Maintenance & Entreprise n° 656 bis

DES FORMATIONS CONTINUES POUR QUELLE MAINTENANCE ?
PRATIQUE
AVIS D’EXPERT
De la fiabilité des machines tournantes
Depuis l’invention de la roue, et même, selon certains experts, du tour de potier, qui l’aurait précédé,
la fiabilité des machines préoccupe l’Humanité. La fiabilité des machines tournantes présente un
enjeu majeur pour l’industrie. Une machine de process, « sort » ou pas, la production attendue
et donc génère, ou pas, la facturation et la satisfaction du client. Elle résulte d’une adéquation
de la machine, d’une installation correcte, d’une conduite adaptée, d’une surveillance et d’une
maintenance de qualité. Il en découle une pression croissante sur les responsables maintenance
des sites industriels.
© DR
Parmi les organes majeurs qui
président au bon fonctionnement
de la machine, retenons
le palier lisse. Son invention
remonte à quelques millénaires avant
l’ère Chrétienne, quand le tour de potier
puis la roue se sont vulgarisés ; il a fallu
maîtriser le frottement et l’usure d’un
Lionel Pellevoisin axe dans son logement. Le choix des
matériaux, leur dimensionnement, l’adjonction
d’un lubrifiant, sont autant de problématiques qui ont,
très tôt, fait leur apparition et accompagné le développement de
la mécanique.
A première vue, on a vite fait le tour des technologies mises en
œuvre, qui sont au nombre de trois : le palier lisse, le palier à roulement,
et plus récemment, la sustentation magnétique. Ne nous attardons
pas sur les deux dernières qui trouvent leurs limites pour des
raisons fonctionnelles, techniques, ou économiques et regardons
de plus près le palier lisse, toujours très présent et incontournable
dans les machines industrielles de forte puissance.
Pour être l’ancêtre des paliers, le palier lisse n’en n’est pas moins le
plus avancé des organes mécaniques, depuis la révolution industrielle,
grâce, d’une part aux matériaux mis en œuvre et d’autre part
aux capacités de calcul rendues possibles par les moyens informatiques.
Plus précisément, cette famille se divise en deux branches.
La première est celle du palier a frottement où seul le coefficient
de frottement pilote le rendement. La seconde est celle du palier
hydrodynamique, et là, nous entrons dans un monde extraordinaire,
méconnu et mystérieux.
champ de pression qui s’interpose entre l’arbre et son logement ! C’est
la fonction du palier hydrodynamique qui évite le contact solide-solide,
limite les échauffements, interdit le grippage, fait chuter le coefficient
de frottement, tolère les contaminants, dissipe les vibrations,
et porte la charge… … EXTRAORDINAIRE vous dis-je.
En plus de cela, il s’autorégule ! Que la puissance appelée augmente
(charge et/ou vitesse) ? Alors la température augmente, la viscosité
diminue, le débit augmente les calories sont évacuées à proportion
et un nouvel équilibre s’établit, sans intervention humaine ni
asservissement.
Un monde méconnu ? oui, la technologie du palier hydrodynamique
est peu enseignée et reste le domaine de quelques rares experts. Sur
site, au milieu des machines, on en parle rarement, dans la mesure
ou cet organe sait se faire oublier. Dans les conditions idéales, il ne
s’use pas, et ne nécessite pas d’entretien particulier, hormis la bonne
filtration du lubrifiant et une vidange régulière. Dans le meilleur des
cas on suit sa température, la position de l’arbre, ses accélérations,
mais dès que l’on sort des consignes, il est urgent de tout arrêter !
Un monde mystérieux ? oui, une machine qui tourne rond depuis
DU PALIER HYDRODYNAMIQUE
Un monde extraordinaire ? oui, le palier hydrodynamique, comme
son nom ne l’indique pas est une pompe. Une pompe qui, sous
réserve que l’on mette à sa disposition un fluide visqueux, va créer un
© DR
MAINTENANCE & ENTREPRISE • N°656 bis • Janvier 2020 I 49