14.07.2015 Views

Fenêtres sur cours - SNUipp

Fenêtres sur cours - SNUipp

Fenêtres sur cours - SNUipp

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

VIOLENCE-SPORT :1 PARTOUTDu coup de boule de Zidane, aux violences récentes dans et autour des stades, le rapport entre sport et violenceinterroge.Si le sport est émotion, passion,Sépanouissement, éducation, s’il favorisel’insertion et permet parfoisl’intégration, il est aussi, simultanémentou successivement, déraisonet violences.La banalisation des injures, voire descoups infligés aux arbitres, la généralisationde la pratique du dopage par les sportifsles plus glorieux, rappellent l'ambivalencedu sport : d'un côté il est conquête<strong>sur</strong> soi-même, de l'autre volonté de domination; d’un côté il oblige à cultiver lamaîtrise de soi, de l'autre il développel'agressivité ; d'un côté il inspire la joie dela victoire désintéressée, de l'autre il entretientl'ivresse de l'argent et du pouvoir.Alors le sport, activité sociale comme uneautre, doit-il et peut-il être meilleur que lereste de la société ?Il y a quelques années une enquête del’Inserm interrogeait en affirmant que lescomportements agressifs n’étaient pasapaisés par la pratique d’un sport. Ellemontrait même un lien entre le degré deviolence et le nombre d'heures passées <strong>sur</strong>le terrain. Une idée partagée par LucCollard, chercheur à la Faculté dessciences du sport de l’université dePicardie, et auteur du livre Sport et agressivitépour qui « le sport, dans son acceptionla plus forte, c’est à dire une activitéphysique, avec des compétitions régléespar le biais de fédérations, procède à unvéritable façonnage de l’agressivité ».Si Pierre de Coubertin, comptait <strong>sur</strong> lesport pour forger les caractères et enseignerle respect des règles du jeu, il n'ignoraitpas pour autant que l'exercice sportiffait appel à des qualités physiques et mentalesplutôt qu'à la vertu. Les dérives et débordementsde certains grands sportifssont d’ailleurs là pour en témoigner.Depuis plusieurs décennies, la médiatisationdu sport le fait pencher du mauvaiscôté et la dénaturation du sport de haut niveaus’accélère. Plus le sport est populaire,plus il est médiatisé, et plus les médiasprivilégient le spectacle et fabriquent desgloires et des stars. Les enchères de lagloire et de l’argent montent. La tentationde la fraude et les pulsions de violence sesaisissent alors des sportifs.Mais, outre les sportifs, la violence,touche également les spectateurs.Ainsi, en quelques jours, laFrance a été le terrain de nombreuxincidents. Un supporter duParis Saint-Germain, a été tué prèsdu Parc des Princes à l'issue d'unmatch, alors qu’il participait à uneagression raciste et antisémite ; àNice, un pompier volontaire a eules doigts déchiquetés suite à l’explosiond’une bombe agricole ; àNancy, des supporters hollandaisont saccagé des tribunes dans undéferlement de haines et de violences.C'est aussi le retour en force et la diffusiondans les stades d'une violence à caractèreethnique, voire religieuse, avec des groupusculesclubs de supporters parfois taxésde néonazisme. Un décret publié récemmentpermet de prononcer leur dissolution.Le message d'unité et de tolérance duMondial 2006 cet été en Allemagne n'estplus qu'un lointain souvenir : attaques xénophobeset éruptions de violences ont reprisde plus belle autour des matches defootball en Europe. Ni les appels à l'amitiéentre les peuples lus par Beckham ouZidane, ni les banderoles « Dites non auracisme » déployées dans le rond centralavant les matches de la Coupe du monde,ni les quatre millions d'euros engagés dansdes opérations de préventions des violencespar le comité d'organisation duMondial n'ont suffi. Chaque semaine crisde singes ou jets de bananes descendentdes tribunes européennes. En Grèce,presque chaque dimanche, les journaux télévisésrapportent des images de bataillesrangées entre supporteurs, de lancers defumigènes contre les policiers, de mises àsac d'aires d'autoroutes ou de ferries.Ce « trop vite, trop haut, trop fort » actuelfait écho aux paroles de Pierre deCoubertin qui en 1929 écrivait « Le sportsera bienfaisant ou nuisible selon la directiondans laquelle on l’aiguillera ». C’estaux milliers d’éducateurs, d’enseignants,de dirigeants de continuer à s’organisercontre ces dérives. Comme le note LucCollard, « dans les écoles, l’éducationUn décret paru en fin d’année, autorise ladissolution des clubs de supporteurs coupablesde violences.physique et sportive s’est démarquée dusport en tant que tel, pour favoriser le développementdes conduites motrices plutôtque la performance pure et dure. Les séquencesd’EPS y sont souvent des activitésmélangeant filles et garçons, de niveaux etde motivations très hétérogènes ; il devientimpossible de faire du sport au sensfort du terme ». Et si elle était là la bonnedirection.P.H.« Nous n’irons plus au stade parce quenous ne comprenons plus pourquoi cesport qu’on nous disait porteur de tantde belles valeurs est complètement détournéde son objet(...) signe dans unelettre ouverte* Jean-Michel Sautreau,le président de l’USEP. Nous retourneronsau stade mais nous ne voulonspas avoir peur ! Nous y retourneronsparce que nous restons persuadés quenous pouvons aussi y grandir, mais pasen y vivant l’horreur. Le sport ne peutpas être autrement qu’humaniste ».L'Usep encadre environ 850 000 écoliersauxquels s'ajoutent des milliers depratiquants occasionnels.*www.usep.org/index.php?option=com_content&task=view&id=237&Itemid=9329

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!