54AFRIQUEres dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>ffffgMONDOMIXm'aimefffffIdir“Neveo”(Sony Music)Vingt ans que <strong>le</strong>s inconditionnelsdu célèbre chantre de la chansonkaby<strong>le</strong> attendaient son retour ensolo ! Avec Neveo, il ne <strong>le</strong>s décevrapas. En onze morceaux qui oscil<strong>le</strong>ntentre reprises et compositions,Idir revient sur ce qui l’a formé: <strong>le</strong>s paysages de son enfance,<strong>le</strong>s mélodies qui l’ont inspiré, lapaternité, et bien sûr sa mère,décédée il y a quelques mois et àlaquel<strong>le</strong> il dédie <strong>le</strong> poème final. Desclassiques comme Plaisir d’amourou L’Hymne à la joie sont revisitésavec des sonorités berbères qui,emmenées par une flûte bédouineet <strong>le</strong> rythme du bendir, étonnentautant qu’el<strong>le</strong>s séduisent. Armé desa douce voix et de son grandcœur, Idir poursuit son combatpour la reconnaissance d’uneidentité amazigh avec un disqueprofondément enraciné mais quiregarde au loin. Nadia AciECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecVarious Artists“AfroSoul #1”(AfroSoul/Buda Musique/Universal)res dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXm'aimeEn plaçant sa première sé<strong>le</strong>ctionde musiques africaines sous <strong>le</strong>sauspices bienveillants des blackpresidents Fela et Sankara, JeanBerry, fondateur de la série Afrosoul,revendique un parti pris exigeant,entre héritage traditionnel etmusique urbaine. Du groove vaudoudu Yes I Know de Peter Solo à lapuissance des incartades gnawasde Fanga, as montpelliérains del’afrobeat, du chant inspiré duN’tatala du griot urbain Djeli MoussaCondé, au Ya Nari Revolution façonprotest song de la Tunisienne AminaAnnabi, sans oublier <strong>le</strong>s guitarestouareg de Nabil Othmani, cettesé<strong>le</strong>ction de 16 titres dresse unalléchant panorama pour quiaurait besoin d’un guide pours’aventurer dans la jung<strong>le</strong> desmusiques africaines. SQ’ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecfffffEbo Taylor“Ebo Taylor”“Conflict”(Essiebons/Mr Bongo)La reconnaissance internationa<strong>le</strong>d’Ebo Taylor aura été longue àvenir. Le guitariste ghanéen avaitfêté ses 74 ans lorsque l’originalitéde sa vision musica<strong>le</strong> a enfin éclatéaux oreil<strong>le</strong>s du <strong>monde</strong> entier via lasortie de Love and Death, en 2009.L’homme n’avait pourtant guèrechômé depuis ses débuts dans<strong>le</strong>s années 50, jammant dans <strong>le</strong>Londres des années 60 avec Fela,faisant résonner sa guitare subti<strong>le</strong>et jazzy sur des dizaines de sing<strong>le</strong>sdans <strong>le</strong>s studios d’Accra. A la findes années 70, Ebo Taylor franchit<strong>le</strong> cap de l’aventure solo, avecdeux albums ici réédités pour lapremière fois dans <strong>le</strong>ur intégralité.Une révélation : si <strong>le</strong> premier, EboTaylor (1977), commence pardéployer un highlife chaloupé, léger,<strong>le</strong> voilà qui bifurque en son centrevers un afrobeat resp<strong>le</strong>ndissant,innervé de funk et de jazz (OhyeAtar Gyan, Heaven). Conflict, parutrois ans plus tard, est encoreplus explosif, qui s’appuie sur desgrooves tentaculaires pour asseoirdes morceaux d’une puissanceredoutab<strong>le</strong> (Love and Death ouWhat is Life, que Taylor revisita en2009). A ranger à proximité desmeil<strong>le</strong>urs Fela.Bertrand BouardECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecres dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXm'aimefffffRetrouvez deuxtitres extraitsde chacundes disqueschroniqués ici surRadiomix,la webradiode <strong>Mondomix</strong>,disponib<strong>le</strong> sur sonsite en partenariatavec Yasound.Cesaria Evora“Mãe Carinhosa”(Sonymusic)Plus d’un an après sa mort,la « diva aux pieds nus » nousenvoûte encore avec une sériede mornas et de coladeras quicontiennent toute la saudadedu Cap Vert. C’est à l’initiativede son producteur et ami detoujours José Da Silva que l’ondoit cet opus posthume qui aplutôt l’allure d’un nouvel album.Recueil d’inédits laissés de côtéau fur et à mesure des sessionsd’enregistrements entre CaboVerde (1997) et Rogamar (2005),Mãe Carinhosa (« mère tendresse» en français) rassemb<strong>le</strong> la plupartdes auteurs avec <strong>le</strong>squels Cize(son surnom sur l’î<strong>le</strong> de Mindelo) atravaillé tout au long de sa carrière: des « anciens » comme B. Leza,Manuel de Novas ou EpifaniaEvora, mais aussi des artistesactuels comme Teofilo Chantreou Nando Da Cruz. Entre unereprise du boléro Dos Palabras et <strong>le</strong>standard enso<strong>le</strong>illé Cme catchorr,on retrouve, réconfortés, <strong>le</strong> charmeondulé de cette voix reconnaissab<strong>le</strong>entre toutes et dont la flamme n’estpas près de s’éteindre. Nadia AciECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecKiki Gyanffffg“24 