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Les Nouvelles de Jérusalem - Numéro 105 - Printemps 2023

Découvrez le n°105 des Nouvelles de Jérusalem. Numéro spécial sur la vie académique et l'orientation stratégique de l'École. Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. Les articles alternent français et anglais. Discover the n° 105 of the Nouvelles de Jérusalem. Special issue on the academic life and the strategic plan of the École. The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Articles are sometimes in French sometimes in English.

Découvrez le n°105 des Nouvelles de Jérusalem.
Numéro spécial sur la vie académique et l'orientation stratégique de l'École.
Les Nouvelles de Jérusalem sont une revue d'informations de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, 2 à 3 fois par an, elles donnent un aperçu des travaux en cours en exégèse comme en archéologie, ici à Jérusalem. Les articles alternent français et anglais.

Discover the n° 105 of the Nouvelles de Jérusalem.
Special issue on the academic life and the strategic plan of the École.
The Nouvelles de Jérusalem is an information review of the École Biblique et Archéologique française de Jérusalem, 2-3 times a year, they give an overview of the work in progress in both exegesis and archeology, here in Jerusalem. Articles are sometimes in French sometimes in English.

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<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem<br />

Lettre aux amis <strong>de</strong> l’École biblique<br />

et archéologique française<br />

N° <strong>105</strong> - Pâques <strong>2023</strong><br />

École<br />

biblique e<br />

archéolog<br />

française<br />

Jérusalem


A Dominican Biblical institute housed at the priory of St Stephen<br />

since 1890, the École biblique et archéologique française <strong>de</strong><br />

Jérusalem, welcomes stu<strong>de</strong>nts and researchers from all over the<br />

world and offers them a unique study experience.<br />

The École thus continues the project of its foun<strong>de</strong>r, Father Marie-<br />

Joseph Lagrange: to study the Bible in the land of the Bible, to<br />

bring together both ‘document’ and ‘monument’ in an aca<strong>de</strong>mically<br />

rigorous way. To do this, the École offers an exceptional study<br />

environment:<br />

Specialised library<br />

International team of teacher-researchers<br />

Regular visits to archaeological sites<br />

Fraternal atmosphere to foster dialogue<br />

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France: association<strong>de</strong>samis@ebaf.edu<br />

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Belgium : orient.oosten@skynet.be<br />

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Bank: CIC<br />

Account hol<strong>de</strong>r: Couvent <strong>de</strong>s Dominicains à Jérusalem<br />

Branch co<strong>de</strong>: 30066 - Sort co<strong>de</strong>: 10041<br />

Account number: 00011282301 - RIB key : 77<br />

IBAN : FR76 30066 10041 00011282301 77<br />

(BIC) : CMCIFRPP<br />

École biblique et archéologique française <strong>de</strong> Jérusalem<br />

Nablus road 83-85 -POB 19053 -IL 911 9001 Jerusalem<br />

Tél. : 972 2 626 44 68 ext 238 - Fax. : 972 2 628 25 67<br />

www.ebaf.edu - secretariat.ebaf@gmail.com<br />

Couverture : Un ouvrier pendant les travaux <strong>de</strong> rénovation <strong>de</strong> l’hôtellerie <strong>de</strong> l’École.<br />

Éditorial<br />

« Vous avez dit plan stratégique » ?<br />

La pério<strong>de</strong> du Covid a donné au corps enseignant <strong>de</strong> l’École biblique, le<br />

temps <strong>de</strong> réfléchir et d’adopter quelques gran<strong>de</strong>s orientations pour les dix<br />

ans à venir : un « plan stratégique ».<br />

L’effort <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années avait surtout porté sur la reconstitution d’un<br />

corps enseignant dans les gran<strong>de</strong>s disciplines que nous <strong>de</strong>vons honorer :<br />

Ancien et Nouveau Testament, langues anciennes, Histoire du Proche-<br />

Orient ancien, archéologie, épigraphie, etc. Cela n’est pas une petite<br />

affaire, car il n’est pas simple <strong>de</strong> trouver un professeur d’araméen, par<br />

exemple. Sans couvrir encore tous ces domaines, nous avons fait d’indéniables<br />

progrès et sommes peu à peu parvenus à constituer une équipe<br />

stable d’enseignants : à ce jour, huit professeurs, quatre chargés <strong>de</strong> cours,<br />

<strong>de</strong>ux assistants.<br />

L’étape suivante était <strong>de</strong> définir quelques gran<strong>de</strong>s priorités pour le futur.<br />

Vers où voulons-nous aller ? À titre d’exemple, voulons-nous ouvrir un<br />

mastère qui nous apporterait plus d’étudiants, ou choisissons-nous <strong>de</strong> renforcer<br />

une école doctorale plus spécialisée, plus exigeante, mais attirant<br />

<strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> niveau plus élevé. C’est ce choix qui a été fait après mûre<br />

réflexion. Le conseil académique a ainsi <strong>de</strong>ssiné quelques gran<strong>de</strong>s orientations<br />

que l’on évoquera plus loin, orientations que le Maître <strong>de</strong> l’Ordre,<br />

grand chancelier <strong>de</strong> l’École, vient d’approuver. C’est notre feuille <strong>de</strong><br />

route pour l’avenir.<br />

Taking advantage of having less stu<strong>de</strong>nts during the pan<strong>de</strong>mic, the aca<strong>de</strong>mic<br />

