EuropeLa Talvera“Bramadis”(Autoproduction/L'Autre Distribution)Compositeur de 15 des 17 morceaux dudisque, Daniel Loddo explique que cesbramadis, (hurlements) sont des cris dedésespoir, de révolte, et aussi d'am<strong>ou</strong>r."N<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s colletons au monde, aux problèmesde notre société", mais avec unebonne dose de dérision et d’hum<strong>ou</strong>r. Utilisantdes instruments traditionnels, mais<strong>ou</strong>verte au monde et aux effets électroniques,cette formation éminemmentfestive et dansante doit une bonne partde son succès à la lumineuse et vibranteCéline Ricard, au timbre et au vibrato uniques.La reprise d'"Asa Branca" de LuisGonzagua est une merveille. Dans sa versiond'origine, la chanson traitait des ravagesde la sécheresse dans le Nordestebrésilien devenu "Occitania", une ode àl'Occitanie ayant vocation à devenir unhymne.J-P.B.Jean François Vrod“La s<strong>ou</strong>straction des fleurs”(Signature/Harmonia Mundi)Jean-François Vrod a passé t<strong>ou</strong>tes sesannées de pratique de violon à recollerles morceaux dispersés de la tradition.C’est principalement en côtoyant lesanciens de l’archet traditionnel auvergnatqu’il se forgea un style, un répertoire, uneréputation. Mais la richesse du travail deJean-François, c’est de ne pas reproduireà l’identique. De faire vivre, vibrer lestraditions à l’aune de sa sensibilité. Lerésultat est magique. Ce disque est la résultanted’un spectacle. Ent<strong>ou</strong>ré de deuxcompagnons de r<strong>ou</strong>te, le violon avecFrédéric Aurier et la percussion (zarb)de Sylvain Lemêtre, Vrod, dans son trio,développe ses mélodies avec volupté etrespect de la tradition mais avec parfoisdes phrasés, des harmonies résolumentcontemporaines.P.K.Balval"Blizzard Bohème"(Dom Disques)Un vent ("balval" en romani) de bohèmes<strong>ou</strong>ffle sur l’hexagone ! Un blizzard,même, qui, sur un tapis tissé des meilleuresétoffes hongroises, r<strong>ou</strong>maines <strong>ou</strong>bulgares, dépose mélodies orientales, sonoritésjazz, latines, rock <strong>ou</strong> tango, au gréde la voix d’Awena Burgess, la chanteuseà l’origine de la création du quintet. Uneréelle volonté de mélange des genrestransparaît de ce joli projet, avec le justeéquilibre entre mélancolie et gaieté quicaractérise les musiques tsiganes. Arrangementsde morceaux traditionnels despays de l’Est et compositions originalesaccompagnent des chansons qui parlentd’am<strong>ou</strong>r, d’anecdotes du quotidien, de lanature, de ce qui n<strong>ou</strong>s anime, au fond, etc’est sûrement p<strong>ou</strong>r ça que ce vent n<strong>ou</strong>sfait frissonner.F.M.Frère de Sac“T<strong>ou</strong>t n’a qu’un temps”(Mustradem/L’Autre Distribution)Christophe Sacchettini est principalementflûtiste (à bec) mais il s<strong>ou</strong>ffle égalementavec maestria dans une cornemuse ducentre. Et en rejoignant Jean-L<strong>ou</strong>p, sonfrère accordéoniste diatonique… l’affaireétait dans le sac. Ce disque est la photographied’un concert du duo en janvier2007 au Café des Arts de Grenoble.Grâce à une belle prise de son, on réaliset<strong>ou</strong>te la précision des arrangements et laconnivence des deux Sacchettini rompusdepuis des années à t<strong>ou</strong>tes formes degr<strong>ou</strong>pe en concert et en bal. Cornemuse<strong>ou</strong> flûte et accordéons se répondent dansune suite d’airs composés, retr<strong>ou</strong>vés,voire empruntés à d’éminents collègues.Une belle démonstration est ainsi faitequ’accordéon et cornemuse peuventêtre également de véritables instrumentsconcertants.P.K.
