Echo de la Réhab - N°25 - Archéologie du présent - Septembre 2019
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C i c a t r i c e s d e l ' é t e r n e l<br />
l ' é c h o d e l a r é h a b N ° 2 5<br />
Peut-on appeler « souvenir » quelque chose qu’on a oublié ?<br />
Maisquiesttrèsvivantchez vosproches…<br />
Lessouvenirsoubliés, c’estcommeunfeuilleton<br />
dontonauraitsautéunépiso<strong>de</strong>, qu’ondécouvrepetità petit…<br />
Avecbeaucoup<strong>de</strong>p<strong>la</strong>isir!<br />
Mémoireetpuissantstranquillisantsnefontpasbonménage…<br />
Onnepeut«oublier» quelquechosequ’onalesentiment<br />
<strong>de</strong>nejamaisavoirvécu…<br />
Deslettres, <strong>de</strong>sadressesneconstituentpas<strong>de</strong>s«souvenirs», mais<strong>de</strong>sfaits…<br />
qued’autresontvécu… etquis’adressentà quelqu'und’autre?...<br />
Jean-Paul<br />
Réminiscences d’un passé fort lointain et superflu…<br />
… où je m’en retournais une fois <strong>de</strong><br />
plus <strong>la</strong> tête basse et <strong>la</strong> queue molle,<br />
sifflotant piteusement ‘Ba<strong>la</strong>da para<br />
un loco’. Des rêves trop étroits<br />
dans le ciboulot.<br />
Pedro le sempiternel, ancré dans <strong>la</strong><br />
Sagesse, Pedro l’immuable, mais<br />
Pedro le bienheureux, m’a arraché<br />
pour un temps un <strong>de</strong>mi-sourire,<br />
à force <strong>de</strong> conversations<br />
simples et directes :<br />
« Tu l’exhibes quand, ta basse<br />
acoustique ? Quand aura-t-on enfin<br />
le bonheur <strong>de</strong> t’entendre, te voir,<br />
naviguer sur ses cor<strong>de</strong>s et<br />
t’écouter déb<strong>la</strong>térer tes écrits,<br />
vieux scribouil<strong>la</strong>rd ? »<br />
Un joyau à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> cœur.<br />
Ragail<strong>la</strong>rdi, j’ai enfin éc<strong>la</strong>té <strong>de</strong> rire,<br />
un rire franc, sincère, sans l’once<br />
d’une pointe d’amertume.<br />
Le jour où ta compagne te qualifie<br />
d’« homme parfait », c’est d’autant<br />
plus <strong>du</strong>r <strong>de</strong> conserver le niveau. La<br />
moindre défail<strong>la</strong>nce, un défaut <strong>de</strong><br />
confiance, enfin bref, tu m’as en face<br />
<strong>de</strong> toi, vois dans quel état je me<br />
calcine. Pedro, les éc<strong>la</strong>irs déchirent<br />
les cieux, <strong>la</strong> pluie saigne <strong>de</strong>s nuages,<br />
tout suppure autour <strong>de</strong> moi.<br />
Désertion sentimentale. Des rêves à<br />
<strong>la</strong> pelle mais point <strong>de</strong> force pour en<br />
esquisser <strong>la</strong> réalisation. God, Pedro,<br />
décris-moi ton secret, comment faistu,<br />
toi, pour conserver ton<br />
impassibilité et afficher en<br />
permanence cette ombre <strong>de</strong> sourire ?<br />
T’as gobé une substance ? T’as<br />
rencontré Dieu ou l’un <strong>de</strong> ses<br />
avatars ? T’as tout compris ou quoi,<br />
et quoi donc, dans ce cas, dis-moi,<br />
affranchis-moi, veux-tu bien ?<br />
J’ai passé mes six <strong>de</strong>rnières heures à<br />
remonter à poil un torrent gelé,<br />
m’i<strong>de</strong>ntifiant aux truites saumonées,<br />
chutant, progressant parfois par<br />
bonds tout comme elles. Je suis <strong>la</strong>s.<br />
Ai reposé tout mon esprit en<br />
chantant à tue-tête et écoutant les<br />
‘Liminanas’ en boucle. Anges et<br />
démons se disputent mon cerveau.<br />
Je suis <strong>la</strong>s.<br />
Avant ces épiso<strong>de</strong>s, j’ai gravi les plus<br />
hauts sommets <strong>de</strong>s plus hauts pics <strong>du</strong><br />
Tibet, bousil<strong>la</strong>nt mes soli<strong>de</strong>s godasses,<br />
terminant nu-pieds dans <strong>la</strong> neige, ai<br />
respiré les airs les plus purs.<br />
Mais vois-tu, je suis <strong>la</strong>s.<br />
Les volcans en éruption, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ve me<br />
dévorant <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte <strong>de</strong>s panards, les<br />
océans dans lesquels je m’éloignais<br />
trop loin <strong>du</strong> bord, par temps <strong>de</strong><br />
tempête, et harcelé par les goé<strong>la</strong>nds<br />
irascibles, les déserts et leurs vents <strong>de</strong><br />
sable m’ont ren<strong>du</strong> aveugle. Je suis <strong>la</strong>s.<br />
J’ai absorbé tous les venins, survécu<br />
aux abus <strong>de</strong> toutes les drogues<br />
imaginables, ai affronté leur carence,<br />
<strong>la</strong> pénurie, le manque.<br />
J’ai poussé jusqu’à leur extrêmes<br />
limites mon corps et mon âme. Ai<br />
même embroché Belzébuth.<br />
Je suis un rescapé.<br />
Exutoires physiques pour éliminer <strong>de</strong><br />
mon être les empreintes amoureuses<br />
dont elle m’avait marqué comme on<br />
marque au fer le bétail docile. Corps<br />
et âme dévoués à sa personne.<br />
Désormais, je suis <strong>la</strong>s.<br />
Un cheval fou aux yeux ar<strong>de</strong>nts <strong>la</strong>ncé<br />
au galop, dénué <strong>de</strong> toute douleur.<br />
PIL