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10 RAPPORT D’ENQUÊTE . L’ORDRE ET LA FORCE<br />
« GARDIENS DE LA PAIX »<br />
La France compte environ 100 000 gendarmes, 144 000 policiers nationaux et 20 000 policiers municipaux.<br />
Policiers et gendarmes contribuent au maintien des valeurs de la démocratie. Leur mission, difficile et nécessaire,<br />
vise en premier lieu à « garder la paix ». Dans l’immense majorité des cas, ils l'accomplissent dans le<br />
respect des droits fondamentaux et des valeurs démocratiques, et ce, parfois, dans des conditions ardues.<br />
Chaque année, des agents sont blessés ou tués dans l'exercice de leur mission.<br />
D'un autre côté, chaque année, de nombreuses personnes allèguent avoir subi des <strong>violences</strong> policières, sont<br />
grièvement blessées ou décèdent lors d'interventions de police ou de gendarmerie. Si ces faits sont rares<br />
au regard du nombre d’interventions policières enregistrées quotidiennement, ils justifient néanmoins que<br />
les citoyens demandent des comptes aux autorités de police et de gendarmerie. Les faits d'usage illégal de<br />
la force, pour rares qu'ils soient, ne sont pas tolérables dans un État de droit. Ils doivent être dénoncés et<br />
sanctionnés. Pour chaque allégation de <strong>violences</strong> policières, il appartient aux autorités judiciaires et disciplinaires<br />
de faire toute la lumière sur les circonstances de ces faits, et de sanctionner les agents de manière<br />
appropriée lorsqu'il s'avère que la force utilisée était illégale. Il en va de la confiance même qu'accordent les<br />
citoyens envers leur police. Toute opacité ou toute interrogation sont propres à jeter le doute sur l'action de<br />
la police, et nuisent à ses relations avec la population.<br />
LE RESPECT DE LA DÉONTOLOGIE, UN FREIN À L’EFFICACITÉ POLICIÈRE ?<br />
« Il n’y a pas d’antagonisme entre sécurité et déontologie<br />
pour ceux auxquels est confiée la force. L’action des fonctionnaires<br />
doit être en harmonie avec les principes démocratiques auxquels ils<br />
ont choisi de se soumettre pour l’avantage de tous. »<br />
Commission nationale de déontologie et de sécurité, <strong>rapport</strong> d’activité 2004<br />
Les autorités de police et de gendarmerie insistent parfois sur la difficulté de faire cohabiter les exigences<br />
légales et celles imposées par le terrain. Des commissaires de police rencontrés par l’ACAT ont ainsi évoqué<br />
la « judiciarisation » de plus en plus importante des affaires concernant la police et l'existence d’un « risque<br />
judiciaire disproportionné pour les policiers », qui aurait pour conséquence de nuire à l’efficacité de leur<br />
action. Certains souhaiteraient ainsi que le cadre juridique s’assouplisse pour être plus favorable aux policiers.<br />
Il est pourtant fondamental, dans un État de droit, que l’usage de la force par la police ou la gendarmerie<br />
soit strictement encadré et contrôlé, que ses abus puissent faire l’objet de recours en justice et qu’ils<br />
soient systématiquement sanctionnés.<br />
Policiers et gendarmes mettent par ailleurs en cause la hausse des <strong>violences</strong> commises à leur égard, <strong>violences</strong><br />
qui les obligeraient à s’armer de plus en plus et à faire davantage usage de la force. L’ACAT met en<br />
garde contre le risque d’escalade de la violence induit par cette logique. Dans plusieurs cas, elle a constaté<br />
que l’intervention de la police ou de la gendarmerie avait parfois contribué à tendre la situation plutôt qu’à<br />
désamorcer le conflit.<br />
Loin de représenter un obstacle à l’efficacité policière, le respect de la déontologie et des droits de l’homme est<br />
au contraire primordial pour permettre qu’un lien de confiance s’instaure entre le public et ses forces de l’ordre.<br />
Les faits d'usage illégal de la force, pour rares qu'ils soient,<br />
ne sont pas tolérables dans un État de droit.