Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Les livres de l'été<br />
Pierre ALLORANT<br />
Propos recueillis par Soucaneau Gabriel<br />
Agrégé d’histoire, professeur,<br />
docteur en droit et auteur,<br />
Pierre Allorant scrute le paysage<br />
politique d’un regard curieux.<br />
A travers ses publications et ses travaux<br />
de recherches, il exprime cette passion<br />
comme un engagement envers<br />
lui-même et envers la société<br />
dans laquelle il vit. La République<br />
en Chroniques, sa dernière parution,<br />
rassemble près d’une quarantaine de<br />
chroniques dans lesquelles il retrace<br />
des évènements majeurs<br />
qui ont marqué la scène politique<br />
de ces trois dernières années.<br />
la République<br />
en Chroniques<br />
Editions Infimes,<br />
15 e<br />
Pouvez-vous nous parler de votre rapport à l’écriture ?<br />
Je suis, par profession et formation, historien puis juriste, tourné<br />
vers l’analyse du discours politique, disciplines dans lesquelles<br />
l’écriture, le rapport au texte ou à la parole est central. Et j’adore<br />
Stendhal qui prétendait ambitionner d’écrire comme le Code civil !<br />
Je ne me prétends pas écrivain, mais j’éprouve un grand plaisir à<br />
utiliser des formes diversifiées d’expression : cours, manuels, articles et<br />
publications scientifiques, recueils de correspondances, interventions<br />
orales à la radio ou à la télévision, chroniques de presse, discours. Je<br />
rêvais, adolescent, d’être commentateur sportif ou romancier, je n’y ai pas<br />
renoncé, mais sous pseudo ...<br />
Qu’est-ce qui vous a motivé à rassembler vos chroniques pour en faire<br />
un livre ?<br />
D’abord l’amitié et le plaisir. J’ai répondu à la sollicitation amicale de<br />
Christian Bidault de Magcentre et de mon éditeur Jean-Pierre Delpuech,<br />
qui m’ont convaincu que cela pouvait avoir du sens. Et un historien est<br />
toujours sensible à la trace laissée au-delà de l’éphémère. Ce n’était pas<br />
évident, car il y a une contradiction entre la nature ponctuelle d’une<br />
chronique, liée à l’actualité, et la publication d’un ouvrage. Sans avoir<br />
l’immodestie de me comparer à eux, j’ai sans doute été influencé par le<br />
grand plaisir que j’avais éprouvé en lisant les Blocs-notes de Mauriac, les<br />
éditoriaux rassemblés de Roger Secretain ou encore les Concordances des<br />
temps de Jean-Noël Jeanneney, qui ont su surmonter cette contradiction<br />
apparente.<br />
Présentez-nous votre livre ? A quoi le lecteur doit-il s’attendre ?<br />
Il est souvent préférable de découvrir par soi-même un livre, mais ici le<br />
lecteur trouvera assurément une tentative d’éclairer l’actualité des trois<br />
dernières années à la lumière de l’histoire politique et administrative, avec<br />
le souci de varier les échelles, locale, régionale, nationale, européenne,<br />
internationale, et le plus souvent possible, en maniant l’humour, et<br />
parfois l’ironie.<br />
Marianne sur la couverture, qu’est-ce qui explique ce choix ? Qu’est-ce<br />
que ce symbolisme représente pour vous, pour le contenu du livre ?<br />
Marianne s’imposait surtout par sa présence place de la République ! Car<br />
le livre démarre avec le massacre à Charlie Hebdo, et je me souviens des<br />
fleurs et des messages déposés au pied de cette statue à Orléans. Et notre<br />
Ve République a connu un bouleversement de son paysage politique en<br />
2017, avec le double succès présidentiel et législatif de « La République<br />
en Marche ! ».<br />
Comme historien, lecteur de Maurice Agulhon, et comme citoyen, je reste<br />
très attaché à la IIIe République, celle des fondateurs, de Gambetta, de<br />
l’œuvre scolaire et laïque, des libertés de réunion, d’association et de<br />
presse. À la fin du XXe siècle, tout le monde pouvait estimer que c’était<br />
acquis à jamais, malheureusement, même au sein de l’Union européenne<br />
ou aux Etats-Unis, cela n’est pas le cas. Même en France, c’est un combat<br />
permanent, comme pour l’égalité femmes-hommes ou la lutte contre le<br />
racisme et l’antisémitisme. Bref, « Marianne au combat » n’a jamais été si<br />
48 / Magazine <strong>JAD</strong>