ÉDITEUR / Dir.
de publication
Benoît Pelletier
rédacteur en chef
arts / musique / édito
Alexis Jama-Bieri
directeur créatif
Benoît Pelletier
RÉALISATION
GRAPHIQUE
www.belleripe.fr
contributeurs
n nouveau jeu de société
ALEXIS
JAMA-BIERI
dirigeant culturel
Reims
AGATHE CEBE
rédactrice &
journaliste freelance
REIMS
BENOÎT
PELLETIER
directeur créatif
photographe
Reims
Nicolas Dambre
journaliste
& auteur
PARIS
Jadis, le festival Elektricity faisait débuter l'automne au son
des musiques électroniques, pop et urbaines au cœur de la
ville. Là, quelques milliers de festivaliers dansaient sur les
pavés sous le regard bienveillant de l'ange au sourire ornant
une des entrées de la cathédrale de Reims. Aujourd'hui,
c'est le printemps que fête un nouveau festival sous les
verts feuillages du parc de Champagne, loin du centreville
minéral. Dansant au son d'une pop contemporaine, les
festivaliers sous le soleil ou les pieds dans la boue pourraient
renouer avec un semblant d'esprit de Woodstock. Leur vœu ?
Constituer une beautiful société faite de musique, de paix et
d'amour... Alors sacrons le printemps avec La Magnifique
Society, c'est tellement "classy"!
Cyrille Planson
rédac' chef
La Scène, Le Piccolo,
Théâtre"s" Mag'
Nantes
Justine Philippe
journaliste
REIMS
Pauline Saintive
rédactrice &
animatrice
REIMS
JEAN
DELESTRADE
souplesse &
décontraction
Reims
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twitter.com/MagazinePeel
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par Belleripe SARL,
5, avenue vallioud
69110 Sainte-foy-lès-lyon.
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Ce Hors Série du Magazine Peel
est disponible dans 190 points de
dépot et sur le site du festival
au parc de Champagne.
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RESPIRE
Au grand
rendez-vous
des plaisirs
simples
La Magnifique Society
crève l’écran depuis le 1 er
février dernier, date officielle
où la Carto et Césaré ont
dévoilé le renouveau de
ce festival rémois. Issue
d’Elektricity, qui faisait déjà
ses preuves, chaque année,
depuis 2003, la Magnifique
Society fait peau neuve, et
permet au festival d’acquérir
de nouvelles lettres de
noblesse, le classant d’ores
et déjà dans les meilleurs
festivals de France.
RESPIRE
n effet, la Magnifique Society porte très bien son nom. Rassembleur, ce festival
surfera sur les superlatifs. La cohésion musicale, expérimentée et prônée par
Elektricity, se veut sublimée par la Magnifique Society qui souhaite construire son
éthique sur la convivialité et le bienveillant vivre-ensemble. Si la musique adoucit
les mœurs, quels devraient être alors les effets de ses quatre scènes musicales ?
Pendant six jours, le festival rémois va construire une nouvelle société, occupant
positivement et sainement les esprits, de curiosités avant-gardistes en rendez-vous
sur la pelouse. Une parenthèse enchantée où la seule priorité des festivaliers sera
le bien-être et la planification attentive de leurs concerts favoris. Une organisation
de vie ostensiblement détendue pour rompre, de manière tout-à-fait décomplexée,
avec la grise-mine de nos vies ordinaires. Le rythme vélo-boulot-dodo – parce qu’à
Reims, il n’y a pas de métro – sera supplanté par une palette de rythmes bien plus
sensible, bien plus gaie et bien plus plaisante, dans le cadre hors du temps du parc
de Champagne.