council of the Ecole has discussed and agreed upon some priorities<br />

for the coming ten years: a strategic plan, recently approved by the<br />

Grand Chancellor, the Master of the Or<strong>de</strong>r.<br />

Fr. Jean-Jacques Pérennès, o.p.<br />

Directeur


Vie académique<br />

Un aspect du plan stratégique :<br />

l’école doctorale<br />

Frère Gerard Timoner, Maître <strong>de</strong><br />

l’Ordre, a approuvé en décembre<br />

2022 les gran<strong>de</strong>s orientations que<br />

s’est donné le Conseil académique<br />

<strong>de</strong> l’École pour les dix ans à venir.<br />

Essayons <strong>de</strong> vous en dire un peu<br />

plus, à travers un exemple concret.<br />

L’École biblique accueille en<br />

moyenne une quarantaine d’étudiants<br />

par an, dont certains, en<br />

étu<strong>de</strong>s doctorales, restent plusieurs<br />

années. <strong>Les</strong> autres sont là pour un<br />

an, voire seulement un semestre.<br />

Pour avoir un modèle économique<br />

plus stable, nous gagnerions à<br />

avoir davantage d’étudiants. Un<br />

<strong>de</strong>s moyens d’y parvenir serait<br />

d’ouvrir un mastère, comme le font<br />

<strong>de</strong> nombreuses facultés à travers le<br />

mon<strong>de</strong>. Il nous a semblé préférable<br />

<strong>de</strong> chercher plutôt à tirer parti <strong>de</strong><br />

ce que notre situation a d’unique :<br />

la présence à Jérusalem. Elle garantit<br />

une gran<strong>de</strong> facilité d’accès<br />

aux sites, une bibliothèque exceptionnelle,<br />

un corps enseignant<br />

très spécialisé qui peut consacrer<br />

beaucoup <strong>de</strong> temps à la recherche,<br />

une réputation qui nous vaut d’accueillir<br />

<strong>de</strong>s chercheurs du mon<strong>de</strong><br />

entier. Nous avons donc choisi <strong>de</strong><br />

créer une véritable « école doctorale<br />

», capable <strong>de</strong> former quelques<br />

très bons spécialistes en étu<strong>de</strong>s<br />

bibliques. À leur tour ils enseigneront<br />

dans les diverses facultés qui<br />

nous envoient <strong>de</strong>s étudiants.<br />

Ceci a, pour nous, plusieurs conséquences<br />

:<br />

- Poursuivre l’effort <strong>de</strong> constitution<br />

d’un corps enseignant <strong>de</strong> haut<br />

niveau, en nous appuyant sur un<br />

noyau stable <strong>de</strong> professeurs dominicains,<br />

résidant à Jérusalem. Mais<br />

aussi, faire appel régulièrement à<br />

<strong>de</strong>s professeurs invités, ayant <strong>de</strong>s<br />

spécialités particulières. Ainsi, la<br />

présence parmi nous cette année<br />

<strong>de</strong> Kevin Zilverberg, (Saint-Paul,<br />

Minnesota), spécialiste <strong>de</strong> la Vetus<br />

latina. Nous avons organisé autour<br />

<strong>de</strong> lui une journée d’étu<strong>de</strong> sur les<br />

versions latines <strong>de</strong> la Bible, antérieures<br />

à la Vulgate <strong>de</strong> saint Jérôme.<br />

Un vrai succès.<br />

- Développer <strong>de</strong>s partenariats avec<br />

quelques autres centres académiques<br />

avec qui nous signons <strong>de</strong>s<br />

conventions. La <strong>de</strong>rnière en date,<br />

signée il y a quelques mois avec<br />

la Ludwig Maximilian Universität<br />

<strong>de</strong> Munich, nous a valu la présence<br />

durant tout un semestre du professeur<br />

Knut Backhaus. Tout en travaillant<br />

à ses propres recherches,<br />

il contribua à l’animation du séminaire<br />

doctoral en Nouveau Testament.<br />

À côté <strong>de</strong> partenaires déjà<br />

anciens et vivants, nous travaillons<br />

ainsi à <strong>de</strong> nouvelles collaborations,<br />

peu nombreuses…et bien choisies.<br />

Le professeur Kevin Zilverberg (à droite).<br />

- Pour dynamiser et soutenir le travail<br />

<strong>de</strong> nos doctorands, nous organisons<br />

différemment les étu<strong>de</strong>s :<br />

instauration d’une pério<strong>de</strong> probatoire<br />

<strong>de</strong> quelques mois pour nous<br />

assurer <strong>de</strong> leur niveau en langues et<br />

<strong>de</strong> leur capacité à écrire ; organisation<br />

d’un séminaire doctoral d’une<br />

année en Ancien et Nouveau Testament.<br />

Il est obligatoire pour tous<br />

<strong>de</strong> manière à permettre à chacun<br />

d’acquérir une véritable culture<br />

biblique, en évitant une spécialisation<br />

trop précoce ; puis, écriture <strong>de</strong><br />

la thèse.<br />

Ce choix, nous l’espérons, est à<br />

même <strong>de</strong> mieux honorer le caractère<br />

unique d’étu<strong>de</strong>s bibliques menées<br />

à Jérusalem et <strong>de</strong> promouvoir<br />

un niveau d’excellence.<br />

Fr. Jean-Jacques Pérennès, o.p.<br />

Directeur<br />

<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong><br />

4 5


Brother’s life<br />

Big and Small Countries...<br />

Impressions from Canada<br />

Québec City<br />

What professors do during the summer<br />

? They travel… and work elsewhere<br />

tells us Fr Martin, prior, “<br />

joignant l’utile à l’agréable” as the<br />

French have it.<br />

By travelling like the Vikings, namely<br />

via Iceland, I spent, from May<br />

to July, two months in Canada in<br />

the summer of 2022, first in Toronto,<br />

then in Ottawa. The purpose of<br />

the stay was to see some cities and<br />

regions of this big and won<strong>de</strong>rful<br />

country, another aim was to continue<br />

working on a publication project.<br />

The conditions couldn’t have been<br />

better: the Dominican house of<br />

Toronto maintains good relations<br />

with the university, the Dominicans<br />

in Ottawa have a faculty of<br />

philosophical and theological studies<br />

(that now, unfortunately, has to<br />

cease operations), so both places<br />

have good libraries. The work on<br />

the publication project was accompanied<br />

by numerous impressions<br />

of a multi-ethnic society: in Toronto,<br />

there are five Chinatowns, some<br />

Little Italies, and many other quarters<br />

or ethnical groups.<br />

The French speaking parish with fr.<br />

Raymond as minister, gathers every<br />

sunday a lot of faithful coming<br />

mostly from African countries, such<br />

as Rwanda. Canada’s biggest city<br />

became an international melting pot<br />

as much as New York is.<br />

Ottawa as the capital city, on the<br />

other hand, represents the British<br />

past of the nation. Much smaller<br />

than Toronto, the city breathes the<br />

somewhat dry spirit of politics<br />

and administration. But Ottawa<br />

is, however, the gateway to the<br />

grandiose nature of the province<br />

of Québec.<br />

I had the opportunity to visit<br />

some national parks, to see a part<br />

of the St. Lawrence River and the<br />

“charme” of the “Vieille ville” of<br />

Québec City. The cathedral keeps<br />

the memory of Canada’s first<br />

bishop, François <strong>de</strong> Montmorency-Laval<br />

(1623–1708), whose<br />

diocese covered almost the entire<br />

North American continent and<br />

reached as far as Louisiana in the<br />

United States!<br />

Today, the city and province of<br />

Québec value the French-speaking<br />

tradition and their roots in European<br />

history, “Je me souviens” is their<br />

moto. Unfortunately, the Dominicans<br />

there had to close down their<br />

house and parish in Québec who<br />

are situated next to the Art Museum,<br />

today, their house is located on<br />

the outskirts of the city. There, like<br />

everywhere, I am grateful for the<br />

warm hospitality and any help in<br />

the libraries I found.<br />

The current church situation is<br />

marked by the sorrowful history of<br />

the first nations, i.e. the treatment<br />

of the indigenous population of the<br />

country, to whom state and church<br />

institutions inflicted endless suffering.<br />

One reason for the church’s<br />

guilt is that in the past practically<br />

the entire education system, from<br />

kin<strong>de</strong>rgarten to university, was in<br />

the hands of the church, especially<br />

strongly in the province of Québec.<br />

Pope Francis’ visit to Canada in the<br />

second half of July sought to provi<strong>de</strong><br />

the necessary signs of repentance<br />

and reconciliation.<br />

Back to Israel, it is obvious that,<br />

<strong>de</strong>spite the enormous differences<br />

between the two countries, there<br />

can be found also some analogies<br />

between them if one looks at the<br />

past and the present.<br />

Fr. Martin Staszak, OP<br />

Prior<br />

6 <strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


Bible studies<br />

Bible and latin language<br />

Fr. Giambrone recalls of his Greek and<br />

Latin studies and presents Fr. Kevin<br />

Zylberberg, explaining the purposes of<br />

his stay at the École biblique this year.<br />

One of the visible trends in biblical<br />

studies today is a lively engagement<br />

with the so-called “ancient versions,”<br />

translations of the Jewish scriptures<br />

ma<strong>de</strong> in antiquity. The Septuagint is<br />

by far the most famous of these. As<br />

the legend recounts it, this work of<br />

ren<strong>de</strong>ring of the Hebrew Bible into<br />

Greek took place in Alexandria in<br />

Egypt at the time of King Ptolemy II<br />

(third century BC), when seventy<br />

scholars in<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>ntly all lan<strong>de</strong>d<br />

