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MARS 2016 / Même pas peur N o 6 / 15<br />
LE DON DE CON<br />
Je suis pour. Je suis pour le don de cons.<br />
J’ai trop envie de faire des dons de cons.<br />
Généralement, je donne pour tout. Aux<br />
avachis du trottoir, sales comme job et<br />
alcoolos-pauf-cons, je donne. Pour la<br />
planète, contre la misère, je donne. Pour<br />
l’eau, contre la faim, je donne. Et puis,<br />
j’ai entendu parler des dons de congés.<br />
C’est un beau roman, une belle histoire,<br />
une merveilleuse idée qui a germé dans<br />
les cerveaux d’élite des tireurs de marrons<br />
du feu. Alors là, je ne pouvais pas<br />
faire autrement, j’ai décidé de faire un<br />
don de cons. Je vais donc offrir les cons<br />
qui nous gouvernent à Donald Trump. Il<br />
en fera ce qu’il voudra, de préférence du<br />
pâté pour pit-bull...<br />
Un élan de solidarité<br />
En France, une veuve, élevant seule ses<br />
trois enfants, a reçu une aide formidable<br />
de ses collègues pour rester auprès de<br />
son fils atteint d’une tumeur au cerveau :<br />
213 jours de congé. Chapeau bas aux<br />
collègues. Et, générosité quand tu nous<br />
tiens, tout ça avec « l’aval de la direction ».<br />
Quel appétit. Formidable direction qui a<br />
accepté que ses employés travaillent plus<br />
par solidarité !<br />
La loi « Don de con »<br />
Le MR et le CDH ont déposé deux projets<br />
de loi pour réglementer le don de<br />
congés entre collègues. La loi « Don de<br />
con » s’appliquerait aux parents d’enfants<br />
de moins de 21 ans gravement malades.<br />
Quelle belle idée, évidemment ! Et nos<br />
dirigeants, qui sont au pouvoir par désintéressement<br />
solidaire, y sont sensibles,<br />
évidemment !<br />
Les obsolètes recettes de la<br />
solidarité<br />
Et si, quand quelqu’un est dans la<br />
merde, les collègues l’aidaient - si le cœur<br />
leur en dit - par une présence, une aide<br />
matérielle, un soutien relationnel... ? Ça<br />
se faisait avant, non ?<br />
Et si, dans le même temps, la sécurité<br />
sociale, cette espèce de machin qui gère<br />
la solidarité dans notre société, s’y collait<br />
? Elle pourrait aider le parent en lui<br />
octroyant des jours de congés payés pour<br />
s’occuper de son enfant ? C’est pensable,<br />
non ?<br />
Ah ben non, trop facile, trop vieille, trop<br />
chère la sécu. Et puis, ça ne marcherait<br />
pas aussi bien : dans ce cas, les collègues<br />
garderaient tous leurs congés, payés par<br />
Etienne Vanden Dooren<br />
le patron, et travaillerait donc moins au<br />
remplissage des actionnariales poches,<br />
ou à la sauvegarde des budgets des<br />
ministères à la tête desquels se trouvent<br />
les politiciens qui ont voté la loi « don de<br />
con », ducon !<br />
Lavage de main<br />
Demain, oui, avec cette loi, les oligarcomarionnettistes<br />
se laveront les mains de<br />
la sécu et récupéreront les fruits de ce<br />
blanchiment d’argent. Ils auront donné<br />
un fameux coup de poignard dans le dos<br />
de la solidarité sociale en proposant, beau<br />
tour de passe-passe, une loi à l’aspect glamour<br />
des plus solidaires. Laissons donc<br />
les travailleurs se démerder entre eux.<br />
Ça leur met la pression. Ils vont se sentir<br />
redevables envers leurs collègues dans la<br />
merde.<br />
Et aussi...<br />
Dans une petite entreprise, les trois collègues<br />
du malheureux parent devront<br />
débourser tous leurs congés pour que<br />
l’aide soit un tant soit peu efficace.<br />
Et, les trois collègues ci-dessus ne<br />
devront pas oublier de prier pour que le<br />