Si Elektricity misait sur le parvis de la cathédrale, la Magnifique Society,
dans l’élan de son cercle vertueux, a choisi le parc de Champagne, autre
cœur de la ville de Reims. Vaste et accueillant depuis tant d’années, ce
parc peut nicher les quatre scènes du festival ( 3 scènes + TOKYO SPACE
ODD), et organiser, dans des conditions optimales, l’accueil des artistes
et des nombreux festivaliers. Encore une fois, il s’agit de fédérer autour
du même but : la fête, et de générer la même réaction : le plaisir. Artistes et festivaliers,
dans une communion abritée de verdure, avec du bon son… ça a une résonnance,
dans nos gènes, un goût de déjà vu, peut-être de déjà vécu, et surtout une
insatiable envie de perpétuer l’expérience.
La diversité de la programmation, les quatre scènes, les espaces adaptés, le confort
logistique : la Magnifique Society enivre Reims de son parfum à la fois rock et
bucolique. Les groupes invités plaisent au plus grand nombre, l’organisation séduit
par son souci du détail, et le printemps rémois flirte avec l’énergie positive de la
musique, force de vie, force de résistance.
Du 16 au 21 mai, La Magnifique Society vous prend à bras le corps, ouvre grand vos
oreilles, illumine vos rétines, fait danser vos épaules et sauter vos pieds, les mains
en l’air ou dans celles de vos voisins, le cœur qui bat, les papillons dans le ventre, et
la cage thoracique qui bondit sous les bonnes basses. La Magnifique Society, c’est
tout ça en même temps, ça ne s’improvise pas, ça ne s’invente pas : ça emporte.
C’est Reims qui va prendre une grande inspiration, une grande bouffée d’air pur.
texte
Agathe Cebe
Parc de Champagne © DR
LES 6 mercenaires
The
Magnificient
Six *
texte
Cyril Planson
Ils sont six, originaires de
la région, à être inscrits
dans la programmation de
la première édition de La
Magnifique Society. Voici
une quinzaine d’années,
Reims n’existait pas – ou
presque - sur la carte rock
en France. Les concerts y
étaient nombreux, à L’Usine
ou lors d’Octob’Rock, mais il
manquait à Reims une scène
locale qui puisse briller loin de
ses bases. Entre génération
spontanée et solidarité,
Yuksek, The Bewitched
Hands, Brodinski, The Shoes
et quelques autres ont su lui
donner une nouvelle place
sur l’échiquier des musiques
actuelles. À l’image de
Rennes dans les années 1980,
Reims est devenue un creuset
de la création musicale en
France, s’appuyant sur ses
festivals et sur l’équipement
structurant qui lui manquait
encore au tout début des
années 2000, La Cartonnerie.
Pour la plupart d’entre
eux, ceux qui figurent à
la programmation de The
Magnifique Society n’ont plus
à faire leur preuve. Fishbach
en tête, ils sont déjà repérés
des programmateurs et
enchaînent les premières
parties prestigieuses ou les
concerts solos en France
et parfois bien au-delà. La
Magnifique Society est une
nouvelle étape dans leur
carrière, tant pour s’y frotter
à des artistes internationaux
que pour le plaisir qu’ils
auront à retrouver un public
connaisseur qui les aura
vus émerger, grandir
et s’épanouir.
* En 1980, The Clash publiait dans l’album
Sandinista ce qui serait l’un des tubes
du groupe de Joe Strummer :
The Magnificient Seven.
1_ Fishbach © Yann Morisson
2_ Black Bones © DR
3_ Brothers © DR
4_ Judy © Bassem Ajaltouni
5_ Puzupuzu © Sylvere Hieulle
6_ Grindi Manberg © DR
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LES 6 mercenaires
1_
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Fishbach Black bones
Si elle est née en Normandie, c’est bien à Charleville-Mézières
que Flora Fischbach – avec un
« c » avant le « h » - a grandi. Elle quitte l’école
tôt, à 15 ans, et enchaîne les petits boulots avant
de constituer avec un ami rémois un duo métal
dont elle devient la chanteuse. Fishbach, c’est le
« côté obscur » de Flora Fischbach. C’est elle qui
le dit. Ses mélodies douces amères sur l’amour lui
ont valu une belle reconnaissance professionnelle
voici un an, avec le prix du Printemps de Bourges.
