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J<br />

L’ÉCOLE DES LOISIRS<br />

50 ans<br />

au service de la<br />

littérature et de ses lecteurs<br />

l i t t é r a t u r e J E U N E S S E<br />

2015 aura été une année marquante pour L’école des loisirs,<br />

maison d’édition française spécialisée en littérature jeunesse.<br />

En effet, elle célébrait son 50 e anniversaire de fondation.<br />

À l’occasion du Salon du livre de Montréal, nous nous sommes<br />

entretenus avec Louis Delas, directeur général de L’école des<br />

loisirs. Voici le résultat de cette conversation entre un libraire<br />

et un éditeur jeunesse.<br />

Par Pierre-Alexandre Bonin, de la librairie Monet (Montréal)<br />

© Tous droits réservés<br />

En cinquante ans d’existence, les éditions de L’école des loisirs ont connu<br />

d’importants changements. Mais qu’en est-il de la littérature jeunesse? Pour<br />

M. Delas, les années 60 ont été le cadre d’un bouleversement de la littérature<br />

jeunesse. Selon lui, « avant les années 60, la littérature était assez formatée,<br />

assez scolaire et finalement assez ennuyeuse. Et puis,<br />

dans les années 60, il y a eu la création de L’école des<br />

loisirs, il y a eu Pomme d’Api, il y a eu la Bibliothèque<br />

Rose. Il y avait un mouvement au cœur duquel L’école<br />

des loisirs était et dans lequel il y a eu une libéralisation<br />

de la parole ». En plus de profiter d’une conjoncture<br />

favorable, L’école des loisirs a donc su mettre en place<br />

des éléments qui ont assuré son succès. C’est ce qui<br />

explique que certains albums publiés aux débuts de la<br />

maison d’édition soient encore aujourd’hui<br />

bien présents sur le marché du livre.<br />

Il y a également des facteurs qui<br />

forment la clé de voûte de la vision<br />

éditoriale de la maison d’édition, et ce,<br />

depuis sa fondation. Pour Louis Delas, il<br />

y en a quatre : la liberté et l’indépendance,<br />

la sélectivité éditoriale, le partenariat avec<br />

les libraires et, finalement, les médiateurs<br />

du livre (professeurs, bibliothécaires,<br />

parents). Pour M. Delas, « l’indépendance<br />

nous donne la liberté de choix et la liberté du temps ». En<br />

retour, cette liberté du temps permet à L’école des loisirs<br />

de maintenir un cap éditorial et d’accompagner les auteurs.<br />

Quant au partenariat avec les libraires, la raison est simple : «Vous pouvez<br />

faire les meilleurs livres du monde, s’ils ne sont pas vendus, eh bien, ça ne<br />

sert à rien. » Le rapport qu’entretient la maison d’édition avec les médiateurs<br />

s’inscrit dans la même veine, puisque ce sont ceux-ci qui mettent les livres<br />

entre les mains des enfants, même s’ils ne sont pas nécessairement en contact<br />

avec la littérature à l’extérieur de l’école.<br />

Depuis quelques années, leur travail porte ses fruits, puisqu’on assiste à<br />

un regain d’intérêt pour la littérature jeunesse en France. Selon M. Delas,<br />

le livre jeunesse y est le deuxième secteur d’édition en importance. Cette<br />

Il s’inquiète quelque peu des<br />

effets pervers possibles quant<br />

aux conséquences de la forte<br />

présence gouvernementale<br />

dans l’aide à l’édition,<br />

particulièrement sur<br />

le livre jeunesse.<br />

situation s’explique par le fait que « l’environnement culturel en France est<br />

très dynamique et je pense que les gens, les différents acteurs et le public<br />

sont conscients de l’importance du livre pour l’éducation d’un enfant ». Mais<br />

qu’en est-il de la littérature jeunesse de l’autre côté de l’Atlantique?<br />

Questionné à ce sujet, M. Delas constate avec plaisir<br />

qu’« il y a à l’évidence une grande dynamique de<br />

création au Québec, une magnifique énergie, une<br />

grande créativité ». Toutefois, il s’inquiète quelque peu<br />

des effets pervers possibles quant aux conséquences<br />

de la forte présence gouvernementale dans l’aide à<br />

l’édition, particulièrement sur le livre jeunesse. Pour<br />

lui, « il faudrait être attentif à ce que ce soutien très fort<br />

du gouvernement ne coïncide pas avec un autobridage<br />

de la création. Donc, il faut une remise en cause<br />

permanente, une réflexion et de la liberté ».<br />

Cette liberté se retrouve dans le traitement de certains<br />

sujets qui soulèvent les passions, en France ou ailleurs<br />

dans le monde, où les cas de censure de la littérature<br />

jeunesse surgissent encore aujourd’hui. La position de<br />

Louis Delas à ce sujet est claire : « Il n’y a aucun<br />

sujet tabou à partir du moment où ce sont des<br />

sujets auxquels les enfants sont confrontés, sur<br />

lesquels les enfants ont des questionnements,<br />

des interrogations. Par contre, il faut que<br />

le sujet soit traité avec talent. Ce qui est<br />

inacceptable, c’est un opportunisme sur des<br />

sujets polémiques et qu’en plus, ce soit fait<br />

sans talent. » Cette ouverture sur une pluralité<br />

de sujets et sur cette recherche du traitement<br />

intelligent ont donné certaines des œuvres les<br />

plus marquantes de L’école des loisirs.<br />

L’école des loisirs a donc su se renouveler et se réinventer, tout en demeurant<br />

fidèle à ses principes fondateurs. Le résultat? Cinquante ans de passion, de<br />

création et d’œuvres marquantes. Il ne nous reste plus qu’à lui souhaiter une<br />

longévité au moins aussi longue.<br />

LES LIBRAIRES • FÉVRIER-MARS 2016 • 59

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