Stratégies

DOSSIER
ENFANTS 4-12 ANS
La génération
alpha au pouvoir
Les 7 millions d’enfants nés en France entre 2005 et 2013 constituent une génération plus agile,
plus autonome mais aussi plus versatile que les précédentes. Décryptage.
VINCENT-XAVIER MORVAN
@vincentxaviermo
Attention, rupture. La génération alpha, qui rassemble les enfants
nés après 2005, s’inscrit dans une rupture complète avec les
générations précédentes. La différence n’est pas seulement de
degré, mais aussi de nature. Corinne Abitbol, directrice générale
des études d’Omnicom Media Group, publie chaque année
« New Gen », une somme sur les tendances de consommation
médias chez les enfants. Selon elle, les jeunes sont désormais
« au-delà des écrans ». « Avec la réalité augmentée et la réalité virtuelle, tout l’écosystème
change, remarque-t-elle. Pour notre génération, les casques de réalité virtuelle,
c’était de la science-fiction, Pour eux, ce ne l’est plus. Il n’y a plus un jeu qui
soit vendu sans un casque. »
Dépassée, la génération X , les enfants nés entre 1975 et 1985 qui ont grandi avec les
premiers ordinateurs domestiques et assisté à l’émergence du téléphone mobile. Balayée,
la génération Y des années 85 à 95, celle des premiers réseaux sociaux, à commencer
par Facebook. Même les « Z », les enfants nés entre 1995 et 2005 chez lesquels
la technologie est totalement intégrée au quotidien, sont différents. Les « alpha », enfants
des premiers millenials, ces parents qui ont
eu 20 ans en l’an 2000, sont de vrais « screenagers
accros au smartphone et à la tablette » pour
lesquels « la technologie n’est plus un outil », mais
tout bonnement « une facette de leur vie ». New
Gen les voit « au cœur d’une nouvelle dynamique
technologique », avec la 3D, la réalité virtuelle, la
réalité augmentée, les vêtements connectés et les
bots, ces petits robots qui assurent une interface
automatisée entre un service et ses utilisateurs.
Biberonnée au digital, la génération alpha
se distingue d’abord par son agilité.
Avec une moyenne de 9,3 écrans par foyer
lorsque ce dernier comporte un enfant, contre
6,4 en moyenne, elle a appris à passer de
l’un à l’autre. Le petit écran reste roi, avec
3 heures de contenus regardés chaque jour en
moyenne, mais ce qui a changé, « c’est la manière
de regarder la télévision » , observe Caroline Cochaux,
la présidente de Gulli, l’une des chaînes
jeunesse de Lagardère. « Il y a toujours autant
de linéaire, cela ne bouge pas, mais désormais
un enfant qui regarde la télévision l’agrémente
avec autre chose, une tablette par exemple. » Si
l’écran de télévision reste n° 1, celui devant lequel
on passe le plus de temps, un tiers des enfants
de 4 ans ont déjà leur tablette.
STRATÉGIES N° 1914 26
31/08/2017