Depuis, elle écume les festivals qui voient là un
certain renouveau dans la chanson française,
fortement marquée par les années 1970
et 80, portée par Fishbach ou encore Juliette
Armanet, également programmée sur The
Magnifique Society. D’autres évoquent Catherine
Ringer ou Françoise Hardy. De jolies références
pour celle qui est devenue en quelques mois
une artiste très suivie.
L’aventure de The Bewitched Hands – et de
son tube Hard to cry - aura été une très belle
parenthèse (enchantée) dans le parcours musical
déjà fort long de celui qui fut son « leader »,
Anthonin Ternant. Le groupe aura connu le
succès, parcouru le monde entier et valu à ses
membres une belle reconnaissance artistique.
Depuis sa séparation, Anthonin Ternant
multiplie les projets, d’Angel au projet jeune
public The Wolf Under the Moon. Black Bones
est un tout autre projet pop, hip hop, groove
et loufoque, animé par des musiciens grimés
en zombies. L’ambiance est résolument nourrie
par l’iconographie de la pop culture
américaine, entre films d’horreur, super-héros
de Marvel et musique composite nourrie
de nombreuses influences.
Brothers
3_
Déjà tous deux membres d’un groupe bien connu
dans la région, The Weasel and the Wasters,
les deux frères Batteux, lancent en 2013 leur
nouveau projet, Brothers, avec l’album The Way
you Move. Ou comment passer de l’électro pop
énergique à un rock plus terrien, ancré, parfois
folk, parfois sombre. Leur tandem guitare-voix
fonctionne à merveille. Les petits neveux du
mythique entraîneur du Stade de Reims, Albert
Batteux, ont livré avec The way you move un
petit bijou pop-folk à partager… en famille.
les 6 mercenaires
4_
5_
Judy PuzuPuzu
Clairement influencé par The Cure, James Blake
ou The Shoes, le groupe rémois a été repéré dès
la sortie de ses premiers EP, et notamment grâce
à son titre Oupos, qui lui a valu une jolie visibilité.
Inscrit dans la veine électro pop de Breton, Foals
ou Phoenix, avec une nuance de hip hop en plus,
Charlie Trimbur, Léo Scherr et Jérôme Petit
s’apprêtent à connaître les sommets. Eux
aussi ont pris part aux Inrocks Lab (2016) initié
par le magazine historique du « rock indé ».
Délicate et aérienne, la voix de Charlie Trimbur
a tout pour faire chavirer le public de
La Magnifique Society.
Sa musique résiste à toutes les classifications un
peu trop faciles, tant elle se nourrit d’influences
diverses. Certains vous diront qu’il a réinventé
le coupé décalé, d’autres qu’ils s’inscrit dans
la mouvance hip hop ou de la musique house.
Celui qui a vécu une partie de son enfance en
Afrique aime les paradoxes. Membre éminent
du collectif Vapeur, à Reims, qui rassemble aussi
Bruit Fantôme, Shonen Bat, Gustine et Slowglide,
PuzuPuzu est surtout un touche-à-tout génial qui
explore toutes les nuances que peuvent procurer
les machines vintage sur lesquelles il a fait le
choix de jouer.
Grindi Manberg
6_
Lauréat du Fair, un dispositif de soutien au
jeunes musiciens très sélectif et très identifié
des professionnels, Grindi Manberg a connu une
belle tournée qui l’a conduit jusqu’au Mexique.