upon the exact same translation. Today,<br />

obviously, a more nuanced story<br />

is told; but the immense interest of the<br />

Greek translation remains. Through<br />

the enormously wi<strong>de</strong>spread use of the<br />

Greek language in the ancient world,<br />

the Septuagint became the specific<br />

form of the Bible known to most people<br />

and thereby the base for a whole<br />

family of both Jewish and later Christian<br />

revisions. If recent scholarship<br />

has accordingly shown an increasing<br />

interest in studying this important ancient<br />

version on its own terms, other<br />

ancient translations are also of major<br />

interest. The Latin Bible is certainly<br />

among the most important.<br />

As with the Greek, the story of the<br />

Latin is more complicated than often<br />

supposed. Before Jerome’s famous<br />

Vulgate appeared—itself a complicated<br />

affair—the Vetus Latina, or Old<br />

Latin translation already existed, for<br />

instance. While Jerome often ma<strong>de</strong> a<br />

point of translating directly from the<br />

Hebrew, the earlier Latin text was<br />

ma<strong>de</strong> from the Greek. This naturally<br />

puts the Latin at a certain remove.<br />

Yet, at times the Greek preserves<br />

even ol<strong>de</strong>r readings than our present<br />

Hebrew, and at times the Latin<br />

version provi<strong>de</strong>s our only access to<br />

Greek readings that have since perished,<br />

lost behind later textual corruptions.<br />

From another perspective,<br />

the Latin also attests quite simply to<br />

interpretative traditions among early<br />

Christian rea<strong>de</strong>rs in the west, a matter<br />

of interest in its own right.<br />

Following the gui<strong>de</strong>lines of the Pontifical<br />

Biblical Commission in Rome,<br />

doctoral stu<strong>de</strong>nts at the École biblique<br />

are all expected to pass special<br />

exams on all the ancient versions.<br />

This inclu<strong>de</strong>s not only the Masoretic<br />

Hebrew and Septuagint Greek texts,<br />

therefore, but also the Aramaic Targums<br />

and, of course, the Latin Bible<br />

tradition. The Bible in Its Traditions<br />

project is naturally also highly invested<br />

in these same ancient versions,<br />

consciously advancing a polymorphic<br />

vision of the Church’s scriptures. In<br />

this connection, un<strong>de</strong>r the lea<strong>de</strong>rship<br />

of fr. Olivier-Thomas Venard, the<br />

BEST team has in fact un<strong>de</strong>rtaken a<br />

large-scale work to produce the first<br />

French translation of the Vulgate at its<br />

medieval height (as edited by Robert<br />

Weber and slightly revised by Roger<br />

Gryson for the Deutsche Bibelgesellschaft,<br />

Stuttgart, 2007). Prior to<br />

its post-tri<strong>de</strong>ntine editions, this text<br />

inspired many centuries of literary<br />

and artistic creation, and is therefore<br />

the necessary basis for an annotation<br />

in the history of its reception.<br />

In this broad context, the <strong>de</strong>cision<br />

was ma<strong>de</strong> to invite a young specialist<br />

in the Vetus Latina, Fr. Kevin Zilverberg,<br />

associate professor at the University<br />

of St. Thomas (MN, USA), to<br />

spend a semester at the Ébaf as professeur<br />

invité. Fr. Zilverberg’s SSD<br />

dissertation, entitled The Textual History<br />

of Old Latin Daniel from Tertullian<br />

to Lucifer (Madrid, 2021), won<br />

the Bibeau Award for the best dissertation<br />

at the Biblicum in 2019-2020.<br />

Fr. Zilverberg’s stay at the Ecole had<br />

two official objectives. First, he offered<br />

a two-hour per week course<br />

introducing stu<strong>de</strong>nts to the tools and<br />

techniques used in serious study of<br />

the Latin Bible. Avidly followed by<br />

both doctoral stu<strong>de</strong>nts and others,<br />

this course provi<strong>de</strong>d a sound, initial<br />

orientation to the subject matter. At<br />

the same time, Fr. Zilverberg helped<br />

co-organize a special journée d’étu<strong>de</strong>s<br />

at the Ecole centered on the theme<br />

“Election in the Latin Bible.” For this<br />

event, which took place on December<br />

15, he was joined by two other invited<br />

scholars: José Manuel Cañas Reíllo<br />

and Pablo Toribio, both researchers<br />

at the CSIC (Consejo Superior <strong>de</strong> Investigaciones<br />

Científicas) in Madrid.<br />

Łukas Popko from the Ébaf was the<br />

fourth speaker. Each speaker ma<strong>de</strong> a<br />

very fine contribution, approaching the<br />

subject from some strikingly different<br />

perspectives. Together with several<br />

other solicited studies, these papers<br />

will ultimately be edited and published<br />

in the series Étu<strong>de</strong>s bibliques.<br />

Fr. Anthony Giambrone, OP<br />

Vice Director<br />

8<br />

<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


Archéologie<br />

Découverte Transjordanienne à l’École biblique !<br />

Archaeology<br />

Potter’s skill is inherited<br />

from a multisecular tradition<br />

C’était au temps où les étudiants<br />

<strong>de</strong> l’École pouvaient encore découvrir<br />

tombes et sites au fil <strong>de</strong> leurs<br />

explorations. Frère Cyrille raconte<br />

l’invention <strong>de</strong> Samra et sa proche<br />

divulgation scientifique.<br />

Vacances <strong>de</strong> Pâques en 1924. Des<br />

élèves explorent la Transjordanie.<br />

Ils découvrent, en revenant <strong>de</strong> Jérash<br />

à Amman, <strong>de</strong>s tombes chrétiennes<br />

en bord <strong>de</strong> route à Khirbet<br />

al-Samra (photographie en 4e <strong>de</strong><br />

couverture). <strong>Les</strong> frères Jaussen<br />

et Savignac en relèveront les inscriptions<br />

syriaques et grecques.<br />

Elles sont publiées dans la Revue<br />

Biblique en 1925. Près <strong>de</strong> 60 ans<br />

plus tard, <strong>de</strong> 1981 à 2009, le frère<br />

Humbert y poursuivit <strong>de</strong>s fouilles :<br />

le corpus complet <strong>de</strong>s inscriptions<br />

funéraires est publié.<br />

Proche du village antique, dominé<br />

par une forteresse et peuplé aux<br />

époques romaine et byzantine,<br />

une auberge située sur la voie<br />

romaine toute proche a révélé<br />

une occupation brève. La fouille<br />

a fourni beaucoup <strong>de</strong> poteries utilisées<br />

par les voyageurs pour se<br />

restaurer. Ce mobilier d’utilisation<br />

courante y est bien daté, ce qui<br />

est spécialement intéressant pour<br />

les fouilleurs d’autres sites. Il est<br />

issu d’une « capsule temporelle »<br />

<strong>de</strong>s II e et III e s., révélée par un<br />

beau lot <strong>de</strong> monnaies et <strong>de</strong>s objets<br />

précieux. L’édition en préparation<br />

sur l’auberge romaine, assez<br />

technique, inclura soixante-quinze<br />

planches très <strong>de</strong>nses <strong>de</strong> poterie.<br />

D’autres planches montreront les<br />

monnaies, le petit mobilier, la verrerie,<br />

la faune…<br />

Un ouvrage collectif (cas fréquent<br />

en archéologie) est une lutte contre<br />

les délais, plus encore quand les<br />

nombreux co-auteurs qui ont participé<br />

à la fouille comme jeunes<br />

professeurs sont <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>venus<br />

