Stratégies
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dossier<br />
enfants 4-12 ans<br />
Dr<br />
Chez Gulli, le programme « Les tactiques d’Emma<br />
», dans lequel une fillette filme ses petits<br />
tracas du quotidien, est ainsi passé sur le petit<br />
écran après avoir enregistré 9 millions de vues<br />
sur le web. Plus autonomes, les petits ont ainsi<br />
leurs propres réseaux sociaux, inconnus des<br />
plus grands, comme Musical.ly, qui permet de<br />
poster des vidéos de chorégraphies en play-back<br />
des tubes du moment. Et comme dans le monde<br />
des adultes, où chacun peut devenir un média<br />
en créant un compte Twitter, les enfants deviennent<br />
à leur tour des émetteurs. « Quand on<br />
voit des gamins de 8 ans qui ont déjà leur propre<br />
chaîne YouTube, ça change les écosystèmes »,<br />
remarque Corinne Abitbol. L’enjeu pour les<br />
marques, devant une telle fragmentation de l’audience,<br />
consiste alors à identifier ces nouveaux<br />
points de contact, ceux qui, à côté d’influenceurs<br />
comme Norman ou Cyprien, ont un potentiel<br />
d’avenir, même si leur audience n’atteint pas<br />
encore les sommets de ces youtubeurs à succès.<br />
© Jérome Prébois<br />
Corinne Abitbol, directrice générale<br />
des études d’Omnicom Media Group,<br />
CAroline CoChAux, présidente de<br />
Gulli, et Shirley CurtAt, fondatrice<br />
de l’agence Com’ des enfants.<br />
Cette génération<br />
zapping représente<br />
un vrai casse-tête<br />
pour les marques qui<br />
doivent anticiper très<br />
vite les tendances.<br />
Dr<br />
un vrai casse-tête pour les marques qui doivent<br />
compter avec une exigence toujours plus forte et<br />
anticiper très vite les tendances. « Il y a une accélération,<br />
note Corinne Abitbol chez Omnicom<br />
Média Group. Il y a trois ans, les petits élastiques<br />
Rainbow avaient duré trois mois. Cette année, les<br />
Hand Spinner, un mois et demi seulement. Les<br />
phénomènes sont de plus en plus éphémères, une<br />
nouveauté en chasse une autre. »<br />
Et avec internet, les phénomènes se propagent<br />
dans le monde entier comme une traînée de<br />
poudre chez des gamins hyper-connectés. Difficile<br />
dans ces conditions pour les marques d’anticiper<br />
ces phénomènes. Le temps de se positionner,<br />
et les bambins sont déjà passés à autre<br />
chose. Zappant de la télévision à son ordinateur<br />
avec le smartphone jamais bien loin, l’enfant moderne<br />
est devenu insaisissable. « Pour capter son<br />
attention, cela devient trois fois plus dur, soupire<br />
Shirley Curtat. Le marketing a encore de longues<br />
années devant lui… » n<br />
Insaisissables<br />
Plus agile et plus autonome, la génération alpha<br />
est enfin plus versatile. « Les enfants ont accès à<br />
plus de découvertes qu’avant, ils ont plus de liberté<br />
et peuvent expérimenter plus de choses, en<br />
matière de loisirs ou de vacances notamment »,<br />
note Perrine Boyer, la fondatrice de l’agence<br />
Promo Agency qui a créé un département dédié<br />
aux enfants. Conséquence : « Ils sont aussi sursollicités<br />
et ont besoin en permanence de nouveautés.<br />
» Cette génération zapping représente<br />
Haro sur les mascottes<br />
Les marques vont-elles devoir se passer<br />
des mascottes et personnages de dessins<br />
animés, l’une de leurs armes favorites<br />
pour capter les enfants ? En juin, le Bureau<br />
européen des unions de consommateurs<br />
a lancé une campagne appelant fabricants<br />
et distributeurs du secteur alimentaire à<br />
les bannir des emballages et des publicités<br />
des produits considérés comme trop gras,<br />
trop sucrés ou trop salés. En France, l’association<br />
de défense des consommateurs<br />
CLCV demande que l’initiative prise en<br />
2016 aux Pays-Bas, où certaines marques<br />
ont accepté de restreindre l’utilisation<br />
de personnages sur les packagings, soit<br />
« étendue au sein de l’Europe ».<br />
StratégieS N° 1914 28<br />
31/08/2017