Entre pop alternative et new wave, le groupe
sparnacien aime les morceaux planants, parfois
dissonants. Porté par une voix claire qui n’est
pas sans rappeler celle du regretté songwriter
américain Elliot Smith, les mélodies de Grindi
Manberg n’ont pas fini de s’infiltrer sous nos
casques.
la réunion peut attendre
la marée, non
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en éclaireurs
LA MAGNIFIQUE
AVANT GARDE
tre en avance sur notre temps,
c’est-ce que proposent les artistes
de l’Avant-Garde, ici, au festival La Magnifique
Society. Le visiteur, sorti de son confort
routinier, est alors immergé dans les
expérimentations physiques du son, celles
qui s’expriment avec de folles machines
créées ad hoc : Une sorte d’alchimie distillée
en philtre évanescent par quelques savants,
loin d’être fous. La semaine de l’Avant-Garde
est le versant expérimental et urbain, curieux,
surprenant et délirant de La Magnifique
Society. Concerts, performances, installations
sonores et visuelles investissent alors le
centre-ville de Reims du 11 au 21 mai, offrant
à voir et à entendre des artistes aventuriers
sonores du monde entier, des œuvres
musicales historiques ainsi que des inventions
technologiques qui ont bouleversé la musique
des dernières décennies. Le contraste des
univers proposés est la force de l’Avant-
Garde : explosif et contemplatif, scientifique
et ludique, historique et visionnaire.
Nous vous proposons particulièrement
d’aller découvrir les installations de Nicolas
Bernier et Alexis Choplain (focus ci-après).
Par ailleurs, s’il faut faire une sélection
dans la riche programmation d’avant-garde,
concoctée par le festival en partenariat
avec le Centre National de Création Musicale
Césaré, nous vous proposons, à la rédaction
de Peel, d’aller assister à la performance de
Laurent Perrier en soirée d’ouverture du festival
mardi 16 mai à 21h00 à l’appart’ Café, 9 avenue
de Laon. Laurent Perrier développe en direct
une musique électronique à la fois organique
et cérébrale à l’ambiance clinique et capte
l'auditeur dans un long voyage hypnotique. Pour
cette soirée d’ouverture, il improvisera en direct,
au synthétiseur modulaire, à partir d’un patch
allant de l’expérimentation à la techno minimale.
Nous vous invitons également d’aller vous plonger
dans les sonorités proposées, sous casque, par
Philippe Le Goff. "Into the wild" est une invitation
au voyage à travers l'écoute d'un paysage sonore
composé à partir d'enregistrements de sons bruts,
une pratique musicale appelée le field recording.
Seront alors à l’écoute les 20 et 21 mai au Parc
de Champagne, épicentre de La Magnifique
Society, « l'hiver des villages des Inuits canadiens,
voix d'un autre monde et les craquements
sous-marins des icebergs dans la baie de DIsko
au Groenland ». Autres curiosités à découvrir,
« Airmachine » du compositeur pragois Ondřej
Adámek, joué par un instrument composé de
souffleries d’aspirateur, à la médiathèque sise
rue des Fuseliers, face à la cathédrale de Reims
et « 40-208 ad Libitum » du percussionniste
Jason Van Gulick le 16 mai à 19h30 au
Cryptoportique, Place du Forum.
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2
en éclaireurs
Alexis
Choplain
uninvisible
1_
Après avoir étudié l’architecture et les
beaux-arts à Marseille, la lithographie
au Mexique puis avoir effectué
un master à l’atelier « images dans
le milieu » à Mons Alexis Choplain
conçoit des machines, des installations,
qui donnent au son une matérialisation
plastique, en le rendant
mouvant et vivant. Selon l'avantgarde,
tout peut devenir art, si l'artiste
le décide, l'artiste étant libéré de
tout stéréotype social ou esthétique.
À cette fin, Alexis Choplain se
consacre au détournement et à
l’association d’objets usuels pour la
conception de ses installations. Il
tente de questionner et d’interpréter
de manière singulière un environnement
qui l’émerveille, constitué
d'éléments aux fonctions a priori
immuables, en les libérant de ce
pourquoi ils ont été conçus. Ainsi, il
développe un travail autour de l’instantané
qui se matérialise notamment
par des installations explosives
conçues avec des objets électriques et
des produits ménagers.