d’éminents spécialistes sollicités<br />

<strong>de</strong> toutes parts. Nous y parviendrons<br />

pourtant : la publication est<br />

attendue par les chercheurs.<br />

Frère Cyrille Jalabert, o.p.<br />

Historien<br />

The archaeologist, the prehistorian<br />

even more, is concerned with un<strong>de</strong>rstanding<br />

how the material he discovers<br />

in his excavations was ma<strong>de</strong>.<br />

With its composition of pastes, its<br />

mo<strong>de</strong>lling techniques and its firing<br />

methods, traditional Palestinian<br />

pottery offers a useful contribution<br />

to archaeological research.<br />

This craft, now lost, was studied<br />

and photographed in the 1970s by<br />

Owen Rye and the late John Landgraf.<br />

The School recently published<br />

their results in the Cahiers<br />

<strong>de</strong> la Revue Biblique.<br />

In rural workshops, men produced<br />

objects to be sold on a potter’s<br />

wheel. They used very elaborate<br />

techniques, transmitted and perfected<br />

over the centuries by generations<br />

of craftsmen. However, in the<br />

villages of the Palestinian mountains,<br />

a lively tradition of women<br />

potters continued up until 1980, but<br />

then abruptly ceased with the consumer<br />

society. They ma<strong>de</strong> all the<br />

domestic dishes by hand, from the<br />

coil without the wheel, and fired<br />

them without a closed kiln. Their<br />

skill and techniques were exactly<br />

those of 5500 years ago. However,<br />

this pottery appeared in Palestine in<br />

the 14th century with the nomads<br />

forced by the Mamelukes to settle<br />

down. By tradition, they did not<br />

make pottery. The women would<br />

have reinvented the ol<strong>de</strong>st technology<br />

that was then maintained till<br />

the twentieth century. The study is<br />

fundamental to un<strong>de</strong>rstand primitive<br />

pottery.<br />

Fr. Cyrille Jalabert, OP,<br />

Fr. Jean-Baptiste Humbert, OP<br />

Historian, Archeologist<br />

10 <strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


Vie académique<br />

Un nouveau docteur à Jérusalem<br />

Aca<strong>de</strong>mical life<br />

How I loved my doctoral seminar !<br />

Le 8 novembre 2022, Jakub<br />

Bluj, o.p., <strong>de</strong> la Province <strong>de</strong> Pologne,<br />

a brillamment soutenu<br />

sa thèse <strong>de</strong> doctorat (S.S.D.) au<br />

terme <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s à l’École<br />

Biblique et Archéologique Française<br />

<strong>de</strong> Jérusalem.<br />

Sa recherche, intitulée « Divine<br />

Mercy according to Sir 15:11—<br />

18:14. A Comparison of Hebrew,<br />

Greek and Syriac Versions »,<br />

constitue une analyse comparée et<br />

une évaluation serrée <strong>de</strong>s enjeux à<br />

la fois textuels, littéraires et théologiques<br />

<strong>de</strong>s 3 traditions du texte<br />

— Hébreu (I et II), Grec (A et B)<br />

et Syriaque — concernant l’enseignement<br />

siracidien sur la miséricor<strong>de</strong><br />

divine.<br />

Après son exposé <strong>de</strong> 25 minutes,<br />

chaque membre du jury a disposé,<br />

lui-aussi, du même temps pour se<br />

prononcer et poser <strong>de</strong>s questions<br />

sur son volume <strong>de</strong> 416 pages !<br />

En définitive, ce <strong>de</strong>rnier arrache<br />

la conviction non seulement par<br />

son originalité qui ne fait aucun<br />

doute, mais aussi par la rigueur<br />

exégétique <strong>de</strong> ses résultats, finement<br />

élaborés, qui apportent une<br />

soli<strong>de</strong> contribution <strong>de</strong> haute qualité<br />

aux étu<strong>de</strong>s siracidiennes.<br />

Au final, la décision<br />

fut prise, à<br />

l’unanimité <strong>de</strong>s<br />

membres du<br />

jury 1 , <strong>de</strong> déclarer le Fr. Jakub<br />

docteur ès Sciences Bibliques et <strong>de</strong><br />

lui décerner la plus haute distinction,<br />

summa cum lau<strong>de</strong>. Sous un<br />

tonnerre d’applaudissements, le<br />

lauréat fit retentir ses chaleureux<br />

mots <strong>de</strong> remerciements à l’endroit<br />

<strong>de</strong> tous ceux qui l’ont soutenu pendant<br />

ses années d’étu<strong>de</strong>s à l’École.<br />

1- Prof. Anthony Giambrone, OP, Prési<strong>de</strong>nt<br />

(Ébaf) ; Prof. Paul-Marie Chango, o.p., Codirecteur<br />

<strong>de</strong> la thèse (Ébaf) ; Prof. Jean-Sébastien<br />

Rey, Co-directeur <strong>de</strong> la thèse (Université<br />

<strong>de</strong> Lorraine) ; Prof. Núria Calduch-<br />

Benages (Université Grégorienne, Rome) ;<br />

Prof. Noam Mizrahi (Université Hébraïque<br />

<strong>de</strong> Jérusalem) ; Prof. Eshbal Razon (Université<br />

<strong>de</strong> Tel-Aviv) ; Prof. Claire Placial<br />

(Université <strong>de</strong> Lorraine).<br />

Fr. Paul-Marie Chango, o.p.<br />

Professeur<br />

One and a half year, four seminars,<br />

a small group of motivated stu<strong>de</strong>nts,<br />

many books and countless pages to<br />

read. These are some of the figures<br />

that <strong>de</strong>scribe the doctoral program<br />

at the École Biblique. Or rather, its<br />

beginning.<br />

When it comes to reading and<br />

un<strong>de</strong>rstanding the Bible with an<br />

informed and pru<strong>de</strong>nt spirit, things<br />

get serious and nothing is left to<br />

improvisation. We have to equip<br />

ourselves with many different<br />

tools, sometimes even taking on<br />

the task for those who do not have<br />

the same time, resources or means.<br />

I like to think of the doctorate in<br />

biblical studies as a (rather long)<br />

period in which one learns a craft,<br />

such as carpentry, goldsmithing<br />

or painting. If in those crafts it is<br />

the hands that learn the art, in our<br />

case it is the eyes that learn how to<br />

see better. We are urged to slowly<br />

increase our capacity to see, trying<br />

to go <strong>de</strong>eper and <strong>de</strong>eper, so that the<br />

Bible no longer seems like a book<br />

on a shelf, but an inexhaustible<br />

world of paths to be explored.<br />

What exactly are we doing here?<br />

First of all, if necessary, we brush up<br />

on the ancient languages: Hebrew<br />

and Greek, Latin and Aramaic. At<br />

least. Then we have to write a short<br />

essay on a subject agreed with a<br />

professor - a biblical passage, a<br />

theme, a significant word - a kind<br />

of preliminary exercise to train the<br />

12 <strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong><br />

13


esearch skills that will occupy us<br />

for the next few years of our lives.<br />

Once these steps have been taken,<br />

two semesters are <strong>de</strong>voted to<br />

doctoral seminars. You choose a<br />

book of the Bible - Isaiah, Acts,<br />

Sirach, to name but a few. Then,<br />

un<strong>de</strong>r the guidance of professors<br />

from the École and invited guests<br />

from other faculties around the<br />

world, we read ancient texts along<br />

with mo<strong>de</strong>rn commentaries, trying<br />

to discover some of their hid<strong>de</strong>n<br />

treasures. In turn, each of us presents<br />

a book or an article and leads the<br />

discussion among the participants<br />

for hours on end. We are also asked<br />

to do some personal research,<br />

which is presented to the others at<br />

the end of the course. Suggestions,<br />

criticism and comments help<br />

everyone to improve and reinforce<br />

the i<strong>de</strong>a that personal study is never<br />

an isolated task.<br />

I am in the middle of my doctoral<br />

journey and what I have experienced<br />

so far is something exceptional<br />

for which I feel very lucky. I have<br />

the time and resources to study the<br />

Scriptures in a very lively aca<strong>de</strong>mic<br />

environment.<br />

Not only does the fact of being in<br />

close contact with people from all<br />

over the world and with a wi<strong>de</strong><br />

variety of interests constantly<br />

stimulate my questions, but also<br />

the very special geographical<br />

context - Jerusalem - gives an extra<br />

dimension to my readings, since<br />

it is in these very places that the<br />

Bible was inspired, conceived and<br />

written.<br />

The École biblique is like a<br />

workshop where we try to forge<br />

a common knowledge, as broad<br />

as possible. And while our eyes<br />

are trained to run between the<br />

lines and the words to make new<br />

connections, we are left with<br />

the strong feeling that it is God<br />

himself who is “reading” within us,<br />

relentlessly provoking us to rethink<br />

ourselves, our way of seeing others<br />

and the world.<br />

In short, our way of reading life.<br />

Fr. Fabrizio Marcello<br />

Priest and doctoral stu<strong>de</strong>nt<br />

Portrait<br />

Frère Jonas et la quête <strong>de</strong>s origines<br />

Yunus Demirci assure le cours<br />

<strong>de</strong> topographie pour cette année<br />

2022-<strong>2023</strong>. Yunus, ou Jonas : faisons<br />

connaissance avec ce capucin,<br />

fils d’Orient.<br />

Naître sous une peau et muer : expérience,<br />

peu banale. C’est celle<br />

<strong>de</strong> Yunus Demirci. Ce capucin<br />

assure <strong>de</strong>puis cette année le cours<br />

<strong>de</strong> topographie à l’École biblique.<br />

« Toujours souriant, très vif, <strong>de</strong>s<br />

parcours découvertes plus que<br />

nourris » : les étudiants, manifestement,<br />

apprécient.<br />

D’où lui vient cette énergie ? Né<br />

Turc à Isken<strong>de</strong>run il y a 45 ans, il se<br />

découvre peu à peu Arménien. Sa<br />

mère qu’il croyait syriaque était,<br />

en réalité, beaucoup plus que cela.<br />

Des syriaques, il y en a dans la famille,<br />

<strong>de</strong>s musulmans aussi, et <strong>de</strong>s<br />

chrétiens, bien sûr. Terre bigarrée.<br />

Ce <strong>de</strong>stin, Yunus, ou Jonas, le découvre<br />

à Jérusalem où il est assigné<br />

en 2007. Ironie <strong>de</strong> l’histoire : il est<br />

Turc ? Parce que la France disposa<br />

<strong>de</strong> sa région natale en la cédant à<br />

la Turquie en 1939 pour prix <strong>de</strong> sa<br />

<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong><br />

14 15


neutralité dans la guerre qui se profilait.<br />

Antioche et sa région tombent<br />

dans l’escarcelle d’Atatürk. Pour<br />

un peu la famille Demirci appartenait<br />

à l’empire français ! À quoi<br />

tiennent les <strong>de</strong>stinées… Baptisé<br />

grec-orthodoxe, Yunus entre au<br />

petit séminaire capucin, à Mersin.<br />

Il sera religieux, catholique, <strong>de</strong> la<br />

famille <strong>de</strong> saint François.<br />

À Jérusalem, il décroche son doctorat<br />

en archéologie en 2019 avec<br />

une thèse sur « <strong>Les</strong> synagogues en<br />

Asie mineure dans l’antiquité tardive<br />

dans leurs contextes urbain<br />

et religieux ». Depuis, il enseigne<br />

chez les franciscains, les salésiens<br />

<strong>de</strong> Don Bosco et les dominicains.<br />

Sa pagelle d’assignation porte officiellement<br />

la mission qu’il assume<br />

désormais auprès <strong>de</strong> l’École biblique<br />

et archéologique française<br />

<strong>de</strong> Jérusalem.<br />

Comment <strong>de</strong>vient-on archéologue<br />

? Le chemin passe d’abord<br />

par les langues anciennes qui le<br />

mènent naturellement à la terre qui<br />

les a portées. « Avec l’archéologie,<br />

on plonge dans le concret, on travaille<br />

aussi avec ses mains ». Et<br />

quand on lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si les archéologues<br />

