Merci ! - La Barque des Enfants
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que les locataires payent la somme de 6000<br />
francs pour la perte de la barque tandis que les<br />
locataires tentent de faire passer le naufrage de<br />
la Neptune pour une perte par son propre vice<br />
(la barque était en mauvais état). Il est d'usage<br />
sur le lac qu'une barque qui sombre par cas fortuit<br />
reste à la charge de son propriétaire. Lors du<br />
procès il est établi que "le Neptune ne valait<br />
pas, à beaucoup près, cette somme-là, qu'il était<br />
dans un état déplorable, ... qu'aucun soin pour<br />
éviter ce malheur, n'a manqué à la barque de la<br />
part de ses locataires, qu'ils ne l'ont jamais<br />
abandonnée, même au péril de leur vie, que son<br />
mauvais conditionnement n'a donc pas été<br />
aggravé de leur faute".<br />
Le procès est rapporté par le journal de Genève<br />
dans son édition du 17 mars 1881 dont voici un<br />
extrait. "Le tribunal de commerce de Genève,<br />
dans son audience du 17 février 1881 (présidence<br />
de M. Ernest Pictet), a prononcé que les<br />
locataires d'une barque qui ont déclaré en avoir<br />
vérifié l'état et répondre de sa conservation, ne<br />
sont pas recevables, lorsqu'elle vient à périr, à<br />
alléguer, sur la demande en dommages-intérêts<br />
formée contre eux par le propriétaire, que la<br />
barque louée a péri par son vice propre ; mais au<br />
contraire, ils sont tenus d'en rembourser le juste<br />
prix, par la seule force de l'obligation qu'ils ont<br />
librement contractée."<br />
Au terme du premier procès, les deux locataires,<br />
Messieurs Bonnaz et Fornay, sont condamnés<br />
solidairement à verser la somme de 2500 francs<br />
à Monsieur Chatelan. Ils ont fait recours, le jugement<br />
du 17 février a été confirmé en appel le 20<br />
juin 1881. Les pièces du jugement sont conservées<br />
aux Archives d'Etat du canton de Genève<br />
(AEG) , sous la référence: Jur Civ Cca no 345<br />
1881, jugement no 495 du 17 février 1881<br />
(T2/45 – T2/52).<br />
Les questions auxquelles les actes du procès ne<br />
répondent pas.<br />
<strong>La</strong> date de construction de la barque ainsi que le<br />
nom du constructeur ne sont pas mentionnés.<br />
Dans l'ensemble <strong>des</strong> pièces qui sont jointes au<br />
procès, il n'y a aucune explication sur le choix du<br />
chantier naval de Monsieur Dérivaz à Saint-<br />
Gingolph au lieu de celui de Monsieur Boccard à<br />
la Belotte. A cette époque, tous les chantiers<br />
navals construisent les diverses embarcations<br />
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qui vogueront sur le Léman, sous abri. Tous les<br />
chantiers fixes sont équipés d'un toit.<br />
Les barques ne reçoivent leurs mâts qu'après<br />
avoir été mises à l'eau. Il en va de même pour<br />
une barque construite sur une grève, lors d'un<br />
chantier mobile. Il en résulte que pour mettre<br />
une barque en réparation dans un chantier<br />
naval, il faut la démâter. Les chantiers n'ont pas<br />
tous la place nécessaire pour tirer à terre une<br />
barque mâtée, c'est notamment le cas du chantier<br />
de la Belotte. Par contre, le chantier de<br />
Monsieur Derivaz à Saint-Gingolph offre cette<br />
possibilité.<br />
C'est donc dans ce port que s'est rendue la<br />
Neptune pour effectuer une inspection de la<br />
coque à sec et pour voir l'étendue <strong>des</strong> réparations<br />
nécessaires. Dans toutes les pièces du procès,<br />
seuls les deux locataires de la barque sont<br />
mentionnés. On ne connaît pas le nombre de<br />
bacounis qui ont participé au voyage Genève-St-<br />
Gingolph.<br />
<strong>La</strong> sûreté du port <strong>des</strong> Noirettes est également<br />
mise en cause par le propriétaire car pour lui, il<br />
s'agit d'un port dangereux en cas de coup de<br />
vent, tandis que pour les locataires, les<br />
"Noirettes" est un port sûr car "aucune barque<br />
n'y a jamais sombré". Aujourd'hui, l'anse <strong>des</strong><br />
Noirettes est connue pour être bien abritée <strong>des</strong><br />
vents sauf de la bise, qui la rend dangereuse.<br />
Dans plusieurs pièces du procès il est fait mention<br />
<strong>des</strong> " épaves " de la Neptune que les locataires<br />
souhaitent rendre à Monsieur Chatelan.<br />
Ce dernier refuse toute entrée en matière.<br />
Il n'existe aucune énumération <strong>des</strong> " épaves "<br />
de la Neptune. On peut juste supposer qu'il<br />
s'agit <strong>des</strong> restes de l'équipement de la barque,<br />
repêchés une fois la bise retombée. L'épave est<br />
échouée par faible profondeur (de -4 m à -14 m<br />
de la surface). Les mâts ainsi que les antennes<br />
ont probablement été enlevés de l'épave pour<br />
ne pas créer un péril à la navigation.<br />
Lors de la fouille de l'épave de la Neptune, il a<br />
été noté que la barque avait sombré avec son<br />
chargement de pierres provenant de Meillerie. Il<br />
reste à déterminer s'il s'agit bien d'un transport<br />
de pierres ou si les pierres retrouvées ne constituaient<br />
pas le lest de la Neptune.