…
en éclaireurs
Rassurez-vous, en tant que compositeur
de musique, Alexis Choplain ne
vous fera pas craindre l’acte terroriste
au cours du festival. Il n’e s’agit pas,
en effet, ici de créations explosives,
mais d’installations qui questionnent
sur les déplacements du flux sonore
dans l’espace et la matérialisation de
l’invisible.
Cette installation hypnotique, qui
est une plongée dans l’imperceptible,
invite à l’expérimentation d’un phénomène
physique : l'effet stroboscopique,
et pose la question de la limite
de nos sens et de nos perceptions.
Cette pièce se compose de deux
masses à section carrée s’alignant
verticalement au centre d’un espace.
Un flux d’eau soumis à de basses
fréquences sonores et lumineuses
circule entre les volumes. Chacun
connaît évidemment l'expérience
selon laquelle un filet d'eau soumis
à de basses fréquences forme des
motifs d'ondes. Ici, le spectateur, face
à ce filet d'eau, voit celui-ci se mouvoir
en formes ondulatoires, matérialisant
les ondes sonores diffusées
par le haut-parleur du dispositif. La
modification des fréquences sonores
engendre alors une modification
visuelle du filet d’eau qui évolue et
semble entamer une chorégraphie
au rythme des sons joués. C’est un
phénomène réel qu’on ne voit jamais,
simplement parce que la probabilité
que l’agencement de fréquences soit
effectif est très faible.
Hypnotique et sensorielle, la pièce
d’Alexis Choplain ouvre nos sens à
l'invisible par la modification de la
perception, et peut communiquer
quelque chose de radicalement poétique
et compréhensible à l’instant
même de l’événement. Tout se passe
durant un laps temporel très court,
puis tout disparaît.
d a n s l e c a d r e d e
l a m a g n i f i q u e s o c i e t y
l ’ a p p a r t ’ c a f é - 9 , a v e n u e d e l a o n
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d u 1 1 a u 2 0 m a i 2 0 1 7
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4
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en éclaireurs
1_
Nicolas
Bernier
Frequencies
(Light quanta)
Né en 1977 à Ottawa, Nicolas
Bernier découvre la création musicale
par le biais de la musique populaire.
Sa soif de découverte le mène
rapidement à la composition électroacoustique
qu’il étudie à l’Université
de Montréal. Nicolas Bernier a
une obsession pour les objets anciens
tels que les machines à écrire et les
vieux mécanismes et une fascination
pour le côté conceptuel de la physique.
Luttant dans l’ombre au sein
d’une esthétique musicale souvent
qualifiée d’austère, Nicolas Bernier,
qui travaille par séries et cycles de
création, produit des œuvres relativement
simples qui lui permettent
la maîtrise de son travail et une
bonne compréhension de chaque
étape de production. Son travail
vogue allègrement entre musique
concrète, électronique live, post-rock,
ambient, improvisation, bruitisme,
field recording, installation, performance
et vidéo tout en collaborant
avec la danse, le théâtre et le cinéma.
Dans son approche pluridisciplinaire,
Nicolas Bernier maintient un équilibre
entre l’intellect et la sensualité,
jouant entre sons organiques et traitements
numériques et souligne la
tendance à l’effritement des frontières
entre art numérique et art contemporain.
Créateur actif, il fonde en 2004
le duo Milliseconde topographie et en
2006, le duo 1 her(t)z ainsi que le collectif
d’artistes Ekumen. Les œuvres
de Nicolas Bernier rayonnent. …
en éclaireurs
1_2_3
Frequencies (Light Quanta) © DR
2_
Elles ont été jouées en concert à
Athènes, Bruxelles, Buenos Aires,
Crest, Helsinki, Karlsruhe, Marseille,
Montréal, New York, Québec, São
Paulo, Toronto et Valdivia. Son
travail a notamment capté l’intérêt
d’événements tels que Prix Ars
Electronica (Autriche), SONAR
(Espagne) et DotMov Festival
(Japon). La fascination de Nicolas
Bernier envers la science, le son et
la lumière est à l’origine de Light
quanta, qui est la dernière installation
de la série Frequencies. Cette
fascination a mené Nicolas Bernier
à se pencher sur le quantum – la
plus petite unité de mesure d’énergie.
