PORTRAIT Christian Lahaye André Pilette « Rien que des vedettes ! » Fils de Théodore (5 e des 500 Miles d’Indianapolis en 1913) et père de Teddy (ancien champion de Formule 5000 et vainqueur des 24 Heures de Spa), André Pilette a toujours vécu dans l’univers de la course. 60
En 1951, André Pilette disputa son premier Grand Prix à Francorchamps au volant de cette Talbot T26C, engagée par l’Écurie Belgique. Il termina 6e juste en dehors des points. Il y eut, au moins, deux André Pilette. Le premier fut pilote de course, impliqué dans plusieurs accidents douloureux, tirant le diable par la queue afin de conduire quelques belles voitures, ce qui se solda notamment par neuf participations au championnat du monde de Formule 1. Un exploit pour un pilote n’appartenant pas au gotha. Le deuxième André fut en concurrence avec Paul Deetens, également propriétaire d’une école de pilotage. Pilette dirigea la sienne de 1964 à la fin des années 80. Son message publicitaire « Chez Pilette, rien que des vedettes », se doubla de l’injonction « Payable en billets ». Elle était sans équivoque. Son école accueillit un maximum de champions en devenir dont Thierry Boutsen, pour toujours le meilleur élève d’André Pilette, et Michael Andretti, qui débarqua en Belgique avec son cousin John, récemment décédé, et son père Mario. Avant d’être un excellent prof, obligeant ses élèves à nettoyer les voitures et l’atelier afin de leur apprendre l’humilité, André Pilette entama sa carrière en engageant sa BMW personnelle. ACCIDENTS GRAVES Il fonda l’Écurie Belgique avec Jacques Swaters, Charles de Tornaco et Roger Laurent. Ils investirent chacun 25 % du prix d’une Talbot T26C afin que les quatre amis la pilotent à tour de rôle. Pilette fut le premier élu. Il fit ses débuts à Francorchamps, lors du Grand Prix de Belgique en 1951. Comme il devait sans cesse prouver sa compétitivité afin de compenser son manque de budget, il ne ménagea jamais ses efforts au volant, « sur-conduisant » au point de prendre un maximum de risques. Ainsi, un accident grave en 1951 à Zandvoort, aux Pays-Bas, l’écarta des pistes pendant 11 mois. À Albi, en 1952, il reprit du service au sein de l’équipe Talbot mais au deuxième tour, il fut éjecté de sa monoplace lors d’un nouveau crash qui l’éloigna des circuits pendant une deuxième saison complète. Son heure de gloire arriva enfin. Pour la saison 1954, il signa chez Gordini et, lors du Grand Prix de Belgique qui se tint évidemment à Francorchamps, il obtint la huitième place sur la grille et prit la cinquième place de l’épreuve, décrochant ses deux premiers et derniers points au championnat du monde. SEULE LA COMPÉTITION COMPTAIT À l’époque, les F1 couraient souvent hors championnat, même si, pour André Pilette, seule la compétition reine comptait vraiment. Lors du Grand Prix de Belgique 1956, il courut au volant d’une Ferrari Même au volant d’une voiture modeste, comme cette Cooper Climax, André Pilette n’avait qu’un objectif, courir et courir encore. 61