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© D. R.<br />
AKI SHIMAZAKI<br />
En toute<br />
discrétion<br />
LES CHOIX DE LA RÉDACTION<br />
LE MONDE PAR-DESSUS LA TÊTE<br />
Caroline Paquet, XYZ éditeur<br />
246 p., 24,95$<br />
Avec son ton qui se rapproche du<br />
conte, ce premier roman possède<br />
toutes les qualités pour nous entraîner<br />
dans un univers où la réalité s’échappe<br />
dans les interstices que comblent des narrateurs enfants,<br />
avec leurs propres référents du moment. Trois histoires<br />
d’enfance qui font chaud au cœur et qui proposent de<br />
caresser une certaine nostalgie du vieux temps.<br />
NAUFRAGE<br />
Biz, Leméac, 136 p., 18,95$<br />
Q<br />
l i t t é r a t u r e Q U É B É C O I S E<br />
Les éditions de poche Nomades nous offrent l’occasion en or de<br />
(re)plonger dans l’œuvre de la grande Aki Shimazaki, en rééditant la<br />
pentalogie « Le poids des secrets ». Si, malgré le succès critique et les<br />
nombreux prix qu’elle a reçus, l’auteure d’origine nipponne demeurant<br />
depuis 1991 à Montréal a fait peu parler d’elle, c’est en raison de sa<br />
grande discrétion. Préférant laisser ses œuvres se déployer de façon<br />
autonome, Aki Shimazaki s’impose avec force dans la littérature<br />
migrante québécoise.<br />
Par Josée-Anne Paradis<br />
La pentalogie « Le poids des secrets » regroupe cinq romans de moins de 150 pages –<br />
Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru –, qui se caractérisent<br />
par un style sans fioritures, allant droit à l’essentiel, en maintenant toutefois une<br />
retenue exemplaire, caractéristique des mœurs japonaises. Il ne s’agit pas tout à<br />
fait d’une série – il est possible de les lire dans l’ordre ou dans le désordre –, mais<br />
plutôt d’un cycle romanesque composé de différents tableaux dont les personnages<br />
sont liés entre eux, dont les histoires, qui s’imbriquent les unes dans les autres,<br />
se déploient sur plusieurs générations et se laissent découvrir à coup de secrets<br />
familiaux dévoilés non sans grande émotion. Des histoires d’amour, d’enfants<br />
illégitimes, et encore d’amour.<br />
Dans « Le poids des secrets », on retrouve toujours ce Japon qui a subi la bombe<br />
nucléaire et dont les victimes parlent peu, ce Japon avec ses traditions, ses mariages<br />
imposés ainsi que ses tabous quasi impossibles à braver et ces liens forts entre<br />
petits-enfants et grands-parents. En utilisant comme toile de fond la guerre et le<br />
contexte politique du milieu des années du XX e siècle, Aki Shimazaki nous permet<br />
de revivre l’horreur du passé, sans pour autant donner une teneur dramatique<br />
à ses récits. Si tragédies il y a, c’est dans les concessions de cœur que font ses<br />
personnages qu’on les retrouve.<br />
Effectivement, bien qu’il soit question de tromperie, d’adultère, voire de<br />
meurtre, l’essentiel de l’œuvre se retrouve plutôt dans les émotions que vivent<br />
les personnages, dont on découvre la voix de chacun à chaque nouveau roman.<br />
Chacun possède une motivation, souvent plus noble qu’en apparences, d’agir de la<br />
façon dont il le fait. Et chacun porte en lui un lourd secret dont le halo de mystère<br />
se réverbère dans l’écriture retenue de l’auteure. Cette écriture, c’est la marque<br />
d’Aki Shimazaki, puisque rares sont les écrivains qui usent de si peu de mots, qui<br />
vont droit au but avec autant de classe. Écrits directement en français, ses romans<br />
sont depuis traduits dans une douzaine de langues. Quelques mots, et un glossaire<br />
bien sûr, persistent en japonais et donnent aux romans une touche d’exotisme et de<br />
profondeur. On ne le répétera jamais assez : il ne suffit que d’un seul Aki Shimazaki<br />
pour comprendre l’unicité de sa plume.<br />
Alors qu’il vivait des jours paisibles<br />
avec sa femme et son fils, Frédérick<br />
oublie un matin son enfant dans l’auto.<br />
Accablé par une douleur insoutenable,<br />
par la culpabilité et par sa femme qui ne lui pardonne pas,<br />
Frédérick essaie de survivre à cet horrible drame, à cet<br />
immense vide. Peut-on se pardonner l’impardonnable?<br />
Un récit poignant qui frappe fort.<br />
BONSOIR LA MUETTE<br />
France Martineau, Sémaphore<br />
106 p., 17,95$<br />
Après le décès de sa mère, une femme<br />
se remémore son enfance difficile;<br />
elle se sentait alors abandonnée<br />
et négligée, encombrante pour ses parents. Afin<br />
d’échapper à sa dure réalité, elle cesse de parler vers<br />
l’âge de 4 ans. Même si la parole lui revient un an plus<br />
tard, elle s’isole, embrasse le silence, n’ose rien dire.<br />
Une plongée en soi émouvante.<br />
FARÖ<br />
Marie-Christine Boyer, Triptyque<br />
142 p., 22$<br />
Alors que tous les insulaires partent<br />
et désertent l’île Creuse, un homme<br />
s’entête à y demeurer, à y vivre reclus.<br />
Son quotidien d’ermite solitaire,<br />
son havre de silence et de paix, sera bouleversé par<br />
l’arrivée d’un ami, accompagné d’une jeune fille.<br />
Empreinte de mystère, cette histoire est brodée avec<br />
finesse et douceur.<br />
L’INCONNU DE SANDY COVE<br />
Sylvie Ouellette, Druide<br />
352 p., 24,95$<br />
Après vingt ans d’absence et porteuse<br />
d’un secret, Élise revient chez elle<br />
en Nouvelle-Écosse où elle tentera<br />
d’élucider le mystère entourant<br />
Jérôme, un homme découvert jadis sur la plage, dont<br />
personne ne connaît l’identité. Un roman fascinant<br />
à l’atmosphère énigmatique, qui met en scène des<br />
personnages attachants, et qui s’inspire d’une légende<br />
du folklore acadien.<br />
LES LIBRAIRES • FÉVRIER-MARS 2016 • 13