Echo de la Réhab - N°25 - Archéologie du présent - Septembre 2019

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50 h o s p i c e l a d é r a i s o n l ' é c h o d e l a r é h a b N ° 2 5 J’ai beaucoup décroché du monde extérieur. L’hospitalisation me déconnecte. Le temps s’écoule, c’est la routine. Seul le sapin dans le service m’a rappelé que c’était Noël. L’hospitalisation, pourtant, c’est fait pour se retirer du monde. Quand je travaillais, avant de venir ici, c’est comme si le temps n’avait plus de prise sur moi. Cette lassitude, ne plus avoir goût à rien, ne plus avoir ni faim, ni envie de prendre une douche… Et je me rappelle des fois où j’étais dynamique en attendant que ça revienne… Cet état intérieur influe sur ce que je vis à l’extérieur, et je n’ai pas de prise dessus, même les médicaments n’y font pas grand-chose. J’ai alors l’impression de ne pas être là, d’être un poids pour les autres. J’en veux beaucoup à la maladie de me rendre comme ça : cela gâche le potentiel que j’ai. Ça peut paraitre facile de tout rejeter sur la maladie, mais ça m’a privé de mon travail et je ne le pardonne pas. Cette maladie, c’est un boulet, comme si j’avais un sac de 120kg sur le dos. S’accepter les uns les autres, s’accepter soi-même, tout cela est important. La maladie psychique détruit de l’intérieur, on ne le voit pas à l’extérieur. La maladie, la psychose, c’est une forme de perte de la personnalité. J’ai l’impression de ne pas avoir de contenant, de me sentir vide à l’intérieur. Parfois, ça fait souffrir, pas tout le temps, c’est peut-être cela la bipolarité. Parfois on peut toucher le fond, parfois on peut toucher le summum, être en extase… Être aussi bien, être trop bien, c’est aussi la maladie, ça semble positif, mais c’est plus tout à fait nous-même. Dans la bipolarité, dès qu’on est « trop bien » on est en décalage avec son corps. Comme quand on pète les plombs. Quand ce que je vis intérieurement n’est pas en lien avec l’extérieur, quand il y a un décalage, ça creuse l’angoisse à l’intérieur de soi. Ça me fait penser au sentiment d’étrangeté en regard du monde dans lequel on vit, comme si on était étranger à ce monde. Collectif GJ
l ' é c h o d e l a r é h a b N ° 2 5 h o s p i c e l a d é r a i s o n 51 Je fus personne. La tortue plus hardie que le trajet du lièvre. Le progressisme est une volonté d’une vie raisonnée. Désiré dans sa pérennité, pour dévoiler la stupéfaction, chaque jour infligé pour les bourreaux de la société. La morale est un sujet d’explication sur une conduite exemplaire. Explication mais pas comme une correction infligée sur l’humain. Céline C. Je vis mal mon hospitalisation, Une contrainte sans fin. Je suis sain et j’ai tout mon état d’esprit, La fin est dure et douloureuse. J’ai compris que j’avais fait une erreur. Un retour chez moi me ferait du bien. Benoit H. La tortue et le lièvre Attendre son sort pour être le premier adjoint Et trace la route petit malin Et cette poursuite à travers champs Tortue mesure son effort Avec la permission de gagner à son tour. Christophe Au mois de mars, Olivier Riou a un projet… Il veut contribuer à l’acceptation de la maladie avec la mairie… Toutes les personnes concernées par la santé mentale pourraient se réunir le 20 mars…. Il faudra louer le stade… Déstigmatiser, c’est stigmatiser un peu plus car montrant du doigt les « stigmatisés »… Santé mentale en psychiatrie, une belle stigmatisation ! Comment s’y prendre pour réunir tout ce petit monde ? Chacun est différent mentalement… Globaliser le mental… Vaste sujet… On pourrait essayer, même si on se sent peu concerné… Ou qu’on n’a pas envie de se livrer complètement… « Mettre un pied pour entrebâiller la porte » (Olivier)… La porte de l’infini ? Ils ont parlé dans une émission télévisée d’un village entièrement repeuplé par des schizophrènes, avec succès… Le village abandonné a retrouvé une animation uniquement avec des « stigmatisés »… qui, entre nous, n’avaient pas l’air très nets… Ils étaient les seuls habitants du village, suivis par des médecins une fois par semaine, pour vérifier que les traitements soient bien pris… Ils étaient autonomes… dans leur solitude… Une personne « normale » se sentirait très mal à l’aise… L’anti-psychiatrie a fait bouger la psychiatrie (Olivier). Faire sauter les murs des hôpitaux pour ouvrir le monde à leurs patients… Ça mettrait de l’ambiance ! C’est un peu ce qui se passe à Privas… L’hôpital compte peu de malades actuellement… Mon anniversaire commence bien : mon téléphone est déchargé… On vit sa « maladie » pas à pas… Jean-Paul
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