2017-11-20_LAPTS_en_revue_decembre_2017
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DÉCEMBRE <strong><strong>20</strong>17</strong><br />
15<br />
Dans une capsule diffusée sur le site<br />
web de Radio-Canada au mom<strong>en</strong>t de<br />
la diffusion de la série 30 vies, Steve<br />
Geoffrion expliquait que le personnel<br />
de la santé et des services sociaux arrivait<br />
<strong>en</strong> tête de liste des groupes exposés<br />
à la viol<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> milieu de travail<br />
<strong>en</strong> raison de facteurs de risque inhér<strong>en</strong>ts<br />
à leur interv<strong>en</strong>tion tels que le<br />
contexte de crise, les horaires atypiques,<br />
les lieux de travail non traditionnels<br />
ou le fait d’être seul.<br />
Plus sournoise <strong>en</strong>core que les agressions<br />
physiques, la viol<strong>en</strong>ce verbale ou<br />
psychologique, que subiss<strong>en</strong>t 95 %<br />
des interv<strong>en</strong>ant·e·s, fait des ravages.<br />
Elle induit un état de stress, des troubles<br />
du sommeil et de l’épuisem<strong>en</strong>t<br />
professionnel susceptibles de porter<br />
atteinte à la capacité de v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide<br />
des interv<strong>en</strong>ant·e·s, qui est au cœur de<br />
leur travail.<br />
Le chercheur m<strong>en</strong>tionne que les hommes<br />
réagiss<strong>en</strong>t différemm<strong>en</strong>t des femmes<br />
à ces traumatismes. Ils sont plus<br />
souv<strong>en</strong>t agressés et, s’ils s’<strong>en</strong> sort<strong>en</strong>t<br />
mieux sur le mom<strong>en</strong>t, sont susceptibles<br />
de garder des séquelles parce<br />
qu’ils ne vont pas chercher d’aide.<br />
Les femmes, qui <strong>en</strong>caiss<strong>en</strong>t plus difficilem<strong>en</strong>t<br />
le coup au plan psychologique,<br />
hésit<strong>en</strong>t moins à demander de<br />
l’aide.<br />
De plus, l’impact de l’exposition aux<br />
abus et traumatismes vécus par la<br />
cli<strong>en</strong>tèle n’est pas à négliger. En fait,<br />
être témoin de viol<strong>en</strong>ce aurait des<br />
conséqu<strong>en</strong>ces psychologiques autant<br />
que d’<strong>en</strong> subir directem<strong>en</strong>t. Tout<br />
concourt donc à ce que l’on prévoit de<br />
l’aide aussi pour ceux et celles qui ont<br />
choisi de v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide aux autres, pour<br />
briser leur isolem<strong>en</strong>t et le sil<strong>en</strong>ce qui<br />
<strong>en</strong>toure leur souffrance.<br />
Enfin, les éducateur·trice·s soulign<strong>en</strong>t<br />
la pression administrative, voire l’intimidation<br />
dont ils·elles sont l’objet de<br />
la part des gestionnaires. Certain·e·s<br />
déplor<strong>en</strong>t le manque de suivi empathique<br />
durant les périodes d’invalidité<br />
et d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t du retour.<br />
D’autres évoqu<strong>en</strong>t le harcèlem<strong>en</strong>t<br />
subi pour forcer le retour au travail<br />
après des incid<strong>en</strong>ts traumatiques.<br />
Ri<strong>en</strong> ne justifie la banalisation de la<br />
viol<strong>en</strong>ce observée dans les installations<br />
des CJ et des CRDITSA. Le personnel<br />
qui a choisi d’œuvrer auprès<br />
de leur cli<strong>en</strong>tèle mérite qu’on le souti<strong>en</strong>ne<br />
et qu’on lui assure une protection<br />
comparable à celle du personnel<br />
que représ<strong>en</strong>te l’APTS dans d’autres<br />
milieux.<br />
L’équipe du C<strong>en</strong>tre d’étude sur le<br />
trauma travaille <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t sur<br />
une étude sur l’efficacité des programmes<br />
de souti<strong>en</strong> par les pairs<br />
pour aider les travailleurs et travailleuses<br />
victimes d’événem<strong>en</strong>ts pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
traumatiques (EPT)<br />
dans les c<strong>en</strong>tres jeunesse du Québec.<br />
On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d par souti<strong>en</strong> par les<br />
pairs : fournir une écoute empathique,<br />
id<strong>en</strong>tifier des collègues à risque<br />
de conséqu<strong>en</strong>ces psychologiques et<br />
faciliter l’accès à l’aide professionnelle<br />
à la suite d’agressions. Les<br />
chercheurs espèr<strong>en</strong>t pouvoir ainsi<br />
ori<strong>en</strong>ter les programmes de santé<br />
et de sécurité des c<strong>en</strong>tres jeunesse<br />
au Québec. Les interv<strong>en</strong>ant·e·s insist<strong>en</strong>t<br />
cep<strong>en</strong>dant pour que ces programmes<br />
ne se substitu<strong>en</strong>t pas au<br />
souti<strong>en</strong> psychologique spécialisé<br />
dont ont aussi besoin les victimes<br />
d’agression.