ne sont pas un peu <strong>de</strong>s affabulateurs,<br />

il rétorque : « Oui, mais<br />

si on invente, il faut inventer bien !<br />

La clarté doit habiter la <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong>s sites. Alors, il existe <strong>de</strong>s<br />

interprétations, elles peuvent différer.<br />

Et puis le temps qui passe, et<br />

l’étu<strong>de</strong>, apportent leurs évolutions.<br />

Il faut que, ce qui reste hypothèse,<br />

soit fondé. La science ne progresse<br />

pas par ses résultats mais par ses<br />

questions ; et les discussions qui<br />

s’ensuivent créent une dynamique<br />

vertueuse ».<br />

Quand il évoque ses débuts à<br />

l’École, il paie tribut au frère Sigrist,<br />

naguère Directeur : « C’est<br />

lui qui m’a invité à enseigner ».<br />

Ce qu’il apprécie à l’École ? « La<br />

collaboration entre religieux d’une<br />

part, et d’autre part l’ambiance très<br />

belle avec les frères qui veulent<br />

bien m’accueillir et les étudiants,<br />

même si leurs questions me contredisent<br />

parfois. Mais c’est à la fois<br />

une question d’humilité et une<br />

stimulation. J’enseigne, mais j’apprends<br />

aussi beaucoup ».<br />

Belle réponse capucine.<br />

Fr. Benoît Van<strong>de</strong>putte, o.p.<br />

Rédacteur en chef<br />

Vie <strong>de</strong> l’École<br />

Ren<strong>de</strong>z-vous en terre arménienne<br />

<strong>Les</strong> visites du samedi attirent toujours<br />

autant <strong>de</strong> visiteurs et d’expatriés<br />

en Terre Sainte. <strong>Les</strong> liens<br />

étroits entre le couvent Saint-<br />

Étienne et la communauté arménienne<br />

<strong>de</strong> Jérusalem ont permis <strong>de</strong><br />

découvrir leur quartier, l’un <strong>de</strong>s<br />

plus secrets <strong>de</strong> Jérusalem.<br />

Ville dans la ville, on y entre par la<br />

porte Saint-Jacques. Accompagné<br />

par Georges Hintlian, l’historien<br />

<strong>de</strong> la communauté, les visiteurs<br />

du samedi déambulent à travers<br />

le quartier, les ruelles calmes et<br />

paisibles, le couvent… Ce qui est<br />

tout un <strong>de</strong>rrière ces murs difficilement<br />

franchissables. Fermé <strong>de</strong>puis<br />

<strong>de</strong> nombreuses années, le Musée<br />

d’art et d’histoire Edward et Helen<br />

Mardigian, y rouvrait ses portes en<br />

Novembre 2022 ! <strong>Les</strong> visiteurs du<br />

samedi ont sauté sur l’occasion !<br />

Il faut voir ce magnifique bâtiment,<br />

construit comme séminaire en 1853,<br />

transformé aujourd’hui pour <strong>de</strong>venir<br />

un relais <strong>de</strong> la culture arménienne,<br />

ainsi qu’un témoin du lien séculaire<br />

entre les arméniens et la Ville sainte.<br />

Au-<strong>de</strong>là, il s’agit d’un mémorial,<br />

hommage à tous les Arméniens victimes<br />

du génoci<strong>de</strong> ottoman pendant<br />

la Première guerre mondiale.<br />

Mais alors, quelle est la pièce la plus<br />

fascinante du musée ? La majestueuse<br />

mosaïque <strong>de</strong>s oiseaux, datant<br />

du sixième siècle, découverte en<br />

1894, merveilleusement mise en valeur<br />

sous la verrière à l’entrée du musée<br />

? Ou cette découverte amusante :<br />

une splendi<strong>de</strong> chape liturgique, faite<br />

d’un morceau <strong>de</strong> la tente <strong>de</strong> Bonaparte,<br />

après sa défaite <strong>de</strong> Saint-Jeand’Acre<br />

en 1799 ? Ou encore tout<br />

simplement les ravissantes poteries<br />

et créations artistiques <strong>de</strong> nombreux<br />

artistes arméniens ?<br />

Une chose est sûre : franchir ces<br />

murs en vaut la peine.<br />

Clémence <strong>de</strong> Guernon<br />

Chargée <strong>de</strong> communication<br />

16 <strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


Patrimoine<br />

Le « projet byzantin » du domaine Saint-Étienne<br />

Il y a <strong>de</strong>ux ans (n°101), nous évoquions<br />

la mise en valeur du patrimoine<br />

<strong>de</strong> Saint-Étienne. Le 6<br />

décembre 2022, le prieur, Martin<br />

Staszak, a co-signé au Ministère<br />

palestinien du Tourisme et <strong>de</strong>s<br />

Antiquités à Bethléem une convention<br />

<strong>de</strong> partenariat avec l’Agence<br />

Française <strong>de</strong> Développement<br />

et l’O.N.G. française Première<br />

Urgence Internationale.<br />

Le projet est ambitieux : la restauration<br />

et mise en valeur du<br />

domaine Saint-Hilarion <strong>de</strong> Gaza,<br />

avec un volet touchant notre domaine.<br />

L’Ébaf y supervise <strong>de</strong>puis<br />

<strong>de</strong>s années d’importants chantiers<br />

<strong>de</strong> fouilles conduits par Jean-Baptiste<br />

Humbert : le comptoir maritime<br />

<strong>de</strong> Blakhiya, à partir <strong>de</strong> 1995 ;<br />

l’église byzantine <strong>de</strong> Mukheitim à<br />

partir <strong>de</strong> 1998 ; et, <strong>de</strong>puis 2002, le<br />

site du monastère <strong>de</strong> Umm al-’Amr<br />

(Saint-Hilarion).<br />

Ce <strong>de</strong>rnier remonte au Ve siècle <strong>de</strong><br />

notre ère, il attire l’attention par<br />

sa taille (plus <strong>de</strong> 1 ha), la qualité<br />

<strong>de</strong>s vestiges conservés (mosaïques,<br />

crypte, bains, etc.) et l’intérêt <strong>de</strong>s<br />

Gazaouis, fiers <strong>de</strong> découvrir un<br />

patrimoine qui leur fait honneur.<br />

L’Unesco s’est intéressée à ce site.<br />

L’Ébaf, chargée <strong>de</strong> la supervision<br />

scientifique, y intervient maintenant<br />

par spécialistes interposés,<br />

en raison <strong>de</strong>s limitations <strong>de</strong> circulation<br />

imposées par le blocus<br />

<strong>de</strong> Gaza. Un <strong>de</strong> nos partenaires<br />

est l’ONG humanitaire française<br />

Première urgence internationale,<br />

dont l’archéologie n’est pas la<br />

spécialité, mais qui a trouvé ce<br />

biais pour former et promouvoir la<br />

jeunesse <strong>de</strong> Gaza.<br />

Une nouvelle étape vient <strong>de</strong> s’ouvrir<br />

avec le financement accordé<br />

par l’A.F.D. pour une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

cinq ans (2022-2027) d’un projet<br />

intitulé « Jeunesse, patrimoine,<br />

résilience et développement dans<br />

la ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gaza. Saint-Hilarion,<br />

un lieu pour la jeunesse et<br />

le développement socio-économique<br />

». À chaque voyage à Gaza,<br />

nous constatons avec émerveillement<br />

l’enthousiasme <strong>de</strong> jeunes<br />

qui se forment comme tailleurs <strong>de</strong><br />

pierre, restaurateurs <strong>de</strong> mosaïques,<br />

apprentis archéologues. L’École<br />

biblique est heureuse <strong>de</strong> pouvoir<br />

apporter sa contribution à ce projet.<br />

Le contrat comporte une clause qui<br />

concerne le domaine Saint-Étienne<br />

<strong>de</strong> Jérusalem. Le visiteur peut aisément<br />

y repérer <strong>de</strong>s vestiges <strong>de</strong><br />

la basilique primitive, édifiée à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’impératrice Eudoxie<br />

