquoi on accordait autantd’attention à cela alors que je venais defaire Le magnifique avec Jean-Paul Belmondoet La nuit américaine sous la directionde François Truffaut. Soudain, on nes’intéressait plus qu’au succès énorme desGrands fonds, et ça me dépassait. J’étaischoquée d’être réduite à un T-shirt…Aujourd’hui j’en rigole, mais à l’époquej’étais vraiment très énervée.Certaines actrices se plaignent qu’après50 ans elles trouvent moins de rôles intéressantsque les acteurs. Avez-vous ressenticela?Bien sûr que j’ai de la difficulté à trouverdes rôles, mais je suis prête à bouger si onme propose quelque chose d’intéressant.Là, je viens de faire un film avec GérardDepardieu, Welcome to New York, et unesérie pour la télévision anglaise, Dancingon the Edge. Mais j’aimerais travaillerplus.Dans «Welcome to New York», d’Abel Ferrara,vous interprétez Anne Sinclair face àDepardieu en Dominique Strauss-Kahn.Difficile de jouer une femme réelle, encoreen vie et au cœur d’un fait divers retentissant?J’ai lu énormément de choses sur elle afinde me préparer. Et en ce qui concerne lesévénements narrés dans le film, on ne saitpas vraiment ce qui s’est passé. Il restebeaucoup de questions ouvertes, non? Demon côté, je n’ai vu que l’amour. Ça se voitdans ses photos: Anne Sinclair aimaitvraiment Dominique Strauss-Kahn. Je n’aipas hésité une seconde à accepter le rôle.Vous êtes parfois plus hésitante?Oui, je peux être très difficile. C’est dumoins ce que me dit mon agent… Il y abeaucoup d’acteurs qui disent oui à tout,mais de mon côté il faut qu’un filmdéclenche quelque chose, que mon cœurme dise de l’accepter.√L’HEBDO <strong>31</strong> JUILLET 2013

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