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Contes et légendes

L'âme de la vieille forêt

des Landes

Le livre s’est ouvert, les cliquetis se sont fait entendre.

Les feuilles se tournent et s’arrêtent sur cette nouvelle

histoire.

Lors d’une promenade en forêt, j’étais assise sur un

tronc d’arbre tombé pendant une tempête sans doute,

lorsque le vent se leva dans les feuilles. A ce moment

là, un vieil homme apparu et s’assit sans bruit à côté

de moi. Nous commençâmes à discuter. Il me dit s’appeler

Jacques et me raconta une histoire.

C’était du temps où résiniers et scieurs de long se cotoyaient

dans les pignadas, chacun vacant à ses occupations.

Cependant, ils se réunissaient le soir pour

les veillées. Lui, il faisait partie du groupe des résiniers.

Un jour arriva trois scieurs de long pour débiter les

pins prévus. Cependant leur curiosité les poussa vers

la forêt primaire. Celle qui était là avant les pins, celle

qui faisait peur et qui recelait des mystères. Au centre

de celle-ci vivaient trois beaux chênes.

Tous trois avaient une belle forme et vivaient tranquillement

bien protégés. Nos scieurs les trouvèrent

parfaits pour les vendre à un menuisier pour la fabrication

de beaux meubles que l’on pourrait admirer

avec envie. Ils mesurèrent, crayonnèrent

et pensaient déjà à leur profit quand tout à

coup, tout ne fut plus que plaintes, gémissements,

à tel point qu’ils durent quitter la forêt

et regagner leur campement. Ils parlèrent

de leur mésaventure au reste des hommes.

Jacques sourit.

Son sourire passé, il leur dit d’une voix

calme mais profonde qu’ils devraient se

contenter de leurs pins et de ne pas toucher

aux arbres de la vieille forêt. Il est des

mystères qu’il ne faut pas ébranler.

Ils rièrent du conseil. Tous partirent

dormir. Oh mais quelle nuit. Nos

amis scieurs ne purent fermer l’oeil,

plaintes, gémissements comme ceux

de la fôret les réveillèrent, puis ce fut

le bruit des dents de la longue scie

qui les fit sursauter, comme si elle

découpait la cabane. Après vérification,

tout semblait normal. Au

matin, ce sont des visages tirés

et des yeux rougis qui accueillirent leurs compagnons.

Les résiniers eux avaient bien dormi. La journée passa.

Leur obsession en tête, les hommes reprirent le chemin

des chênes. Ils installèrent la longue scie et au

moment de couper, des cris retentirent dans le coeur

de l’arbre. De surprise, ils sursautèrent et s’assirent sur

un tronc d’arbre pour reprendre leurs esprits. Malheur

leur en pris, ils y restèrent bloqués. Ne voyant pas les

trois scieurs rentrer, Jacques comprit qu’elles avaient

sévi. Il se rendit donc dans la forêt et trouva les trois

hommes plongés dans un sommeil magique. De son

bâton il tapa le sol et les trois dryades sortirent des

trois chênes. Elles prirent ensemble la parole provocant

une horrible cacophonie que Jacques fit taire

d’un autre coup sur le sol. Il savait et comprenait l’inquiétude

de ces nymphes protectrices de la forêt vivant

au coeur des arbres que les hommes voulaient

détruire. Il prit donc une décision, il le pouvait, il était

le membre le plus ancien de la forêt, il décida de déplacer

ces trois arbres afin que le calme revienne. Il

prit possession de l’espace laissé par les chênes

disparus. Un coup sur le sol résonna et nos trois

compères revinrent de leurs songes magiques.

Quelle ne fut pas leur surprise de voir devant

leurs yeux un drôle de spectacle. En effet, un

vieux chêne pédoncule noueux, rabougri

et sans intérêt, était là à la place de leur

futur profit, et trois longues silhouettes

spectrales se précipitérent vers eux. Ils

quittèrent la forêt sous leurs cris effroyables.

Ils racontèrent à tous leur

d’histoire. C’est ainsi que la forêt primaire

ne fut plus visitée par les bûcherons

pendant lontemps.

Mais alors, lui dis-je, c’est vous

l’âme de la forêt, mais comment...

Je ne pus finir ma phrase. Il leva son

bâton et sourit. Il me répondit juste

qu’il aimait parler aux êtres qui savaient

écouter. Il me salua et me

dit à bientôt. Je le suivis des yeux

puis le perdis dans les méandres

des vieux chênes rabougris de

notre forêt.

D’après un texte de

Sylvie PONTIER

Biscarrosse Plage

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