Pour les profanes, la mécanique
quantique est la théorie fondamentale
des particules de matière constituant
les objets de l'univers et des
champs de force animant ces objets.
Ainsi, les lois de la mécanique quantique
expliquent pourquoi les atomes
et les molécules peuvent émettre et
absorber de la lumière, mais aussi
se combiner dans les réactions
chimiques. Elles rendent compte de
phénomènes aussi surprenants que la
supraconductivité et de phénomènes
moins exotiques comme le ferromagnétisme
des aimants et la conduction
électrique des métaux.
Nicolas Bernier explore alors avec
Light quanta les relations conceptuelles
entre les principes de base de
la physique quantique et l’art audioluminescent
: particules, probabilités,
dualité onde/corpuscule et discontinuité.
La composition, métaphoriquement
structurée autour de ces
principes, génère une efflorescence
spatiotemporelle aléatoire, s’étendant,
se construisant sans fin devant nous.
Dans une réalisation au design épuré
qui rassemble cent panneaux peints
en acrylique en un monolithe noir, les
signes, lignes et points qui y sont gravés
s’animent sous l’effet de la lumière,
créant sans cesse, par des jeux de
réflexions, de nouvelles compositions
visuelles. Ici, la lumière se rapporte
aux photons, une onde et particule
circulant de façon discontinue. A une
certaine position d'éclats lumineux
correspond une fréquence sonore,
et vice-versa, procurant le sentiment
d’avancer dans une narration poétique
et contemplative. Le dispositif
propose par incidence une visualisation
tridimensionnelle singulière dans
l’espace physique.
texte
Alexis Jama Bieri
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en éclaireurs
d a n s l e c a d r e d e
l a m a g n i f i q u e s o c i e t y
l e c e l l i e r , 4 R U E M A R S
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houblon musical
Le secret de
l’Eternity dans
une bouteille
Une collaboration entre Brussels
Beer Project et La Magnifique Society.
Une rencontre entre Vitalic
et le brasseur rémois Yves Lebœuf.
Tout ça, dans une bouteille.
Dans ma boîte de réception, avril 2015, le mail d’un
certain Yves Lebœuf. Il y était question de bière et de
musique. J’étais hameçonné. Il proposait que nous nous
rencontrions pour en discuter, rendez-vous était fixé. Le
jour venu, soyons honnête, quand je descendais l’escalier
pour lui ouvrir la porte, mon esprit figurait Yves Lebœuf
comme un brasseur d’une cinquantaine d’années, légèrement
dégarni, bonhomme et sympathique. Bon. J’avoue
avoir été surpris. Yves, une trentaine d’années, chemise
à fleurs et dread. Comme quoi les idées préconçues sont
parfois - souvent - fausses. Voilà que quelques années
plus tard, il brasse la bière du tout nouveau festival
rémois, La Magnifique Society.
Barrique et BFM
Yves est originaire de Betheny. Depuis quelques années
il a en tête de devenir œnologue et dans cet objectif, il
s’inscrit en DUT d’études agroalimentaires. Chemin faisant,
son désir d’œnologie se transforme en rêve de brasserie
et il se lance donc dans l’apprentissage d’un art : l’alchimie
de la bière. Six mois au Québec pour étudier les
levures. Six mois chez la brasserie Lancelot en Bretagne.
Il décroche ensuite un poste de brasseur chez Chouffe
dans les Ardennes belges : « une excellente école pour
appréhender les gros volumes et la capacité à reproduire
des bonnes bières standardisées. » Ce sera ensuite la brasserie
BFM dans le Jura suisse, « une vraie référence dans le
monde de la micro-brasserie, les meilleurs en Europe. » Il y
devient premier brasseur et poursuit son chemin de compagnonnage.
