Les Nouvelles de Jérusalem - Numéro 105 - Printemps 2023

Patrimoine
Le « projet byzantin » du domaine Saint-Étienne
Il y a deux ans (n°101), nous évoquions
la mise en valeur du patrimoine
de Saint-Étienne. Le 6
décembre 2022, le prieur, Martin
Staszak, a co-signé au Ministère
palestinien du Tourisme et des
Antiquités à Bethléem une convention
de partenariat avec l’Agence
Française de Développement
et l’O.N.G. française Première
Urgence Internationale.
Le projet est ambitieux : la restauration
et mise en valeur du
domaine Saint-Hilarion de Gaza,
avec un volet touchant notre domaine.
L’Ébaf y supervise depuis
des années d’importants chantiers
de fouilles conduits par Jean-Baptiste
Humbert : le comptoir maritime
de Blakhiya, à partir de 1995 ;
l’église byzantine de Mukheitim à
partir de 1998 ; et, depuis 2002, le
site du monastère de Umm al-’Amr
(Saint-Hilarion).
Ce dernier remonte au Ve siècle de
notre ère, il attire l’attention par
sa taille (plus de 1 ha), la qualité
des vestiges conservés (mosaïques,
crypte, bains, etc.) et l’intérêt des
Gazaouis, fiers de découvrir un
patrimoine qui leur fait honneur.
L’Unesco s’est intéressée à ce site.
L’Ébaf, chargée de la supervision
scientifique, y intervient maintenant
par spécialistes interposés,
en raison des limitations de circulation
imposées par le blocus
de Gaza. Un de nos partenaires
est l’ONG humanitaire française
Première urgence internationale,
dont l’archéologie n’est pas la
spécialité, mais qui a trouvé ce
biais pour former et promouvoir la
jeunesse de Gaza.
Une nouvelle étape vient de s’ouvrir
avec le financement accordé
par l’A.F.D. pour une période de
cinq ans (2022-2027) d’un projet
intitulé « Jeunesse, patrimoine,
résilience et développement dans
la bande de Gaza. Saint-Hilarion,
un lieu pour la jeunesse et
le développement socio-économique
». À chaque voyage à Gaza,
nous constatons avec émerveillement
l’enthousiasme de jeunes
qui se forment comme tailleurs de
pierre, restaurateurs de mosaïques,
apprentis archéologues. L’École
biblique est heureuse de pouvoir
apporter sa contribution à ce projet.
Le contrat comporte une clause qui
concerne le domaine Saint-Étienne
de Jérusalem. Le visiteur peut aisément
y repérer des vestiges de
la basilique primitive, édifiée à la
demande de l’impératrice Eudoxie
(400-460) sur le lieu présumé
du martyre de saint Étienne. Sa
destruction par les Perses en 614
-et les assauts du temps- laissèrent
épars des chapiteaux, des linteaux,
une mosaïque que nous avons décidé
de restaurer. Notre objectif est
triple : préserver et mettre en valeur
ce beau patrimoine ; protéger un
terrain de la convoitise des promoteurs
et ouvrir notre domaine aux
visiteurs, pèlerins et au voisins ;
faire connaître l’archéologie byzantine
en écho avec celle de Gaza
à laquelle peu ont accès.
Une des exigences du projet est
aussi d’inviter les jeunes des universités
palestiniennes locales à
rejoindre l’aventure.
Fr. Jean-Jacques Pérennès, o.p.
Directeur
18 Nouvelles de Jérusalem - N° 105 - Pâque 2023
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