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Déjouer la faim<br />
émotionnelle<br />
Que nous soyons stressés, tristes ou en colère,<br />
il n’est pas rare que nous cherchions un peu<br />
de réconfort dans la nourriture, alimentant<br />
ainsi nos émotions au lieu de remplir notre<br />
estomac. Comment faire pour ne plus utiliser la<br />
nourriture comme un doudou émotionnel ?<br />
Bon nombre d’entre nous pourraient s’identifier à Bridget Jones,<br />
le personnage de fiction amoureuse de deux hommes à la fois,<br />
qui adore s’apitoyer sur elle-même, enveloppée dans sa couette,<br />
une cuiller plantée dans un pot de crème glacée. Nous savons<br />
bien que nous ne nous sentirons pas mieux après avoir avalé cette<br />
crème glacée mais, sur le moment, c’est irrésistible. On appelle<br />
cela de l’alimentation compulsive ou émotionnelle. Il ne s’agit<br />
pas de manger pour satisfaire notre faim mais en fonction de<br />
ce que nous éprouvons. Selon Jane Jakubczak, diététicienne à<br />
l’université du Maryland, 75 % des excès alimentaires sont dus<br />
à nos émotions. Au lieu de les affronter, nous nous tournons<br />
vers la nourriture pour nous sentir mieux.<br />
Il arrive qu’on se mette à trop manger quand on traverse une<br />
épreuve, comme une rupture ou un deuil. Au quotidien, des<br />
sensations négatives, comme le stress, l’angoisse ou l’ennui,<br />
peuvent nous inciter à manger. Et si nous n’y prenons garde, notre<br />
réponse confuse à ces émotions peut avoir un retentissement<br />
sévère sur notre santé, aussi bien mentale que physique.<br />
Nous sommes tous des mangeurs plus ou moins compulsifs,<br />
mais le problème peut devenir sérieux pour ceux qui utilisent la<br />
nourriture pour gérer leurs émotions. Cela les empêche d’affronter<br />
les plus négatives, et cela les rend particulièrement fragiles face<br />
à la nourriture. Quand nous mangeons sans avoir faim, nous<br />
prenons du poids. Il en résulte plus d’angoisse encore et nous<br />
entrons dans une spirale négative dont il est très difficile de sortir.<br />
Faim compulsive versus faim physiologique<br />
Comment savoir si vous êtes en train de nourrir vos émotions<br />
ou de satisfaire vos besoins physiologiques ? Certains signes<br />
peuvent vous alerter. Lorsqu’une faim émotionnelle nous<br />
taraude, nous nous précipitons souvent sur des aliments riches<br />
en hydrates de carbone, en graisses et en sucres. <strong>La</strong> pizza, les<br />
biscuits et les chips… Ils font monter les taux de sérotonine et<br />
de dopamine, générant du même coup une sensation de plaisir.<br />
Ces fringales sont soudaines et nous ressentons le besoin de<br />
les satisfaire sur-le-champ. Nous ne pensons plus qu’à ça, rien<br />
ne peut nous apaiser. Nous mangeons vite sans y accorder<br />
la moindre attention et de plus en plus, dans l’espoir d’être<br />
rassasiés. Prenant à peine le temps de respirer, nous sommes<br />
capables d’avaler un paquet de gâteaux. Puis, souvent, nous en<br />
dissimulons la preuve. Car nous nous sentons coupables de nous<br />
être empiffrés ; nous savons parfaitement que ce n’était pas pour<br />
nous alimenter. Du coup, nous sentant encore plus mal qu’avant,<br />
nous continuons de grignoter sans même nous en rendre compte.<br />
<strong>La</strong> faim physiologique, elle, tiraille l’estomac. C’est ainsi que le<br />
corps signale son besoin d’énergie, de nutriments. Pour identifier<br />
ce type de faim, il faut être attentifs aux signaux de notre corps :<br />
un gargouillis dans l’estomac, une faiblesse, des étourdissements.<br />
Et lorsque nous mangeons, nous ne nous jetons pas sur certains<br />
aliments, nous sommes capables de nous arrêter lorsque nous<br />
avons le ventre plein. Et nous n’éprouvons pas de culpabilité après.<br />
Pourquoi cette faim compulsive ?<br />
Personne ne naît avec une faim compulsive : c’est un<br />
comportement très tôt acquis qui devient une habitude. Lorsque,<br />
tout bébés, nous pleurions, nos parents nous donnaient du lait.<br />
Lorsque, enfants, nous étions contrariés, ils nous consolaient<br />
avec un bonbon, etc.<br />
Or, pour bon nombre d’entre nous, ces schémas se poursuivent<br />
à l’âge adulte. L’association nourriture/émotions devient<br />
partie intégrante de notre programmation subconsciente, le<br />
premier terme devenant synonyme de réconfort, de joie et de<br />
récompense. Il est donc naturel que nous utilisions la nourriture<br />
comme automédication quand nous sommes déprimés.<br />
Dans certains cas, avaler est une façon de rejeter des sentiments<br />
que nous ne sommes pas encore prêts à affronter. Dans d’autres,<br />
lorsque l’ennui guette, c’est une façon de combler un vide. Dans<br />
les deux cas, quelque chose réclame notre attention.<br />
On retrouve le lien entre stress et nourriture tout au long<br />
de l’évolution. Lorsque nous sommes stressés, notre niveau de<br />
cortisol augmente, déclenchant un besoin d’hydrates de carbone<br />
simples, faciles à digérer, susceptibles d’augmenter l’apport<br />
énergétique nécessaire pour fuir ou combattre, si nous devions<br />
faire face à une attaque de prédateurs. Ceci avait sa raison<br />
d’être pour nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, mais dans notre<br />
environnement actuel, sédentaire, regorgeant de nourriture<br />
(où les attaques de bêtes sauvages sont rares !), nous devons<br />
apprendre à gérer notre stress au quotidien.<br />
TEXTE : JULIANA KASSIANOS.<br />
Cet article est extrait du magazine respire n°4