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34 - mondomix.com - ReportageStyle musicalForró p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s !À l’intérieur, le forró est le porte-voix d’une réalité dure, de la pauvreté, de lasécheresse et d’un certain isolement. C’est ce blues singulier qui m’a p<strong>ou</strong>ssé àexplorer ces régions relativement peu connues. Malgré les différences régionales,le forró est marqué par une grande cohérence. Les références principalessont identiques p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s: Luiz Gonzaga, Dominguinhos, Trio Nordestino, etc. Lerépertoire essentiel est presque t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le même.Que se passe-t-il lors de la São João (la Saint-Jean) ?Événement annuel majeur dans le Nordeste, cette célébration rurale susciteencore plus d’enth<strong>ou</strong>siasme que le carnaval. Censée se dér<strong>ou</strong>ler le 24 juin,elle dure en réalité t<strong>ou</strong>t le mois de juin et se p<strong>ou</strong>rsuit encore une partie dejuillet. Les bals s’enchaînent sans interruption et les musiciens forró animentaussi les “quadrilhas” (quadrilles) très populaires, qui font même l’objetde compétitions, un peu à la manière des conc<strong>ou</strong>rs des écoles de samba.C’est aussi une période où on fait bombance avec d’innombrables préparationsà base de mais (milho verde, canjica, pipoca, pamonha, etc). Les ruesse c<strong>ou</strong>vrent de lampions et d’innombrables petits drapeaux colorés. C’estune vraie fête collective, populaire et familiale. T<strong>ou</strong>t le monde va au bal p<strong>ou</strong>rdanser en c<strong>ou</strong>ple <strong>ou</strong> en quadrille, sans distinction d’âge <strong>ou</strong> de classe sociale.Orquestra do Fubá à Paris, Bombes de bal à T<strong>ou</strong>l<strong>ou</strong>se, Danado deBom à Londres, Forró in the Dark à New York, le forró, fait unmalheur. Pendant que l’ex Talking Heads David Byrne reprend enanglais la chanson fétiche du Sertão “Asa Branca” (aile blanche) elledevient “bramadís“ (hurlements) en occitan par la Talvera. Quelle estl’origine de cette musique et p<strong>ou</strong>rquoi suscite–t-elle autant d’intérêt?N<strong>ou</strong>s avons posé la question et quelques autres à Damien Chemin,cinéaste bruxellois et producteur du fort bel album Forró Acústico.Propos recueillis par JP BruneauD’où vient votre intérêt p<strong>ou</strong>r le forró ?En 2006, j’ai réalisé un documentaire sur une figure mythique du Nordeste brésilien:le bandit Lampião. En voyageant dans les coins reculés du Sertão (régionaride située au centre du Nordeste), j’ai eu la chance de rencontrer de nombreuxet formidables musiciens dont la plupart n’avaient jamais enregistré. Je me suisdécidé à produire un disque. Avec l’aide de deux ingénieurs du son, j’ai pris leparti de t<strong>ou</strong>t capter de manière ac<strong>ou</strong>stique sur le lieu de vie des musiciens p<strong>ou</strong>rconserver le caractère original et spontané de cette musique.Ce qui rend le forró attachant et accessible à t<strong>ou</strong>s, c’est qu’il est issu du métissageimprobable de traditions européenne, africaine et indienne indigène. Ce quim’a t<strong>ou</strong>ché, c’est l’aspect collectif et démocratique de cette véritable musiquepopulaire. Le fait aussi que les musiciens les plus extraordinaires sont s<strong>ou</strong>ventles plus modestes agriculteurs, garagistes, chauffeurs d’autobus etc. Malgréune pauvreté chronique et un illettrisme élevé, il y a dans le Nordeste brésilienun impressionnant réservoir d’artistes.P<strong>ou</strong>rquoi avoir choisi d’enregistrer dans les minuscules états deSergipe et d’Alagoas ?Ces états sont marqués par la très vivante culture des vaqueiros (vachers). Leforró y prend une forme assez brute et empreinte d’une sorte de blues trèsprenant. Le forró “côtier” de Recife et Fortaleza est plus festif et ins<strong>ou</strong>ciant.creditL'expatriation de nombreux Nordestins vers les métropoles du sud a-tellecontribué à l'évolution du forró ?Le d<strong>ou</strong>ble paradoxe de l’histoire du forró, c’est que cette tradition intrinsèquementrurale a réellement pris son essor à Rio de Janeiro. Le Sertão est frappé demanière chronique par des sécheresses entraînant famines catastrophiques etvagues d’immigration. Les Nordestins ont été les <strong>ou</strong>vriers de la construction desgrandes métropoles et continuent auj<strong>ou</strong>rda’hui à faire t<strong>ou</strong>s les petits b<strong>ou</strong>lots, yformant la classe sociale pauvre. Ils ont bien sûr emporté leur culture dans leursbagages. Parmi eux, deux figures historiques : l’accordéoniste et chanteur LuizGonzaga (originaire du Pernambuco) et le percussionniste et chanteur Jacksondo Pandeiro (originaire de Paraíba). C’est grâce à eux, à partir de Rio de Janeiro,que leur musique a pris une dimension populaire à l’échelle nationale. Ces deuxgrandes figures ont donné un sang neuf au forró qui a connu une n<strong>ou</strong>velle viedans le Nordeste.Vos musiciens "historiques" favoris ?Impossible de ne pas aduler Luiz Gonzaga et Jackson do Pandeiro. On n’a pasfait mieux depuis. J’aime beauc<strong>ou</strong>p aussi deux chanteuses moins connues :Marinês et Clemilda (des voix puissantes et pleines d’hum<strong>ou</strong>r) ainsi que le maride cette dernière, l’accordéoniste diatonique Gerson Filho. Parmi les musiciensplus modernes, j’ai beauc<strong>ou</strong>p d’admiration p<strong>ou</strong>r Alceu Valença, à la fois trèsinventif et ancré dans la tradition.Que pensez-v<strong>ou</strong>s de l'internationalisation et de la "mondialisation" du genre ?T<strong>ou</strong>t développement, quel qu’il soit, est bon à prendre. Je suis donc heureuxd’entendre que le forró plait à New-York, Paris et Londres. Et je connaissais letravail de la Talvera que je tr<strong>ou</strong>ve vraiment très intéressant.Je suis assez interloqué par les affinités et ressemblances entre leforró et les musiques cajun et zarico de L<strong>ou</strong>isiane qui connaissent lemême type d’évolution...En effet, c’est tr<strong>ou</strong>blant. Il faudrait se pencher là-dessus. Je connais un peules grands noms du zydeco (un régal), mais j’aimerais en savoir plus. À bonentendeur...

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