2017-11-20_LAPTS_en_revue_decembre_2017

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propos de quiconque ne pense pas
comme lui. Elle y déplorait l’éradication
de toutes les instances démocratiques
locales, régionales, associatives
ou indépendantes, les compressions
draconiennes infligées au réseau
public ainsi que le risque accru
qui le menace de passer à des intérêts
privés particuliers. Elle soulignait
également le silence imposé aux gestionnaires
contraints d’exécuter des
commandes irraisonnées, des gestionnaires
qui ne trouvent plus de sens
au travail de sape qu’on exige d’eux.
Trop d’éléments manquent à la recette,
disait-elle en substance, pour
qu’on puisse croire au succès de la
réforme.
Ce pessimisme fait écho aux résultats
d’un sondage réalisé un an plus tôt par
l’Association des gestionnaires des
établissements de santé et de services
sociaux du Québec (AGESSS)
auprès de plus de
2 500 de ses membres.
Ils révélaient le
désarroi des gestionnaires
confrontés à
une réforme improvisée,
qui a désorganisé
le réseau, détérioré
le climat de travail,
démobilisé les
équipes et mis à mal
les services à la population.
En cherchant du côté des experts des
systèmes de santé, des éditorialistes
et des commentateurs, on ne trouve
personne pour défendre la réforme
Barrette dans l’espace public. Damien
Contandriopoulos, de l’École de santé
publique de l’Université de Montréal,
estime qu’«en prenant soin de concentrer
tous les pouvoirs dans ses
mains», le ministre a contribué au climat
tendu, à l’omerta et au taux d’absentéisme
en hausse qui sévissent
dans le réseau. Commentant les restructurations
administratives à répétition,
le chercheur Henry Mintzberg,
de l’Université McGill, écrit en février
2016 dans Le Devoir : «Plus on enregistre
d’échecs, plus on persiste dans
la même voie. La plus récente restructuration
au Québec pourrait se révéler
la plus dévastatrice de toutes. » Il
s’étonne de voir Gaétan Barrette faire
une décennie plus tard la même erreur
que Philippe Couillard, soit procéder
«à une réorganisation radicale du
système de santé dans toutes les régions
du Québec simultanément à
partir d’un modèle qui n’avait pas été
éprouvé». Pareille improvisation venant
de nos médecins ministres est
d’autant plus troublante qu’aucun
scientifique ne penserait à généraliser
un modèle qui n’a pas été testé
au préalable à une plus petite échelle.
EN CHERCHANT DU CÔTÉ DES EXPERTS DES
SYSTÈMES DE SANTÉ, DES ÉDITORIALISTES ET
DES COMMENTATEURS, ON NE TROUVE PERSONNE
POUR DÉFENDRE LA RÉFORME BARRETTE DANS
L’ESPACE PUBLIC.