(400-460) sur le lieu présumé<br />

du martyre <strong>de</strong> saint Étienne. Sa<br />

<strong>de</strong>struction par les Perses en 614<br />

-et les assauts du temps- laissèrent<br />

épars <strong>de</strong>s chapiteaux, <strong>de</strong>s linteaux,<br />

une mosaïque que nous avons décidé<br />

<strong>de</strong> restaurer. Notre objectif est<br />

triple : préserver et mettre en valeur<br />

ce beau patrimoine ; protéger un<br />

terrain <strong>de</strong> la convoitise <strong>de</strong>s promoteurs<br />

et ouvrir notre domaine aux<br />

visiteurs, pèlerins et au voisins ;<br />

faire connaître l’archéologie byzantine<br />

en écho avec celle <strong>de</strong> Gaza<br />

à laquelle peu ont accès.<br />

Une <strong>de</strong>s exigences du projet est<br />

aussi d’inviter les jeunes <strong>de</strong>s universités<br />

palestiniennes locales à<br />

rejoindre l’aventure.<br />

Fr. Jean-Jacques Pérennès, o.p.<br />

Directeur<br />

18 <strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong><br />

19


Travaux<br />

L’hôtellerie <strong>de</strong> l’École :<br />

l’album photos<br />

Ils ont débuté en octobre. Sous la houlette du frère Stanislas, administrateur<br />

(cf. n°104), et <strong>de</strong> l’architecte suisse, Gerhard Riedwil, les travaux<br />

avancent bon train. Dix palestiniens <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Bethléem oeuvrent<br />

sous leur conduite. C’était une volonté <strong>de</strong> l’École que d’employer <strong>de</strong>s<br />

chrétiens palestiniens. Plus <strong>de</strong> vingt bennes <strong>de</strong> gravats ont été enlevées<br />

dans la phase <strong>de</strong> démolition : le double par rapport aux prévisions ! La<br />

phase <strong>de</strong> démolition est déjà loin <strong>de</strong>rrière nous. <strong>Les</strong> renforcements <strong>de</strong><br />

dalle et <strong>de</strong>s murs ont été effectués. L’heure est à l’aménagement <strong>de</strong>s passages<br />

techniques (tuyaux sanitaires, conduits d’aération). Puis, bientôt<br />

aux murs <strong>de</strong>s chambres qui seront montés. La préoccupation <strong>de</strong> Gerhard<br />

à cette heure ? Moins les délais que…les tremblements <strong>de</strong> terre. Comme<br />

chacun, il est affecté par la tragédie syro-turque…et sait que Jérusalem<br />

aussi attend LE grand séisme…<br />

Aperçu <strong>de</strong>s transformations...<br />

<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


Archéologie<br />

<strong>Les</strong> mystères <strong>de</strong> l’encrier en bronze <strong>de</strong> Qumrân<br />

Comment écrivait-on à Qumran ?<br />

La question que l’on oublie toujours<br />

<strong>de</strong>rrière les manuscrits… Expédition<br />

documentaire en Jordanie pour<br />

vieux barou<strong>de</strong>urs dominicains.<br />

La recherche éperdue d’un manuscrit<br />

remplit <strong>de</strong>s romans et les ban<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ssinées. <strong>Les</strong> manuscrits, on avait<br />

déjà, on s’est contenté <strong>de</strong> l’encrier.<br />

La quête ne fut pas facile. Tout ce<br />

qui concerne Qumrân, jusqu’à la<br />

moindre miette, fait vibrionner les<br />

lobes du cerveau autant <strong>de</strong>s Juifs<br />

que <strong>de</strong>s chrétiens <strong>de</strong> tout poil. Pensez<br />

donc ! il n’y a qu’un pas à faire<br />

pour se convaincre que l’encrier<br />

aurait servi à écrire le prestigieux<br />

rouleau d’Isaïe.<br />

<strong>Les</strong> méandres que <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt les<br />

archéologues sont toujours sinueux.<br />

D’abord, les rési<strong>de</strong>nts du<br />

lieu savaient écrire, et ils n’ont pas<br />

écrit que <strong>de</strong>s manuscrits sacrés.<br />

Aïn Feshkha, site voisin interprété<br />

comme une ferme ou comme un<br />

atelier, a livré un autre encrier qui<br />

aura servi au boutiquier à faire <strong>de</strong>s<br />

comptes. Mais l’admirable objet<br />

<strong>de</strong> bronze a été trouvé à proximité<br />

d’un amas <strong>de</strong> stucs disloqués, sa<br />

reconstruction reste aléatoire et sa<br />

fonction, énigmatique. La proximité<br />

<strong>de</strong> l’encrier a, dans l’étrange<br />

installation, encouragé à voir sur le<br />

modèle médiéval le scriptorium qui<br />

manquait aux manuscrits. L’encrier<br />

est <strong>de</strong>venu fabuleux.<br />

Faut-il encore rappeler que les<br />

fouilles <strong>de</strong> Qumrân, menées<br />

conjointement par le P. <strong>de</strong> Vaux<br />

(<strong>de</strong> l’École) et Lankester Harding,<br />

anglais (directeur <strong>de</strong>s Antiquités<br />

<strong>de</strong> Jordanie), ont été à l’origine<br />

un projet jordano-franco-anglais,<br />

sous licence jordanienne. En 1989,<br />

la Jordanie a rendu les Territoires<br />

à la Palestine, laquelle n’existe<br />

pas et l’encrier, <strong>de</strong> jordanien est<br />

<strong>de</strong>venu apatri<strong>de</strong>. Mais la Jordanie<br />

gère. Le précieux flacon est entre<br />

les mains jordaniennes. Le <strong>de</strong>rnier<br />

méandre débouche donc dans les<br />

caves sécurisées du Musée national<br />

d’Amman.<br />

Aussi faut-il montrer patte blanche<br />

pour approcher l’objet. Il faut<br />

écrire, prévenir, expliquer, et sans<br />

réponse il faut récidiver. On progresse,<br />

visite le musée, lequel<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> une lettre <strong>de</strong> la direction<br />

<strong>de</strong>s Antiquités. Va et vient, attentes<br />

dans les fauteuils <strong>de</strong> moleskine,<br />

aimablement agrémentées <strong>de</strong> cafés,<br />

thés et cigarettes. Retour au<br />

musée ultra mo<strong>de</strong>rne, antichambre<br />

avec fines questions pour connaître<br />

nos véritables intentions : rien que<br />

photographier aux fins d’une publication.<br />

Confiance, l’accord est<br />

donné, il faut attendre le préposé<br />

aux clés du souterrain sécurisé puis<br />

du coffre-fort. Douce impression<br />

22<br />

<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong><br />

d’entrer dans le sanctuaire d’une<br />

banque. Ambulations <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

manutentionnaires portant la boîte<br />

avec cérémonie. Enfin l’Objet<br />

paraît dans son écrin, il ne brille<br />

pas, il est moche et ne se gausse<br />

que <strong>de</strong> sa corrosion. Qu’importe !<br />

En gants blancs, il est posé sur la<br />

table. Le fr. Humbert procè<strong>de</strong> à<br />

la photographie, l’installation est<br />

sommaire, une feuille <strong>de</strong> papier A4<br />

pour le fond et la lampe <strong>de</strong> bureau<br />

pour l’éclairer. L’opération est<br />

menée sobrement, dans le silence,<br />

sans les gants et sans cérémonies.<br />

À la sortie <strong>de</strong> l’édifice, le sentiment<br />

est prégnant d’avoir gagné une<br />

bataille. Peu importe l’encrier, les<br />

photos sont dans la caméra, nous<br />

sommes libres mais sans que l’on<br />

puisse attendre : la voiture attend<br />

pour nous mener au pont qui franchit<br />

le Jourdain, retour à Jérusalem.<br />

Sur le trajet qui frôle Qumrân, nous<br />

lui glissons un regard complice.<br />

Fr. Jean-Michel <strong>de</strong> Tarragon, o.p.<br />

Archiviste conventuel


Anniversaire<br />

Qumran :<br />

les fruits d’une découverte il y a 75 ans<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s manuscrits <strong>de</strong> la Mer<br />

morte a révolutionné l’approche <strong>de</strong>s<br />

livres bibliques, l’histoire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers<br />

siècles avant et du 1 er siècle<br />

après Jésus-Christ.<br />

Vivait, une communauté d’hommes<br />

exclusivement comme l’ont<br />

révélé les tombes, attendant la venue<br />

d’un Prophète et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Messies,<br />

un roi et un prêtre. Des restes<br />

<strong>de</strong> tous les livres <strong>de</strong> la Bible y ont<br />

été i<strong>de</strong>ntifés sauf Esther, mais rien<br />

du NT.<br />

Des manuscrits ai<strong>de</strong>nt à comprendre<br />

la condamnation <strong>de</strong> Jésus à la crucifixion<br />

par les grands-prêtres et les<br />

scribes pour motif <strong>de</strong> trahison et <strong>de</strong><br />

blasphème, confirmée par Ac 4,10.<br />

D’autres affirment la croyance en la<br />

résurrection partagée par les Pharisiens<br />

(Ac 23,8), aux récompenses<br />

<strong>de</strong>s justes et aux châtiments <strong>de</strong>s méchants<br />

