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point de vue07point de vueXavier LemettreBanlieues B<strong>le</strong>ues est un festival qui prend des risques.Rares sont <strong>le</strong>s têtes d’affiches, éc<strong>le</strong>ctiques sont<strong>le</strong>s propositions artistiques. Loin d’être <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t d’unhorizon musical balisé, il s’adresse à la curiosité età l’intelligence des spectateurs. Xavier Lemettre,son directeur, explique <strong>le</strong>s difficultés liées à une visionexigeante de son métier.Propos recueillis par Benjamin MiNiMuM Illustration Noyaun Quel<strong>le</strong> est, pour vous, la missionartistique et socia<strong>le</strong> de votre festival ?Xavier Lemettre : Faire entendre et connaîtrecel<strong>le</strong>s et ceux qui dessinent <strong>le</strong> paysage musicald’aujourd’hui, réunir <strong>le</strong>s conditions pourque <strong>le</strong>s musiciens puissent créer, et porter lamusique là ou el<strong>le</strong> doit l’être, près de tout <strong>le</strong><strong>monde</strong> si possib<strong>le</strong>. La vocation de BanlieuesB<strong>le</strong>ues, dès ses débuts, a été de proposerdes concerts de très forte va<strong>le</strong>ur artistique,exigeants dans <strong>le</strong> bon sens du terme, dansdes vil<strong>le</strong>s de Seine-Saint-Denis où il n’y enavait pas, et de toucher <strong>le</strong> plus large publicpossib<strong>le</strong>.n Arrivez-vous à la remplir ?XL : Banlieues B<strong>le</strong>ues n’a rien d’une utopie,c’est bien réel ! A condition de ne pas s’enlaisser conter par la standardisation des goûts,<strong>le</strong> consensus tiède et <strong>le</strong>s produits d’industrie,la musique n’a jamais été aussi incroyab<strong>le</strong>mentouverte et diverse, vive, créative et richede rencontres qu’aujourd’hui. Ces musiquesqu’on dit « singulières » parce qu’el<strong>le</strong>s sontartisana<strong>le</strong>s et non formatées, on peut <strong>le</strong>s mettre en relation avec<strong>le</strong>s gens sans trop d’étapes ni de procédures, à des tarifs accessib<strong>le</strong>s.Et élargir <strong>le</strong> public d’aujourd’hui et de demain à grandrenfort d’actions musica<strong>le</strong>s, d’ateliers de pratique et d’éducationartistique, envers <strong>le</strong>s jeunes notamment.n Comment arrivez-vous à maintenir uneprogrammation exigeante sur <strong>le</strong> plan économique ?XL : C’est en effet un travail d’équilibriste. Un solide réseau national,européen et international, permet de cerner au plus juste<strong>le</strong>s coûts artistiques, de monter des coproductions, d’être réactifsur <strong>le</strong>s opportunités. La Dynamo de Banlieues B<strong>le</strong>ues, avec sesespaces de répétitions, joue p<strong>le</strong>inement son rô<strong>le</strong> en permettantdes économies d’échel<strong>le</strong> et de nouveauxmodes de coproductions. Et <strong>le</strong>s rapports deconfiance et de complicité avec <strong>le</strong>s artistesont beaucoup aidé.n Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>sdifficultés rencontrées ?XL : Les moyens pour la création et <strong>le</strong> risqueartistique s’amenuisent. Le statut et <strong>le</strong> travaildes musiciens ont été fragilisés. La concentrationà l’œuvre dans l’industrie musica<strong>le</strong>(majors, médias, audiovisuel, plateformesnumériques) à but uniquement lucratif exerceune pression de plus en plus forte, y comprissur <strong>le</strong>s politiques et <strong>le</strong>s goûts du public. Carame dur, parfois contre vents et marées…Mais <strong>le</strong>s mauvaises tendances sont faitespour être inversées !n Banlieues B<strong>le</strong>ues fête cetteannée sa 30 ème édition. Est ce quevotre durabilité se conjugue avecpérennité ?XL : Aucune idée. On vit dans un <strong>monde</strong> où tout peut arriver. Pourmoi, la question de la pérennité est plus large. Comment <strong>le</strong> servicepublic de la culture s’applique-t-il dans des territoires comme labanlieue aujourd’hui ? Quel<strong>le</strong> place pour la création et la diversitéculturel<strong>le</strong> ? Et tous <strong>le</strong>s publics peuvent-ils y avoir accès ? Au fait,viendrez-vous danser en avril en Seine-Saint-Denis ?• www.banlieuesb<strong>le</strong>ues.orgl Voir aussi page 17 et 67l Interview intégra<strong>le</strong> sur www.mondomix.com