Merci ! - La Barque des Enfants
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S U R L E S T R A C E S D E S B A R Q U E S<br />
L’ I N V E N T I O N D E L A B A R Q U E D U L É M A N - I I I<br />
Une flotte de galères pour le duc de<br />
Savoie<br />
En 1672, à Thonon, <strong>La</strong>urent Dental,<br />
récemment arrivé de Nice sur ordre du duc<br />
de Savoie se voit devant <strong>des</strong> problèmes<br />
particuliers à résoudre. Excellent ingénieur<br />
naval, même s'il ne sait ni lire ni<br />
écrire, c'est un homme de génie.<br />
Et il lui en faut du génie pour résoudre la<br />
demande de son duc : concevoir puis<br />
construire une « galiote », un bateau de<br />
transport transformable rapidement en<br />
navire de guerre en cas de conflit, ce doit<br />
être un bateau ultra-moderne pour<br />
l'époque. De plus, <strong>La</strong>urent Dental est<br />
confronté aux conditions particulières<br />
qu'il découvre sur le Léman.<br />
On peut se douter qu'il s'inspire <strong>des</strong><br />
bateaux qu'il a construits en<br />
Méditerranée. Il va devoir les adapter au<br />
Léman. En effet, la Méditerranée regorge<br />
de ports naturels suffisamment profonds<br />
pour permettre l'accostage <strong>des</strong> bateaux.<br />
Rien de tel sur le Léman : les bateaux doivent<br />
utiliser les plages sauf à Genève et<br />
dans le tout nouveau port savoyard de<br />
Bellerive, seuls endroits où l'accostage est<br />
possible. Partout ailleurs, les passagers et<br />
les marchandises sont embarqués ou<br />
débarqués sur les grèves.<br />
Afin de réduire le tirant d'eau, Dental<br />
décide de construire une carène à fond<br />
plat. Il allonge et élargit la coque. Il ne<br />
<strong>des</strong>sine aucun plan. Il utilise le gabarit de<br />
Saint-Joseph, la planchette de taille et le<br />
procédé de la demi-lune typiquement<br />
méditerranéens (voir « Les barques du<br />
Léman » de Gérard Cornaz pages 70 à 73<br />
et 185 à 187), qui resteront en usage sur le<br />
Léman jusqu'à la construction de la dernière<br />
barque commerciale, la Violette<br />
(aujourd'hui la Vaudoise <strong>des</strong> Pirates<br />
d'Ouchy) en 1932.<br />
24<br />
<strong>La</strong>rge et spacieux, le puissant Saint-<br />
Charles est un grand navire pour<br />
l'époque : plus de trente mètres et chargeant<br />
cent tonnes de marchandises.<br />
Puissamment défendu par <strong>des</strong> bastingages,<br />
doté d'un éperon menaçant et surmonté<br />
d'un château arrière, propulsé par<br />
vingt-deux rames ou deux voiles latines, il<br />
a plus l'air d'un navire de guerre que d'un<br />
innocent bateau de transport. Maquette<br />
réalisée par Cornel Schneider sur les indications<br />
de Paul Bloesch, Musée du Léman<br />
Les essais enthousiasment les experts et<br />
les marins venus de Nice et de<br />
Villefranche. Les rapports sont dithyrambiques,<br />
la « tartane » réalisée par Dental<br />
les a « édifiés et émerveillés » par sa<br />
beauté, la qualité de sa construction et<br />
« stupéfiés » par ses exceptionnelles qualités<br />
nautiques.<br />
<strong>La</strong> construction du Saint-Charles n'est pas<br />
terminée que <strong>La</strong>urent Dental entreprend<br />
la réalisation d'un brigantin, un bateau du<br />
même type mais plus petit, le Saint-Jean-<br />
Baptiste. Il est nommé « Patron <strong>des</strong>