post-mortem. Le juste se réveillera<br />

pour traverser le large pont<br />

<strong>de</strong> l’Abîme accueilli par les anges,<br />

le méchant ne pouvant traverser le<br />

pont très étroit, tombera dans les<br />

enfers pour les châtiments éternels.<br />

L’image du Pont <strong>de</strong> l’Abîme est<br />

un héritage zoroastrien connu en<br />

exil. Lors du jugement final et du<br />

renouvellement <strong>de</strong> toute la création<br />

pour un ciel nouveau et une terre<br />

nouvelle, les justes esséniens ressusciteront,<br />

et ceux encore vivants<br />

seront transformés en gloire et réunis<br />

avec eux dans les cieux (Dn 12<br />

et 1Th 4,13-17).<br />

D’autres éclairent la formule <strong>de</strong>s<br />

exorcismes, «Au nom <strong>de</strong> Yahveh»<br />

que Jésus remplace par «En mon<br />

nom», après avoir agi par luimême<br />

«Je te l’ordonne...», considérée<br />

comme blasphème par les<br />

Juifs, mais un point important<br />

pour la christologie <strong>de</strong>s évangiles,<br />

relevant <strong>de</strong>s ipsissima verba, tout<br />

comme les faits et gestes <strong>de</strong> Jésus<br />

qui reprennent la liste <strong>de</strong> ce que<br />

Dieu fera aux jours du Messie.<br />

Seul Jésus pouvait changer la formule<br />

et assurer son efficacité.<br />

Jésus se prononçant sur l’interdiction<br />

du divorce rejoint l’interprétation<br />

essénienne <strong>de</strong> la Loi contrairement<br />

aux assouplissements <strong>de</strong>s<br />

Pharisiens, mais il se sépare d’eux<br />

sur l’amour <strong>de</strong>s ennemis (juifs et<br />

païens) et sur le sabbat sacro-saint.<br />

Le sabbat est fait pour l’homme et<br />

non l’homme pour le sabbat, Jésus<br />

est maître du sabbat. Au «tu aimeras<br />

ton prochain et tu haïras ton ennemi»,<br />

Jésus donne un enseignement<br />

nouveau, «aimez vos ennemis, priez<br />

pour ceux qui vous persécutent...»<br />

Ces attentes ont été remplies par la<br />

naissance <strong>de</strong> Jean-Baptiste, Nouvel<br />

Élie, et <strong>de</strong> Jésus, à la fois nouveau<br />

David et grand prêtre par excellence,<br />

le nouveau Melkîsé<strong>de</strong>q. Ainsi<br />

l’évangéliste a pu écrire : «Tout<br />

est accompli».<br />

Ces lignes résument le profond<br />

renouvellement <strong>de</strong> l’approche <strong>de</strong>s<br />

livres bibliques, <strong>de</strong> leurs transmissions,<br />

et éclairent la personne <strong>de</strong><br />

Jésus <strong>de</strong> Nazareth, Fils <strong>de</strong> Dieu,<br />

Messie sauveur, accomplissant les<br />

Écritures, que <strong>de</strong>s Esséniens <strong>de</strong><br />

Jérusalem et <strong>de</strong> Judée ont reconnu<br />

comme le Messie attendu, et sont<br />

entrés dans la jeune Église, la<br />

Communauté <strong>de</strong> la Nouvelle Alliance<br />

annoncée par le Maître dans<br />

ses écrits.<br />

L’étu<strong>de</strong> du Nouveau Testament en<br />

est d’autant enrichie.<br />

Abbé Émile Puech<br />

Professeur émérite<br />

24 <strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


Pastorale<br />

Scoutisme aux sources<br />

En 2016, Cécile Roy, alors directrice<br />

<strong>de</strong> la Maison d’Abraham<br />

(Caritas France, Ras-al-Amud),<br />

décidait <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r à Jérusalem le<br />

groupe « Saint-François – Sainte-<br />

Claire ». <strong>Les</strong> frères y participent<br />

activement. Mais…Pourquoi <strong>de</strong>s<br />

« Scouts et Gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> France » en<br />

Terre sainte ?<br />

C’est simple. Où mieux vivre un<br />

scoutisme vivant et résolument<br />

confessant sinon ici ? Membre<br />

d’un Territoire regroupant tous les<br />

groupes S.G.D.F. <strong>de</strong> par mon<strong>de</strong>,<br />

nous permettons aux enfants <strong>de</strong>s<br />

expatriés francophones —mais pas<br />

seulement— <strong>de</strong> boire à la source <strong>de</strong><br />

leur culture et religion.<br />

Je commençai donc l’aventure<br />

comme aumônier mais aussi chef,<br />

responsable <strong>de</strong> groupe, selon les<br />

besoins du moment. Année après<br />

année, j’ai eu la chance <strong>de</strong> voir<br />

les visages heureux <strong>de</strong> dizaines<br />

d’enfants qui étaient contents, à<br />

Jérusalem, <strong>de</strong> se retrouver. À ces<br />

enfants d’expatriés se sont joints<br />

quelques enfants palestiniens du<br />

Lycée français <strong>de</strong> la ville, parfois<br />

même quelques enfants <strong>de</strong> confession<br />

juive.<br />

Le scoutisme selon l’intuition <strong>de</strong><br />

Ba<strong>de</strong>n-Powell, son fondateur, établit<br />

une fraternité mondiale qui <strong>de</strong>vrait<br />

empêcher la guerre entre les<br />

peuples. Ceci prend un sens tout<br />

particulier en ce pays déchiré par<br />

les conflits que nous connaissons.<br />

La fraîcheur <strong>de</strong>s enfants – et leurs<br />

chemises aux couleurs un peu<br />

criar<strong>de</strong>s ! – attire souvent l’attention<br />

<strong>de</strong>s passants, palestiniens, juifs, <strong>de</strong>s<br />

soldats. Le scoutisme, bien vivant<br />

en Israël et en Palestine, ne vit que<br />

<strong>de</strong> loin cet idéal <strong>de</strong> fraternité : chacun<br />

chez soi, entre soi. Alors notre<br />

petit groupe rappelle mo<strong>de</strong>stement<br />

cette vision universelle au pays <strong>de</strong><br />

saint George, patron du scoutisme<br />

mondial, enterré à Lydda (Lod).<br />

<strong>Les</strong> lieux saints et les parcs <strong>de</strong>s<br />

monastères procurent le cadre<br />

idéal pour vivre une foi incarnée.<br />

Je me souviendrai longtemps d’un<br />

louveteau <strong>de</strong> huit ans qui, se rendant<br />

compte que, tout à coup, il<br />

récitait le Notre Père dans la grotte<br />

même où selon la tradition Jésus<br />

l’avait enseigné, en était tout ému.<br />

L’Eleona et bien d’autres églises<br />

byzantines en ruines – Emmaüs-<br />

Nicopolis en particulier ou encore<br />

Latroun – sont <strong>de</strong>venus nos terrains<br />

<strong>de</strong> jeux et <strong>de</strong> célébration. S’installe<br />

alors une dynamique entre jeu et<br />

foi qui, je l’espère, fon<strong>de</strong>ra dans le<br />

cœur <strong>de</strong> ces enfants une foi vivante<br />

et durable.<br />

Le groupe scout est aussi une occasion<br />

<strong>de</strong> fédérer, en partie autour du<br />

couvent, un groupe <strong>de</strong> parents. Non<br />

seulement ils contribuent à la vie<br />

scoute mais aussi à la vie <strong>de</strong> la maison.<br />

Le « pôle scout » du couvent<br />

associe ainsi quelques familles à<br />

la vie pastorale <strong>de</strong> notre communauté.<br />

Et cette jeunesse rappelle<br />

aux frères chercheurs que la prédication<br />

ne passe pas seulement par<br />

l’étu<strong>de</strong> mais aussi par l’éducation<br />

<strong>de</strong> la jeunesse. Il faut juste accepter<br />

quelques cris sauvages quelques<br />

samedis par an.<br />

Chaque année le groupe doit se renouveler<br />

: nouveaux responsables,<br />

nouveaux chefs, campagne <strong>de</strong> recrutement…<br />

Il faut chaque année<br />

se remettre à l’ouvrage mais le<br />

jeu en vaut la chan<strong>de</strong>lle quand les<br />

enfants reviennent les yeux pleins<br />

<strong>de</strong> nouvelles expériences chez eux.<br />

Accélérateur <strong>de</strong> maturité, formation<br />

d’un citoyen actif et d’un chrétien<br />

épanoui, le scoutisme a encore<br />

<strong>de</strong> beaux jours <strong>de</strong>vant lui et, je l’espère,<br />

