CD ou DVD Offerts - Mondomix

32 - mondomix.com - PortraitKinshasaKin la belle, Kin la poubelle...chaleur. Grappes de couleurs mouvantes, les enfants figent leurs jeux quands’égrainent les notes du saxo dans l’air du soir. Le lendemain, à la répétition,l’instrument brille de tous son cuivre, sa nacre et son argent, polis avec lesans. Comme une écorce, la peau du musicien offre des tons de brun insoupçonnables.Les lèvres n’ont jamais pincé l’anche comme cela au cinéma. Latexture d’un tissu, le pigment sur un mur, le drapé d’un dessin, l’expressiond’une main… Tout l’univers visuel paraît comme enchanté par l’image. Grosplans fabuleux : l’œil incrédule s’extasie sur les gammes subtiles d’une plaquede rouille. La magie de la haute définition opère dès les premières images qui,tout au long du film, dansent sur la musique. La caméra de Jacques Sarasins’abandonne à son balancement. Elle épouse la démarche des musiciensqu’elle accompagne, les regarde vivre, penser, se taire. Prouesse de lumièremagnifiée par la HD, On the Rumba River témoigne de la longévité de la rumbacongolaise, organisant la rencontre de deux pionniers : Antoine Mundanda,78 ans, Brazzavillois maître du likembe, et Wendo Kolosoy, 82 ans, chanteurkinois.Bien que meurtrie par les affrontements et les privations, Kinshasa,capitale de la République démocratique du Congo, demeurele creuset d’une créativité musicale en perpétuel renouvellementet foncièrement enracinée dans ses traditions. C’est ce que traduisentdeux films, présentés en juin au festival Musicouleurs, On theRumba River de Jacques Sarasin et Jupiter’s Dance de Renaud Barretet Florent de La Tullaye. Par François BensignorKinshasa, ville monstre, exerce sur le voyageur assoiffé de musique une fascinationau-delà de toute rationalité. L’idée du rationnel est d’ailleurs parfaitementincongrue dans cette gigantesque étendue de quartiers de tôles basses coiffantdes murs de parpaings. Inexorablement, la végétation grignote les cours enciment et les allées de terre battue. Les ruelles défoncées bordées d’égouts àciel ouvert sont, au moment des pluies, des cimetières bourbeux pour les tas deferraille crachotants qui s’y aventurent avec leurs passagers. Mais le chauffeurdu vieux Wendo est circonspect. Mieux vaut faire demi-tour, même à défautde marche arrière, pour parvenir au but par des chemins plus sûrs. Le tempsimporte peu : seule l’issue compte, et comme la convivialité urbaine requiert des’en remettre à son prochain, celle-ci en dépend également.creditcreditFace à l’adversité, le Kinois doit être malin. Depuis que Mobutu, trop occupéà piller les richesses du pays pour l’usage exclusif de sa cour et de sa tribu,l’enjoignit de s’en remettre à l’Article 15 : “Débrouillez-vous vous-même !”, ilest rompu à dénicher tous les moyens pour s’en sortir. Mais pour ceux qui n’ontconnu que cet état de déliquescence, pauvreté, guerre, pillages, familles décimées,la coupe est plus que pleine. Marre des chanteurs qui continuent à roucouler“Chérie je t’aime” face aux ravages du SIDA ! Marre de voir se multiplierles “shégés”, orphelins des rues âgés de cinq à quinze ans, qui arpentent piedsnus les vastes boulevards, témoins décrépits des fastes de la colonie belge, uncarton sur la tête à vendre des mouchoirs en papier ! C’est vers ceux-là que setournent Renaud Barret et Florent de La Tullaye avec Jupiter’s Dance.Ces deux Français ont acquis leur confiance en plongeant sans préjugés dansla vie des ghettos. Ils y ont trouvé des trésors de musiques, une myriade degenres aux interprètes éblouissants, présentés dans ce Dvd, que complète unCd réalisé in situ par l’ex-FFF Yarol Poupaud, vedette d’un des huit savoureux“Bonus”. Roger Landu, jeune virtuose de 14 ans jouant sur un monocorde bricoléà partir d’une boîte de conserve, le “satongé”. Les Bawuta Kin, pionniersdu rap kinois, Rinka, la première fille à déballer son flow sur Kinshasa ou encoreBestaguy, gamin prodige de l’écurie Bawuta Kin. Bebson de la Rue, toaster degrand talent, et puis Lexus Legal, rapper conscient qui fédère le mouvement.L’incroyable Staff Benda Bilili, groupe constitué de handicapés chevauchant destricycles antédiluviens et de shégés qu’ils ont formés. D’autres encore commeRombo Tunani qui met du funk dans le ndombolo, Kimono et sa belle voix quidonne la chair de poule, ABC Stars les shégés de Matongé, Thomas Lusango,créateur d’instruments, et bien sûr Jupiter Bokondji & Okwess International,héros de ce film gorgé d’humanité cinglante et de bonne musique.CD/DVD, "Jupiter’s Dance", bellekinoise productions/abeille musiquePlein de vidéos et d’inédits sur le site> www.bellekinoise.com www.rumbariver.com