Aujourd’hui, Yves est maitre brasseur pour
le Brussels Beer Project, une des brasseries innovantes
en Europe : c’est lui qui invente les bières, les produit. Il
travaille notamment sur la technique du vieillissement en
barrique, ce qui le ramène à ses premiers amours, l’œnologie
et la Champagne.
Algorithme magique
Tout au long de ce parcours, Yves Lebœuf a une idée en
tête : travailler sur les accords entre bière et musique.
« Je suis un grand fan de musique. Je vais
souvent aux concerts et je suis toujours surpris
d’une chose : sur scène les musiciens
donnent le meilleur d’eux pour le public,
l’ingé son travaille pour rendre les conditions
d’écoute optimales, le show lumière
est travaillé. Et les bières qui sont servies
au bar sont souvent industrielles et quelconques.
Alors que ce serait tellement plus
agréable de maximiser le plaisir du spectateur avec une
bonne bière. Pourquoi pas une bière qui s’accorderait au
mieux avec la musique. »
Puisque oui, on ne boit pas nécessairement pas la même
chose en écoutant du métal ou du jazz. En effet, Yves
travaille depuis plusieurs années sur un algorithme qui
permettrait d’élaborer une bière en bon accord avec une
musique. Son travail a fait l’objet d’une étude par l’Oxford
University et d’une parution dans une publication scientifique,
validant son principe d’algorithme.
« Il y a donc réellement la
possibilité d’accorder l’aspect
sonore avec des données
gustatives et aromatiques. »
La mise en pratique a déjà été testée avec le brassage
d’une bière spécifique pour la sortie de l’album du groupe
anglais The Editors.
La bête verte
L’équipe de La Magnifique Society s’est rapprochée de
celle du Brussels Beer Project avec le désir d’imaginer
une bière spéciale pour le festival. Et c’est bien évidemment
Yves qui a été le trait d’union et la cheville ouvrière
du projet. L’idée est venue de brasser une bière en lien
avec un des artistes emblématiques de la programmation.
Le choix s’est porté sur Vitalic.
8
8
houblon musical
1_
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1_ Yves Lebœuf © DR
2_ Vitalic © DR
« Nous nous sommes donné rendez-vous à Paris, pour
échanger sur sa musique et sur mes bières. Nous avons
longuement parlé. D’abord de ses goûts en terme de vins,
de bières, d’arômes. Il m’a dit beaucoup aimer le cocktail
Green Beast : absinthe, citron vert, concombre. Je lui
ai expliqué le processus d’élaboration d’une bière. J’avais
auparavant écouté une bonne dizaine de fois son album.
Nous nous sommes plus particulièrement arrêté sur le
titre Eternity. Ça m’intéressait de savoir comment et dans
quel contexte il créait ses morceaux. » Yves s’est ensuite
enfermé dans son laboratoire pour imaginer une recette.
« C'est une bière basse en alcool, sur base de bière de blé
acidulée avec de la baie de genièvre pour rappeler le Gin,
du concombre et des houblons donnant un coté agrume
pour s'inspirer du cocktail Green Beast. L'idée était de faire
une bière avec deux identités. Une surprenante, comme
un électrochoc et une seconde partie plus cocon, plus rassurante.
Pour le côté rassurant, je suis parti sur une base
maltée, une légère rondeur, avec un petit matelas de
céréales. Pour le coté électrisant, la bière est légèrement
acide pour lui donner beaucoup de fraîcheur, compléter le
concombre/ melon et accentuer le côté lime. »
Ne mentez pas, vous avez à la lecture de ces quelques
lignes déjà soif. Raison de plus pour découvrir la
bière Eternity qui sera servie exclusivement pour La
Magnifique Society. Yves Lebœuf poursuit lui son chemin
et vous devriez très bientôt avoir de ses nouvelles
puisqu’il a décidé de revenir à Reims, des projets pleins
les poches, où il est question de bière et de gastronomie.