à Jérusalem.<br />

Fr. Olivier Catel, o.p.<br />

Aumônier<br />

26 <strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


Partenariat<br />

L’Œuvre d’Orient vient à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’École biblique<br />

Mgr. Pascal Gollnisch explique<br />

pourquoi l’Œuvre d’Orient a décidé,<br />

avec générosité, d’ai<strong>de</strong>r l’École<br />

biblique à financer ses travaux.<br />

L’Œuvre d’Orient agit dans les pays<br />

où existe une Église orientale catholique,<br />

même si, dans ce cas, elle<br />

ai<strong>de</strong> aussi les autres Églises qui se<br />

trouvent là : l’Église latine, et, plus<br />

rarement, les Églises orthodoxes<br />

et les communautés protestantes.<br />

Il s’agit d’abord <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s<br />

ponts, <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s liens entre l’Europe,<br />

dans laquelle l’Œuvre suscite<br />

tout un réseau international d’associations,<br />

et les Chrétiens d’Orient,<br />

c’est-à-dire dans cette partie <strong>de</strong><br />

l’empire romain que les « Occi<strong>de</strong>ntaux<br />

» appelaient « l’Orient ».<br />

C’est dans cet esprit <strong>de</strong> communion<br />

que se placent les actions en faveur<br />

d’une meilleure connaissance mutuelle,<br />

une écoute sur ce que les<br />

chrétiens disent <strong>de</strong> leur mission, et<br />

enfin un soutien grâce à la générosité<br />

<strong>de</strong> soixante-dix mille donateurs.<br />

L’Œuvre n’a donc pas <strong>de</strong> projets<br />

en propre : nous sommes seulement<br />

les compagnons <strong>de</strong>s chrétiens<br />

d’Orient sur les routes <strong>de</strong> leur mission,<br />

qui se décline <strong>de</strong> manière différente<br />

selon les pays. Gardant les<br />

priorités pour la santé et l’éducation,<br />

l’Œuvre se soucie également<br />

du patrimoine matériel et intellectuel,<br />

<strong>de</strong> la citoyenneté, <strong>de</strong>s réfugiés<br />

chassés par <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> violence.<br />

Elle agit au Proche Orient mais<br />

aussi en Europe <strong>de</strong> l’Est, en Ethiopie<br />

et en Erythrée, en In<strong>de</strong>.<br />

Nos actions en Terre Sainte ressemblent<br />

à celles <strong>de</strong>s autres pays :<br />

soutien aux écoles, aux hôpitaux,<br />

aux communautés chrétiennes, aux<br />

monuments religieux. Mais elles<br />

sont particulièrement marquées par<br />

un combat contre la désespérance<br />

dans laquelle est plongée la population<br />

<strong>de</strong>vant les impasses <strong>de</strong> la<br />

situation géopolitique et les injustices<br />

engendrées. Sur la terre du<br />

Christ, les violences ont quelque<br />

chose <strong>de</strong> blasphématoire.<br />

Notre espoir est double : redonner<br />

espoir aux populations d’Orient,<br />

grâce à l’éducation et à une vision<br />

pour l’avenir à propos <strong>de</strong>s sociétés<br />

qui le composent, et permettre aux<br />

chrétiens d’être en vérité témoins<br />

<strong>de</strong> l’Évangile au milieu du mon<strong>de</strong><br />

musulman.<br />

Parmi nos actions, nous sommes<br />

particulièrement heureux d’être<br />

aux côtés <strong>de</strong> l’École biblique et<br />

archéologique française. D’abord<br />

parce qu’elle est une « école »,<br />

donc un lieu d’enseignement et<br />

<strong>de</strong> recherche, donc un lieu <strong>de</strong> rencontre<br />

« par le haut », au service<br />

d’une compréhension mutuelle<br />

entre gens <strong>de</strong> bonne volonté. Ensuite<br />

parce qu’elle est française,<br />

avec une histoire marquante illustrée<br />

par son fondateur le Père Lagrange,<br />

le Père <strong>de</strong> Vaux, le Père<br />

Benoit, et tant d’autres. La crise<br />

mo<strong>de</strong>rniste qui a marqué ses débuts<br />

nous semble toujours d’actualité<br />

dans le mon<strong>de</strong> musulman, confronté<br />

à <strong>de</strong>s difficultés qui ne sont pas<br />

sans analogie.<br />

Nous sommes aussi conscients <strong>de</strong><br />

l’importance <strong>de</strong> l’archéologie, qui<br />

peut réconcilier les hommes avec<br />

leur histoire.<br />

Enfin, nous sommes bien conscients<br />

du rôle international que l’Ébaf<br />

peut et doit jouer dans la culture<br />

mondialisée : un bel héritage <strong>de</strong> la<br />

culture française !<br />

Un <strong>de</strong>rnier rêve : que les chrétiens<br />

« d’Occi<strong>de</strong>nt » s’enrichissent <strong>de</strong><br />

leurs rencontres avec leurs frères<br />

d’Orient.<br />

Mgr. Pascal Gollnisch<br />

Directeur général <strong>de</strong> l’Œuvre d’Orient<br />

28 29<br />

<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> Jérusalem - N° <strong>105</strong> - Pâque <strong>2023</strong>


<strong>Nouvelles</strong> <strong>de</strong> l’École et <strong>de</strong>s anciens élèves<br />

Décès<br />

Publications<br />

Jean Jacques PÉRENNÈS, o.p., directeur <strong>de</strong> l’Ébaf,<br />

a publié le livre suivant : Le Père Roland <strong>de</strong> Vaux, o.p.<br />

Une biographie (Étu<strong>de</strong>s Bibliques, Nouvelle Série, 96),<br />

Leuven – Paris – Bristol, CT, Peeters, 2022.<br />

Anthony GIAMBRONE, OP, vice-directeur <strong>de</strong> l’Ébaf, 3<br />

a publié le livre suivant : The Bible and the Priesthood.<br />

Priestly Participation in the One Sacrifice for Sins (A<br />

Catholic Biblical Theology of the Sacraments), Grand<br />

Rapids, MI, Baker Aca<strong>de</strong>mic, 2022.<br />

Burton McDonald (1939-2022) est décédé le 30 Octobre 2022. Spécialisé<br />

dans l’archéologie <strong>de</strong> la Jordanie, il avait enseigné à la St. Francis<br />

Xavier University (Nouvelle-Écosse). Il avait été étudiant à l’Ébaf en<br />

1969-1971.<br />

Madame Christa Clamer est décédée à l’âge <strong>de</strong> 92 ans. Docteur, Archéologue,<br />

elle a publié en 2017 avec Kay Prag et Jean-Baptiste Humbert<br />

le premier volume <strong>de</strong> la collection « Cahiers <strong>de</strong> la Revue Biblique<br />

– Series Archaeologica » intitulé Colegio <strong>de</strong>l Pilar: Excavations in Jerusalem,<br />

Christian Quarter, 1996.<br />

Olivier-Thomas VENARD, o.p. et Gregory TATUM, OP<br />

ont édité le livre suivant : Conversations sur Paul. Supportez-vous<br />

les uns les autres (<strong>Les</strong> essais <strong>de</strong> La Bible en ses<br />

Traditions, 3), Domuni Press, 2022.<br />

Thérèse-Dan WANG, étudiante à l’Ébaf 2020-2022, a<br />

publié sa thèse : Le double portrait <strong>de</strong> Juda. Genèse 38<br />

et 49, et la question <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité d’Israël à l’époque<br />

perse (Étu<strong>de</strong>s Bibliques, Nouvelle Série, 93), Leuven<br />

– Paris – Bristol, CT, Peeters, 2022.<br />

Conférence <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Amis <strong>de</strong> l’Ébaf<br />

Le samedi 10 juin <strong>2023</strong>, à 15h00,<br />

Salle Albert Le Grand,<br />

222 rue du Faubourg St Honoré, Paris 8e.<br />

Conférence du Fr. Jean-Jacques Pérennès, o.p.<br />

Directeur <strong>de</strong> l’Ébaf<br />

Qui était Roland <strong>de</strong> Vaux, o.p. ?<br />

Eléments pour un portrait.<br />

La conférence sera suivie par<br />

l’Assemblée générale <strong>de</strong> l’Association<br />

30 Lettre aux amis <strong>de</strong> l’ÉBAF - N° 95 - <strong>Printemps</strong> 2018<br />

Quatrième <strong>de</strong> couverture : Le village <strong>de</strong> Samra en Jordanie.→


Avec ses étudiants, chercheurs et volontaires,<br />

l’École biblique vous souhaite un beau printemps<br />

et <strong>de</strong> belles fêtes <strong>de</strong> Pâques.

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