Hours in a Disco 1978-1982”(Soundway Records)Cette compilation centre son propossur l’œuvre de Kiki Gyan, considéréà juste titre comme l’un des plusgrands claviéristes africains.Souvent comparé à StevieWonder, ce multi-instrumentisteghanéen a commencé sa carrièreen 1975. Il fut un temps l’hommeaux claviers d’Osibisa, <strong>le</strong> superband africain basé à Londresqu’il quittera pour des différentsfinanciers en 1978. Très demandéà cette époque, Kofi Kwarko (sonvrai nom) s’est ensuite lancé dansune carrière solo sous la bannièredu disco comme en témoignent cessept titres brûlants. Il s’est éteinten 2005, emporté par <strong>le</strong> SIDA.L’écoute de ces morceaux choisis(Disco Dancer, Sexy Dancer…)suffit à replacer l’artiste dans unmouvement musical où <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>ntcôtoyait <strong>le</strong>s pail<strong>le</strong>ttes et la fête. SQ’ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecn°56 Mars/Avril 2013
Amériques55Caetano Veloso“Abraçaço”(Universal)res dans <strong>le</strong> <strong>monde</strong>MONDOMIXm'aimeAbraçaço, c’est la forme superlative d’« abraçao » (« embrassade»), qui est la norme affective pour tout courrier é<strong>le</strong>ctroniqueau Brésil. Caetano Veloso la fait sienne pour saluer sacommunauté dans ce nouveau disque. Ce n’est pas <strong>le</strong> seu<strong>le</strong>mprunt à l’univers des emails, puisque la chanson Parabens,autre classique des formu<strong>le</strong>s épistolaires (« Félicitations »),n’est ni plus ni moins que <strong>le</strong> texte envoyé par <strong>le</strong> réalisateur Mauro Lima au chanteur pourson anniversaire. Et la mélodie de Gayana lui a été suggérée par <strong>le</strong> fichier vidéo que lui aadressé Rogerio Duarte, cultissime tropicaliste.Tout ceci n’est pas anodin, mais réaffirme à qui en aurait douté combien Caetano Veloso estun homme branché sur son époque (voir son compte Twitter), c’est-à-dire tout autant soucieuxdu passé. Cette ontologique contradiction irrigue toute sa pensée, toute sa musique,depuis toujours. Sa discographie est ainsi composée de références majuscu<strong>le</strong>s percutéesaux ultimes mouvements du <strong>monde</strong>. Chaque album contient tout à la fois des formes fondéessur <strong>le</strong>s figures de sty<strong>le</strong> et des formats prospectifs. Cette manière de voir, de faire raisonner <strong>le</strong><strong>monde</strong>, est encore à l’œuvre dans cet album qui clôt une trilogie, débutée par <strong>le</strong> nerveux Cêet <strong>le</strong> plus doux-amer Zii e Zie.Entouré par la même équipe, co-produit par son fils Moreno et Pedro Sa, son fidè<strong>le</strong> lieutenant àl’énergique guitare é<strong>le</strong>ctrique, Caetano met encore en avant la guitare, qui lui a servi à écrire <strong>le</strong>répertoire. Rauque et quasi noisy, cristalline et limite blues, el<strong>le</strong> se joue de multip<strong>le</strong>s sonorités,qui soulignent entre <strong>le</strong>s lignes sa voix de velours, son écriture subti<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong> genre, l’introductifA Bossa Nova E Foda, titre ambigu que l’on peut traduire par « Putain, la bossa nova ! », oùVeloso évoque <strong>le</strong> « sorcier de Juazeiro », Joao Gilberto, sert de modè<strong>le</strong> à tout ce qui suit :Caetano passe par tous <strong>le</strong>s états, de la sensuel<strong>le</strong> grâce mélodique aux intempestives sautesd’humeur harmoniques, pour porter un regard décadré sur ce mouvement dont à la fois il futl’héritier et <strong>le</strong> contestataire. Comme <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur résumé de ce qui fait <strong>le</strong> « paradoxal » génie duplus carioca des Bahianais. Jacques DenisECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecffffgECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecFRIKSTAILERS“EN SON DE PAZ”(Waxploitation/Differ-Ant)A l’image des Robocops aux perruques fluo et claviers en forme de fusils laser de sa pochette, <strong>le</strong> nouvelopus du duo argentin Frikstai<strong>le</strong>rs projette la musique sud-américaine vers un futur androïde, quigreffe avec humour et imagination <strong>le</strong>s sonorités latines sur un écrin d’e<strong>le</strong>ctro hi-fi. Révélé grâceau label ZZK, <strong>le</strong> tandem originaire de Mendoza et désormais relocalisé au Mexique, signe une sériede compositions variées et nuancées qui prouve qu’il est aussi capab<strong>le</strong> de décliner ses ta<strong>le</strong>nts sousce format d’album qui n’est a priori pas <strong>le</strong> sien. Si <strong>le</strong>s missi<strong>le</strong>s tropical bass (Guacha, Dem Can’t StopWe From Talk, qui remixe Anthony B) ponctuent la traversée, on se dé<strong>le</strong>cte tout autant de ses esca<strong>le</strong>sfolkloriques (Murga del Guachin) comme de ses incursions en terres hip hop (Cumbianchamuyo). Y.R.n°56 Mars/Avril 2013