Stay tuned.
texte
Jean Delestrade
marché du disque
"
On a jamais fait
chanter une tomate,
mais on a déjà vu
une carotte rapper
"
"Double Cagette", les DJ sets
d'Edouard Duntze sur
les marchés
Voilà une petite farce
populaire qui, d’emblée,
résume plutôt bien l’esprit
décomplexé de Double
Cagette. Mais qu’est-ce
que Double Cagette ?
Imaginez-vous un samedi
matin, cabas en main,
direction le marché du coin.
Vous flânez tranquillement
entre les étals de légumes
et de fruits frais quand
soudain, vous tombez nez
à nez avec Edouard Duntze
en plein DJ set.
Drôle d’horaire pour mixer
diriez-vous ? C’est pourtant
le nouvel hobby de ce rémois
de 36 ans : parcourir les
marchés de la ville pour faire
tourner les vinyles là où on les
attend le moins. Et puisque le
printemps sonne l’heure des
festivals, l’artiste va profiter
de l’occasion pour investir les
marchés aux couleurs de La
Magnifique Society, comme
un ticket d’entrée avant
l’heure pour les férus
de concerts.
Double Cagette © DR
Aujourd’hui, quelle place occupe la
musique dans ta vie ?
Pour moi la musique c’est sacré.
Malheureusement, je trouve qu’elle
est assez mal traitée par une certaine
catégorie de personnes qui n’ont pas
forcément l’habitude d’être attentifs
aux festivals et aux concerts. C’est
de ce constat qu’est née cette volonté
de faire une sélection musicale et de
l’amener sur un marché. D’ailleurs,
c’était du jamais vu et aujourd’hui c’est
un moyen de toucher un public que
l’on ne connaît pas et de lui apporter
une musique qu’il n’a pas forcément
l’habitude d’entendre.
Il y avait un objectif particulier avec
les sets des 5, 6 et 7 mai ?
Oui, ils ont été aux couleurs du festival
pour promouvoir l’événement
quelques jours avant son lancement.
Et c’est merveilleux car le marché
fait vraiment partie des valeurs que
défend La Magnifique Society. C’est
un lieu populaire fait de rencontres
et de partages car au-delà de l’aspect
commerçant, c’est très qualitatif en
relation humaine.
Ce concept est un vrai challenge
pour toi ?
C’est sûr, c’est un beau défi. A l’origine
c’est un concept que j’ai vu en
Italie et qui fonctionne très bien car
il y a des DJs assez connus qui y participent.
Mais à Reims, le challenge
est de s’insérer sur les marchés en
apportant quelque chose de surprenant,
d’inattendu, le tout en évitant
de dénaturer l’ambiance et le paysage
du lieu. Il ne suffit vraiment pas de
s’installer et de poser ses platines.
Justement, quelle est la recette pour
que cela fonctionne ?
Tout d’abord, un marché commence
à 8h et se termine aux environs de
13h. Alors forcément, aux premières
heures nous mettons des sons assez
légers pour accompagner les gens en
douceur. Puis en milieu de matinée,
quand le rythme devient plus actif,
nous essayons d’accompagner le flux
des passants dans cette dynamique.
Nous sommes vraiment là pour
insuffler une énergie, et généralement,
la rue nous le rend bien.
C’est vraiment un concept
intergénérationnel ?
Oui car nous retrouvons autant de
jeunes que de personnes plus âgées à
qui le concept parle. Le matin ils vont
ramener du café, des chouquettes, ils
vont fouiller dans mes bacs à vinyles
et à midi ils ramènent une bouteille
de champagne pour trinquer en
musique... C’est fédérateur et j’ai vraiment
envie de les accompagner pour
leur raconter une histoire au travers
de ma musique, c’est un vrai moment
de partage.
f a c e b o o k @ d o u b l e c a g e t t e
texte
Pauline Saintive