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CD ou DVD Offerts - Mondomix

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Portrait - mondomix.com -23Beñat AchiaryL'eau viveHérault d’un chat basquedécomplexé etlibéré des genreset des contraintes, BeñatAchiary vient de sortir Avrilenregistré avec l’accordéonistePhilippe De Ezcurra etle percussionniste RamónLópez p<strong>ou</strong>r le label Daquí, dufestival Les Nuits Atypiquesde Langon où ils se produirontle 28 juillet. Beñat estaussi le directeur artistiquedu festival champêtreErrobiko. Propos recueillispar Benjamin MiNiMuM.Quelle est ta philosophie dela pratique musicale ?J’essaie que le chant me traverse,je travaille p<strong>ou</strong>r ça autant queje le peux. C’est comme si unes<strong>ou</strong>rce était obstruée, j’essayede désobstruer la s<strong>ou</strong>rce p<strong>ou</strong>rque l’eau c<strong>ou</strong>le. Les obstaclessont nombreux, il y a la fatigue, les préoccupations, il y a t<strong>ou</strong>t ce qui peuttr<strong>ou</strong>bler l’éc<strong>ou</strong>te profonde. Il faut calmement sortir ses s<strong>ou</strong>ches et ses rochers,t<strong>ou</strong>s ses gravas et laisser l’eau libre c<strong>ou</strong>ler. P<strong>ou</strong>r moi, chanter, c’est <strong>ou</strong>vrir lepassage, être traversé et entrer dans une éc<strong>ou</strong>te profonde des autres p<strong>ou</strong>rp<strong>ou</strong>voir chanter avec eux.Dans ton art, quelle est la place de la tradition ?Elle est essentielle car p<strong>ou</strong>r moi la tradition est une suite de créations. C’estêtre le contemporain de soi-même. Une tradition, ce n’est pas la répétitiondes formes vidées de leur substance mais la substance elle-même, ce quel’on appelle en basque ‘mamia’, qui est le lait du lait. P<strong>ou</strong>r moi c’est cela latradition, ce n’est pas une répétition de formes, c’est se connecter avec lesp<strong>ou</strong>voirs poétiques d’une culture et grâce à cela essayer de renaître, t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rsrenaître.Comment se partagent dans ta pratique l’improvisation et le texte ?P<strong>ou</strong>r moi, les textes sont des sons qui dansent dans l’air, il y a le sens maisil y a aussi t<strong>ou</strong>s les métalangages qui parlent en même temps. Tu peux dire“il fait beau” avec tristesse <strong>ou</strong> avec gaieté. Et ce que tu entends du chant dequelqu’un, de ce qu’il vit intérieurement passe à travers la langue… J’aimebeauc<strong>ou</strong>p ce mot d’Octavio Paz qui dit “Le sens est le fils du son”. Il y a t<strong>ou</strong>tcela en même temps dans la langue quand tu la manipules. Ce n’est pasde la diction, j’ai horreur de la diction, mais c’est comme un fleuve qui traceson chemin dans les montagnes. Tantôt il y a des gorges, tantôt il y a desplaines, des ruissellements <strong>ou</strong> des rem<strong>ou</strong>s profonds. C’est t<strong>ou</strong>t cela p<strong>ou</strong>r moila langue.B.M.s<strong>ou</strong>venir d’enfance, mais avec t<strong>ou</strong>te la force du vécu, comme s’il était présent.Et t<strong>ou</strong>t les temps s’annihilent dans la langue aussi, c'est-à-dire que tu peuxavoir, si tu as la chance d’être bien, le temps qui se suspend et, à ce momentlà,tu n’es pas dans un temps linéaire, tu es dans un temps suspendu, qui estpeut-être un petit goût d’où l’on vient. C'est ce que je crois mais c’est durde s’en rendre compte vu que l’on est dans la loi du temps. On est dans cetemps, parfois j<strong>ou</strong>issant de ce temps, et parfois il faut se le faire et ce n’estpas évident. Mais il y a aussi ces moments suspendus qui