ICI MAG - JUILLET 2020
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Contes et légendes
L'âme de la vieille forêt
des Landes
Le livre s’est ouvert, les cliquetis se sont fait entendre.
Les feuilles se tournent et s’arrêtent sur cette nouvelle
histoire.
Lors d’une promenade en forêt, j’étais assise sur un
tronc d’arbre tombé pendant une tempête sans doute,
lorsque le vent se leva dans les feuilles. A ce moment
là, un vieil homme apparu et s’assit sans bruit à côté
de moi. Nous commençâmes à discuter. Il me dit s’appeler
Jacques et me raconta une histoire.
C’était du temps où résiniers et scieurs de long se cotoyaient
dans les pignadas, chacun vacant à ses occupations.
Cependant, ils se réunissaient le soir pour
les veillées. Lui, il faisait partie du groupe des résiniers.
Un jour arriva trois scieurs de long pour débiter les
pins prévus. Cependant leur curiosité les poussa vers
la forêt primaire. Celle qui était là avant les pins, celle
qui faisait peur et qui recelait des mystères. Au centre
de celle-ci vivaient trois beaux chênes.
Tous trois avaient une belle forme et vivaient tranquillement
bien protégés. Nos scieurs les trouvèrent
parfaits pour les vendre à un menuisier pour la fabrication
de beaux meubles que l’on pourrait admirer
avec envie. Ils mesurèrent, crayonnèrent
et pensaient déjà à leur profit quand tout à
coup, tout ne fut plus que plaintes, gémissements,
à tel point qu’ils durent quitter la forêt
et regagner leur campement. Ils parlèrent
de leur mésaventure au reste des hommes.
Jacques sourit.
Son sourire passé, il leur dit d’une voix
calme mais profonde qu’ils devraient se
contenter de leurs pins et de ne pas toucher
aux arbres de la vieille forêt. Il est des
mystères qu’il ne faut pas ébranler.
Ils rièrent du conseil. Tous partirent
dormir. Oh mais quelle nuit. Nos
amis scieurs ne purent fermer l’oeil,
plaintes, gémissements comme ceux
de la fôret les réveillèrent, puis ce fut
le bruit des dents de la longue scie
qui les fit sursauter, comme si elle
découpait la cabane. Après vérification,
tout semblait normal. Au
matin, ce sont des visages tirés
et des yeux rougis qui accueillirent leurs compagnons.
Les résiniers eux avaient bien dormi. La journée passa.
Leur obsession en tête, les hommes reprirent le chemin
des chênes. Ils installèrent la longue scie et au
moment de couper, des cris retentirent dans le coeur
de l’arbre. De surprise, ils sursautèrent et s’assirent sur
un tronc d’arbre pour reprendre leurs esprits. Malheur
leur en pris, ils y restèrent bloqués. Ne voyant pas les
trois scieurs rentrer, Jacques comprit qu’elles avaient
sévi. Il se rendit donc dans la forêt et trouva les trois
hommes plongés dans un sommeil magique. De son
bâton il tapa le sol et les trois dryades sortirent des
trois chênes. Elles prirent ensemble la parole provocant
une horrible cacophonie que Jacques fit taire
d’un autre coup sur le sol. Il savait et comprenait l’inquiétude
de ces nymphes protectrices de la forêt vivant
au coeur des arbres que les hommes voulaient
détruire. Il prit donc une décision, il le pouvait, il était
le membre le plus ancien de la forêt, il décida de déplacer
ces trois arbres afin que le calme revienne. Il
prit possession de l’espace laissé par les chênes
disparus. Un coup sur le sol résonna et nos trois
compères revinrent de leurs songes magiques.
Quelle ne fut pas leur surprise de voir devant
leurs yeux un drôle de spectacle. En effet, un
vieux chêne pédoncule noueux, rabougri
et sans intérêt, était là à la place de leur
futur profit, et trois longues silhouettes
spectrales se précipitérent vers eux. Ils
quittèrent la forêt sous leurs cris effroyables.
Ils racontèrent à tous leur
d’histoire. C’est ainsi que la forêt primaire
ne fut plus visitée par les bûcherons
pendant lontemps.
Mais alors, lui dis-je, c’est vous
l’âme de la forêt, mais comment...
Je ne pus finir ma phrase. Il leva son
bâton et sourit. Il me répondit juste
qu’il aimait parler aux êtres qui savaient
écouter. Il me salua et me
dit à bientôt. Je le suivis des yeux
puis le perdis dans les méandres
des vieux chênes rabougris de
notre forêt.
D’après un texte de
Sylvie PONTIER
Biscarrosse Plage
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