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NOUVELLES DE JÉRUSALEM - Automne 2017

Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. En voici le deuxième numéro couleurs en ligne. Les articles alternent français et anglais. The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Here is the second color edition online. Articles are sometimes in French sometimes in English.

Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. En voici le deuxième numéro couleurs en ligne. Les articles alternent français et anglais.

The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Here is the second color edition online. Articles are sometimes in French sometimes in English.

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(restauration, fichiers) et Louis de<br />

Lisle (dessin et chargé de la typologie),<br />

passe l’été entre Samra et Amman,<br />

pour trier, restaurer, dessiner,<br />

photographier. La documentation<br />

est conservée sur le site même de<br />

Samra, dans un dépôt placé sous<br />

la surveillance de la Direction des<br />

Antiquités de Jordanie. Le local, un<br />

ancien baraquement de l’armée turque,<br />

est des plus rustiques : le toit<br />

de zinc en fait un four pendant l’été.<br />

Mais travailler à Samra n’est pas<br />

seulement un défi physique ; cela<br />

suppose aussi une bonne relation<br />

avec la population locale, une tribu<br />

bédouine, les Beni Hasan.<br />

Nous sommes arrivés au village<br />

il y a maintenant 40 ans, et nous<br />

avons suivi son évolution aussi<br />

surprenante que rapide. Les familles<br />

étaient en train de passer des<br />

tentes aux maisons de terre crue.<br />

Il n’y avait pas de voiture, et il<br />

nous fallait 8 km de piste caillouteuse<br />

pour y arriver ; un petit train<br />

à vapeur avec deux wagons passait<br />

une fois par jour, c’était un événement.<br />

Il n’y avait ni eau courante,<br />

ni électricité, ni téléphone, ni télévision.<br />

La steppe sans ombre et sans<br />

végétation s’étendait à l’infini vers<br />

l’est et nous évoquions le désert des<br />

Tartares. L’accueil d’abord timide<br />

fut franc et cordial à l’orientale : les<br />

soirées étaient bédouines à boire du<br />

thé sur les pas de porte en parlant de<br />

tout et de rien.<br />

Aujourd’hui, le romantisme a fait<br />

place au modernisme : l’autoroute<br />

vers la Syrie proche, surchargée de<br />

camions, a coupé le désert en deux<br />

et sur les bas-côtés se succèdent les<br />

usines, garages, stations-service,<br />

cimenterie et, tout contre Samra, la<br />

plus grande station d’épuration des<br />

eaux de toute la Jordanie. La société<br />

villageoise maintenant jongle<br />

avec la bimbeloterie électronique,<br />

roule en voiture, sait tout par les<br />

réseaux sociaux, bénéficie de deux<br />

mosquées. La forte sympathie et<br />

la curiosité d’antan ont fait place à<br />

une fierté musulmane qui parfois<br />

nous toise. Il est vrai que des avions<br />

français à quelque distance décollent<br />

tous les jours pour bombarder<br />

la Syrie : nous sommes tenus à la<br />

discrétion et à l’humilité.<br />

Il y a là, peut-être, une marque<br />

spécifique de l’ÉBAF : nos terrains<br />

d’étude ne sont pas d’abord des<br />

tremplins pour des carrières ou des<br />

ambitions personnelles. L’Orient<br />

n’est pour nous ni un décor ni un<br />

simple sujet de recherches. Nous<br />

sommes là pour mieux le connaître<br />

et quoi qu’il advienne, osons le dire,<br />

pour l’aimer.<br />

Au musée de la Citadelle d’Amman,<br />

étude des textiles de Qumran<br />

Le dossier Qumran dont l’École<br />

est chargée s’étend en territoire jordanien<br />

: l’École, sous licence jordanienne,<br />

a soutenu de bout en bout<br />

la découverte des manuscrits de la<br />

Mer morte, les fouilles et la publication.<br />

Les vicissitudes politiques<br />

de la guerre de Six jours ont fait<br />

qu’une partie de la documentation<br />

était restée à Amman. Le service<br />

israélien des Antiquités de Jérusalem<br />

a mis la main sur le produit<br />

des fouilles jordaniennes entreposé<br />

au Palestinian Archaeological Museum<br />

(Rockefeller Foundation). À<br />

la requête de l’École biblique, les<br />

Antiquités de Jordanie, soucieuses<br />

d’honorer les documents restés sous<br />

leur contrôle, ont mis à notre disposition<br />

les précieux textiles qui avaient<br />

enveloppé les manuscrits. Encore<br />

fallait-il retrouver les six portoirs que<br />

nous avions constitués déjà en 2007.<br />

Nous les avions déposés au Citadel<br />

Museum ; le temps avait passé,<br />

la mémoire des préposés s’était un<br />

peu perdue. Antichambre, thé, café ;<br />

on nous affirmait qu’ils étaient inaccessibles<br />

dans un coffre-fort<br />

dont l’ouverture requérait en même<br />

temps trois personnes impossibles<br />

à réunir en même temps, porteurs<br />

de trois clés différentes, qu’il fallait<br />

l’autorisation d’un ministre, etc. ; «<br />

Revenez l’an prochain ». Après un<br />

tour de passe-passe à l’orientale, le<br />

coffre s’ouvre mais vide.<br />

Retour aux Antiquités qui nous renvoient<br />

au nouveau Jordan Museum.<br />

Antichambre, thé, café ; descente<br />

au sous-sol sécurisé ; re-coffre mais<br />

vide. « Allez voir à Dabarbur, le magasin<br />

de stockage dans la banlieue ».<br />

Antichambre, thé, café ; introduits<br />

dans un hangar aux dimensions<br />

d’une usine, véritable capharnaüm,<br />

on nous montre, entassés sans ordre<br />

sur le sol de béton, 20 m 3 des réserves<br />

récemment transférées du Citadel<br />

Museum ; « Oui, les six portoirs<br />

sont dedans mais interdiction d’y<br />

toucher sans l’ordre du ministre ».<br />

10 Lettre aux amis de l’ÉBAF - N° 94 - <strong>Automne</strong> <strong>2017</strong><br />

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