22∑AUTOMOBILISMELA F1 TOURNE COMMEUNE HORLOGE (DE LUXE)ALLIANCE. Rolex est le nouveau chronométreur officiel de la catégorie reine du sportmotorisé. Un engagement stratégique pour la marque. Mais aussi risqué: la F1 n’a plusla même audience qu’autrefois et son image environnementale est mauvaise.ACTUELSLUC DEBRAINE SILVERSTONEe vous quitte un instant,«J il faut que j’aille saluer lafamille royale!» Jackie Stewartôte sa casquette en tartan etsalue le prince Michael de Kent,président du Royal AutomobileClub. Puis le triple champion dumonde de F1 nous rejoint pourpoursuivre la visite du paddockdu circuit de Silverstone, où sedéroule en cette fin du mois dejuin le GP de Grande-Bretagne.Pas meilleur poisson-pilote quel’Ecossais pour tout savoir surles invraisemblables structuresd’accueil des écuries de F1. Lenombre d’employés du teamRed Bull (650), les contre-performancesde McLaren, lespneus fragiles de Pirelli, letalent de Fernando Alonso ou lafortune de Bernie Ecclestone.(«Personne n’a autant gagnéd’argent que lui dans toute l’histoiredu sport!») Jackie Stewartest en formule 1 depuis 1965: ilen a récolté tous les honneurs,s’est battu pour la sécurité despilotes, a possédé sa propreécurie et participé au développementéconomique de ladiscipline en amenant desconstructeurs automobiles, desbanques ou des mécènes à s’yintéresser.Sir Jackie a récemment joué unrôle décisif dans l’arrivée deRolex en F1. Depuis le début dela saison 2013, le numéro unmondial de l’horlogerie de luxea le titre de chronométreur officielet de montre officielle de la«LA FORMULE 1EST SUIVIE PARTOUTES LESCLASSES SOCIALES.»Jackie Stewart, champion du mondeen 1969, 1971 et 1973discipline numéro un du sportautomobile. Il remplace respectivementle géant coréen LG etla marque Hublot en affichantsa célèbre couronne sur despoints stratégiques des circuits.Il occupe aussi une place dechoix dans le paddock club, legrand salon d’accueil des VIPsur chaque Grand Prix.Le contrat porterait sur unevingtaine de millions de francspar année, même si Rolex necommunique aucun prix. BernieEcclestone, argentier multimilliardairede la F1, récemmentmis en examen enAllemagne pour corruption, neparle pas non plus de chiffres.Interrogé alors qu’il déguste unROLEXriz au safran dans le paddockclub de Silverstone, BernieEcclestone note qu’il s’agitd’une «alliance naturelle, longtempsattendue, entre unemarque prestigieuse et unecompétition sportive d’empriseglobale. Et c’est une alliance quiva durer.» Coup d’œil sur lamontre de Bernie Ecclestone,une petite Rolex en or. Quid?«En fait, elle est très ancienne!»LA MONTRE VOLÉEIl en va de même pour les premièresRolex de Jackie Stewart.L’ex-pilote est sous contrat avecla marque genevoise depuis1968. C’est son manager d’alors,Mark McCormack, qui l’avaitencouragé à suivre l’exemple dugolfeur Arnold Palmer et àdevenir ambassadeur de la maisonhorlogère. Ce qui tombaitbien: le champion venait àl’époque de s’installer non loinde Genève, à Begnins (il revendraplus tard sa maison à PhilCollins). La marque le fascinait:après avoir failli gagner les 500Miles d’Indianapolis en 1966, ils’était acheté une Rolex chez unhorloger de la ville américaine.La montre a depuis lors disparu,volée lors d’un trajet Paris-Genève en avion. «Je la regretted’autant plus que le patrond’écurie pour lequel je courais àIndianapolis avait fait rajouterun diamant sur le cadran!»,ajoute-t-il, en accentuant sonaccent écossais.A l’époque, Rolex n’en était pasà sa première incursion dans lesport automobile. La marquesoutenait pendant l’entredeux-guerresles tentatives derecord de vitesse sur terre deMalcolm Campbell. Le piloteétait équipé d’un modèle Oystercapable de résister auxvibrations d’un bolide lancé parexemple à 445 km/h en mars1935 sur la plage de Daytona,en Floride. Au début desannées 60, Rolex a associé sonnom au circuit édifié au mêmeendroit et conçu une montrepour les courses d’endurance,baptisée comme de juste Daytona.Plus récemment, la couronnes’est montrée sur le circuitdes 24 Heures du Mans, oudes concours de voituresanciennes à Goodwood (GB),Monterey et Pebble Beach(Californie).Même avec un ambassadeurplénipotentiaire comme JackieStewart, la marque ne s’étaitjusqu’ici jamais décidée à s’investiren F1. La catégorie n’intéressaitpas à l’excès AndréHeiniger, le dirigeant d’alors,pas plus qu’elle n’a fasciné sonfils et successeur, Patrick Heiniger.En tout cas moins queles autres sports soutenus delongue date par Rolex, commele golf, le tennis, la voile oul’équitation. Il a fallu attendre2013, quarante-cinq ans aprèsl’accord conclu par JackieStewart, pour que l’horlogerchronomètre les courses de F1.La fonction est symbolique:sur les circuits, le chronométrageest une affaire menée auL’HEBDO <strong>31</strong> JUILLET 2013
AUTOMOBILISME∑23DÉPART DU GP DE GRANDE-BRETAGNE Les audiences TV de la F1 sont en baisse. De 600 millions de téléspectateurs en 2008, elles ont chuté à 500 millions en 2012.VALDRIN XHEMAJ KEYSTONEmillième de seconde par destranspondeurs, capteurs etlogiciels ad hoc, loin de l’universd’une montre mécanique.PLATEFORME PLANÉTAIRERolex rejoint les stands de F1d’autres marques de montres<strong>31</strong> JUILLET 2013 L’HEBDOsous contrat avec des écuries oudes pilotes. TAG Heuer, enplace depuis des lustres, estentourée par Hublot, qui développedésormais un partenariatserré avec Ferrari. IWC (Mercedes),Richard Mille (Lotus) ouCertina (Sauber) sont égalementprésentes sur les grillesde départ. Mais Rolex a désormaisla plus grande visibilité enF1, au risque de faire de l’ombreaux autres acteurs horlogers dela F1.L’enjeu pour Rolex va bien audelàdes déclarations officiellesde Gian RiccardoMarini, son CEO, et de BernieEcclestone entendues lors dela signature de l’accord, en find’année dernière. Gian RiccardoMarini a parlé de l’espritd’aventure, de l’excellence desmécaniques et du dépasse-ACTUELS