06 06<strong>Mondomix</strong>.com / ACTUMondeACTU - Monden protection - patrimoineRéfection de l’enduit de la mosquée de Sankoré en 2003© UNESCO / T. Joffroy / CRATerre-EAG© D.R.n manifestation - sensibilisationAmnistie pour <strong>le</strong>s RomsLes expulsions continuent. « Le discours est moins vio<strong>le</strong>nt etcherche moins à systématiquement amalgamer Roms et délinquants», reconnaît Jeannine Thoral, la responsab<strong>le</strong> de l’équipede lutte contre <strong>le</strong>s discriminations à Amnesty International.Mais, ajoute-t-el<strong>le</strong>, « comme cela prend souvent un certaintemps pour aboutir à une décision de tribunal, des évacuationsdemandées depuis un moment s’exécutent au fil du temps, aufur et à mesure. Il y en a, au moment où je vous par<strong>le</strong>, qui sepréparent ». Bien décidée à faire cesser ce cyc<strong>le</strong>, l’associationappel<strong>le</strong> à « dire stop aux expulsions forcées ». Le 6 avril, el<strong>le</strong>organisera une manifestation immobi<strong>le</strong> pour sensibiliser <strong>le</strong>s Parisiensà ces violations du droit international, qui exigerait auminimum des relogements décents. L’événement prendra unecoloration festive avec la participation de l’Haïdouti Orkestar,une fanfare voyageuse, et de la violoniste Sarah Nemtanu. Enespérant que la musique rende un peu moins sourd…François Mauger• www.amnesty.fr/Tags/RomsLa restauration du Mali est en routeAlors que la guerre contre <strong>le</strong>s terroristes continueà l’extrême nord du Mali, <strong>le</strong> pays compte ses pertes.En marge du drame humain, l’atteinte faite au patrimoinedu pays a choqué <strong>le</strong> <strong>monde</strong> entier.Cité fondée aux portes du désert au XI e sièc<strong>le</strong>, Tombouctou est <strong>le</strong> centrecommercial, intel<strong>le</strong>ctuel et religieux des populations sahariennes. Lacité aux 333 saints abrite des merveil<strong>le</strong>s architectura<strong>le</strong>s et l’une desplus importantes col<strong>le</strong>ctions de manuscrits d’Afrique. Durant l’occupationpar <strong>le</strong>s terroristes salafistes, onze des seize mausolées quecompte la vil<strong>le</strong> et de nombreux ouvrages parmi <strong>le</strong>s 300 000 manuscritsconservés, datant pour certains du XIII e sièc<strong>le</strong>, ont été brûlés.Le 18 février, à l’issue d’une réunion exceptionnel<strong>le</strong> d’experts et dedécideurs internationaux au siège parisien de l’Unesco, dont des ministresfrançais et maliens, un plan d’action pour la réhabilitation dupatrimoine culturel et la sauvegarde des manuscrits anciens au Mali aété adopté. Estimées à plus de onze millions de dollars, <strong>le</strong>s mesuresenvisagées se portent sur trois priorités : la réhabilitation du patrimoineculturel endommagé durant <strong>le</strong> conflit en s’appuyant sur <strong>le</strong> soutien actifdes communautés loca<strong>le</strong>s, des actions de protection des anciens manuscritset la formation de techniciens locaux pour créer <strong>le</strong>s conditionsappropriées à la conservation et la gestion du patrimoine, incluant notammentun programme de numérisation. Ce programme concerne enpremier lieu Tombouctou mais aussi <strong>le</strong>s tombeaux des Askia à Gao,<strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s anciennes de Djenné et <strong>le</strong>s falaises de Bandiagara en paysdogon.Pour marquer l’importance que cette initiative revêt pour <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> malien,Tiéman Hubert, son ministre des affaires étrangères et de la coopération,a déclaré : « Les actes qui nous réunissent aujourd’hui sontceux du fascisme car quand on veut détruire un peup<strong>le</strong>, on s’attaque àsa mémoire (...). Ces monuments sont la vérité de notre histoire ».Benjamin MiNiMuM• www.unesco.org/new/fr/unesco/
