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quotidienne des Iraniens me t<strong>ou</strong>che profondément. Il est du c<strong>ou</strong>p à l'opposédes clichés véhiculés quotidiennement par la presse occidentale sur cetterégion du monde, leurs habitants et leurs traditions et sur la religion musulmaneen particulier. La sagesse véhiculée par cette pensée devrait êtred'un grand sec<strong>ou</strong>rs en dehors du monde oriental. Il y a également, du pointde vue esthétique, la richesse rythmique de son écriture et sa musicalité quisont exceptionnelles. "Plusieurs voies mènent à Dieu, j'ai choisi la voie dela danse et de la musique." C'est donc un bonheur d'approcher (modestement)cette richesse artistique.Thierry 'Titi' RobinCREDITAprès avoir collaboré avec Danyel Waro et Esma Redzepova,(deux spectacles qu'il présente aux Suds à Arles le 13 juillet),Thierry "Titi" Robin prépare p<strong>ou</strong>r cet hiver un hommage àRûmi. Propos recueillis par Benjamin MiNiMuMComment as-tu déc<strong>ou</strong>vert les écrits de Djallaleddin Rûmi ?À travers mon intérêt p<strong>ou</strong>r la poésie s<strong>ou</strong>fie, de Hâfez à Khayam, de AlisherNavoï à Machrab, en passant par Yunus Emre et Amir Khushrau. C'est p<strong>ou</strong>rmoi une culture de référence inépuisable et un repère essentiel. Je considèreaussi que les coplas chantées du flamenco se rattachent à cettemême voie.Quels sont tes vers favoris ?Il y en a trop ! Quelques exemples :"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé.Chacun en ramasse un fragment et dit que t<strong>ou</strong>te la vérité s'y tr<strong>ou</strong>ve."Que représente Djallaleddin Rûmi p<strong>ou</strong>r toi ?Mawlânâ est un des maîtres et sa place dans la culture persane et la vieS<strong>ou</strong>s quelle forme vas-tu lui rendre hommage ?Ce sera un parallèle entre la musique instrumentale (choix dans mes compositionsqui évoque l'esprit de ce mysticisme) et la lecture en persan etfrançais d'une sélection de poèmes de Mawlânâ. La rythmique sera s<strong>ou</strong>tenuepar deux j<strong>ou</strong>euses de daf s<strong>ou</strong>fis kurdes (Shadi Fathi et La Coque) surlesquels se posera le zarb soliste de Keyvan Chemirani. Renaud Pion (p<strong>ou</strong>rle s<strong>ou</strong>ffle des instruments à vent) et moi-même (p<strong>ou</strong>r les cordes) j<strong>ou</strong>erontles mélodies et improvisations modales. Le poète iranien Esmaïl et le comédiencomorien Seuf El Badawi liront les textes. Il y aura eu en premièrepartie le duo chant et ney de Ali reza Ghorbani et Eshag Chegini qui illustreral'incarnation de cette poésie dans la culture persane classique."Rien de ce qui existeen ce monden'est en dehors de toi.Cherche bien en toi-mêmece que tu veux êtrepuisque tu es t<strong>ou</strong>t.L'histoire entière du mondesommeille en chacun de n<strong>ou</strong>s."à cette école du Sama' des derviches, devenant parfois musiciens attitrés àla C<strong>ou</strong>r du Sultan. Cette imprégnation profonde d'une voie spirituelle —Tariqa—par la musique et la poésie, que l'on rencontre quelquefois dans lemonde du s<strong>ou</strong>fisme, prend dans la confrérie fondée par Rûmi une importanceexceptionnelle. P<strong>ou</strong>r lui, la musique est à la fois l'écho lointain du Paradis etune clé p<strong>ou</strong>r le réintégrer, le son de la flûte de roseau, le ney, est le symbolede l'homme c<strong>ou</strong>pé de son Bien Aimé, le luth rebab "...n'est que corde sèche,bois sec, peaux sèche, mais il en sort la voix du Créateur", et p<strong>ou</strong>r finir, cettephrase sublime : "Dans les cadences de la musique est caché un secret, si jele révélais, il b<strong>ou</strong>leverserait le monde".Dans un monde musulman oscillant durant t<strong>ou</strong>te son histoire entre les bornescorsetées du licite et de l'illicite, et dans lequel les modèles prescriptifsdogmatiques sont surdéterminants, où la musique a été s<strong>ou</strong>vent considéréeavec défiance par les théologiens et les intégristes, la figure de Rûmi brilled'un éclat particulier. Aflaki, l'un des disciples de la confrérie, qui écrivit unehagiographie du maître quelques décennies après sa mort, raconte que Rûmiétait un j<strong>ou</strong>r à l'éc<strong>ou</strong>te d'un musicien et s<strong>ou</strong>s le charme profond de sa musique.Retentit l'appel du muezzin. À l'injonction d'un ami qui le pressait alorsd'interrompre la musique, Rûmi répondit : "Non pas, car ceci aussi est uneprière".* Cette prévalence donnée à la poésie, à la musique, à la Beauté, commemode d'accès privilégié au monde spirituel, se d<strong>ou</strong>ble chez Rûmi d'uneauthentique acceptation de l'autre, y compris non musulman. On raconte qu'àsa mort la population de Konya, t<strong>ou</strong>te religions et croyances confondues,vintcélébrer ses funérailles, tant il était perçu comme se situant au delà de t<strong>ou</strong>tesles religions formelles, dans celle du Coeur.après n<strong>ou</strong>s vivez/ N'ayez les coeurs contre n<strong>ou</strong>s endurcis, Car, si pitié de n<strong>ou</strong>spauvres avez/ Dieu en aura plus tôt de v<strong>ou</strong>s merci."Message de Miséricorde, plus encore message d'Am<strong>ou</strong>r, message d'Espoiren l'Homme, c'est à n<strong>ou</strong>s, hommes du XXIème siècle naissant, que parleDjallaleddine Rûmi. N<strong>ou</strong>s, c'est-à-dire à la fois l' Occident "désenchanté", enquête de repères, et le monde musulman lui-même en proie à ses crispationset ses propres <strong>ou</strong>blis.*(Cité par Eva de Vitray Meyerovitch in "Islam : l'Autre Visage", Albin Michel)Au-dessus du portail de son mausolée, on peut lire encore auj<strong>ou</strong>rd'hui, gravésen persan dans la pierre, ces mots : "Viens, viens, qui que tu sois, viens !Que tu sois mécréant, hérétique, idolâtre, viens ! Notre seuil n'est pas le seuildu désespoir; même si tu as été cent fois parjure, viens !" Cette adresse,lancée par-delà les temps à la postérité, résonne comme l'écho du cri qu'unautre poète, d'Occident cette fois, notre François Villon national, lancera deuxsiècles plus tard, dans sa célèbre Ballade des Pendus : "Frères humains, quiCREDIT

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