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Télécharger ActuaLitté, le papiel, #4 de novembre

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Pour s’entretenir« Les mots sont plus importantsque <strong>le</strong>s images »Interview <strong>de</strong> Bettina RheimsPropos recueillis par Adrien Aszerman© Istvan Nicolas Vass GaryQuel est votre rapport au livre ?Un rapport boulimique et passionnel. Je me fait parfois <strong>de</strong>spi<strong>le</strong>s entières <strong>de</strong> livres à lire… Gran<strong>de</strong> <strong>le</strong>ctrice, je dévore <strong>le</strong>slivres <strong>de</strong> tous genres, sauf durant certaines pério<strong>de</strong>s intensessur <strong>le</strong> plan professionnel<strong>le</strong>s où je me cantonne à <strong>de</strong>s romanset à <strong>de</strong>s ouvrages sur <strong>le</strong>s surréalisme. Je col<strong>le</strong>ctionne <strong>le</strong>s livresphotos <strong>de</strong>puis 25 ans, bons ou mauvais sans distinction,estimant qu’il y a toujours quelque chose à sauver.Ma col<strong>le</strong>ction est suffisamment importante pour quej’envisage, un jour, <strong>de</strong> la cé<strong>de</strong>r à une bibliothèque.Mon rapport au livre est tel que je n’envisage jamais <strong>de</strong> <strong>le</strong>jeter, même s’il est mauvais. Je n’achètera par contre jamaisd’iPad du fait d’un trop grand amour du papier, du plaisird’entrer dans une librairie parce que la couverture d’un livreme plait. Je suis toujours envieuse <strong>de</strong> mes copains critiquesqui reçoivent tant <strong>de</strong> livres. Et, sans par<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s écrivains avecqui j’ai partagé <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> route, j’affectionne éga<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s musées <strong>de</strong> livres.Les mots trouvent-ils <strong>le</strong>ur place dans votre métier ?Les mots sont plus importants que <strong>le</strong>s images. Mes imagespar<strong>le</strong>nt simp<strong>le</strong>ment mieux que <strong>le</strong>s mots. Je rédige une liste<strong>de</strong> mots avant la prise <strong>de</strong> chaque photo, qui ensuite <strong>de</strong>viennentimage. Par moment j’écris, rien <strong>de</strong> publiab<strong>le</strong> que je range,avant d’écrire à nouveau.Vos livres photos s’inscrivent dans cet esprit ?Ils sont très importants. J’aime beaucoup. Beaucoup n’en fontpas, laissant <strong>le</strong>s marchands faire <strong>le</strong>ur catalogue. Pour moi<strong>le</strong>s livres photos sont importants parce que je suis davantagetouchée quand quelqu’un achète mon livre en librairie quelorsqu’il achète l’un <strong>de</strong> mes tirages, qui va<strong>le</strong>nt pourtant trèscher. Quand je vais quelque part à l’étranger et que je voisl’un <strong>de</strong> mes livres, ça me bou<strong>le</strong>verse. Que quelqu’un achètemon livre et l’amène chez lui... Je fais mon travail plus pourfaire <strong>de</strong>s livres que <strong>de</strong>s expositions. D’où mon travail avecSerge Bramly, avec qui je conçois d’abord <strong>le</strong> travail pour faireun livre qui ne prendra que dans un second temps la formed’une exposition.Comment cela s’inscrit-il dans votre processus <strong>de</strong> création ?J’ai un long bureau dans mon studio. Durant une gran<strong>de</strong>phase <strong>le</strong>s images sont par terre et je regar<strong>de</strong> comment el<strong>le</strong>sconversent <strong>le</strong>s une <strong>le</strong>s autres, comment l’histoire se tisse.Je sais ce que je fais mais sans pouvoir en par<strong>le</strong>r, ni l’expliquer.Avec ce chemin <strong>de</strong> fer, son début, son milieu et sa fin, viennentla clé <strong>de</strong> ce que j’ai fait. Et <strong>le</strong> livre vient dans la compréhension<strong>de</strong> cette clé. Ensuite je vais à l’imprimerie et je dors - presquelittéra<strong>le</strong>ment - sur <strong>le</strong>s machines. Pour I.N.R.I j’ai passé 12jours et nuits sur un canapé dans <strong>le</strong> bureau <strong>de</strong> l’imprimeur.Je ne voulais pas qu’une planche tombe sans que je sois là.Quel<strong>le</strong> place accor<strong>de</strong>z-vous au numérique ?J’ai découvert Internet cette année. Je n’avais jusqu’à présentpas d’ordinateur et l’on m’a dit qu’il fallait que ça suffise.Qu’on ne pouvait plus me lire <strong>le</strong>s mails au téléphone, etc.Je vais donc sur Internet <strong>de</strong>puis peu. J’en suis arrivée à me dire,après avoir vu <strong>le</strong>s sites qui parlaient <strong>de</strong> moi nuls et sans image,froids, désincarnés, qu’il m’en fallait un à moi.Les sites d’images me perturbent car je trouve que si l’onne sait pas quoi chercher, on ne sait pas sur quoi on va tomber.C’est encore un nouveau mon<strong>de</strong>.Bettina Rheims est photographe, officier <strong>de</strong> la Légion d’honneur.Auteur <strong>de</strong> la photographie officiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Jacques Chirac en 1995,el<strong>le</strong> a réalisé pour Paris Match en 2007 une série <strong>de</strong> photos surNicolas Sarkozy. El<strong>le</strong> est prési<strong>de</strong>nt du jury du concours <strong>de</strong> photo<strong>de</strong> Deauvil<strong>le</strong> «la 25ème heure».Pour en savoir plus www.bettinarheims.com30

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