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Quelques artistes de - Unima

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« Moi, Monsieur, Moi » c’est aussi l’histoire <strong>de</strong> toutes les autres ELLES, autant <strong>de</strong> marionnettes vivantes,<br />

excisées par les mères à cinq ans, tripotées par les cousins à neuf, mariées par les parents à treize,<br />

esclavagisées par les familles à quinze, abusées par les guérisseurs, les professeurs, les patrons, les<br />

patronnes, les anonymes, les patronymes… à tout âge!<br />

Le clown conte « Moi, Monsieur, Moi » et libère avec humilité la parole authentique, avec ses grands yeux et<br />

son sourire d’enfant il transcen<strong>de</strong> la souffrance et provoque un tourbillon <strong>de</strong> rire.<br />

Extraits <strong>de</strong> la pièce<br />

Moi/ma mère : Baisse tes yeux. Une fille bien éduquée ne regar<strong>de</strong> pas les adultes dans les yeux. Ta tante,<br />

veut te prendre, je te donne à ta tante, tu seras sa fille. Pas <strong>de</strong> questions, une fille<br />

bien éduquée ne pose pas <strong>de</strong> questions.<br />

Moi 1: Je reviens quand ?<br />

Moi /Monsieur-Camara : Il y a trop <strong>de</strong> filles dans cette classe, <strong>de</strong> mon temps, les<br />

filles n'allaient pas à l'école. Les filles, leur place, ce n'est pas l'école, c'est à la<br />

maison, à s'occuper du mari, à s’occuper <strong>de</strong>s enfants, à s'occuper, à s'occuper.<br />

J'espère que vous avez appris vos leçons.<br />

Moi: Et moi je me fais toute petite au fond <strong>de</strong> la classe. Quand c'est l'heure <strong>de</strong> réciter leçon toute la classe<br />

lève le doigt, même ceux qui ne connaissent pas la leçon…<br />

Pour ne pas se faire remarquer. Mais je retourne ma chaussure sous la table, ça porte bonheur, comme ça je<br />

suis invisible. Moi, Monsieur, moi Monsieur, moi Monsieur... (MOI, très étonnée.) Moi, Monsieur ? Moi,<br />

Monsieur? Bintou? Ibou, Monsieur ? Moi-moi, moi oui Monsieur moi.<br />

Moi/ma soeur : Tu as <strong>de</strong> la chance, dé. Tu vas partir en France… L'oncle, je ne le<br />

connais pas, mais au téléphone il a l'air <strong>de</strong> quelqu'un <strong>de</strong> bien. En plus en France, tu<br />

pourras trouver un bon travail, tu vois, la France <strong>de</strong> la télé… Il y a tout ! En France,<br />

il y a pas la misère, il y a du travail pour tout le mon<strong>de</strong>. Tu pourras faire <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s.<br />

En France tu auras tout ce que tu veux. Tu pourras gagner beaucoup d'argent, tu<br />

pourras ai<strong>de</strong>r la famille. Éh, ma soeur tu as <strong>de</strong> la chance, dé.<br />

Moi 3 : Je reviens quand?<br />

Note d’intention <strong>de</strong> création<br />

« Je veux raconter !<br />

Je veux conter ! »<br />

Le spectacle « Moi, Monsieur, Moi … », raconte ma vie d’enfant, d’adolescente et <strong>de</strong><br />

jeune fille, donnée a plusieurs reprises à <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> ma famille et même à <strong>de</strong>s<br />

connaissances, <strong>de</strong>s « amis d’amis ». Le titre retenu se rapporte à un épiso<strong>de</strong> amusant<br />

<strong>de</strong> ma vie d’élève en classe primaire surchargée où pour ne pas être interrogée par le<br />

maître, quand on n’avait pas appris la leçon il fallait lever le plus haut possible le doigt<br />

et crier « Moi, Monsieur, Moi … », sauf qu’ici c’est le contraire qui se passa !!<br />

Par la mise en abyme <strong>de</strong> ma vie, je vais tenter <strong>de</strong> raconter aussi les douleurs <strong>de</strong><br />

nombres <strong>de</strong> mes connaissances, amies, voisines ou collègues <strong>de</strong> classe avec qui la vie<br />

n’a pas été tendre : le mariage arrangé, l’excision, la maltraitance, mais aussi l’esclavage et le fatalisme. Je ne<br />

tenterai pas <strong>de</strong> minimiser ou <strong>de</strong> dédramatiser ces situations, mais j’irai jusqu’au bout dans la légèreté et le rire,<br />

car mon premier métier est clown et je veux que mon clown, aujourd’hui plus qu’hier, soit mon arme pour dire,<br />

pour dénoncer aussi, pour régler <strong>de</strong>s comptes peut être… Je veux qu’à chaque rire, une question fuse dans la<br />

tête du spectateur… « De quoi je ris ? C’est horrible et je ris ! »<br />

Le propos est grave et ambitieux puisqu’il s’agit dans cette pièce <strong>de</strong> se mettre nu <strong>de</strong>vant le public en<br />

acceptant le questionnement posé par une introspection historico-sociale <strong>de</strong> son moi, <strong>de</strong> sa culture, <strong>de</strong> son<br />

éducation, <strong>de</strong> son vécu personnel et <strong>de</strong> son héritage.<br />

Poupées <strong>de</strong> tissus, faites <strong>de</strong> bric et <strong>de</strong> broc, <strong>de</strong> récup récupérée <strong>de</strong>-ci <strong>de</strong> là, poupée <strong>de</strong> son ou poupées <strong>de</strong><br />

terre pour jouer la tragédie et la comédie <strong>de</strong> la vie, qui n’en font qu’une, aussi pour dire la solitu<strong>de</strong> humaine, la<br />

misère sociale, mais pour crier l’espoir <strong>de</strong>s petites filles d’ici et d’ailleurs, pour que <strong>de</strong>main, elles ne<br />

connaissent pas les mêmes souffrances que leurs mères. Le chemin sera long et tortueux et les combats à<br />

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