point de vue07point de vueXavier LemettreBanlieues B<strong>le</strong>ues est un festival qui prend des risques.Rares sont <strong>le</strong>s têtes d’affiches, éc<strong>le</strong>ctiques sont<strong>le</strong>s propositions artistiques. Loin d’être <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t d’unhorizon musical balisé, il s’adresse à la curiosité età l’intelligence des spectateurs. Xavier Lemettre,son directeur, explique <strong>le</strong>s difficultés liées à une visionexigeante de son métier.Propos recueillis par Benjamin MiNiMuM Illustration Noyaun Quel<strong>le</strong> est, pour vous, la missionartistique et socia<strong>le</strong> de votre festival ?Xavier Lemettre : Faire entendre et connaîtrecel<strong>le</strong>s et ceux qui dessinent <strong>le</strong> paysage musicald’aujourd’hui, réunir <strong>le</strong>s conditions pourque <strong>le</strong>s musiciens puissent créer, et porter lamusique là ou el<strong>le</strong> doit l’être, près de tout <strong>le</strong><strong>monde</strong> si possib<strong>le</strong>. La vocation de BanlieuesB<strong>le</strong>ues, dès ses débuts, a été de proposerdes concerts de très forte va<strong>le</strong>ur artistique,exigeants dans <strong>le</strong> bon sens du terme, dansdes vil<strong>le</strong>s de Seine-Saint-Denis où il n’y enavait pas, et de toucher <strong>le</strong> plus large publicpossib<strong>le</strong>.n Arrivez-vous à la remplir ?XL : Banlieues B<strong>le</strong>ues n’a rien d’une utopie,c’est bien réel ! A condition de ne pas s’enlaisser conter par la standardisation des goûts,<strong>le</strong> consensus tiède et <strong>le</strong>s produits d’industrie,la musique n’a jamais été aussi incroyab<strong>le</strong>mentouverte et diverse, vive, créative et richede rencontres qu’aujourd’hui. Ces musiquesqu’on dit « singulières » parce qu’el<strong>le</strong>s sontartisana<strong>le</strong>s et non formatées, on peut <strong>le</strong>s mettre en relation avec<strong>le</strong>s gens sans trop d’étapes ni de procédures, à des tarifs accessib<strong>le</strong>s.Et élargir <strong>le</strong> public d’aujourd’hui et de demain à grandrenfort d’actions musica<strong>le</strong>s, d’ateliers de pratique et d’éducationartistique, envers <strong>le</strong>s jeunes notamment.n Comment arrivez-vous à maintenir uneprogrammation exigeante sur <strong>le</strong> plan économique ?XL : C’est en effet un travail d’équilibriste. Un solide réseau national,européen et international, permet de cerner au plus juste<strong>le</strong>s coûts artistiques, de monter des coproductions, d’être réactifsur <strong>le</strong>s opportunités. La Dynamo de Banlieues B<strong>le</strong>ues, avec sesespaces de répétitions, joue p<strong>le</strong>inement son rô<strong>le</strong> en permettantdes économies d’échel<strong>le</strong> et de nouveauxmodes de coproductions. Et <strong>le</strong>s rapports deconfiance et de complicité avec <strong>le</strong>s artistesont beaucoup aidé.n Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>sdifficultés rencontrées ?XL : Les moyens pour la création et <strong>le</strong> risqueartistique s’amenuisent. Le statut et <strong>le</strong> travaildes musiciens ont été fragilisés. La concentrationà l’œuvre dans l’industrie musica<strong>le</strong>(majors, médias, audiovisuel, plateformesnumériques) à but uniquement lucratif exerceune pression de plus en plus forte, y comprissur <strong>le</strong>s politiques et <strong>le</strong>s goûts du public. Carame dur, parfois contre vents et marées…Mais <strong>le</strong>s mauvaises tendances sont faitespour être inversées !n Banlieues B<strong>le</strong>ues fête cetteannée sa 30 ème édition. Est ce quevotre durabilité se conjugue avecpérennité ?XL : Aucune idée. On vit dans un <strong>monde</strong> où tout peut arriver. Pourmoi, la question de la pérennité est plus large. Comment <strong>le</strong> servicepublic de la culture s’applique-t-il dans des territoires comme labanlieue aujourd’hui ? Quel<strong>le</strong> place pour la création et la diversitéculturel<strong>le</strong> ? Et tous <strong>le</strong>s publics peuvent-ils y avoir accès ? Au fait,viendrez-vous danser en avril en Seine-Saint-Denis ?• www.banlieuesb<strong>le</strong>ues.orgl Voir aussi page 17 et 67l Interview intégra<strong>le</strong> sur www.mondomix.com