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le monde - Mondomix

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18<strong>Mondomix</strong>.comUn cridansla nuitMelissa LaveauxPropos recueillis par : Bertrand Bouard Photographie : Emma Pickn Melissa laveaux Dying is a wild Night(No Format)n En concert<strong>le</strong> 18 mars au Point Ephémère / <strong>le</strong> 30 àl’EMB de Sannois / <strong>le</strong> 25 avril au Printempsde Bourgesn www.myspace.com/melissalaveauxUn premier album acoustique, soul et créo<strong>le</strong> (Camphor and Copper, 2008) ; un second,Dying is a Wild Night, urbain, sombre et sensuel. La métamorphose de Melissa Laveaux,Canadienne d’origine haïtienne, doit beaucoup à une douloureuse installation à Paris,et à la façon dont el<strong>le</strong> fut surmontée.n Le changement d’univers entrevos deux albums est radical.Comment s’est-il opéré ?Mélissa Laveaux : L’album est plutôt poppar rapport au précédent, très synthé, avecun gros son, énormément de textes, un débitassez rapide... En fait, j’ai commencé parpenser ces nouvel<strong>le</strong>s chansons en termesrythmiques plutôt que mélodiques, aprèspas mal de concerts ces dernières annéesen duo avec Anne Pacéo, une batteuse dejazz. Mais je n’ai pas voulu me limiter à laformu<strong>le</strong> batterie/guitare et je me suis tournéevers <strong>le</strong>s Jazz Bastards, un trio de réalisateursqui voyaient plus loin que moi, avecdes orchestrations plus grandes. C’était assezrafraichissant. On a éga<strong>le</strong>ment essayéde sou<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s mélodies avec <strong>le</strong>s claviers,ceux de Vincent Taurel<strong>le</strong>, qui joue avec Airou Oxmo Puccino.n Qu’est-ce qui a inspiré l’écriturede ces chansons ?ML : L’album s’appel<strong>le</strong> Dying is a Wild Night[un emprunt à la poétesse américaineEmily Dickinson] car il par<strong>le</strong> d’un nouveaudépart, d’une nouvel<strong>le</strong> vie. Ma venue à Parisa commencé plutôt comme un arrêt : cen’était pas faci<strong>le</strong> de s’intégrer à un nouveaupays et à un nouveau mode de vie. Je suisarrivée à 23 ans, sans <strong>le</strong>s papiers appropriés- j’ai été en situation irrégulière pendantdeux, trois ans. Et contrairement au Canada,la France n’est pas un pays très ouvertà la migration, tu ne te sens pas vraimentbienvenue... De plus, je n’avais jamais vécuen dehors de ma famil<strong>le</strong> et je suis passéedu statut d’étudiante à celui d’intermittente.Je vivais un peu de la musique, mais aussidu babysitting, de cours de chant, d’anglais,j’ai même fait des sites web... Mon départ aéga<strong>le</strong>ment été un grand chagrin pour mesparents : ils avaient émigré d’Haïti à 18 ansafin que <strong>le</strong>urs enfants aient une vie plus faci<strong>le</strong>au Canada, et voilà que je quittais celui-ci,mon pays natal, pour tout recommencer àzéro... Il y a donc eu une rupture avec ma famil<strong>le</strong>,assez pénib<strong>le</strong> pour tout <strong>le</strong> <strong>monde</strong>. Lestextes par<strong>le</strong>nt du coup d’iso<strong>le</strong>ment, d’automutilation,de départ, de rupture, de renaissance,de dégout de soi. C’est horrib<strong>le</strong> depenser qu’on déçoit <strong>le</strong>s gens qu’on aime <strong>le</strong>plus au <strong>monde</strong>...n L’album est pourtant traversépar une bel<strong>le</strong> énergie...ML : Je n’aime pas rester dans l’évidence.Il est triste mais dansant. Je ne suis pas LeonardCohen, je n’avais pas envie d’écriredes chansons pour que <strong>le</strong>s gens se tirentune bal<strong>le</strong> dans la tête. En France, beaucoupde chanteuses ont la voix très douce, trèsfragi<strong>le</strong>, et je ne me voyais pas du tout fragi<strong>le</strong>sur cet album. J’avais envie de crier un peu.« Je ne me voyais pas du tout fragi<strong>le</strong>sur cet album. J’avais envie de crierun peu »n Quel<strong>le</strong> place occupent vos racineshaïtiennes dans votre musiqueaujourd’hui ?ML : Il y a une chanson en créo<strong>le</strong> sur l’album,très inspirée par <strong>le</strong> Strange Fruit de Billie Holiday,qui par<strong>le</strong> d’un arbre ayant servi au lynchage,ce qu’il dirait aujourd’hui... En anglaisou en français, ça n’aurait rien donné, mais encréo<strong>le</strong>, c’était intéressant à écrire. C’est unelangue plus sexuel<strong>le</strong>, dans laquel<strong>le</strong> on peutmettre beaucoup d’images avec une grandeéconomie de mots. Au niveau de mon héritage,je pense qu’il me reste une façon d’écrireun peu créo<strong>le</strong>, des références à la spiritualité,au feu, à l’eau... Peut-être aussi dans mon jeude guitare, même si ce ne sont pas forcémentdes influences si littéra<strong>le</strong>s que ça. El<strong>le</strong>s surgissentde manière un peu inconsciente.n°56 Mars/Avril 2013

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