malheur ne s’abatte pas sur eux six mois<br />
plus tard; personne ne pourrait les couvrir<br />
de congés...<br />
Ou bien : le don est anonyme, mais<br />
rien n’empêchera une personne de clamer<br />
sur tous les toits qu’elle a donné<br />
10 jours à Trucmuche, culpabilisant les<br />
non-donneurs.<br />
Ou encore : le receveur potentiel,<br />
Couille-molle par exemple, qui apprend<br />
que personne ne lui a offert de jours de<br />
congé, sera sûrement prêt à affronter ses<br />
familiales épreuves...<br />
Hiérarchie solidaire<br />
Déposons donc une autre proposition<br />
sur l’autel sacré des lois choisies par<br />
le club fermé de nos oligarques : la loi<br />
« Hiérarchie solidaire ». Lorsqu’un travailleur<br />
doit faire face à la maladie grave<br />
d’un enfant, le patron, ou pourquoi pas<br />
le patronat réuni, donnera les jours de<br />
congé payés nécessaires et offrira de<br />
plus, durant cette période, sa voiture avec<br />
chauffeur, son yacht pour une convalescence<br />
iodée, sa couverture hospitalisation<br />
pour une chambre particulière, sa Visa<br />
pour les frais médicaux ou son temps<br />
pour amuser, nez rouge et sourire aux<br />
lèvres, l’enfant malade ! Si un lecteur de<br />
Même Pas Peur se sent capable de rédiger<br />
cette loi, qu’il nous contacte : memepaspeur.lejournal@gmail.com.<br />
Merci !<br />
attentat à la<br />
pudeur<br />
Patrick Boutin<br />
Les journalistes de tous les grands<br />
organes de presse s’étaient précipités<br />
à l’annonce du terrible attentat,<br />
un jeune fanatique, totalement nu,<br />
un « islamiste intégral », ainsi que<br />
l’on avait nommé ces nouveaux fous<br />
de dieu adeptes de la nudité qui,<br />
en hommage au hadith de la pierre<br />
mouvante de Moïse, peut-être l’une<br />
de ces sailing stones comme on en<br />
trouve dans la vallée de la Mort en<br />
Californie, faisaient sauter leurs ceintures<br />
d’explosifs en appuyant sur le<br />
détonateur avec leur sexe en érection,<br />
les bras levés au ciel en criant<br />
louange au naturisme radical, les<br />
fesses en sueur à l’instant du sacrifice,<br />
on les surnommait les « pétards<br />
mouillés », ce jour-là le jeune homme<br />
avait déclenché son mécanisme mortel<br />
sur la terrasse du bar « Le petit<br />
Caporal » et une averse de vis, de<br />
billes et de boulons, sous le choc de<br />
la violente propulsion de leur effet<br />
shrapnel, pleuvait sur les passants à<br />
plus de dix mètres à la ronde, déjà<br />
recouverts par les organes et les<br />
boyaux de l’intégriste désintégré<br />
sous les yeux horrifiés de Madame<br />
Michu, totalement paralysée par<br />
la violence de la déflagration, les<br />
oreilles bourdonnantes, presque rendue<br />
sourde par le souffle de l’explosion,<br />
de retour chez elle, en déballant<br />
les courses du marché de son cabas,<br />
elle fut à peine surprise de découvrir,<br />
bien rangés à côté d’une botte de<br />
poireaux, le sexe et les testicules du<br />
terroriste, une verge encore ferme<br />
qui avait atterri parmi ses commissions,<br />
elle sourit en songeant que<br />
cela ferait un beau morceau de<br />
viande, peut-être pas halal car trouvée<br />
morte, pour son ragoût, et elle<br />
invita toutes ses amies à partager<br />
ce mets délicat, en zappant sur les<br />
chaînes d’information qui passaient<br />
en boucle les images tremblantes de<br />
vidéos amateurs prises devant la terrasse<br />
de l’attentat, où la police scientifique<br />
tentait tant bien que mal de<br />
reconstituer le corps de l’agresseur<br />
auquel, au final, il n’allait manquer<br />
que des couilles.