chroniques - mondomix.com - 43Viorica & Ionitsa Clejani Express"A Devla"(Network/Harmonia Mundi)Ionitsa et Viorica sont mari et femme, accordéonisteet chanteuse. Indissociables.A Devla, leur premier opus diffusé horsR<strong>ou</strong>manie, est un vrai disque de musiquepopulaire inspirée par la tradition, de cellequi ne s’apprend et ne se digère que surles bancs des écoles buissonnières. Decelles qui disent si fort la vie des hommeset femmes qu’on ne peut qu’être enth<strong>ou</strong>siaste.De celles qui n<strong>ou</strong>s tiennent éveillésjusqu’au petit j<strong>ou</strong>r. Directe et délicate,la quinzaine de titres ainsi que la vidéobonus ont été enregistrés à différentesépoques. C’est aussi ça le charme de cetopus qui colle aux évolutions du mondecomme en témoigne "Un Gram de Iubire",titre aux accents technoïdes quoiquetotalement organiques.SQ.Didier François et Gilles Chabenat“Dans l’<strong>ou</strong>bli du sommeil”/“Brand new world”(Home Records)Compositeur, violoniste, j<strong>ou</strong>eur de nyckelharpa,instrument emblématique de laSuède, Didier François propose, dansun premier Cd, un beau dialogue entrela vielle à r<strong>ou</strong>e de Gilles Chabenat etl’instrument nordique. Mélodies, prosodiesrythmiques, ébauches de sons presquealéatoires : t<strong>ou</strong>t participe à un état sensorieloù l’auditeur peut s’abandonner entreéveil et sommeil. Dans le second Cd, lesmusiques de François sont d’une texturedense, pleine de réminiscences, commeune archéologie sonore où t<strong>ou</strong>t entre enrésonance. Les textes et compositions deGabriel Yac<strong>ou</strong>b, qui intervient vocalementavec Sylvie Berger et Tom Theuns, entrenten symbiose avec l’esthétique du musicienbelge. La peinture de Pol Bonduelle aété l’élément déclencheur de ce superbed<strong>ou</strong>ble album.P.C.Amiina"Kurr"(Ever/Pias)Largement orientée pop indé, la scèneislandaise, entraînée par la reine desneiges Björk, a développé une esthétiquetrès personnelle. Rêveuse, éthéréeet délicate, la musique d'Amiina résumeparfaitement cet état d'esprit. À c<strong>ou</strong>p decordes diverses, de cloches, de vibraphone,de scie musicale <strong>ou</strong> de choeursangéliques, le quatuor féminin, déjàresponsable d'une partie non négligeablede l'identité de Sigur Rós, dessinedes paysages où alternent lumineusestransparences et zones d'ombres. Entrefolklore imaginaire et musique de filmsféerique, on peut penser aux expériencesdu Penguin Café Orchestra <strong>ou</strong> d'AngeloBaldamenti, mais on se laisse surt<strong>ou</strong>tentraîner dans un univers dans lequel laglace et les flocons de neige chantent etfont danser le feu dans la cheminée.B.M.The Cracow Klezmer Band“Remembrance”(Tzadik/Orkhêstra International)C’est un concert qui est l’objet de ce disque.Le Cracow Klezmer Band fait partiede ces gr<strong>ou</strong>pes sans concession. De cesartistes, qui vont au b<strong>ou</strong>t de leur travail enosant sortir des sentiers balisés et parfoisfolklorisant de certaines cultures. Leklezmer n’échappant pas à la règle. Parla qualité des instrumentistes -JaroslawTyrala (violon), Jaroslaw Bester (accordéon),Oleg Dyyak (accordéon, clarinette,percussion), Wojciech Front (contrebasse)et sur quelques morceaux John Zorn à lavoix-, t<strong>ou</strong>s les sentiments, se croisentdans les riches sonorités du quartet.Particulièrement dans les échanges entrel’accordéon et le violon… Quand lavirtuosité est au service des sentimentset de l’histoire, le beau est forcément àfleur de peau.P.K.L'Attirail“Kara Deniz”(Fairplay/L'Autre Difusión)Leur album précédant, La Bonne Aventure,l’avait-il prédit ? Ces pionniers dumétissage tzigane en France prennent lar<strong>ou</strong>te de l’excellence à bord d'une croisièreen “Kara Deniz” (Mer Noire en turc),au-delà des Balkans, dans des contréesmystérieuses, voire imaginaires. Pleinesd’énergie, les compositions pétillanteset débridées sont de mystérieuses îlesà serpents, de petits bazars grecs où lesgrands princes sirotent de la Efes Bier.Des échantillons volés du quotidien àbord d’un tram côtoient des glissementssur les cordes d'un b<strong>ou</strong>z<strong>ou</strong>ki <strong>ou</strong> d’un saz,des pas de danse folklorique sur un pianof<strong>ou</strong> <strong>ou</strong> un accordeón mutin répondentaux envolées d’un d<strong>ou</strong>d<strong>ou</strong>k arménien.G.W.Mont Jòia"Cant e Musica de Provenca XIIème– XXème"(Association Mont Jòia/Conseil GénéralB<strong>ou</strong>ches du Rhône)En 1975, Mont Jòia était ce qui se faisaitde mieux en matière de tr<strong>ou</strong>bad<strong>ou</strong>rsprovençaux. S'aidant d’instrumentsd’origines anciennes <strong>ou</strong> lointaines (luth,cint<strong>ou</strong>r, gal<strong>ou</strong>bets, tamb<strong>ou</strong>rins, trompettemarine, ton ton <strong>ou</strong> saz), Carlotti, Conte,Dupont et Favaro réveillaient un patrimoinequi, partant du XIIème siècle, sefrayait tant bien que mal un chemin musicaljusqu’à notre époque. Mais, ne secontentant pas de déchiffrer à la b<strong>ou</strong>giedes vers c<strong>ou</strong>chés sur de vieux grimoires,en j<strong>ou</strong>ant à l’aveugle sur des instruments<strong>ou</strong>bliés, ils empoignaient des sentimentsancestraux en leur réinjectant l’éclat audacieuxde la jeunesse. Cette rééditionà compte d’auteur réaffirme la fraîcheurd’une démarche où le respect poli dupassé laisse la place à une réinventiondu folklore.B.M.