nomène. Le professeur de mathématiquesAndré Antibi a mis en évidence, dans sestravaux, « la constante macabre » qui lespousse malgré eux à donner un pourcentagea minima de mauvaises notes, générantperte de confiance et démotivation (lire cidessous).Une démotivation que les maîtresspécialisés tentent de retourner en travaillantd’abord sur l’estime de soi, justement,comme l’explique RoselindeNivaggioni, maître G à Paris (lire p 17).une démarche d’ouverture, comme le montrentEsther Hamel et Dany Dauphin, enseignantesau Mans qui collaborent sur cettequestion avec Céline Pénelet et ClaraDaviet du Comité départemental d’éducationpour la santé de la Sarthe (lire p 16 et17).Et puis, au-delà des pratiques, le souci de lamise en confiance de l’élève doit être detous les instants, et ce dès la maternelle quiest l’école où l’enfant apprend à être élève.C’est ce que souligne la psychologueAgnès Florin (lire p 19): « il convient d’êtreattentif au regard que l’on porte à l’enfantcar c’est à partir de là qu’il construit de laconfiance ou qu’il se sent compétent. Or, lescompétences des enfants sont celles que lesadultes sont prêts à leur reconnaître. À euxdonc de valoriser là où chacun progresse ».(1): Réussite scolaire et estime de soi, Benoît Galand,scienceshumaines n° 5, Octobre-Novembre 2006,L’école en question.Mais comment anticiper la démotivation etaider l’enfant à construire une estime de soiavant de devoir la reconstruire? La questionest d’autant moins simple que la formationinitiale tout autant que la formation continue,apportent peu de solutions aux enseignants.Ces dernières résident dans les pratiques.Céline Buchs, maître d’enseignementet de recherche en sciences de l’éducationà Genève (lire p 16) en voit au moinsdeux: le travail en petits groupes et l’instaurationd’une démarche coopérative et nonpas compétitive entre les élèves. Les pratiquespassent aussi par un travail en équipe,L’influence de l’évaluation et des notesL’évaluation et les notes qui peuvent en découler influent sur l’estime de soi des élèves.André Antibi a montré l’existence d’une « constante macabre », un terme qui correspondau pourcentage quasi constant d’élèves devant être en situation d’échec pour la crédibilitéde l’évaluation. L’évaluation engendre ainsi « une perte de confiance, une démotivation,un sentiment d’injustice dû à un travail non récompensé, du stress à l’école et égalementà la maison entre les parents et les enfants à propos des notes obtenues ». Le statut del’erreur est ainsi questionné. Doit-elle être une faute sanctionnée par une mauvaise note ouservir de base à une remédiation ultérieure? En fonction de la réponse apportée, elle engendreraou non une dévalorisation de l’estime de soi des élèves. Plus globalement,Delphine Martinot, professeure de psychologie sociale, invite à « aider les élèves à dissocierleur estime de soi dans le domaine scolaire de leurs performances scolaires ».15
DossierEnseig16Plus heureux moins nombreux?Et si le travail en groupe restreint contribuait à améliorer les compétences psychosocialesdes élèves. C'est ce qu'on est tenté de penser à la lecture des premières enquêtespubliées. Celle du <strong>SNUipp</strong> révèle que l'aide personnalisée a un effet positifsur la motivation des élèves (pour 70 % des enseignants), et sur les résultats scolaires(pour 50 %) . Le ministère, de son côté, parle d'efficacité en termes d'attitudesdes élèves « la motivation, la confiance en soi, le comportement dans la classe ».Cette impression est-elle juste? Pour Agnès Florin, le petit groupe, s’il permet uneindividualisation des relations interpersonnelles, ne peut se suffire à lui-même etpose la question des pratiques qui y ont cours. Les CP à effectifs réduits ont montréles limites, explique-t-elle, de la seule problématique des effectifs sans un travail surles options pédagogiques. Céline Buchs, maître d'enseignement et de recherches ensciences de l'éducation à l'université de Genève, a étudié le travail en groupes et lesinteractions entre pairs. Interrogée sur l'effet de ces dispositifs sur l'estime de soi,elle observe que le travail en petits groupes est bénéfique quand il est structuré. Lesrecherches sur ces questions ont même montré que les effets positifs du travail enpetits groupes ne sont pas les mêmes quand ils ont lieu dans une démarche compétitive,individuelle ou coopérative. Pour cette dernière, la chercheuse cite des bénéficesplus grands dans le domaine des efforts vers la réussite, dans celui des relationssociales et individuelles et dans ceux de la santé, de l'estime de soi. Faire travaillerles enfants à une même tâche tout en montrant l'intérêt de la participation dechacun, voilà quelques conditions sans lesquelles le travail en petits groupes peutrester une interaction agréable et sereine mais sans effet durable sur l'image que lesélèves ont d'eux-mêmes.tL'école Michel Angedu Mans participe depuis5 ans au projet deprévention des conduitesaddictives initié parl'iREPS* de nantes.Connaître ses qualités,ses compétences, dire sesémotions, communiquer,autant d'objectifs travaillésà l'aide d'animatrices.ous les jeudis pendant 6 semaines, lesdeux classes de CM1 de l'école Michel-Angeparticipent à une séquence « émotions ».Pendant une heure, accompagnés de leursenseignantes Esther Hamel et Dany Dauphinainsi que de Céline Pénelet et Clara Daviet,chargées de mission du Comité départementald'éducation pour la santé (CODES) de laSarthe, l'occasion leur est donnée de définirles émotions, de les appréhender, d'en parler.Les objectifs sont de « développer saconnaissance de soi, ses potentiels de communication,sa créativité, son rapport actif àl'environnement ». Ils ont été définis dans lecadre du projet de prévention primaire desconduites addictives en milieu scolaire(PPCA) financé par le conseil régional desPays de Loire. « Ce projet se situe dans uncadre large d'éducation à la santé qu'on cantonnetrop souvent aux soins », expliqueGilles Rouby, directeur de l'école qui insistesur l'importance du travail avec les partenairesdont fait partie le CODES. Cette écolesituée en Réseau de réussite scolaire bénéficiede ces animations pour la 5ème annéeconsécutive. « Les enfants sont suivis par cohortesur trois années, du CE2 au CM2, avecchaque fois des thématiques différentes »,explique encore le directeur. Cette annéedonc, les émotions. « Nous travaillons enamont avec les enseignantes », raconte ClaraDaviet qui intervient dans la classe de Dany.« Nous sommes force de proposition maisnous essayons d'être au plus prês des intérêtsqu'elles expriment. ». L'accent a été mis,cette année, sur la littérature jeunesse avec la