n<strong>ou</strong>s montrent peutêtre le chemin.Il y a aussi le temps des rencontres et des projets. Qui sont cesamis avec qui tu as fait le disque Avril ?Philippe De Ezcurra est d’une famille de pelotari, de j<strong>ou</strong>eurs de pelote. Il a detrès grands champions dans sa famille, lui-même j<strong>ou</strong>e mais, comme il étaitaccordéoniste, p<strong>ou</strong>r ses mains il a dû choisir entre j<strong>ou</strong>er de l’accordéon etfrapper la pelote. Il a choisi l’accordéon, mais il j<strong>ou</strong>e avec t<strong>ou</strong>t l’instinct de lapelote en lui, avec une f<strong>ou</strong>gue qu’il canalise parfois avec un grand et beaus<strong>ou</strong>rire. Il est très spontané, son école, c’est les bals des villages mais c’estaussi les musiques contemporaines. Il fait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs t<strong>ou</strong>t en même temps. Ilest plus jeune que moi, on s’est rencontrés au conservatoire de Bayonne, etpuis il est devenu un très bon copain. Ramon, c’est un de mes frères depuislongtemps. Depuis que l’on s’est connus dans les chants de la guerre civiled’Espagne, un projet auquel il m’avait convié, on ne se lâche plus. Je l’aiinvité par exemple dans ‘La Cité Invisible’, qui est un des travaux que j’aimebeauc<strong>ou</strong>p, avec la Gitane Inès Bacan, le musicien gna<strong>ou</strong>i Majid Bekkas etPedro Soler… C’est un Andal<strong>ou</strong> qui j<strong>ou</strong>e aussi très bien des tablas, il a uneapproche de la batterie qui est très populaire et qui sonne bien. Elle chante etmoi j’aime beauc<strong>ou</strong>p ca.Quel était votre but lorsque v<strong>ou</strong>s êtes entré en studio’?Cette fois-ci, je v<strong>ou</strong>lais faire un disque de chansons et de poésie, habiter leschansons qui traînent dans notre mémoire, ces chansons que l’on a dans lecorps avec, comme je te le disais t<strong>ou</strong>t à l’heure, ce ‘gogoratuz’, se rappelerdes choses comme si on les revivait. Chanter une chanson, p<strong>ou</strong>r moi, c’estrevivre ce qu’elle offre à chanter. Et dans son format, bien sûr, mais aussi avecdes échappées belles qui peuvent s’<strong>ou</strong>vrir quand tu les fréquentes. Mais c’estun disque de chanson avant t<strong>ou</strong>t.D’où vient le nom du disque ?Avril évoque p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s une idée de printemps, c’est une période au paysbasque où il pleut, où il y a l’eau et c’est très important. Il y a les fleurs quiapparaissent, c’est une de mes saisons favorites. C’est l’image en un seul motdans notre espace et notre terre, du printemps.N<strong>ou</strong>vel album : "Avril" (Daquí/Harmonia Mundi)Nuits Atypiques de Langon du 26 au 29 juillet avec le Trio J<strong>ou</strong>bran, Chi Na Na P<strong>ou</strong>m, RaulBarboza, Bethany & Rufus Romano Drom…‘Errobiko Festivala’du 19 au 21 juillets à Itsasu avec Ed<strong>ou</strong>ard Glkissant, Bernard Lubat,Shinobu Kikuchi, Carlo Rizzo, Barbara Luna…WInterview complète sur mondomix.comC’est un <strong>ou</strong>til p<strong>ou</strong>r toi ?C’est un <strong>ou</strong>til <strong>ou</strong> plutôt un tremplin. Un <strong>ou</strong>til, certes, parce qu’il me permetd’entrer dans la réalité poétique. Un bâton aussi car il y a le bâton de marche,et la langue est un bâton p<strong>ou</strong>r marcher. Ça peut être un télescope aussi, <strong>ou</strong>un bâton de s<strong>ou</strong>rcier. La langue, ça peut être de la buée sur une glace, çapeut être un s<strong>ou</strong>venir qui s’agite à l’intérieur de toi, un s<strong>ou</strong>venir de baiser, un

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