14.07.2015 Views

Télécharger - SNUipp

Télécharger - SNUipp

Télécharger - SNUipp

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

« Être soucieux dela personnalité de l’enfant »Pour Agnès Florin, l’école devrait se montrer plus attentive au développementde la personne, à ses émotions, ses états mentaux.Estime de soi, confiance en soi, relation auxautres, ces notions ont-elles un effet sur lesapprentissages?De nombreuses études ont montré depuislongtemps que les performances des élèvesne s’expliquaient pas seulement par desopérations cognitives mais aussi par l’effetde nombreuses variables telles que la motivation,les relations avec les enseignants etles pairs, l’estime de soi, l’espérance deréussite. Toutes ces dimensions assez disparatesrenvoient en fait à ce que l’on appelledes compétences conatives. Celles-ci créentune dynamique motivationnelle qui affectedirectement le degré d’implication d’unélève dans une tâche scolaire. Les comparaisonsinternationales sont venues nousalerter sur le fait que nous prenions globalementpeu en compte ces dimensions alorsqu’au contraire, d'autres pays se montrentplus soucieux du développement de la personnalitéglobale de l’enfant.Pourquoi notre système sous estime-t-ilcette question?En France, notre école apparaît avant toutcentrée sur les notions de performances àpartir de conceptions assez traditionnellesdes apprentissages. Notre système a un aspectélitiste favorisant le repérage et la sélectiondes meilleurs et ce de manière précoce.Dès cinq ans, un quart des élèves quenous avons interrogés manquent deconfiance en eux, voire sont capables de seclasser par rapport à leurs camarades, alorsqu'en maternelle, la note n’a pas cours. Celasignifie que parfois des regards, des évaluationsimplicites et explicites renvoyés auxenfants peuvent avoir un impact dévalorisantsur leur propre personne. Très tôt, il estdonc nécessaire d’être attentif à ces malaisesavant qu’ils ne génèrent de la difficultéscolaire.Quelles sont ces attentions?Lorsque les personnes ont le sentiment quece qu’elles font n’a pas d’effet sur leur environnement,elles se découragent. Ce queles chercheurs appellent « la résignationapprise » entraîne des performances encoreplus faibles. Il convient donc d’être attentifau regard que l’on porte à l’enfant car c’està partir de là qu’il construit de la confianceou qu’il se sent compétent. Or, les compétencesdes enfants sont celles que lesadultes sont prêts à lui reconnaître. À euxdonc de valoriser là où chacun progresse.De même, il est important de développer enclasse la compréhension des états mentauxd'autrui: prendre conscience que l’autre ades désirs, des savoirs, qu’il ressent deschoses quand l'autre agit. Cela passe par untravail de verbalisation des émotions aussibien dans la relation entre les enfantsqu’entre enfants et adultes. C’est loin d’êtreinutile puisqu’on touche aux apprentissagessociaux, langagiers et de communication.Au Québec, ces pratiques sont courantes,les enseignants disposant d’outils pédagogiquesdans ce domaine.Travailler sur ces dimensions conativespeut-il aussi aider des élèves en difficultésscolaires?Dans l’académie de Nantes, un programmemené auprès des classes de sixième a permisde remobiliser les élèves en difficultéface à l’écrit. Cela passait par de l’autoévaluation,les élèves notant ce qu’ilsavaient appris, ce qu’ils pensaient faire laséance prochaine et leur sentiment personnel.Idem pour les enseignants dans leurperception de la conduite de la séance. On atravaillé aussi sur l’erreur, non comme fautemais comme moyen de progresser.À partir de ces approches, il a été possibled’ajuster la demande aux capacités individuellesdes élèves en leur permettant defaire l’expérience de la réussite. En cassantainsi la spirale du découragement, nousavons noté des effets positifs, non seulementsur les attitudes des élèves face àl’écrit, mais aussi sur leur production écrite.Entretien avecAgnès FlorinProfesseure de psychologie de l’enfant etde l’éducation à l’université de Nantes.Auteure, avec P. Vrignaud, de Réussir àl’école: les effets des dimensions conativesen éducation, Rennes : PressesUniversitaires de Rennes, (2007).Comment faire pour que ces questions pénètrentun peu mieux la culture professionnelledes enseignants?Nous manquons de supports pédagogiquesdans ce domaine mais aussi de formationinitiale et continue. Il faudrait proposer uneformation suffisante en psychologie du développement,dans les approches cognitivesdes apprentissages et les aspects tels que lamotivation, la construction de l'identité etde la personnalité, en dynamique de groupeet gestion des conflits. Cela sera-t-il présentdans les nouveaux masters de la formationdes maîtres? De plus, les enseignants disentressentir une certaine solitude face à leurspropres difficultés avec les élèves. Dansd’autres métiers - du secteur de la santé parexemple - il existe des réunions périodiquesdes professionnels, dites de régulation, pourdiscuter des problèmes vécus dans l'exercicedu métier. Ne pourrait-on pas égalementl’envisager pour les enseignants?19

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!